2016-12-11



Depuis que Fontaine de Marcel Duchamp a été dotée du statut d’oeuvre d’art, et depuis que les sciences humaines et sociales contribuent aussi à la connaissance des biens culturels, le paradigme de l’art et de l’oeuvre d’art a été sérieusement ébranlé. Les modalités particulières d’activation de beaucoup de productions de l’art contemporain ont imposé aux théoriciens de l’art, la révision de leur ontologie.  Par ailleurs, la décolonisation a été le signal de départ d’une remise en question du regard occidental ethnocentré sur les artefacts muséalisés issus des cultures non-européennes, et par suite, des attachements qui s’y rapportent, des conditions de leur monstration et de leur restitution. Au point qu’on peut raisonnablement se demander si une reconception de la conservation-restauration n’est pas nécessaire. Ségolène Bergeon et Georges Brunel se sont à leur manière interrogés sur la question 1, sans toutefois être très convaincants dans leurs conclusions à propos d’une activité, qui contrairement à la plupart des pays européens et outre Atlantique, ne bénéficie toujours pas d’une recherche sise en laboratoires de troisième cycle qui y sont exclusivement dédiés dans des institutions académiques.

La conservation-restauration est-elle une discipline ?

Une  discipline résulte d’une catégorisation organisationnelle au sein de la connaissance scientifique et reflète la diversités de ses domaines, tout en  y instituant  la spécialisation et la division du travail. Les disciplines se sont établies d’abord par la formation des universités modernes au XIXème siècle  , puis avec le développement  de la recherche scientifique au XXème siècle. Les disciplines ont donc toutes une histoire inscrite dans celle de l’université, elle-même liée à celle de la société tout entière.  Même si elle est comprise dans un champ scientifique plus étendu, une discipline tend naturellement à l’autonomie, ne serait-ce que par la délimitation de ses frontières, les théories qui lui sont propres, le langage spécifique qu’elle instaure pour produire du discours, les techniques particulières qu’elle met au point et en oeuvre. La Fédération Française des professionnels de la conservation-restauration définit sa pratique comme une discipline sans argument supplémentaire. Avec Jean-Louis Fabiani et sa réflexion approfondie sur la notion de discipline 2, on peut définir une discipline scientifique moderne  selon trois critères principaux .

1. En premier lieu, un corpus de théories, de doctrines ou d’observations susceptible d’accroissement, de précisions, de clarifications et de reformulations permanentes, qui établit un « langage » spécifique et ses règles de production discursive ;

2. Puis, une communauté identifiée de chercheurs, ensuite, divisés en maîtres et élèves selon des procédures de reconnaissance et de recrutement ;

3. Enfin, une série d’institutions au sens large (départements universitaires, laboratoires, séminaires, revues, etc.), dans lesquels se déplacent et le corpus et la communauté savante.

Pour parachever l’établissement en discipline, l’ensemble des composantes peut alimenter une sorte de « récit » fondateur qui leur donne un sens à la fois passé et à venir.

Toute discipline relève donc  de la sociologie des sciences et de la connaissance. Pour en connaître ses aspects et ses problèmes, il est nécessaire d’engager une réflexion à l’intérieur mais aussi au-delà de ses frontières.

Indisciplinarité

L’indisciplinarité apparaît très souvent comme un paradigme méthodologique invoqué pour caractériser des pratiques de la recherche artistique et se démarquer de celle menée à l’université. Il est souvent fait référence au philosophe autrichien des sciences Paul Feyerabend et ses écrits 3 pour étayer des velléités de théorisation d’une méthodologie asystématique. Le fondement de son « anarchisme épistémologique » est une critique des notions de rationalisme et d’objectivité. S’érigeant contre toute norme et loi universelle, il s’exprime dans la phrase : « Toutes les méthodologies ont leur limites et la seule règle qui survit est: tout est bon. » 4 Selon lui, puisque la connaissance a progressé grâce à l’apport de théories scientifiques différentes voire contradictoires, alors c’est qu’elles sont toutes acceptables quand bien même certaines ont été réfutées. Le recours récurrent à Feyerabend s’explique sans doute aussi par le fait que celui-ci évoque explicitement le champ de l’art pour exemplifier son discours : « Pour être un vrai dadaïste, on doit également être un anti-dadaïste ». Selon lui, s’il n’existe pas de vision universelle du monde, alors il ne doit pas exister d’unité de méthode. Il prône une méthodologie pluraliste qui procède par « contre-induction ». Las, cette posture qui s’est placée en opposition de la méthode scientifique classique au milieu des années soixante dix, apparaît trop souvent mobilisée aujourd’hui en pis-aller d’une véritable réflexion sur la recherche artistique. Du reste, elle contribue à entretenir l’illusion de l’art comme une activité d’exception et un espace de liberté radicale. Or la mise à mal de toutes limites et le relativisme absolu que peut laisser croire cette pensée, sont une porte ouverte à tous les échappatoires et suspicions quant à une véritable articulation et crédibilité de la pensée qui sous-tend les pratiques artistiques de recherche et le savoir qu’elles sont à même de produire. Selon Donna Haraway 5, ce relativisme recèle un sophisme indépassable en ce qu’il est « une manière d’être nulle part, tout en revendiquant d’être équitablement partout . L’égalité du positionnement est un déni de la responsabilité et de l’enquête critique. Le relativisme est le parfait double de la totalisation dans les théories de l’objectivité ; les deux nient les enjeux du lieu, de l’incarnation et de la perspective partiale» 6. Chacun en conviendra, la connaissance produite par les pratiques artistiques et leur monstration ne peux pas se contenter d’une démarche qui ne se fonderait que sur leur subjectivité et leur excentricité.

Extradisciplinarité

A l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon, la conservation-restauration est bel est bien envisagée comme une discipline au sens défini plus haut, mais qui n’est pas véritablement établie ni reconnue comme telle en France. En effet dans la chaîne patrimoniale, la conservation-restauration est encore trop souvent conçue comme une activité auxiliaire et ses professionnels, comme des exécutants de projets décidés par des commissions « scientifiques » composées très majoritairement de non conservateurs-restaurateurs. Partant de cette situation d’adisciplinarité institutionnelle, la recherche effectuée à l’ESAA a conduit à une discipline méthodologique de la démarche du conservateur-restaurateur. A l’instar de pratiques artistiques qui oscillent entre des enjeux particuliers et plus généraux, la conservation-restauration d’un bien culturel requiert une démarche critique historiquement et culturellement située , qui s’adosse notamment à des ressources méthodologiques fournies par les sciences humaines et sociales, et dont le résultat est en mesure de les irriguer en retour . Selon Hanna Hölling 7 «… la contribution de la conservation-restauration aux sciences humaines, recouvre une plus large part d’implication intellectuelle avec l’objet, incluant les préoccupations pour sa constitution matérielle mais sans s’y limiter. Sans nier l’importance incontestable de la dimension scientifique de la conservation-restauration par son apport de précision analytique, j’affirme de la sorte, l’importance de la théorie et de la philosophie de la conservation-restauration.» La démarche du conservateur-restaurateur adopte la procédure de l’enquête empruntée au pragmatisme philosophique et partagée avec les praticiens des  sciences humaines et sociales pour traiter des informations documentaires recueillies. Celles-ci concernent non seulement la dimension matérielle des objets pris en charge, mais aussi leur « agentivité », c’est à dire leur propriété de permettre des usages qui leur sont associés dans des situations données.  Par extradisciplinarité, on peut aussi caractériser le souci de la démarche d’enquête, de déprendre les objets de toute taxonomie ou catégorisation à laquelle ils seraient indexés par le point de vue d’une discipline ou d’une autre. Dans son analyse de l’épistémè du Grand siècle, Michel Foucault 8  met l’accent sur le grand pouvoir discriminant du sens de la vue et du régime du visible dans l’écriture de l’histoire. Celui-ci limite radicalement le champ empirique et a contribué de manière décisive au fondement d’une science, l’histoire naturelle (Linné, Buffon), dont le dessein principal fut d’ordonner les choses de la nature,  les représenter, les articuler, les classer, les analyser, afin de les connaître. C’est la logique du tableau qui, selon Foucault, définit l’ensemble de l’épistémè classique. 9 Pour lui, c’est une « nomination du visible », l’observation y étant la modalité privilégiée, notamment à cause de son grand pouvoir discriminant. Or l’ambition de la démarche du conservateur-restaurateur est précisément de  sortir de la vue comme moyen exclusif ou privilégié d’accès à la (re)connaissance des biens culturels qu’elle produit.  En renonçant à trouver des solutions dans une discipline en manque de consistance, elle les cherche en dehors d’elle par une considération nouvelle des biens culturels qui échappe aux fixations et obstacles de nature théorique,  préexistant et  empêchant un regard neuf.  De la sorte le conservateur-restaurateur veut réaliser une « réactivation » visant à conférer aux objets collectés, étudiés, exposés et conservés, un statut relatif et instable. De même, il veut rendre compte des expériences plurielles et potentielles que peuvent déclencher des objets autrefois animés, sacrés, cultuels, magiques, ou simplement utilitaires, qui apparaissent aujourd’hui  dans les institutions culturelles comme des épaves mortes, inanimées,  désacralisées, fétichisées et même toxiques, regroupées sous des désignations fixes et définitives. Comment identifier et faire état  de modes d’existence auxquels ils ont été, sont et seront potentiellement les leurs ? Comment préserver l’invisible, l’incommensurable des dimensions ou  éléments immatériels, cachés, occultés, non éclairés par la « lumière » de la science ? Pourquoi subsistent seules les traces de  certains événements et  connaissances,  qui sont ensuite validés par l’histoire et la science, quand d’autres ne le sont pas ? Pourquoi certains apparaissent et d’autres disparaissent ? Quel est le statut du vivant qui est conservé dans les musées ? Telles sont des interrogations qui habitent  le champ discursif de la conservation-restauration non sans  poser toujours la question de la perte, de l’absence  et de l’oubli.

Adisciplinarité

Du reste ce caractère adisciplinaire au sens qu’en a fourni le sociologue Alain Caillé 10 doit permettre d’éviter l’écueil de la spécialisation, traditionnellement de genre ou de médium en conservation-restauration, et de s’extirper des rapports de force interdisciplinaires latents ou persistants qui peuvent nuire considérablement aux relations de travail en situation professionnelle et au résultat de la conservation-restauration in fine. En réponse à des craintes similaires dans la perspective qui était la sienne, Alain Caillé proposait  une discipline de la philosophie politique qui « consiste dans l’articulation de la question de savoir qui commande et qui obéit, avec celle de la façon dont ceux qui commandent et qui obéissent se représentent leur unité »  11. Autrement dit et pour le domaine qui est le nôtre, il s’agit aussi de consolider une discipline capable d’analyser un rapport hiérarchique et de se prémunir  contre toute mise sous tutelle  par une autre discipline ou tout abus de pouvoir qui aurait pour effet de dévoyer les enjeux de la conservation-restauration. Pour Alain Caillé, l’objectif est aussi de mobiliser un espace théorique commun, « Car, au fond, philosophes politiques, sociologues, historiens, économistes ou anthropologues théoriques, voire les psychanalystes, parlent tous de la même chose, même si c’est au terme de parcours différents. C’est cet espace commun de débat, encore largement virtuel, qu’il convient d’actualiser en l’instituant »12. Toujours selon lui, une discipline adisciplinaire devrait s’appuyer « pour moitié sur une discipline déterminée, y compris dans sa dimension méthodologique et empirique, et sur la dimension théorique de deux ou trois autres disciplines. »13 En outre, les diplômés de  cursus adisciplinaires (au niveau Master) peuvent escompter de bonnes perspectives d’insertion professionnelle, comme ceux qui continueront dans la recherche seront plus aptes à promouvoir la communication entre les différentes disciplines. »14  Un autre auteur, Jean-François Chanlat, prône une discipline adisciplinaire 15 telle que l’approche anthropologique élargie qu’il appelle de ses voeux. 16. Cette conception s’appuie sur l’antériorité de la sociologie en tant que science sociale générale où il est parfaitement normal de travailler à partir de textes de philosophie, de psychanalyse, d’ethnologie, d’économie … et sur l’idée d’une anthropologie générale développée notamment par de grandes figures françaises 17 à partir des années soixante du XXème siècle. Telle le  » total des sciences qui considèrent l’homme comme être vivant, conscient et sociable » de Marcel Mauss. 18

Interdisciplinarité

L’interdisciplinarité se caractérise par une démarche  fondée sur une volonté de décloisonnement des disciplines. Dotées de leur spécificité, des disciplines s’associent pour participer à un projet collectif en partageant leurs savoirs, leurs outils  et méthodes, et collaborent entre entre elles pour répondre aux besoins de l’action et de la compréhension. L’interdisciplinarité produit des retombées directe à court ou moyen terme dans chaque  discipline impliquée. C’est sur ces principes que se conçoit la conservation-restauration à L’ESAA, lorsque les étudiants sont encouragés à mettre à profit des savoir et savoir-faire provenant des sciences humaines et sociales au cours de l’ indispensable démarche critique précédant toute intervention à l’égard d’un bien culturel. L’analyse sociotechnique et sociohistorique,  les statistiques et le comparatisme en sont des exemples récurrents. La mobilisation de concepts en usage dans la philosophie et l’histoire de l’art, l’esthétique, la sémiologie et autres sciences de l’homme à la lumière de leurs perspectives et méthodes peuvent s’avérer tout aussi propices à une démarche pragmatique pertinente pour la connaissance d’un artefact non isolé de son milieu social, autant que pour l’éclairage des relations culturelles et économiques, anciennes ou contemporaines dont il est le vecteur. La démarche critique en  conservation-restauration est au choeur d’une circulation de concepts et de relation  interdisciplinaires qui secouent aussi les sciences humaines et sociales.

Ingénierie de la conservation-restauration

L’ingénierie de la conservation-restauration de biens culturels regroupe l’ensemble des actions qui conduisent de l’examen, l’analyse et la conception, à la réalisation, son contrôle et à la (re)mise en fonctionnement patrimonial d’un bien culturel. Elle consiste d’abord en une enquête rigoureuse à la fois matérielle et socio–historique (ou ethnographique), subordonnée à une réflexion critique susceptible de corréler ces deux dimensions d’un artefact culturel. Le questionnement et la proposition de réponse concernent essentiellement les enjeux, objectifs et moyens de la conservation-restauration, en fonction de la nature, du statut, de l’ontologie, et du régime des objets que celle-ci est appelée à prendre en charge pour sa part. Il s’agit ensuite de la conduite de la réalisation de traitements appropriés à un ou des biens culturels dans une situation donnée, selon une déontologie et une méthodologie dont les principes sont éminemment logiques et ses référents, d’ordre scientifique, technologique et technique. Originellement, l’ingénierie forensique se consacre à la recherche des causes de défaillance au sens large, bien qu’il s’agisse plus particulièrement  et le plus souvent de défaillance structurale. Pour ce faire, cette activité recourt à toutes les ressources de toute ingénierie: scientifiques, technologiques, signes, documents  et témoignages historiques.  Il s’agit dans un premier temps de parvenir à une compréhension des défaillances pour en formuler une explication, des recommandations et des mesures afin de les prévenir. L’ingénierie forensique analyse le retour d’expérience dans une perspective systémique, avec l’ objectif d’une inférence au-delà de l’amélioration d’un ou quelques résultats. L’objectif ultime étant la mise en évidence des processus, des enchaînements de causes et phénomènes,  provoquant la défaillance ou la perte. Ce ne sont pas que les aspects techniques qui sont pris en compte, tous ceux qui interfèrent avec un objet. Le rôle de l’ingénierie forensique est très connu car souvent mobilisé pour l’identification de responsabilités de dommages notamment dans le cadre de l’intervention judiciaire. Or l’ingénierie forensique peut parfaitement viser aussi à la progression d’une pratique et d’une formation professionnelles, en identifiant et améliorant des méthodes, procédés, outils, et technologies qui font courir des risques à la fois au praticien et à l’objet final concerné. Elle peut encore contribuer au  développement de  l’information, de la médiation et de la diffusion, à la formation continue des praticiens, et au développement des conditions d’exercice de sa propre activité professionnelle. Il apparaît avec évidence que l’ingénierie forensique, présente des caractéristiques qui mériteraient sans doute d’en vérifier l’adéquation avec la conservation-restauration.

Conclusion

L’écologie scientifique s’est constituée à partir de la fin des années trente, sur un objet et un projet pluri et interdisciplinaire, de même que la véritable révolution biologique initiée dans les années 50, est née de liens, d’empiétements, de superpositions, de transferts entre disciplines aux marges de la physique, de la chimie, et de la biologie. La préhistoire a considérablement évolué elle aussi, après qu’elle se soit focalisée sur le processus de l’hominisation à partir des découvertes de Leakey en Afrique australe en 1959. Dès lors qu’un concept organisateur à caractère systémique et processuel — celui d’écosystème 19  ou celui d’hominisation 20 –, a  permis d’agglomérer des savoirs divers, l’écologie scientifique et la préhistoire ont non seulement requis les services de plusieurs disciplines, mais aussi produit des scientifiques pluricompétents capables d’une expertise spécifique de ce type de complexité. Les exemples de l’écosystème et de l’hominisation témoignent de ruptures et de franchissements des limites disciplinaires, de dépassements et de transformations par la proposition de nouvelles inférences cognitives, hypothétiques mais probables, ce que Charles Sanders Peirce appelait l’abduction. 21 Or l’abduction est particulièrement utilisée pour faire des diagnostics. Aussi n’est ce pas un tel bouleversement concernant le patrimoine, ses usages et son économie, qui s’annonce à l’ère de la mondialisation culturelle ? Déjà enseignée  comme une discipline hybride,  la conservation-restauration, plutôt que de courir après  l’acquisition de ses lettres de créances dans la perspective de son autonomie en l’état, aurait peut-être mieux à faire dans une révision de ses fondements et conditions de pratiques.

______________Notes________________________________________________

1 Ségolène Bergeon et Georges Brunel, « La restauration est-elle une discipline ? », les Cahiers de la Ligue Urbaine et Rurale – Patrimoine et cadre de vie, n° 144/145, Art et Restauration, 3e et 4e trimestres 1999, p. 68-74

2 Jean-Louis FABIANI, « À quoi sert la notion de discipline ? », dans Jean Boutier, Jean-Claude Passeron, Jacques Revel (dir.), Qu’est-ce qu’une discipline ?, Enquête n° 5, Paris, Éditions de l’EHESS, 2006, p. 11-34.

3 Paul Feyerabend, Contre la méthode, esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance, trad. B. Burdant et A. Schlumberger, Paris, Seuil, [1975] 1979.

4  Ibid., p. 333

5 Donna Haraway est philosophe des sciences et occupe la chaire d’histoire de la conscience à l’Université de Californie à Santa Cruz. Elle est notamment l’auteure de Manifeste cyborg et autres essais. Sciences – Fictions – Féminismes, Anthologie établie par Laurence Allard, D.Gardey et N. Magnan. Éditions Exils, 2007, et Des singes, des cyborgs et des femmes. La réinvention de la nature, trad. O.Bonis, Éditions Jacqueline Chambon, 2009.

6 Donna Haraway, « Situated Knowledges : the Science Question in Feminism and the Privilege of Partial perspective », Feminist studies, vol.14, n°3, autumn 1988, p.575-599.

7 Hanna Hölling, « Au carrefour de la conservation-restauration avec l’histoire de l’art et les sciences humaines », Semin’R, 2 Octobre 2016, https://seminesaa.hypotheses.org/7318

8 C’est notamment ce qui justifie la présence en école supérieure d’art, d’un cursus de conservation-restauration en parallèle de celui de création-instauration.

9 Michel Foucault, Les mots et les choses, Gallimard, 1966, p.105-113

10 Alain Caillé, La démission des clercs, la crise des sciences sociales et l’oubli du politique, éditions de La Découverte, 1993.

11Ibid., p.65-69

12 Ibid., p.70

13 Ibid., p.70

14Ibid., p.72

15 Jean-François CHANLAT, Sciences sociales et management. Plaidoyer pour une anthropologie générale, ESKA /PUL, 1998

16 Ibid., p.78

17 Fernand BRAUDEL (1967 ), Marcel MAUSS (1968 ), Edgar MORIN (1973)

18 Prises de position nées certainement contre le modèle trop restrictif de l’homo economicus, sa naturalité économique, et la division établie durant deux siècles entre l’économie d’une part et les autres sciences humaines et sociales (philosophie, sociologie, anthropologie, … ) d’autre part.

19 Créé par Tansley en 1935, et composé d’un biotope et d’une biocénèse.

20 L’hominisation décrit un processus non seulement anatomique et technique, mais aussi écologique (le remplacement de la forêt par la savane), génétique, éthologique (concernant le comportement), psychologique, sociologique, mythologique (traces de ce qui peut constituer un culte des morts et des croyances en un au-delà) et qui s’étudie en recourant à l’éthologie des primates supérieurs, à l’anthropologie des sociétés archaïques, à la climatologie …

21 L’abduction ne porte que sur le possible (ou l’impossible). Plusieurs hypothèses peuvent être imaginées pour expliquer un fait surprenant. Pour opérer un choix entre ces différentes hypothèses et identifier celle qu’on va privilégier, quatre critères sont à prendre en compte. Le premier concerne le pouvoir explicatif de l’hypothèse : sera choisie celle des hypothèses possibles qui paraît le mieux expliquer le fait surprenant. Le second prévoit que l’hypothèse choisie doit être susceptible d’être testée: une idée non susceptible d’un test empirique, de quelque nature qu’il soit, n’est pas une hypothèse. Le troisième précise qu’ il faut choisir l’hypothèse qui est susceptible d’expliquer le plus de faits en étant la plus simple possible et la plus facile à tester. Enfin, le dernier dit que l’hypothèse créée par abduction ne doit pas verrouiller la recherche future par une assertion à caractère définitif.

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