2017-02-27



Mamie essayant de suivre quand je lui explique mon sujet de recherche, Gyphy

Et voilà donc le 15 décembre arrivé. Fin des cours pour toujours, Noël approche avec son vin, son pâté et ses cadeaux un peu gâchés par la soixante-et-onzième tentative de votre grand-père de comprendre ce que vous étudiez.

Le temps est venu de faire un bilan, après quatre mois de dur labeur. La progression est-elle au rendez-vous ?

Retour vers le futur

Quatre mois déjà ont passé, seize depuis le début de ce périple, cette quête merveilleuse et maléfique où l’abandon a pointé le bout de son nez à de multiples reprises. Le planning du premier billet était déjà basé sur les méthodes de travail du M1, en adaptant un peu la méthode suite aux différentes critiques et remarques faites à la soutenance. Ai-je avancé ? Je le crois. Il est toujours difficile d’estimer son travail à mi-chemin. Tel Frodon Saquet se battant corps et âme pour détruire l’Anneau unique, je virevolte à travers les épreuves comme une feuille morte balayée par les bourrasques. L’introduction est rédigée, le plan presque validé et la première partie entamée.



Syndrome de la page blanche, seizième mois, Giphy

Pourtant, l’ennui commence à se faire sentir. L’âme est en peine, les yeux fixés sur l’écran, des larmes de douleur coulant lentement sur mes joues. L’ennui pas seul, la difficulté et la fatigue sont là aussi. Si le planning de début de semestre était ambitieux et plein de bonnes résolutions, il est clair que quatre mois plus tard, l’enthousiasme tend à s’amenuiser. Quelle douce déception de se dire qu’on aurait pu faire plus, travailler de manière plus acharnée et mettre de l’ardeur au travail. On en aura perdu du temps à se pâmer d’excitation devant le lancement de Westworld ou à décortiquer les fins d’épisode de How to Get away with murder. Viola Davis, votre talent me pousse à l’inertie et l’inaction.

Pourtant, on n’a pas beaucoup fait la fête ce semestre. On a pas mal voyagé – mais ca forge l’esprit et ouvre les possibilités. Fallait-il en faire plus ? Peut-être. En même temps, le jury de soutenance avait déjà critiqué ma trop grande précipitation et le manque d’organisation… Ce semestre s’est déroulé dans le calme et bizarrement, le stress post-traumatique suivant le M1 s’est dissipé. La recherche s’est moins faite dans la pénibilité, ce fardeau lourd et interminable. L’apprenti historien est plus concentré mais moins emballé ; pas par le sujet, source de joie et de stupeur mais par la recherche.

Professeur Poublanc à l’école des sorciers



Maxime Séguéla (futur grand nom de la discipline historique) quand il arrive en retard, Giphy

L’idée d’écrire des billets avait de quoi faire peur. D’abord car cela prend du temps, temps qui manque cruellement lorsque les élèves sont obligés d’assister à des séminaires. Deuxièmement, certains des thèmes associés aux billets étaient vraiment rebutants (oui, on évoque forcément ici le billet sur la bibliographie, lauréat du pire billet, auréolé d’un désaveu populaire généralisé).

Pourtant, pour quiconque aime écrire et/ou raconter sa vie, c’est tout de même une belle opportunité. Peu d’étudiants disposent d’une tribune pour raconter leurs expériences et surtout extérioriser leurs tracas et petites peines d’apprentis chercheurs. Le dernier point positif reste la grande liberté d’écriture et de ton laissée aux étudiants pour s’exprimer.

Le 15 décembre marque aussi la date fatidique où je vais publiquement adresser un éloge grandiose à Mr. Poublanc, professeur de ressources numériques, épaule pour pleurer et source de réconfort à toute épreuve. Tel Pascal le grand frère, en moins méchant et en plus barbu, ce professeur a le conseil qui va bien et l’expérience d’un doctorant qui a réussi, chose que l’on croyait impossible. Professeur multitâche, à la fois organisateur d’évènements visant la réunion entre petits et moyens chercheurs et diffuseur d’outils multimédias dont lui seul a le secret, ce professeur anime probablement le seul cours utile pour le mémoire. Monsieur, au nom de tous, que Dieu vous garde pour la transmission de Zotero mais que le diable vous emporte pour FileMaker.

Mr Poublanc quand on est trop bruyants, Giphy

La finalité de ces articles étant le partiel, il est quand même important de soulever sa fonction d’exutoire. Il est certes difficile de s’y mettre alors que la recherche prend beaucoup de temps, mais disposer d’un espace de communication afin de peut-être convaincre de futurs étudiants de se laisser tenter par la recherche est prenant. Il est indéniable que l’on pleure beaucoup, que la souffrance est souvent plus grande que la joie mais le sentiment du travail accompli est intact et gratifiant.

Alors oui Mr. Poublanc, continuez avec cet exercice mais de grâce, et pour le futur plaisir des étudiants de M1, enlevez ce thème sur la bibliographie ! La réaliser pour le mémoire est déjà assez pénible (sans parler de l’historiographie), nul besoin d’en reparler et de ressasser de sombres souvenirs dans la tête des étudiants.

Arnaque, Mémoire, et Botanique

Université de Glasgow, futur fief du savoir magique, tous droits réservés

Par « botanique », j’entends « boire du thé ». C’était juste pour mettre un dernier titre de toutes façons. Boire du thé, c’est important, cela aide à se calmer, à mieux dormir. Je ne me réveille plus durant la nuit en pensant au mémoire. On ne note pas tellement d’évolution de la méthode au premier semestre, si ce n’est qu’il est important de s’accorder plus de temps à soi. Le fait que le M2 soit la directe continuité du sujet de M1 aide aussi grandement à une pensée plus claire et posée. Les relations avec le directeur de mémoire sont plus harmonieuses et la perspective de finir le mémoire à Glasgow joue positivement sur le moral. En plus l’université ressemble à Poudlard…

Si les interrogations concernant le futur et surtout le futur professionnel sont toujours présentes, elles se retrouvent atténuées. Elles le sont par les discussions avec les professeurs, les rencontres en dehors de l’université et aussi les nouvelles perspectives que la vie offre en général. Terrorisé en premier lieu à l’idée de ne pas pouvoir travailler directement après l’obtention du diplôme et d’avoir choisi la mauvaise voie, l’avenir se fait un peu plus doux et radieux. Le Bac+5 est maintenant perçu comme une sorte d’assurance et non une finalité désarmante et effrayante où les opportunités semblent minimes.

Chateau de Poudlard, quasi copie de l’université de Glasgow, le rêve, Tous droits réservés

Après tout, il ne reste que sept mois qui vont passer très vite. Le mémoire et sa rédaction permettent de rester occupé. C’est un bel exercice qui apporte énormément sur le plan personnel, sur la façon d’appréhender les épreuves et les obstacles. L’analyse n’a pas tant changé mais elle s’additionne maintenant aux remarques entendues à la soutenance et à une manière nouvelle et plus directe de penser la recherche. En dernier lieu, je dirai que la recherche est longue, pénible et compliquée mais qu’elle permet de comprendre de nouveaux aspects de sa personnalité et de comprendre les points négatifs sur la façon que l’on a de travailler.

Crédits images à la Une : Pris d’horreur en constatant que c’est déjà le milieu de l’année, tous droits réservés, Property of 20th century Fox Television, Creation of Seth Mcfarlane.

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