2017-01-25

Parution du livre en 1955 – C’est l’histoire, hors série, d’un homme qui a cruellement expié une faute de jeunesse. Charles Hut n’a été à aucun moment de ses récidives un sale individu, il a succombé à des tentations dont le but n’était jamais sordide. …

Au milieu des épreuves, au fond des cachots, parmi les durs travaux, à travers les tempêtes, naufrages, privations, et dangers il a pu garder intacts tous ses sentiments humains… Émile Moussat

René Delpêche : Auteur

Éditions du Scorpion 1955

Édition originale sur papier courant,

Couverture rigide avec jaquette illustrée recto-verso,

Notice biographique – Le 6 septembre 1941, le relégué Charles Hut et huit autres compagnons décident de rallier la France Libre. Pour ce faire, ils récupèrent un bateau qu’ils remettent clandestinement en état, et le 6 septembre 1941 au soir, lèvent l’ancre, avec une barrique de plus de 200 litres d’eau, des vivres pour plusieurs jours, et comme instrument de navigation une boussole.

CHARLES HUT : est condamné à 12 ans de travaux forcés en février 1920 pour cambriolage.

Déporté en Guyane, sa bonne conduite dans les différentes prisons de France lui vaut d’obtenir les postes de garçon boucher à St Laurent puis pêcheur attitré des surveillants aux îles du salut.

Mais Charles, comme tous les autres forçats, n’a qu’une idée en tête, s’évader. Mais pour faire la  » belle « , il faut de l’argent, beaucoup d’argent, et Charles n’en a pas.

A Cayenne où il est employé à l’entretien des lignes télégraphiques, il fait connaissance avec un autre condamné et tous deux décide le cambriolage d’une bijouterie à proximité de la place du marché.

Leur forfait réalisé, les deux complices enterrent leur magot. Par malchance, le complice de Charles ne sut tenir sa langue. Dénoncé, il est arrêté puis condamné à cinq ans de réclusion à l’île St Joseph.

Sa peine terminée, on retrouve Charles au chantier de Pariacabo, près de Kourou. Là encore, il est employé à l’entretien des lignes téléphoniques.

Son projet d’évasion ne l’a pas quitté. Avec un ami Asiatique, il met en projet le vol d’une embarcation de l’administration pénitentiaire, et le cambriolage de vivres. Rapidement le projet est mis à exécution, le cambriolage réalisé, les vivres, en majorité des boites de conserves et lait concentré, mis en lieu sûr. Ensuite, la nuit, ils procèdent à la confection des voiles et des cordages pour l’embarcation.

Enfin, le grand jour arrive. Charles est déjà à bord de l’embarcation, son ami s’apprête à monter, lorsque soudain, deux ombres surgissent et ouvre le feu sur les fugitifs. Charles réussit à s’enfuir et regagne sa case. Son ami est pris, et lâchement dénonce son compagnon. Charles est de nouveau condamné à seulement 6 mois de réclusion. Peine clémente prononcée par le Tribunal Maritime Spécial de St Laurent. Sa peine terminée, il retourne au camp de Pariacabo où il retrouve son ancien boulot et en plus comme il a du temps libre on lui confie les achats en ville pour le compte des surveillants et de leurs familles. Il avait également réussi à organiser des cultures dont il revendait la production. Cette situation n’étant pas du goût de tout le monde, il est muté au port de Kourou, chargé du renflouement et de la remise en état de deux vieux bateaux.

Le 16 juin 1934, il est libéré du bagne. Mais comme tout forçat libéré, il doit rester en Guyane, toujours sous la surveillance de l’administration pénitentiaire.

Il se rend à Cayenne et trouve du travail comme jardinier de L’hôpital des sœurs de St Vincent de Paul. Sa bonne conduite, son ardeur au travail lui valent l’estime de tous. Mais son idée de s’évader de la Guyane reste ancrée dans son esprit, et comme toujours pour réussir une évasion il faut de l’argent. Avec deux amis de rencontre, il force la porte d’un magasin, et se trouve nez à nez avec la maréchaussée. L’un de ses complices avait dévoilé le plan à la gendarmerie. De nouveau, le tribunal le condamne à 1 an de prison, et sera envoyé à St Jean au camp des relégués. Sa bonne conduite, lui vaut l’autorisation d’exploiter  » un rade « , un petit débit de boisson et tabacs.

Un soir, on lui propose un projet d’évasion. Un rêve pour Charles. D’emblée il accepte. Une nuit, en compagnie de 4 autres prétendant à la liberté, une petite mais solide embarcation quitte furtivement les rives du fleuve Maroni. Les fugitifs espèrent atteindre les côtes du Venezuela. La mer déchaînée en décide autrement, et après plusieurs jours d’un périple houleux, ils échouent épuisés, affamés à l’île de Trinidad. Accueillis, restaurés, ils sont l’objet de toutes les attentions de la population.

Charles est toujours décidé à regagner la France coûte que coûte. Il s’embarque clandestinement sur un cargo Allemand. Découvert, il est débarqué à l’île de la Barbade, il est remis aux autorités. Présenté au Tribunal, il étaye sa défense, en arguant qu’il n’était pas passager clandestin puisqu’il s’était acquitté de la somme demandée aux visiteurs qui montaient à bord pour effectuer la visite du navire. Reconnu non coupable, le tribunal ayant fait droit à la requête de Charles condamna la compagnie Allemande de le rapatrier en Europe.

Heureux Charles, le voici en route vers Amsterdam, enfin c’est ce qu’il croit. Après une brève escale à Portsmouth, à son grand désarroi, le navire fait route vers Cherbourg. Bien sûr à son arrivée il est accueilli par les forces de l’ordre. Le Capitaine du navire les avait alertés. Incarcéré immédiatement à la prison de la ville, il va faire pendant deux ans un incroyable tour de France des prisons. Après Cherbourg, Caen, Rennes, Le Mans, Nantes, La Rochelle, Angoulême, Limoges, Riom, et enfin St Martin de Ré, ultime escale pour un retour en Guyane.

Le voici de retour à la case départ. Le Tribunal Maritime Spécial le condamne à un an de prison, et comme il vient de purger 2 ans dans les prisons Françaises, laissé en liberté, et retourne à St Jean au camp des relégués. Quelques mois après, il est libéré conditionnel, et astreint de rester en Guyane mais avec interdiction de se rendre à Cayenne. Il trouve un travail dans une sucrerie proche de Cayenne. Ses bons services, sa bonne conduite lui valent l’autorisation de se rendre une fois par semaine à Cayenne.

Nous sommes en 1939, la guerre vient d’éclater, avec huit autres compagnons, ils décident de rallier la France Libre. Pour ce faire, récupèrent un bateau qu’ils remettent clandestinement en état, et le 6 septembre 1941 au soir, lèvent l’ancre, avec une barrique de plus de 200 litres d’eau, des vivres pour plusieurs jours, et comme instrument de navigation une boussole.

Le 11 septembre ils accostent sur les rives de la Guyane Anglaise. Présentés aux autorités ils sont laissés en liberté, mais on leur fait savoir que compte tenu des circonstances, ils sont indésirables dans ce pays. Quinze jours plus tard, après avoir remis en état leur embarcation, et fait le plein de vivres, ils lèvent l’ancre dans l’espoir de rallier Porto Rico.

Après un périple épique, essuyant de fortes tempêtes, expulsés de la République Dominicaine, refoulés d’Haïti, à bout de force, rongés par la faim, ils échouent finalement sur le rivage de Cuba, le 3 novembre 1941. Ils sont écroués à la prison centrale de ce pays, libérés le 18 avril 1942, ils sont peut de temps après réincarcérés au centre de l’immigration, et ne doivent leur libération définitive qu’une grève de la faim.

Charles Hut restera à Cuba, jusqu’en 1947, où il gagnera un peu d’argent en trafiquant dans le commerce d’armes.

Le 4 juillet 1947, il s’embarque encore une fois clandestinement sur un navire en partance pour Miami. Découvert, il est remis aux autorités, il est condamné à 6 mois d’emprisonnement. Libérés en décembre 1947 il est remis aux autorités Cubaines. De retour à la Havane, il est embauché comme matelot sur un navire marchand. Au retour de Terre Neuve, munis de son pécule, il décide au cours d’une escale à New York, de quitter son emploi. Deux jours plus tard il embarque régulièrement à bord d’un paquebot à destination de la France.

Débarqué au Havre il entreprend alors de rechercher sa famille et surtout connaître son fils. Sa mère est morte. Il retrouve à Charleroi une de ses sœurs, à Arlon et Luxembourg ses frères, puis à Périgueux une autre sœur. Pendant dix-huit mois il cherche en vain, dans toute la France son épouse et son fils. Désespéré, il décide de quitter la France pour retourner aux Etats Unis, et retrouver le travail qu’il a quitté sur le navire. Au Havre, il trouve un emploi dans l’attente de son embarquement.

C’est là, qu’un jour, il retrouve sa femme et son fils qui jusqu’à ces retrouvailles avait été tenu dans l’ignorance de sa condamnation aux travaux forcés.

En 1967, Charles Hut à 73 ans est renvoyés en prison pour une série de cambriolage

Enregistrer

Show more