2015-03-08

Lors de l'émission de Bulles de rêves la semaine dernière avec comme invité principal Marco de Blois il était question notamment de l'arrêt du festival Les Sommets de l'animation sous sa forme actuelle. L'émission voulait défendre le travail de Marco de Blois sur ce festival à travers différentes témoignages.

Depuis c'est aussi la Cinémathèque québecoise qui est attaquée avec la possibilité d'une fusion entre plusieurs institutions québecoises. Lire ici l'article du Devoir. Depuis cette annonce une page Facebook "Appuyons la Cinémathèque québécoise" a été créé afin de soutenir le travail de la Cinémathèque. Il est évident qu'aujourd'hui, encore plus qu'avant, les institutions comme les cinémathèques sont primordiales pour continuer à promouvoir le cinéma que ce soit à travers son histoire ou bien en mettant en avant des auteurs ou des formes de cinémas peu montrés. La prochaine rétrospective consacrée à Paul Bush le démontre bien (ici le texte de la présentation du cycle).

Depuis Louise Beaudet jusqu'à aujourd'hui avec Marco de Blois la Cinémathèque québecoise est surement l'une des institutions mondiales les plus importantes pour le cinéma d'animation. Une raison supplémentaire pour défendre ses actions et même que celles-ci se renforcent, comme les Sommets justement.

Écouter l'émission de la semaine dernière ci-dessous ou la télécharger ici

Et voici les témoignages recueillis très rapidement pour soutenir le travail de Marco de Blois avec les Sommets de l'animation. Merci infiniment il y avais peu de temps pour réagir j'ai contacté peu de monde et ils ont tous répondus. Encore un grand merci.

Les interviews:

Franck Dion:

Théodore Ushev

Alexandre Dubosc:

Les Textes:

Julie Roy:

"Cher Marco,

Cher ami de l’animation, cher ami tout court,

Je suis heureuse de pouvoir te surprendre alors que tu es à Paris et que de mon côté, je suis à souffrir dans ce mois de février québécois qui s’annonce, on nous le dit, comme le plus froid que nous ayons vécu historiquement, enfin … depuis que les données météorologiques sont compilées!

J’aurais vraiment aimé être à tes côtés pour vivre cette « bulle de rêve » avec toi, pour te témoigner toute mon affection et pouvoir partager avec les auditeurs tout le bien que je pense du boulot que tu accomplis pour le cinéma d’animation, depuis tant d’années, avec la mêmeardeur, persévérance et dévouement ! Tu fais un travail de l’ombre, tu te places au service des artistes et de leurs œuvres, tout en discrétion, même si tu te permets parfois quelques clowneries, lorsqu’on te confie un micro entre les mains ou en fin de soirée, mais ça c’est une autre histoire…!

Tu as bâti un grand projet au cours de la dernière décennie. Ce projet s’appelle Les Sommets de l’animation. Je sais tout le cœur et l’énergie que tu as investis dans cet événement que tu as su mené, au fil des ans, à au niveau de festival d’envergure internationale.

Tel un papa avec son rejeton, tu as bichonné tes Sommets, tu t’es inquiété pour ton événement, tu l’as nourri, tu l’as aidé à grandir, tu l’as défendu. Et tu l’as mené jusqu’à son 13e anniversaire! Bien que les Sommets de l’animation, dans leur forme actuelle, sont appelés à évoluer, il n’en demeure pas moins que désormais, les cinéastes de l’étranger ont le désir de venir présenter leurs films à Montréal! Et ça, cher Marco, c’est certainement la preuve la plus tangible et valorisante que tu pouvais recueillir, celle qui te permet de mesurer pleinement le fruit de tes efforts ainsi que ceux de tes collègues de la Cinémathèque québécoise!

En terminant, j’en profite pour te remercier pour ton indéfectible confiance et ta grande loyauté à mon égard, envers les projets que je t’ai proposés et que tu as accueillis avec beaucoup de spontanéité et de support.

C’est extrêmement agréable de travailler avec toi. Tu es une personne de grande qualité, de grande culture et de bon goût.

À très bientôt Marco! Ta famille t’attend à Montréal !

Avec toute mon amitié,

Julie Roy, Productrice exécutive / Studio d’animation français de l’ONF / 27 février 2015"

Igor Prassel, directeur festival Animateka:

"I first meet Marco visiting the Cinematheque Quebecoise more than 10 years ago. As he is among the few specialist on animation film inside the cinematheque circuit, he helped a lot with my cinematheque animated film monthly series Animateka.
Marco was also serving as jury member at our festival and there i discovered on the spot his critical thoughts and analyses on animation film.

Last, but not least, without Marco help, we could never present the almost complete Norman McLaren retrospective at the Slovenian Cinematheque in 2014. Beside programming it, we had the pleasure to host Marco, who brilliantly introduced each of the 8 chronological and thematic programs.

I am looking forward every time i meet him, to talk about life and animation over a glass of beer or good vine with him!"

Philippe Moins, Un des créateurs du festival Anima et spécialiste du cinéma d'animation:

"Bonjour Alexis, J’ai eu l’occasion de participer aux Sommets en tant que membre du Jury il y a deux ou trois ans.

Je connaissais déjà le Festival de réputation et j’avais régulièrement croisé son initiateur au Festival d’Annecy, je savais que j’y découvrirais une programmation futée, tissée main dans la curiosité et la sensibilité ; en débarquant à Montréal après vingt ans d’absence, ce qui m’a frappé dans ce Festival à taille humaine, c’est la qualité d’accueil des organisateurs et l’exceptionnel retour que l’on pouvait en escompter en terme de contacts avec les professionnels de l’animation indépendante, qu’ils fassent partie des invités internationaux ou des professionnels locaux.

Pour qui veut rencontrer ceux-ci, les Sommets constituaient un moment privilégié, dans une ambiance simple et d’une grande chaleur humaine. Au cœur de l’hiver québécois, Marco menait rondement tout cela avec l’humour, la modestie et la gentillesse qui le caractérisent, lui et son équipe. En apprenant les hypothèques qui planent sur ce beau projet, je ne peux que souhaiter longe vie aux programmations animation de la Cinémathèque québécoise qui est un peu notre cinéma à nous tous, les gens de l’animation ! Et si tu as besoin d’un coup de main pour défendre tes projets, tu peux compter sur nous, Marco !"

Nicolas Brault, réalisateur :

"Bonsoir à tous,

Tout d’abord, je me permets de saluer toute l’équipe de Bulle de rêve que j’ai eu le bonheur de rencontrer, suite au festival de Bruz, en décembre dernier.

J’ai humblement accepté l’invitation d’Alexis : me proposant décrire un bref mot sur les Sommets du cinéma d’animation et sur son, désormais célèbre, instigateur Marco de Blois.

Il me semble important de témoigner de l’importance qu’a eue cet évènement dans ma carrière de cinéaste dont la naissance, si mes calculs sont exacts, coïncide parfaitement avec mon arrivée à L’ONF en 2000.

J’ai donc suivi de près le long murissement des Sommets, qui grâce à Marco a pu jouir de depuis quatorze ans d’ensoleillement constant qui nous permet aujourd’hui d’en cueillir les fruits. Selon moi, les sommets sont, pour l’instant, la seule idée concrète et actualisée qui œuvre directement au développement d’une communauté en cinéma d’animation à Montréal et plus largement au Québec. Pour cela, je lève mon chapeau à Marco, car cela ne va pas de soi.

J’en profite pour souligner l’honneur qu’il m’a offert en m’offrant une place, avec le cinéaste Gerd Gockell et la critique de cinéma Hélène Farady, sur le premier Jury compétitif des Sommets en 2010. Il est intéressant de noter qu’à la dernière édition du Festival d’Annecy, 2/3 de ce jury repartait avec un cristal! Aujourd’hui je me plais à voir dans ces statistiques les qualités de visionnaire de Marco! Pour terminer, je dirais simplement que je prête l’oreille à ton émission Alexis, car il semble qu’on en apprendra davantage sur l’avenir des Sommets et je renouvelle mes remerciements à Marco pour l’aide et le soutien qu’il a su m’accorder depuis mes débuts en cinéma.

Il est rassurent de voir qu’une personne, accessible et investie, travaille à la bonne santé de notre cinéma animé.

Bonne émission à toute l’équipe et longue vie à Bulle de rêve !

Nicolas Brault 27 février 2015"

Les Interviews retranscrites, j'ai un peu édité les interviews le son de l'enregistrement étant très mauvais - notamment pour Olivier Catherin:

Ilan Nguyen, spécialiste et Professeur de l'Histoire du cinéma d'animation:

« Les Sommets de l’animation à mes yeux est l’un des festivals aujourd’hui a une véritable importance sur la scène internationale. Depuis 15-20 ans les festivals d’animation se sont beaucoup développés dans toutes sortes d’orientations, d’envergures. La plupart de ces festivals ont non seulement pour moi un problème de direction, de positionnement mais surtout de prise sur leur sujet.

Et ce qu’on recherche quand on va dans un festival c’est justement une cohérence, et aussi d’un temps à part qui permette de suivre, de comprendre les changements dans le cinéma d’animation. Pour cela on a besoin de programmateur qui puisse vraiment mener un travail de fond.

Et c’est ça qui est le plus délicat. N’importe qui peut créer un festival, mais pas n’importe qui peut donner corps à cette cohérence.

Il y a d’abord une question d’envergure pour mener ça. Le fait de partager une expérience dans un seul lieu donné, de ne pas avoir le choix et d’être tous aux mêmes séances. C’est pour moi important car cela nous ramène au point de départ des festivals d’animation, bien sur Cannes puis ensuite Annecy. Ce même lieu permet de partager avec les autres invités une même expérience qui a des répercussions dans les échanges pendant le festival aussi par la suite.

Les Sommets sont certes compétitifs, ce qui n’est pas toujours quelque chose de souhaitable pour un festival à mon avis mais beaucoup bien sur sont forcés à rentrer dans cette logique, mais ici cette compétition me semble restreinte dans toute la programmation et surtout elle m’a paru remarquablement cohérente.

En dehors de ça il y a le volet rétrospectif, c’est ce qui se faisait déjà dans les premiers festivals à Cannes et à Annecy. Et ce qui est important dans ce volet là c’est de savoir quel sillon on peut creuser, quels éléments il faut donner à voir. Et ça les Sommets le font avec une qualité de réflexion qui est évidente.

ET moi ce qui m’a beaucoup marqué pour cette première fois où je me rendais au festival c’est la qualité de l’accueil, la chaleur de l’hospitalité aussi bien du coté de l’équipe et bien sur de la part de Marco de Blois. Ce n’est que du bonheur, la température très froide est ainsi largement compensée par la chaleur des gens qui on le sent sont tous ravis d’être là. On participe tous à un moment particulier et c’est ça que doit être un festival, à mon avis, aujourd’hui »

Olivier Catherin, créateur de la société de production Les Trois Ours et spécialiste du cinéma d'animation:

« Oui j’ai participé aux Sommets en 2013 avec un programme monté par le Festival d’Annecy sur les jeunes talents français et avec Amélie nous avions donc présenté Mademoiselle Kiki.

Nous sommes arrivés et il s’est mis à neiger, on a fait le voyage de Montréal à Québec sous la neige c’était très exotique et puis arrivés à Québec on a vu des gens très sympathiques, dont bien sur Annie Frenette. Et aussi plein de public chaleureux. Ensuite retour à Montréal avec là aussi un large public et très cinéphile. Un très beau souvenir de festival …

Il m’est difficile de comparer avec Ottawa car je n’y ai jamais été, mais Ottawa c’est déjà plus le Québec et je ne suis pas sur qu’il y ait d’autres manifestations purement sur l’animation au Québec. Donc ça a été l’occasion de voir les productions pro et les films d’écoles, c’est important de voir ce qui se fait dans un pays important pour l’animaton.

Surement l’un des moments qui m’a le plus marqué c’est la Masterclass de Martine Chartrand et d’avoir la possibilité de lui parler après. La salle était archi pleine on sentait un public d’habitués …

Comme je le disais dans le contexte québécois je ne suis pas sur qu’il y ait beaucoup de manifestations comme ça et pour un pays aussi important pour l’animation ça me semble évident, en plus dans une cinémathèque, la seule à ma connaissance où il y a un responsable pour le cinéma d’animation, c’est complètement logique. Maintenant avec l’implication et le travail de Marco et des équipes de la Cinémathèque on sait bien dans le contexte actuel à quel point il est difficile d’organiser ce genre de festival. En France aussi on a du mal. Avec le gouvernement canadien actuel, et même celui du Québec, on sait bien les coupes qui sont faites sur la Culture. »

Show more