Difficile de faire un compte rendu du festival au niveau des séances j'en ai vu finalement peu n'ayant pu me rendre que quelques jours à Bruz, ayant passé surtout du temps a préparer les apéroterviews (dont une partie est visible en ligne ici) et à discuter aussi un peu :)
C'est d'ailleurs aussi ça qui fait le plaisir de Bruz. Le plaisir d'un vrai festival convivial pendant lequel on peut réellement prendre son temps à échanger et discuter.
Deux dessins d'Armelle Mercat (son blog, son vimeo) des Apéroterviews
Alors qu'est-ce que j'ai vu dans cette édition de Bruz
L'expo autour du Storyboard avec des exemples provenant du travail de Serge Elissalde était particulièrement intéressante notamment avec des illustrations pour Le Jour des Corneilles. J'ai loupé malheureusement la Masterclass sur le sujet toujours parc Serge Elissalde. Dans les Rencontres cette année il y avait aussi une Table ronde passionnantesur les 30 ans de cinéma d'animation en France avec Lionel Charpy, Serge Elissalde, Pierre Hénon et Jean-Pierre Lemouland.
Je n'ai pas pu aller à la séance de Pitch "Premier pas" avec des projets d'ex de La Poudière: Lucèce Andreae, Elsa Duhamel, Armelle Mercat et de l'Ensad: Céline Devaux et Luca Fiore, qui était visiblement très réussie. Aussi bien dans les présentations que dans les retours du public.
Dans les séances spéciales j'ai pu assister à une séance Coup de projecteur sur le cinéma finlandais avec des films de Katarina Lillqvist et Tatu Pohjavirta. Deux univers très différents, j'avoue que celui de la première m'a plus emballé que le second, et une partie débat pendant la séance très intéressante là aussi.
J'ai pu assister à la rencontre avec Vincent Patar, très fournie en documents et en anecdotes sur comment le duo travaille, notamment sur leur spécial La Bûche de Noël. Voici un petit compte-rendu et quelques photos prises rapidement.
Garry Larson, La Linéa, Tex Avery, Looney Tunes, Richard Scarry, Les Schtroumpfs, Franquin (notamment son sens du mouvement impressionnant), Morris (Simplicité et travail de mise en couleurs), Y.Chaland (Le Jeune Albert), Cowboy Henk, Popeye et les frères Fleischer (notamment la multiplane verticale) sont les noms cités par Vincent Patar comme inspiration pour le travail du duo.
Au commencement d'un projet ils travaillent déjà beaucoup sur le scénario et les dialogues jusqu'à ce qu'ils soient satisfaits de chaque enchainement de scène. Puis ils décortiquent ce scénario afin de bien lister tous les personnages et leurs attitudes, ainsi que les décors. Tout doit être prêt quand l'équipe de construction arrive.
Puis bien sur le travail de storyboard, de l'animatique et la mise en place des voix
Pour le long et le 26 minutes ils ont travaillé avec des moules de résine. Il y a environ 350 attitudes pour chaque personnage principal. Et par exemple il leur faut un cycle de 8 chevaux pour faire la marche alors que certains Certains personnages ont peu d'attitude.
Gros travail sur les props et les décors. Ils aiment travailler directement la matière par exemple la montagne en forme de sapin est faite de polystyrène et papier découpé. (Vincent Patar cite Système D, une revue de bricolage afin de nourrir la création des objets, ainsi le moteur du tracteur par exemple est un ressort de pince à linge)
Pendant le temps de construction le duo continue leurs recherche de mise en scène en volume, ils font beaucoup de tests d'animation avant le tournage (Vincent Patar en a montré quelques uns)
Ils se laissent la possibilité d'improviser pendant le tournage en changeant des attitudes des persos grâce au nombreuses attitudes. Mais les modifications peuvent apparaître aussi à l'enregistrement des voix. Au niveau du son les bruitages sont enregistrés bien en amont du montage image et des voix des comédiens qui sont ajoutés souvent à la toute fin. Ils recherchent toujours un montage très cut et un rythme soutenu.
Puis il y a eu une partie questions pendant laquelle Denis Walgenwitz, assistant réalisateur, a insisté sur l'énorme implication des réalisateurs. Au niveau du tournage 6 mois d'écriture, 1 an de financement, et le tournage en lui-même d'avril pour les débuts des préparations jusqu'en septembre fin de tournage, avec une moyenne d'environ 20 sec par jour. Le budget est de 600 000 euros et l'équipe a été jusqu'à 17 personnes pendant le tournage.
Il a insisté que pour eux le scénario doit être bien ficelé au moment de l'animatique (qu'il travaille déjà très rapidement avec la monteuse) pour garder le plus possible de spontanéité qu'apporte la technique au moment du tournage.
En vrac Un projet de long Pic Pic et André, Svankmajer comme réf pour l'animation volume, Beaucoup de réutilisation d'un tournage à l'autre. ET même si ils travaillent avant tout à deux Stéphane Aubier est celui qui réalise le storyboard, Vincent Patar les graphismes.
Une rencontre très riche et dense qui avait le grand avantage en plus de pouvoir satisfaire les amateurs et les passionnés d'image par image.
Le Festival de Bruz s'est imposé de belle manière dans le paysage des festivals en incluant avec élégance les professionnels et les habitants de la ville et de la région. Le festival comme chaque année est vraiment l'occasion de rencontrer une partie des gens qui font le cinéma d'animation en France. Peut-être que pour ceux qui vont dans d'autres festivals dans le courant de l'année il serait intéressant d'inclure des séances panorama afin de voir justement les films que l'on voit moins souvent. Bravo en tout cas à tout l'équipe et aux bénévoles dont l'accueil est très agréable.