2013-11-04

Depuis le début de la saison, la Ligue 1, promise à un duel entre les deux superpuissances que sont le Paris-Saint-Germain et le promu et nouveau riche monégasque, attendait un coup d'éclat qui la sorte de sa torpeur. Cet honneur échoit à Lille, qui a mis fin, dimanche 3 novembre, à l'issue de la 12e journée, à l'invincibilité de Monaco en Ligue 1, en s'imposant (2-0) au stade Pierre-Mauroy, grâce à un doublé de l'attaquant Nolan Roux. Cette victoire permet aux Nordistes de bousculer la hiérarchie au sommet. Distancés de deux unités par le leader parisien, ils s'emparent de la deuxième place au détriment de Monaco, relégué à un point. Un trio de tête s'est formé puisque le quatrième, Nantes, se trouve à cinq points de Monaco.
Depuis la septième journée, le PSG, à capitaux qataris, et Monaco, propriété de l'homme d'affaires russe Dmitri Rybolovlev, occupaient les deux premières places du podium, confirmant une antienne entonnée depuis l'été qui assurait que la messe était dite dans cette compétition, que la logique sportive allait se plier à la logique financière. Le suspense est enfin relancé grâce une équipe qui ne semblait pas la mieux lotie sur la grille de départ pour jouer les trouble-fête. La saison 2012-2013 avait marqué un coup d'arrêt à l'ascension du LOSC, champion de France 2011 (et vainqueur de la Coupe de France cette même année). Sixièmes, les Dogues étaient exclus de toute participation à une coupe européenne. La perte de cette manne financière s'était traduite par une rétractation du budget de 100 millions d'euros à 75 millions d'euros. Un contrecoup facheux quand on sait qu'un nouveau stade de 50 000 places avait été inauguré en août 2012 dans le but d'accueillir de grandes joutes continentales.  
DÉCLASSEMENT
La vente, lors du mercato estival, de l'attaquant Dimitri Payet à Marseille et du défenseur Lucas Digne, un des grands espoirs du football français, au PSG, contre respectivement 10 millions et 15 millions d'euros, symbolisaient ce déclassement. Et plus encore le feuilleton autour du champion du monde des moins de 20 ans : l'attaquant Florian Thauvin qui engagea un bras de fer avec les dirigeants lillois pour pouvoir filer à l'OM dans les dernières heures du mercato, et disputer ainsi la Ligue des champions. Comme lot de consolation, l'arrivée du défenseur danois Simon Kjaer, en provenance de Wolfsbourg, ne semblait pas suffire à contenter les supporteurs. Ce garçon forme aujourd'hui une charnière de fer avec le Monténegrin Marko Basa, une des clés du succès lillois. 

Interrogé par Le Monde fin août, le président du LOSC, Michel Seydoux, évoquait un "changement de cycle", marqué d'abord par le départ de Rudi Garcia, l'entraîneur du doublé historique, en poste depuis 2008 et parti faire le bonheur de l'AS Rome. Son successeur, René Girard, réputé pour privilégier un jeu où l'efficacité prime sur la flamboyance, n'avait pas forcément été accueilli dans l'allégresse. La bonne série actuelle du LOSC confirme néanmoins l'excellence de ce technicien qui, à la tête de Montpellier lors de la saison 2011-2012,  fit la nique au PSG en lui soufflant le titre avec un budget près de cinq fois inférieur.
Il est bien sûr trop tôt pour affirmer que le Gardois, ancien sélectionneur des Espoirs tricolores, peut à nouveau contrecarrer l'hégémonie de la capitale. Mais il a déjà imprimé sa marque sur le nouveau LOSC, en posant ses fondations : la solidité défensive. L'équipe possède actuellement la meilleure défense du championnat avec seulement quatre buts encaissés par la grâce, notamment, d'un gardien de but phénoménal, le Nigérian Vincent Enyeama, qui aura conservé sa cage inviolée lors de dix rencontres (sur douze).  Le LOSC vient ainsi d'enchaîner sept matchs sans encaisser de but. 
"PAS UN HASARD"
"Ce n'est pas un hasard ce qu'ont fait les gars ce soir, a déclaré René Girard après la victoire contre Monaco. Tout le monde avait besoin de se persuader qu'on pouvait être une belle équipe. Il fallait un peu se rassurer, car certains disaient qu'on n'avait rencontré que des seconds couteaux. On n'est pas des faire-valoir." Le coach a aussitôt temperé : "Il ne faut pas tirer de plans sur la comète, ça ne reste qu'un match. Il ne faut pas s'enflammer." En début de saison, le même Girard affirmait au Monde que "c'est une année de transition. On visera l'Europe la saison prochaine".
Le LOSC peut accueillir comme une bénédiction son élimination de la Coupe de la Ligue, le 29 octobre, à domicile face à Auxerre, pensionnaire de la Ligue 2. Elle lui permet de se concentrer sur le championnat. Avec une série de quatre victoires consécutives, Lille va devoir conforter son statut de premier outsider dès la 13e journée avec un déplacement à Guingamp, alors que le PSG recevra Nice, et Monaco, Evian-Thonon-Gaillard. S'il y parvient jusqu'à la période de Noël, cela transformera en choc l'affiche de la 19e journée : un PSG-LOSC au Parc des Princes.

Bruno Lesprit

Message: http://www.vivelelosc.fr/t6107-Article-du-Monde-Ligue-1-Lille-le-dauphin-inattendu.htm

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