2013-12-29

Ma maison australienne - Perth, Australia

Perth, Australia

"Chère Denise, ça y est : les billets d'avion sont réservés! J'arriverais à l'aeroport de Perth samedi à 15h. J'ai hate de vous revoir toi et Margaret!! See you soon, Love. Stéphanie" "Hey Steph! On t'attendra à l'aeroport, tout est prêt pour te recevoir! A très vite, Denise" Denise et Margaret m'accueillent chaleureusement, dans des cris et des sauts de joie. J'en suis touchée et perturbée, car plus habituée. On arrive chez Denise, elle habite dans la banlieue chic de Perth, à 7km du centre ville. Le quartier est calme, résidentiel, les pelouses sont impécables, les voitures bien garées et tout parait propre et discipliné. Denise a une charmante petite maison de plain pied, avec terrasse et jardin. Amoureuse de la France, elle a décoré sa maison sur ce thème. Photos de Paris, écritures en français, verres de cristal et belle vaisselle de Limoge. Denise a du goût. Elle me fait visiter et m'installe dans ma propre chambre, toute mignone. Elle m'a même préparé un panier avec des produits de beauté, de toilette, avec serviette moelleuse et peignoir. J'ai les yeux grands ouverts et ne sait quoi dire. Je redécouvre un quotidien et un environnement autrefois familier. Je ne me souvenais plus ce que ça faisait d'avoir une vraie maison, familiale et décorée, comme en France, avec un lit par chambre, des portes qui ferment pour s'isoler, une baignoire, une télé, un frigo toujours rempli, des canapés où l'on s'enfonce, une chaine hifi pour écouter sa musique, une vrai cuisine pour préparer de bons petits plats, une machine à café, de l'eau chaude... Je peux même boire l'eau du robinet et jeter le papier wc dans les toilettes! Tout me parait si douillet et confortable, je me sens comme à la maison, surtout que Denise fait tout pour que je sois à l'aise. Aussitôt installée, me voici déjà à table, et là c'st le paradis!! Les filles m'ont préparé un plateau de fromage et du champagne pour fêter nos retrouvailles!! Elles sont adorables; elles se souvenaient que je leur avais dit à quel point j'en révais parfois. On déguste ça en un rien de temps, installées au soleil sur la terrasse. Il fait chaud, 37°, le vent du desert vient nous bruler, le soleil tape fort. En dix minutes, on rougit, trou dans la couche d'ozone oblige. On se commande des pizzas le soir et enchaine fous rires sur fous rires. Ca fait vraiment plaisir de les retrouver. Le lendemain, c'est dimanche, on lezarde sur la terrasse. C'est tout simple mais ça fait tellement du bien! On papotte longuement puis prépare le traditionnel "sunday roast" (roti du dimanche, tradition anglaise, dont Katie m'avait tant parlé). Des amis de Denise vont venir le partager avec nous ce soir. Margaret et moi partons faire de petites courses. Je me sens perdue dans le supermarché si moderne, comme à Paris. Trop de choix, ça me perturbe. On ne fait que manger aujourd hui! Plateau de fromage et paté dans l'après midi!! Je me régale et m'empate... 18h : Walter et Monica arrive; on dine tôt en Australie. J'ai fait un effort : belle robe longue et maquillage, ça aussi je n'y suis plus habituée. Monica est française, vit ici depuis assez longtemps pour en avoir oublié sa langue maternelle, a voyagé 1an 1/2 en tour du monde quand elle était jeune. Elle a des mêches roses dans les cheveux et fait jeune, la quarantaine je dirais; ici tout le monde semble dix ans de moins, surtout les plus vieux. Epargnés par le stress, le style de vie à l'australienne leur réussit bien. Walter est black, style jazzy, cheveux blancs et costaud. On dirait un peu Bill Cosby. Denise a cuisiné un délicieux roti de boeuf et d'agneau, avec pancakes bien épais, carotte, potirons, ail en papillotte... On passe une merveilleuse soirée, qui me rappelle ma vie en France, entourée de ceux que j'aime pour des moments de simplicité. Lundi : Denise travaille. Elle part à 7H30. Directrice des ressources humaines, elle bosse à quelques minutes de chez elle et est de retour à la maison pour 16h30. C'est normal pour l'Australie, malgrès les responsabilités, personne ne sacrifit sa vie. Il est courant de troquer sa cravate contre un short de plage et d'aller piquer une tête dans la mer après sa journée, pour finir par un barbecue entre amis. C'est surement pour ça qu'ils ne prennent pas une ride, le stress semble tellement loin. Denise l'a laissé en Angleterre quand elle est venue dans sa jeunesse s'installer ici. Margaret me sort du lit et m'emmène dans une réserve naturelle découvrir les animaux et plantes d'Australie. J'aime beaucoup Margaret, elle est sage et jeune à la fois, vit dans son van car elle adore voyager à travers son pays. C'est une personne forte, équilibrée, indépendante, posée. Quand elle ne voyage pas, elle vit dans de superbes maisons de personnes en voyage, ou malade et vieux, elle s'occupe d'eux ou de la maison, et est ainsi logée gratuitement. Astucieux et surtout audacieux, à 70 ans, d'être une hippie sans peur du lendemain! Nous visitons la réserve et je rencontre pour la 1ere fois les kangourous!!!! Puis les koalas, les dingos, walabies, chouettes, perroquets multicolores, casoar... Je suis aussi excitée qu'une enfant! On assiste même à la tonte d'un mouton et au regroupement du bétail par les chiens. Excellent! J'espère que j'aurais la chance de croiser tous ces animaux incroyables dans la nature, en liberté. Mardi : Je suis toute seule aujourd'hui. J'en profite pour me détendre, grasse mat', pti déj sur la terrasse, je réapprivoise la télé, avant de chausser mes baskets pour un jogging dans le quartier. Je goute à la vie de "desperate housewife" version australienne. Je cours 10km environ en faisant le tour du quartier. Un golf, des rues résidentielles, des parcs impecables et des voitures exposées devant les belles maisons du coin; personne dans les rues, c'est désertique et sans vie la journée. Quelques panneaux "à vendre" sur les propriétés, avec photos de l'intérieur et de l'agent immobilier. Tout est démonstratif et "friendly" ici, les gens s'appellent par leurs prénoms, sont chaleureux et familiers. Denise revient du travail, un peu déprimée, et décide de ne pas y aller demain. Du coup, on sort! Walter se joint à nous et l'on va dans un "club de blues" écouter un peu de bonne musique. L'entrée est chère, comme tout en Australie; la musique est bonne, guitare, basse, harmonicat, batterie...Des genres de cow-boy chantent le blues. Les gens s'assoient sur des tabourets de bar ou à des tables, écoutent, ne viennent pas pour rencontrer, même si certains dansent, on vient juste pour apprécier le blues. Trés sympa. On s'éternise à discuter une fois rentrées et se couchent tard. Mercredi : Margaret, Denise et moi allons en ville voir l'expo "Van Gogh, Dali et les autres" au musée d'art de Perth. Peintres très variés, beaucoup d'européens; on se rend compte à l'étranger de la valeur de ce que l'on a chez soi. Matisse, Monet, Picasso, Andy Warold l'américain, une belle surprise : Rivera et Frida Kahlo du Mexique. J'ai adoré! Beaucoup de pièces viennent du musée d'art moderne de New York. Note pour plus tard : aller voir un jour le musée Dali en Floride (ahhh voyage quand tu nous tiens...). J'ai besoin d'internet aujourd'hui, Denise n'a pas de connexion chez elle, c'est encore très cher en Australie, comme la France il y a quinze ans. Je tente les restaurants mais leur connexion est privée, ils ne la proposent pas aux clients car ils paient le data, ça n'est pas illimité. Je tombe sur un serveur gentil qui me donne discretement leur mot de passe de réseau privé, et hop je suis de retour au monde moderne! Une nouvelle fraude bancaire à gérer, les impots à payer et d'autres réjouissances dont je me serais bien passée. Margaret m'offre son appareil photo aujourd'hui!!! C'est un amour, trop gentille. Il est de bonne qualité en plus. C'est dingue quand même la générosité des gens. Tout comme Denise qui m'héberge et cuisine pour moi généreusement. On se fait une soirée télé, "son of anarchy", des motards dealer et gros durs, comme il en existe vraiment ici, avec leurs gueules cassées et leurs gros blousons de cuir. C'est si stupide la télé, ça tourne autour de débilités, violence, argent, sexe... Aucun intérêt. Jeudi : je suis un peu malade, un genre de trachéite. Je prend le bus et retrouve à 9h une copine, Réva, rencontrée à Buenos Aires. Elle est docteur à l'hopital de Perth et vient de finir sa garde de nuit, je la retrouve pour un petit déj. Elle m'invite dans un resto huppé en bord de plage, on surplombe la mer, le cadre est superbe. L'océan est d'un bleu intense et profond, le sable éblouissant tant il est blanc. On se raconte nos voyages, en espagnol! Elle a bien progressé depuis le temps et c'est l'occasion de pratiquer. On n'est pas vraiment proche, on ne s'est croisées que quelques jours à l'époque, ce qui fait que j'ai d'autant plus apprécié qu'elle prenne du temps pour moi, qu'elle veuille me faire découvrir sa ville et qu'elle m'invite à manger. On se promène sur la plage rapidement car elle doit aller se coucher; elle a enchainé trois jours de 12h chacun. Elle me raccompagne en ville et m'osculte avant de me laisser, c'est viral ça devrait passer. Je me balade dans le centre, écoute les musiciens de rue, me pose en terrasse de café et regarde les gens passer. C'est incroyable les styles variés et excentriques; pas mal de gens sont perchés aussi et me glace le sang avec leurs regards fous ou méchants. Je traine là, j'aime l'animation de ces rues, le soleil, le climat doux, les gens qui vont et viennent, tous si différents. Je rentre dans l'aprés midi et me couche jusqu'au diner, crévée par la trachéite. Denise rentre, bon repas, puis télé; "geek and beauty", télé-réalité sur des intellos moches qui tentent de trouver l'amour auprès de beautés écervellées. Vendredi : Margaret m'emmène faire le tour de Perth dans son van. Petit tour dans King's parc, belle vue sur la ville, monuments aux morts, grands arbres. Puis direction les plages sauvages avec leurs herbes hautes, sandwich face à la mer; pas le temps de se baigner, ce sera pour la prochaine fois. On enchaine avec Fremantle, tour en van de la ville et de son port. On sent qu'il y a un peu d'histoire dans cette ville, le pays est si récent c'est plutôt rare. Il faudra que j'y retourne plus tard. Nous retrouvons Denise au soir et sortons diner ensemble dans un pub du quartier. Pas mal d'ambiance, des jeunes, des vieux, des familles, tous sortent et s'éclatent. Je suis toujours fatiguée, rentre tôt et me couche. Week-end : il fait chaud, très chaud, c'est étouffant, brulant. On se réfugie dans les centres commerciaux pour un peu de shopping. J'ai du mal à raccrocher avec ça, je me suis habituée à n'acheter que ce dont j'ai besoin. Réva vient me chercher chez Denise dans l'aprés-midi : on va à un concert en plein air, entre nanas, on est six. Toutes sont docteurs à l'hopital, aussi bonne élocution qu'éducation. On est assise sur des draps, pique nique là, dans une bonne ambiance. L'évènement est plutôt familial, sans alcool, et sans applaudissements pour les chanteurs qui sont plus un fond sonore, prétexte pour se réunir un soir d'été. On parle espagnol avec Réva, c'est étrange, ça rapelle de bons souvenirs aussi. Ahhh l'amérique latine... Elle n'en revient pas que je voyage encore! On s'est rencontrée en mars! Bonne soirée en tout cas, heureuse de partager des moments simples, familiers. Le dimanche passe vite : grasse matinée, on traine un peu avec Denise puis retourne au centre commercial, elle va acheter son premier smartphone, je la conseille. Et le meilleur dans un dimanche : c'est le "sunday roast"!! Denise cuisine divinement bien, pour mon plus grand plaisir. On regarde le film "Eat, pray, love". Sympa la soirée télé, j'apprécie, même si je préfère largement le livre. On discute, on commente, puis met "pause" toutes les dix minutes pour se raconter nos vies, et mange plein de chocolats aussi!! C'est si agréable de revenir à une vie normale, avec un semblant de quotidien, du confort, du connu. Denise est si gentille de m'accueillir si bien chez elle et de m'y faire sentir comme chez moi. Je me sens proche d'elle, on a de grandes discussions, elle a l'expérience et la jeunesse d'esprit à la fois. Elle est attentionnée et agréable à vivre. Je suis heureuse d'être avec elle. Demain, je partirais pour un road trip de trois jours avec Margaret avant de revenir ici encore un peu, dans ma maison australienne.

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