Les nuits de Bangkok - Bangkok, Thaïlande
Bangkok, Thaïlande
Assez profité des journées de Bangkok, il est temps d'aller explorer les nuits de la capitale! De la boxe thaï aux spectacles, night clubs et quartiers animées regorgeant de bar, des stands de rue ambulants aux sky bar des hotels et buildings les plus hauts de la ville, un vaste programme nous attend! Même si, pour commencer, c'est surtout les centre commerciaux que je vais explorer... Comme toute bonne voyageuse qui se respecte, je ne me suis bien sur pas encombrée de chaussures à talons ou de robes habillées. L'apparence ne fait plus du tout partie de mes préoccupations et le shopping encore moins (ça change de mon époque "tailleur, talons aiguilles, bijoux, maquillage"!). Audrey, elle, n'a pas eu le temps de perdre la main et m'entraine dans une scéance shopping qui me semble n'en plus finir... J'ai au moins appris ça en voyage : je choisis vite maintenant, donc en un rien de temps je suis équipée; puis attends Audrey, me sentant perdue. La tête m'en tourne, autant que lors d'une visite au Louvres. Tant de choses à regarder, mes sens ne cessent d'être sollicités, chaque marque tente de faire naître en vous du désir et des besoins jusqu'alors inexistants, dans ces lieux d'orgie de consommation. Shopping terminé, je me perche sur des talons démesurés (et me dis que les tongs c'est quand même plus confortable!), me maquille (c'est qui là dans le miroir?!), enfile une ptite robe (oui, bon ok: une grande robe, on sait tous que j'ai grossi maintenant... lol) et en plus, coup de chance, je sors de chez le coiffeur, donc même pas besoin de m'occuper de mes cheveux ;) 15minutes plus tard, je suis prête! Epatés, hein?! Me voici parée pour affronter les nuits à paillettes, superficielles et brillantes, de toute bonne mégalopole qui se respecte! Première soirée : Jeudi. Audrey et moi sortons dans un "sky bar". C est un bar sur le toît, au 9è étage d'un hotel chic. "The Nest". Déco sympa, grands canapés-lits design, pelouse au sol, concert live. Fréquenté par les expats et touristes. On se sent un peu comme des princesses avec toutes les petites attentions réservées à cette élite sociale, on n'est plus habituées. Le service est au top et nos cocktails aussi, bien que hors de prix forcemment. Comme toujours, deux nanas seules ne le restent pas longtemps : deux américains expatriés viennent s'inviter à notre table. Pas des meilleurs qu'il soit d'ailleurs, très mauvaise éducation; ça on ne peut pas tricher avec, ca ne s'achête pas avec des billets. En plus, ceux là ont beau nous raconter ô combien ils sont riches (ils ne parlent que d'eux, en bon égocentriques), ils n'en sont pas moins radins. On se fait embarquer avec eux en boite sans vraiment avoir eu le temps d'y penser et les laisse finalement très vite de leur côté, faisant d'autres rencontres bien plus sympas. Une nuit en boite à Bangkok c'est particulier. Les expats m'avaient prévenue : si tu veux voir des gens s'entasser au bar et ne jamais danser, c'est ici que ça se passe! Pudeur et discrétion asiatique obligent, les thais fuient les pistes de danse à tel point que les clubs ont rusés pour les y attirer: des tables style "mange-debout" sont éparpillées sur la piste pour que les gens puissent "dansouiller" autour. En gros, tu bois ton verre acoudé à ta table, tu bouges un peu les épaules, suivi d'un petit pas de temps en temps et ça le fait. Du coup, ça picole bien du côté des thaïs, qui sont majoritaires dans ce night club. Les femmes sont à 80 pour 100 des prostituées (du week end pour certaines...) et les affaires marchent plutôt bien. C'est décidement impossible d'échapper à ça en Thailande, c'est omniprésent. Je rencontre des expats, français et étrangers, et quelques vacanciers, dont un qui vient de Bali où j'irais surement plus tard. La soirée s'achève, je n'ai pas vraiment dansé finalement, j'ai surtout discuté autour du bar et bu un peu trop du coup! Bref, une vrai nuit thaï. Deuxième soirée : Vendredi. Direction la plus grande tour du pays : Baiyoke 2. 84ème étage : nous voici au bar panoramique. Vue dominante, de nuit, sur toute la ville, dont on saisit l'immensité depuis nos 300m de haut. Des autoroutes et des noeuds routiers énormes, éclairés, des files rouge et jaune de voitures, des buildings par centaines, des panneaux publicitaires LCD démesurés, des néons rose, bleu, jaune, et même un horizon courbé! Pour la première fois, je vois la rondeure de notre planête. Magnifique. Nous nous dirigeons ensuite vers un night club chic et réputé : "the Bed". Futuriste. De l'extérieur, on dirait une grosse capsule de métal, allongée, vibrante de couleurs que l'on aperçoit en transparence, changeant au rythme des pulsations de musique. On entre. Deux salles. L'une déserte, occupée juste par les couples qui se forment (ou plutôt par les clients qui négocient le prix de la passe...), l'autre bondée de monde. Deux grands bars, ou la moitié des gens s'agglutine, toujours les même tables "mange-debout" sur la piste, et de grands canapés-lits blanc, sur le pourtour, qui forment le coin VIP. De jeunes célébrités sont là, on est installées juste à côté d'eux. Ils font le show et se montrent, dansant dans les escaliers et exécutant de superbes chorégraphies. J'observe les gens. La pluspart sont en groupe mais s'ignorent, se donnant un air occupé avec leurs smartphones. Peu arrivent à se parler dans cette jungle sonore. Personne ne danse, à part ces célébrités. Tous picolent pour tromper l'ennui. Pour ma part, j'ai donné la veille, c'est coca cette fois-ci; je me lasse vite et écourte la soirée. Une autre façon de passer une nuit thailandaise est d'assister à un "muay thai" (boxe thai), LE sport national. Le mythique stade Ratchadamnoen, connu dans le monde entier, est le plus prestigieux et ancien du pays. Je vais y voir un match, censé durer de 18h à minuit. J'arrive à 21h, me disant que ces quelques heures seront déjà suffisantes. J'ai peur de ne pas aimer, appréhende la violence sur le ring et craint le trop plein de testostérone et d'excitation malsaine autour des paris... Au final, c'est une chance : ce soir c'est l'anniversaire de la reine, le stade n'est pas trop rempli. On refuse de me vendre les places en 2e catégorie (au milieu de la foule, "trop risqué pour des femmes") et m'installe en VIP, juste devant le ring!! Chaque combat se déroule en 5 rounds de 3 minutes. Il est précédé par une danse rituelle durant laquelle le boxeur porte le mongkon (bande de tissu autour de la tête) pour marquer la tradition du peuple Thai, manifester le respect à son entraîneur, et pour optimiser sa perception mentale. Cette danse est propre à chaque école ou style de muay-thaï. La danse terminée, le boxeur ote le mongkon et le combat commence. Un petit orchestre de tambour, cymbale et hautbois, rythme les différents rounds. Je me surprends à aimer ça. C'est beaucoup moins brut et sanguinaire que je ne le pensais. Ca se révèle même très technique, lent, stratégique; de la patience, avant d'envoyer le coup bien placé, qui claque et laisse des traces à l'adversaire. Des genoux et des coudes qui deviennent des armes, tels des batons de bois, durs et assomants. Des règles bien respectées, des esprits maîtrisés et réfléchis, de la force, de la rapidité, de la puissance, contenues dans de si petits corps. A la sortie du ring, je prends des photos avec ces champions du peuple, acclamés par tous, fiers de poser et en même temps exténués. 160cm à peine, peut être 50 kg, ces petites crevettes ont des corps fins et musclés; secs, dessinés. Les combats s'enchainent et les boxeurs sont de plus en plus forts; le rythme des coups s'accélère, le sang gicle, la vitesse et la violence monte avec le niveau des champions. Je comprends mieux pourquoi la boxe thai fut autrefois l'entrainement militaire des armées, puis passe temps favoris de la population, avant d'être interdite au début du 20e siècle car trop dangereuse et mortelle (aujourd hui autorisée grace à de nouvelles régles). Je suis bizarrement captivée par les combats; sous adrénaline, je soutiens mes champions favoris avec effervescence et ne voit pas l'heure passer. Minuit!! C'est loin d'être fini mais je décide de partir, ça commence à devenir vraiment sanglant. Ca restera une expérience étonnante. La soirée suivante est un peu plus calme, nous allons voir le spectacle "Siam Niramit", connu pour être le show le plus vu du pays et inscrit au guiness des records (plus grande scène théatrale au monde). Ce spectacle, genre une comédie musicale sans chanson, retrace les grandes période de l'histoire et vous fait voyager à travers les croyances religieuses et la culture thaï. Plus de 100 personnes sur scéne, des décors grandioses qui changent toutes les dix minutes, des bateaux grandeure nature, des éléphants, des chévres, des poules, de la pluie, une rivière, des éclairs, un orchestre, 500 costumes... C'est le spectacle de la démesure! On en prend plein les yeux pendant 80min (enfin nous ce sera juste 60min, on s'est fait piéger dans les embouteillages de BKK, avançant de 2km en 1h, avant de sauter du taxi, marcher 20min sous la pluie, prendre enfin le métro puis refinir en taxi...). Le spectacle se termine, dix secondes d'applaudissement et tout le monde disparaît, sous des critiques assez sévères. On se concerte, Audrey et moi, et ressentons aussi cette impression de "pas terrible" alors que l'on s'accorde pourtant à dire que c'était d'une richesse sur bien des points. Le temps de reprendre nos esprits après ce feu d'artifice scénique, et nous concluons que c'était tout simplement démesuré, impressionnant, autant que superficiel et creux. Cela manque de récits ou paroles, trop de choses sont survolées en vitesse et déballées sans que l'on ait le temps de les comprendre ou les regarder. C'est un peu comme si l'on mélangeais les gaulois, avec le roi soleil et la première guerre mondiale, en y ajoutant les dogmes de la religion catholique et les danses traditionnelles de nos régions. Ca donne un grand n'importe quoi, quand bien même ce serait bien représenté. Cela dit, ce show est assez fidèle à l'esprit de la Thailande, où tout est dans l'apparence et où il ne fait pas bon de creuser. Nos autres soirées dans la capitale nous ont permis d'en découvrir les différents quartiers, comme Nana ou la prostitution règne, Sukhumvit quartier chic et branché, le vieux Bangkok plus endormi, et bien sur les coins touristiques aussi. Notamment le fameux quartier de Khaosan Road, connu de tous les routards, pour ses auberges pas chères et ses bars, où résonnent musique pop et discussions anglophones, dans un brouhaha et un bordel pas croyable. Des tou-toucs vous crachent leur nuage noirs au nez, tentant de se faufiler dans cette rue que l'on pourrait croire piétonne au vue du flot de touristes qui s'y promène. Des petits stands ambulants y proposent des brochettes de légumes et de viandes grillées, d'autres des insectes, ou plus classique : des pad thaï ou riz variés. On mange pas cher ici et on trouve de tout : des boutiques, des rabatteurs insupportables, des arnaqueurs, des "come my friend, good price for you" qui se font echo et même des faux papiers affichés en pleine rue. Fausse carte d'étudiant, de presse, de police, d'identité, il n'y a qu'à demander celle du pays voulu et ils la font. C'est grave quand même... Et oui, la Thailande est aussi le pays de l'absence de règles et de la contrefaçon, que ce soit pour les documents ou les marques de luxe. Ce qui nous attire ce soir à revenir dans Khaosan road, c'est un défi stupide qui nous trotte dans la tête depuis quelques jours et que l'on vient de décider de relever. La "dégustation" d'insectes!! Ce petit stand nous interloquait, proposant toutes sortes de bestioles, qui finissent écrasées sous ma chaussure habituellement, et qui là vont passer dans mon estomac!! Je me persuade d'y gouter en me disant que si les thaïs vont jusqu'à en raffoler, c'est surement bon; et je repense très fort que nous, en France, on horrifie les étrangers avec nos cuisses de grenouilles, nos huitres et nos escargots. Alors c'est parti, pour moi ce sera : vers de soie (ça passe encore, ça a comme un goût de cacahuète), sauterelles et criquets (ça croustille beaucoup trop, on sent les ailes et les pattes c'est horrible!) et enfin scorpion!!! Le tout grillé! Le pire : c'est le scorpion, je n'ai pas réussi à finir. Le goût est juste horrible, proche du pourri désseché, dur et croustillant... Beurk... J'étais pas loin de vomir, Audrey aussi... Heureusement, la Tiger (bierre nationale) nous a aidé à en faire passer le goût et à digérer tout ça. A force de nuits et de journées bien remplies, on en oubli de dormir et aussi qu'il faut repartir. Le visa pour la Thaïlande est d'un mois et le notre a expiré il y a déjà deux jours, il est plus que temps de sortir du pays. C'est à l'arrache que l'on quitte la ville, arrivée à la station de bus 13h50, je cours de guichet en guichet pour nous trouver des places pour un départ immédiat. Dix minutes après, je les ai!! Je fonce vers Audrey, "c'est bon, allez on bouge, bus dans cinq minutes direction le Cambodge, c'est le dernier pour aujourd hui, avant que la frontière ferme"; on court à l'arrêt, choppe deux sandwiches au passage, et on part... A l'arrache, ou plutôt à la Thaï ;)