2013-09-06

Rizieres et campagnes Thailandaises en moto-cross - Chiang Mai, Thaïlande

Chiang Mai, Thaïlande

A peine revenue de notre aventure éléphant, nous voici reparties en moto-cross cette fois-ci! Nous sommes les passagères de Ped et Coco, nos deux guides et conducteurs thai, et comme nos noms sont trop compliqués pour eux, nous sommes rebatisées avec des noms locaux le temps du week end : Audrey devient Soy (Jolie) et moi Nala (Adorable). On se cramponne bien toutes les deux à l'arrière des moto-cross car on sort vite des sentiers battus pour aller silloner les chemins, tantôt de boue, tantôt d'herbes hautes, de la campagne de Chiang Mai. On passe des heures et des heures assises sur ces motos-cross. Aïe mes fesses! Pareil pour les bras, je me tiens comme je peux à l'arrière de la moto, surtout que ça glisse, ça grimpe et ça secoue. Loin de me rassurer, Coco me montre tous les endroits où il est déjà tombé avec ses passagers. "Là, tu vois, on est tombé dans le ravin, c'est cet arbre qui nous a retenus, la moto est tombée tout en bas elle; mais bon c'est juste une dizaine de mètres". Oui bah concentre toi mon coco, j'ai pas envie de tester l'expérience! Mon conducteur n'est pas très bavard en dehors de ça, c'est plutôt Ped qui nous fait rire et nous explique tout des campagnes de Chiang Mai. Il a une bonne humeur communicative, il est adorable avec nous. Il a la quarantaine, est divorcé depuis dix ans, sans enfants. Il boit beaucoup, à tel point que son foie est ravagé. Il est super content de faire cette expédition avec nous, ça fait longtemps que personne ne l'avait fait et il adore aller à la campagne, même si les conditions de vie y sont rudes. La dernière fois qu'il est venu, il a finit à l'hopital parce qu'il avait bu l'eau de la rivière et s'est choppé des parasites très mauvais, il a vomit toutes ses tripes pendant une semaine. On est prévenu, on ne boira pas l'eau de la rivière même si elle est très claire! En fait, on ne s'y baignera pas du coup, mieux vaut être prudentes. Ped veut déjà m'épouser, encore un! Evidemment c'est jamais avec Brad Bitt que ça m'arrive... On s'arrête visiter une petite famille de Karen, réfugiés de Birmanie (on n'est pas loin de la frontière), ils vivent dans une cabane où le toit est fait de feuilles séchées et les murs de bambou. Ils sont surement visités régulièrement par une poignée de touristes à la recherche "d'authenticité", du coup il se sont organisés un petit commerce, ils fabriquent quelques tissus. J'achête un bracelet à une petite fille adorable, qui ne me lache pas. On ne peut pas se parler, barrière de la langue, mais elle est trop mignone et si souriante, il y a un truc qui se passe, je l'emmenerais bien avec moi. C'était bizare cette étape quand même, un peu trop organisée pour être naturel, mais cette petite fille m'a vraiment touchée. On traverse beaucoup de petits villages, on s'y arrête déjeuner, local bien-sur, c'est à dire du riz, du riz et encore du riz! Sauté, au curry, aux légumes... Il y en a a toutes les sauces (surtout piquantes d'ailleurs!). Ils essaient même de nous berner avec leur "pad thai" : ce sont des pates... de riz! et oui!! Je sens que j'approche de la saturation avec la cuisine thaï. Nous visitons des rizières, c'est magnifique! Ped et Coco ne comprennent pas pourquoi nous nous extasions autant et en prenons tant de photos! Pour eux, c'est l'équivalent de nos champs de blés, il y en a partout quoi! Et nous qui leur posons trente mille questions, sur comment pousse le riz, comment ça se plante, se récolte, comment marche l'irrigation? On doit pas souvent leur demander car ils sont un peu génés et changent vite de sujet. Il y a aussi plein de culture de fleurs, de fruits, de légumes. Ped, un peu plus calé en la matière, nous explique que le Roi donne des terres pour que les pauvres ait du travail et viennent la cultiver. Avant, l'opium avait envahie cette région au croisement des trois frontières (Laos, Thailande, Birmanie), des sanctions très fortes sont maintenant appliquées pour lutter contre la drogue et grâce à la politique encourageante du roi le pays est devenu très fort en agriculture. Tout le monde adore le couple royal en Thailande. Pas trop le choix pourrait on penser, vu que dire du mal de la royauté est un crime de lèse majesté puni par la prison. Mais en réalité, les thais les aiment sincérement. Ils ont des portraits d'eux dans leurs boutiques, leurs maisons, et sont tous reconnaissant de ce qu'ils ont fait pour eux. Leur roi est un bon roi, parait il, de ceux qui se préoccupent de leur peuple et les aident. La journée se termine, on arrive chez nos hôtes, deux retraités, ce sont les parents du proprio de "something different day tour", le bureau d'excursion à moto. Comme toujours, barrière de la langue, mais le sourire est international heureusement. J'ai appris quelques mots en thai : Sawadicat = bonjour, Copenca = merci. Je connais les B-A BA de la culture asiatique maintenant et tente de ne pas faire d'impair. Règle numéro 1 : on ne vexe jamais un asiat! Surtout un thaï, ils sont très fiers. Sachant que si vous leur parlez anglais et qu'ils ne vous comprennent pas c'est déjà très vexant pour beaucoup et ça suffit à les faire fuir. Régle numéro 2 : on enlève ses chaussures partout avant de rentrer dans une pièce. Que ce soit une boutique, un resto ou une maison, c'est pareil, parce que sinon les mauvais esprits qui s'accrochent à vos chaussures rentrent avec vous. C'est pour ça aussi qu'ils mettent de toutes petites marches, très casse-gueule d'ailleurs, à l'entrée de chaque pièce, aux cas où ils ait quand même réussit à passer la porte d'entrée. Les mauvais esprits rampent donc ils ne peuvent pas sauter les marches et restent dehors. Logique! Régle numéro 3 : le traditionnel geste asiatique tu feras : les mains jointes face à soi, au niveau du visage, on baise la tête; ça sert à marquer le respect, pour dire bonjour, au revoir, merci... J'aime beaucoup ce geste, je le trouve beau et respecteux. On s'incline, ça évite les longs discours de remerciement ou d'adieu, c'est sobre et humble. Je ne fais donc pas de fausses notes avec mes hotes, même quand je découvre la cabane de bambou poussièreuse à mort ou l'on dort, ou encore la douche, commune avec les araignées, lezards et cafards, faite de cailloux et terre battue. C'est roots mais je n'en attendais pas moins, c'est le quotidient de tous ici. Nous sommes donc accueillies en toute simplicité par notre couple de petits vieux qui nous préparent de bons petits plats locaux et partagent le repas avec nous. Deux américaines arrivent avec leurs guides, elles sont en plein trekking dans les alentours et viennent ici pour la nuit. Nous passons la soirée avec elle, quatre guides et un jeune qui va devenir moine bouddhiste le mois prochain. Nous enchainons les parties de cartes, ils nous font découvrir leurs jeux thaï, puis ils commencent à picoler des bierres et leur fameux alcool de riz. Ca ressemble à de l'eau de vie, autant dire que c'est super fort! Ils boivent beaucoup, c'est incroyable. Ils m'expliquent que c'est comme ça, beaucoup sont alcoliques et une bonne partie boivent même en journée, conduisent bateaux ou taxis bien imbibés, etc... Je comprend mieux pourquoi ils sont si dangereux sur les routes et pourquoi il y a tant de violence conjugales aussi... Homme qui boit, homme qui bat. Je vais me coucher assez tôt, je préfère ne pas trop m'attarder avec des hommes alcolisés en plein milieu de nul part, même s'ils ont l'air très gentils, on ne sait jamais. La nuit est un peu difficile niveau confort, entre la fatigue, la chaleur, les moustiques, mon matelas de fortune et les guides qui chantent et parlent trop fort juste à côté, je n'ai pas beaucoup fermé l'oeil. Nous repartons le lendemain matin, de bonne heure, après un petit déj local : bouillie de riz au boeuf (je m'y fais, même si je mangerais pas ça tous les jours non plus) et... pain perdu! tiens, comme à la maison! Sympa. J'ai toujours aussi mal aux fesses sur mon siège passager riquiqui et je sens les courbatures arriver, les routes sont difficiles à pratiquer mais j'adore. C'est quand on perd son confort que le voyage commence vraiment. Nous traversons de superbes paysages de montagnes, de rizières, c'est verdoyant et apaisant, tout est calme, nous sommes seuls au milieu des paysans et petits villages, les gens nous saluent de loin, nous sourrient, sont heureux de nous montrer leur récolte de champignons quand nous nous arretons pour leur parler. Nous n'avons pas croisé un seul touriste sur les routes pendant ces deux jours. C'était très authentique. De retour sur Chiang Maï, Audrey et moi sommes fatiguées physiquement de nos quatre jours chez l'habitant, entre le trekking et les elephants, à la dur, sans confort. Je ne rêve que d'une chose : une vrai salle de bain avec de l'eau courante, des toilettes qui ne se résument pas à un trou et un lit qui ne me rappelle pas une planche de bois. Sans parler de la clim, qui évite les moustiques qui m'aiment tant et qui permet de continuer à dormir après le lever du soleil, qui rend sinon l'atmosphère caniculaire en moins de deux. Ma copine Katie, l'anglaise avec qui j'ai voyagé longtemps, m'a convertie à la philosophie de "la balance" : tout est une question d'équilibre dans la vie selon elle, entre le positif et le négatif. Tu perds quelque chose, tu trouveras quelque chose; tu as un temps magnifique, ça compense la journée d'orage de la semaine dernière; tout s'est organisé en un clin d'oeil pour les prochains jours, ça balancera avec la journée galère que tu passeras à réserver les vols d'avions; etc... C'est autant une philosophie qu'un principe de vie, et ça s'applique aussi au confort : quatre jours à la roots valent bien deux jours en hotel de luxe pour rééquilibrer la balance! Direction donc un hotel 4*, avec piscine, spa, salle de remise en forme, petit dejeuner incroyable, matelas hyper confortable, clim, et même peignoir de bain!! Je revie, me ressource à fond et ne quitte plus l'hotel. Je fais du sport, profite du spa et des massages aux pierres chaudes... De toute façon, il pleut des cordes, impossible de mettre le nez dehors. Ca c'est la balance pour ces quatre derniers jours de temps plutôt sec, alors que nous sommes en pleine saison des pluies! Quant à Audrey, elle est au paradis; c'est sa première fois en hotel de luxe mais j'ai l'impression qu'elle s'y fait plutôt bien et qu'elle a déjà adopté, elle aussi, ma "balance" philosophie ;)

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