2013-07-17

Les voisines en altitude! - Senggigi, Indonesia

Senggigi, Indonesia

** dernier jour du trek, il nous reste l'équivalent de 2h de marche environ... On dîne en compagnie d'une autre équipe qu'on a suivi tout au long de la montée, une famille de belges. Patrick à Gab: Alors les filles, c'est votre premier trek? Gab à Patrick: Non... Le dernier. ** ............................... On a mal aux chevilles, aux molets, aux cuisses, aux épaules, au dos, aux trapèzes et aux fesses pour au moins les 7 prochains jours. Ce foutu trek, on va s'en souvenir toute notre vie. Ça valait la peine, mais maintenant qu'on sait ce que ça implique comme effort physique et mental, on ne le referait jamais. JAMAIS. Vous êtes chanceux qu'on l'ait fait sans savoir dans quoi on s'embarquait parce que ça a donné des maudites belles photos, mais maintenant on doit s'en remettre et on a un bon 16 jours dans les îles Gili pour travailler sur la reconstruction de notre corps. C'était la pire expérience de notre vie, mais aussi une des plus belles... Détails de l'aventure volcanique ci-dessous... Enjoy! Ascension du Rinjani: jour 1 (11 juillet) 4h30: Réveil. On pack nos gros sac avec ce qu'on appelait de l'enthousiasme pendant qu'on en avait encore et on attend le pick up sur le trottoir devant l'hotel. Évidemment, le transport est en retard. 5h30: le chauffeur se rend compte qu'il a embarqué les mauvaises personne avec nous. Il doit tourner de bord pour faire un switch d'humain. Plus de retard. 7h00: Arrivée au supposé point de départ du trek après une heure trente de route dans un camion qui virait les croches aussi serré qu'un coureur automobile et un voisin de siège qui semblait ne pas savoir fermer ses jambes. Crampes dans le cou. On y a rencontré les couples hollandais et belges qui feraient le trek avec nous autour d'une pauvre et unique pancake aux bananes. Alors qu'on se faisait expliquer les détails du trek, on se demandait comment on survivrait à tous ses efforts physiques avec aussi peu de nourriture dans le corps. On commencait à comprendre que ce serait un peu plus difficile qu'on l'avait cru, mais on pensait aussi que comme on avait survécu à Poon Hill au Népal, celui là ne serait pas pire puisque c'était la même altitude. Comme on a eu peur de mourir de faim, on a changé nos biscuits oréo (prévu pour nos futur snack de plage) de sac... Après le mini déjeuner, on est tous embarqués dans le derrrière d'un pick-up et s'en est suivi une ride pénible d'au moins 20 minutes où on a eu droit à un bonus: on a frappé un chien. On s'enregistre au cas où on se perd et on est partis! 9h30: Départ officiel. Déjà, le guide gambade dans les champs à la vitesse d'une pouliche. Pour l'instant ça va parce qu'on est sur le plat et que notre corps n'est pas encore accidenté, mais on craint déjà de nous ennuyer du doux rythme de Pasang, notre guide népalais... 11h30: petite pause dîner rustique. On sait déjà que ce qui nous attend après le repas n'aura rien à voir avec la petite balade qu'on vient de faire. Les porteurs et le guides s'affairent à préparer notre repas, une genre de soupe ramen avec plein de légumes trop bonne, sur feu de bois choppé sur la route et on en profite pour socialiser avec les autres trekkeurs pendant qu'on a encore la force de parler. 13h: ça recommence. Mais ôôô comme on ne s'attendait pas à ça... On a monté un total de plus de 1150 mètres d'altitude cet après-midi là. Et ça montait, et ça montait et ça montait sur un esti de temps (scusez les gros mots!). C'est à ce moment que je me suis dit que je ne me rendrais pas au sommet le lendemain, que je n'en aurais pas la force. Quand on a demandé au guide si c'était aussi difficile pour atteindre le sommet le lendemain, il nous a dit, et je cite: harder, harder, harder, ******* HARD! -_- J'étais totalement épuisée et incapable de suivre le rythme de ce robin des bois. J'avais envie de pleurer et je n'ai jamais dit autant de méchanceté dans ma tête. Cette rage a duré 3 jours. Après avoir essayé de suivre le rythme de notre groupe pendant 1h45, Julie et moi avons abandonné, on était en train de suffoquer. Sans même qu'ils s'en rendent compte, on s'est jointes à une nouvelle équipe (la famille belge) dont la philosophie nous a plu: une pause maximum toutes les 5 minutes! :) M. Patrick, un homme de 50 ans qui faisait le trek avec ses deux fils dans la vingtaine est devenu notre compagnon préféré et un peu notre idole parce qu'on ne fera jamais ce genre de trek dans 30 ans... Il ne sait pas trop non plus comment il a réussi :) On soufflait comme des boeufs et le découragement était proche: chaque fois qu'on finissait une montée une autre, plus à pic et plus longue nous attendait... On avait déjà les jambes lourdes et on n'avait même pas une journée de fait. 5h30: après ces heures de marche interminables, l'idée de ne pas monter au sommet me trottait encore dans la tête, mais Julie m'a convaincu d'au moins essayer, tant qu'à être là. On est arrivée au camp seulement 15 minutes après notre équipe, mais on a pris au moins 4 fois plus de pause. Déjà, on savait qu'on s'était trompées et que ce trek n'avait rien à voir avec Poon Hill! Pendant que les porteurs montaient les tentes et commençaient le souper, on a sorti nos gros chandails et notre écharpes parce qu'il faisait environ 5 degrés... On était à 2639 mètres. Quand la vue s'est dégagée, on a sorti nos appareils photos et on a pris plein de photos parce que c'était beau et aussi parce qu'on s'est dit que si on n'était pas capables de nous rendre au sommet le lendemain, on vous ferait croire que le sommet, c'était là! :) On a pris le temps de prendre des photos avec nos airs misérables pour nous rappeler nos esprits troublés et aussi de nos lèvres bleues. Ma chère maman d'amour, j'ai sorti tes pilules pour les "traumatismes physiques et psychologiques" dès que je suis arrivée en haut: tout le monde en a voulu! Haha! On a rapidement soupé près du feu un riz trop bon avec encore plein de légumes et du thé et on s'est vite enfermés dans nos tentes parce qu'il faisait froid, mais surtout parce que le lendemain, on devait se réveiller à 2h40 du matin. Anxieuses toutes les deux, on a mis notre musique dans nos oreilles et on a essayé de dormir, en faisant de la visualisation positive, mais ça n'a marché pour aucune de nous. Chaque année, environ 10 000 personnes font l'ascension, mais chaque fois, plusieurs ne réussissent pas à survivre aux 3h de montée éprouvantes en pleine nuit et s'arrêtent avant la dernière heure qui est totalement atroce et indescriptible tellement elle est chiante. Chaque fois, plusieurs pleurent aussi. Ce sont des informations qu'on n'avait pas avant de partir. Oui, ça nous a empêché de dormir. Le guide nous a aussi dit qu'en cas de pluie ou de vents forts, la montée au sommet est annulée parce que c'est beaucoup trop dangereux. Il a un peu plu pendant la nuit. Intérieurement, on espérait presque qu'il y ait un orage... Ascension du Rinjani: jour 2 (12 juillet) 2h20: réveil. Bien qu'on s'embarquait dans la partie la plus difficile et exigeante du trek, on ne mangeait pas avant de partir. On n'a eu droit qu'à quelques biscuits et un thé. Pendant l'ascension, j'ai compris pourquoi: avec plus de bouffe dans le corps, plusieurs randonneurs vomiraient à cause de l'effort physique intense que ça demande... Notre groupe et parti le premier. C'est dans la totale noirceur qu'on avançait... Julie et moi on s'est mises à la fin du groupe parce qu'on savait, à cause de la veille, qu'on n'arriverait pas à les suivre. Après seulement 20 minutes, on leur a fait des **** dans le dos, on a bougonné un peu et on a pris nos distances en se permettant des pauses plus fréquentes. La première heure, le terrain était très accidenté et alternait entre les giga roches à escalader, les petites pierres sur lesquels nos pieds glissaient et le sable en pente super abrupte. Puis, un 45 minutes plus "facile" s'annonçait avant la montée finale. Entre ces deux phases, un sauveur nous est né: un guide d'adoption. Alors qu'on avancait dans le noir et seules depuis environ 30 minutes, un guide est apparu de nule part et on s'est rendu comte qu'il nous attendait tout le temps. C'est finalement avec lui, Dill, qu'on a monté à partir de là. Le 45 minutes plus faciles étaient en effet plus faciles mais quand même difficiles. Par chance le ciel étoilé et les lumières de Lombok au loin nous donnaient un peu d'espoir. La route était étroite, on devait le plus possible garder les yeux sur nos pieds. Mais avec Dill, on s'arrêtait quand on voulait et il partageait même ses biscuits au chocolat. On ne pouvait jamais arrêter bien longtemps, parce qu'on suait et qu'on avait donc rapidement froid dès qu'on n'avançait plus. On était aussi encouragées par les petites lumières de marcheurs au bas du volcan qui commençaient plus tard que nous et qui ne nous avaient pas encore rattrapées. Même si l'objectif était d'arriver en haut pour le lever du soleil, un moment donné on s'est dit tant pis si on le manque, on n'aura pas froid à l'attendre! Puis, on s'est attaquées à la dernière partie de la montée. À chaque 2 pas, on reculait de 1. On se demande encore par quel espèce de miracle on s'est rendues jusqu'en haut! C'était suuuuuper à pic, incroyablement glissant et instable, bref, la surface de marche la plus chiante et frustrante de l'histoire des surfaces de marche. Même quand on voulait arrêter pour une pause, nos pieds devaient rester tellement inclinés que nos mollets était tout le temps contractés. On prenait des pauses environ tous les 3 mètres. Et le soleil a commencé à se lever et on a vu ce qu'il nous restait comme distance à parcourir: pas assez pour nous décourager, assez pour prendre encore des pauses et nous dire qu'un pas à la fois on y arriverait. Oui, on a manqué le lever du soleil au sommet, mais maudite marde, on a réussi à mettre les pieds sur le top! Wouhouu!! Et alors on s'est permis de regarder autre chose que nos pieds et on s'est dit: maudit que ça vaut la peine, mais on ne le referait jamais! On a pris plein de photos, c'était tout simplement magnifique! D'un commun accord, c'est la plus belle vue sur un paysage qu'on a eu de toute notre vie! Un état d'euphorie nous a vite gagnées et on s'imaginait déjà vous partager nos photos et vous écrire ce post! Le guide avait dit que ça prenait maximum 3h atteindre le sommet: on en a mis 4... Notre groupe était arrivé 40 minutes avant nous. Des gens d'autres groupes qu'on avait connu pendant la première journée n'ont pas réussi à atteindre le sommet. On était bien fières de nous! :) Trop rapidement à notre goût, il a fallu redescendre. On a quand même pris la peine de faire une petite vidéo de la descente et de la vue qu'on avait pour vous donner une idée encore plus complète et globale de ce qui nous entourait et de la route qu'il avait fallu faire de nuit. Nul besoin de mentionner que la descente de cette falaise sablonneuse était beaucoup plus plaisante que la montée, bien que parfois dangereuse. On a aussi convenu que c'était une très bonne chose d'avoir eu à monter là-haut dans la pure noirceur parce que comme ça, on ne voyait jamais ce qui nous attendait. À la lumière du jour, on a constaté que c'était ridiculement difficile, haut et loin du camp. On a mis environ 2h à redescendre en prenant le temps de prendre quelques photos. Et à notre grand soulagement, alors qu'on pensait que notre groupe serait déjà au camp depuis une heure à nous attendre pour le petit-dej, on a croisé le couple de hollandais. On a aussi retrouvé Dill qui gambadait dans le sable en descendait aussi aisément que s'il skiait dans la neige alors qu'on est tombées sur les fesses quelques fois et que j'ai trouvé le moyen de me scratcher les deux mains et le genou. Une fois au camp, à 8h30, après déjà 6h de marche, on a enlevé nos souliers. On a dévoré notre petit-dej et on a à peine eu le temps de souffler qu'il fallait déjà repartir vers notre prochain arrêt: le lac que vous apercevez sur nos photos du sommet. On se consolait en se disant que ce serait une descente de 2h30 et que le pire était déjà derrière nous. Faux! Les deux premieres heures était dangereuses: c'était de la décalade, les mains étaient nécessaires! C'est là que je me suis scratché le tibia bien comme il faut et aussi blessé le gros orteil haha. Puis la dernière demi heure avant le lac était correcte. On s'était fait dire par notre guide qu'on aurait le temps de relaxer au lac. Re-faux! À peine nous étions nous étendues qu'il nous a proposé de nous emmener aux hot springs avant le dîner! Pour nous y rendre, on devait traverser une rivière gelée et donc enlever nos souliers. Tout le monde avait déjà froid, une chance que c'était la chaleur qui nous attendait au bout du petit chemin! Comme elle avait déjà froid, Julie a préféré ne pas se baigner et a profité des sources les deux pieds dans l'eau. Je m'y suis trempée jusqu'au cou avec tout le bonheur du monde, c'était la plus belles des récompenses! :) en sortant de l'eau, on se sentait frais, presque propres et on avait chaud, c'était parfait! Et hop, à peine 20 minutes plus tard, on devait retourner au camp pour dîner. Puis après le diner on a eu un mini 20 minutes pour siester. Tout le monde était épuisé... Donc, on en était déjà à 8h30 de hike et il nous restait 3h30 de montée pour atteindre le camp. C'était décourageant. On se demandait comment nos jambes avançaient encore et il fallait monter pendant encore plusieurs heures... On a demandé au guide si c'était grave que toutes les deux on s'éloigne du groupe si on voulait monter plus lentement, mais il a dit qu'on monterait "tranquillement" tous ensemble. Ce qui a aidé notre cas, c'est le fait que la fille hollandaise était malade. On prenait des pauses avec eux pendant que le couple belge en fusion et beaucoup trop optimistes et amoureux des hikes piétinait le sol, impatient de repartir à chaque fois... On remercie encore le gars hollandais qui a fait comprendre au guide que dans un état de fatigue aussi grand, une pause toutes les 30 minutes n'était pas suffisant. On est finalement arrivés au camp 3h plus tard. Au total, on avait "marché-escaladé-décalad é-tombé-monté-pleur ;-intérieurement" presque 12 heures! Imaginez marcher sur le plat pendant 12 heures. C'est long en siboulo! Inclinez le sol à presque 90 degrés et ajoutez la journée épuisante de la veille. Ça vous donne une bonne idée de notre niveau de fatigue rendu là haut... Cette journée-là, en bref, on aura fait l'ascension du sommet en pleine nuit, sa descente, puis la descente jusqu'au lac et la remontée jusqu'au camp. La vue avec le coucher du soleil était magnifique! On capote encore en regardant les photos de constater qu'on a campé là et qu'on a réussi à trainer nos corps sur une si longue distance. De la tente, on regardait le sommet du Rinjani et on ne comprenait pas comment c'était possible d'avoir été là le matin même et le soir, d'en être déjà si loin. On tombait de fatigue. À 8h tout le monde "dormait". Il faisait froid cette nuit-là et la tente était trop petite pour que je puisse allonger mes jambes. Après la marche qu'on venait de faire, une crampe n'attendait pas l'autre! Cette nuit là, notre visualisation était celle de nos deux corps échoués sur la plage des Gili qu'on retourne comme des crêpes au soleil! Ascension du Rinjani: jour trois (13 juillet) Plus gros rackage du monde au réveil. Douleur INTENSE dans toutes les jambes et même les bras. On a eu de la misère à sortir de la tente... Par chance, on n'avait "que" 5 heures de descentes au programme... Avez vous déjà essayé de descendre un escalier en étant racké? Ça fait mal et on a l'impression que nos jambes vont toujours lâcher hein? Bin c'est ça. C'était pas aussi reposant qu'on l'aurait voulu, mais quand même, au moins on ne montait pas. Souvent c'était un terrain en pente avec des esti de p'tites roches gossantes qui glissent et qui se mettent toujours où y faut pas, ce qui faisait qu'on avait toujours peur de tomber sur les fesses. C'est pas drôle quand tu te rends compte que t'aimerais mieux que ce soit des marches... On aurait bien aimé immortaliser cette descente sur photos, mais un certain couple belge qui trouvait déjà qu'on prenait déjà trop notre temps pour une descente " facile et agréable " (mon cul oui! -_- ). De notre côté, on n'était pas trop pressées de les rejoindre et on prenait même plaisir à les ralentir parce qu'ils prenaient tellement d'avance qu'ils devaient parfois nous attendre! Le plus difficile de la journée, ça a été de nous relever après le lunch! On marchait comme des handicapées saoules... Après un peu moins de 6h, on a finalement atteint le bas du volcan. On aurait pu prendre une photo, mais ça aurait déclenché une avalanche de douleur dans notre corps de sortir nos appareils photos de notre sac... Tout au long du trek, nous avons finalement été très chanceuses avec la température: jamais de soleil plombant, pas de pluie et le brouillard qui nous obstruait parfois la vue finissait toujours par se dissiper à temps pour qu'on ait de belles vues des sommets! :) On a ramassé nos gros sacs à l'hôtel du départ, on a dit un bye-pour-toujours-je-ne-mettrai-plus-ja mais-les-pieds-ici à notre guide qui a fait ce trek au moins 800 fois et on a roulé vers le port de Lombok d'où on voguerait vers les Gili (ce sont trois mini îles au nord-ouest de Lombok. Des îles paradisiaques comme on les appelle!) qui serviront de baume à notre corps mutilé en quête de quiétude et d'immobilité. Devinez qui sont nos voisins de pallier? Bin oui, nos bff belges. Haha! On a loué une BELLE chambre, tranquille, propre et confortable pour récompenser nos corps de tant d'effort. On compte y rester au moins une semaine :) le temps de nous en remettre et d'être capable de faire le tour de l'île. Le soir on a souper sur le bord de la mer et on a fait le ménage de nos photos en nous disant chaque fois: comment on a fait donc? M. Patrick nous a cité une phrase de Churchill bien connue qui résume parfaitement notre aventure: ils ont réussi parce qu'ils ne savaient pas que c'était impossible ;)

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