2016-12-12

QUÉBEC, QC - Si les Jean Béliveau, Guy Lafleur, Patrick Roy et Alexander Radulov ont marqué l'histoire du hockey à Québec, Nicole Bouchard est sans contredit la perle cachée du succès du hockey depuis 35 ans dans la Vieille-Capitale.

Nicole Bouchard est la directrice des services à l'équipe des Remparts de Québec, mais c'est d'abord et avant tout une fervente amoureuse du hockey. Cette passion, elle l'a prise de son père qui était un passionné de ce sport et surtout un grand partisan des Nordiques de Québec. C'est d'ailleurs en suivant l'équipe fleurdelisée que la flamme de Madame Bouchard pour le hockey s'est allumée si intensément.

Le tout a commencé grâce à un concours à la radio pour gagner des billets pour une partie des Nordiques ainsi qu'un souper où certains des dirigeants de l'équipe étaient présents. Elle y a rencontré Claude Bernard, l'homme qui lui a donné sa première chance chez les professionnels dans le cadre d'un stage. De fil en aiguille, elle fit sa place au sein du personnel de l'organisation pour y devenir permanente en janvier 1981.

« Ça ne s'est pas très bien passé au début. Michelle Lapointe était ma patronne dans le secteur des relations médias et c'était une femme avec un fort caractère. Moi, je sortais tout juste de l'école, j'étais jeune et timide étant âgé seulement de 18 ans. Elle a fini par me faire pleurer. Puis, avec le temps, nous sommes devenues de très bonnes amies. Nous sommes encore en contact même aujourd'hui », s'est rappelée Madame Bouchard.

Dans ses plus beaux souvenirs avec les Nordiques, elle se rappelle de toutes les victoires contre les rivaux éternels, les Canadiens de Montréal. Le championnat de la division Adams en 1986 fait également partie des moments gravés dans sa mémoire, tout comme le but de Peter Stasny en prolongation dans un Colisée de Québec tout en blanc. Cependant, la fameuse Bataille du Vendredi Saint au Forum de Montréal en 1984 aura été le moment le moins glorieux de sa carrière avec la franchise.

Un départ douloureux

Le printemps 1995 n'est définitivement pas synonyme d'un souvenir heureux pour Nicole Bouchard. « C'était la fin du monde. Les rumeurs circulaient depuis environ un an que le club allait peut-être déménager. Mais j'avais confiance que Marcel Aubut trouverait un moyen de garder le club à Québec. Durant la série contre les Rangers de New York, Kevin Johnston m'a appelé pour me dire que le club avait été vendu et que Marcel Aubut avait été vu à l'aéroport. C'était horrible », s'est souvenue la femme de hockey.

Suite au déménagement de l'équipe vers Denvers, Nicole Bouchard s'est promenée d'un contrat à l'autre dont celui de la fermeture du Forum de Montréal et du déménagement des Canadiens, ses ennemis d'antan, vers le Centre Molson (Centre Bell). Elle s'est ensuite jointe aux Rafales de Québec de la Ligue internationale de hockey pendant deux saisons, avant que des problèmes financiers ne fassent disparaître l'équipe en 1998.

L'entrée en scène des Jacques Tanguay, Michel Cadrin et Patrick Roy

L'attente n'aura pas été très longue pour Madame Bouchard, elle qui ne voulait pas décrocher du milieu du hockey. « Je n'ai jamais pensé quitter le monde du sport et du hockey. Lorsque je l'ai fait, c'était par obligation, comme avec les Nordiques et les Rafales ».

Alors que des négociations avaient été faites avec les Sénateurs d'Ottawa pour l'établissement de leur club-école à Québec, ce sont finalement les Canadiens de Montréal qui ont coiffé l'équipe ottavienne en s'entendant avec un groupe d'investisseurs mené par Jacques Tanguay. Le bleu-blanc-rouge déménage donc son équipe de la Ligue américaine de hockey (LAH) de Frédéricton à Québec. Sans surprise, Nicole Bouchard y décroche alors un emploi, elle qui était déjà bien connectée dans le monde du hockey à Québec.

Puis, les Citadelles plient bagage pour Hamilton en 2002 pour fusionner avec les Bulldogs.   « Bon encore une autre équipe que je dois fermer », s'est exclamé la femme qui a fermé les dossiers des Nordiques, des Rafales et des Citadelles. Or, le même groupe d'investisseurs composé de Jacques Tanguay, Michel Cadrin et Patrick Roy avait également acheté les Harfangs de Beauport de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) en 1997. L'équipe cohabitait déjà dans le Colisée Pepsi avec les Citadelles de Québec, donc le transfert ne fut pas trop compliqué pour Madame Bouchard. Ce fut le début d'une grande histoire d'amour avec le hockey junior.

Aujourd'hui, elle s'occupe des services à l'équipe qui englobe de nombreuses tâches comme la logistique des voyages de l'équipe, les communications, les relations médias, les transferts auprès de la ligue, les demandes de visa, les contrats, les pensions, la vie pédagogique, en plus de porter une aide à ses collègues au marketing et à la gestion du Centre Vidéotron. Une femme aux talents multiples!

Patrick Roy, le petit frère

Les horaires très chargés et inconstants n'ont pas été toujours simples pour la conciliation avec la famille. Heureusement, elle a un conjoint compréhensif qui lui a offert un support inconditionnel au fil des années. De plus, n'ayant pas eu d'enfants, elle a toujours considéré que les joueurs, tous âgés entre 16 et 20 ans, étaient comme sa gang d'enfants. Avec son titre, elle y joue d'ailleurs un rôle que l'on peut qualifier de « maman-poule ».

Toujours dans une optique familiale, sa relation développée avec l'ancien gardien-vedette de la Ligue nationale de hockey a été particulièrement mémorable. « À son arrivée en 2003, il m'était complètement inconnu. Je ne l'avais jamais rencontré de ma vie. Je le haïssais de l'époque où il évoluait avec les Canadiens et du moment qu'il a gagné la Coupe Stanley à Denver. Quand je lui ai dit, il m'avait répondu "je vous battais toujours de toute façon". Il était intimidant au départ, mais ça s'est vite transformé », se souvient-elle.

Roy et Bouchard ont travaillé côte à côte pendant dix ans avec les Remparts. Ils ont développé une relation professionnelle et personnelle des plus serrées. Patrick Roy l'a rapidement incluse dans la garde très rapprochée de l'équipe et dans les décisions qu'il prenait à titre de gestionnaire. Même s’il n'est plus avec les Remparts, ils ont conservé ce lien très particulier. « C'est le petit frère que je n'ai jamais eu. Même s’il est désormais loin d'ici, on se parle sur une base régulière », s'est exclamée Madame Bouchard.

Ils auraient également bien aimé continuer leur travail coopératif au Colorado lorsque Patrick a été embauché par l'Avalanche à titre d'entraîneur-chef et de vice-président des opérations hockey en 2013. Elle aurait bien aimé le suivre dans son aventure à Denver. « Il me l'a dit souvent de partir avec lui. En réalité, ce n'est pas facile du tout. Il y avait déjà des gens en place là-bas, il faut changer de pays en passant du Canada aux États-Unis et il y a beaucoup de restrictions. Mais j'aurais aimé ça c'est certain ».

Ses meilleurs souvenirs et ses plus belles réalisations

La Coupe Memorial de 2006 remportée par les Remparts à Moncton demeure le summum des expériences vécues dans sa carrière avec ceux qu'on surnomme les Diables rouges. « J'ai toujours rêvé de gagner la Coupe Stanley. À défaut de l'avoir gagnée, j'ai eu ma coupe avec les Remparts. Quel beau souvenir! » se souvient-elle.

Dans ses belles réalisations avec les Remparts, l'organisation des Coupes Memorial en 2003 et en 2015 fait évidemment partie de son palmarès. Il ne faut pas passer sous silence les repêchages de la LHJMQ en 1999 et en 2012, le Challenge ADT (2004) / Super-série Subway (2011) entre le Canada et la Russie (aujourd'hui la Série Canada-Russie CIBC) ainsi que le Défi des meilleurs espoirs LCH/LNH en 2007.

Madame Bouchard a également été dans la impliquée dans plusieurs autres événements à Québec dont le Rendez-vous 87, la Coupe Canada 91, le repêchage de la LNH en 1993 ainsi que le Championnat du monde de hockey de l'IIHF en 2008. D'ailleurs, elle a également été une des pierres angulaires de l'équipe qui a réussi à sauver ce championnat et à le transformer en véritable succès.

La place des femmes et les années à venir

Nicole Bouchard a été une véritable pionnière pour les femmes dans les postes de direction dans le monde du hockey. Aujourd'hui, on peut compter des dizaines et des dizaines de femmes qui occupent des emplois-clés dans des organisations de toutes ligues. « Il y en a de plus en plus. Je me souviens que dans les années 1980, nous affrontions les Rangers au Madison Square Garden et on m'avait refusé l'accès au vestiaire. On m'avait alors dit que les femmes n'avaient pas d'affaire là. Tout ça a évolué grandement, mais il faut savoir faire sa place », a expliqué Madame Hockey.

Nicole Bouchard compte bien continuer sa petite vie avec les Remparts. Elle est d'ailleurs très heureuse au sein de l'organisation avec la belle équipe qui est en place. Toutefois, elle croît au retour des Nordiques et de la LNH à Québec. Une opportunité qui pourrait éventuellement la faire revenir dans ses vieilles amours...

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