2015-11-04

Hunger Games 3, Harry Potter 5, Divergente 2, Narnia 3, Twilight 4 sont autant de titres de films que de nombres de romans parus. Les grandes sagas cinématographiques d’aujourd’hui sont les sagas de  romans que les jeunes adultes (comprenez les adolescents) ont lu dans leur chambre à l’abri des regards indiscrets. 7 milliards de dollars ont été récoltés rien qu’aux Etats-Unis avec les films adaptés de romans Young-Adults.

PARTIE 1 – Les Gros Succès

HARRY POTTER

7 romans de 1997 à 2007


8 films de 2001 à 2011


B.O. FILMS: 7 milliards de dollars à travers le monde

B.O. livres : 450 millions de livres dans le monde

Pourquoi ça a marché au cinéma ?

Les livres avaient déjà une fanbase énorme et la qualité était reconnue. Le fait d’avoir une saga encore inachevée a permis aussi de gagner des fans et de l’intérêt. Les nombreuses thématiques abordées par la série, telles que le racisme, le passage à l’âge adulte, les luttes de classe, l’amour, sont d’autres raisons de s’y intéresser. Par ailleurs, l’univers intéressant, l’approche très originale du monde de la sorcellerie pose les bases d’une nouvelle manière de définir la littérature jeunesse au départ, qui se change en littérature pour jeunes adultes par la suite.

Et au niveau de l’adaptation ?

Le succès des films, bien sûr, y est lié : en plus d’être une oeuvre littéraire propre, la saga Harry Potter a, en plus, bénéficié d’adaptations toujours de qualité, bien qu’il soit arrivé que la fidélité à l’oeuvre soit un peu discutable. Jugeons plutôt :

Harry Potter and the Philosopher’s Stone et Harry Potter and the Chamber of Secrets: indispensables, les premiers films de la série sont aussi les plus fidèles adaptations cinématographiques, cela étant sans doute dû à la densité plutôt faible des livres (300 pages pour chaque, en poche), et à la présence d’un réalisateur, Chris Colombus, dont le talent pour les divertissements enfantins est rarement discuté. Partants de scénarios pourtant assez sombres, les films parviennent pourtant comme les livres à proposer un sentiment de fascination  face à cette magie merveilleuse, dont la découverte par les protagonistes se fait presque aussi balbutiante et émouvante que le jeu des acteurs principaux (I can’t be a…a…w…wizard, I’m just Harry! bégaie un tout jeune Daniel Radcliffe peu habitué au caméras).

Harry Potter and the Prisoner of Askaban : considéré pour beaucoup et avec raison comme le meilleur de la série. En plus d’être une adaptation encore une fois très fidèle du matériau d’origine, le troisième volet de la saga se permet également un look beaucoup plus sombre que les précédents volets, la découverte de nouveaux lieux et créatures, et un développement rafraichissant des personnages principaux et de leurs relations, qui stagnaient un peu au profit de l’intrigue dans les premiers volets. Avec pour base le passage de l’enfance à l’adolescence, le réalisateur Alfonso Cuaron propose donc à cet univers un second souffle, plus appuyé, et propose un émerveillement qui provient moins, cette fois, des effets visuels que de l’écriture, et propose, à l’aide du scénariste Steve Kloves, une vision personnelle et ambitieuse des artifices hollywoodiens classiques, comme celui du retour dans le temps. Chose qu’il échouera inexpliquablement à proposer dans son Gravity.

Harry Potter and the Goblet of Fire : quatrième volet de la saga, le film de Mike Newell se veut, lui, un divertissement honnête et agréablement gothique. Si, à l’image du livre, le film ne révolutionne cette fois pas grand chose, il se targue d’une écriture et d’une esthétique de qualité, mais adapte toutefois un peu trop sagement son matériau d’origine, en le coupant pour une ou deux scènes, sans doute moins pour la cohérence qu’à cause de la longueur déjà importante du film (2h35). Qu’importe, le film remplit plutôt bien son cahier des charges, entre scènes d’action épiques (le duel contre le Magyar à Pointes), moments chargés d’humour (les débuts amoureux d’Harry et Cho) et, bien sûr, la scène culte de la série : la renaissance de Lord Voldemort.

Harry Potter and the Order of Phoenix, Harry Potter and the Half-Blood Prince, Harry Potter and the Deathly Hallows (Part 1-2) : alors que beaucoup de spectateurs se sont sentis trahis par l’intrigue très sombre des derniers films de la saga, on peut reconnaitre à David Yates, qui les a tous réalisés, de ne s’être jamais fatigué, réussissant par exemple le pari risqué de la fameuse division du dernier tome, en prenant comme il faut son temps, usant d’une introspection bienvenue, dans la première partie, pour faire avancer les choses sans jamais les précipiter dans la seconde. Au niveau des adaptations, les films de Yates sont toutefois assez instables et un peu incohérents : alors que le cinquième volet, à la réalisation très nerveuse, a la tare de faire systématiquement les mauvais choix dans l’adaptation (passant beaucoup trop de temps sur l’Armée de Dumbledore pour passer la scène si intéressante de l’hôpital, sans doute pour ne pas brouiller trop les pistes), le sixième, lui, est celui qui s’éloigne le plus du matériau original, pour le meilleur (les pauses rafraîchissantes proposées par les relations amoureuses des personnages, contrecarrées par une image d’une pâleur cadavérique) comme pour le pire (la fin beaucoup trop précipitée, qui à elle-seule a fait plonger le réalisateur, un peu avec raison, dans la haine des fans de la série). Enfin, comme dit précédemment, Yates se rattrape avec brio dans les deux parties du dernier volet de la série, proposant de nombreux moments de bravoure, la séquence animée sur les Reliques en tête, épaulée par la musique inspirée d’Alexandre Poncet (le fameux Lily’s Theme).

Unique en son genre, la saga Harry Potter n’aura jamais cessé de fasciner, autant sa confortable fanbase que les néophytes. D’une qualité indéniable, elle atteint encore aujourd’hui très facilement le haut du panier dans le cinéma de divertissement, et peut même se prétendre, pour certains volets, comme une véritable œuvre cinématographique. Il est toujours très agréable pour quiconque y ayant pénétré de retourner à Poudlard, si bien que l’on attend, avec une grande impatience, que l’histoire continue.

TWILIGHT

4 romans de 2005 à 2008

5 films de 2008 à 2012

B.O. FILMS: 1,3 milliards de dollars à travers le monde

B.O. livres : 250 millions d’exemplaires dans le monde

Pourquoi ça a marché au cinéma ?

Une fanbase pour le moins passionnée et étendue, une promotion de grande qualité, des films très fidèles à l’œuvre originale, aux rôles fort bien distribués. Une renaissance du mythe du vampire loin d’être la créature immonde de Bram Stoker et plus proche de l’être divin d’Anne Rice.

Et au niveau de l’adaptation ?

Alors que l’heure est, encore aujourd’hui, à la critique facile et gratuite de gens qui pour la plupart n’ont qu’à peine vu les bandes annonces des films, ce dossier est une bonne occasion de rendre à Twilight ce qui lui est dû. Différemment de la manière avec laquelle on a procédé pour Harry Potter, on propose ici une critique générale plutôt que film par film, tant l’histoire se suit et étant donné le manque de vraie distinction entre les différents opus.

Ainsi, commençons par rendre à César ce qui lui appartient : si la niaiserie est de mise dans les films, elle ne vient pas de nulle part, et relève tout simplement du choix du réalisateur de respecter l’œuvre originale (dont la qualité était d’ailleurs, pour le coup, très moyenne), ainsi que le public concerné, à savoir un public de jeunes adolescentes en manque de belles histoires à l’eau de rose.

Les films, à ce niveau-là, remplissent de manière parfaite leur cahier des charges, et sont principalement critiqués sur ce sujet, par des spectateurs auxquels l’œuvre ne s’adresse tout simplement pas. D’un point de vue cinématographique, en effet, il faut reconnaitre à la saga une mise en scène très correcte, voire de qualité pour le premier et le dernier opus (ce dernier séparé en deux parties), ainsi qu’un jeu d’acteur tout à fait respectable : c’est encore à ce niveau là une erreur à réparer, le reproche à Kristen Stewart d’être niaise alors qu’elle interprète justement de manière très juste un personnage qui, pour le coup, l’est au plus haut point. Relevons d’ailleurs la principale qualité de cette saga et de ce genre de film en général, celle de permettre de révéler des acteurs talentueux (on voit rarement se plaindre de l’interprétation de Stewart dans On The Road ou Sils Maria, ou de celle de Robert Pattinson, exceptionnel dans Cosmopolis).

Les vrais reproches que l’on pourrait faire aux films sont en fait dus à leur longévité. En effet, si quatre films étaient déjà de trop pour raconter cette histoire somme toute assez banale (attendez vous à un second opus à oublier de manière complète tant il n’apporte rien à la mythologie), les producteurs se sont sentis une fois de plus obligés de proposer un dernier tour de piste coupé en deux parties, alors que son propos était déjà très restreint. Malgré une fin de première partie très bien faite du point de vue esthétique, plaisante à l’oeil, il faut en effet admettre qu’au moins une heure de film, composée en gros d’ébats sexuels violents et de regards vides, aurait-pu être évitée, face à une seconde partie qui prend aussi bien son temps, jusqu’à une fin assez originale mais trop brutale et trop peu travaillée scénaristiquement pour être vraiment réussie. Ajoutons à cela quelques incohérences de fin de piste (les vampires ne brillent plus au soleil ? Certes, l’idée était mauvaise, mais la cohérence voudrait qu’elle tienne jusqu’au bout), et quelques tentatives très limitées de faire de l’horreur, malgré le fait que ce soit une bonne idée de base  (surtout en troisième partie de saga, initiée par le pourtant aguerri David Slade), vous y verrez de vraies raisons d’en vouloir à cette adaptation cinématographique, qui, en collant trop à l’œuvre originale, est vite devenue ennuyeuse.

Plus que de mauvais films en soi (ce qu’ils ne sont d’ailleurs pas, d’un pur point de vue cinématographique), c’est donc de par leur manque de développement et d’idées de réadaptation que pèchent les Twilight. Ainsi que, peut-être, de leur trop grande visibilité, qui, si elle a permis à des acteurs de faire carrière et aux producteurs de faire de l’argent, a surtout affiché dans l’esprit du grand public une image de saga considéréé, très injustement, comme mauvaise.

HUNGER GAMES

3 romans de 2008 à 2010

4 films de 2012 à 2015

B.O. FILMS: 1.2 milliards de dollars à travers le monde

B.O. livres : 100 millions d’exemplaires dans le monde

Pourquoi ça a marché au cinéma ?

Cinématographiquement parlant, par le public derrière les livres qui connaissaient déjà un franc succès, et avaient donc une belle fanbase pour garantir l’attente du film, l’action parfois importante de l’auteur sur les tournages étant en plus assez important. Si comme on va le voir les films ne sont, pour ceux qui sont sortis (il en reste encore un), pas forcément tous de complètes réussites, les livres de qualité de Suzanne Collins peuvent se targuer d’avoir connu de bonnes adaptations, fidèles et bien orchestrées. La fanbase et l’attente n’ont fait que grandir avec la sortie des films, l’enthousiasme bien mérité pour la superbe et talentueuse Jennifer Lawrence n’ayant permis au phénomène que de s’accroître.

Et au niveau de l’adaptation ?

Hunger Games, de Gary Ross (Hunger Games 1) : l’adaptation du premier volet de la saga est une réussite mitigée. Si le film fonctionne très bien au box-office, d’un point de vue cinématographique il offre une très mauvaise gestion de la caméra, qui tremble d’une manière insupportable pendant toute partie du film, et filme encore très mal la seconde, proposant des plans inutiles et brisant parfois des règles élémentaires de cadrage. D’un point de vue scénaristique, la chose est intéressante, on part sur de bonnes bases dans cette dystopie qui semble s’inspirer de Battle Royale de Takeshi Kitano, mais en offrant de bonnes idées esthétiques et en introduisant le principe de districts. Mais le tout est un peu timide et le film peine à trouver son rythme, la faute à des personnages pas toujours bien développés ni très intéressants, malgré une interprétation de qualité. Long de 2h20, Hunger Games mérite bien une coupe d’une vingtaine de minutes lors de ses débuts, larmoyants. La bande-son est en revanche inspirée et propose de belles choses, sans jamais captiver. On passe un bon moment, un peu long, en espérant que le second soit plus intéressant et maîtrisé. Et il l’est.

Catching Fire, de Francis Lawrence (Hunger Games : L’Embrasement) : cette adaptation du second volet de la saga est, en revanche, une réussite. Mieux maitrisé et beaucoup plus sage au niveau de la caméra, infiniment mieux écrit, le film fourmille de bonnes idées dans l’arène, avec notamment le brouillard tueur et les mainates hurlants, très angoissants. Le film est surtout beaucoup mieux tenu au niveau du rythme, jamais de temps morts ni d’ennui malgré une durée similaire. Si le film se passe beaucoup moins dans l’arène à proprement parler, au moins pour sa première partie, il captive pourtant de par des dialogues éminemment politiques et brillants d’intelligence pour le genre, des rapports de force très bien emmenés entre personnages principaux et dirigeants plus ou moins bien intentionnés, et surtout des personnages cette fois beaucoup plus intéressants. Si Katniss, et Jennifer Lawrence le fait bien ressortir, n’a jamais été un personnage aussi complexe et ambigu, tous arrivent à prendre du grade dans le film, si ce n’est Peeta, le personnage de Josh Hutcherson qui, certes agace moins que dans le premier film, mais reste assez inutile, inopportun dans ce triangle amoureux qui est un peu un tic de ce genre de cinéma. On passe donc un très bon moment, et on se captive pour cette suite si réussie, qui gère son climax final avec une belle maîtrise, et donne envie de voir la suite.

Mockingbird, Part 1, de Francis Lawrence (Hunger Games : La Révolte, Partie 1) : entre réussite et ratage, la première partie (oui, encore) du dernier film de la saga à succès peine un peu à se positionner. Tout d’abord, mais le critère est assez subjectif il faut l’admettre, le film ne prend tellement pas de parti pris par rapport au livre qu’il peut sembler assez ennuyeux pour qu’il l’a lu, ne proposant jamais de surprise ou d’éloignement face à l’œuvre originale, ce qui passe pour un défaut en tant qu’adaptation. En tant que produit cinématographique, le film est encore une fois très bien fait au niveau technique mais, la faute à un scénario plus terre à terre à la base, a moins d’occasion d’impressionner visuellement. Le tout se passe en effet dans les souterrains de la révolte, qui gronde après les évènements du second opus. Ici, on ne parle pas d’arène, mais contrairement au second film cela gène un peu, car l’ennui guette. Si les dialogues sont toujours assez intelligents, force est de reconnaître qu’il ne se passe pas grand chose dans cette première partie d’un film qui n’avait nul besoin d’être coupé en deux, si l’émotion frappe de temps en temps elle laisse souvent place à la platitude et à une assez désagréable et frustrante expectative. Si, entre Julianne Moore et les acteurs de la populaire série Game of Thrones, les guests défilent, ils ne parviennent que très peu à hausser l’intérêt du spectateur. Mention toutefois aux acteurs encore une fois très bons, et plus spécialement à Josh Hutcherson qui, cette fois, de par un personnage beaucoup plus intéressant et infiniment mieux écrit, envoie enfin quelque chose d’autre que de la passivité ou de l’indifférence.

La série est donc en stand-by jusqu’à la sortie du dernier opus cet automne, dans lequel, à la lumière du livre, on pourra espérer observer un peu plus de mouvement, et apprécier une fin inattendue et originale. Si le livre est bien adapté. Mais pas recopié, hein ?

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