2014-09-18



C’est un des événements de ce premier semestre 2014, la reformation d’un des groupes les plus emblématiques de la scène rock indé des années 2000: The Libertines. Une reformation acclamée par certains et décriée par d’autres puisque l’enfant terrible Pete Doherty a avoué à la presse entière avoir accepté de retrouver ses camarades pour faire face à des difficultés financières. Mort de l’esprit indé ? Attitude punk ultime ? Quoi qu’il en soit, The Libertines sont et resteront une formation marquante dans l’histoire du rock made in UK et c’est l’évolution de leur empreinte dans la musique au fil de leur parcours houleux que nous vous proposons de découvrir dans cette série d’articles. Troisième et dernière partie : projets de reformation du groupe. (playlist Minilogs à écouter pendant la lecture en bas de l’article)

2010- … : Don’t Look Back Into The Sun

A la fin des glorieuses 00′s, The Libertines en tant que tels semblent bel et bien enterrés à jamais. Les membres du groupe ont chacun leurs propres projets et la rupture du couple Doherty/Barât est consommée. Malgré tout, régulièrement, ça et là, les deux leaders – à commencer par Doherty – se font des appels du pied par presse interposée. Fin 2009, début 2010, Doherty convainc finalement Hassal et Powell de jouer ensemble pour quelques dates en festival. De son côté, Barât est plus réticent. Il craint que l’histoire se répète et que la reformation fasse plus de mal au groupe et à ses fans qu’autre chose.

Finalement, Carl accepte et le groupe est programmé pour les festivals de Reading et Leeds à la fin août, sets qui seront précédés d’un concert privé à Londres. Les trois dates sont un événement, les fans sont comblés et tous espèrent un retour en studio. Mais ça ne sera pas le cas. Seul héritage de cette passade, le très beau documentaire du fidèle Roger Sargent « There Are No Innocent Bystanders » qui nous offre, pour la première fois, une plongée intime dans la relation tourmentée de Pete Doherty et Carl Barât. Durant les semaines qui précèderont et suivront ces dates, le photographe/ cinéaste et ami du groupe les filmera dans leur intimité, récoltant les impressions et confessions de chacun. On y découvrira des musiciens partagés entre l’amour de leur projet commun et les blessures infligés les uns aux autres au fil du temps. Doherty confessera que, pour lui, tout repose entre les mains de Barât qui, lui-même ne sait plus s’il peut faire confiance à ce compagnon qui l’a trompé tant et tant de fois.

Cependant, si les billets pour les dates londoniennes sont partis en quelques minutes, il semblerait que l’engouement dans les autres pays ne soit pas le même. Voilà donc peut-être les limites de cette reformation

L’une des scènes du documentaire voit Barât se rendre dans la ruelle située juste derrière « feu » les Albion Rooms et découvrir, les larmes aux yeux, les mots laissés sur les murs par des fans remerciant le groupe d’avoir changé leurs vies ou citant certains de leurs morceaux. Malgré l’engouement et l’émotion suscités – surtout au Royaume-Uni- par la série de concert d’août 2010, le groupe ne donne pas suite.

Il faut alors attendre fin 2013 pour que le désormais « média officiel » des Libertines, le NME, nous donne des nouvelles des quatre musiciens. Et quelles nouvelles. Ils auraient été contactés par les équipes du Barclaycard British Summertime Hyde Park Festival pour prendre la tête d’affiche de l’édition de juillet 2014. Joueront? Ne joueront pas? Au final, Doherty confirme la rumeur mais annonce que cette décision a été prise pour une raison qui va déranger beaucoup de gens: l’argent. Après la reformation ratée de 2010, le public est sceptique. De l’eau a coulé sous les ponts, les fans ne sont pas des « vaches à lait », la légitimité du retour des Libertines est remise en question. Après tout, qu’ont-ils encore à apporter à la musique? N’ont-ils pas fait leur temps? Mais comme le dit Doherty, avouer et assumer entièrement de se reformer afin de renflouer les caisses du groupe semble être tout à fait dans l’esprit de The Libertines: on ne ment pas aux fans, on se fiche des règles habituelles et on s’amuse.



Une autre crainte subsiste: que les Likely Lads soient rouillés. Le documentaire de Sargent montrait des répétitions quelque peu chaotiques et, durant la période 2010-2014, Doherty, malgré son album solo et un nouveau Babyshambles, s’est surtout illustré par ses sorties sordides dans sa ville d’adoption, Paris, où il aurait même emménagé avec un autre junkie notoire: Macaulay Culkin. Pourtant après un tour de chauffe à Glasgow fin juin, quelques dizaines de milliers de personnes répondront à l’appel du concert à Hyde Park le 5 juillet dernier. Et à en croire les témoignages des présents – à commencer par nous – l’enthousiasme était immense et les musiciens en forme. Malgré des bousculades et plusieurs interruptions du concert dues au comportement du public, le quatuor remplit son contrat et, au fil des morceaux, laisse son plaisir d’être là s’exprimer de plus en plus. Cela tombe bien puisqu’à cette occasion, une tournée d’une dizaine de dates (dont le 30 septembre prochain au Zénith de Paris) est annoncée. Cependant, si les billets pour les dates londoniennes sont partis en quelques minutes, il semblerait que l’engouement dans les autres pays ne soit pas le même. Voilà donc peut-être les limites de cette reformation. Ce qui s’annonce comme un événement dans le pays d’origine des Libertines est finalement un phénomène assez localisé. Les fans de la première heure feront certainement le déplacement mais la dimension populaire du groupe ne perdure désormais qu’au Royaume-Uni. Cela n’a pas grand chose de surprenant puisqu’il en est globalement de même pour la plupart des groupes passant par la case reformation et ayant connu un engouement important mais pas assez « mainstream ».

Tout cela étant dit, Barât et Doherty ont fait récemment part de leur désir de retourner en studio. Et si, de prime abord, cette idée pouvait nous effrayer quelque peu, l’album de trop étant malheureusement un écueil dans lequel tombent beaucoup de groupes, les dernières nouvelles sur ce dossier sont plutôt rassurantes. En effet, le groupe et Jack White seraient en pourparlers pour que ce dernier produise le troisième album des Londoniens. Aucune confirmation à ce jour puisque l’ex-White Stripes a démenti avoir convenu de quoi que ce soit avec les Libs mais si collaboration il y a, on peut faire confiance à White, autre héros des 00′s et faiseur d’or pour ne pas nous décevoir.

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