2015-04-09



Si il y a bien un point sur lequel vous vous devez de suivre aveuglement le Midi Festival c’est bien sa programmation. Preuves historiques à l’appui, jugez par vous-même : Carbou et Animal Collective en 2007, Girls en 2008, Kindness en 2010 ou encore King Krule et Washed Out dès 2011. Si il y a de grandes chances que vous ne connaissiez pas tous les noms bookés cette année, cet article en deux parties (2ème partie dans quelques jours) est là pour vous éclairer et vous faire découvrir à coup sûr quelques merveilles.

Horsebeach

Presque trop évidente, la première idée qui traverse l’esprit à l’écoute de la musique de Horsebeach est celle d’un souvenir, celui de la musique de The Smiths. Il faut dire que les 4 anglais qui se cachent derrière cette formation viennent de Manchester en plus de tracer le chemin d’une pop fine et racée. La comparaison est forcément facile.

Si le quatuor ne cherche aucunement à établir de hiérarchie en son sein, force est de constater que le projet est avant tout celui de Ryan Kennedy, disquaire d’à peine 23 ans qui a déjà une idée bien à lui de ce que doit être le son Horsebeach : « Depuis le début, j’ai une idée précise de comment doit être et sonner Horsebeach. C’est pourquoi j’ai souhaité tout écrire, enregistrer et mixer afin de créer quelque chose le plus authentiquement possible. Il n’y avait pas un producteur sur mon dos pour fouiner ou me dire : « Fais comme ci, fais comme ça. » Les chansons sont livrées dans leur forme la plus pure.” (1).

Que son frontman soit dans la vie de tous les jours disquaire ne surprend guère lorsque l’on se penche un peu plus finement sur la pop d’Horsebeach référencée à souhait. On y perçoit un héritage locale avec ces guitares emmêlées à la Durutti Column mais également des influences plus contemporaines et américaines avec la pop douce, ensoleillé et parfois désabusée de Real Estates ou encore Craft Spells. Horsebeach perpétuera donc la tradition toute mancunienne du Midi Festival après Wu Lyf, Los Porcos ou encore Money.

Paradis

Duo français à la profondeur électronique et aux accents pop, Paradis trace depuis quelques années déjà un chemin singulier pour divulguer une musique qui l’est tout autant. Il n’est pas tant question de son choix de chanter en français – bien que celui-ci surprenne tout autant qu’il enchante – mais plus d’une démarche artistique surprenante et salvatrice à l’heure du tout, tout le temps et tout de suite.

Paradis prend le temps de construire des morceaux à tiroirs qui se découvrent et se redécouvrent au fil des écoutes comme autant de chemins sinueux qu’il faut s’aventurer à emprunter. Après une première et excellente sortie sur la structure Beats In Space, Paradis s’est présenté en début d’année avec un EP Couleurs Primaires qui nous a fait toucher du doigt toute la force et le potentiel pop de leur musique. Alors qu’ils ont commencé en catimini à se produire live en 1er partie de Christine and the Queens, on attend avec impatience de découvrir Paradis en dehors du cocon studio qu’ils maitrisent déjà parfaitement.

Ibeyi

Vous ne pourrez pas dire que l’on ne vous avait pas prévenu. Il y a presque un an déjà, nous vous parlions de deux sœurs franco-cubaines qui allaient très surement en surprendre plus d’un. Il faut dire que repéré par la toujours excellente équipe d’XL Recordings ce duo a de quoi séduire avec une musique hybride fruit de leurs divers influences culturelles mais aussi de deux voix atypiques et d’une production parfaite, sur le fil, du génial Richard Russell.

La musique d’Ibeyi ne peut être appréhendée sans saisir le langage utilisé par ses deux sœurs jumelles tout au long de leur premier LP éponyme. De l’anglais souvent, du français de temps à autres et du Yoruba parfois, langue historiquement africaine et qui a traversé l’atlantique au XVIIème siècle avec les esclaves venus du Nigéria et du Bénin. Enfin, pour la petite anecdote, qui ne peut être abordé comme un simple détail, leur père Anga Diaz n’était d’autre que le percussionniste du mythique groupe cubain Buena Vista Social Club.

Syracuse

Un autre duo électronique mais cette fois paritaire. Après Paradis, c’est Syracuse que nous vous présentons. Formée par les amis d’enfance Antoine Kogut et Isabelle Maître, la musique de Syracuse est indissociable des machines. Synthétiseurs, boites à rythme, 808, 303 et autres chiffres emblématiques, le duo use de ces instruments pour nous transporter quelque part entre une pop innocemment psychédélique et un groove suave et moite. Le pointu label Antinote ne s’est pas trompé et les a invité à sortir un Maxi qui a marqué les esprits l’année dernière après un premier EP en 2012. Le duo travaille actuellement sur un LP dont on espère qu’il empruntera autant à la légèreté d’un titre comme « Latomia » (ci-dessous) qu’à la dance de « Giants Mirrors ».

LA Priest

Que dire sur LA Priest si ce n’est que nous attendions à la rédaction des nouvelles de Samuel Eastgate depuis de longues années. Il faut dire que le génial mais torturé esprit de l’anglais avait accouché en 2008 d’un album aussi hybride qu’avant gardiste : l’excellent Fantasy Black Channel de Late of The Pier.

C’est donc 7 ans plus tard, avec son nouveau projet LA Priest que Monsieur Dust s’est rappelé à notre bon souvenir avec un premier single « Oino » qui réussit à capturer et stabiliser sa fougue créative, explosive. LA Priest nous propose donc de poursuivre le chemin tracer par Late Of The Pier et c’est les yeux fermés et un immense sourire aux lèvres que nous l’accompagnons.

Andrea Balency

Après un tour du côté de Cuba avec les jumelles d’Ibeyi, Andrea Balency se présente également comme une productrice géniale et propose une musique viscérale qu’il est difficile de décrire. On pense instinctivement à FKA Twigs et ce downtempo déstructuré à l’écoute d’un titre comme « Deep Sunk ». Franco-Mexicaine installée à Londres, Andrea Balency a déjà collaboré avec Kilo Kish et s’est faite repérée par James Blake qui l’a invité à se produire en 1er partie de ses concerts. Pas de mauvaises références en soit.

Ghost Culture

C’est sur ces détails que l’on retrouve la touche Midi Festival. Sur une programmation cohérente et liée. Ghost Culture partage avec Paradis le même amour pour la pop électronique et ces deniers n’ont d’ailleurs pas hésité à l’inviter récemment à Paris lors de l’une de leurs soirées. Mais Ghost Culture partage également quelque chose avec LA Priest. Il s’agit tout simplement d’Erol Alkan, génial producteur qui accompagne Sam Eastgate depuis longtemps et qui est tombé il y a peu amoureux de James Greenwood et de sa musique.

Né à Cambridge en 1990, Ghostculture mélange dans ses compositions la fougue et l’innocence de la new-wave époque Haçienda et la douceur d’un piano et de compositions qu’Elliott Smith n’aurait pas renié. Un programme difficile à appréhender sans l’écouter mais que le jeune anglais maitrise déjà parfaitement. Le découvrir en live sera à coup sûr un des grands moments de ce Midi Festival 2015.

Ménage à Trois

Que vous dire que l’on ne vous a pas déjà conté sur Ménage à Trois ? La formation mancunienne était déjà de la partie l’année dernière avec un live à la Villa Noailles tout en suspension et douceur. Mènage à Trois cultive un esprit presque fraternel bercé par la tendresse et l’amour. Signé depuis seulement quelques mois, le groupe a rejoint la famille Cracki Records et vient ainsi garnir une écurie déjà bien remplie (Isaac Delusion, L’Impératrice etc …).

C’est avec Australia Part 1 (en écoute ci-dessous) que Ménage à Trois s’est présenté il y a quelques semaines et a ainsi entamé le chapitre Cracki Records. Un EP plein de groove suave où le rnb flirte avec la pop électronique et laisse assez d’espaces pour quelques cavalcades et autres chevauchés oniriques. C’est en habituée du festival et de son atmosphère que la formation se présentera début mai.

Partie 2 à venir …

À l’heure du Midi

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