2013-02-01

Il y en au large du Brésil, dans l'ouest du Cap Vert, des Canaries, entre Madère et les Açores. Ils naviguent dans les alizés, en bordure de dépression ou en lisière d'anticyclone. Un autre est « tanqué » au nord de l'Espagne. « C'est comme ça le Vendée Globe » nous disait à midi Bertrand de Broc. Un florilège de faits divers pour les neuf concurrents encore course. Leurs arrivées aux Sables d'Olonne vont s'échelonner entre le 4 et le 18 février.

C'est mauvais temps aux Sables d'Olonne. Pluie, fortes rafales. Mais ce vent d'hiver n'empêche pas les badauds de déambuler sur Port Olona pour apprécier de près les trois premiers 60 pieds de ce Vendée Globe. On n'attend plus que le quatrième : un bateau bleu sans quille.

C'est ce mauvais temps que voulait éviter Jean-Pierre Dick et qui l'a contraint à son « escale » galicienne. Depuis son arrivée hier (jeudi) à 5h30 devant le port de San Ciprián, le skipper de Virbac-Paprec 3 n'est pas resté les bras ballants. Il s'est mis à l'eau deux fois pour sécuriser son amarrage et a inspecté son bateau pour être prêt à repartir. Pour la première fois, il a pu constater de visu les dégâts occasionnés par la perte de sa quille « c'est impressionnant » nous disait-il ce matin. Hier, des blogueurs, des journalistes et la télévision espagnole ont saisi au vol ce fait divers incongru. Et sur les digues de San Ciprián, il y avait du monde pour admirer le grand monocoque, devenu curiosité locale. Le marin niçois a pu se reposer, malgré le coup de vent passé dans la nuit. Il a l'intention de rependre la mer dimanche au lever du jour. Eole, au début, ne sera pas très coopératif : il faudra s'extraire des côtes espagnoles dans les petits airs avant de trouver un flux d'ouest qui gonflera les voiles de Virbac-Paprec 3 jusqu'aux Sables d'Olonne.

Entre Madère et les Açores, c'est toujours la même histoire entre Jean Le Cam et Mike Golding. Leur duel avait démarré mi-novembre, pratiquement au même endroit, lors de la descente de l'Atlantique Nord. Pour une énième fois, il est en train de redoubler en intensité. Au moment de faire le grand tour de l'anticyclone, Gamesa n'est plus qu'à 4 milles de SynerCiel. Décalé dans l'est, Golding a été plus rapide que son concurrent ces 12 dernières heures. Mais ce come back britannique n'inquiète en rien Jean Le Cam qui apprécie sa position septentrionale, malgré ses faibles vitesses (3 nœuds entre les deux derniers classements). Théoriquement, il sera le premier à retoucher du vent quand son camarade verra à son tour son speedomètre chuter. Selon les routages, moins extrêmes qu'il y a 48 heures, le tandem pourrait remonter jusqu'à la pointe de la Bretagne pour contourner l'anticyclone. Les deux hommes sont attendus aux Sables d'Olonne le 6 février.

Avant de se coltiner le même anticyclone, Mirabaud, AKENA Vérandas et ACCIONA 100% EcoPowered profitent encore de simili alizés. En ce premier février, ils sont de loin les plus rapides. Ils sont aussi en train de distancer l'homme qui avait réalisé une superbe remontée de l'Atlantique Sud : Bertrand de Broc (VNAM avec EDM Projets). Ce dernier est ralenti en bordure d'une dépression qui se comble et qui casse l'alizé. Même les routages semblent dans l'incapacité de lui trouver une porte de sortie idéale.

ETA au 1er février

Jean Le Cam le mercredi 6 février

Mike Golding entre 5 et 7 heures plus tard

Bernard Stamm (hors course) le 7 février

Dominique Wavre et Arnaud Boissières le vendredi 8 février

Javier Sanso le 8 ou le 9 février

Bertrand de Broc le 11 ou le 12 février

Tanguy De Lamotte le 14 ou le 15 février

Alessandro Di Benedetto entre le 16 et le 18 février

Le 01/02 - 16h00

4 - Jean Pierre Dick [Virbac-Paprec 3]
à 291,7 milles de l'arrivée

5 - Jean Le Cam [ SynerCiel ]
à 901,3 milles de Virbac-Paprec 3

6 - Mike Golding [ Gamesa ]
à 905,4 milles

7 - Dominique Wavre [ Mirabaud ]
à 1321,4 milles

8 - Arnaud Boissières [ AKENA Vérandas ]
à 1492,6 milles

ILS ONT DIT...

Hier c'était une journée assez dense. Le vent est monté dans l'après-midi, ça soufflait très fort, même en étant bien abrité. J'ai passé une bonne partie de la journée pour sécuriser le mouillage, pour être sûr d'être bien amarré. La nuit, il y a du stress du fait d'être si proche d'une digue, mais j'ai pu bien dormir malgré tout. Je me prépare doucement à repartir dimanche matin, voire samedi soir si c'est possible mais je préfère assurer le coup si le vent est plus modéré dimanche. J'espère avoir pris la bonne décision. Je suis dans un port minier. Il y a des bateaux, j'ai aussi vu des gens du port. Certains sont venus, ils avaient un peu peur pour moi mais tout le monde est d'accord pour que je reste ici. Plusieurs blogueurs et la télé espagnole étaient là, quelques badauds se sont approchés pour m'éclairer depuis le quai... Tout le monde est au courant qu'il y a un bateau du Vendée Globe dans ce mouillage !

Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac-Paprec 3)

Les conditions se calment un peu, je ralenti. Je n'ai pas réussi à aller aussi à l'Est que je l'aurais souhaité. Les problèmes que j'ai eus sont en fait plus relatifs à la navigation qu'à la quille en elle même. Tout à l'air de tenir bon à bord, la quille va bien. A ce stade de la course nous avons notre longue liste des choses à surveiller. Dès qu'un problème est réglé, il y en a immédiatement un qui vient derrière. C'est un peu répétitif. Je commence à ressentir la fatigue et j'ai hâte de passer du temps avec ma famille.

Mike Golding (GBR, Gamesa)

Je suis dans la molasse, dans la pétole, dans la calmasse. Il n'y a pas de vent, tout simplement. Mais je suis au nord. Et comme la situation se dégagera par le nord à un moment ou à un autre, je repartirai avec mon fier destrier vers le nord. Et faire le tour de cet anticyclone pour arriver dans les vents des Sables d'Olonne qui s'annoncent très copieux. Pour contourner l'anticyclone, j'ai un routage qui ne me fait pas aller tant au nord que ça, vers 46°24, quasiment la latitude des Sables. Autrement, j'en ai un autre qui me fait aller à 47°29, au niveau de Port la Forêt. J'ai le choix ! Mais les routages se sont calmés, avant ils nous faisaient aller jusqu'à la latitude de l'Irlande ! Les choses finissent toujours par se calmer, il faut donner du temps au temps. J'aime bien faire un contournement d'anticyclone : le baromètre, le contrôle de la pression, je trouve ça sympa. Je ne sais pas si ça me plaira sur le moment, mais l'idée de le faire comme ça me plaît, je suis content !

Jean Le Cam (FRA, SynerCiel)

La mer est lisse, je marche à 5-6 nœuds, 4 par moment. C'est assez mou depuis hier soir. Il va falloir être patient, le vent va revenir doucement dans la journée et la nuit prochaine ça devrait aller un peu mieux. C'est un peu longuet, je suis entre deux vents, un de gauche et un de droite. Ce n'est pas simple. Il va falloir se sortir de ce « je ne sais quoi » car même les routages ne savent pas ce qu'il en est. Un coup ils me font aller à droite, le suivant à gauche... J'attends que le vent revienne pour pouvoir avancer et recharger les batteries. Le Vendée Globe est une course un peu particulière. Quand on regarde le schéma actuel de la course – j'ai fait le point ce matin en me baladant sur le pont – il y en a un au Brésil, un dans le pot au noir, un dans une baie près de la Corogne, deux qui ont passé la ligne d'arrivée... Il y en a partout, chacun a son vent, ses ennuis, ses joies. C'est ça le Vendée Globe, chacun raconte son histoire. Comme Jean-Pierre Dick, qui veut coûte que coûte ramener son bateau. Chacun a ses difficultés, chacun a ses bonnes joies. Il y a des moments difficiles mais c'est les joies qu'il faut garder .

Bertrand de Broc (FRA, VNAM avec EDM Projets)

info presse Vendée Globe / www.vendeeglobe.org

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