2012-10-23

Livrant les premiers résultats de son enquête expérimentale sur les aspirations de la jeunesse marocaine, l'Office de coopération économique pour la Méditerranée et l'Orient pose les premiers jalons d'études dans tout le bassin méditerranéen.



MAROC. "Créer de l'information comparable sur les aspirations de la jeunesse dans les pays de notre périmètre". La mission ambitieuse de Pascale Chabrillat, déléguée générale de l'Ocemo  (Office de coopération économique pour la Méditerranée et l'Orient), se traduit déjà par un premier galop d'essai au Maroc.

La nouvelle institution, basée à Marseille, proposait vendredi 19 octobre 2012 lors de la Semaine économique de la Méditerranée , les premiers résultats de son enquête expérimentale sur les attentes de la jeunesse dans la région de Marrakech.

Certes, l'étude réalisée avec le cabinet marocain de consultants Briefs au premier semestre 2012, ne constitue, à ce jour, qu'une étape de test. Ce travail préliminaire permet néanmoins d'affiner la méthodologie et renseigne sur les tendances à creuser avec un plus large échantillon. Mais aussi, à contrario, sur les dimensions à explorer comme l'emploi indépendant actuel et passé, la pluriactivité, la qualité des emplois, le regard porté sur la formation.

Fracture nette entre jeunes ruraux et urbains

Les questionnaires des 195 Marocains âgés de 15 à 34 ans interrogés, avec un taux spectaculaire de 95% de réponse à modérer par la méthode du face à face utilisée, montrent la non-hétérogénéité de la jeunesse de ce pays.

"Nous voyons se dessiner une pluralité de jeunesse inscrite dans des mondes sociaux complètement différents. Ces typologies nous permettent de penser les enjeux qui se trouvent devant les services publics pour apporter des réponses adaptées aux besoins des jeunes et non pas une réponse standardisée" souligne Eric Verdier, du LEST   (Laboratoire d'économie et de sociologie du travail - Université Aix-Marseille). Des aspirations d'autant plus intéressantes à disséquer que, comme le rappelle Mohamed Bougroum, professeur à l'Université de Marrakech et membre du cabinet de consultant qui a dirigé l'étude, "cette population étudiée représente un tiers des Marocains avec de nombreux enjeux sur l'emploi, l'éducation, les services sociaux mais aussi politiques !"

Les jeunes hommes et jeunes femmes se positionnent différemment, mais sur certains points seulement comme le projet de vie, la liberté de décision, la satisfaction de leur vie actuelle, les facteurs de réussite, les échanges réguliers avec des responsables politiques et économiques. La fracture s'avère par contre nette entre jeunes ruraux et jeunes urbains qui ne se retrouvent que sur les facteurs de réussite.

A noter également que les différences d'opinions et d'attentes exprimées sont moins liées à l'âge qu'au niveau d'études. Les priorités des jeunes restent le maintien de l'ordre, la lutte contre la vie chère, l'emploi et la croissance.

Vers un observatoire de la jeunesse au Maroc ?

"Nous voulons mettre le résultat de nos enquêtes à la disposition des chercheurs pour qu'il soit utilisé au maximum et devienne une base de connaissance " dévoile Michèle Mansuy, administrateur INSEE et responsable des études statistiques à l'Ocemo.

Regrettant "l'absence de dispositifs statistiques pérennes au Maroc pour informer la décision politique", Mohamed Bougroum, pense qu'il faut aller encore plus loin. "Notre pays doit se doter d'un observatoire de la jeunesse pour faciliter l'intégration de l'action publique en faveur de la jeunesse." Reste, comme il le note, que l'"observatoire nécessite une appropriation pour une pérennisation avec un ancrage institutionnel (une institution qui porte le projet), un programme de renforcement de capacité et une implication de l'université pour que les résultats de l'observatoire soient utilisés pour le débat public."

L'enquête expérimentale sur la région de Marrakech (10% de la population marocaine) livrera ses résultats au premier semestre 2013.

Dossier réalisé par Econostrum.info

Frédéric Dubessy

Show more