Après les tristes événements de la veille, le moral des troupes n’était pas au beau fixe.
Au Japon, Seiya et ses amis ne revenaient qu’avec le casque de l’armure d’or et avaient perdu Ikki.
En Grèce, Mei, Nicol, Yulij et Médée étaient parvenus à fuir le Sanctuaire au prix de la vie de Dabih.
Au Sanctuaire, Saga s’inquiétait que l’armure de l’Autel ait pu être gagnée.
Chapitre 51 - Devenir plus fort
En Grèce, dans les montagnes qui délimitent le Sanctuaire du reste du monde :
6 octobre 1986.
Il fait encore nuit noire. Au loin, en contrebas, les fuyards peuvent apercevoir quelques points lumineux qui correspondent aux lumières de la ville contemporaine.
Plus haut, quelques torches de soldats scintillent.
Médée, embusquée derrière un rocher, abandonne sa position pour rejoindre ses nouveaux compagnons.
Ceux-ci sont accroupis au bord d’un bras d’eau qui descend de la montagne. Nicol s’en abreuve sous l’œil admiratif de Yulij : « Cette Cloth… Elle est aussi belle que dans mes souvenirs, lorsque notre maître Arlès la portait. Elle est d’autant plus belle qu’elle est sur tes épaules aujourd’hui. »
Le Saint d’argent lui sourit affectueusement.
Face à tant d’amour et de compassion, Mei, endeuillé par le sacrifice de Dabih, s’éloigne pour s’esseuler.
Médée vient les informer :
Médée - " Les troupes à nos trousses rebroussent chemin. Nous sommes trop proches du monde contemporain. Ils ne veulent pas se faire remarquer. "
Nicol - " Bien. Dans ce cas nous allons nous reposer ici. Nous avons besoin de prendre des forces. Nous monterons la garde à tour de rôle. Je vais commencer. "
Médée accepte volontiers et, sans le moindre effort, fait apparaître sa Pandora Box devant elle afin d’y renvoyer son armure.
Yulij est stupéfaite :
Yulij - " Waouh ! Incroyable. "
Depuis le coin où il s’est isolé, Mei imite Médée et grommelle :
Mei - " Il n’y a rien de compliqué à ça. L’urne est liée à ton armure et par conséquent à toi. Il suffit d’entrer en osmose avec ton armure pour faire apparaître ta Box. A l’intérieur ta Cloth se régénère. C’est sa manière à elle de se reposer. Après les combats livrés cette nuit, je te recommande de faire pareil que Médée. "
En Allemagne :
A l’intérieur d’une maison inoccupée où ils se sont invités, Myu et Reinheit restent accoudés à la fenêtre pour observer ce monde contemporain qu’ils ont si peu connu.
Recueilli à Asgard dès son enfance, Myu découvre seulement la jeunesse à laquelle a le droit le reste du monde depuis qu’il voyage avec Rhadamanthe.
Reinheit, elle, n’en garde que peu de souvenir après qu’elle ait été amenée de force au Port du Destin il y a des années.
Leurs avis sur ces infrastructures et sur le comportement des gens divergent. Reinheit déclare :
Reinheit - " Comme ce monde est magnifique. Les femmes peuvent se promener libres, sans avoir à se vendre pour survivre. Les vêtements qu’elles portent sont sublimes, les moyens de transports sont collectifs et tous sont égaux en droit. "
Myu soupire :
Myu - " A tel point que ce brave monsieur au bout de la rue, n’arrive pas à marcher en raison de son âge. Il peine à tirer ses courses et personne ne l’aide, personne ne le voit. Ce monde est vraiment pourri. "
Rhadamanthe apparaît dans leur dos. Propre, les cheveux encore humides après un bain, il a remplacé ses vieilles frusques contre des vêtements trouvés dans l’armoire des chambres :
Rhadamanthe - " Myu a raison. Nous ne sommes égaux que face à la mort. Voilà pourquoi Hadès doit gouverner. "
Déjà apprêtée avec une robe qu’elle a subtilisé dans le mobilier, la plus vieille de l’équipe, Reife, se moque des deux hommes :
Reife - " Hadès… Le dieu qui détruira ce monde… Qu’elle hérésie de croire qu’il nous offrira un monde meilleur. "
Rhadamanthe s’emporte aussitôt. Le poing dressé, il affirme :
Rhadamanthe - " Ce monde a besoin d’être mis sur un pied d’égalité. En prenant le contrôle, Hadès offrira à tous une vie éternelle, sans souffrance, en faisant de la surface son nouveau royaume. Alors maintenant cesse de blasphémer, sans quoi je te ferai regretter tes paroles ! Mange à présent, profite de l’absence des propriétaires de cette maison pour te ressourcer. Nous repartons dans quelques heures achever notre long périple. "
Myu profite de l’occasion pour s’approprier des vêtements moins miteux que les siens, puis part se débarbouiller.
Rhadamanthe s’approche de sa fidèle maîtresse dont il semble se jouer.
Il s’accroupit derrière elle et lui caresse les cheveux :
Rhadamanthe - " Vois-tu Reinheit, ce que tu vois ici n’est qu’une façade. Personne ne prête attention à personne. Dans les ruelles les plus sombres, des femmes sont contraintes de faire de sales besognes malgré tout. Certaines le font de force, d’autres n’ont pas d’autre choix pour nourrir leurs enfants. D’autres encore le font en toute connaissance de cause, pour pouvoir porter ces jolies robes et paraître aux yeux du monde aussi libres que tu le crois. Cette vie n’est pas mieux que celle que tu vivais auparavant. N’est-ce pas ? "
Aveuglée par l’amour et la confiance qu’elle porte au futur Juge, elle acquiesce :
Reinheit - " Oui. "
En Grèce, au Sanctuaire, dans la chambre du Grand Pope :
Le jour se lève peu à peu et inonde les visages défraîchis de Sirius, Dio et Algethi.
Le combat de cette nuit et l’alcool avalé chez Misty aidant, le trio argenté a la mine décomposée.
Sous les regards des soldats positionnés devant la grande porte de la salle d’audience du Grand Pope, les trois Saints d’argent traînent les pieds.
Ils repartent en direction des douze maisons alors qu’ Algol arrive en face d’eux, casque sous le bras :
Algol - " Sirius, Dio, Algethi. "
Ses trois pairs lui répondent d’un hochement de tête.
Algol - " J’ai été convoqué par le Pope après les événements de cette nuit. Dignity Hill a de nouveau été bafoué. "
Sirius - " Nous sortons à l’instant de la chambre du Pope car nous avons failli. Les fuyards ont réussi à nous échapper. "
Dio - " Alors qu’on les tenait à notre merci, l’un d’entre eux nous a eu par surprise. Il était au moins aussi fort et rapide que nous. Nous n’avons pas pu l’identifier. "
Algol - " Et les autres ? "
Sirius - " Le cadavre de l’un d’eux était celui de Dabih. Un esclave racheté par Mei Saint de bronze de la Chevelure de Bérénice. "
Dio - " Il était accompagné de deux femmes chevaliers. L’épouse de Mû de Jamir, Médée Saint de bronze du Burin du Graveur. "
Sirius - " L’autre devait porter l’armure volée chez Saül, celle du Sextant. "
Algethi - " De plus les gardiens de la prison d’Honkios nous ont avertis que deux détenus s’étaient échappés. Il s’agit de Nicol et Yulij, les deux personnes qui ont été arrêtés à Dignity Hill. Il y a fort à parier qu’il s’agit d’eux qui accompagnent Mei et Médée. "
« Mei… Dire que c’est moi qui l’ai accueilli à son arrivée au Sanctuaire. Quand à Nicol et Yulij, j’étais là quand ils ont été arrêtés à Dignity Hill. J’aurai dû demander plus de surveillance sur leurs cellules. », s’acharne contre lui-même le Saint de Persée.
Sirius le sort de ses pensées :
Sirius - " Le Grand Pope nous a renvoyé tenir nos positions sur le champ. Nous ne tardons donc pas ici. Aphrodite Saint d’or des Poissons est déjà dans la salle d’audience. Bon courage. "
Les deux autres saluent Algol et quittent le palais.
Le chevalier d’argent attend seul que le Pope l’invite à rentrer.
De l’autre côté de la porte, debout devant son siège, le Pope gronde son mécontentement :
Saga - " … Deux évasions de la prison principale ! Deux vols d’armures ! Deux autres chevaliers qui se retournent contre moi ! Des Saints et des soldats incapables de ralentir quatre misérables chevaliers débutants ! Heureusement que l’esclave a été tué, sans quoi nous passions pour des moins que rien ! "
Casque au sol, agenouillé, Aphrodite baisse la tête et ne prononce pas le moindre mot. La raison de sa convocation ici est désormais évoquée :
Saga - " Le précédent Pope t’avait chargé d’une mission à Dignity Hill et tu n’as pas su t’y conformer. Le jardin que tu gardais devait veiller à retenir prisonnière une des Cloths qui nous a été dérobée. Puis-je encore te faire confiance après de telles circonstances ? Sans oublier ton comportement déjà puni il y a un mois ! "
Aphrodite se relève et enfile son casque sur sa tête :
Aphrodite - " Précédent Pope, nouveau Pope. Nous savons tous deux que cela ne rime à rien. Je suis toujours le même. Je me tiens toujours sous la bannière de la justice. La politique menée depuis des années par le Sanctuaire nous a amenés de grandes victoires. Il n’y a rien de plus beau que le succès. Et je ne trahirai jamais la beauté. "
Saga - " Hum… Dans ce cas, va ! Je ferai appel à tes services de nouveau lorsque l’occasion se présentera. "
Aphrodite incline la tête en guise de respect :
Aphrodite - " Merci Majesté. "
Il traverse le long tapis rouge de la pièce jusqu’au deux lourdes portes qu’il écarte sans ménagement.
Dehors, dans le couloir, attend Algol. Comme tous les soldats présents, le Saint d’argent s’incline face au Saint d’or.
Pourtant le suédois ne ménage pas le saoudien :
Aphrodite - " Être convoqué pour la faute d’un lieutenant qui n’a pas su veiller sur le secteur qu’il a sous sa juridiction, je n’aurai jamais cru que cela m’arriverait. "
Algol grince des dents. Aphrodite poursuit :
Aphrodite - " Le prochain qui bafoue mon jardin par ta faute te coûtera la vie. "
Algol ne bronche pas et attend que son supérieur soit sorti du palais pour se relever.
Le chevalier de Persée traîne les pieds jusqu’au Pope. La voix impériale du représentant d’Athéna résonne dans la pièce et fait frémir les gardes qui referment les portes derrière Algol :
Saga - " Algol ! "
Le Saint se courbe :
Algol - " Majesté je vous… "
Saga - " Par deux fois en un mois, le secteur de l’est a été le théâtre de drames que je refuse de voir. Dignity Hill est le sanctuaire du dieu Abel, frère d’Athéna. Bien que ce dieu ait été renié de l’histoire, il est interdit en la mémoire du frère de notre déesse, de bafouer cet endroit par une présence quelconque ! Cela n’est-il pas assez clair pour toi ? "
Algol - " Je vous assure que si Majesté… "
Saga - " Alors comment expliques-tu que les incidents d’hier soir aient eu lieu sous ton nez ? "
Le chevalier préfère taire son absence d’hier soir au profit d’une soirée chez Misty.
Saga - " Je vais devoir te relever de tes fonctions. "
Furieux contre lui-même de tomber en disgrâce, Algol manifeste sa passion d’Athéna :
Algol - " Je vous en prie Majesté ! Ce grade de lieutenant est pour moi un insigne honneur de représenter notre grande déesse Athéna ! J’ai voué toute ma vie à ce rôle et je… "
Saga - " Silence ! Il est vrai que tu as toujours fait preuve de dévotion. J’ai déjà pu avoir vent de ta passion, par l’ancien Pope, lorsque tu étais envoyé sur les champs de bataille contre les Kshas de Shiva. "
Une longue pause crée un certain malaise chez Algol pendant que le Pope réfléchit.
« Quelle vexation ! Tomber si bas dans l’estime du Grand Pope. Il a raison. Les catastrophes récentes sont intolérables. Si hier soir j’étais resté auprès de ma douce compagne Hevelius au lieu de passer des instants interdits auprès d’Hasu, j’aurai été plus près de Dignity Hill et j’aurai pu intervenir. Après tant d’effort pour gagner la confiance de l’ancien Pope, voici que je détruis tout face à son successeur. Si jamais une seconde chance m’est accordée, je jure sur mon armure de devenir plus ferme. », se promet-il.
Le Grand Pope choisit :
Saga - " J’irai calmer Athéna et je l’informerai qu’il t’a été accordé une seconde chance. Tâche de ne pas la décevoir. "
Algol - " J’appliquerai à la lettre les consignes du Sanctuaire. Les faibles, les fuyards et les hors-la-loi seront traités selon vos désirs Majesté. "
Saga - " A présent tu peux disposer. "
Algol - " Bien votre Majesté. "
Enfin seul, Saga libère son visage de son masque violet et son casque rouge pour avaler une coupe de vin malgré la matinée naissante :
Saga - " Encore plus dangereuse que l’armure d’or du Sagittaire, l’armure de l’Autel ne doit pas être en liberté. En effet, certains ici savent qu’en plus d’être le frère du Grand Pope décédé, Arlès était le Saint d’argent de l’Autel. Le fait qu’il y ait un nouveau Saint d’argent signifierait que je ne suis pas celui que je prétends être. C’est pourquoi il nous faut identifier et tuer au plus vite toutes les personnes hostiles à ma position, partout où ils se trouvent avant que les fuyards ne s’allient à eux. "
En Allemagne, au château d’Heinstein :
La traversée de l’Allemagne est moins difficile grâce à des tenues plus dignes et plus contemporaines pour le quatuor mené par Reife et Reinheit. Le groupe approche le château après quelques heures de marche.
Les deux femmes s’immobilisent à l’orée du bois qui sépare ce château maudit du reste de la civilisation contemporaine. Elles sont tétanisées par l’atmosphère morose des parages.
Voici bien des kilomètres qu’ils n’ont plus croisé âme qui vive. Les maisons sont abandonnées, les commerces fermés.
Une brume jaillie depuis la forêt, empêchant de distinguer le château depuis l’endroit où ils se trouvent.
Les deux Spectres ignorent le comportement craintif des femmes, ils avancent d’un pas décidé.
Pour la énième fois depuis qu’ils ont approché les zones inhabitées, Reife, l’aînée du groupe, répète :
Reife - " Cet endroit n’a vraiment plus rien à voir avec ce que j’ai connu. "
Les hommes, eux, sourient à mesure qu’ils avancent en direction du château. Reinheit reste accrochée au bras de Rhadamanthe pour ne pas voir les cadavres d’animaux en putréfaction et éviter d’observer cette nature morte sur laquelle elle marche.
Soudain, Myu, en éclaireur, fait volte-face pour offrir à son supérieur son plus beau sourire : « Je distingue enfin le château. »
Reife se sent immédiatement soulagée : « Bien, vous avez eu ce que vous vouliez, Reinheit et moi-même nous vous avons conduis ici. Relâchez-nous à présent. »
Comme pour affirmer son détachement de sa responsable, Reinheit s’accroche davantage au bras de Rhadamanthe.
L’anglais en est amusé : « Non ma jolie, tu viens avec nous. »
L’allemande commence à reculer pour fuir, mais déjà Myu lui barre le chemin après avoir bondit avec agilité jusqu’à elle. Il lui cramponne le bras : « Je suis convaincu que les nôtres seront ravi de t’avoir comme cadeau de bienvenue. »
Rhadamanthe reste froid comme à son habitude. Il se contente de pointer du doigt un chemin d’eau : « Bonne initiative Myu. Mais je te recommande de ne pas la faire marcher dans cette eau. Ce fluide ne me dit rien qui vaille. »
En effet, à ce lieu gisent deux dépouilles humaines. Grâce aux vêtements que les corps décharnés portent, n’importe quel Squelette passant dans les environs pourrait identifier les reporters qui s’étaient aventurés ici le jour où Ksénia est venue rencontrer Pandore.
Myu balance donc Reife de l’autre côté de la rive, tandis que Rhadamanthe porte dans ses bras Reinheit. Il marche sans exprimer la moindre douleur dans ce fluide nocif.
Enfin, ils débouchent sur ce qui s’apparente aux jardins de la famille Heinstein.
Le cadre est lugubre. Les statues sont noircies par la moisissure. Quelques mottes d’herbe morte errent sur le sol bosselé et à la terre humide. Des fontaines, s’écoule du sang à la place de l’eau. Des gerbes de lumière verte jaillissent du sol et provoque des écroulements de terrain, séparant petit à petit le château du reste du domaine.
Rhadamanthe - " Tu le sens Myu ? "
Le Papillon est émerveillé devant ce spectacle de désolation : « C’est le cosmos de notre maître. »
Une intonation particulière, semblable à un croassement, confirme les dires de l’autrichien de naissance. Elle vient d’un homme voûté, marchant à quatre pattes. Le misérable est doté d’une fort mauvaise dentition et son visage est marqué par quelques pustules. Zélos accueille les derniers arrivants : « C’est bien cela Myu. Seigneur Rhadamanthe, sa Majesté Pandore sera ravie de vous savoir parmi nous. »
Rhadamanthe plisse les yeux, le temps que le représentant de l’Étoile Terrestre de l’Étrangeté lui revienne en mémoire : « Hum… Zélos… »
Le cambodgien se couche plus bas que terre :
Zélos - " Oui Seigneur Rhadamanthe. "
Rhadamanthe - " Il est temps que je présente mes hommages à sa Majesté Pandore. "
Le hideux personnage s’exécute et invite Rhadamanthe à pénétrer dans ce château sorti tout droit de la bouche des enfers, avant que les halos de lumière verte n’encerclent le palais et ne les précipitent dans le Meikai.
En Grèce, dans les montagnes qui délimitent le Sanctuaire du reste du monde :
Le groupe désormais mené par Nicol revient peu à peu à lui.
Yulij rejoint le japonais qui émerge après cette nuit difficile :
Yulij - " Nous allons y aller Mei. Médée revient de la ville la plus proche. Elle a réussi à voler quelques étoffes pour que nous camouflions dessous nos Pandora Box. "
Mei - " Bien. Une longue route nous attend si nous allons au Japon. "
Yulij - " Apparemment Nicol aurait une autre idée. "
Aigri, Mei déclare :
Mei - " Ah oui ! J’oubliais que ton petit ami était un stratège hors pair. "
Yulij commence à glousser :
Yulij - " Mon… Mon petit ami ?! Idiot, il est bien plus vieux que moi pour être mon petit ami. Il s'est occupé de moi comme le ferait un frère une fois notre maître disparu. "
Mei - " Ah. Vous êtes si proche que j’aurai cru. Et puis il ne m’est pas facile de deviner ton âge sans que je vois ton visage. "
Yulij - " Une femme chevalier ne montre pas son visage à un homme. Sinon elle n’a pas d’autre choix que d’aimer ou de tuer celui qui la démasque. "
Mei - " Oui, je sais. Merci. Est-ce pour me donner des cours sur la chevalerie que tu es venue auprès de moi ?! "
Partis sur de mauvaises bases tous les deux hier, Yulij aimerait réparer ça :
Yulij - " Non. Je tenais avant tout à te remercier pour hier. Tu nous as libéré et tu as sacrifié ta vie pour me permettre d’obtenir mon armure, alors que j’ai été ingrate avec toi dès notre première rencontre. "
Mei se relève pour rejoindre Médée et Nicol. C’est au tour du japonais de se montrer désagréable avec la jeune femme :
Mei - " Dabih aurait aimé entendre tes remerciements aussi. Hélas, il est mort pour nous sans que tu ais pu être reconnaissante envers lui. "
Face à Nicol, Mei garde un ton assez peu courtois :
Mei - " Yulij m’a dit que tu changeais nos plans ! On ne va plus au Japon ? "
Plus mature, Nicol reste calme et expose calmement les faits :
Nicol - " Nous discutions avec Médée et nous nous sommes rendus compte que pour aller au Japon incognito, il nous faudra des mois, si nous ne voulons pas utiliser notre cosmo énergie pour nous déplacer. Cependant le Sanctuaire va envoyer des tueurs à nos trousses qui eux ne se gêneront pas. Autant dire qu’ils auront toujours une longueur d’avance. "
Son calme et sa clairvoyance font de lui le leader naturel de cette équipe. Mei l’accepte peu à peu sans broncher. Nicol continue :
Nicol - " Avec Médée nous discutions des combats livrés hier. Nous étions bluffés par ta faculté à accroître ta cosmo énergie bien au-delà du niveau d’un simple Saint d’argent. Médée a cru comprendre que tu savais ce qu’était le septième sens. Personnellement, mon maître pouvait rivaliser avec un Saint d’or et je sais qu’aujourd’hui je suis capable de dépasser le niveau mon maître. Médée connaît aussi la notion d’ultime cosmos grâce à son mari. Même si elle n’a jamais réussir à s’en approcher, elle peut dépasser le niveau d’un simple Saint de bronze. "
Médée rajoute :
Médée - " Je pense qu’aller auprès de mon époux, à Jamir, nous assurerait la sécurité. Cela nous permettrait également d’en apprendre davantage auprès d’un Saint d’or. Car Mû de Jamir est le Saint d’or du Bélier. "
Mei conteste cette décision :
Mei - " J’ai été élevé par un Saint d’or. Je n’ai rien à apprendre qui puisse venir de quelqu’un d’autre que mon maître. "
Médée, malgré son calme habituel, s’emporte :
Médée - " Ton maître fait parti du camp de ceux qui veulent nous mettre à mort désormais. "
Par son charisme, Nicol rappelle au calme :
Nicol - " Pas de conclusions hâtives s’il vous plaît. Je comprends que Mei pense avoir suffisamment appris auprès de son professeur. C’est un signe de respect tout à fait louable. Cependant, Médée a raison. Nous serons plus utiles à tes amis au Japon si nous maîtrisons certaines bases que nous n’avons pas tous ici. "
Mei s’assoit sur sa Pandora Box, les bras croisés.
Médée et Nicol emboîtent le pas. Leur décision est prise.
Yulij, avant de les suivre, prend Mei par la main :
Yulij - " Ils ont raison tu sais. A quoi serviront nous au Japon si nous ne sommes pas de taille pour les aider ? "
Mei grimace mais suit malgré lui sa jeune amie.
En Allemagne, au château d’Heinstein :
A la traîne dans les couloirs du manoir, Zélos étudie d’un œil inquisiteur les accompagnatrices des deux Spectres comme le font tous les Squelettes croisés dans les couloirs.
C’est seulement lorsqu’ils arrivent en haut d’un escalier que Zélos, essoufflé par le long chemin, peine à annoncer :
Zélos - " Nous y sommes. Derrière ces portes vous arriverez dans les appartements de sa Majesté Pandore. "
Myu attend l’accord du futur Juge pour entrer, Zélos profite de l’occasion pour affirmer :
Zélos - " A moins que vous préfériez vous attirer les foudres de sa Majesté Pandore, je pense qu’il est préférable que vous me laissiez ces adorables femmes. "
Le Spectre de Frog se redresse déjà, pour caresser les chevilles de Reinheit que Rhadamanthe protège en la gardant à bras.
Le violent anglais repousse son soldat d’un coup de pied :
Rhadamanthe - " Bas les pattes Zélos ! Personne ne touchera à cette femme sans mon accord… "
La jeune femme dépose à cet instant un regard passionné pour son héros.
D’un mouvement de tête, il indique Reife avant d’achever sa phrase :
Rhadamanthe - " … Seule celle-ci est à vous. Réunis Queen, Sylphide, Gordon, Valentine et tous les autres Spectres à ma botte et dis-leur qu’il s’agit d’un cadeau de leur Seigneur. "
Zélos s’empresse de venir étreindre Reife, sans oublier de caresser grossièrement ses formes afin de l’enlever de force dans les autres pièces du palais :
Zélos - " Merci mon Seigneur. Vous êtes bien bons. "
Reife hurle et tente de se débattre, mais, trop facilement, Zélos réussit à l’assommer.
A mesure qu’ils s’éloignent, Reinheit regarde Reife sans le moindre remord, alors que sa compatriote à toujours pris soin d’elle jusqu’à présent. La jeune allemande n’a d’yeux que pour Rhadamanthe, comme si elle souffrait du syndrome de Stockholm.
Rhadamanthe observe de longues secondes l’entrée de la chambre de Pandore sans oser prendre de décision. Il est tremblant à l’idée d’y entrer en compagnie de Reinheit et de devoir la sacrifier comme Reife. « Certainement un de ces futile sentiment humains » se moque-t-il en réfléchissant.
Néanmoins, sa décision est prise. Reinheit a confiance en lui, elle a respecté sa parole en l’amenant ici. « Je n’avais pas d’autres choix que de l’amener avec moi, ça aurait été prendre un risque que de laisser ces femmes vivantes. Elles auraient pu dévoiler le retour des Spectres à tout le Sanctuaire. », pense-t-il en voulant se donner bonne conscience.
Il se décide :
Rhadamanthe - " Mon fidèle Myu. Je te laisse rejoindre nos compagnons et faire connaissance avec eux. J’irai seul présenter nos hommages à sa Majesté Pandore. "
Myu ne bronche pas et part visiter les lieux.
Après avoir pris une forte aspiration, Rhadamanthe s’élance enfin vers la porte.
Seulement, avant qu’il ne puisse clicher la poignée, Reinheit vient cueillir son visage. Comme si elle a un mauvais pressentiment, comme pour se préserver elle-même de la rencontre qu’elle va faire, elle l’embrasse après lui avoir échangé un regard sincère :
Reinheit - " Je t’aime Rhadamanthe. "
Son regard peine à rester indiffèrent, néanmoins il s’engouffre à l’intérieur.
Quelques chandelles tamisent la chambre d’une faible lueur. La pièce est vaste, les murs sont couverts de portraits de famille où Rhadamanthe reconnaît Pandore enfant.
Dans le fond de la pièce, assise devant une glace, la propriétaire du château coiffe ses longs cheveux fins. Ceux-ci tombent dans son dos nu.
Rhadamanthe dépose enfin Reinheit sur les tapis qui couvrent le sol où il s’agenouille :
Rhadamanthe - " Majesté Pandore, je viens répondre à l’éveil de mon étoile maléfique. "
Un long silence fait office de réponse, pendant que la ténébreuse héritière de la famille Heinstein continue de démêler ses cheveux.
Puis, venant d’outre-tombe, des éclats de rire glacent le sang de Rhadamanthe.
Depuis l’ombre de la pièce, sort un couple qui devait certainement discourir avec Pandore avant leur arrivée.
Les gloussements de l’homme semble familiers au Wyvern :
Rhadamanthe - " Hum… Eaque… Juge des Enfers… Je reconnaîtrais cette voix entre mille. "
Le Garuda s’expose à la vue des deux nouveaux arrivants, avec une jeune femme au corps marqué de cicatrices :
Eaque - " Rhadamanthe ! Tu n’as pas changé ! Nouvelle époque mais toujours cet esprit désinvolte ! Comment peux-tu souiller les sols de la chambre de Sa Majesté Pandore avec la présence d’une intruse ? "
Rhadamanthe - " Non… Depuis la nuit des temps je suis au service de Sa Majesté Pandore pour le bien-être du Seigneur Hadès. Je n’ai jamais eu l’intention de la déshonorer. "
Aussitôt, la compagne d’Eaque se presse de surgir dans le dos de Reinheit pour enlacer l’allemande :
Violate - " Venez-vous donc l’offrir à nos hommes ?! Sa peau est tendre, fraîche… "
Violate s’amuse à sentir la nuque de Reinheit pendant qu’elle lui effleure les hanches avec les mains sous le sourire psychotique d’Eaque.
Rhadamanthe s’emporte aussitôt et d’un revers de la main gifle Violate avec une telle force qu’elle est envoyée au sol :
Rhadamanthe - " Je t’interdis de lever la main sur elle et de… "
La sœur de l’âme d’Hadès sort enfin de son mutisme. Tout en reposant sa brosse sur sa coiffeuse, elle demande :
Pandore - " Allons Rhadamanthe, aurais-tu oublié cette dévotion que tu as pu avoir à mon égard en d’autres époques, pour oser me manquer de respect en entrant dans mon intimité en compagnie d’une autre femme. De plus, tu oses prendre sa défense en levant la main sur l’une des notre ?! "
Maintenant qu’elle lui adresse la parole, Rhadamanthe s’incline un peu plus. Il n’ose même pas regarder Reinheit dans les yeux, alors que celle-ci attend de son héros une réponse en sa faveur.
Néanmoins, le peu d’humanité que Reinheit suscitait à Rhadamanthe est réduit à néant sous l’attraction de Pandore envers son Juge.
Rhadamanthe - " Non… Non je n’ai pas oublié Majesté Pandore. Votre visage est gravé dans mon esprit, depuis le jour où j’ai senti en moi que mon destin était lié au Seigneur Hadès. "
Le rugueux Spectre n’a pas le courage de voir le visage de Reinheit se décomposer.
La jeune femme comprend que son idylle est achevée. La raison lui vient enfin et la réalité est bien cruelle.
Tout à coup, le silence macabre est brisé par le hurlement de détresse d’une femme qu’elle peut identifier sans problème. Depuis une des salles du château, les appels au secours de Reife retentissent dans le domaine, provoquant les rires sarcastiques d’Eaque et Violate, l’indifférence de Pandore, ainsi qu’une vision sordide de sa compatriote à Reinheit.
Entièrement nue, l’héritière de la propriété se lève pour faire comprendre que sa toilette est finie. De l’ombre apparaissent encore d’autres personnes, des femmes à l’apparence entièrement dissimulée sous un voile. Comme les hommes devenus fidèles à Hadès en devenant des Squelettes, ces femmes sont les servantes de la représentante d’Hadès et de ses soldats.
Elles habillent leur maîtresse de son épaisse soutane, en prenant le soin de ne pas toucher à sa lisse chevelure puis s’en vont sans le moindre bruit.
Rhadamanthe reste admiratif devant sa silhouette à peine illuminée, laissant une part de mystère sur la réalité de ses formes.
La peur qui imprègne Reinheit domine l’esprit de jalousie qu’elle aurait eu auparavant.
Les domestiques quittent la pièce en attrapant chacune la jeune allemande totalement désemparée :
Reinheit - " Non… Non je vous en prie… Ne me… Rhadamanthe… Aide-moi… "
Lui ferme les yeux et ignore les appels au secours. Il reste seul en compagnie de Pandore pendant que Eaque et Violate ferment les portes de la chambre en suivant le groupe.
Une fois seuls, elle avance jusqu’à lui :
Pandore - " Crois-tu qu’il s’agit d’amour ? "
Rhadamanthe - " Pardon Majesté ?! "
Pandore - " Ce sentiment qui te lie à moi, crois-tu qu’il s’agit d’un sentiment amoureux ? "
Rhadamanthe - " Cette émotion ne m’est jamais venue auparavant. Je ne saurai vous dire. "
Pandore - " Pourtant tu semblais éprouver quelque chose pour cette fille ?! "
Rhadamanthe - " J’ai été ému par cette confiance qu’elle pouvait avoir pour moi. "
Pandore - " Au point de commettre un outrage en l’amenant jusqu’à moi, moi qui me suis toujours montrée assurée de tes capacités ?! "
Rhadamanthe - " Pardonnez-moi Majesté, ce n’était nullement mon but. "
Pandore sort de sa robe un collier qu’elle expose à la vue de son sujet :
Pandore - " Sais-tu ce qu’est ceci ? Il s’agit d’une protection du Seigneur Hadès me permettant, en tant que sœur et conseillère, de résider au Meikai et d’aller et venir à ma guise entre le monde des vivants et celui des morts. Cela m’a permis de te rencontrer, toi, le vrai Rhadamanthe, fidèle et passionné. Et si tu pouvais enfin retrouver ton âme, tu saurais à quel point je te rends cette ferveur, en t’accordant une confiance bien plus grande que celle de cette femme. Dès mon arrivée au Meikai tu t’es montré attentionné à mon endroit. Alors je te le demande encore une fois, crois-tu qu’il s’agit d’amour ? "
Rhadamanthe - " Quelle que soit l’émotion que j’éprouve à votre égard, je peux vous assurer Majesté qu’elle fait honneur à votre rang et que je vous offrirai le plus grand dévouement que vous pouvez attendre de moi. "
Elle lui tend sa main agrémentée d’un bijou en forme de serpent :
Pandore - " Alors baise-moi la main pour confirmer ce serment… "
Avec beaucoup d’élégance, l’anglais met en pratique la bonne éducation qu’il a reçue, sentant en cet instant son cœur cogner dans sa poitrine de façon inexplicable. En une fraction de seconde, des souvenirs de ses instants du passé partagés avec son ancêtre le bouleversent. De l’allégeance catégorique aux instants passés à l’enlacer, il réalise qu’il y a bien plus qu’un lien de maître à subordonné entre eux depuis la nuit des temps.
Sa mémoire cesse de voyager lorsqu’elle le gifle d’un violent revers de la main pour conclure :
Pandore - " … et garde en tête ceci pour ne pas l’oublier. "
Rhadamanthe lève les yeux vers elle. Habituellement rempli de violence, son regard se montre totalement épris de la jeune femme.
Pendant qu’elle quitte en premier sa chambre, elle déclare :
Pandore - " Les chambres à côté de la mienne sont destinés aux Juges des Enfers. Minos et Eaque ont pris leurs quartiers de chaque côté de ma chambre. Pourquoi n’irais-tu pas t’installer dans la chambre qui est face à la mienne ? "
Rhadamanthe la regarde partir sans broncher, perdu dans ses rêves.
Un pincement au cœur lui rappelle soudain la complexité de cette relation qu’il entretient depuis toujours avec elle, partagé entre sa servitude et sa grandeur d’âme.
Lorsqu’il sort enfin de la chambre, décidé à visiter le reste de son nouveau domicile, Rhadamanthe est interpellé par Eaque qui l’attendait dans le couloir.
Ses deux mains en appui sur le mur, tenant prisonnière Violate entre la paroi et son corps, le népalais ricane tout en baisant le cou de Violate qui reste droite, complètement assujettie :
Eaque - " Hi, hi, hi… Ce cher Rhadamanthe retrouve ses bonnes vieilles habitudes auprès de Sa Majesté Pandore. "
Le blond au regard perçant préfère ignorer la présence de son pair.
Eaque - " La servitude mon cher… La servitude… "
Rhadamanthe craque, sa vraie nature ne tarde pas à refaire surface. Il se jette sur Eaque qu’il plaque violemment contre le mur :
Rhadamanthe - " Où veux-tu en venir ? "
Eaque - " Le lien qui vous unie elle et toi, il est semblable à celui qui rattache Violate à moi, c’est la servitude. Ne te leurre pas sur la nature des sentiments de Sa Majesté Pandore. "
Rhadamanthe dégage Eaque en le repoussant en arrière. Le népalais sourit, il sait qu’il a raison et que Rhadamanthe en a pris conscience. Il disparaît donc dans les nombreuses ailes de la demeure.
Rhadamanthe observe Violate, prête à suivre Eaque :
Rhadamanthe - " Pourquoi le suivre alors qu’il te traite ainsi ? "
Violate - " Pourquoi êtes-vous inexorablement attiré par Sa Majesté Pandore ? "
Rhadamanthe - " Parce que depuis toujours… "
Violate - " Voilà ! Depuis toujours vous vous sentez le plus heureux des hommes auprès d’elle comme depuis toujours je suis proche du Seigneur Eaque. En cette époque, bien avant que ma nature de Spectre me vienne à l’esprit, il est venu à moi pour me libérer de la basse condition dans laquelle je vivais. Aussitôt je suis devenue une de ses ailes. Le destin nous a toujours rapproché et chaque fois je lui étais redevable. Je l’aime, c’est tout. Et cet amour durera aussi longtemps que ces Guerres Saintes contre Athéna se poursuivront. "
Rhadamanthe se montre ferme sans être hostile à la jeune femme :
Rhadamanthe - " Alors sois assurée Violate de Béhémot que cet amour sera éternel, car c’est en notre génération que nous offrirons enfin la victoire à notre Seigneur Hadès. "
Avant de rattraper son supérieur, Violate incline respectueusement la tête en affichant une mine enjouée par de tels propos.
Un nouveau périple s’annonçait pour Mei et ses amis.
Pendant ce temps, le Grand Pope voyait apparaître un nouveau groupe de rebelles. L’annonce de la mort de Docrates, après sa tentative de récupérer le casque du Sagittaire avortée n’allait en rien rassurer Saga. Et même si le retour en hélicoptère du reste de l’armure s’acheminait, l’usurpateur avait de quoi être soucieux.