Au Sanctuaire, le Grand Pope passait la pire de ses journées. Des élèves d’Arlès avaient fait ressurgir les fantômes du passé, Aphrodite et Deathmask avaient désobéi à un de ses ordres, la tentative d’assassinat d’Hébé s’était soldée par un échec cuisant…
Toutefois, le plus inquiétant n’était pas au Sanctuaire. La mystérieuse Ksénia manoeuvrait toujours en secret…
Chapitre 40 - Le Pope face à ses échecs
Grèce, Sanctuaire d’Athéna, dans la ville d’Honkios :
La fréquentation de cette ruelle sombre de la ville principale du Sanctuaire est bien faible. Le silence est d’or et le calme assuré par la présence dans le logis d’un des personnages les plus influent du domaine sacré.
L’homme, italien d’origine, aussi apprécié par le voisinage que son colocataire Capella du Cocher, est allongé dans un hamac qu’il a dressé juste devant sa bâtisse. Vêtu de vieilles frusques d’entraînement, le visage caché du soleil par un chapeau de paille, Dante de Cerbère profite du vent léger de l’automne pour s’accorder du repos.
Toutefois, ce répit s’annonce de courte durée. Son ouie, entraînée, distingue l’avancée de pas. A l’étude de ce mouvement, il parvient à comptabiliser trois hommes. Ceux-ci ne tardent pas à arriver à sa hauteur.
Le premier, simple soldat, hésite à prendre la parole, craignant d’extirper le Saint d’argent de son sommeil :
Soldat n°1 - " Se… Seigneur Dante… Je… Euh… "
Toujours dissimulé sous son couvre-chef, le chevalier se contente de racler sa gorge, pour manifester son mécontentement.
Sans prendre de gants, un second soldat prend la suite :
Soldat n°2 - " Seigneur Dante, nous avons un ordre de mission vous concernant. "
Sans voir son visage, ses interlocuteurs se doutent que Dante baille sans ménagement au bruit disgracieux qu’il produit.
Dante - " Impossible, vous faîtes erreur, je suis en permission aujourd’hui. Allez plutôt voir Capella, il effectue une garde en compagnie des troupes alentours. "
Soldat n°2 - " Impossible Seigneur Dante, l’ordre de mission est adressé exclusivement à votre attention. "
D’un ton désagréable, Dante tend le bras sans daigner regarder les messagers :
Dante - " Bon, passe moi ce rouleau de papyrus que je lise ça. "
Sans qu’il s’y attende, la voix du troisième visiteur, familière, annonce :
Gigas - " L’ordre vient directement du Grand Pope et je me vois chargé de t’en faire part de vive voix. "
Au son de la voix de son supérieur, Dante défait son chapeau et bondit du hamac pour s’agenouiller :
Dante - " Général Gigas ! Veuillez excuser ma tenue ! Je ne pensais pas être le destinataire d’une mission si urgente. "
Gigas - " Quelle que soit le donneur d’ordre, toute mission est importante et nécessite une totale implication. Tu tacheras de t’en souvenir Saint d’argent. "
Bien qu’il sache que Gigas lui soit inférieur martialement parlant, Dante ne bronche pas et respecte la hiérarchie :
Dante - " Compris Général. "
Gigas - " Bien. A présent nous allons nous entretenir à l’intérieur de chez toi. A l’abri des oreilles indiscrètes. "
Les deux gardes se positionnent à la porte du domicile tandis que Gigas donne, à l’intérieur, le but de sa présence à Dante :
Gigas - " Tu vas te rendre en Sicile, au Mont Etna, là où se trouvent Deathmask Saint d’or du Cancer et ses disciples. Tu es italien et tu t’es entraîné en ces lieux. Tu devrais pouvoir t’y rendre rapidement. "
Alors qu’il sert dans un récipient fait d’argile un peu d’eau pour son général, Dante acquiesce :
Dante - " A vos ordres Général. Et que dois-je faire auprès du Seigneur du Cancer ? "
Gigas - " Contente-toi de lui dire que Lilith est morte par la faute du Saint des Poissons et que le Grand Pope lui ordonne de se présenter à lui immédiatement. "
Le Saint de Cerbère incline légèrement la tête, puis endosse sa Pandora Box pour répondre à la requête de Gigas.
En Grèce, sous l’Aréopage :
Sous les profondeurs terrestres, autour du temple en forme conique, sur l’îlot entouré de lave, Vasiliás assiste à la formation des recrues.
Sous les sons venteux de l’orgue de Mars, provenant de l’intérieur du temple, l’américain s’active à joindre les petits groupes d’entraînement pour prodiguer le maximum de conseils.
Depuis plus d’un an, ses recherches permettent de composer ses rangs. De partout dans le monde, il ramène des opprimés, des désabusés par les lois de leurs états, des personnes qui rêvent d’un monde meilleur et qui n’ont pas peur de faire couler le sang pour y parvenir.
Il leur inculque l’histoire du cosmos, la création du monde et les légendes des chevaliers d’antan.
Tous s’éveillent avec plus ou moins de réussite, prêts à embrasser celui qui se présente comme leur roi, élu par le dieu Arès en personne. Majestueux dans sa Nightmare écarlate, le visage dissimulé par le masque doré que maintient son casque en gueule de lion, ne laissant apparaître que ses beaux yeux bleus et verts. Il cache grâce aux grandes ailes vermillonnes qui se déploient dans son dos la présence de la sublime Ksénia.
Ksénia - " Quel travail remarquable ! Prendre d’anciens souffre-douleur qui ne supportent plus la vie actuelle et le manque de lois est un pari osé. Cela demande beaucoup de patience et de temps, pour en faire des guerriers dignes de ce nom. "
Vasiliás - " Qu’importe. Je me félicite de composer une armée digne de l’image que je souhaite apporter au monde, en menant une guerre sans merci contre le Mal, pour les opprimés. "
Ksénia suit du regard la direction prise par le bras de Vasiliás. Elle distingue alors un homme et une femme, tous deux vêtus autrement que les soldats et les apprentis :
Vasiliás - " J’ai déjà trouvé mes Berserkers du Malheur et de la Terreur. Deux bons guerriers, que leurs Nightmares n’ont pas tardé à s’approprier, une fois arrivés ici. Tous deux déjà savaient se servir de leur cosmos avant leur venue ici, ils m’aideront à former avec plus d’efficacités mes troupes. "
Il se retourne enfin pour observer celle qui attise ses plus grandes convoitises. Face à elle, il ôte son casque pour lui exposer enfin son splendide visage :
Vasiliás - " Néanmoins, je reconnais que tu n’as pas tous les tords. Même si je parviens à en faire des soldats organisés, capables de prendre les armes et à en éveiller certains au cosmos, il me manquera une véritable puissance à mes côtés. Je serai incapable de recomposer les quatre régiments, les Flammes, le Feu, la Terreur et la Calamité qui faisaient autrefois de l’armée d’Arès une force redoutable. "
La jolie russe couverte de sa légère et courte robe, marche sans grande difficulté sur le sol rocailleux, malgré qu’elle soit chaussée d’escarpins, preuve de son extrême agilité :
Ksénia - " As-tu pensé à l’armure divine d’Arès ? "
Vasiliás - " Cela voudrait dire faire entrer notre dieu dans la bataille et tu sais que je n’en ai pas envie. Même si sa puissance est dévastatrice, encore plus lorsqu’il sera habillé de son armure divine, il prendra goût aux combats sanguinaires et nuira à mes projets de domination de la planète pour un monde meilleur. Il ne fera pas la différence entre les ennemis du roi et les innocents… "
Semblable à Kanon qui préfère utiliser Poséidon plutôt que de l’éveiller à sa toute puissance, Vasiliás achève tout espoir de retrouver cette armure :
Vasiliás - " … Et tu sais comme moi que la légende veut que cette armure soit désormais inaccessible. "
Ksénia - " Que dirais-tu de créer une nouvelle légende en la récupérant ? Arès veut juste du sang. En l’utilisant sur le champ de bataille rien que contre Athéna, tu économiseras tes forces et tu satisferas sa soif de sang. "
Vasiliás - " Je pourrai en effet agir ainsi, mais récupérer cette armure voudrait dire m’allier à Hadès et ça je m’y refuse complètement. "
Ksénia - " Évidemment, tu n’aurais pas d’autres choix que de passer par Hadès. Mais rien ne t’empêche de te servir également de lui. "
Vasiliás - " De toute manière, je doute qu’Hadès soit un dieu très accessible. "
Ksénia - " Tu oublies que je peux en faire mon affaire. "
Vasiliás - " Dans ce cas, prépare ma rencontre avec un représentant d’Hadès. "
Ksénia - " Volontiers. Toutefois, j’ai à faire avant. "
Vasiliás - " Où pars-tu encore ? Combien de temps vais-je devoir rester sans t’avoir près de moi ? "
Ksénia - " Disons que je pars en vacances. D’abord la mer, ensuite la neige. "
Puis elle disparaît aussitôt, laissant Vasiliás dubitatif.
En Grèce, au Sanctuaire :
Sur le versant d’une montagne, taillée à même la roche, la prison principale du Sanctuaire a des allures de tour.
A l’intérieur d’une cellule, trois soldats balancent Yulij. L’un d’eux à la mauvaise idée de profiter de l’étourdissement de l’apprentie pour approcher son masque. Grand mal lui en prend, la jeune femme revient à elle. Il est violemment frappé à l’entrejambe devant ses deux acolytes, hilares.
Un autre s’approche de Yulij :
Soldat - " Allons ma jolie, tu risques de passer pas mal de temps ici. Tu devrais en profiter pour faire passer le temps. "
Comme son complice, il est contraint de vite faire une croix sur ses mauvaises intentions. Décourageant par la même occasion le troisième larron.
Dans la cellule qui lui fait face, Nicol s’amuse avec cynisme de la déroute des trois soldats.
La tête collée aux barreaux, il déclare à Yulij :
Nicol - " Tu avais raison lorsque tu disais que les étoiles annonçaient un changement. Dorénavant notre situation a empiré. "
Yulij se met en garde face aux montants :
Yulij - " Tu rigoles ?! Ce ne sont pas quelques barreaux en métal qui me décourageront. "
Nicol soupire :
Nicol - " Tu devrais pourtant. De toutes les geôles du Sanctuaire, nous sommes dans la plus gardée. Ces barreaux ont été imprégnées du sang d’Athéna et sont indestructibles. A une époque, les diverses galeries creusées dans la montagne ont permis de nombreuses évasions. Comme celle d’un Saint de Pégase, il y a plus de deux cent ans, parti défier Hadès. Depuis, la sécurité a été renforcée et les passages condamnés. "
Yulij - " Les barreaux sont peut-être protégés par le sang d’Athéna, mais les murs eux sont de pierre. Il nous suffit de passer au travers. "
Nicol - " Bien sûr ! Chaque paroi étant indispensable à l’équilibre de l’édifice, le moindre ébranlement d’un mur provoquerait l’éboulement de la montagne et la mort pour tous ceux qui s’y trouvent prisonniers. Nous compris, n’ayant pas le temps de gagner l’extérieur. "
Dehors, Algol s’assure auprès des trois soldats que les deux rebelles aient bien été enfermés avant de les congédier.
Il profite de sa solitude pour s’isoler. A l’abri des regards, il fond en larmes. Ses membres tremblent et son cœur s’emballe. Bouleversé par la leçon de force reçue d’Aphrodite, le préjudice moral est grand.
Gondolé par les larmes, ses yeux fixent avec rancoeur la direction des douze maisons du Sanctuaire.
Les dents serrés, il prononce avec colère :
Algol - " Aphrodite… Shaka… Je vous hais. "
Une voix douce et familière le surprend :
Hasu - " Pourquoi tant de haine envers les Saints d’or ? "
L’ancienne amante d’Algol se présente, vêtue de sa longue robe blanche fendue dès le haut de sa cuisse gauche. Devenue femme chevalier grâce à Shaka, elle ôte son masque, décoiffant quelque peu ses longs cheveux châtains qui tombent sur ses épaules.
De ses grands yeux bleus, l’angélique Saint de bronze de la Couronne Australe, observe avec compassion le Saint de Persée. Cela accroît son aigreur :
Algol - " Tu oses me poser la question, alors que tu m’as quitté pour suivre le chevalier de la Vierge ! Et qu’aujourd’hui de plus, je me suis fait ridiculiser par le chevalier des Poissons ! "
D’une voix rêveuse, elle espère lui faire comprendre :
Hasu - " Ce sont des Saints d’or ! "
Algol - " Dit-elle avec fascination ! Ils n’en restent pas moins des hommes ! Des hommes trop respectés, tandis que nous Saints d’argent et vous Saint de bronze nous nous abaissons à de sales besognes. "
Hasu - " Je te trouve dur. Tu n’es pas objectif en disant cela, notre rupture t’implique personnellement dans ce ressentiment. "
Algol - " Bien évidemment ! Tu m’as abandonné pour le suivre lui. Tu m’as abandonné car tu voulais suivre la voix de sa sagesse et cesser l’apprentissage de chevalier. Puis tu es revenue amoureuse de lui et Saint ! "
Hasu - " Parce qu’il a eu les mots, pour me prouver que ma vraie place est dans les rangs des Saints. "
Algol - " Etait-ce une raison pour te donner à lui ? "
Hasu - " Nous avons déjà eu cette discussion. "
Algol - " Je le sais. Mais je n’arrive pas à comprendre que tu puisses toujours l’aimer, tandis que depuis votre retour au Sanctuaire il t’ignore. Moi j’ai toujours été là pour t’épauler, pour t’écouter. "
Hasu - " M’écouter, peut-être. Seulement tu n’apportais pas les réponses à mes questions. Sans me côtoyer autant que toi, il a tout de suite su sonder mon âme. En quelques jours j’ai eu l’impression qu’il me connaissait mieux que moi-même. "
Algol - " Alors tu vas rester là, à attendre qu’il s’intéresse de nouveau à toi. A attendre un jour qui ne viendra jamais. "
Hasu - " Le peu de temps passé à ses côtés m’a suffit à remplir une vie. Désormais je peux me consacrer à ma mission de Saint, sans craindre de mourir sans avoir connu le vrai amour. Je suis désolé. "
Venue au départ pour le réconforter, Hasu n’apporte à Algol qu’amertume et désillusions.
Pour seule réponse, elle obtient un silence gênant auquel elle finit par tourner le dos, pour retourner au camp des femmes chevaliers.
Sous les océans :
En direction de l’extrême nord de la Russie, en dessous d’un plafond d’eau duquel s’écoule une fine bruine, le général de l’armée de Poséidon est absorbé par l’épais et indestructible manteau de glace dressé face à lui. De l’autre côté de ce cercueil de glace se trouve Atlantis, la citée condamnée par Dégel du Verseau en 1743.
Après avoir caressé ce rideau impénétrable, Kanon tourne la tête pour dévisager avec colère son interlocutrice :
Kanon - " Tu m’as fais miroiter… Tu m’as fais imaginer pouvoir contrôler le monde en comptant sur l’idiotie d’Hilda de Polaris et d’Alexer de Blue Graad. Or, comme je te l’avais bien dis, Hilda n’est pas quelqu’un qu’on peut corrompre. Tu l’as sous-estimée. "
La sublime Ksénia reste calme. Assise sur une pierre à impression spongieuse, les jambes croisées, faisant remonter sa courte jupe jusqu’au haut de ses cuisses magnifiquement dessinées, elle regarde le Dragon des Mers avec un léger sourire :
Ksénia - " J’avoue être déçue et surprise par son refus. Et je n’avais pas prévu qu’elle choisisse d’envoyer une mission de sauvetage à Blue Graad, en effet. Mais pas de panique, il y a toujours un moyen d’influencer Hilda, même si cela doit être contre son gré. Il nous reste l’anneau maudit des Nibelungen. "
Kanon pointe du doigt la sphère de glace devant lui :
Kanon - " Dois-je te rappeler que cet objet maléfique fait parti des nombreuses armes de Poséidon désormais prisonnières du cercueil de glace d’Atlantis ? J’ai déjà essayé maintes fois de briser ce mur éternel, sans toutefois parvenir ne serait-ce qu’à l’ébrécher. "
Ksénia - " En effet, pas même un dieu ne pourrait détruire ce gel immuable. Il résulte de l’invocation de l’empereur Poséidon et de l’arcane d’un Saint du Verseau mêlés à leurs paroxysmes durant la dernière Guerre Sainte contre Hadès. "
Kanon - " Depuis Atlantis n’est plus qu’une immense citée fantôme impénétrable. "
Ksénia - " Pas depuis la surface ! Il reste un seul endroit au monde depuis lequel Atlantis est accessible. Il s’agit du passage cosmique qui relie Atlantis à Blue Graad. Le passage se situe au cœur même du palais, dans la bibliothèque impériale. "
Kanon - " Dans ce cas pourquoi ne pas me l’avoir dis plus tôt ? J’aurai déjà fait envoyer des hommes pour s’y rendre. "
Ksénia crée un miroir comme elle l’avait fait pour Arès, lorsqu’elle lui avait montré Vasiliás. Cette fois-ci, c’est pour présenter Alexer.
Ksénia - " Prendre d’assaut Blue Graad n’est pas chose aisée. Ainsi tu aurais révélé aux yeux du monde le retour de Poséidon qui se veut pour le moment endormi en Julian Solo. Ne veux-tu pas agir dans l’ombre de Poséidon pour assouvir tes ambitions ? "
Kanon - " Alors voilà pourquoi tu gardes malgré tout un œil sur le fameux fils de l’empereur Piotr ? "
Ksénia - " En effet, il ne manque plus grand-chose pour que l’armée d’Alexer attaque celle de Blue Graad. Cette guerre fratricide sèmera une confusion totale. Si on ajoute à cela que sa tentative de corruption envers Hilda de Polaris ne restera pas sans suite, il y a fort à parier qu’Hilda envoie se mêler à cette anarchie quelques guerriers de son royaume. "
Kanon - " Oui, quoi de plus facile par la suite que de se rendre incognito à Atlantis lorsque la tension sera à son comble. "
Ksénia - " Voilà pourquoi je te demande d’attendre patiemment. De toute manière l’anneau des Nibelungen ne peut être associé qu’au cosmos de Poséidon. "
Kanon - " Ce n’est pas un problème. Lorsque Julian Solo viendra à nous, je n’aurais qu’à lui rappeler à quel point le général que je suis a réussi à lui remodeler une armée digne de ce nom. D’ailleurs, elle n’aura pas à être sacrifiée, puisque je lui proposerai d’enrôler Hilda, grâce à l’anneau des Nibelungen. Flatté par mon géni militaire il cédera à ma proposition et Poséidon restera endormi à jamais en Julian Solo, pendant que je dirigerai le monde en son nom. "
Ksénia - " Qu’il en soit ainsi. Cependant pour que la victoire d’Alexer soit garantie, j’ai besoin d’infiltrer un homme en qui tu peux avoir toute confiance. Celui qui nous épie depuis mon arrivée devrait parfaitement faire l’affaire. "
Aussitôt, un homme dissimulé jusqu’alors dans l’ombre, jaillit de derrière d’immenses coraux. Son corps est revêtu d’une protection similaire à celle portée par Kanon. Son diadème coiffe ses cheveux verts et dégage parfaitement son visage à la mine renfrognée.
Kanon présente à Ksénia celui qui l’accompagne :
Kanon - " Hum… Quelle perspicacité ma chère Ksénia ! Je te présente le Général de l’Océan Arctique, Isaak de Kraken. "
Ksénia se laisse tomber du rocher où elle s’est posée dans un mouvement gracieux.
Les talons de ses escarpins piétinent le sol rocailleux chargé d’eau salée pour approcher le finlandais qu’elle dévisage sans gêne :
Ksénia - " Dis-moi joli cœur, que t’est-il arrivé à l’œil. "
Froid et inaltérable comme l’était avec lui le maître des glaces, Camus du Verseau, l’ancien disciple du Seigneur Crystal se contente de déclarer :
Isaak - " Je me tiens à ton entière disposition pour me rendre à Blue Graad. J’ai grandi en Sibérie. Je connais la région comme ma poche. "
Kanon - " Très bien. Dans ce cas tu accompagneras Ksénia. Elle doit ramener auprès d’Alexer des hommes de haut niveau pour renforcer ses rangs. A toi seul, tu parviendras à faire bouger la balance en sa faveur. Une fois que la bataille battra son plein à Blue Graad, reviens-moi avec l’anneau des Nibelungen. Toutefois n’oublie pas qu’une vague de froid, aussi meurtrière que celle qui a décimée une majorité de la population de Blue Graad il y a des années, se prépare à frapper à nouveau l’extrême nord de la Sibérie. "
Isaak acquiesce sans broncher puis retourne en direction du temple de Poséidon où sont disposés ses appartements de Marinas…
En Grèce, au Sanctuaire, dans le palais du Grand Pope :
D’un pas lent et pénible, Aphrodite traverse les couloirs du temple.
Sa toge abandonnée et ses esprits amoureux perdus après la mort de Lilith, le suédois arbore dans sa Cloth brillante comme le soleil, un visage fermé mais ô combien élégant.
Sans la moindre crainte, heaume sous la main, il pénètre dans la salle d’audience de son souverain, après que les gardes lui aient ouvert les grandes portes qui isolent le représentant d’Athéna. Il s’agenouille et incline légèrement la tête en attendant la sentence.
Affalé dans son trône, le Grand Pope reste de longues secondes silencieux, le temps de faire douter le Saint sur ses intentions.
Une fois que l’atmosphère malsaine devient suffisamment dérangeante pour le Saint des Poissons, le Saint des Gémeaux n’y met pas les formes :
Saga - " Que faisais-tu avec elle ? "
Aphrodite comprend l’allusion faite à Lilith. Il ne se démonte pas :
Aphrodite - " Je profitais de sa présence pour rendre agréable ma permission. "
Saga - " Où l’as-tu rencontré ? "
Refusant de révéler la faute de Deathmask censé l’avoir tuée, il préfère se taire.
Saga ne perd pas son temps et sévit en conséquence :
Saga - " J’avais demandé au Saint du Cancer de l’éliminer et de se débarrasser de cette fille pour traîtrise envers le Sanctuaire. Puisque tu refuses de donner le nom de ton frère d’arme, j’en conclus de moi-même, qu’il a refusé d’obéir à mes ordres. Je prendrais les décisions qu’il faut en temps voulu pour le Cancer. En ce qui te concerne, je ne peux que féliciter cet état d’esprit envers ton camarade, mais ne peux tolérer qu’on me mente. Au regard de tes faits d’arme et de ta fidélité, tu seras simplement assigné à la garde de ton temple sans la moindre permission jusqu’à nouvel ordre. Va à présent ! "
Aphrodite baisse encore une fois la tête avant de quitter, sans la moindre contestation, son seigneur.
Au Sanctuaire sous-marin :
Dans le temple de Poséidon, au milieu d’un couloir aux murs et plafonds fais de pierres blanches taillées, la chambre du Marinas de Kraken est illuminée par la Scale d’Isaak. Cette dernière repose sous la forme de totem au milieu de la pièce.
Pour cette mission, il a choisit d’abandonner son identité de Marinas et prépare son paquetage pour remonter la Sibérie jusqu’à Alexer.
Avant de partir, il prie agenouillé devant sa Scale, provoquant l’hilarité de son équipière :
Ksénia - " Comme c’est étrange. Tu pries Poséidon alors que tu sais qu’en réalité il est manipulé par le Dragon des Mers ! "
Isaak - " Je connais le but avoué de Kanon, cependant je sais qu’il est impossible de duper les dieux, comme il le souhaite réellement. Tout ce que je fais, je l’accomplis en sachant que cela apportera la gloire de l’empereur Poséidon. Sa volonté sera tout de même accomplie et, lorsqu’il sera enfin éveillé, c’est un monde à reconstruire qu’il trouvera devant lui. Et nous serons félicités pour nos bienfaits. "
Ksénia - " Tu te sers donc de l’ambition de Kanon n’est-ce pas ?! C’est très astucieux ! Quelle dévotion ! "
Isaak - " Je dois tout à l’empereur Poséidon. Lorsque j’ai été laissé pour mort, c’est la bonté du seigneur des mers qui m’a ramené à la vie. J’ai donc accepté la Scale de Kraken et juré fidélité à mon dieu pour m’avoir sauvé et ouvert les yeux. A vouloir protéger un ami qui ne vouait son destin qu’à un projet personnel, j’ai failli mourir. Aujourd’hui je ne désire que la purification par les eaux d'une planète corrompue par les passions humaines. "
Ksénia - " Très bien. Je viendrais te chercher demain. Profite d’abord de cette nuit pour faire le plein d’énergie. Nous allons devoir beaucoup marcher. Nous devons nous déplacer comme de simples mortels pour ne pas faire repérer nos cosmos énergies. "
Isaak - " Et toi, où vas-tu dormir ? "
Ksénia - " Je n’ai pas besoin de sommeil pour l’instant. J’ai à faire avant de partir. "
En Sicile, sur le Mont Etna :
Les rayons du soleil gênent immédiatement Deathmask en pleine sieste.
Il se redresse, sans difficulté, comptant sur des abdominaux parfaitement travaillés. Ses yeux s’ouvrent difficilement et il écarte grand sa bouche pâteuse pour bayer aux corneilles.
Sans même regarder dans sa direction, il déclare :
Deathmask - " Tu es bien matinal ce matin Mei ! "
Le jeune disciple, les bras chargés de deux grands seaux d’eau, à l’autre bout du sentier, dos à Deathmask est pris au dépourvu :
Mei - " En effet, je suis allé chercher de l’eau fraîche à la source. "
Deathmask - " Tu as été rudement rapide pour t’y rendre ! "
Mei est décontenancé :
Mei - " V… Vous m’avez senti passer ce matin ?! "
Deathmask - " Bien évidemment. N’importe quel ennemi pourrait percevoir ta cosmo énergie à des kilomètres à la ronde. Je croyais t’avoir enseigné… "
Le Cancer n’a pas le temps de finir sa phrase que le cosmos de Mei disparaît.
Le chevalier d’or daigne enfin écarquiller les yeux et fait volte face pour chercher son apprenti. Les seaux ont été jetés droit en l’air, afin de ne pas perdre l’eau récoltée.
Soudain, une griffure marque la joue de l’italien qui a à peine le temps d’esquiver le poing de son disciple.
La puissance d’impact est telle que le vent soufflé par le coup de Mei fait voler en morceaux le rocher sur lequel Deathmask est positionné.
Alors qu’il sort des décombres les cheveux salis par la poussière de l’explosion, Deathmask arbore une mine satisfaite, pendant que Mei récupère les seaux, sans que ceux-ci aient perdu la moindre goutte.
Enfin, Epione vient se joindre à la fête. Sans le moindre vêtement, en appui à l’encadrement de porte, elle hurle de rage :
Epione - " Vous ne pourriez pas faire un peu moins de bruit ! J’ai besoin de sommeil ! "
Les deux hommes ne trouvent rien de mieux que de lui rire au nez en guise de réponse.
La bonne ambiance matinale n’est en rien entamée puisque Deathmask propose un duel sans retenu à Mei pendant que Epione fait sa toilette avec l’eau apportée par le jeune japonais.
Durant l’échange de coups, Mei ne parvient pas à toucher une seule fois son professeur tandis que celui-ci s’étonne :
Deathmask - " J’ai beau esquiver, je n’y trouve plus la même facilité qu’autrefois. Ta marge de progression est énorme ! "
Mei - " C’est grâce à votre enseignement maître ! Grâce à vous je deviendrai un vrai homme ! "
Deathmask bloque le poing de Mei et le plaque contre lui pour lui murmurer :
Deathmask - " J’ai l’impression que pour cela tu n’as pas eu besoin de moi. "
Les yeux complices du Masque de Mort scrutent la direction du logis à l’intérieur duquel se trouve Epione.
Mei comprend que son mentor fait allusion à sa relation de la veille avec la vénusté. Quelque peu gêné, il espère profiter de l’inattention de son maître pour se dégager et le frapper du pied.
Néanmoins, tout en continuant à observer d’un air nostalgique la direction de la demeure, Deathmask repousse sans mal le jeune garçon.
Sans la moindre animosité, il déclare :
Deathmask - " Allez ! C’est bon pour ce matin ! J’ai une faim de… "
La bonne humeur de Deathmask change brusquement. Ses sourcils se froncent et du coin de l’œil, il observe le bas de la colline.
Mei essuie le filet de sang qui coule de ses lèvres en regardant la même direction que son maître :
Mei - " Oui, moi aussi je l’ai ressenti. Quelqu’un arrive. "
Deathmask - " Il s’agit d’une cosmo énergie qui ne m’est pas inconnue. "
Quelque peu ébloui par le reflet du soleil sur l’argent de la Cloth du visiteur, Deathmask grimace :
Deathmask - " Que viens-tu faire ici Dante Saint de Cerbère ? "
Deathmask adopte un ton bien dur à l’encontre de Dante, ton adopté au quotidien au Sanctuaire par le Saint. Cette attitude est inconnue à Mei. Ce dernier profite de l’occasion pour observer une armure d’argent, émerveillé.
A mesure qu’il approche, Dante prend soin d’étudier les lieux avec minutie. Il salue d’un hochement de tête Epione qui débarque masquée et vêtue de sa Cloth.
Dante - " Voici bien des années que je ne suis pas revenu ici. Depuis que j’ai été fais chevalier en fait. "
Deathmask - " On ne peut pas dire que tu as passé tes plus belles années ici. "
Dante - " Effectivement, j’ai du survivre ici seul, sans compter sur votre aide pour m’apprendre à devenir Saint. "
Malgré ces reproches, Dante s’agenouille devant le Saint d’or pour lui rendre les hommages qui lui sont dus.
Deathmask - " Je n’ai jamais vu en toi les capacités suffisantes pour faire un bon Saint. "
Dante rétorque en dénigrant Mei :
Dante - " J’étais destiné à devenir Saint d’argent. Certes c’est bien loin de votre niveau, mais c’est bien au-delà de celui d’un Saint de bronze. "
Deathmask - " N’ait crainte, dans peu de temps Mei deviendra au moins aussi puissant qu’un Saint d’argent, si ce n’est pas encore le cas. "
Dante - " Dans ce cas, pourquoi n’a-t-il toujours pas été sacré Saint ? "
Deathmask - " L’armure est un gage d’achèvement de formation. Tant que je n’aurai pas fini son éducation, il n’aura pas sa récompense. "
Dante, revanchard, s’amuse à déclarer :
Dante - " Je crois hélas que cela va prendre fin plus tôt que prévu. "
Deathmask - " Explique-toi. "
Dante - " J’ai été mandaté par le Grand Pope qui vous ordonne de vous présenter instamment à lui. "
Deathmask - " Qu’y a t il de si urgent au Sanctuaire pour qu’il envoie auprès de moi un Saint d’argent et non un simple messager ? "
La suffisance de Deathmask a son égard insupporte Dante, au point qu’il annonce d’une voix monotone :
Dante - " Le Grand Pope est furieux. Lilith est morte par la faute du Saint des Poissons. "
Ces quelques mots résonnent dans l’esprit du Cancer et lui foudroient le cœur. Ses jambes se mettent à trembler et d’hypothétiques situations sur les évènements qui se sont déroulés en son absence l’assaillent.
« Lilith, morte, Saint des Poissons, Grand Pope furieux… », ressasse-t-il sans fin. Tous ces facteurs sont à eux seuls suffisant pour le déstabiliser.
Cependant, le plus difficile d’entre eux est le décès de Lilith. Sa gorge se noue et ses forces l’abandonnent.
La tristesse le submerge pour la première fois depuis bien longtemps. Les mauvais traitement reçus durant son enfance l’avaient endurcit, au point qu’aucun sentiment de peine ne puisse exister en lui. Lilith, par sa douceur et son approche psychologique ordonnée, était parvenue à le rendre plus… humain. Cette même humanité qui abandonne à jamais son être, à chaque souffle qu’il expire depuis l’annonce de la cruelle nouvelle.
L’atmosphère devient macabre à mesure que la cosmo énergie violacée du maître des lieux imprègnent les environs. Son affliction se consume en flammes mauves, semblables à celles qui conduisent ses victimes au Meikai.
L’effluve cosmique dégage un parfum de mort qui inquiète davantage les pairs du Masque de Mort. Le regard du Saint est rivé au sol, rongé par la destruction de sa bonté retrouvée grâce à Lilith.
Embarrassé, Mei décide d’approcher son maître pour tenter de le réconforter.
Hélas, il est devancé par Epione qui en profite pour se coller contre le dos de celui qui l’obsède. Elle passe ses bras autour de sa taille et se hisse sur la pointe des pieds pour lui susurrer à l’oreille :
Epione - " Tu n’auras plus à culpabiliser désormais. Tu vas pouvoir redevenir le Masque de Mort que tu étais et que j’aime tant. "
Pour la première fois depuis l’annonce destructrice de la mort de son amante, Deathmask esquisse un sourire, un vil rictus imprégné de sa folie :
Deathmask - " Tu crois ça pauvre traînée ? "
Le ton sarcastique du chevalier l’embrouille. Elle relâche sa prise et recule d’un pas hésitant.
Tout à coup, le visage de Mei est maquillé de sang. Le japonais se décompose tandis que le chevalier d’or arbore un sourire fou, terrifiant.
Deathmask aussi est souillé par de l’hémoglobine. Il passe sa langue sur le liquide écarlate qui roule sur son visage pour s’en délecter. Dans sa main droite, par le cou, il maintient debout le corps totalement écorché d’Epione. Aux pieds de celle-ci roule sa tête, sur laquelle tient encore son masque.
Deathmask - " Alors tu veux rester auprès de moi hein ?! Quitte à profiter de la mort du seul être qui m’était cher… "
Mei est décontenancé par l’attitude de son mentor. Il en perd même le réflexe de se nettoyer le visage.
Deathmask - " … dans ce cas je vais t’offrir le plus beau des cadeaux que je puisse faire. Je vais faire de ce qui était ton si joli visage, le plus beau trophée de ma collection de masques de mort. "
Mei espère faire revenir son maître à la raison en se jetant sur lui.
Sans même retenir son coup, le Cancer renvoie l’élève au tapis en lui décochant sa plus puissance droite dans l’estomac.
Tordu de douleur, les larmes aux yeux, Mei confesse que c’est avant tout le chagrin qui le blesse le plus aujourd’hui.
Deathmask lit dans les yeux le désarroi de son disciple. L’espace d’un instant où il aurait pu le prendre dans ses bras pour lui dire à quel point il l’estime et qu’il est fier de lui, Deathmask préfère affirmer avec dédain :
Deathmask - " Lilith était le seul rayon de soleil dans ma vie. "
Le chevalier abandonne la dépouille du Saint du Serpent puis bondit en direction du Sanctuaire sans même adresser un dernier regard à Mei…
En Grèce, au Sanctuaire :
Les murailles du domaine sacré s’ouvrent pour accueillir la dizaine de soldats qui accompagne Taishi.
La troupe du Saint de bronze rentre tête baissée, après le coup d’état manqué sur Yíaros.
Epuisés après ce voyage en mer et les longues heures à se fondre dans la masse contemporaine, pour rallier le Sanctuaire depuis la Crète, les hommes se dispersent bien vite retrouver les leurs.
Pandora Box sur le dos, Taishi a le visage fermé. Il redoute de devoir faire son rapport au Grand Pope.
Néanmoins, le Grand Pope n’a pas besoin de l’attendre pour connaître la situation.
Dans ses appartements, Saga est tiraillé par la situation. Dans sa robe papale, il s’observe dans un miroir afin de dialoguer avec son reflet.
Le Saga aux yeux injectés de sang et aux cheveux blancs converse avec le fidèle Saint d’Athéna au visage ferme mais calme :
Saga - " Tu dois te rendre à l’évidence, cette tentative d’assassinat t’a fais perdre tes positions sur Yíaros. "
Evil Saga - " Il me suffit de renvoyer quelques soldats pour calmer ces paysans armés de faux. "
Saga - " Quels soldats ?! Tes troupes diminuent à vue d’œil. Toutes ces guerres menées ces dernières années ont affaibli tes rangs. Aujourd’hui il ne te reste que des hommes que Gigas nomme soldats. Une bande de bons à rien, prêts à répandre le sang pour quelques pièces de monnaie. "
Evil Saga - " J’y enverrais des Saints alors ! "
Saga - " Tu te priverais de quelques Saints d’or ?! Parce qu’il est bon de te rappeler que Juventas et Œdipe ont mis à mal plusieurs Saints d’or lors des affrontements de la Journée Sainte. Et quel Saint d’or envoyer ?! Deathmask ?! Aphrodite ?! Je préfère encore les punir en les assignant à leurs demeures jusqu’à la fin de leurs jours. Et face aux Alcides, il est impensable d’envoyer de nouveau des Saints de bronze et d’argent. "
Evil Saga - " Dans ce cas, j’appellerai Aldebaran et Shura qui ont déjà conduis une offensive contre Yíaros. Ils iront sur l’île en compagnie d’Aiolia et Milo. Ils écraseront ces Alcides et me ramèneront la tête d’Hébé. "
Saga - " Ces hommes ne sont pas aussi mauvais que toi. Crois-tu vraiment qu’ils iront jusqu’à tuer Ambroisie ?! Quoi qu’il en soit, je ne te laisserai plus tenter quoi que ce soit contre la femme que j’aime. "
Evil Saga - " Pauvre imbécile, tu aimes une déesse, comment peux-tu croire que votre histoire peut exister ?! "
Saga - " Qu’importe, je vis d’un amour idyllique pour elle et cela me suffit. "
Evil Saga - " Tu m’ennuies avec tes sentiments mielleux. Briser Ambroisie sera pour moi l’occasion de briser ce peu d’humanité qui reste en moi et qui me dérange. Je parviendrai à me débarrasser de toi. "
Saga - " Je crois qu’il va falloir revoir tes intentions à la baisse. N’oublie pas que l’armure d’or du Sagittaire est toujours dans la nature, en compagnie d’Athéna. Que t’arriverait-il si Athéna parvenait à s’éveiller un jour et former une armée pour marcher sur le Sanctuaire pendant que tu serais privé d’une grosse partie de tes Saints d’or ? "
Evil Saga - " Hum… Tu as raison. On m’a remonté une drôle de nouvelle, dans laquelle une jeune japonaise organise un tournoi mondial, destiné à l’obtention d’une armure en or. Je ferai mieux d’y envoyer Phénix vu qu’il semble être originaire du Japon. "
Saga - " Pff… Dans tous les cas, tu es coincé. "
Evil Saga - " Que tu crois… "
Evil Saga abandonne sa discussion avec son double en tournant le dos à la glace. Il réajuste son heaume rouge et son masque violet avant de s’époumoner :
Saga - " Gigas ! "
Immédiatement, des soldats ouvrent les grandes portent de la salle d’audience du Pope. Pendant que ce dernier prend place sur son trône, Gigas, s’aidant de sa canne, avance pas à pas sur le tapis rouge qui habille les dalles.
Le Pope observe son général avancer misérablement jusqu’à lui. Il ne prononce aucun mot tant que le borgne ne s’est pas agenouillé.
Gigas - " Oui Votre Eminence ? "
Saga - " Gigas, où en sont les recherches pour l’armure d’or ? "
Gigas - " Aux dernières nouvelles, aucun des groupes envoyés à travers le monde n’a donné suite. Il y a bien la rumeur d’un tournoi au Japon où des hommes se battront dans une semaine pour gagner une armure dorée mais… "
Le pontife l’interrompt :
Saga - " Envoie Phénix au Japon. Guilty me l’a parfaitement formaté. Je ne peux plus attendre. "
Gigas - " Actuellement j’ai réunis le plus de soldats possible pour repartir sur Yíaros mais je peux… "
Saga - " Oublis Hébé. J’ai une meilleure idée. Nous allons jouer sur deux tableaux. Nous allons concentrer nos recherches prioritairement sur la Cloth du Sagittaire. Pour ce qui est d’Yíaros, il nous suffit d’envoyer un maximum de galères occuper le tour de l’île afin d’empêcher Hébé de rentrer en contact avec un quelconque allié. Privés de ressources extérieures, les hébéïens auront juste de quoi survivre. Cela suffira pour les affaiblir et attendre d’avoir récupéré l’armure de ce renégat d’Aiolos, pour reprendre Yíaros avec le plus de chances de notre côté. "
Gigas - " C’est magistralement bien pensé Mon Seigneur. J’envoie les vaisseaux immédiatement sur Yíaros et convoque un messager pour charger Phénix de sa mission. "
Saga - " Par la même occasion, tu ordonneras à Taishi Saint de bronze du Toucan de partir à la recherche d’Apodis Saint de bronze de l’Oiseau de Paradis et de Carina Saint de bronze de la Carène du Navire. Il les a laissés s’échapper, je ne veux pas lui faire l’honneur de le recevoir. Il sera digne de confiance lorsqu’il aura puni ces traîtres. "
Gigas - " Bien Majesté. Que dois-je ordonner au sujet de Philémon Saint de bronze du Lièvre ? "
Saga - " Ce misérable a choisi de rester auprès des hébéïens. Qu’il y coule des jours paisibles en attendant la reprise des hostilités. Ce n’est qu’un sursis pour ce renégat. "
Gigas acquiesce puis prend congé du souverain.
De nouveau seul, Saga jubile en s’affalant dans son trône avant de conclure le tout par un rire sarcastique :
Evil Saga - " Tu vois, finalement, en prenant mon mal en patience, je réussirai à être victorieux d’Athéna pour devenir le mettre du monde, et à me débarrasser d’Ambroisie pour ne plus être tiraillé par toi mon esprit bienfaiteur. "
En Sicile, au Mont Etna :
Le soleil est encore haut dans le ciel lorsque Mei finit de recouvrir de terre la tombe d’Epione.
Dante, resté en retrait durant tout le long de la colère de Deathmask, observe depuis le jeune homme.
Alors qu’il tourne les talons, il lui conseille enfin :
Dante - " Je repars au Sanctuaire, berceau de la chevalerie. Je t’invite à t’y rendre pour prêter allégeance au Grand Pope maintenant que tu n’as plus rien à faire ici. "
Mei choisit de ne rien répondre. Il reste simplement là à fixer le Saint quitter les lieux de la même façon que son professeur il y a quelques heures auparavant.
Désormais seul, il prend un grand bol d’air en pensant pouvoir faire le vide grâce à cela.
Aussitôt l’air expiré, c’est la solitude qui vient lui encombrer l’esprit. L’attitude de son professeur, la perte de celui-ci, conjuguée au décès de la jeune femme qui l’a toujours secrètement intriguée…
« Je dois en avoir le cœur net ! », se dit-il déterminé. « Il faut que je sache qui est réellement mon maître. Et moi, je dois devenir un Saint ! »
Alors il ramasse quelques affaires dans la bâtisse où il a passé ces dernières années, puis fait le tour des petites pièces qu’il s’apprête à quitter.
Un sourire incontrôlé illumine son visage, lorsqu’il repense aux instants passés ici. « Comment pouvait-il dormir là-dessus ? », se demande-t-il en voyant le banc de pierre qui servait de lit à son professeur. « C’est vrai qu’elle n’avait vraiment pas grand-chose à se mettre non plus », confesse-t-il en observant la chambrette pauvre en vêtement d’Epione qui ne perdait pas une occasion d’exposer ses formes sensuelles.
Arrivé sur le pas de la porte, le visage candide du japonais se fronce :
Mei - " Dorénavant, je dois mettre en pratique tout ce que j’ai appris jusqu’ici. Direction, le Sanctuaire. "
Il enfile sur son dos les lanières de la Pandora Box de la Chevelure de Bérénice.
Sur l’île d’Yíaros, dans le Parthénos :
Les villageois déblaient les cadavres qui couvrent la salle du trône d’Hébé.
De nouvelles obsèques vont embrumer davantage les esprits déjà bien accablés des hébéïens.
Pendant ce temps, dans l’un des appartements d’Hébé, la déesse et ses Alcides se réunissent pour évoquer cette nouvelle situation.
Baucis déplore :
Baucis - " Cette assemblée est bien morne. Je me souviens encore des grands forums entretenus en compagnie de nos défunts pairs Alcides ainsi que des prêtres et prêtresses. "
Œdipe - " Les athéniens ont pris soin, hélas, de réunir nos derniers membres religieux dans le temple d’Héra pour les exécuter sauvagement. Il ne reste plus que nous. "
Hébé corrige :
Hébé - " Nous et le peuple. C’est lui qui a encore subi de nombreuses pertes pour venir nous sauver. Ils se sont battus pour leur foi en nous et leur liberté. "
Juventas intervient à son tour :
Juventas - " Une liberté qui risque d’être bafouée de nouveau lorsque les athéniens reviendront plus nombreux. "
Hébé - " Je ne suis pas sûre qu’ils reviendront. Du moins pas maintenant. Les différentes guerres orchestrées par le Grand Pope le forcent à occuper pas mal de positions stratégiques dans le monde entier. Cela veut dire que ses rangs sont diminués. La seule chose qu’il peut faire désormais, c’est nous couper les vivres depuis l’extérieur. "
Baucis se montre fière :
Baucis - " Agir ainsi c’est bien sous-estimer les hébéïens. Ils ont déjà fais suffisamment preuve de caractère, pour ne pas craindre de devoir vivre de leurs seules ressources. Cette situation est bien risible par rapport à la période d’occupation sous le régime athénien. "
Œdipe renchérit :
Œdipe - " Exactement. Cependant, cela reste une question de temps. Tôt ou tard ils tenteront d’envahir l’île. De notre côté, les villageois ne seront jamais en mesure de repousser les envahisseurs plus qu’ils ne l’ont fait. Et les enfants sont trop jeunes pour assurer la relève militaire avant des années. "
Juventas - " De toute manière les enfants d’aujourd’hui sont bien peu nombreux. Beaucoup n’ont pas survécu aux restrictions alimentaires imposées par les athéniens. Les premiers mois qui ont suivis l’occupation ont causé la famine et apporté les maladies qui vont avec. "
Hébé - " Reste le seul espoir que le Sanctuaire purge le mal qui le ronge de lui-même. "
Juventas - " J’ai confiance en Apodis. Il saura trouver les ressources nécessaires pour faire éclater la vérité. "
Hébé - " Je le souhaite. En parlant des Saints, comment se porte Philémon ? "
Baucis - " Il reprend des forces dans ma demeure. Il a choisi de rester ici pour nous apporter son soutien en cas de retour du Sanctuaire. "
Le sourire que porte Hébé sur ses lèvres laisse présager qu’elle est enthousiasmée par cette intention. Néanmoins, le long silence qui s’en suit rappelle à quel point la situation est critique. La tension est palpable.
Hébé - " Bien. En attendant, aidons le peuple à se reconstruire et prions pour des jours meilleurs. "
Sur Yíaros, Hébé avait compris que la seule issue possible à cette Guerre Sainte était de la solutionner de l’intérieur.
Il ne restait donc plus qu’à Carina et moi-même de mener notre mission à bien.
Cela n’allait malheureusement pas empêcher Ksénia de réaliser ses obscurs desseins.