2012-07-01

Le 22 juillet 1985 fut la journée la plus longue pour la ville d’Arviat au Canada. Un épais nuage de fumée ne cessait de s’intensifier, cachant aux habitants le déroulement d’une bataille, qui dépassait leur entendement. L’arcane du Gémeaux Noir avait fini de souffler la moitié de la ville, laissant derrière lui des centaines d’innocents…

Chapitre 31 - La promesse d’un roi

Canada, région de Nunavut, ville d’Arviat : 

22 juillet 1985.
L’horizon se dessine dans un univers fait de néant. Il ne reste plus qu’au sol une surface terreuse totalement chaotique, il n’y a plus d’habitations, plus de bâtiments, plus de végétations et plus de population, sur un rayon d’un demi kilomètre.
Seule à l’extérieur de ce cercle d’un kilomètre de diamètre, dans la neige encore présente, la carrosserie de l’ambulance, dans laquelle se trouvent Bian et Kassa, subsiste. Le cosmos déployé par Kassa a réussi à faire bouclier autour du véhicule.

Au beau milieu du silence résultant de ce désert morbide, la tôle est pliée de l’intérieur, par les mains de Kassa qui libère son futur frère d’arme, toujours éveillé mais hagard. Son regard est perdu dans le vide et son corps est lourd. Kassa l’extirpe en le traînant jusqu’au dehors.

Le son des sirènes de nouvelles unités de sauvetage ne parviennent pas jusqu’à son cerveau. Il les entend mais ne veut même pas les analyser, tout comme il ne cherche même pas à répondre à Kassa qui lui déclare :
Kassa - " Les secours croiront que le réseau d’alimentation du gaz est responsable de cette catastrophe… "
En disant cela, le gardien du pilier de l’Antarctique reconnaît au loin, debout au centre du cercle de destruction, Vasiliás entouré de ces derniers adversaires. Il achève sa phrase :
Kassa - " … Il faut qu’ils croient qu’il n’y ait aucun survivant. Nous devons partir maintenant. "
Dans le vague, Bian susurre :
Bian - " Ariel… Elle a préféré croire en l’innocence de Vasiliás plutôt que croire en moi… Elle est morte par amour pour lui… Après Dolly, il m’a pris ma sœur… "
Kassa cache difficilement son sourire perfide :
Kassa - " Il prouve ainsi les défauts des humains. Je sais que Vasiliás était ton ami, mais il t’a tout volé. Ce fidèle à Athéna, a causé la destruction de la quasi-totalité de cette paisible ville. Il n’a pas su protéger les femmes que tu aimes et par cette guerre intestine contre d’autres envoyés du Sanctuaire, il prouve la faiblesse des hommes et l’erreur que fait Athéna de les protéger. Dans un autre monde, cela ne serait jamais arrivé. Si jamais un dieu était capable de laver l’humanité, alors ta sœur et ta petite amie seraient en vie, Vasiliás ne t’aurait jamais trahi. Si seulement… "
Le regard de Bian reprend de la vigueur et son corps se raidit :
Bian - " Si seulement Poséidon pouvait exaucer tes paroles ! "
En attendant cela, Kassa fixe d’un regard ambitieux son camarade :
Kassa - " Je crois qu’il t’a entendu ! Suis-moi ! "
Il tire par le bras Bian avec une extrême violence et se déplace à une vitesse, que le futur Cheval des Mers ne lui soupçonnait pas.
Ils prennent la direction de la baie, où Bian a tant l’habitude de s’exercer et abandonne la surface de combat où la tension est à son comble.

Vasiliás est agenouillé, à demi nu, ne portant plus que son pantalon blanc, le corps égratigné sur toute sa surface.
Devant lui se dresse le Gémeaux Noir, tandis qu’au loin l’Ophiucus Noir quitte le secteur, en suivant furtivement Bian et Kassa.
A côté d’eux, Klok baigne dans son sang, faible et immobile après l’arcane destructeur du chevalier noir déployé dans son dos. Le chevalier d’Athéna a sa Cloth fissurée, tandis que ses deux bras lui ont été arrachés par l’atomisation. Frappé en traître, il exprime sa colère :
Klok - " Comment as-tu pu me faire ça chevalier noir ? Tu étais sous mon commandement. "
Ankoku Gemini - " Je ne me plie pas aux ordres d’un chevalier plus faible que moi. La comédie a assez duré. "
Klok - " J’aurai dû me douter qu’un chevalier noir restait un lâche quoi qu’il arrive. M’attaquer dans le dos t’a été si naturel… "
Le chevalier noir lève son pied pour achever le mourant :
Ankoku Gemini - " Tu ne m’es plus d’aucune utilité, à présent que Vasiliás a été retrouvé. Je vais pouvoir mener à bien la mission qui m’était confié. Meurs… "

Le geste du Gémeaux Noir est bloqué par le cosmos de Vasiliás qui le maintient à distance.
Les yeux de Vasiliás sont révulsés, sa mâchoire crispée et toutes ses veines ressortent.
Il bave tant la rage le prend, il murmure sans cesse le nom de son maître, de son ami qu’il croit perdu et de sa défunte petite amie.
Le Gémeaux Noir finit par être repoussé par le cosmos de l’américain qui prend la forme d’un lion ailé venu le heurter de plein fouet.

Sans fléchir, la copie du chevalier Saga se réceptionne sur ses deux jambes et invoque à nouveau son terrible artifice.
Bien que le ciel d’été redevient obscur, le frénétique survivant ne s’inquiète guère. Il hurle en crachant sang et salive :
Vasiliás - " Maître ! Regardez bien ! Je vais vous rendre votre dignité à vous, Saint de bronze de l’Horloge, en réalisant cette arcane que je n’ai jamais su reproduire jusque maintenant, la Faille Temporelle que vous avez toujours cherché à m’inculquer ! "
Il positionne ses paumes de main en direction du Gémeaux Noir et écarte ses dix doigts. Devant lui, l’espace-temps crée une distorsion qui absorbe les ténèbres invoquées par le Gémeaux Noir.
Ce dernier, voyant ces efforts réduis à néant, choisit de frapper immédiatement :
Ankoku Gemini - " Ankoku Comet ! "
La réponse de Vasiliás ne se fait pas attendre :
Vasiliás - " Temporal Weakness ! "
Toute la cosmo énergie de l’Ankoku Saint est aspirée dans la faille temporelle qui s’ouvre de plus en plus grand, tirant vers elle le chevalier noir. Celui-ci se cramponne du mieux qu’il peut sur le sol, son heaume est arraché par l’appel d’air et disparaît dans l’autre dimension invoquée par Vasiliás.

L’appel du Temporal Weakness est si puissant qu’il avale toutes les ruines alentours. Lorsque le corps de Klok commence à se soulever pour être dévoré dans cet autre univers, Vasiliás revient à lui.
L’américain se ravise, sauvant par la même occasion un Gémeaux Noir, arborant un visage étonnement serein. Ses courts cheveux d’un rouge vif, profitent enfin du souffle du vent, après être restés enfermés dans son casque. Une longue cicatrice le prive de l’usage de son œil droit, tandis que le gauche fixe avec défiance son rival. Ses épais sourcils couleur sang se froncent, lorsqu’il choisit de passer au corps à corps.

Il apparaît à la vitesse de la lumière devant Vasiliás et lui adresse une puissante droite qu’il pare. Le roi lion riposte, en transperçant l’armure noire d’une droite en plein dans les côtes. Son poing, noyé du sang de son ennemi, se déloge de son flanc, tandis qu’il tourne sur lui-même, pour lui fendre la pommette droite avec son talon droit.
Balancé sur le côté, le Gémeaux Noir ne dit pas son dernier mot et tente une gauche. Illico bloquée. Vasiliás tire sur le bras qu’il maintient pour faire perdre l’équilibre à son ennemi, puis le cogne avec le genou en plein abdomen, émiettant ainsi la Cloth noire en cette zone…

Sur l’île d’Yíaros, à l’est de l’île :

Dans la forêt à l’est de l’île, là où Kanon et Saga avaient coutume durant leur enfance de s’entraîner, une vingtaine de jeunes hébéïens se tiennent accroupis devant le caporal Pullo.
Ils ont été choisis parmi tous les apprentis actuels réquisitionnés sur l’île pour accéder au rang de gardes de l’armée athénienne.
Derrière Pullo, habillés de leurs Cloth, Apodis, Anikeï, Philémon, Carina, Taishi et Lena se tiennent droit debout et observent cette première remise des armes.

Bourrage de crâne et enseignement militaire ont été les grands axes de formations de ces nouveaux soldats d’Hébé qui ont jurés fidélité à Athéna.
Entourés par quelques soldats du Sanctuaire, les nouveaux guerriers destinés à rester sur l’île lorsque le calme y sera revenu, se mêlent désormais aux leurs.

Tapie dans l’ombre, la remarquable Baucis au physique irrésistible observe avec effroi la scène. L’Alcide de la Biche de Cérynie est rejointe par Philémon qui s’est retiré de la cérémonie.
Baucis - " Quelle honte ! Ces enfants étaient encore des fils d’Hébé il y a quelques mois. Voilà ce qu’ils sont devenus ! "
Philémon - " Ils sont toujours des fils d’Hébé. Le peuple doit être fier d’eux, car ce sont eux qui veilleront sur lui à notre départ. "
Baucis - " Etre fier de ces enfants qui ont abandonné notre déesse recluse dans son palais ? Jamais ! "
Philémon - " Le peuple est encore sous le choc de la guerre, mais il finira par oublier cette triste période. Bientôt les récoltes seront meilleures et le commerce rétabli. "
Baucis - " Et tu crois que cela sera suffisant ? "
Philémon - " Le peuple veut de l’eau potable, à manger, de l’argent et la paix. Il aura tout ça grâce à ces nouveaux soldats. Ils apprendront à pardonner. Moi c’est ce que j’ai fais à votre encontre, vous qui avez massacrés des innocents au Sanctuaire. Tu devrais faire de même. "

Alors que le Saint de bronze du Lièvre tourne les talons, une légère bourrasque de vent soulevée par le poing agile de l’Alcide vient lui égratigner le bras là où sa Cloth ne le protège pas :
Baucis - " Jamais ! N’oublie jamais que toi et moi sommes ennemis et que quoi qu’il puisse se passer avec mon peuple, quel que soit le traité de paix que le grand cardinal d’Hébé puisse signer en votre faveur, n’oublie jamais que tu paieras pour avoir vu mon visage. "
Philémon, bien que déçu par cette réaction, sourit puis regagne les siens :
Philémon - " Pff… D’accord… "

Loin de toute cette agitation, Apodis regagne tranquillement le centre de l’île et plus précisément le temple d’Héraclès, désormais siège de l’armée athénienne, où le peuple commence déjà à se réunir pour le rationnement qu’il officiera ce soir en compagnie d’Anikeï.
Il a défait sa Cloth qu’il transporte tranquillement dans sa Pandora Box, afin de ne pas mettre trop en avant son statut auprès des habitants de l’île.

En chemin, en passant devant une chaumière, un jeune enfant ouvre grand la porte et se jette avec une dague ovale à la main contre Apodis. Agé d’à peine six ans, le petit garçon abat l’arme en direction du chevalier de bronze qui ne bouge pas.
Il accueille la lame acérée dans la paume de sa main et la serre sans aucune souffrance. Il la maintient si bien, que l’arme se brise puis s’effrite en morceaux.
Désarmé, l’enfant se jette à corps perdu sur un Apodis au cœur brisé et sans aucun état d’âme depuis le meurtre des siens. Il fixe le freluquet taper des poings contre sa jambe, sans exprimer autre chose que du mépris.
Le voisinage, alerté par les cris de l’enfant, sort à peine de chez lui, effrayé par la réaction que pourrait avoir le Saint.
Apodis finit par souffler d’ennui et agrippe les cheveux du garçonnet qu’il soulève du sol.
Ne sachant que faire de lui, torturer entre la raison et son amertume dans cette guerre, il reste de longues minutes les yeux rivés dessus.

Enfin, une voix étouffée sous un masque de femme chevalier vient le sortir de ses songes. Les habitants de ce comté semblent rassurés en voyant sortir de chez elle cette demoiselle à la chevelure couleur taupe qui descend en de nombreuses pointes dans son dos et sur son masque à hauteur du front. Malgré l’aspect particulier de ce masque, très psychotique, au fond blanc, correspondant à un visage masculin vicieux, aux lèvres teintées d’or dont le sourire remonte jusqu’aux oreilles, avec des yeux en amande d’une noirceur extrême qui pleurent des gouttes de sang dessinées jusqu’aux joues, de cette jeune femme se dégage un cosmos rempli de bonté. Ses paroles sont d’ailleurs chargées de bon sens :
Juventas - " La réaction de cet enfant est le fruit de votre invasion. "
Apodis - " Juventas Alcide des Juments de Diomède et bras droit de la déesse Hébé. Je ne savais pas que tu vivais ici, je te pensais plutôt auprès de ta majesté. "
Juventas - " Le traité de paix étant ratifié, je compte sur votre respect de celui-ci pour ne pas avoir à surveiller sans cesse notre divine souveraine. Œdipe s’en charge très bien. "
Apodis - " Puisque tu évoques ce fameux traité, tu n’es donc pas sans savoir qu’il est formellement interdit de se rebeller contre les lois d’Athéna, ainsi que contre ses représentants. Tout opposant quel qu’il soit, doit être exécuté en cas de non respect. A moins que tu ne souhaites t’y opposer ?! Nous savons tous les deux, que tu es la personne avec Œdipe la plus puissante de cette île. As-tu envie de prendre le risque d’en jouer ? "
Juventas - " Absolument pas. Et je connais très bien les règles imposées par votre arrivée. Je voulais uniquement que tu saches avant de lui donner la mort, que cet enfant a vu sa mère se pendre sous ses yeux, après que celle-ci ait appris que son mari est mort lors de l’invasion de l’île. Il me paraissait indispensable que tu sois tenu au courant de l’aversion qu’il a pour les athéniens qui me semble aussi puissante que celle que tu éprouves envers les hébéïens. "
Apodis observe à nouveau l’enfant et le questionne :
Apodis - " Est-ce vrai ? Es-tu orphelin aujourd’hui ? "
L’enfant, les joues gonflées par les larmes répond timidement :
L’enfant - " Oui. Par votre faute. "

Le visage ferme d’Apodis se décrispe un instant. Il desserre la chevelure du garçon qui retombe sur les genoux.
Apodis s’accroupit vers lui et lui demande tout bas :
Apodis - " Ton père était-il soldat ? "
L’enfant - " Oui, lorsqu’on nous a appris sa mort, on nous a dis qu’il s’était bien battu. "
Apodis caresse le visage de l’enfant :
Apodis - " C’est vrai. Il s’est battu courageusement. Je ne le connaissais pas mais de tous les hébéïens que nous avons affrontés, aucun n’a failli. Ils ont tous été braves et sont allés jusqu’au bout de leurs forces pour vous défendre. Tu sais, la guerre en général fait souffrir plus d’innocents que de coupables. Ma famille était innocente elle aussi, mais elle a été décimée. Je vous en veux à vous, en tant qu’hébéïens, mais je ne t’en veux pas à toi en tant que personne. Alors jeune garçon, si tu dois me haïr, haït moi en tant que chevalier d’Athéna, mais pas en tant qu’homme qui essaie aujourd’hui de stabiliser la paix auprès des tiens. "
Apodis défait de son ceinturon une bourse de laquelle il sort six sacres :
Apodis - " Voici de quoi te nourrir en plus des rationnements. Les marchands commencent à nouveau à être ravitaillés par voix maritimes. Achète-toi des épices et du poisson frais. Demain tu viendras me trouver sur le port. Si tu le veux, je te ferai travailler afin que tu gagnes ta vie et que tu puisses vivre en tant qu’homme et non survivre en tant qu’enfant. "
L’enfant empoigne bien fort la monnaie dans ses mains et répond d’un hochement de tête, avant de rentrer dans sa grande chaumière vide de toute famille.
Apodis l’observe rentrer seul sans cacher son désarroi. Le voisinage rentre tour à tour, laissant seul Apodis qui garde les yeux rivés sur cette porte.

Le chevalier de bronze attend de ne ressentir plus que la présence de Juventas, avant de reprendre la parole tout en lui tournant le dos :
Apodis - " Juventas, j’ai appris que l’Alcide du Lion de Némée n’était autre que ton époux. J’ai eu l’occasion de l’affronter brièvement, lors de votre tentative d’invasion. Sache qu’il a été le plus puissant et le plus respectable des adversaires qu’il m’a été donné d’affronter. "
De sous le masque de Juventas, s’écoulent quelques larmes :
Juventas - " « Ma belle, ce dernier soupire t’est destiné. Ne m’en veux pas, j’ai combattu jusqu’au bout, gardant à l’esprit ton amour et les éclats de rires de notre petite fille. Bats-toi pour elle, pour vous, pour nos rêves. Je t’aime mon amour… ». Ce sont les mots qu’il m’a adressé avant de rendre son dernier souffle dans la maison du Taureau. "
Toujours dos à elle, le chevalier de bronze reprend la direction du temple d’Héraclès :
Apodis - " Le sourire de mon fils, les paroles pleines de sagesse de ma mère, voilà ce qu’ils m’ont laissé en souvenirs. Pas de mots d’adieu, eux ils ne prévoyaient pas de mourir ce jour là… "

Canada, région de Nunavut, ville d’Arviat :

Arrivé à la baie de Baffin, Kassa relâche Bian qui le fustige du regard.
En venant jusqu’ici à la vitesse de la lumière, Kassa a déployé un cosmos qu’il a volontairement caché à Bian depuis leur rencontre :
Bian - " Alors depuis le début tu m’as menti ? Ton histoire, ton passé, tout cela n’était que mensonge ? "
Kassa se retourne et balbutie avec timidité :
Kassa - " Absolument pas, je ne t’ai rien caché à ce sujet. Les brimades, les coups… Rien n’a été inventé. Lorsque le chef des Généraux de Poséidon est venu pour me proposer de nettoyer la planète de ces êtres malfaisants qui faisaient qu’il y aurait toujours des malheureux et des opprimés, tels que moi, j’ai immédiatement su que me vouer corps et âme à sa majesté Poséidon était une chance. "
En disant cela, quelques icebergs sombrent dans l’eau, tandis qu’émerge la Scale des Limnades qui se désunie pour former sur le corps de Kassa une protection orangée aux reflets dorés.
Bien que couvert de son armure, Kassa continue d’observer la baie et arbore de plus en plus un sourire de satisfaction, car petit à petit jaillit une seconde Scale, celle du Cheval des Mers.
Bian, regarde les écailles avec beaucoup de curiosité et croit comprendre ce qu’on attend de lui :
Bian - " Poséidon veut que je lui prête serment n’est-ce pas ? "
Kassa - " Il désire simplement que tu crois en sa promesse, la promesse du roi des mers, du Dieu des Océans. Celle où il jure de laver le monde de l’impureté humaine et de créer une nouvelle ère, où l’homme vivra dans l’amour et la paix. "
Devant la manifestation de pouvoir de Kassa, Bian comprend :
Bian - " Après l’explosion qui a ravagé notre chalet, Vasiliás semblait ne pas comprendre ma colère envers lui. C’est toi qui a pris son apparence grâce à ta cosmo énergie n’est-ce pas ? C’est toi qui a séduit Dolly en te faisant passer pour lui pas vrai ? "
Kassa - " Je voulais simplement que tu ouvres les yeux, sur l’influence que cet homme avait sur toi. Il se servait de toi. Il connaissait tes capacités, mais a toujours préféré jouer le bon professeur et brider tes forces réelles, pour pouvoir se jouer de toi à tout moment et rester le mieux vu des deux. La preuve, Dolly ne rêvait que de lui et, par dépit, elle patientait gentiment avec toi. Ta sœur, elle, a préféré te traiter de menteur, plutôt que de fuir à tes côtés. "

Bian reste perdu un instant. Les images de sa sœur et de sa petite amie parcourent son esprit :
Bian - " Ariel… Dolly… Vous avez suivi la voie d’un fidèle d’un autre dieu, vous avez été victimes des erreurs de cette déesse, en laquelle croit Vasiliás… Athéna n’a rien fait pour empêcher les forces démoniaques de resurgir sur Terre. Pire, elles ont toujours été présentes et elle n’a jamais su les chasser. Aujourd’hui vous avez perdu la vie en raison de son incapacité… "
Il relève la tête et, malgré ses plaies, il serre le poing en regardant avec fierté la Scale qui lui est offerte :
Bian - " Je jure de conduire Poséidon à la victoire, car je crois en ses idéaux. Viens à moi Scale du Cheval des Mers et ensemble assurons-nous que Poséidon puisse réaliser ses promesses ! "

Immédiatement, Bian se voit revêtu des écailles dans lesquelles il trouvera la mort quelques mois plus tard, suite à son combat contre Seiya de Pégase.
La vie insufflée à sa Scale entre en harmonie avec son être et stoppe instantanément ses nombreuses hémorragies.

Kassa vient poser sa main sur l’épaule de son allié :
Kassa - " Félicitations. Le fait que les écailles du Cheval des Mers aient reconnu en toi le potentiel et la puissance qui te rendent apte à devenir Général fait de toi mon frère d’arme, le gardien de l’océan Pacifique Nord. "
Fier de son nouveau statut, Bian se retourne vers Kassa :
Bian - " Et maintenant ? "
Kassa - " Le sanctuaire sous-marin de Poséidon est accessible depuis la surface, par plusieurs points de passages maritimes. Il se trouve que la baie de Baffin en est un. Donne-moi la main et accroît ta cosmo énergie à son paroxysme pour surmonter la pression de l’eau ! "
Kassa saisit le bras de Bian cependant le nouveau Marinas refuse de se laisser guider ainsi :
Kassa - " Quelque chose ne va pas ? "
Bian - " Nous ne sommes pas seuls. "

Après cette annonce, Kassa grimace en remarquant son étourdissement :
Kassa - " Effectivement, je n’avais pas constaté que l’Ophiuchus Noir joue les curieuses. "
Démasquée, la femme chevalier noire sort de derrière le glacier où elle était cachée :
Ankoku Ophiuchus - " J’ai laissé le Gémeaux Noir, le plus puissant des Seigneurs Noirs, face à Vasiliás pour ne pas le gêner. Il va nous ramener en grâce aux yeux du Pope. Toutefois, si je ramène également la tête de deux Marinas, même Athéna se joindra à son représentant pour nous réhabiliter. "
Kassa prend les devants en se tenant en position :
Kassa - " C’est ce que nous allons voir : Salamander… "
Il est stoppé par Bian qui se manifeste devant lui :
Bian - " Laisse-moi essayer ma Scale : Rising Billows ! "
Ankoku Ophiuchus n’a pas le temps de broncher, elle est immédiatement repoussée dans la baie par le cosmos de l’Hippocampe et, une fois dans l’eau, est écrasée par la pression provoquée par sa chute dans les profondeurs abyssales.
A l’inverse de l’arcane que subira Seiya dans quelques mois où il sera écrasé par la pression exercée par sa remontée à la surface, cette fois-ci l’ennemie du Marinas est broyée dans sa chute. Ses poumons sont comprimés, l’air lui manque, ses yeux sont révulsés…

Sur le rivage, Kassa est étonné :
Kassa - " Alors tu avais une autre attaque que le Souffle Divin ? "
Bian - " Je me suis entraîné durant des mois à développer le Rising Billows pour être à la hauteur de Vasiliás. Désormais cette technique je la baptise les « Lames de Fond du Pacifique » en hommage à l’océan, dont je suis dorénavant le gardien. "
Kassa - " Bien. Gagnons le sanctuaire sous-marin à présent ! "
Bian - " Pas encore. Pas tant que les Lames de Fond du Pacifique ne se seront pas confrontées à Vasiliás ! "

Sur l’île d’Yíaros : 

En direction du nord, sur le chemin du Parthénos, le temple d’Hébé, vêtu de sa Cloth de Cassiopée, Anikeï avance en tirant un char.
Ce temple grec aux portes en chêne massif, bardées de pics métalliques de haut en bas et de long en large, est taillé en parti dans la roche. Ses colonnes doriques, ses multiples étages et ses sols de marbre, donnent un aspect de forteresse imprenable.
A proximité de la porte, l’ukrainien s’égosille en hurlant :
Anikeï - " Sur ordre de sa majesté le Grand Pope, je demande à m’entretenir avec la déesse Hébé ! "
Le svelte slave d’un mètre soixante-douze n’obtient guère de réponse, même après avoir crié à pleins poumons la même phrase une bonne dizaine de fois.

Plus bas, par le bras d’eau qui relie au sud le port, à l’encablure entre la forêt et la montagne au nord est et qui bifurque par le palais royal, dans une barque, couvert de sa Cloth du Toucan, Taishi rame avec discrétion jusque dans les catacombes.

Dans le palais, la quinzaine de soldats d’Hébé ayant survécu à l’invasion est en alerte. Depuis la ratification du traité de paix, c’est la première fois qu’un chevalier d’Athéna demande d’entrer.
Bien que cette initiative soit trop peu discrète pour annoncer une tentative d’assassinat de la déesse, rien n’est plus prudent que de rester sur ses gardes.
Œdipe, le fidèle Alcide d’Hébé qui communique par télépathie, conseille à sa majesté de renvoyer le chevalier puisqu’il bafoue le traité qui interdit toute présence athénienne au palais.
Acis, le grand cardinal religieux de l’île, s’est battu pour cette clause lors du grand rassemblement, après l’introduction des athéniens au cœur de l’île. Œdipe refuse d’y faire l’impasse.
Plus calme, Hébé précise :
Hébé - " Ce chevalier veut juste s’entretenir avec moi et non pénétrer dans l’enceinte du temple. "
Rien n’y fait, Œdipe s’y oppose fermement :
Œdipe - " Nos effectifs ne sont même pas comparables aux leurs, pour organiser une rencontre quelle qu’elle soit à l’intérieur ou en dehors de votre temple. Dans ce cas, j’irai m’entretenir moi-même avec ce chevalier, puisqu’il refuse de quitter ce lieu. "
Œdipe traverse péniblement le palais impérial, accompagné de quelques hommes…

Depuis les catacombes, Taishi s’est engouffré dans la demeure d’Hébé en longeant les murs.
Il remonte d’étages en étages, en utilisant les grands escaliers taillés dans la roche il y a des milliers d’années.
Une fois au niveau de celui d’Hébé, il visite chacune des pièces reliées par un couloir et séparées les unes des autres par de grands rideaux azurs.
C’est seulement une fois arrivé au bout du couloir que Taishi débouche sur un grand hall surplombé d’une immense tribune.
En haut de celle-ci, calme et raisonnée, la majestueuse déité, Hébé, dans sa longue robe rose en satin, la mine apaisée, fixe avec insistance le Saint du Toucan, comme si elle attendait sa venue.

Dehors, à l’entrée du palais, Anikeï continue à hurler son souhait de rencontrer la déesse Hébé.
Les grandes portes s’entrouvrent à peine, afin de laisser sortir deux soldats ainsi que l’Alcide au physique ignoble, Œdipe.
Dépourvu de tous ses sens, Œdipe utilise son cosmos pour communiquer avec le Saint :
Œdipe - " Que veux-tu chevalier ? "
Anikeï - " Je pensais avoir été clair ! Sur ordre de notre majesté le Grand Pope, il m’incombe de rencontrer ta déesse… "

A l’intérieur, Hébé déclare d’un ton impérial :
Hébé - " Je t’attendais Saint d’Athéna ! "
Cette annonce tétanise totalement le japonais. Il refuse néanmoins d’afficher son intimidation et déclare sèchement :
Taishi - " Hébé, je me prénomme Taishi Saint de bronze du Toucan. Je me présente face à vous tel un messager. Notre Grand Pope souhaite vous délivrer un message… "

A l’extérieur, les deux soldats hébéïens font le tour du chariot qu’Anikeï a conduit avec lui.
Ils défont la bâche et découvrent des amphores remplies de vin.
Anikeï - " Mon seigneur est soucieux du confort de votre déesse et préfère s’assurer qu’elle ne manque de rien en lui témoignant son respect via ce précieux présent… "

Dans la chambre d’Hébé, celle-ci s’insurge :
Hébé - " Après des mois d’enfermement voici qu’il ose prendre contact avec moi ! "
Taishi ne bronche pas face à l’éclat de voix de son interlocutrice. Il attend qu’elle reprenne son calme.
Une fois son indignation dissipée, elle renoue le contact :
Hébé - " Et bien chevalier de bronze, annonce-moi le contenu de ce message, ne me fait pas plus attendre ! "
Taishi tend son poing droit en direction d’Hébé…

A l’entrée du palais, les soldats déchargent la cargaison amenée par Anikeï, tandis que celui-ci reste à côté de sa charrette, en compagnie d’Œdipe qui reste dubitatif :
Œdipe - " Tant de raffut pour de la boisson ! Je pensais que les chevaliers avaient des missions bien plus importantes que cela. "
Anikeï - " C’est le cas Alcide, ça l’a toujours été. "
Devant l’arrogance des propos du Saint de Cassiopée, Œdipe concentre davantage sa cosmo énergie, au point de détecter dans la chambre du trône, une présence auprès de sa déesse.
Sa voix retentit dans l’atmosphère, avant que son enveloppe charnelle ne se désintègre au gré du vent :
Œdipe - " Une diversion ! J’aurai dû m’en douter ! "

Face à la déesse, Taishi tourne son poing fermé en direction du plafond, puis le desserre enfin afin de laisser libre à la vue d’Hébé le ruban rouge d’Iphiclès :
Taishi - " Les mots de mon altesse furent bien simples : « donne ce ruban à la déesse Hébé et dis-lui que le passé ne peut être oublié et que le chagrin ronge les amis d’antan ». Il m’a dit qu’accompagné de ce ruban, vous comprendriez son message. "

Soudain, le cosmos doré de la déesse immobilise le Saint et entoure sa main afin d’en extraire le morceau de tissu. Celui-ci vogue dans les airs, jusqu’à parvenir dans les paumes de main de la douce réincarnation qui fond en sanglot. Saga, sa jeunesse passée à ses côtés, son amour aujourd’hui impossible pour lui…
Taishi est pantois, face à la réaction de cette sublime jeune femme, au corps fin et aux courbes magnifiques.
Subitement, une hideuse silhouette apparaît devant lui. Le fidèle Œdipe Alcide des Oiseaux du Lac Stymphale s’est téléporté devant l’intrus afin de lui barrer la route.
Entre deux larmes, Hébé déclare :
Hébé - " Ca ira Œdipe, mon hôte allait justement quitter les lieux. Appelle donc quelques hommes, afin de le raccompagner par là où il est venu. "
Aussitôt, Taishi s’incline et fait demi-tour.
Dans la chambre impériale, Œdipe perçoit la tristesse qui émane de sa déesse mais ne peut intervenir sous peine de manquer de respect envers celle-ci.

Canada, région de Nunavut, ville d’Arviat : 

A l’est, au milieu du désert provoqué par le Gémeaux Noir, celui-ci est en mauvaise posture.
Bien qu’il traîne la jambe, Vasiliás a repris l’avantage. Le roi lion qu’arbore sa cosmo énergie dévore le chevalier noir petit à petit est fini par avoir raison de lui dans un ultime assaut :
Vasiliás - " Heart Break Canon ! "
Le lion aux ailes d’ange et aux cornes démoniaques ne fait qu’une bouchée de l’Ankoku Saint dont le plastron vole en éclat sous le choc. Il retombe sur le dos, agonisant, se cramponnant de douleur, après que son cœur ait été délogé par le Canon d’Interruption Cardiaque.

Vainqueur, Vasiliás s’effondre à genoux en frappant des deux poings le sol de rage. La roche se fissure tout autour de lui tandis qu’il libère enfin ses larmes :
Vasiliás - " Ariel… Ariel ! "
Le silence de mort est brisé par l’approche des sirènes des secours, ainsi que par les râles d’un autre survivant qui poussent l’américain à puiser dans ses dernières forces pour venir le trouver :
Vasiliás - " Maître ? Vous avez survécu ! "
Entre deux quintes de toux, durant lesquelles il s’étouffe dans son sang, le Saint de bronze de l’Horloge sent l’approche de son élève et sourit. Les yeux arrachés par l’Ankoku Comet du Gémeaux Noir, Klok s’exaspère de ne pas pouvoir admirer une dernière fois le visage devenu adulte de celui qui fut son élève :
Klok - " Ah… Vasiliás… Mon brave Vasiliás… Je suis tellement désolé… "
Malgré les mauvaises intentions de son ex-professeur, Vasiliás lui soulève la tête et lui voue un profond respect :
Vasiliás - " Maître… Economisez-vous, je vais vous faire soigner… "
Klok - " Il… Il est trop tard… Je regrette simplement de ne pas pouvoir regarder, à quel point le petit garçon que j’ai élevé a grandi. Les cheveux courts ça te va bien finalement… "
En faisant référence à la chevelure mi-longue et bouclée de Vasiliás durant son enfance, les deux hommes échangent un rire complice qui leur fait mal aux côtes après tous les heurts qu’ont subit leurs corps.
Klok - " Je suis heureux Vasiliás, heureux que tu sois devenu l’homme valeureux que j’ai vu combattre aujourd’hui. Heureux que malgré ta cavale tu as gardé tes principes, que tu sois resté honnête et sincère. "
Vasiliás - " S’il en est toujours ainsi maître, c’est à vous que je le dois. J’ai tenu la promesse que vous m’aviez demandé de faire, celle d’aller jusqu’au bout de mes rêves pour le bien-être de cette planète, même si cela devait m’attirer les foudres du Sanctuaire. "
Klok - " Ou plutôt les foudres du Pope. Vasiliás, je dois t’avouer quelque chose. Ces dernières années, les actes du Pope, se sont avérés de plus en plus maléfiques et le fait qu’Athéna ne se montre qu’au Pope a conduit certains chevaliers à douter de l’intégrité de cet homme. Le fait qu’il promette à des chevaliers noirs de revenir en grâce m’a également mis la puce à l’oreille. Si aujourd’hui j’ai cherché à réaliser cette mission, c’était pour m’assurer que les engagements que tu avais pris étant enfant étaient toujours d’actualités, je voulais avoir la garantie que le roi tiendrait sa promesse, grâce à sa force et à sa droiture. Le Sanctuaire d’Athéna n’est plus ce qu’il était. Seuls des êtres comme toi, peuvent ramener la paix dans le monde. Même si j’ai toujours été contre la prise des pleins pouvoirs d’une seule personne sur le monde, je meurs en étant convaincu que tu es celui qui parviendra à éradiquer le mal qui nous ronge… "
Le souffle de Klok est maintenant bien trop court pour qu’il puisse encore en dire long, il donne ses derniers mots en même temps que ces derniers soupirs :
Klok - " Je sais que tu honoreras ta promesse… Je te remercie pour tout ce que tu m’as apporté, dans ma vie de soldat et dans ma vie d’homme… Je t’aime comme un fils et dans tout l’enfer je ferai entendre ta loi, mon cher disciple, mon guide… Mon roi… "
Le cosmos doré de Vasiliás entoure le néerlandais pour l’accompagner sans souffrances jusqu’aux portes de l’autre monde, lui arrachant à l’occasion de nouvelles larmes.
Son aura royale l’aide à se relever et se déploie encore et encore jusqu’à écarter les nuages qui couvrent encore le ciel après l’invocation de la Comète Noir d’Ankoku Gemini.

Les sourcils froncés, le regard convaincu et les poings serrés, Vasiliás observe la dépouille de son mentor :
Vasiliás - " Maître, je renouvelle ma promesse devant votre corps à vous, chevalier de bronze de l’Horloge. Je jure de vouer mon cosmos à la conquête du monde, que cela soit seul ou sous l’égide d’un dieu aux ambitions aussi bienveillantes que les miennes pour l’humanité… "

Une voix plus que familière sort Vasiliás de sa majesté :
Bian - " Es-tu bien sûr de toi espèce de traître ? "
Vasiliás se retourne et est ébloui par les rayons solaires qui se reflètent sur les écailles de Bian.
En posant ses mains devant ses yeux, il demande :
Vasiliás - " Bian ? Est-ce toi ? Dieu merci, mon ami, tu as réussi à t’en sortir ! "
A mesure que ses yeux s’habituent à l’éclat du soleil, le visage de Vasiliás se décompose :
Vasiliás - " Bian ? Mais tu es… Tu portes… "

Kassa jaillit de derrière le Cheval des Mers en gloussant :
Kassa - " Tu devrais voir ta tête mon pauvre. Oui, Bian est un Marinas, il a juré fidélité à Poséidon. "
Vasiliás est déconcerté :
Vasiliás - " Bian, mon frère, je te savais adepte des idéaux du Dieu des Mers, mais de là à te laisser enrôler dans son armée… "
Bian interrompe son ancien camarade :
Bian - " Silence ! Tes paroles empoisonnées ne viendront plus porter en moi le doute. Après que tu m’ais volé les femmes de ma vie, tu as été abandonné par les dieux, même ta chère Athéna s’est retournée contre toi. Sans parler de ton professeur. Tout ceux qui t’entourent finissent par être contaminés par le venin que tu libères. Heureusement, j’ai su ouvrir les yeux à temps et m’émanciper de tes aberrations. "
Vasiliás est consterné. Les paumes de mains ouvertes vers le ciel, bouche bé, faisant un signe négatif de la tête il cherche des réponses :
Vasiliás - " Bian… J’aimerai comprendre… "
Hélas, le Général passe à l’attaque. Il arrive devant Vasiliás et le cogne, en pleine poitrine, d’un coup de poing chargé de sa cosmo énergie.
Vasiliás se plie de douleur et a à peine le temps de relever la tête que déjà le poing de Bian s’abat sur son visage et lui éclate son arcade sourcilière, encore intacte après ses précédents combats.
Le Marinas choisit de l’achever en invoquant son arcane :
Bian - " Que le Souffle Divin t’emporte : God Breath ! "
La rafale infernale invoquée par Bian est miraculeusement contenue par Vasiliás qui repousse le vent vers son agresseur en faisant front uniquement grâce à son cosmos et à la force de ses mains.

Au bout de plusieurs secondes, les pieds du Cheval des Mers se soulèvent et son corps est soufflé comme un fétu de paille jusqu’à Kassa.
Le portugais choisit de prendre la relève en s’avançant d’un pas, cependant Bian lui agrippe aussitôt la jambe :
Bian - " Non Kassa ! Il est à moi, à moi seul tu entends ! "

Vasiliás commence à pâlir, ses sens le quittent et ses hémorragies ne cessent de l’affaiblir.
Il essaie une ultime fois de calmer son ancien colocataire :
Vasiliás - " Sois raisonnable. Je connais ta technique de a à z. Nous l’avons travaillé ensemble. Tu ne pourras pas me tuer avec ça. "
Bian - " Qu’importe ! J’ai une autre carte à mon jeu ! Je savais bien qu’aussi naïf que je pouvais être, tôt ou tard, j’aurai à choisir un camp qui me séparerait de toi. Les Lames de Fond du Pacifique te terrasseront ! "

Vasiliás grimace, en plus de la douleur, il sent une profonde déchirure dans son cœur en se faisant une raison. Il n’a plus le choix à présent, son cosmos doré doit briller une dernière fois, en ce jour funeste.
Vasiliás - " Tu ne me laisses pas le choix Bian ! "

Le canadien fait de même, dessinant ainsi un hippocampe derrière lui. De ses mains jaillissent des vagues impressionnantes qui menacent d’engloutir Vasiliás qui ne ressemble à rien d’autre qu’à un insecte face aux déferlantes.
Bian - " La pression de l’eau va te broyer les os : Rising Billows ! "
En effet, les lames frappent de plein fouet le jeune homme, désormais prisonnier de l’eau. Ayant perdu connaissance, seul son esprit s’active encore et ressasse les souvenirs qu’il lui reste de son maître, comme cette promesse qu’il a renouvelé il y a à peine cinq minutes.

Instantanément, sa cosmo énergie crée autour de lui une barrière de protection qui le sort de l’écume et lui permet de puiser dans les dernières ressources qu’il lui reste le poing en avant.
Ressemblant à ce lion qu’arbore habituellement sa cosmo énergie lorsqu’il invoque le Canon d’Interruption Cardiaque, il fonce, les yeux fermés, à peine conscient, sur Bian en hurlant :
Vasiliás - " Non je ne peux pas mourir ! J’ai une promesse à tenir ! "

Resté en retrait jusque là, Kassa constate que l’opposition cosmique entre Bian et Vasiliás commence à tourner en l’avantage de l’exilé du Sanctuaire.
Kassa apparaît derrière son frère d’arme, pour faire peser la balance en son avantage en dégageant son plus terrible arcane :
Kassa - " Salamander Shock ! "
Deux auras cosmiques s’entremêlent pour contrer l’avancée de Vasiliás qui atteint son but non sans voir son corps subir de multiples heurts :
Vasiliás - " Heart Break Canon ! "
Le poing de Vasiliás passe à travers les deux cosmos ennemis et, amoindri, cogne le plastron de Bian, repoussé aussitôt dans les airs en compagnie de Kassa.
 

La tension énergétique se dissipe dans les airs, tandis que Vasiliás s’échoue sans vie dans ce désert chaotique qui résulte des nombreux affrontements de la journée.

Kassa se relève en premier.
Le choc a été si vigoureux que le fait d’avoir été placé derrière Bian lui vaut de voir sa Scale se fissurer à hauteur de la poitrine et dans le dos. Il se cramponne le cœur de douleur, tout comme Bian qui se redresse difficilement :
Bian - " Extraordinaire, nous n’avons subi que le contrecoup du Heart Break Canon. Heureusement, puisque nos cosmos conjugués, ont réussi à diminuer la force d’impact de cette technique. Pourtant, mes écailles sont émiettées et je ressens une importante douleur au cœur. Il faudra à présent que je veille à créer une technique défensive, pour que plus jamais mon armure ne soit abîmée. "
Kassa surenchérit :
Kassa - " Cet homme aura vraiment été un adversaire incroyable. Certainement le plus puissant de tous ceux que j’ai rencontré à présent. Même un chevalier d’or ne pourrait pas causer autant de dommage à deux Marinas à la fois. "
L’admiration que loue Kassa à Vasiliás provoque le mécontentement de Bian qui en a assez des louanges pour celui qu’il a fini par considérer comme un rival :
Bian - " Il est fébrile, laissons-le mourir d’épuisement. Sa souffrance n’en sera que plus grande. "
Kassa rassemble une dernière fois ses forces :
Kassa - " Tu as bien raison. Néanmoins il est plus prudent de lui porter maintenant le coup de grâce. Le Choc de la Salamandre va l’accompagner en enfer : Salamander Shock ! "
La cosmo énergie du portugais crée un énorme monstre marin qui s’abat sur la dépouille, créant ainsi une énorme explosion.

Bian, passe sa main devant la fumée qui vient d’être soulevé par la détonation et constate qu’en lieu et place de Vasiliás il ne reste désormais plus qu’un cratère.
L’espace d’une seconde, son visage démontre une certaine affliction à l’idée d’avoir perdu celui qu’il a considéré comme un frère durant tant d’années.

Lorsque Kassa choisit de quitter les lieux, Bian dissimule son chagrin par un sourire en coin, puis ensemble, ils disparaissent à une vitesse approchant celle de la lumière en direction de la baie.

Sur l’île d’Yíaros, au sud :

La nuit est tombée bien tard aujourd’hui selon Apodis, signe que les journées lui semblent longues et interminables.
Tandis que les gardes et les autres Saints se promènent dans les villages de l’île afin de veiller que le couvre feu soit respecté, Apodis se tient debout, sur la plage, les yeux rivés vers les étoiles, les bras le long du corps.
Son visage habituellement resplendissant de beauté et de confiance est défiguré par une profonde mélancolie. Les bandelettes de papiers qui partent de ses mains et remontent jusqu’à ses coudes pour protéger ses avant bras sont presque arrachées. Sa tunique turquoise qui s’arrête à hauteur de ses cuisses et qui est ceinturée par une lanière de cuir au niveau de la taille est craquée de toute part. Son pantalon couleur sable qui descend jusque dans ses spartiates ficelées autour des tibias est couvert de gravillons humides.
La couleur sang de ses yeux rouges qui apportent habituellement un élan de compassion dans son regard reflète petit à petit de la folie.
Enfin, dans son poing droit, il concentre tout son cosmos et fixe avec cruauté sa constellation protectrice, en direction de laquelle il décoche toute sa haine, en déclenchant son arcane le plus puissant :
Apodis - " Frantic Fury ! "
De son poing, tel un éclair, jaillit un Oiseau de Paradis qui fonce vers les cieux et disparaît dans l’atmosphère après avoir parcouru plus d’un millier de kilomètres.
En observant son effluve cosmique disparaître dans les airs, sans parvenir jusqu’aux étoiles, Apodis s’effondre à genoux, dans le sable humidifié par le ressac des vagues.
Des larmes noient ses yeux sanguinaires. Ils lui flouent la vue, l’empêchant de distinguer de petits pas laissés sur le sol.

Il s’agit de traces de pieds. Des pieds fins qui approchent du Saint de bronze, des pieds conduits par de longues jambes, en haut desquelles s’agitent au gré de la fine brise une robe couleur grenat par-dessous laquelle un short moulant cache l’intimité de l’intruse. Celle-ci se frotte les bras jusqu’en haut des épaules, là où se termine sa robe, afin de se réchauffer de la fraîcheur de la nuit tombée. La brise monte et devient un vent plus violent qui balaie maintenant ses cheveux couleur taupe qui s’agitent devant son masque à l’allure horrible.
Ce vent résulte du cosmos d’Apodis qui ne cesse de croître et de devenir sombre. Lorsqu’il se redresse à nouveau, pour frapper en direction de sa constellation, son poing est saisie en plein mouvement par l’inconnue, qui, tout en gardant son poing bloqué dans la paume de sa main, passe par-dessus lui et le propulse en direction de la mer.
Apodis, désarçonné, s’écrase la tête la première dans les vaguelettes. Il en ressort aussitôt furieux, le poing en avant :
Apodis - " Toi ! Comment oses-tu ? "
La femme recoiffe les cheveux qui passent devant son masque sans répondre, laissant le temps à Apodis d’énoncer ses craintes :
Apodis - " Je me doutais bien qu’un des trois derniers Alcides profiterait que nous soyons seuls, nous autres chevaliers, pour nous attaquer par surprise ! Mais que cela vienne de toi Juventas, je ne l’aurai pas cru ! "
La belle Juventas avance jusqu’au bord de l’eau dans laquelle baigne encore Apodis sans rien dire. Elle s’arrête dès que l’eau commence à lui caresser les pieds et lève la tête au ciel, pour observer la constellation de l’Oiseau de Paradis :
Juventas - " Il n’y a que les dieux qui peuvent frapper les étoiles. La seule chose que peut faire un homme, c’est de les éteindre en éliminant le chevalier protégé par la constellation qui le représente. "
Apodis - " Moi j’y arriverai, je les frapperai, je les anéantirai. "
Juventas - " Pourquoi tant de haine envers tes étoiles ? "
Apodis - "  Car elles sont maudites. J’ai beau avoir prié face à elles, les avoir fait briller de mille feux en embrasant mon cosmos… Jamais… Jamais elles n’ont réalisé le seul vœu que je leur ai formulé, protéger ma famille quoi qu’il arrive. Elles ne méritent pas le nom « d’étoiles protectrices » ! "
Juventas, d’un air hébété, déclare :
Juventas - " Ah oui ? "
Elle passe ses mains derrière son dos et fait volte face pour regagner le centre de la plage, là où se déroulent les constructions du port, laissant ainsi Apodis revenir seul jusqu’au rivage.
Cette attitude agace le Saint :
Apodis - " Qu’entends-tu par là ? "

La jeune femme poursuit sa route en l’ignorant, ce qui pousse Apodis dans ses derniers retranchements. Il fonce sur elle le genou gauche en avant.
Celle-ci l’évite en pivotant sur le côté et lui décoche un violent coup de poing dans la tempe, à la vitesse de la lumière. Apodis est sonné et peine à tenir sur ses jambes. Juventas reprend enfin la parole :
Juventas - " Combien de fois as-tu frôlé la mort chevalier ? "
Apodis se ressaisit et tente à nouveau de porter un coup de pied, au visage de l’Alcide. Cette fois-ci elle le pare et profite que le Saint ne tienne que sur une jambe pour la lui balayer avec la sienne et le faire retomber lourdement sur le dos.
Juventas - " Combien de fois as-tu perdu connaissance avant de reprendre courage ? De te relever ? D’attaquer et de gagner ? "
Furieux d’être à terre, Apodis se redresse aussitôt et décoche une droite, face à laquelle elle s’agenouille. Elle répond par un uppercut qui le projette jusque dans les troncs d’arbres coupés qu’utilisent les ouvriers pour la reconstruction des embarcadères.
Juventas - " Ta constellation ne t’a jamais abandonné sur le champ de bataille ! Elle t’a toujours rempli le cœur de courage, toi, le chevalier qu’elle doit protéger ! Ne rejette pas la faute des autres sur ceux qui ne le méritent pas ! Ta constellation t’a toujours suivi, mais elle ne peut être maître du destin. C’est le destin qui a voulu que tu perdes ceux qui te sont chers. Alors cesse de croire que tu es le seul à avoir souffert de cette guerre ! "
Apodis jaillit depuis le tas de bois où il a été envoyé avec un regard furieux. Les veines sur tout son corps ressortent et ses yeux rouges sont révulsés. A force d’être contractés, l’ensemble de ses muscles gonfle, tandis que derrière lui l’effluve de sa cosmo énergie dessine un Oiseau de Paradis qui déploie ses ailes.
Maîtrisant le septième sens, Juventas ne parvient pourtant pas à discerner le mouvement d’Apodis qui apparaît face à elle à la vitesse de la lumière. Elle ne comprend pas non plus, à quel moment il a eu le temps, de lui décocher un violent crochet du gauche en plein estomac, la forçant à s’affaisser sur le sable. Le heurt de son pied en plein visage, résultant de l’enchaînement du chevalier, elle le voit venir lui, néanmoins, elle est trop affaiblie pour se protéger. Elle est propulsée à son tour dans la mer.
Pris d’une folie assassine, Apodis se jette sur elle, avant qu’elle n’ait eu le temps de sortir de l’eau. De l’échange de leurs assauts, ne ressort qu’une immense vague qui les ramène sur la plage tous les deux.

Juventas est étendue sur le dos, sa robe à moitié arrachée, laissant sa poitrine presque visible, ses bras sont couverts d’hématomes, tandis qu’Apodis se retrouve torse nu, le corps criblés d’égratignures.
Le premier à être debout n’est autre que le sanguinaire chevalier qui titube jusqu’à Juventas. Arrivé devant elle, il s’écroule de fatigue sur le dos, ses yeux reprennent leur mélancolie habituelle et les battements de son cœur se font moins rapides.

A cet instant, la mystérieuse Alcide, veuve d’Iphiclès, se redresse et observe son adversaire du soir :
Juventas - " Quelle que soit la colère que tu éprouves, tu ne peux en vouloir ni à ta constellation, ni à des innocents, ni à toi-même. "
Elle se penche sur le chevalier et lui caresse le visage avec sa main droite :
Juventas - " J’ai aussi perdu beaucoup dans cette bataille. Lorsque tu voudras en parler, n’oublie pas que je suis prête à t’écouter. "
L’Alcide des Juments de Diomède se relève enfin et ramasse plus loin, ses sandales qu’elle avait laissé pour profiter des grains froids du sud de l’île. C’est seulement une fois qu’elle a emprunté le détroit qui relie le port au reste de l’île, qu’Apodis se dégage enfin du sable humide. Il reste assis à contempler les étoiles et plus particulièrement sa constellation. Des larmes coulent encore le long de ses joues, toutefois un sourire sublime son visage :
Apodis - " Netsuai, ma tendre et chère, Sperarus, mon fils, Mujakis, ma précieuse mère… "

Au sommet des montagnes qui bordent le détroit dans lequel s’engage Juventas, le malicieux Philémon observe son camarade Apodis.
Ce petit brun aux cheveux hirsutes entend derrière lui des pas et, sans se retourner, il reconnaît la présence de l’Alcide de la Biche de Cérynie à qui il a brisé le masque de femme chevalier.
Philémon - " Crois-tu que nos deux camps parviendront un jour à se lier d’amitié, comme c’était le cas par le passé ? "
Baucis rejoint Philémon et s’assied à côté de lui. Sa voix étouffée par son masque de femme chevalier déclare :
Baucis - " Jamais de la vie ! Vous nous avez pris une chose qui ne peut être retiré à un être humain, la liberté ! "
Aucun des deux ne tournent sa tête vers l’autre. Philémon, continue de frotter ses pieds nus dans l’herbe fraîche du haut de la montagne en souriant :
Philémon - " C’est dommage. Quand je vois Apodis et Juventas, je me dis que derrière la haine qui les lie, peuvent sommeiller deux personnalités en quête d’amour et d’amitié, afin de reconstruire ce qu’ils ont perdu. "
Baucis sert aussitôt le poing :
Baucis - " La seule chose que j’ai perdu, c’est ma fierté le jour où tu m’as brisé mon masque. "
Philémon sourit sans quitter des yeux Apodis :
Philémon - " Pff… Je ne parlais pas de nous Baucis… "
La demoiselle à peine vêtue et au physique gracieux grommelle dans son coin.

Rempli d’une profonde sympathie pour autrui, Philémon attrape les pieds de Baucis qui, surprise, n’a pas le temps de réagir :
Baucis - " Que fais-tu ? "
Philémon défait les lanières de cuir des spartiates de la jeune femme qui se débat en silence afin de ne pas alerter Apodis.
Finalement, toujours sans la regarder, Philémon parvient à ses fins, il lui colle ses deux pieds nus sur l’herbe fraîche :
Philémon - " Tu m’as l’air sur les nerfs. Profite donc de cette verdure douce comme de la mousse, il n’y a rien de tel pour se relaxer. Fais comme moi. "
Baucis laisse ses pieds figés dans l’herbe sans rien dire, puis au bout de quelques dizaines de secondes, elle les remue enfin.
Constamment les yeux rivés vers l’horizon, Philémon sourit bêtement, fier de l’acte d’amitié qu’il vient d’initier.

Subitement, il reçoit un violent coup de poing derrière le crâne. Crédule, il se retourne vers Baucis qui ne le dévisage pas encore. Celle-ci justifie son acte en annonçant :
Baucis - " C’est nul ! C’est peut-être doux mais ça ne me calme pas ! "
Un sourire encore plus grand que le précédent illumine le visage du jeune grec qui comprend bien que Baucis le remercie à sa façon.
C’est d’ailleurs elle, qui finit par se retourner dans sa direction pour fixer ce visage de petit démon au sourire d’enfant. Elle cramponne son masque de femme chevalier et déclare alors :
Baucis - " Puisque tu l’as vu, je n’ai plus besoin de te le cacher… "
Elle l’ôte et contemple l’horizon à ses côtés, sans même que celui-ci n’essaie de la dévisager.
Ils restent ainsi de longues minutes, en silence, ignorant la présence l’un de l’autre, jusqu’à ce que Philémon déclare :
Philémon - " Quand tu m’as rejoint en haut de la montagne tout à l’heure, était-ce pour me tuer ? "
Baucis - " En effet, cependant je ne m’attendais pas à ce que tu ressentes ma présence. "
Philémon sourit et sans hausser une seule fois le ton, il déclare :
Philémon - " Merci de me prévenir. Au moins je continuerai d’être sur mes gardes. "   
Baucis le regarde encore une fois et rigole elle aussi, avant de poser sa tête sur l’épaule à la peau mate du grec…

Canada, région de Nunavut, ville d’Arviat :

Les gyrophares des secours approchent de plus en plus du lieu du massacre où règnent seuls un champ de poussière, avec au beau milieu une crevasse, ainsi qu’un silence de mort.
Toute la moitié d’un village a été décimée par ce que les médias qualifieront dans quelques heures à la télé et dans les journaux de « défauts d’entretien des installations énergétiques par les services publics. »
Pas d’autres explications possibles que dire d’autre de toute manière. Aucun témoin n’a survécu à cette catastrophe.
Aucun civil du moins. Car une silhouette drapée et encapuchonnée sous un voile blanc approche du trou en arc de cercle qui domine ce chao.

Un courant d’air soulève la capuche et dévoile les cheveux bruns attachés par quelques rubans violets de cette jeune femme marquée d’un tatouage rose en forme de cœur sous l’œil gauche.
La belle se laisse tomber dans le cratère en glissant sur les parois arrondies, afin d’achever sa descente au centre, à trois mètres de profondeurs.
Ses yeux sont rivés sur le sol, jusqu’à ce qu’elle sente un flocon de neige venu des cieux s’échouer sur sa pommette tatouée. Elle dirige alors sa tête en direction du ciel pour admirer les autres flocons qui vont cacher cette terre de misère.
Elle laisse ces morceaux froids, doux comme du coton, lui couvrir le visage quelques instants, lorsqu’elle murmure enfin de sa voix suave marquée par un fort accent slave :
Ksénia - " Maître… Votre plan est en marche… Le dieu Arès m’envoie comme son messager venir chercher son roi… "
L’Ange accorde son attention à la surface terreuse, dans laquelle elle plonge sa main.

Elle en sort un corps souillé par la boue et le sang.
Elle détaille avec insistance l’homme inconscient et désormais nu après que ses vêtements aient été totalement arrachés par les nombreux assauts encaissés.
Passionnée par la ferveur de cet homme et ce qu’il représente dans les projets de son maître, elle constate :
Ksénia - " Ton cœur bat encore ! Tu as survécu à tout cela ! Alors mon maître avait raison. Tu es l’homme du destin, celui dont le sort est lié à celui de cette planète, toi le beau et brave Vasiliás. "

Délicatement, les yeux de Vasiliás, clignent. Sans qu’il ait la force de les ouvrir, il reconnaît la voix de cette femme, qu’il a rencontré il y a près de dix ans. Il n’a jamais oublié cette voix douce et cet accent :
Vasiliás - " Ksénia… Ksénia… C’est toi… J’espérais te retrouver depuis tant d’années… Suis-je mort ? M’accompagnes-tu aux portes de la mort, toi l’ange de mes rêves ? Ne me quitte pas… Je t’en prie… "
Ksénia porte dans ses bras, le corps meurtri et prend appui au sol pour s’apprêter à bondir :
Ksénia - " Tu me trouveras à ton réveil. Ne t’en fais pas. Je suis venue t’amener à ton dieu. L’heure de tenir ta promesse est venue. "

Au loin, les secours investissent enfin les lieux. Certains sauveteurs ont sauté de leurs véhicules et se précipitent au pas de course jusqu’au cratère, en espérant y trouver des survivants.
Hélas, les plus proches peuvent uniquement constater s’élever dans les airs ce qui ressemble à un filet lumineux, une étoile provoquée par l’impulsion de Ksénia, qui emporte l

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