2015-02-18



Excellence, la France et la Roumanie vont fêter, le 20 février 2015, 135 ans des relations diplomatiques. Pendant cette période, entre les deux nations et les deux peuples, les relations bilatérales ont été fondées sur l’amitié et la confiance. La Roumanie a toujours reçu  un appui spécial de la part de la France. Vous personnellement, Excellence, vous êtes un pilier dans cet édifice en votre qualité d’Ambassadeur de France en Roumanie. Pourriez-vous nous parler de votre action en tant que chef de la diplomatie française en Roumanie. Est-ce que vous avez de nouveaux projets pour la France et la Roumanie?

Vous avez raison, la France a toujours été aux cotés de la Roumanie, depuis sa création en 1859, pendant la Grande Guerre, dans la révolution de 1989 (le Président Mitterrand a été le premier chef d’Etat à venir à Bucarest), pour son adhésion à l’OTAN et surtout à l’Union européenne.

La France a toujours été un partenaire indéfectible et l’est encore plus aujourd’hui, au sein de l’Union européenne. Nous avons de nombreux défis communs à relever : lutte contre le terrorisme, lutte contre l’exclusion et la pauvreté, les enjeux climatiques, défense de la diversité culturelle. Et bien sûr la question ukrainienne et les relations avec la Russie. Nous devons nous donner les moyens de le faire.

Un nouvel élan vient d’être donné à notre coopération. Je me réjouis que l’offre française d’assistance technique pour le renforcement des capacités administratives de la Roumanie, en vue d’améliorer l’absorption des fonds européens a été très favorablement accueillie par le Président Iohannis. L’absorption des fonds européens est un enjeu essentiel pour la Roumanie et sera le moteur principal de sa croissance économique.

En liaison avec l’agence Expertise France, cette offre d’assistance technique a été élaborée afin de répondre avant tout aux besoins les plus urgents de l’administration roumaine, tant en matière de renforcement des capacités administratives, que de réforme structurelle des politiques publiques, afin d’améliorer les instruments d’une absorption plus efficace.

Le président roumain, M. Klaus Johannis, a effectué une visite  officielle à Paris à l’invitation de M. François Hollande, Président de la République Française. Quelle est la signification de cette visite pour les relations bilatérales et pour le contexte régional et européen ?

Le Président Klaus Iohannis s’est rendu à Paris pour une visite officielle un mois seulement après avoir participé aux côtés du Président français à la Marche républicaine du 11 janvier en hommage aux victimes des attentats commis en France et en soutien de la liberté d’expression. Je tiens à souligner une fois de plus à quel point la France a été sensible à cette manifestation extraordinaire de solidarité.

Les deux Présidents ont eu des échanges très cordiaux et très fructueux. Au cours d’un déjeuner de travail, les deux chefs d’Etat ont évoqué la situation en Ukraine, les relations économiques, l’offre d’assistance technique et d’expertise française pour le renforcement des capacités administratives et l’utilisation des fonds structurels, la lutte contre le terrorisme et la sécurité des frontières, la COP21, les échanges culturels et l’ensemble des relations bilatérales. Le ministre des Affaires étrangères français  M. Laurent Fabius, ainsi que le ministre de l’Economie, M. Emmanuel Macron, ont également participé au déjeuner.

Les échanges commerciaux et la coopération économique entre la France et la Roumanie sont plus prometteurs que jamais. Dans quels secteurs pensez-vous que les gouvernements de nos deux pays devraient insister le plus ?

Il est vrai que nos échanges restent dynamiques (+6% environ sur année flottante, entre novembre 2013 et octobre 2014) et que nos relations bilatérales sont largement favorisées par l’importance des investissements de production français en Roumanie (automobile notamment) et dans les services aux entreprises.

Aujourd’hui, il nous faut axer notre coopération sur des projets structurants pour le développement de la Roumanie : l’énergie – dont la problématique est particulièrement d’actualité avec les évènements en Ukraine, l’efficacité énergétique pour répondre aux objectifs européens énergie-climat d’ici 2030, et bien sûr les infrastructures de transport, mais aussi les réseaux urbains (eau, assainissement).

L’objectif est bien de mobiliser notre offre sur les financements européens et internationaux dont les priorités d’intervention en Roumanie couvrent des domaines d’excellence de l’expertise française, cités plus haut.

Je tiens également à signaler que, pour consolider nos relations économiques et commerciales, notre appareil de soutien à l’internationalisation de l’économie française a évolué au 1er janvier 2015. Dorénavant, nous avons une agence d’Etat unique, nommée Business France, chargée non seulement de favoriser le développement international des entreprises implantées en France – vers la Roumanie en ce qui nous concerne -  mais aussi de valoriser et promouvoir l’attractivité de la France, de ses entreprises et de ses territoires. Elle est présente dans 70 pays et dispose d’un bureau à Bucarest, rattaché à l’ambassade de France. Business France – Roumanie, premier contact d’un investisseur roumain potentiel vers la France, est ainsi un outil de renforcement de notre partenariat stratégique, notamment pour développer l’image de la France dans ce pays.

La France s’est, en effet, engagée dans un certain nombre de réformes pour accroître son attractivité. Mentionnons simplement, en guise d’exemple, la baisse du coût du travail et l’assouplissement de la législation avec, entre autres, le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (déduction de l’impôt sur les sociétés pouvant s’élever à 6% de la masse salariale) ou encore l’incitation à la Recherche et l’Innovation avec le Crédit d’impôt recherche, sans équivalent en Europe, pour soutenir les dépenses en R&D d’une entreprise et favoriser son développement (30% de déduction des dépenses de R&D jusqu’à 100 M € et 5% au-delà).

Excellence, Dacia est une marque prestigieuse pour la collaboration franco-roumaine. Renault a financé un grand projet et les Roumains ont investi dans ce projet leur compétence et des années d’amour pour cette marque. Pensez-vous que la France et la Roumanie pourraient identifier et développer une seconde marque convaincante ?

La réussite de la reprise de Dacia par Renault tient à deux facteurs essentiels, qui ont permis son expansion en Europe et dans le monde : une marque forte et une compétitivité de l’outil industriel et des hommes, qui, conjugués au renouvellement du design et à l’amélioration de la qualité des produits, ont permis à Dacia de se développer hors de son marché domestique et de devenir une référence en Europe, en Afrique du nord et même en Asie. La préservation de ces atouts est essentielle pour poursuivre son expansion sur le marché mondial.

Une telle réussite est-elle reproductible dans un autre secteur économique. Probablement oui, dès lors que les conditions du succès de Dacia s’y rencontrent également, c’est-à-dire une forte tradition industrielle, une compétitivité préservée et des perspectives de développement sur le marché.

La France est le pays avec l’agriculture la plus puissante de l’Union Européenne. Comment pourrait-on renforcer la coopération entre la France et la Roumanie dans le secteur agricole ?

La coopération bilatérale dans le domaine agricole est déjà riche et très développée en termes d’échanges d’expertise et d’expérience. Concernant les priorités d’action identifiées – comme la structuration des filières, la politique de qualité – l’objectif est d’associer davantage les acteurs locaux, dont les organisations professionnelles, pour faciliter la mise en place de projets très concrets au niveau local. Je crois à la force de l’exemple.

Une mention particulière à la coopération en matière d’enseignement agricole qui nécessiterait une nouvelle impulsion, afin d’aboutir à la mise en place d’une formation reconnue de technicien agricole (BAC+2) permettant d’accompagner efficacement le renouvellement des générations dans l’agriculture. Un enjeu fort en Roumanie.

Show more