2016-11-30

En effet, en maintenant une partie des élèves d’origine sociale défavorisée dans un environnement moins propice à la réussite scolaire, l’absence de mixité sociale semble remettre en cause « l’égalité des chances » qui constitue l’un des fondements de l’école républicaine. Au-delà de ces effets sur les résultats scolaires des plus défavorisés, la mixité sociale peut également être un objectif en soi des politiques publiques : une forte mixité sociale à l’école garantit que durant leur scolarité les élèves auront été confrontés à tous les groupes sociaux qui composent la population. On peut en attendre un effet positif sur les relations sociales, la capacité à comprendre les autres et de manière plus générale la qualité des débats démocratiques.

D’un point de vue académique, cette nouvelle question de la « mixité sociale » s’appuie sur une reformulation de problématiques plus anciennes sur la ségrégation scolaire et les stratégies éducatives des familles pour leurs enfants. Au départ, ces questions plutôt traitées par des démographes et des sociologues sont récemment devenues importantes pour les économistes, car elles correspondent à des enjeux en termes d’affectation efficace des ressources publiques afin de « produire de manière efficace » de l’éducation. Cette question se renouvelle également du point de vue méthodologique. D’un point de vue statistique tout d’abord, de nouveaux outils de mesure de la mixité (les indices dits de « ségrégation ») tendent à se diffuser dans des études qui mettent en évidence des différences quant au degré de mixité sociale entre territoires, établissements, classes, secteur (public versus privé), ou dans une perspective d’évaluation des politiques publiques après la mise en place de dispositif local d’affectation des élèves (Affelnet, etc.) (2). De plus, de nouvelles méthodes (testing) au départ utilisées pour mettre en évidence l’existence de discrimination à l’embauche sur le marché du travail ont également été mises en oeuvre pour mesurer la discrimination dans les établissements du secteur privé (3). De ce point de vue, il apparait intéressant de dresser un état des lieux de la mixité sociale à l’école dans ses différentes dimensions et des freins à sa progression. Par ailleurs, la question de savoir dans quelle mesure les investissements dans les politiques de mixité sociale à l’école doivent être complétés par d’autres dispositifs mérite également d’être posée. En effet, de récentes études économétriques visant à décomposer les effets causaux complexes entre origine sociale, aspirations et résultats scolaires suggèrent plutôt la nécessité d’une action ciblée sur les élèves d’origine sociale défavorisée (4).

Dans ce cadre, l’objectif de ce séminaire est de réunir chercheurs et professionnels du secteur éducatif pour présenter et discuter un ensemble de recherches académiques récentes sur la mixité sociale à l’école. De par la thématique abordée, la journée d’étude a une vocation pluridisciplinaire (notamment économie, sociologie et sciences de l’éducation).

Le séminaire cherchera plus particulièrement à éclairer la question des investissements dans les politiques de mixité sociale à l’école : est-il possible d’identifier clairement sur quels territoires ou dans quels types d’établissements il faut investir ? Quelles formes peuvent prendre ces investissements et quels sont leurs coûts ? Dans quelle mesure ces investissements peuvent compléter ou se substituer (parfois de fait) à d’autres politiques d’investissement social (politique d’éducation prioritaire, politiques territoriales, politiques de la ville, etc.) ? Quels retours peut-on en attendre (réussite scolaire, externalités, etc.) ?

Le séminaire est décomposé en deux demi-journées d’étude organisées sur le même modèle 1) une session ou trois articles académiques sont présentés et discutés puis 2) une table ronde réunissant des académiques et des professionnels permettra de faciliter les échanges autour de ces résultats.

1 - Durand et Salles (2015)
2 - Ly et al. (2014), Monso et al. (2015), Fack, et al. (2014) De Saint Albin et al. (2015), Courtioux et Maury (2016).
3 - Du Parquet et al. (2015).
4 - Guyon et Huillery (2016).

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