Il m’aura fallu plusieurs années et la clairvoyance de nos voisins (et amis) Belges pour que Zenith se décide enfin à m’ouvrir ses portes. Merci la Belgique. Merci la Maison DE GREEF. Enfin… ce que je vous dis n’est pas vraiment exact puisque notre ex-Rhabilleur Nicolas avait eu la chance d’y faire un tour en 2011 aux côtés de Jean Fréderic Dufour, ex-President de Zenith et actuel de Rolex (revoir ici).
C’est donc avec un immense plaisir et beaucoup d’humilité que je me suis présenté aux portes de la Manufacture du Locle comme seul et unique représentant français pour ré-apprendre l’histoire de cette très belle Maison et découvrir de mes yeux d’où sortent les El Primero, Elite, Pilot et autres Christophe Colomb que nous vous présentons depuis bien longtemps sur Les Rhabilleurs.
Voici donc un reportage by Les Rhabilleurs, accompagné de photos « home-made » qui, pour la première fois, sera parsemé de commentaires (et photos) de notre fidèle lecteur « Coni » qui a eu l’opportunité de visiter les lieux quelques jours après moi.
Bonne découverte !
Zenith : petit rappel historique
Difficile de résumer les 150 ans d’histoire de Zenith en quelques lignes mais essayons tout de même d’en souligner les grandes lignes.
Zenith est créée par un horloger avant-gardiste Georges Favre-Jacot. Ce dernier ayant pour ambition de réaliser les montres les plus précises et les plus fiables jamais fabriquées. Seul petit (voir gros) problème à cette époque, tous les savoir-faire étaient disséminés dans les villages environnants. Une distance physique rendant difficile son ambition de faire progresser cette mécanique complexe où chaque partie interagit avec sa voisine.
En 1865, ce pionnier fût donc le premier à édifier en Suisse de vastes et lumineux bâtiments qui regroupent l’ensemble des métiers horlogers sous un seul et même toit. Une entreprise couronnées de succès tant la réunion des métiers en un même lieu fait considérablement progresser la technique de production.
La Manufacture Zenith se trouve aujourd’hui encore à l’endroit précis où son fondateur a bâti le premier atelier. Dans la ville du Locle où elle employait à l’époque plus du dixième de la population.
Le 20ème siècle incarne l’époque bénie de la mesure précise du temps réclamée par le foisonnement des nouvelles techniques : l’industrie contrôle ses temps de fabrication, l’automobile prend son essor.
Dès le début du siècle, les différentes armées seront très gourmandes en chronographes techniques : systèmes anti-magnétiques et anti-poussière, échelle télémétrique qui permet de déterminer la distance de l’ennemi et fonction flyback pour les pilotes. Zenith sera la première maison horlogère à produire un chronographe automatique intégré à roue à colonne, le mythique calibre El Primero.
La manufacture du Locle prend définitivement le nom de Zenith en 1911, alors même que s’achèvent les constructions qui donnent au site son caractère unique et exemplaire d’architecture industrielle.
« Comme pour leur montre, tout est beau chez Zénith – on ressent l’esprit soigneux et avant-gardiste de la marque. » – Coni
En 1925, la Maison compte 2000 employés pour concevoir des montres mais également des compteurs de bord qui équipent les moyens de transport : avions, voitures, camions, locomotives…
Une série de mouvements fait alors la gloire de la marque avec le calibre 135, 5011 K et, en 1965, le plus que fameux El Primero (premier chronographe automatique) qui fait son retour en 1984 après la crise du quartz grâce à l’horloger Charles Vermot.
En 2000, Zenith rejoint le groupe LVMH et est propulsé sur le devant de la scène horlogère grâce aux efforts de Jean-Fréderic Dufour.
Zenith : qu’en est-il de nos jours ?
Zenith c’est aujourd’hui environ 40,000 montres produites par an avec un positionnement de prix ayant pour cœur le segment 6000 à 12,000 euros.
Une gamme de prix reflétant la volonté de la marque d’associer savoir-faire industriel et manuel avec une gamme de montres équipées de calibres « Maison ».
Toujours installée dans les lieux qui l’ont vue naître en 1865, la Manufacture Zenith accueille aujourd’hui 80 métiers en son sein, soit pas loin de 250 collaborateurs. Des savoir-faire artistiques aux plus techniques, tous travaillent ensemble sous le même toit comme le voulait Georges Favre-Jacot il y a 150 ans.
« Je me rends compte qu’une grande partie des étapes de réalisation est issue de l’intervention humaine. Autrement dit, les machines sont relayées au second plan… » – Coni
Des plans techniques au dernier polissage, en passant par le prototypage, l’ébauche, l’étampage, la fabrication d’outils, la recherche sur les matériaux, la décoration, l’assemblage ou l’emboîtage, chaque étape est exécutée sur place. A titre d’exemple, la réalisation de certaines montres de la Collection El Primero nécessite en moyenne 9 mois, durant lesquels plus de 2 500 opérations se succèdent entre quelques 300 mains.
« Les horlogers jouent un rôle clé dans l’assemblage, le contrôle et la présentation de ces petits objets qui nous fascinent tous. Tous ces artisans qui ont pour but de nous présenter un produit remarquable me font penser qu’être passionné c’est aussi connaître et reconnaître l’envers du décor…. » – Coni
Perpétuant l’héritage de son fondateur, Zenith a entamé une vaste rénovation des 19 bâtiments de sa Manufacture, qui s’achève en 2015, année de son 150e anniversaire.
Complications horlogères :
De la plus simple à la plus sophistiquée, toute la grande majorité des complications horlogères figure au répertoire de Zenith. La marque dispose d’ailleurs d’un patrimoine de plus de 600 variations de mouvements entièrement conçus et réalisés au sein de sa Manufacture.
A titre d’exemple, en 1910, la Manufacture innovait avec un brevet protégeant le « mécanisme indicateur du développement du ressort-moteur » de ses montres. Ce qui signait les prémices de l’affichage de la réserve de marche.
Plus proche de notre époque, le calibre Elite a été l’un des premiers mouvements élaborés par CAO – conception assistée par ordinateur – et a été plébiscité pour sa finesse, sa précision et sa fiabilité.
Collections :
Les collections Zenith se regroupent autour de 5 grandes familles : El Primero (bien évidemment), Academy (l’expression de l’innovation horlogère), Elite (une gamme élégante au design intemporel), Pilot (l’héritage d’un passé guerrier) et Star (pour ces dames).
« Mon coup de coeur est pour l’ACADEMY Georges Favre-Jacot qui est de loin celle qui m’a le plus impressionné avec sa transmission fusée-chaîne à force constante. Avec son impressionnante ouverture à midi, elle reste très lisible et agréable à regarder. Une finition de haut vol. » – Coni
Je tiens une nouvelle fois à remercier Zenith pour son accueil, Coni pour son enthousiasme et tout particulièrement la Maison De Greef d’avoir rendu tout cela possible. Il est en effet appréciable de savoir que l’on peut compter sur ses voisins plus que sur ses compatriotes.
Quant à moi, je vous laisse pour de nouvelles aventures bien Françaises devant ce magnifique ciel bleu helvétique.
Cet article Inside Zenith : visite d’une Manufacture vieille de 150 ans est apparu en premier sur Les Rhabilleurs.