2015-05-30

« Mon programme, ce sont mes quarante années passées à la FIFA », aime à dire Joseph Blatter le patron de la Fédération internationale de football (FIFA), qui y est entré en 1975 et est au pouvoir depuis 1998. Vendredi 29 mai, le Suisse brigue un cinquième mandat à la tête de la Fédération.

Avec une sérénité que ne semble pas avoir ébranlé le scandale déclenché par les arrestations, mercredi, de plusieurs hauts responsables de la FIFA, dans le cadre d’une vaste affaire de corruption. Jeudi, c’est combatif, agrippé à son pupitre, qu’il a prononcé le discours d’ouverture du Congrès de la FIFA, promouvant « l’unité de la grande famille du football. » Droit dans ses bottes, il s’est défendu en reconnaissant que « certaines actions commises par des individus ont jeté l’opprobre et l’humiliation sur la FIFA » tout en insistant sur le fait qu’il ne pouvait pas « surveiller tout le monde ».

Des paroles qui auront suffi à contenter un public acquis à sa cause. Parmi les délégués des 209 pays membres de l’organisation, dont la FIFA prend en charge les frais de déplacement et d’hébergement pour le congrès, Blatter peut compter ses soutiens, et ils sont nombreux : cinq des six confédérations continentales le plébiscitent. « Tout est bétonné. Le président est élu sur le mode démocratique “une voix – une fédération”, explique un ancien proche du dirigeant sortant. Beaucoup de petites fédérations sont acquises au président en place. »

« Il manipule tout »



L’Afrique, premier continent pourvoyeur de voix à la FIFA Les Décodeurs

Et pour cause, le Suisse a fait perdurer le système mis en place par son prédécesseur Joao Havelange. « Il manipule tout. Son but est de se maintenir au pouvoir, sourit Guido Tognoni, ex-cadre de la FIFA (1984-1995 puis 2001-2003) et ancien conseiller personnel du président. Etre dirigeant de la FIFA, cela signifie faire campagne pendant quatre ans. C’est distribuer des cadeaux, verser de l’argent, faire des faveurs à des amis, punir ceux qui ne suivent pas. » En attestent les 300 000 dollars versés chaque année aux vingt-quatre membres du Comité exécutif de la Fédération et les 2 millions de dollars offerts depuis treize ans aux îles Caïmans, un paradis fiscal, pour que la 191e nation au classement FIFA construise des terrains haut de gamme. « Il faut douter du fait que la FIFA soit démocratique. Montserrat, aux Antilles, et ses 5 000 habitants pèse autant politiquement que la France. C’est ridicule », tempête Guido Tognoni. « Le congrès, c’est le domaine de Blatter. C’est un conférencier génial. Il manipule le congrès comme il veut. Les blocs arabe, africain et asiatique vont le soutenir », assure l’ancien cadre de la FIFA.

En plein scandale de corruption présumée au sein de ses dirigeants, la Fédération internationale de football (FIFA) élit vendredi 29 mai son président. Le très controversé sortant, le Suisse Joseph « Sepp » Blatter, président depuis 1998, brigue un cinquième mandat lors du congrès qui se déroule à Zurich (Suisse).

Bien que très décrié en Europe, Sepp Blatter jouit d’un fort soutien en Afrique et en Asie, où il est vu comme le président ayant « démocratisé » le football en soutenant l’organisation de Coupes du monde en Afrique du Sud, en Russie et au Qatar.

C’est pour cela que sa réélection est considérée comme probable : dans un vote où une fédération compte une voix quelle que soit sa taille, l’Afrique est en effet le premier continent représenté (54 voix), devant l’Europe (53) et l’Asie (46).

Seule la richissime Union des associations européennes de football (UEFA) aspire à déloger l’indéboulonnable patriarche. Mais son président, Michel Platini, qui a demandé jeudi à Blatter de se retirer, a renoncé en août 2014 à affronter son ancien mentor dans les urnes. « Il savait qu’il allait perdre, confie un proche de l’ex-numéro 10 des Bleus. La FIFA, c’est la World Company. On ne parle pas aux Africains comme on parle aux Européens. »

Un candidat unique face à Blatter

Le Vieux Continent appuie donc le prince jordanien Ali Ben Al-Hussein, unique candidat face à Blatter et de quarante ans son cadet. Alors qu’ils s’étaient lancés dans la course en janvier, le président de la fédération néerlandaise, Michael van Praag, et l’ex-milieu portugais Luis Figo, Ballon d’or en 2000, ont déclaré forfait huit jours avant le scrutin. Soucieux de maintenir l’unité du camp anti-Blatter, le Batave a préféré se ranger derrière le prince Ali, soutenu « à titre personnel » par Michel Platini. Ce membre de la famille royale hachémite devrait toutefois avoir du mal à damer le pion au président sortant, qui sera reconduit vendredi s’il obtient la majorité des suffrages (105 voix) au congrès.

S’il en fallait la preuve, on retiendra que l’Helvète de 79 ans a été ovationné après son discours d’ouverture par les représentants de toutes les confédérations, à l’exception des Européens qui avaient boudé la cérémonie.

Source : © Le Monde.fr

Par Par Rémi Dupré

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