2017-03-08

Pendant la première moitié du XXe siècle, le Viêt-Nam colonisé et démantelé par les Français offre l’image d’une résistance opiniâtre. Tenues en échec jusqu’au 9 mars 1945, les organisations révolutionnaires finissent par l’emporter dans un pays déchiré. Après une longue période de guerre, les vainqueurs réunifient le pays en 1976 sous le nom de République socialiste du Viêt-Nam. Le Parti communiste vietnamien (PCV), clé de voûte du nouvel État réunifié, met en place un régime politique sans partage. En 1988, avec la disparition de deux partis fantômes (Parti Démocrate et Parti Socialiste) qui l’accompagnait depuis les années quarante, le PCV reste la seule organisation politique officielle.

La longue lutte des partis politiques s’inscrit dans le contexte colonial où l’expression politique est fortement réprimée comme le démontrent la censure et le nombre de suspension de journaux jugés trop radicaux. L’impossibilité d’une expression politique modérée dans les années vingt force les partis à muscler leur discours anti-colonial, à choisir la voie révolutionnaire et clandestine d’où la profusion de nouveaux mouvements au milieu des années vingt1. L’émergence d’un grand parti en dialogue avec le pouvoir colonial à l’instar du Parti du Congrès en Inde s’avère impossible en Indochine2. La plupart des organisations indépendantistes (partis, ligues, fronts) se développent à l’extérieur de l’Indochine, principalement à travers les réseaux émigrés de la Chine du Sud, de Nankin à Shanghai3. Grâce aux appuis et réseaux révolutionnaires extérieurs, le renversement du pouvoir colonial est désormais possible. Mais la fragmentation des forces politiques et religieuses plonge le pays dans la guerre civile pendant trente ans.

Pour y voir plus clair dans le dédale d’organisations politiques qui jalonnent l’histoire contemporaine nous présentons succinctement les principaux mouvements et sigles politiques vietnamiens par grandes périodes. Destiné plus particulièrement aux étudiants qui suivent mon cours sur l’histoire du Viêt-Nam contemporain, cet aperçu se veut avant tout didactique et pratique4. Notre choix s’est porté sur près de cinquante organisations qui, par leur envergure ou leur rôle particulier, ont marqué l’histoire des différentes périodes. Chaque entrée comprend en caractères gras le nom de l’organisation ;  le lieu de sa fondation ; la période de son existence. Les formations politiques sont classées de façon chronologique par année de fondation.

Période des lettrés modernistes sous la domination française

(années 1900-1920)

A la suite des dix années de résistance armée des lettrés au sein du mouvement Cần Vương (Aide au Roi, 1885-1895), les premières organisations politiques modernes vietnamiennes sont initiées par le lettré révolutionnaire Phan Bội Châu.

Duy Tân Hội (維新會, Annam, 1904-1912) : Association ou Ligue pour la Rénovation, organisation monarchiste fondée dans la province de Quảng Nam en 1904 par Phan Bội Châu et d’autres lettrés modernistes. Sa principale activité est d’organiser le « Voyage vers l’Est » (Đông Du) de quelques 200 étudiants vers le Japon pour leur éducation politique et militaire. A l’intérieur du pays, la ligue fait la promotion de la lutte anti-coloniale à travers la création d’associations économiques, paysannes ou ouvrières, la fabrication artisanales d’armes et elle développe des contacts avec les autres groupes résistants comme celui du Đề Thám (Hoàng Hoa Thám)5.

« Duy Tân » : « Rénovation », terme polysémique qui désigne au moins trois réalités dans le Viêt-Nam colonisé du premier quart du XXe siècle. Il rappelle en premier lieu l’association politique de Phan Bội Châu (voir ci-dessus) mais il désigne aussi le mouvement de rénovation qui touche le Tonkin et l’Annam entre 1905 et 1908. En Cochinchine, on évoque le même processus sous le terme de « Minh Tân », nouvelle civilisation. Enfin, ce terme est le nom de règne (維新) du jeune empereur Nguyễn Phúc Vĩnh San qui prend par à l’insurrection de 1916 et qui fut déposé et exilé de force pendant des décennies sur l’île de la Réunion.

Việt Nam Quang Phục Hội (越南光復會, Canton, 1912-1924) : Ligue pour la Restauration du Viêt-Nam, organisation révolutionnaire républicaine fondée en 1912 par Phan Bội Châu sous l’influence de la révolution chinoise de 1911. Pendant une décennie, elle organise un réseau dans le Viêt-Nam colonisé, fomente des complots et tente des micro-insurrections contre l’État colonial. Son principal mode opérationnel est l’action directe (attentats à la bombe, assassinats). Elle disparaît définitivement suite à l’arrestation de Phan Bội Châu à Shanghai en 19256.

Période de la jeunesse occidentalisée sous la domination française

(années 1920-1940)

Le premier parti politique créé de façon publique en Indochine est le Parti constitutionnaliste en 1923. Le lettré Phạm Quỳnh n’est pas autorisé à fonder le Parti du progrès en 1926. Plusieurs partis nationalistes révolutionnaires sont créés dans la clandestinité : le Tân Việt en Annam et le VNQDĐ au Tonkin. Les deux grandes insurrections de 1930-1931 sont organisées ou se déroulent avec la participation du VNQDĐ et du PCI. Après l’échec révolutionnaire, les nationalistes investissent les champs culturels ou sociaux. Le groupe littéraire autonome et le groupe Anh Sáng s’activent à Hanoi. Particularité de cette période, en Cochinchine, un communisme légal voit le jour avec le groupe La Lutte rassemblant trotskistes et staliniens. La fin des années trente voit l’émergence de partis ultranationalistes dit Đại Việt (Grand Viêt-Nam).

Đảng Lập Hiến Đông Dương (Saigon, 1923-1939?) : Parti Constitutionnaliste Indochinois, fondé en 1923 à Saigon par Bùi Quang Chiêu et Nguyễn Phan Long. L’organisation rassemble les représentants de la bourgeoisie cochinchinoise émergente. Elle préconise des changements pacifiques et un dialogue avec les autorités coloniales. Premier parti politique vietnamien autorisé, il édite plusieurs journaux La tribune indochinoise (dès 1917, devient en 1923 l’organe du parti), L’Echo Annamite et Đuốc Nhà Nam [Le flambeau du Sud]. Son influence décline à la fin des années trente7.

Thanh Niên Cao Vọng Đảng (Saigon 1923-1929?) : Parti des Aspirations de la Jeunesse, connu aussi sous le nom de Hội kín Nguyễn An Ninh (Société secrète Nguyễn An Ninh). Organisation de jeunesse anti-coloniale fondée par Nguyễn An Ninh à la suite de son discours sur l’Idéal de la jeunesse annamite prononcé à Saigon le 15 octobre 1923 à la Société d’Enseignement mutuel de la Cochinchine. Utilise le journal La Cloche Fêlée, « organe de propagande démocratique » pour défendre ses idées8.



Jeune Annam ou Đảng Thanh Niên Việt Nam (Saigon, 1925-1926), parti radical fondé dans le but de soutenir le révolutionnaire Nguyễn Anh Ninh. Ce parti participe aux funérailles du lettré moderniste Phan Châu Trinh en mars 1926 et organise les grèves écolières la même année9.

Tân Việt (Annam, 1925-1929) abrégé de Tân Việt Cách Mệnh Đảng : Parti révolutionnaire du Nouveau Viêt-Nam, organisation révolutionnaire fondée en Annam, fusion de plusieurs micro-partis rassemblant des jeunes étudiants et des descendants du Cần Vương. Elle est absorbée par l’association Thanh Niên en 192910.

Thanh Niên (Canton, 1925-1930) : appellation abrégée de Việt Nam Thanh Niên Cách Mạng Đồng Chí Hội (Association des Camarades de la Jeunesse révolutionnaire vietnamienne). Organisation national-bolchévique fondée par Nguyễn Ái Quốc, le futur Hồ Chí Minh, pour organiser la lutte anti-coloniale en Indochine. Elle diffuse ses idées dans le journal éponyme et Nguyễn Ái Quốc synthétise la doctrine marxiste-léniniste de l’organisation dans « La voie de la révolution » (Đường Kách Mệnh). Elle implose en 1929 et donne naissance au Parti Communiste Indochinois (PCI)11.

Việt Nam Quốc Dân Đảng (Hanoi, 1927-) en abrégé Việt Quốc, acronyme VNQDĐ : Parti Nationaliste du Viêt-Nam, fondé le 25 décembre 1927 à Hanoi. Le premier parti nationaliste révolutionnaire d’envergure. Responsable de l’assassinat de Bazin, recruteur de coolie, en 1929. Il organise une « insurrection générale » en février 1930 avant d’être décimé par la Sûreté coloniale. Treize membres du parti sont guillotinés le 17 juin 1930 à Yên Bái. L’organisation révolutionnaire survit et se réorganise en Chine du Sud pendant les années trente avec la création d’un Bureau d’Outre-Mer (Việt Nam Quốc Dân Đảng Hải Ngoại Biện Sự Xứ) puis reprend pieds à Hanoi en 1945-1946 comme principal concurrent du PCI. Est intégré au Front des Partis nationalistes en 1945-1946. Participation à l’Assemblée nationale et au Gouvernement d’Union et de résistance de mars 1946. Il se divise en plusieurs factions entre 1955 et 1975. Interdit en RSVN, il existe toujours aujourd’hui en exil et s’est réunifié en 201612.

Đảng Việt Nam Độc Lập (France, 1927-1929) ou Parti Annamite pour l’Indépendance (PAI). Organisation anticoloniale fondée en France par Nguyễn Thế Truyền. Elle édite plusieurs revues militantes en faveur de l’indépendance du Viêt-Nam : Việt Nam hồn, L’Ame Annamite et La Nation Annamite. Ses activités sont interdites en 192913.

Đông Dương Cộng Sản Đảng (Hong-Kong, 1930-1945) : Parti Communiste Indochinois (acronyme PCI) – devient le Parti des Travailleurs du Viêt Nam en 1951 puis le Parti Communiste Vietnamien en 1976. Organisation marxiste-léniniste fondée en octobre 1930 à la suite de la fusion de trois micros partis communistes vietnamiens. Le PCI fonde et organise en mai 1941 la ligue Viêt-Minh, outil de la conquête du pouvoir en 1945. Il compte au moment de la Révolution d’Août quelques 5000 membres en Indochine. Par voie de presse, il proclame sous auto-dissolution le 11 novembre 1945 mais subsiste sous la forme d’un groupe d’études marxistes au sein du Viêt-Minh. Il reste le pilier caché de la ligue Viêt-Minh jusqu’en 195114.

« Chấn Hưng Phật Giáo » : dans les années 1930, le mouvement de rénovation du bouddhisme s’organise autour de trois associations fondées en 1930 à Hanoi (Tonkin), en 1932 à Huế (Annam) et en 1934 à Saigon (Cochinchine). Elle participe à la diffusion de la pensée bouddhiste dans de nouvelles revues en quốc ngữ et développe l’enseignement dans les pagodes. La première revue de vulgarisation et d’étude du bouddhisme paraît le 31 août 1929 à Mytho (Cochinchine). L’unification du bouddhisme se fait en 1951 avec la fondation de l’Association générale du Bouddhisme (Tổng Hội Phật Giáo Việt Nam) à Huế.

Tự Lực Văn Đoàn (Hanoi, 1932-1938) : Groupe littéraire autonome ou « Groupement littéraire qui compte sur ses propres forces », fondé en 1932-1933 à Hanoi par de jeunes lettrés acquis à la modernisation occidentale. Le groupe rejette le confucianisme, bouscule les valeurs familiales et promeut une littérature nouvelle dans laquelle l’individu est mis en avant. Il modernise le style littéraire et produit des romans à thèse qui deviennent vite populaires. Il affiche sa critique de la société et une forme de nationalisme culturel dans les deux périodiques qu’il dirige : Phong Hóa [Moeurs] et Ngày Nay [Temps Actuels]. Les deux revues furent tour à tour suspendues par le pouvoir colonial. Le groupe se politise en 1938 avec la création du Đại Việt Dân Chính, Parti populaire du Grand Viêt-Nam. Les principaux écrivains de ce groupe rejoignent le Parti Nationaliste VNQDĐ en 194515.

Hội Anh Sáng (Hanoi, 1934-1938) : Association Lumière, fondée en 1934 par des membres du Groupe littéraire autonome. Interdite et réactivée en 1937, cette association à caractère social se donne pour objectif de remédier à la situation sanitaire et à combattre l’insalubrité et la pauvreté dans les campagnes16.

La Lutte (Saigon, 1933-1937) : Groupe politique communiste rassemblant des kominterniens et des trotskistes, des « retours de France » et « retours de Moscou ». Il réussi à faire élire par deux fois des délégués au conseil municipal de Saigon en 1933 et 1935. Le groupe publie le journal La Lutte en français puis en vietnamien de 1933 à 1939. Didactique et militant, le journal se fait l’écho des luttes sociales et du combat anti-colonial. Par son contenu et sa longévité dans un milieu particulièrement hostile, il est une initiative inédite qui marque l’histoire de la presse militante en contexte colonial17.

Đại Việt Quốc Dân Đảng (Hanoi, 1938-) en abrégé ĐVQDĐ : Parti National du Grand Viêt-Nam, fondé en décembre 1938 par Trương Tử Anh. Organisation nationaliste révolutionnaire qui développe la « doctrine de la survivance du peuple » (Chủ nghĩa dân tộc sinh tồn) et prône l’autoritarisme. Jour un rôle politique central pendant la période de l’État associé du Viêt-Nam (1948-1954). Pourchassé pendant la période diemiste (1955-1963), il réapparaît sur la scène politique en 1964 mais se divise en donnant naissance à deux nouveaux partis Đại Việt en 1964 et 1965 sous la République du Viêt-Nam (Sud). Interdit depuis 1975, bien que fragmenté, il existe toujours en exil18.

Occupation japonaise (1940-1945) et Empire du Viêt-Nam (1945)

Pendant la période de l’occupation japonaise, les mouvements nationalistes s’activent et cherchent à unifier leurs forces. Au Nord et au Centre cinq partis Đại Việt défendent une identité « Grand Viêt » teinté d’autoritarisme19. Au Sud, la ligue Phục Quốc du prince Cường Để rassemble les forces politiques et religieuses. Les deux nouvelles religions Caodaïsme et bouddhisme Hòa Hảo prospèrent dans les milieux paysans dans le delta du Mékong. A l’ombre des Japonais, les partis nationalistes tentent le coup de force en 1940 mais la répression coloniale s’exerce toujours. Les insurrections communistes de 1940 sont également violemment réprimée.

Đại Việt Quốc Gia Liên minh (Hanoi, 1944-1945) en abrégé ĐVQGLM : Alliance nationale Đại Việt, organisation unitaire rassemblant les partis Đại Việt et le Nouveau VNQDĐ (Tân VNQDĐ), soutien le gouvernement Trần Trọng Kim dans son action. Disparaît au mois d’août 1945 à cause de scissions internes liées à la prise du pouvoir20.

Hội Tân Việt Nam (Hanoi, 1945) : Association du Nouveau Viêt-Nam, rassemblement des intellectuels en soutien au gouvernement Trần Trọng Kim. Elle se donne trois objectifs : Consolidation de l’indépendance dans la sphère de la Grande Asie ; Unification de tous les corps de la société et de toutes les sensibilités politiques ; Préparation de la reconstruction nationale21.

Fronts et alliances révolutionnaires (1939-1945)

Phục Quốc (Shanghai, 1939-1945), abrégé de Việt Nam Phục Quốc Đồng Minh Hội, Ligue pour la Restauration du Viêt Nam. Organisation fondée par le prince Cường Để à Shanghai en 1939. Sa branche armée (Phục Quốc Quân) pénètre à Langson à la suite des forces japonaises en septembre 194022.

Việt Minh (Tonkin, 1941-1951) abrégé de Việt Nam Độc Lập Đồng Minh : Ligue pour l’indépendance du Viêt-Nam, fondée par le PCI en mai 1941 à la frontière chinoise dans une stratégie d’union contre le fascisme. La Ligue s’impose comme la principale force d’action au mois d’août 1945. Elle s’appuie sur le mécontentement antijaponais dans les campagnes (suite à la famine de l’hiver 1944-1945) et organise la prise du pouvoir dans les trois parties du Viêt-Nam à la suite du vide politique laissé par le gouvernement Trần Trọng Kim démissionnaire. Elle bénéficie de la neutralité japonaise à Hanoi. Pendant la guerre d’Indochine, le Viêt-Minh (en réalité la RDVN) devient le principal opposant de la reconquête militaire française. Le front est dissous en 1951 au profit du Liên Việt. Son emblème, le drapeau rouge avec une étoile d’or centrale devient officiellement l’emblème national en 194623.

Đồng Minh Hội ou Việt Cách (Liuzhou, 1942-1946) abrégé de Việt Nam Cách Mệnh Đồng Minh Hội  (acronyme ĐMH) : Ligue révolutionnaire du Viêt-Nam fondée en 1942 sous le patronage du Guomindang pour rassembler et unifier les organisations nationalistes vietnamiennes présentent en Chine. Cette force dirigée par Nguyễn Hải Thần conteste dès septembre 1945 le pouvoir sans partage du Viêt-Minh. Elle disparaît en 1946 après une brève participation à l’Assemblée nationale et au Gouvernement d’Union et de résistance de mars 194624.

Thanh Niên Tiền Phong (Saigon, 1945) : Jeunesses d’Avant-Garde, organisation de jeunesse fondée en juin 1945 par le Dr Phạm Ngọc Thạch et rassemblant quelques 200.000 membres. Se rallie au Viêt-Minh le 22 août 1945 et permet le basculement du Sud au profit de la ligue indépendantiste d’Hồ Chí Minh25.

Mặt Trận Quốc Gia Thống Nhất (Saigon, 1945) : Front National Unifié, fondé le 14 août 1945 à Saigon pour unifier les forces nationalistes indépendantistes en Cochinchine. Bénéficie su soutien japonais. Rejoint le Front Viêt-Minh à la fin du mois d’août mais implose.

Mặt Trận Quốc Dân Đảng Việt Nam (Hanoi, 1945-1946) en abrégé QDĐ : Front des partis nationalistes réunissant le ĐVQDĐ, le VNQDĐ et le Đại Việt Dân Chính. Dirigée par un triumvirat secret (Trương Tử Anh, Vũ Hồng Khanh, Nguyễn Tường Tam), l’organisation clandestine échoue à prendre le pouvoir en 1945-1946. Elle implose après les Accords du 6 mars sur la question du retour des Français au Nord. Ses principaux leaders prennent le chemin de l’exil vers la Chine du Sud en 1946 pour fuir la répression des forces de sécurité du Viêt-Minh. Représente avec le ĐMH en 1946 la principale opposition légale au Viêt-Minh/PCI dans le Nord et au Centre26.

Guerre d’Indochine (1945-1954) et État associé du Viêt-Nam (1948-1955)

Lorsque la guerre éclate au Nord en décembre 1946 les partis nationalistes sont très affaiblis du fait de la vague de répression des services de sécurité du Viêt-Minh. Les grands partis VNQDĐ et Đại Việt sont exilés en Chine du Sud, les mouvements religieux du Sud sont entrés en résistance à la fois contre le retour des Français et le Viêt-Minh. Les Catholiques préservent également leur autonomie d’action. Mais lorsque la « solution Bảo Đại » se met en place, de façon laborieuse et ambigüe, de nouvelles alliances nationalistes sont créées. Un Front nationaliste à Nankin peine à s’imposer en Indochine. Il est supplanté par le mouvement Quốc Gia Liên Hiệp [Union nationale] qui soutien l’ex-empereur Bảo Đại. Les groupes religieux, catholiques au Nord et caodaïstes ou Hòa Hảo au Sud, qui disposent de formes armées, rallient peu à peu le camp de la résistance anti-Viêt Minh.

Bình Xuyên (Cochinchine, 1945-1955) : « confrérie » et groupe politico-militaire issu de la pègre. Apparu dans les années vingt, c’est surtout pendant la guerre d’Indochine que se distingue cette organisation mafieuse. Elle prend son essor en dirigeant les casinos (ex. Le Grand Monde à Saigon), en contrôlant la prostitution et le commerce de la drogue. Mais surtout elle dirige la police de Saigon jusqu’en 1955. Pour rétablir l’ordre républicain dans le Sud, Ngô Đình Diệm livre au mois d’avril 1955 une guerre contre les sectes et s’attaque aux Bình Xuyên. Son chef Lê Văn Viễn alias Bảy Viễn s’exile en France pour le reste de sa vie27.

Les « Cinq Grands » (Bình Xuyên, Caodaïstes, Catholiques, Đại Việt, Hòa Hảo) : Pendant la période de l’État associé, ces cinq formations politiques et religieuses occupent la scène politique. Elles forment l’assise politique et militaire du régime de l’ex-empereur Bảo Đại28.

Dân Xã (Cochinchine, 1946-1975?), abrégé de Việt Nam Dân Chủ Xã Hội Đảng, Parti Social-Démocrate (depuis 1946), affilié au bouddhisme Hòa Hảo. Le parti est fondé le 21 septembre 1946 contre les Français et contre le Viêt-Minh. Après l’assassinat de son leader en avril 1947, il se scinde en plusieurs factions mais continue ses activités pendant la République du Viêt-Nam entre 1955 et 1975. Il s’oppose au régime diemiste mais reste profondément divisé sous la Seconde République (1967-1975). Il rassemble une poignée de militants en exil depuis 197529.

République démocratique du Viêt-Nam (1945-1975)

[Viêt-Nam unifié de 1945 puis Nord Viêt-Nam à partir de 1954]

Après la période révolutionnaire qui a vu la fondation du Parti démocratique et du Parti socialiste, la RDVN se distingue par la monopolisation de l’espace politique par le Parti des Travailleurs du Viêt-Nam. A ses côtés est mise sur pieds une organisation unitaire dénommée Front Liên Việt (différent du Liên Việt de 1946).

Dân Công (Nord Viêt-Nam, 1950-1954?), « travailleurs civiques » : terme donné au personnel recruté pour la logistique de guerre. Pendant la première guerre d’Indochine, ils sont près de deux millions à transporter armes et nourriture à pieds pour fournir le front. Recrutés principalement parmi les ethnies minoritaires ou les femmes, ce sont les forçats de le guerre populaire30.

Đảng Dân Chủ Việt Nam (Hanoi, 1944-1988) : Parti Démocrate vietnamien. Organisation politique fondée par des étudiants de l’université indochinoise en 1944. Elle intègre le Front Viêt-Minh et participe à l’Assemblée nationale de 1946 et au gouvernement provisoire d’Hồ Chí Minh. Faire valoir du pluralisme politique en RDVN, ce parti a vu son activité décliner jusqu’au Renouveau31.

Đảng Lao Động Việt Nam (Thái Nguyên, 1951-1975) en abrégé Lao Dong : Parti des Travailleurs du Viêt Nam (1951-1976). Parti dirigeant la RDVN de 1951 à la réunification du pays. Il est dirigé par Lê Duẩn de 1960 jusqu’à 1975. L’organisation communiste adopte le nom de PCV en 197632.

Đảng Xã Hội Việt Nam (Hanoi, 1946-1988) : Parti socialiste vietnamien, fondé le 22 juillet 1946 à la suite de la répression contre le VNQDĐ. Son objectif est de rallier les intellectuels au sein du Front Viêt-Minh. Second faire valoir du pluralisme politique en RDVN, ce parti a peu d’activité. Il s’autodissout en congrès le 22 juillet 1988. le parti démocrate et le parti socialiste, selon la terminologie des années 1960, « représentent les tendances progressistes de la bourgeoisie nationale, de la petite bourgeoisie et de l’intelligentsia »33.

Liên Việt (Nord Viêt-Nam, 1951-1955), abrégé de Mặt trận Liên Việt : Front unifié vietnamien . Organisation unitaire qui rassemble des catégories de la société : jeunes, femmes, intellectuels. Elle est issue de la fusion de l’ancien Liên Việt de mai 1946 (Hội Liên Hiệp Quốc Dân Việt Nam) et du Viêt-Minh de 1941. Il est remplacé par le Front de la Patrie en 1955.

Thanh Niên Xung Phong (Nord Viêt-Nam, 1950-1975…) en abrégé TNXP : Jeunesses de choc. Mouvement de jeunesse fondé par Hồ Chí Minh pour soutenir la campagne des frontières en 1950. Au même titre que les « travailleurs civiques », ils forment la logistique de la « guerre du peuple », théorisée par le général Võ Nguyên Giáp. Ils servent d’éclaireur, de démineurs, de transporteurs de vivres et de munitions… Pendant la guerre « américaine », les Jeunesses de choc sont réorganisées et le mouvement est amplifié en 1965 (centralisées puis de base). Ils sont envoyés sur la Piste Hồ Chí Minh à travers la jungle pour entretenir le réseau de voies de communications. Au Sud, ils combattent parfois sur le front. Spécificité : ce mouvement de jeunesse est formé de plus de 50% de jeunes filles (de 13 à 20 ans).34.

Carte de la zone vietnamienne démilitarisée. Source : Wikipédia / Captain Moyars S. Shore II, The Battle for Khe Sanh. Washington DC: US Marine Corps Historical Branch, 1969.

Le pays est séparé pendant vingt ans (1955-1975) au niveau du Bến Hải, le fleuve-frontière situé au 17ème Parallèle, ligne de démarcation des deux États, dite DMZ « Demilitarized Zone ».

Première République (1955-1963)

[Sud Viêt-Nam]

La scène politique se caractérise par la prépondérance des deux organisations pro-gouvernementales et par l’émergence de deux fronts de lutte armée anti-gouvernementaux : l’un politico-militaire organisé par le Nord, l’autre montagnard. Les leaders des anciens partis nationalistes Đại Việt ou VNQDĐ sont pour la plupart en exil  (Cambodge, Japon, France…) ou survivent sous étroite surveillance policière35.

Bajaraka (Hauts-plateaux, 1958-1964) : front montagnard unitaire rassemblant les communautés ethniques BAnar, JAraï, RAdhé et KAho36.

Cần Lao (Sud Viêt-Nam, 1954-1963), abrégé de Cần Lao Nhân Vị Cách Mạng Đảng : Parti Révolutionnaire Personnaliste du Travail. Fondé en 1954 par Nguyễn Ngọc Thơ, parti de l’élite dirigeante. Fonctionnement quasi-secret, il aurait rassemblé autour de 16.000 membres37.

Mặt Trận Dân Tộc Giải Phóng Miền Nam Việt Nam (Tây Ninh, 1960-1975), en abrégé FNL Sud-Viêt Nam : Front National de Libération du Sud Viêt-Nam, mouvement armé de libération nationale rassemblant des intellectuels sudistes et des militants communistes, calqué sur le modèle du Viêt-Minh. Affublé du terme Việt Cộng [Communistes vietnamiens] par le régime puis par les Américains, le Front est dirigé par l’avocat Nguyễn Hưu Thọ. Il est conçu à Hanoi lors du troisième congrès du Lao Động en 1960. Fondé en décembre 1960 à Tây Ninh, il est peu à peu placé sous la direction de cadres communistes du Bureau central pour le Sud Viêt-Nam, organe de direction de la résistance sudiste chapeauté par Hanoi, et des membres du Parti populaire révolutionnaire (Đảng Nhân Dân Cách Mạng Việt Nam) branche politique du Lao Động au Sud, fondée en 196238.

Phong Trào Cách Mạng Quốc Gia (Sud Viêt-Nam, 1955-1963) : Mouvement de la Révolution Nationale ou Mouvement national révolutionnaire, mouvement de masse de soutien au régime diemiste. Il chapeaute également l’organisation syndicale officielle des fonctionnaires de la République (Liên Đoàn Công Chức Cách Mạng Quốc Gia).

Thanh Niên Cộng Hòa (Sud Viêt-Nam, 1955-1963) : Jeunesses Républicaines. Mouvement de jeunesse organisé par le régime diemiste. Aurait compté plus 1,3 million de membres39 à la fin de 1962. Mme Nhu (née Trần Lệ Xuân et épouse de Ngô Đình Nhu, frère et conseiller politique de Ngô Đình Diệm), dirige le Mouvement de solidarité des femmes (Phong Trào Liên Đới Phụ Nữ Việt Nam) de sa création en 1958 à 1963.

Seconde République (1967-1975)

[Sud Viêt-Nam]

Après l’effondrement des organisations politiques (Can Lao, MNR) liées au régime de Ngô Đình Diệm, on assiste à une extrême fragmentation de l’espace politique. Le Sud connaît trois ans de chaos politique avant de se stabiliser avec l’avènement d’une nouvelle République en 196740 . Des dizaines de fronts ou alliances sont créées pour soutenir ou pour s’opposer au régime des militaires41. Les partis traditionnels VNQDĐ et Đại Việt se divisent en de multiples factions42. Les mouvements religieux n’échappent pas à la fragmentation de leurs forces43. Deux organisations clés apparaissent en 1969 : le FNL-SVN se dote d’un Gouvernement révolutionnaire provisoire dans le but de participer aux pourparlers de paix et le Mouvement national progressiste, organisation de soutien critique au régime de Nguyễn Văn Thiệu. Les différentes élections de 1966 (assemblée constitutionnelle), 1967 (sénatoriales et présidentielles) et de 1971 (présidentielles et chambre des députés)  donnent lieu à de multiples combinaisons entre les différentes organisations et offre l’image d’une vie politique foisonnante44.

Phật Giáo, Bouddhisme : massivement opposé à la dictature et la guerre la mouvement bouddhiste explose en deux courants. La Pagode Ấn Quang, pagode du mouvement bouddhiste contestataire, reste opposée à la guerre et au « régime de Saigon ». La Pagode Quốc Tự (Việt Nam Quốc Tự), pagode du mouvement bouddhiste officiel, maintient son soutien au régime. Cependant, le mouvement bouddhiste ne parvient pas à se structurer en véritable force politique autonome. Depuis 1951, le mouvement bouddhiste donne naissance au mouvement laïque de la « Famille bouddhique » (Gia Đình Phật Tử Việt Nam) qui rassemble des centaines de milliers de jeunes. L’association du bouddhisme unifié (Giáo Hội Phật Giáo Việt Nam Thống Nhất) voit le jour en janvier 1964 après la chute du régime diemiste. Elle est remplacée après la réunification du pays par une association « officielle » (Giáo Hội Phật Giáo Việt Nam) en novembre 1981.45

Chính Phủ Cách Mạng Lâm Thời Cộng Hoà Miền Nam Việt Nam (Sud Viêt-Nam, 1969-1976), en abrégé GRP : Gouvernement Révolutionnaire Provisoire, issu du FNL-Sud Viêt-Nam. Dirigé par Huỳnh Tấn Phát et composé de 3 vice-présidents et 9 ministres46.

Đại Việt (Partis, Sud Viêt-Nam, 1955-1975) : Après la chute de Ngô Đình Diệm, le parti ĐVQDĐ, parti de cadres, est de retour sur la scène politique, un des seuls capable de remplir le vide politique après l’éviction du Cần Lao. Cependant, ce retour provoque une scission importante et des désaccords sur la stratégie à mener pendant la période de la guerre : autoritarisme, démocratie, révolutionnarisme… Le parti ĐVQDĐ se scinde en trois mouvements : le ĐVQDĐ des origines se maintient, un parti Néo Đại Việt (Tân Đại Việt) est fondé par Nguyễn Ngọc Huy en 1964 et réinvente la « doctrine de la survivance du peuple » dans une perspective démocratique, un parti Đại Việt révolutionnaire est fondé par Hà Thúc Ký (Đại Việt Cách Mạng Đảng) en 1965. Ces clivages cachent des penchants régionalistes : le ĐVQDĐ ancien est dirigé par des leaders originaires du Nord, le Néo Đại Việt par des hommes du Sud et le Đại Việt révolutionnaire par des militants originaires de Huê ou du Centre du pays. Une tentative de réunification des trois factions a eu lieu en 1988 aux États-Unis.

Front Unifié pour la Libération des Races Opprimées (Hauts-plateaux, 1964-1992) en abrégé FULRO : Front de résistance montagnard agissant sur les Hauts plateaux du centre du Viêt-Nam47.

Liên Minh Các Lực Lượng Dân Tộc, Dân Chủ và Hòa Bình Việt Nam (Sud Viêt-Nam, 1968-1969) : Alliance des forces nationales de la démocratie et de la paix. Organisation d’opposition au régime de Saigon rassemblant des intellectuels et des fonctionnaires du Sud, fondée après le Têt 1968, pour faire le lien avec le FNL-SVN. Elle s’allie au Front national de libération en 1969 pour créer le Gouvernement Révolutionnaire Provisoire (GRP). En 1977, l’Alliance est de fait auto-dissoute en intégrant le Front de la Patrie.

Phong Trào Quốc Gia Cấp Tiến (Sud Viêt-Nam, 1969-1975) : Mouvement National Progressiste, organisation satellite du Tân Đại Việt. Fondé en 1969, ce mouvement unitaire est dirigé par l’intellectuel Nguyễn Văn Bông. Il entend promouvoir la démocratie et l’unité politique. Son leader est assassiné par des agents communistes (Comité de sécurité T4 opérant à Saigon) le 10 novembre 1971.

« Troisième Force » (Sud Viêt-Nam, 1960-1975), terme vague évoquant les forces politiques se situant à la fois contre le régime militaire saigonnais et les résistants communistes48.

République socialiste du Viêt-Nam (depuis 1976)

Après la chute de Saigon, le paysage politique fait l’objet d’une épuration de la part du Parti communiste. Les partis nationalistes sont interdits, même les partis pro-RDVN sont dissous.

Đảng Cộng Sản Việt Nam (Hanoi, depuis 1976) acronyme PCV : Parti Communiste Vietnamien. Après avoir adopté plusieurs appellations pendant la longue période de guerre (PCV en 1930 puis PCI 1930-1945 puis Lao Động 1951-1975), le parti communiste revient à la première appellation de 1930 sous le nom de Parti Communiste Vietnamien (PCV). Il est, depuis 1988, l’unique parti politique autorisé en RSVN49.

Đoàn Thanh Niên Cộng Sản Hồ Chí Minh (1931 puis 1976-) : Groupement des Jeunesses Communistes Ho Chi Minh. Plongeant ses origines dans les premières années du PCI, ce mouvement de jeunesse a été fondé en 1931. Il a accompagné la lutte du Parti tout au long du XXe siècle sous les différentes appellations suivantes :  Đoàn Thanh niên Cộng sản Đông Dương (1931-1936), Đoàn Thanh niên Dân chủ Đông Dương (1937-1939), Đoàn Thanh niên Phản đế Đông Dương (1939-1941), Đoàn Thanh niên Cứu quốc Việt Nam (1941-1956), Đoàn Thanh niên Lao động Việt Nam (1956-1970), Đoàn Thanh niên Lao động Hồ Chí Minh (1970-1976). Dans les années soixante il contribue aux campagnes d’émulation patriotique et participe au mouvement de soutien à la guerre d’unification. Après la réunification, il rassemble plusieurs mouvements de jeunesse sous l’appellation de « Jeunesses Communistes Ho Chi Minh ». C’est actuellement le mouvement de jeunesse le plus important en RSVN rassemblant plusieurs millions de membres. Le PCV lui confie régulièrement des missions d’éducation et de propagande, de protection publique, de campagne de sensibilisation, d’encadrement et d’animation sociale.

Mặt Trận Tổ Quốc Việt Nam (Hanoi, RDVN 1955 ; RSVN 1977-) : Front de la Patrie, organisation para-communiste, dirigée par le PCV, pour rassembler toutes les composantes et catégories professionnelles de la société (femmes, jeunes, religieux, syndicats, vétérans, enseignants, médecins, juristes…). Depuis la réunification, le Front de la Patrie a organisé huit congrès (VIIIe Congrès en 2014)50.

Formations d’opposition au régime communiste, mouvements exilés :

Interdites de fonctionner à l’intérieur du pays, les organisations politiques prennent le chemin de l’exil et réorganise une série de fronts civils ou militaires pour s’opposer au régime communiste. La fragmentation des forces politiques, effective sous la Seconde république, se reproduit en exil dans les différentes communautés. Cependant, à partir de 2006, plusieurs mouvements pro-démocratiques apparaissent à l’intérieur du pays pour s’opposer au régime de parti unique.

Khối 8406 (Huê, 2006-) : Bloc 8406, mouvement pro-démocratique d’opposition au régime communiste. Fondé publiquement le 8 avril 2006 par une centaine de citoyens, il a été fortement réprimé depuis dix ans. Il préconise une lutte non-violente pour le rétablissement de la liberté d’expression, religieuse, d’association et de mouvement51.

Liên Minh Dân Chủ Việt Nam (États-Unis, 1981-) : Alliance pour la Démocratie au Viêt Nam (Alliance for Democracy in Vietnam), fondée en 1981 en Californie par le professeur Nguyễn Ngọc Huy rassemblant 5 partis politiques. Comme son nom l’indique cette alliance a pour objectif la lutte pour le pluralisme politique et l’instauration de la démocratie au Viêt-Nam. Elle édite le magazine politique Tự do dân bản [Liberté et humanisme] et son fondateur décède en 1990. Deux congrès internationaux sont organisés en 1990 (Hollande) et 1993 (Toronto) mais l’alliance se scinde en deux mouvements concurrents au début des années 2000.

Brochure du Front unifé

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