2013-11-16

Le Nouvelliste | Publié le : 15 novembre 2013

La paysannerie s’échine encore à produire la canne à sucre et des moulins dignes de l’époque coloniale la transforme en clairin dans des conditions extrêmes. Notre classe possédante devrait humblement prendre exemple sur cette force vive du pays et admett

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La culture est l’essence d’ une société. Elle est la résultante de tous les souffles, les rêves, les conquêtes sur le primitif, la recherche de la beauté, l’adaptation aux exigences de notre nature curieuse, l’interprétation esthétique des choses venues des soubresauts de l’âme. La culture d’un peuple est l’évolution de chacun et de tous dans le temps et l’espace. Ces composantes disparates s’imbriquent pour constituer la marque particulière d’une société. Elle réunit dans son creuset l’ancien et le nouveau. Elle se cherche, se trouve, s’inscrit dans la pierre, le parchemin et la mémoire pour s’écarteler, se réinventer au gré des ballades et des humeurs de l’esprit et des générations. Les traits individuels se fondent, se confondent finalement et de manière continuelle, pour devenir identité unique. En quoi ce rhum importé de la République dominicaine, composé d’un d’alcool éthylique auquel on a peut-être appliqué quelques traitements, telle une deuxième distillation rapide, l’extraction d’une partie des éthéreux et un ajout de colorant avec goût, se rapproche de la culture haïtienne au point de prétendre la représenter jusqu’à son adoption par les entités du culte national par excellence, le Vodou? Le chaos aura atteint des dimensions ridicules dans un pays où la banalité a le pouvoir de régner sur l’excellence. Des limites jusque-là inexplorées malgré l’humour haïtien riche en imagination acide. Les éléments liants de l’haïtianisme auront fait place nette au mercantilisme réinventé et appliqué dans un pays san gadò. Un pays où tout marche pourvu que le profit soit au bout des manœuvres, des pires transgressions, des brassages financiers et publicitaires. Les intérêts personnels priment et les différentes stratégies ne reculent devant rien. L’éthique et même le respect le plus élémentaire du patrimoine sont bafoués avec désinvolture pour la fortune. Tout est mis à contribution. Même la prostitution des lwa de notre Vodou et la vente au rabais du spirituel haïtien ! Eux encore perdus dans l’huile des jeux infects le corps pourri de fausses amours mauvais mots des juges perchés à hauteur d’inepties leur science habillée d’oripeaux haillonneux et d’orviétan malsain ils parlent encore de pays alors que dans leur crâne ne résonne que les échos du veau d’or. La publicité d’un goût douteux d’un certain rhum touche de manière désagréable des cordes extrêmement sensibles de l’être haïtien. Un vrai massacre culturel. Le Vodou et nos croyances ancestrales. Barbancourt. Production nationale. L’écoute de cette mise à mort du rhum plusieurs fois médaillé internationalement par des jurys rigoureux donne la chair de poule à l’envers, par sa fulgurance malencontreuse et l’emploi inapproprié de ces éléments si particuliers et propres à l’Haïtien qu’ils sont synonymes de notre terre. L’intelligence même primaire, le gros bon sens auraient dû dicter aux plus audacieux de ne pas transgresser de manière aussi révoltante et malhonnête le lakou intérieur de l’âme haïtienne où résident nos lwa et se désaltèrent les pitit lakay de lakay, de an deyò, de lòt bò dlo. Nous ne défendons pas le Rhum Barbancourt en tant qu’entreprise commerciale. Nous reconnaissons son importance dans la production nationale et réclamons son image pour la dignité et l’honneur de notre peuple. Une publicité aussi triviale permet cependant des constatations, force une prise de conscience, sur l’aboutissement du long processus de torpillage de l’économie haïtienne. Cela fait longtemps que nous détruisons la production nationale. Il est plus facile de médire que de construire. Il est plus facile de vendre que de produire. Nous avons quitté depuis longtemps le chemin de la production et de l’exploitation des ressources naturelles. Nous sommes devenus une nation de boutiquiers, une société vivant d’importations. Frontières ouvertes à toutes sortes de produits et douanes gourmandes dans une économie dont le budget dépend en majorité de l’extérieur et taxations douanières. Une classe mérite d’être reconnue pour l’aboutissement de leurs talents de commerçants. Elle transforme moult produits importés en habitude pour le consommateur haïtien livré souvent au dumping, sans contrôle de qualité par un Etat inexistant, seulement dévoué à collecter des taxes. Malheureusement, dans ce cas précis, le ministère des Cultes, le ministère de la Culture et le ministère du Commerce ne remplissent pas les fonctions qui leur incombent. Une analyse des faits sans passion permettra de décortiquer cette vague d’opinions et de protestations née de la diffusion de « Pa Banm Kou ». Slogans et messages percutants véhiculant dénigrement et discréditation ne peuvent se réclamer originaux. Leur effet est doublement incisif, car ils attaquent un produit considéré patrimoine national et des croyances sacrées. L’exaltation des trois syllabes composant la marque « Barbancourt » devra être à ce stade considérée comme une faiblesse du compétiteur n’ayant rien trouvé de positif pour voler de ses propres ailes. Le produit importé se tourne vers la référence pour bégayer et réclamer une part de reconnaissance. Il s’y prend mal. Le marché du Rhum Barbancourt n’est pas touché par ses vociférations carnavalesques. On boit Bas Carat parce qu’il offre un coup bas à bon marché, et merde pour le gosier et les papilles gustatives ! Tonton Bicha, un citoyen jouissant d’une belle réputation dans les milieux artistiques devrait se rappeler que l’argent n’est pas tout. S’attaquer à un icône de la trempe du Rhum Barbancourt a irrémédiablement entaché sa réputation morale. La société du Rhum Barbancourt n’appartient plus à la famille Gardère. Modèle pour les entrepreneurs, le Rhum Barbancourt est propriété nationale. Il revient à tous ces planteurs de canne à sucre et à leurs familles. Ami intime de tous les moments de l’Haïtien et accueilli avec déférence et acclamation dans les hauts lieux à l’étranger. Il s’est revêtu de l’âme nationale et porte la cocarde de notre fierté. L’un des rares produits à traverser presque deux siècles dans un pays où la production est laborieuse et difficile. À porter très haut, tout près des dieux les couleurs de notre drapeau. Bicha, enfant prodigue de la publicité controversée mérite notre compréhension. Il est un simple mortel sans état d’âme ni conscience et n’est pas à son coup d’essai. Il n’est pas un professionnel en publicité et n’a pas conçu ou rédigé les messages supposément respectueux des normes, contraintes, principes moraux. Il n’arrive pas à faire la différence entre culture et comédie de bas niveau. Des publicitaires ont été payés pour l’odieux travail que nous écoutons avec horreur. Bicha s’est contenté de dire, banaliser sa culture, étouffer sa dignité et renier son essence profonde pour faire la promotion d’un produit venant de la République dominicaine. Discours et textes publicitaires ne font chez nous l’objet d’aucune censure par les institutions étatiques concernées. L’obligation de respecter certaines contraintes et limites dans l’exercice de cette profession n’est pas observée. L’absence d’un mécanisme de contrôle éthique dans ce domaine permet des atteintes graves et plurielles envers d’autres produits, tout en constituant une agression du public. La publicité mensongère et trompeuse ne relève pas du droit de la concurrence, mais de la concurrence comparative. Certaines règles de police relatives à la concurrence, du droit commercial haïtien s’appliquent à ce cas. Cette publicité devrait être condamnée, car elle devient concurrence déloyale par concurrence comparative. En cas de préjudice le concurrent doit saisir le tribunal civil dans ses attributions commerciales. Haïti is open for business certes, les entreprises étrangères désireuses d’investir en Haïti apprécieront une solide mise en place de lois et mesures. Il est du devoir des pouvoirs publics d’établir des règles pour garantir une bonne concurrence. Il y a une nette différence entre compétition et sabotage. L’opinion publique considère la publicité en question comme du sabotage, une attaque frontale contre le Rhum National et la spiritualité Vodou. La publicité veut s’accaparer de nos consciences, bousculer nos sens et s’introduire dans nos souffles. L’un des moyens recommandé pour la vulgarisation des produits nationaux envisage d’utiliser l’expérience, la compétence, la connaissance, le savoir-faire et la réussite de certaines personnalités haïtiennes qui ont fait preuve d’excellence dans le champ de la création et de la transmission de leurs techniques de travail. Dans cet objectif, l’artiste peut accepter de mettre son temps, son expertise et sa pluridimensionnalité au service d’un label. Cependant, il doit nettement définir les paramètres à observer pour ne pas basculer dans une énergie annihilatrice de l’être haïtien. Il doit refuser d’être un vendu, un apatride et un méprisable diseur. Le personnage incarné par Bicha est d’ailleurs le symbole du dédain des classes dominantes pour la paysannerie. Par la comédie, il entretient les travers hideux vissés dans notre subconscient et notre intolérance pour la force saine de ce pays, enlisé dans un banal préjugé historique. Barbancourt dernier fleuron de l’industrie sucrière Barbancourt subsiste avec entêtement et courage. Il est le dernier fleuron de l’industrie sucrière. Il est héritage des temps coloniaux, moteur de la richesse de Saint-Domingue, pilier de la production agricole traditionnelle. Cette industrie s’est effondrée, il y a plus d’une trentaine d’années. Le déclin de plusieurs de nos plaines a suivi par manque de vision de l’État et de la société civile qui n’ont pas fait l’effort de reconversion. Les intérêts immédiats et mesquins des individus ne sauraient prévaloir devant les intérêts permanents de la nation. Il nous suffira de cesser d’être égoïstes pour définir une politique visant le bien-être de tous, pour enclencher des processus qui conduiront au renouveau de notre environnement, au retour de notre prospérité agricole. Aujourd’hui la culture de la canne à sucre demeure la principale source d’activités économiques dans la plaine du Nord, ce qui demeure de la plaine du Cul-de-sac, la plaine des Cayes et le Plateau central. Tafia et clairin sont les alcools les plus accessibles à la bourse populaire haïtienne. Le rhum serait la production la plus noble issue de cette tige vivace, synonyme d’isle antillaise. Le Rhum Barbancourt demeure depuis plus de cent-cinquante ans le fleuron de notre production nationale en déclin. La libéralisation du commerce extérieur d’Haïti a résulté en la fermeture progressive de nos usines sucrières. La culture de la canne a un impact environnemental non négligeable dans la conservation du sol, face au déboisement qui affecte le pays dans son ensemble. Aussi un impact socio-économique hautement appréciable, consistant en l’augmentation de revenus, l’amélioration des conditions de vie des planteurs et de tous ceux impliqués dans la chaîne de transformation à partir de la canne. L’intérêt de la société haïtienne devrait se confondre avec celui du planteur, dans la mesure où la population trouve son intérêt dans le maintien de l’agriculture en général et de la culture de la canne en particulier. Garantir la pérennité d’une nation passe obligatoirement par l’autosuffisance alimentaire. De la hausse des prix et de la non-exploitation des terres agricoles résulte en une faim qui s’installe insidieusement dans nos campagnes, nos villages, nos bourgs, nos quartiers, nos villes, nos bidonvilles. Un pas crucial vers la colonisation de nos structures mentales a été franchi avec un mélange de ruse, de perfidie et de méchanceté pour modifier nos habitudes culturelles alimentaires. Terminés ! Absolument terminés: le maïs bouilli, l’akassan, l’arbre véritable, l’arbre à pain, le manioc, le doukounou, le tchaka et tant d’autres spécialités de la cuisine haïtienne. Par contre, le marché local a été systématiquement bombardé et submergé par une flopée de produits alimentaires pèpè. Produits odéyid. Produits kennedy. Produits made in no-where ! Du corn flakes aux riz de tous les pedigrees. Et maintenant un certain rhum de bas carat prétend détruire un acquis national. Le manque d’exploitation des terres en voie de désertification est l‘une des principales causes de notre misère. Il n’y a qu’une solution rationnelle. Il faut prendre les mesures qui s’imposent pour produire et protéger notre marché contre le flot des composantes et produits en provenance de chez le voisin. Nous cesserons alors d’être une vulgaire province de la République dominicaine. Une province dépotoir. Une province poubelle. Une province de déchets et de rejets. Une province miséreuse où souvent les produits périmés sont tranquillement écoulés avec la malhonnête complicité de certains Haïtiens. Une seule certitude demeure: il faut produire “local”. Les moyens pour y parvenir sont multiples et discutables. L’État n’a pas le choix. Le momentum politique et social est un critère incontournable dans l’agencement et l’application des décisions gouvernementales. Faut-il continuer à chercher ailleurs les causes de nos piétinements, de nos retards ou de notre misère ? Ils résultent de notre indifférence citoyenne et de notre absence de conscience patriotique. Nous avons atteint le niveau culminant de la tolérance et de l’acceptation des conditions infrahumaines dans lesquelles nous pataugeons. Les classes défavorisées sont le reflet de nos élites intellectuelles, économiques et politiques. Les élites dirigeantes ne cessent de prouver leur incapacité à gérer un pays dont la crise permanente alimente les discours politiques. Discours politiques que plus personne n’écoute, sauf ces politiciens opportunistes qui poursuivent sans relâche leur quête du pouvoir en utilisant la misère comme monture. Des élites qui persistent toujours à analyser chaque jour avec la plus grande rigueur classique, indifférence et détachement, les moindres détails de la conjoncture. Pour enfin admettre en bons enfants de cours élémentaires, que nous sommes l’exception qui fait la règle. Des élites patripoches. Des élites sans état d’âme. Des élites sans appartenance véritable à cette terre. Des élites méprisables. Nos élites auront-ils l’intelligence d’investir dans les secteurs agricoles et industriels qui constitueront la relance de notre économie moribonde et ouverte au capital international ? L’appui d’un État responsable ancré dans un projet national devra compléter et soutenir la participation des Haïtiens sans exclusion, dans tous les domaines de production de biens et services. Tel est le défi qui se dégage aujourd’hui à la lumière de l’envahissement du marché par des produits venant de la République dominicaine. Parfois se taire vaut mieux pour ne pas s’enliser dans l’ignominie. La lettre de Bicha au Nouvelliste a tiré des sourires à certains, arrêté les opinions et confirmé l’inconscience de l’homme et de ses commanditaires. Il est temps de jeter dans les poubelles du Bord de Mer cette attitude de fausse supériorité que confère l’argent. Il serait plus sage d’accepter son dépassement des limites acceptables et tenter de développer, à défaut d’une philosophie patriote, une conscience pseudo-patripoche. Pauvre Tonton. Cette lettre t’enlise plus profondément dans le marécage bourbeux, gluant de la médisance et de la bêtise. Mon confrère Robenson Alphonse a eu l’intelligence de recueillir les opinions d’un échantillon appréciable d’individus. Leurs noms se passent de présentation et leur réputation intègre, intelligente. Certains sont des sommités dans leur domaine d’expertise et jouissent de notoriété tant au niveau national qu’au niveau international. Max Beauvoir. Lionel Trouillot. Joël Ducasse. Jean Maxime Léonard. Myria Charles. Edner Jean. Hérold Toussaint. « Ki donk Bicha tout moun sa yo sòt, se ou sèl ki intelijan ? » Vous persistez encore après les vagues de protestation contre votre odieuse publicité à prendre les Haïtiens pour des pauvres d’esprit, des imbéciles ! Tirer à coups de boulets sur une production nationale, tuer son pays avec des ricanements enveloppés d’un trait niaiseux ne relèvent sûrement pas de l’art. L’art est en effet difficile à apprécier lorsqu’il se revêt d’images grimaçantes, viles et creuses. L’art du macabre a certainement sa beauté, sauf lorsqu’elle verse à enfouir sous les dalles putrides d’une mauvaise langue, un dieu liquide brûlant aux reflets ambrés appelé Rhum Barbancourt. Par contre ce que ces gens n’arrivent sûrement pas à comprendre est la désinvolture employée pour insulter le culte Vodou. «Kouman ? Bouch nou pa tranble ? ». Quant à être prêt pour apprécier les doubles, infamantes déclarations envers Barbancourt, les lwa et accuser l’insulte, le peuple haïtien réagit souvent avec passion. Mais dans ce cas, sa conscience collective le préserve du sacrilège. Votre note parle de culture de la tolérance qui fait défaut dans notre pays. Vos propos frisent l’impertinence et l’irrespect. Cher Robenson, pardonnez à Bicha et à ceux qui surent tirer ses ficelles, car ils ne réalisent pas la laideur de leur acte apatride. Bicha et Bas Carat ne crachez pas sur la matrice qui vous nourrit. Ayez la décence de demeurer haïtien, mais de respecter l’Haïtien et l’intelligence de dire non au mercantilisme. Comprenez-vous le terme national ? Production nationale. Une production nationale implique des acteurs locaux, des intrants pour une grande majorité locaux. Bakara n’a rien de local, sinon ses propriétaires, ses capitaux et ses consommateurs. De là accéder par une sordide publicité au rang prestigieux de rhum kiltirel choisi des lwa est une prétention d’une risible aberration. Au nom du mercantilisme les rats ont tout dévoré. Au nom de Mammon, on continue notre chute libre vers la totale déshumanisation. Vous direz que dans le commerce, tous les coups bas sont permis ! Certes ! Allez-y ! Ne vous gênez surtout pas ! Portez autant de coups bas que vous souhaitez ! Mais rappelez-vous d’une chose. Barbancourt demeure l’Incomparable, se fout de vos divagations venimeuses et vous pardonne déjà. Le public, intellectuels et monsieur de la rue confondus, vous ont jugé, condamné et oublieront. Mais les lwa n’ont ni émotions, ni sentiments. Je tiens à vous rappeler que l’article 7 du Code pénal des lwa du Vodou haïtien stipule : « Vèditè mal palan ap peye tout mal yo fè lwa ak sèvitè lwa. » Un conseil : cherchez votre gloriole ailleurs. Laissez la production nationale et les lwa tranquilles. Il faut cesser de commercialiser le spirituel. Chez nous, culture et spiritualité se côtoient pour se souder dans la magnificence des manifestations de l’au-delà par l’intermédiaire des lwa. La culture touche tous les aspects intervenant dans la vie de l’homme en tant qu’animal social. Les œuvres de son esprit, matérielles ou immatérielles, marquent et traversent le temps, séduisent et subjuguent, attirent ou repoussent, pour créer des aspects uniques à chaque village, chaque peuple, chaque région. La culture expose nos travers, met en évidence nos avantages en tant que rassemblement d’individus subsistant dans un univers disparate, multiforme et cohérent. Cette définition permettra, je l’espère, aux intéressés de faire la différence entre le n’importe quoi et les vrais valeurs culturelles. Ils ne maîtrisent pas le thème, car ils auraient alors compris que Barbancourt est intimement lié à la culture et à la spiritualité haïtienne. Bakara a intérêt à faire ses classes et s’aligner sur le modèle Barbancourt. La société du Rhum Barbancourt et sa fondation ont été les pionniers dans l’assistance aux mouvements culturels. Une dernière remarque : les propos de Bakara, alias Bas Carat, stipulent implicitement que hougan se malfektè. Bondie fè se yo ki di pawòl yo. Alòs nou konnen bon Ginen pa mal palan, bon Ginen an an pa sèvi ak kat kredi. Bicha mon frère en la patrie, chers propriétaires de Bakara, ayez la décence de reconnaître vos égarements, le courage de présenter des excuses au peuple haïtien et aux vodouisants en particulier. Cela vous permettra de recouvrer votre verticalité! La dimension humaine n’acquiert aucune noblesse par la médisance et le harcèlement. Il faut laisser au temps, à la qualité et la constance, la possibilité de créer la valeur. Les moyens financiers peuvent être mis à contribution pour la publicité et tenter d’acheter un public, mais ils ne peuvent fonder la valeur intrinsèque d’un produit. Haïti est certainement open for business. Mais apprenez à respecter le Rhum des Haïtiens. Construisez votre réputation, mais ne vous accrochez pas au spirituel sacré haïtien, au détriment de tout un peuple, pour vendre votre produit et détruire en même temps un emblème sacralisé haïtien. Ne vous en déplaise Thierry Gardère, le Rhum Barbancourt est la propriété de nos lwa. Le Rhum Barbancourt ***** est réclamé par le Général Ogou Feraille, Saint Jacques Majeur. Le Rhum Barbancourt*** est adopté par la cohorte des lwa Ogoun et consommée par une grande partie de notre panthéon Vodou. Dans votre prochain Portrait de famille, pensez à faire une petite place pour un lointain cousin apparenté à Barbancourt de manière peu catholique. Il se nomme Bas Carat et prétend s’approprier l’héritage. Votre grandeur d’âme et votre maturité devraient vous permettre la tolérance à son endroit et l’offre de judicieux conseils afin qu’il grandisse et arrive à vous ressembler quelque peu. Cher Barbancourt, je ne serais pas étonnée de voir ce cher Bas Carat et ses amis s’enivrer de ta bouteille dans leurs moments de plaisir ! Amis lecteurs, jetons trois coups pour les Invisibles, ces fins connaisseurs qui ont juré fidélité au Rhum National !

Savannah SAVARY

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