2014-05-24





Genocide

 

Le Rwanda se trouve dans une situation très compliquée en 1990, car les réfugiés tutsi qui avaient quitté le Rwanda pendant les années entre 1959 et 1962, attaquent de l’extérieur à partir de l’Ouganda. Le Rwanda fait donc face à une guerre extérieure menée par ces réfugiés qui font partie, eux-mêmes, de l’armée ougandaise. A ce moment aussi, le président François Mittérand va prononcer le discours de La Baule, par lequel il va obliger les chefs d’Etat africains à démocratiser. Le président du Rwanda Habyarimana va être obligé à démocratiser le Pays dans un contexte de guerre, ce qui va l’affaiblir. Les vieux clivages internes vont se réveiller, entre Hutu du Nord et Hutu du Sud. Les Hutus du Sud vont profiter de la guerre, pour s’appuyer sur leurs ennemis du FPR et pour renverser ainsi le général Habyarimana. Ils pensent, en effet, que le processus de démocratisation va se terminer avec des élections et qu’ils vont, à la fin de ce processus, tirer les marrons du feu. En effet, au Rwanda, il y a 85 % de Hutu et un peu plus de 10 % de Tutsi. Même si les Tutsis, minoritaires, ont une armée puissante, le jour des élections, ils ne pèseront que 10 %. Et même si les Hutu sont divisés en deux camps, ils obtiendront deux fois 45 % des votes face au 10 % des Tutsi. Les Hutus du sud pensent donc qu’ils vont gagner les élections, même sans Habyarimana. Donc, ce sont les Hutu dits modérés, constitués surtout des Hutu du Sud, qui vont s’allier aux Tutsi du FPR, pour déséquilibrer Habyarimana et pour prendre le pouvoir.

 

Plus en général, les Hutu dits modérés sont, en réalité, les Hutu, compris certains Hutu du Nord, qui collaborent avec le FPR et qui sont contre Habyarimana. Le FPR va les utiliser et va provoquer un climat de guerre civile. Nous savons maintenant que tous les attentats qui ont été commis dans la période entre 1991 et 1993 et qui vont exacerber les tensions raciales, viennent non pas du camp du président Habyarimana, mais du camp du FPR. Le FPR, actuel régime aujourd’hui au pouvoir à Kigali, pratique la stratégie de la terreur, afin de détruire complètement le corps social rwandais, de façon à qu’il n’y ait plus aucun fruit mûr à recueillir. Les accords d’Arusha vont être signés et l’on ne comprend pas pourquoi le général Habyarimana signe des accords qui font une telle partie belle au FPR, parce que les Tutsi sont le 10 % et ils vont posséder, à l’issue des accords d’Arusha, la moitié des postes ministériels, la moitié de l’armée et la moitié de la gendarmerie. C’est ainsi que tout le monde dit que Habyarimana a trahi. Pas du tout. Habyarimana, qui est un fin politique, sait très bien que, à l’issue des 18 mois du processus de transition, garanti par l’Onu, il va-t- y avoir des élections à suffrage universel et il sait qu’il va les gagner, parce que les Hutu sont 85 %. Ce qui fait que le FPR se rend compte que, en fait, a perdu la partie. Il a réussi à signer des Accords qui le font entrer dans le jeu politique, mais seulement pour la période de transition. Il sait très bien que, à l’issue de ces élections, il va se retrouver complètement minoritaire. Sa seule force est une force militaire, parce qu’il a une armée plus puissante que l’armée officielle rwandaise. Il faut donc un élément qui permette de reprendre la guerre pour gagner le pouvoir militairement. C’est à ce moment là que le général Habyarimana est assassiné dans son avion. Deux missiles abattent son avion.

 

L’attentat, élément déclencheur du génocide

 

À propos des responsables de l’attentat, l’on peut dire aujourd’hui que ce ne sont pas les Hutu qui ont tué Habyarimana. Nous avons déjà des indices et des témoignages fournis, notamment, par des membres du commando. Nous avons les numéros des missiles, nous savons où l’attentat s’est déroulé. Nous savons que les missiles ont été transportés sur un camion chargé de bois depuis le quartier général de Mulindi jusqu’au centre de Kigali et sur un véhicule chargé de viande depuis le centre de Kigali jusqu’au lieu de l’attentat. Nous connaissons les noms des tireurs. Nous connaissons la couleur du véhicule qui a transporté. Nous avons les numéros d’identification des missiles. Ces missiles proviennent du stock de l’armée ougandaise. Par la collaboration judiciaire franco russe, nous avons pu obtenir la liste de 60 missiles qui ont été vendus par l’ex Union Soviétique à l’armée de l’Ouganda. Sur ces 60 missiles, 16 sont sortis du stock de l’armée ougandaise et sont passés du coté du FPR. Nous savons que parmi ces missiles, deux ont été tirés et nous avons les numéros de ces missiles qui correspondent à ceux qui sont compris parmi les 16 qui sont sortis des arsenaux de l’Ouganda.

 

Il y a donc beaucoup de témoignages, mais il n’y pas encore de conclusion définitive. Il y a des indices plus que concordants qui montrent que cet attentat ne vient pas du coté des Hutu. Proviendrait il du coté du FPR? Pour répondre à cette question, il faut regarder à qui profite le crime. Certainement pas aux Hutu. Les Hutu n’avaient aucun intérêt à assassiner leur propre président. Ce qui plus est, c’est que le chef d’état major de l’armée rwandaise, le chef de la maison présidentielle et les collaborateurs les plus proches étaient dans l’avion. Cet attentat va complètement décapiter le régime hutu. Le régime hutu n’existe plus après cet attentat. Tous les cadres sont morts. Immédiatement, dans les heures qui suivent l’attentat, le FPR lance l’offensive militaire. Nous savons que cette offensive militaire était préparée depuis six mois. Nous savons tout sur les stocks d’armes et sur la mise en place des unités militaires. Les experts militaires affirment qu’une telle offensive ne peut pas se préparer en quelque heures. C’est une offensive longuement préparée et cette offensive va permettre de disloquer l’armée rwandaise qui est en phase de démobilisation, car l’armée rwandaise, à la suite des accords d’Arusha, joue le jeu des Accords d’Arusha et se démobilise, tandis que le FPR ne se démobilise pas. Il a ses bases arrière en Ouganda et personne ne peut les contrôler.

 

Le rôle insolite du général Dallaire

 

Le général Dallaire, canadien, chef du contingent militaire de la Minuar, a un rôle insolite. L’Onu avait besoin d’un francophone francophobe. Et le général Dallaire l’était. Il va avoir un comportement très bizarre. Le chef civil de la Minuar, est Roger Booh Booh, un africain camerounais, mais il va être tenu à l’écart par le général Dallaire. Dans son livre: “Le patron de Dallaire parle”, Roger Booh Booh lui-même accuse Dallaire d’être pro FPR. Il accuse Dallaire d’avoir joué la carte du FPR. Un capitaine sénégalais de l’Onu, le capitaine Démé, porte les mêmes accusations. Il affirme que les officier africains savaient que Dallaire roulait pour le FPR et qu’ils savaient aussi, dès les heures qui suivirent l’attentat, que  c’était le FPR qui avait abattu l’avion de Habyarimana. Quand l’offensive du FPR a eu lieu, dès la nuit du 6 au 7 avril 1994, après l’attentat survenu vers 20h30, cette offensive était déjà préparée depuis des mois.

 

Dallaire a menti. Le jour avant l’attentat, les responsables internationaux qui chapotent le processus d’Arusha, c’est-à-dire les ambassadeurs des Usa, de France, d’Allemagne et de Belgique et le nonce apostolique, lui disent de savoir que le FPR reçoit des armes en quantité, mais Dallaire nie tout et il affirme que c’est totalement faux et que le FPR ne reçoit pas d’armes de l’Ouganda. Or, la veille de cette réunion, Dallaire avait, dans son bureau, un document qui lui arrivait de son homologue de l’Onu en Ouganda, un colonel indien. C’était un message crypté que nous avons introduit au TPIR. Dans ce message, le colonel indien dit à Dallaire qu’une quantité considérable d’armes passe de l’armée ougandaise au FPR par la frontière. Dallaire le lie, mais au lendemain il dit que ce n’est pas vrai …

 

Dallaire a laissé ses hommes se faire massacrer sous ses yeux. Lorsque, le matin du 7 avril, il voit trois casques bleus belges capturés et qui étaient en train d’être massacrés, il demande au chauffeur de sa jeep de s’arrêter. Le chauffeur dit que c’est trop dangereux et, au lieu de s’imposer à son chauffeur et de s’arrêter, Dallaire va à la réunion de l’état major des Far qui s’était réuni pour voir comment réagir à ce qui s’était passé. Il a devant lui tous les chefs de l’armée, y compris le colonel Bagosora, mais il ne dit rien sur la situation des casques bleus qui sont en train de se faire massacrer par des militaires des Far à quelques mètres de distance. Il le dira seulement après une heure, à la fin de la réunion vers midi, au colonel Bagosora qui part pour vérifier. Mais les casques bleus avaient été déjà tués.

 

Le TPIR incapable de démontrer les preuves d’une planification du génocide

 

Tout ce que le procureur du TPIR a mis en avant comme preuve de la planification du génocide, tout cela a été réduit à néant par  le TPIR même.

 

Par exemple, on disait que c’était une cellule sécrète qui s’appelait Akazu, la petite maison, qui avait organisé le génocide. Le chef de l’Akazu aurait été le beau frère du président Habyarimana, Protais Zigiranyirazo, mais il a été acquitté de ce chef d’accusation. Deux responsables hutus dit modérés ont témoigné que c’étaient eux qui avaient inventé le nom Akazu en 1991, pour discréditer Habyarimana.

 

Deuxième élément de la planification: les extrémistes hutu avaient créé la radio RTLM (radio télévision mille collines) pour inciter au génocide. Ferdinand Nahimana, directeur de cette radio, condamné pour autre chose, a été acquitté pour cela, car le jugement d’appel du TPIR  a dit que la RTML n’a pas été créée dans un but génocidaire. Elle est devenue ensuite une radio génocidaire, après le 17, 18 avril, mais pas avant. Il n’y avait pas de préméditation.

 

Troisième élément: le colonel Bagosora, présenté comme l’architecte du génocide, a été acquitté de la préméditation de l’organisation du génocide. Il a été condamné pour d’autres choses.

 

En réalité, la folie meurtrière au Rwanda était une cocotte minute dans un Pays surpeuplé et dans une situation de conflit. Les gens ont commencé à se massacrer. Il y a eu ensuite une organisation du génocide dans certaines régions, mais bien après l’attentat du 6 avril contre le président Habyarimana. Le génocide a certainement eu lieu, mais il n’a pas été programmé. Alors, s’il n’a pas été programmé, c’est l’attentat contre Habyarimana qui l’a déclenché. Pourquoi alors l’Onu refuse d’enquêter sur cet attentat? Le TPIR, créé par le Conseil de Sécurité de l’Onu n’a pas d’autorisation d’enquêter. Pourquoi? Parce que le Conseil de Sécurité de l’Onu est contrôlé par les Etats Unis et par les Britanniques, les alliés de l’actuel régime de Kigali. La seule enquête qui s’est déroulée c’est une enquête française, car les pilotes de l’avion d’Habyarimana étaient des Français. D’où les attaques du régime rwandais contre la France et les pressions exercées sur les juges à charge de ce dossier. Si l’enquête française capote, les vrais auteurs de l’attentats ne seront jamais identifiés.

 

b. Une analyse

 

Le 6 avril 1994, l’avion transportant deux présidents africains en exercice, MM. Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi était abattu par un missile. Aucune enquête internationale ne fut ouverte afin d’identifier les auteurs de cet attentat qui fut le déclencheur du génocide du Rwanda.

 

Les Etats-Unis à la manoeuvre

 

Après sa création au mois de novembre 1994 par le Conseil de sécurité de l’ONU avec compétence pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 1994, le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) fut installé à Arusha, en Tanzanie, au mois de mai 1995.

 

Dès le début, les Etats-Unis d’Amérique firent pression afin que l’attentat du 6 avril 1994, pourtant totalement inclus dans les limites chronologiques imparties au TPIR, soit écarté de son champ d’investigation.

 

Le TPIR spécialement créé pour juger les responsables du génocide, refusa donc de rechercher les auteurs de l’acte terroriste qui en fut l’élément déclencheur.

 

L’insolite attitude des Etats-Unis pose d’autant plus problème qu’en 1995, il ne faisait alors de doute pour personne que les auteurs de l’attentat du 6 avril 1994 étaient ces «Hutu extrémistes» tant de fois dénoncés par les ONG américaines. Pourquoi les Etats-Unis étaient-ils donc opposés à ce que la responsabilité de ces derniers dans l’attentat qui déclencha le génocide du Rwanda soit officiellement mise en évidence par une enquête du TPIR? La réponse à cette question est peut-être que les services de Washington savaient déjà que l’attentat n’avait pas été commis par les «Hutu extrémistes»… En interdisant au TPIR de mener l’enquête sur l’assassinat du président Habyarimana, les Etats-Unis protégèrent donc de fait ceux qui, en détruisant en vol son avion, permirent au FPR (Front patriotique rwandais), mouvement essentiellement tutsi totalisant de 10% à 15% de la population, de s’emparer militairement d’un pouvoir que l’ethno-mathématique électorale lui interdisait de conquérir par les urnes.

 

Un retour en arrière est ici nécessaire.

 

Washington qui avait décidé de créer un fort pôle d’influence en Afrique centre-orientale, fit de l’Ouganda le pivot de sa stratégie dans cette partie du continent. A partir de ce pays, les Etats-Unis armèrent et conseillèrent le FPR qui, depuis octobre 1990, menait la guerre contre le Rwanda. Ils lui fournirent une aide diplomatique et, par le biais d’ONG liées à leurs services, ils montèrent des campagnes internationales de diabolisation du régime Habyarimana tout en présentant au contraire les hommes du général Kagamé comme des combattants de la démocratie.

 

Le 7 avril, une fois le président Habyarimana assassiné, le FPR reprit unilatéralement les hostilités violant ainsi les accords de paix d’Arusha. Au mois de juillet 1994 il s’empara du pouvoir à Kigali.

 

A partir du Rwanda, les Etats-Unis préparèrent ensuite la seconde phase de leur plan qui était le renversement du maréchal Mobutu du Zaïre. En 1996, une coalition ougando-rwandaise attaqua le Zaïre. En 1997, le Zaïre redevenu RDC (République démocratique du Congo) fut démembré et l’exploitation-pillage des richesses du Kivu par les sociétés-écran rwandaises débuta.

 

La connaissance de cet arrière-plan est indispensable à la compréhension du dossier rwandais.

 

Les preuves contre le FPR s’accumulent

 

Revenons à l’attentat du 6 avril 1994. En 1998, saisi des plaintes déposées par les familles de l’équipage français de l’avion et par la veuve du président Habyarimana, le juge anti-terroriste Bruguière mena son enquête. Au mois de novembre 2006, il rendit une ordonnance de soit-communiqué et mit en examen neuf personnalités très proches du général Kagamé, accusées d’avoir organisé ou perpétré l’attentat du 6 avril 1994. Ne pouvant poursuivre le chef de l’Etat rwandais car il était protégé par son immunité, le juge français demanda au TPIR de l’inculper. En vain.

 

Toutefois, de nouveaux éléments accablants pour les responsables de l’actuel régime de Kigali s’ajoutèrent peu à peu au dossier. Entre autres:

 

- Le 21 juin 2012, à Johannesburg, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major de l’APR (Armée patriotique rwandaise), qui était en 1994 responsable du renseignement militaire du général Kagamé, affirma sous serment devant un tribunal, que ce dernier «a ordonné le meurtre du président Habyarimana», confirmant ainsi les termes de l’ordonnance du juge Bruguière.

 

- Le 9 juillet 2013, la correspondante de RFI en Afrique du Sud, Madame Sonia Rolley, publia deux entretiens exclusifs, l’un avec le général Faustin Kayumba Nyamwaza, l’autre avec le colonel Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements du général Kagamé, dans lesquels les deux hommes accusaient de la façon la plus claire ce dernier d’être le commanditaire de l’attentat du 6 avril 1994 qui coûta la vie au président Habyarimana.

 

Patrick Karegeya qui avait affirmé au micro de RFI qu’il était en mesure de prouver d’où les missiles avaient été tirés, fut étranglé dans sa chambre d’hôtel de Johannesburg le 1er janvier 2014.

 

Le général Kayumba a échappé de justesse à une seconde tentative de meurtre le 4 mars 2014.

- En juillet 2013 puis en janvier 2014, Jean-Marie Micombero, ancien secrétaire général au ministère rwandais de la Défense et qui, le 6 avril 1994, était affecté à une section chargée du renseignement dépendant directement de Paul Kagamé, témoigna devant le juge Trévidic. Réfugié en Belgique depuis 2010 où il est placé sous protection policière, il a donné les noms des deux hommes qui, le 6 avril 1994, tirèrent deux missiles sur l’avion présidentiel. Il a également livré nombre de détails sur les préparatifs et sur le déroulement de l’attentat[6]. Ces déclarations recoupaient en les confirmant celles recueillies en leur temps par le juge Bruguière auprès d’autres témoins.

 

Pour le régime de Kigali, ces avancées du dossier sont terriblement destructrices.

La thèse fondant la «légitimité» du régime du général Kagamé, à savoir celle du génocide «programmé» et «planifié» par les «extrémistes» hutu, a en effet volé en éclats, même devant le TPIR. Dans tous ses jugements concernant les «principaux responsables du génocide», tant en première instance qu’en appel, ce tribunal international a, en effet, clairement établi qu’il n’y avait pas eu «entente» pour le commettre.

 

Conclusion: si ce génocide n’était pas «programmé», c’est donc qu’un évènement d’une exceptionnelle gravité poussa certains à le commettre. Nous en revenons ainsi à l’assassinat du président Habyarimana.

Que contient le dossier du juge Trévidic?

 

La question de savoir qui ordonna l’attentat du 6 avril 1994 est donc primordiale.

 

Depuis des années, les services rwandais tentent d’enfumer la justice française, précisément parce qu’elle est la seule à enquêter sur cette affaire, depuis qu’en janvier 1997, Madame Louise Arbour, procureur du TPIR de septembre 1996 à septembre 1999, ordonna à Michael Hourigan de cesser ses investigations. Quelques mois auparavant, cet avocat australien devenu fonctionnaire de l’ONU avait été personnellement chargé par Madame Arbour d’identifier les commanditaires et les auteurs de l’attentat du 6 avril 1994. Madame Arbour voulait alors étayer l’acte d’accusation jusque là rachitique qu’elle était occupée à dresser contre les anciens dirigeants du régime Habyarimana, afin de montrer que cet attentat avait été commis par des «extrémistes hutu» et qu’en le commettant, ces derniers avaient donné le signal du génocide qu’ils avaient programmé.

 

Or, sur place, à Kigali, menant son enquête, Michael Hourigan découvrit tout au contraire que les auteurs de l’attentat n’étaient pas des « Hutu extrémistes », mais des Tutsi du FPR… et il obtint même les noms de ceux qui auraient abattu l’avion du président Habyarimana sur ordre du général Kagamé. Il rédigea ensuite un rapport qu’il remit personnellement à Madame Arbour. A partir du moment où il lui fit ces révélations, cette dernière changea totalement d’attitude à son égard, devenant cassante, le sommant de mettre un terme à ses recherches et exigeant la confidentialité absolue sur ses découvertes. Le contrat de Michael Hourigan avec l’ONU ne fut pas renouvelé.

 

Bien que le TPIR ait refusé de le lui communiquer au prétexte qu’il n’existait pas (!!!), le juge Bruguière obtint malgré tout une copie du «Rapport Hourigan». Devant le juge, Michael Hourigan authentifia son texte et il en confirma la teneur.

 

Le capitaine sénégalais Amadou Deme, adjoint de Michael Hourigan et ancien numéro 2 du renseignement de l’ONU au Rwanda, a confirmé à la fois les résultats de l’enquête à laquelle il avait personnellement participé et l’insolite changement d’attitude de madame Arbour à partir du moment où le FPR fut suspecté d’avoir assassiné le président Habyarimana.

 

Tous ces éléments ainsi que de multiples autres témoignages figurent dans le dossier d’instruction.

 

C’est pourquoi, au mois de novembre 2013, le juge Trévidic refusa le non lieu demandé par les avocats des personnalités rwandaises mises en examen par le juge Bruguière en 2006. Cette décision était parfaitement justifiée car:

 

- Le dossier contient, entre autres, le lieu du tir des missiles, les noms des deux tireurs et des membres de leur escorte, la marque et la couleur des véhicules utilisés pour transporter les missiles depuis l’Ouganda jusqu’au casernement de l’APR situé au centre de Kigali et de là jusqu’au lieu de tir à travers les lignes de l’armée rwandaise ainsi que le déroulé de l’action.

 

- Le dossier contient la preuve que l’avion présidentiel rwandais a été engagé par deux missiles dont la traçabilité a été établie. Grâce à la coopération judiciaire de la Russie, l’on sait en effet que ces deux missiles dont les numéros de série étaient respectivement 04-87-04814 et 04-87-04835 faisaient partie d’un lot de 40 missiles SA 16 IGLA livrés à l’armée ougandaise quelques années auparavant. Or, avant la guerre d’octobre 1990, Paul Kagamé et ses principaux adjoints furent officiers supérieurs dans l’armée ougandaise et, de 1990 à 1994, l’Ouganda fut la base arrière, mais aussi l’arsenal du FPR.

 

- Devant le TPIR, il fut amplement démontré que l’armée rwandaise ne disposait pas de tels missiles dont, en revanche, le FPR était en possession.

 

- L’armée rwandaise, paralysée par l’embargo sur les armes, n’était pas en état de combattre.

Ce fut le FPR qui reprit unilatéralement les hostilités, car il savait qu’il allait gagner la guerre.

Les forces du FPR n’attendaient qu’un signal pour lancer leur offensive préparée de longue date et reçurent l’ordre de marche depuis leurs bases de la frontière ougandaise, dans la nuit du 6 au 7 avril, juste après l’annonce de la mort du président Habyarimana.

 

2. RWANDA, 20 ANS APRÈS: L’HISTOIRE TRUQUÉE

 

Un film de JulienTeil et Paul – Éric Balnrue – Cynthia MCKinney, Député USA 1993 – 2002 et 2005 – 2007:

20 ans après le génocide rwandais, on ne connait toujours pas la vérité. On ne sait toujours pas pourquoi cela s’est produit. Il n’y a toujours pas de justice. Je suppose que ça veut dire qu’il faut tout reprendre à zéro.

 

Colonel Robardey, Assistant technique de la Police judiciaire au Rwanda, de 1990 à 1993:

 

Tout est arrivé pour un peu de coltan, un peu d’étain, un peu d’or, un peu de diamant et  d’autres matières premières. Il n’y a pas de guerre sans motif économique. Les motifs économiques de la guerre au Rwanda n’étaient pas au Rwanda, mais au Congo. Les Rwandais et les Congolais ont payé un prix très cher les richesses du Congo.

 

Printemps 1994: génocide au Rwanda, un Pays au cœur de la Région des Grands Lacs d’Afrique et  dont la superficie avoisine à peine un tiers de celle la Suisse.

Depuis la 2ème guerre mondiale, jamais le continent noir n’avait vu une catastrophe humaine d’une telle ampleur. La responsabilité de la France dans ces évènements est souvent discutée. Ce qui est moins discuté, en revanche, c’est l’implication d’autres puissances et d’acteurs insoupçonnés qui ont joué leurs cartes dans l’écriture de l’histoire du continent noir.

Juvénal Habyarimana est le président en exercice au Rwanda. Il jouit d’une bonne relation avec la France. Le Rwanda et la France ont signé de multiples accords de coopération depuis 1963.

Paul Kagame est le chef politique et militaire du Front Patriotique Rwandais (FPR) et il a été formé à l’école militaire de Fort Leavenworth (1990) au Kansas. Le président ougandais, Yoweri Museveni est son parrain. Kagame et Museveni entretiennent des relations privilégiées avec Israël, la Grande Bretagne et les Etats Unis.

 

Patrick Mbeko, auteur: Tout commence le 1er octobre 1990, lorsque le FPR, mouvement politico militaire composé d’exilés tutsi vivant en Ouganda, envahit le Rwanda au moment où le chef de l’état rwandais, Juvénal Habyarimana, est en visite de travail aux Etas Unis.

 

Pièrre Péan, journaliste: Kagame n’aurait jamais pris le pouvoir au Rwanda si Museveni n’avait pas été derrière lui, un Museveni complètement aidé par les Américains et les Britanniques.

 

Cynthia MCKinney (en 2002): A cette époque on parlait des leaders du renouveau. Parmi ces leaders, on citait, entre autres, Museveni et Paul Kagame. Ils étaient considérés par le département d’Etat des Etats Unis et par les dirigeants de l’appareil de la politique étrangère, comme des leaders du renouveau.

 

Pièrre Péan: Les rebelles tutsi avaient parfaitement compris comment fonctionnait la politique internationale. Au lieu de parler directement avec les Etats occidentaux, ils ont préféré faire du lobbying auprès de certaines associations des droits de l’homme et un certain nombre d’Ong, pour les convaincre qu’ils étaient victimes d’un génocide. Le mot génocide est employé dès le début.

 

En effet, déjà en janvier 93, une coalition d’Ong présente un rapport qui accuse le président Habyarimana et la France de mener une politique de génocide à l’encontre de la minorité tutsi.

 

Jean Carbonare, Président association Survie, 28 janvier 1993 sur France 2: Ce qui nous a beaucoup frappé au Rwanda c’est l’ampleur de ces violations, la systématisation et l’organisation … Dans le pré rapport de notre commission, on a parlé de purification ethnique, de génocide, de crimes contre l’humanité.

 

Pierre Péan: Dans cette histoire de construction d’une histoire truquée, il y a d’abord un travail fait pour installer les Tutsi parmi les bons et les autres parmi les méchants. Le méchant suprême était le président Habyarimana.

 

Jean Carbonare: Jusqu’au niveau plus élevé du pouvoir il y a une responsabilité très grande. Notre Pays (la France) qui supporte militairement et financièrement ce système, a une responsabilité.

 

Pierre Péan: Toute cette histoire-là, repose sur le rôle très important d’une association française qui s’appelle Survie, présidée par Jean Carbonare qui, dès 1993, affirme que la France a tout à se reprocher, car elle s’est mal conduite.

Jean Carbonare omet de mentionner que, lorsqu’il présente le rapport de la commission d’enquête, il entretient d’étroites relations avec le FPR de Paul Kagame, comme il ressort d’une lettre publiée par le journaliste Charles Onana, dans son livre: la France dans la terreur rwandaise. La lettre est rédigée (le 26 mars 1998) par Pasteur Bizimungu, le président du Rwanda après la victoire du FPR et met en relief la disponibilité de Jean Carbonare à poursuivre sa coopération avec le nouveau gouvernement rwandais. Les relations amicales qui unissent le porte parole de la commission d’enquête, Jean Carbonare, et le FPR jette le doute sur le travail des Ong qui semble consister davantage à jeter de l’huile sur le feu.

Pour désamorcer la crise, des pourparlers sont initiés qui aboutissent à la signature des accords d’Arusha le 4 aout 1993. Ces accords prévoient le partage du pouvoir entre les belligérants, dans un gouvernement d’union nationale et de transition, ainsi que l’organisation d’élections dans les mois qui suivent.

 

Colonel Robardey: La seule chose que j’ai vue de très près c’est que à Arusha, en juin 1993, c’est l’omniprésence de la déléguée américaine, Joyce Leader, qui était le n. 2 de l’ambassade des Etats Unis à Kigali. Elle était extrêmement présente auprès de la délégation du FPR.

 

Patrick Mbeko: Les accords d’Arusha étaient des accords très déséquilibrés. Ils ont considérablement renforcé le FPR et affaibli le régime de Habyarimana. Ces accords ont, d’une certaine manière, ouvert la route à la prise du pouvoir par le FPR au Rwanda.

 

Pierre Péan: Sans arrêt le FPR a montré qu’il était prêt à dialoguer, obtenant ainsi des concessions. Puis il rompait, obtenant de recommencer à négocier pour rompre à nouveau. Et dans toute l’histoire des accords d’Arusha, le FPR avait déjà obtenu la moitié du pouvoir, avant même la conquête du pouvoir et quand les Tutsi étaient moins de 15 % de la population. Mais en réalité, le FPR ne voulait pas la moitié du pouvoir, mais la totalité du pouvoir. Donc, la façon que Kagame a trouvé pour obtenir la totalité du pouvoir était celle, très efficace, de tuer son prédécesseur…….

 

Colonel Robardey: Le 7 avril, au matin, ma femme m’a appelé … Elle m’a dit qu’on avait abattu l’avion du président. Je ne me suis pas posé aucune question sur qui pouvaient en être les auteurs. Je savais que c’était le FPR et je me suis simplement dit: ils sont fous, parce qu’ils vont déclencher l’apocalypse. Il est évident que Kagame est à l’origine de cet attentat. D’ailleurs, il l’a reconnu à la BBC en disant aux journalistes que c’était un acte légitime, puisque c’était un acte de guerre pour abattre le chef de l’ennemi et qu’il n’en avait pas à rougir.

 

Paul Kagame à la BBC: J’avais le droit de me battre pour mes droits! … Habyarimana était mon rival dans la guerre, donc il pouvait mourir … Je veux simplement dire que c’était la guerre!

Alors, Paul Kagame est-il le commanditaire de l’attentat? Quelle réponse la communauté internationale a-t-elle pu apporter à cette question?

 

Patrick Mbeko: En 1996, les Nations Unies décident de diligenter une enquête sur l’attentat du 6 avril 1994. Une équipe d’enquêteurs dirigée par l’avocat australien Michael Hourigan est mise en place. C’est cette équipe qui va enquêter directement à Kigali, pour savoir qui étaient en réalité les responsables de cet acte terroriste.

Décédé en décembre 2013, l’avocat australien Michael Hourigan n’a jamais renoncé à faire éclater la vérité sur l’attentat. En aout 2013, il nous a livré les conclusions de son enquête de 1996 au Rwanda.

Michael Hourigan (1958 – 2013), chargé de l’enquête du TPIR et de l’Onu: Ce groupe d’hommes s’appelait «The Network» et ils travaillaient pour le président Paul Kagame. Ils ont dit qu’ils ont été recrutés pour descendre l’avion d’Habyarimana et qu’ils se trouvaient  sur plusieurs sites autour de Kigali le 6 avril 1994. Alors que l’avion d’Habyarimana était sur le point de se poser, ils ont tiré deux missiles sol-air et ont descendu l’avion.

 

Patrick Mbeko: Après avoir recueilli des preuves sur la responsabilité du FPR dans l’attentat, Michael Hourigan contacte Louise Arbour, qui était alors la procureur du TPIR, à partir de l’ambassade américaine à Kigali. Ce que M. Hourigan n’avait pas réalisé en ce moment, c’est que sa conversation  via la ligne sécurisée de l’ambassade américaine était probablement surveillée par les services américains.

 

Michael Hourigan: Louise Arbour était à l’autre bout de la ligne depuis l’ambassade américaine. Nous avons échangé et je l’ai informée de nos dernières trouvailles à Kigali à propos du rôle du président Kagame et de son commando. A ce moment-là, elle était très positive. La seule chose qu’elle m’a dit est qu’elle avait des informations qui pointaient vers les mêmes responsables. Quelques jours après, lorsque je me suis rendu à une réunion avec elle, elle s’est alors montrée très agressive, a contesté mes informations et m’a effectivement demandé de fermer l’enquête. Personne n’a jamais pu parler de ça avec elle. Elle n’en a jamais parlé publiquement ni n’a exposé son raisonnement. Kofi Annan n’en a jamais parlé non plus. Il était secrétaire général de l’Onu.

Michael Hourigan avait ressemblé de nombreuses preuves sur la responsabilité de Paul Kagame dans l’attentat. Pour quelle raison Louise Arbour lui a-t-elle subitement ordonné de fermer son enquête?

 

Cynthia MCKinney: Quand vous avez quelque chose à cacher, vous n’êtes plus transparent. La conséquence c’est que Louise Arbour a reçu une promotion.  Madeleine Albright a eu une promotion. Kofi Annan a eu une promotion. Ils ont participé au camouflage du génocide et ont été tous promus.

 

Patrick Mbeko: Lorsque Carla Del Ponte, après avoir remplacé Louise Arbour au TPIR, va reprendre l’enquête sur les crimes du FPR au Rwanda, y compris l’attentat, une cabale sera montée par Kigali, soutenu par ses parrains britanniques et américains, pour la défaire du TPIR.

 

Carla Del Ponte,  conférence «la raison d’état contre la justice», à Génève, le 31 mai 2011:

Le président Kagame fait une visite officielle à Washington et le président Bush lui demande … de ne pas signer, ni ratifier le statut de Rome pour la Cour permanente. Le président Kagame lui manifeste son accord, mais lui rappelle que Carla Del Ponte est à ses trousses … Ah, si c’est pour ça, on va résoudre le problème!

 

Pierre Péan: Le seul grain de sable de l’histoire des blancs menteurs derrière Kagame c’est l’attentat et qui en est le commanditaire. Comme Carla Del Ponte l’a dit, s’il s’avérait que c’était Kagame, ça changerait toute l’histoire et de façon mécanique ça détruirait le logiciel actuel.

 

Carla Del Ponte: Sénat de Paris, le 1 avril 2014: Le fait qui m’a toujours empêchée de partir d’un coté ou de l’autre, c’est que, si c’était Kagame qui avait descendu l’avion, ce serait Kagame le premier responsable du génocide des Hutus sur les Tutsis, parce que s’il a fait ça, il l’a fait à propos. Et moi je trouvais ça vraiment une chose diabolique. Mais naturellement le diable existe. Donc, on ne sait jamais.

 

Patrick Mbeko: Le problème de l’histoire officielle de la tragédie rwandaise est qu’on a très vite écrit l’histoire avant de réfléchir. Donc, dans le dossier du Rwanda, tout point de vue dissident est très vite vilipendé et son auteur calomnié. Certains faiseurs d’opinion n’hésitent pas à se comporter comme des agents de police au service du pouvoir tutsi du Rwanda ou de la cause ethnique tutsi, au point que on n’hésite plus aujourd’hui à faire une analogie entre les évènements du Rwanda et la Shoa.

 

Pierre Péan: Tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la version relayée en France par Survie, sont des négationnistes, des révisionnistes et, donc, des antisémites …..

 

Patrick Mbeko: Le rôle géo politique de Paul Kagame se précise au fil des années. Il est un acteur important de la stratégie anglo-américaine et israélienne en Afrique centrale. C’est pour cette raison que les crimes du FPR dans la région sont occultés au nom du génocide des Tutsi.

 

Cynthia MCKinney: La France était là du fait de ses relations avec le Rwanda. Ceux qui n’avaient pas de relations avec le Rwanda c’étaient les autres puissances occidentales, surtout les Etats Unis, fort intéressés par un changement de régime. Car la politique étrangère des Etats Unis, c’était le changement du régime.

Pierre Péan: Il faut revoir toute cette période-là avec Washington à des degrés qu’on ne comprend pas complètement aujourd’hui, mais qu’on connaitra un jour. Les Etats Unis voulaient un changement de la géo politique, un changement fondamental.

 

Colonel Robardey: Il faut tenir en compte que c’était au lendemain de la chute du mur de Berlin (en 1989) et que l’ordre du monde avait changé. Aux yeux des Etats Unis et de l’Angleterre, la France qui était, jusqu’alors, le gendarme de l’Afrique et qui avait préservé l’Afrique pour le monde occidental face à la menace de l’Union Soviétique, n’avait plus la même utilité et la même légitimité dans la région de l’Afrique centrale. Derrière les puissances anglo-saxonnes, d’autres acteurs ont souhaité entrer dans le riche Congo voisin par la porte du Rwanda. Pour ce faire, il fallait faire sauter les Français et le président Habyarimana qui était allié des Français, pour voir s’attribuer les richesses du Kivu et du Congo. C’est une guerre qui a commencé au Rwanda en 1990 et qui continue encore aujourd’hui au Congo. 1 million de Rwandais et 6 millions de Congolais ont été tués.

Tout ça pour un peu de coltan, un peu d’étain, un peu d’or, un peu de diamants. Voilà, il n’y a pas de guerre sans motifs économiques et les motifs économiques de la guerre n’étaient pas au Rwanda, mais au Congo.

En octobre 1996, le Rwanda de Paul Kagame a envahi le Congo / Zaire au prétexte de poursuivre ceux que le régime de Kigali qualifie de «Hutu génocidaires». Plus de 400.000 hommes, femmes et enfants, et avec eux des milliers de Congolais, ont été systématiquement massacrés par l’armée du FPR sous le regard impassible de la communauté internationale.

 

Par Bernard Lugan, historien africaniste et expert pour le TPIR

 

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