2016-01-25

Arrêtez de courir, c’est démodé. La tendance est au Slow: l’éloge de la lenteur, mais aussi de la qualité, de l’écologie et du plaisir. Pour lecteur pressé.

Il fut un temps où la lenteur était synonyme de paresse, d’inefficacité. Mais aujourd’hui, le mot Slow (lent) serait plutôt LE mot culte du moment! Car la philosophie du “moins, mais mieux” gagne du terrain, et pour cause.

Le début du mouvement date des années 80 avec l’arrivée du Slow Food. Depuis, nous avons vu naître le Slow Travel, la Slow TV et les Slow Social Media. Même certains scientifiques et managers adoptent la Slow attitude.

Ralentissez au plus vite

Qu’est-ce qui la caractérise? Il ne s’agit pas de faire de la lenteur un but en soi, mais bien de prendre le temps d’obtenir de la qualité authentique. De mettre de la conscience dans notre rapport à la nourriture, aux gens, aux produits…

Selon le trendwatcher Herman Konings, cette tendance cadre parfaitement avec notre époque, qui accorde une importance croissante aux “valeurs LATTE” (un mot de son invention, acronyme de Local, Authentique, Traçable, fidèle à la Tradition et Éthique). Il s’agit d’une réaction à la rapidité et au gaspillage propres à la société de consommation globalisée.



Source: www.hetsprekersburo.nl

Herman Konings: « Différentes études prouvent que notre rythme de vie s’est accéléré de façon mesurable. Nous marchons de 10 à 20% plus vite que dans les années 90! Et nous disposons de 7 heures de moins par semaine. Non pas parce que nous travaillons plus, mais parce que tout ce qui nous relie au travail nous prend plus de temps: attendre dans les embouteillages, entretenir son réseau professionnel, absorber le flux incessant d’e-mails… Nous avons donc réellement moins de temps, et selon le principe que ce qui est plus rare a plus de valeur, le temps et le calme sont devenus plus précieux. C’est logique. »

La naissance du Slow

1986. Le journaliste de gauche italien Carlo Petrini proteste contre l’ouverture d’un McDonald’s à Rome. C’est le signal de départ d’un mouvement Slow Food, qui s’internationalise… rapidement.



Source: grainesdevie.net

On pense parfois – à tort – que le Slow Food veut promouvoir les modes de cuisson lents ou le fait de manger en prenant son temps. Il s’agit plutôt de manger des produits locaux et de préférence bio, non trafiqués et de saison. Et de les préparer avec des modes de cuisson appropriés plutôt qu’au micro-ondes.

Le mouvement de Petrini compte aujourd’hui plus de 80.000 membres dans 50 pays, qui entendent bien conjuguer le plaisir de la dégustation à la qualité durable. Le symbole international est un escargot.

La Belgique compte deux restaurants Slow Food bien connus parmi beaucoup d’autres:

Le Zinneke, 26, place de la Patrie, 1030 Bruxelles, +32 (0)2.245 03 22, www.lezinneke.be

Le Max, 87, avenue Émile Max 87, 1030 Bruxelles, +32 (0)2.733 17 88, www.lemax.be

Slow Fashion

Tout comme le Slow Food, bio et local, la mode « lente » se veut produite ici plutôt que dans les pays à bas salaires. On privilégiera le coton bio ou d’autres matières éthiques et naturelles.

L’exemple par excellence est fourni par Stella Mc Cartney, qui refuse également d’utiliser du cuir ou de la fourrure. Toute cette qualité a un prix, mais pour des vêtements qu’on portera bien plus longtemps.

D’autres tendances mode très « slow »: le fait maison, le tricoté ou cousu main. Et le sur-mesure: oubliez le costume ringard que Bon-Papa portait pendant 40 ans d’affilée, pensez plutôt Café Costume, les magasins branchés à l’ambiance rétro.

Café Costume compte déjà quatre adresses:

Anvers: 11, Emiel Banningstraat, +32 (0)3.257 30 02

Bruxelles: 24, rue Léon Lepage 24, +32 (0)2.513 54 44

Gand: 135, Brabantdam 135, +32 (0)9.225 63 23

Courtrai: 20, Leiestraat, +32 (0)56 49 69 29.

Voyager = explorer

source: votretourdumonde.com

Après le Slow Food, le Slow Travel. Loin du tourisme de masse et l’habitude de “faire” un maximum de destinations, on recherche une connexion authentique avec la culture visitée.

En logeant dans une pension locale ou un gîte confortable, plutôt que dans le grand hôtel de chaîne. En privilégiant la « slow-exploration », en faisant ses courses au marché et en rencontrant les producteurs locaux.

Il est possible d’aller encore plus loin dans la découverte d’une culture en suivant une formation sur place ou en découvrant l’écotourisme.

Le site votretourdumode.com propose un dossier spécial consacré au Slow Travel.

Management: doux mais efficace

Finis les clichés du succès à l’américaine, terminée la course effrénée au profit qui tient lieu de gestion. Le Slow Manager met en avant la qualité, la confiance et l’authenticité, pour construire des rapports durables avec ses clients. Il recherche de nouvelles formes d’organisation qui revalorisent l’individu.

Deux études américaines (de la Wharton School, Pennsylvania et de Foothill College, California) pointent l’efficacité des managers auparavant désignés comme « introvertis ». Ils prennent le temps d’écouter, laissent mûrir les initiatives et encouragent l’engagement à long terme.

Cette force douce n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de certaines figures charismatiques et patientes telles que Gandhi ou Nelson Mandela.

Le fait que les valeurs slow soient bien synonymes de succès trouve une preuve concrète chez Google. Des horaires ultras flexibles, des possibilités de congés parentaux pour hommes et femmes, un décor trendy et des espaces de relaxation (avec cours de yoga et tables de ping-pong), en passant par les heures de travail consacrées uniquement au ressourcement et à la créativité, tout est fait pour que les employés soient heureux… et donc loyaux et productifs!

Même les médias sociaux s’y mettent

Vous êtes joignable jour et nuit via Facebook, Twitter, e-mail, SMS, Whatsapp, Viber, iMessage… Et de préférence simultanément sur votre ordinateur, votre tablette et votre smartphone. Résultat: un tsunami quotidien de messages et d’information.

Herman Konings: « On constate un nombre croissant d’utilisateurs fatigués de la quantité d’infos à digérer. Ils sont submergés au lieu d’être informés et n’ont plus le temps de réfléchir. La contretendance ne s’est pas fait attendre, avec le retour des disques vinyle, des cafés cosy et des intérieurs à la déco rétro. Partout, on ressent un appel à l’authenticité et à la simplicité. Même dans les médias sociaux. Ils gardent leur utilité, notamment pour développer son réseau, et ils continueront d’exister, mais les utilisateurs veulent se reposer de temps en temps. Une bonne illustration est donnée par les Log off Friday afternoon, une initiative populaire aux États-Unis et en Scandinavie. Au bureau, on éteint tout pendant quelques heures: smartphones, ordinateurs et tablettes. Et on parle avec ses collègues en chair et en os… »

Vivre Slow, un réel bénéfice

On mange mieux. Les fruits et légumes biologiques grandissent plus lentement et plus naturellement, ils absorbent donc moins d’eau et ont plus de goût.

On fait des économies. Acheter local et de saison coûte moins cher. Louer (ou échanger) une maison de charme est souvent plus économique qu’un hôtel. Des vêtements de qualité durent bien plus longtemps que le prêt-à-porter low cost qui s’apparente parfois à du “jetable”.

On a la conscience tranquille. La consommation slow est plus respectueuse de l’environnement. Souvent elle prend en compte le bien-être des animaux. Les produits régionaux sont aussi plus “gentils” pour la nature car ils ne nécessitent pas de transport. Les vêtements produits près d’ici sont généralement plus éthiques que ceux des grandes chaînes, qui impliquent parfois le travail d’enfants et des salaires de misère.

On est en meilleure santé. Vivre avec un peu plus de conscience diminue considérablement le stress. D’où diminution de la production d’hormones (comme le cortisol) qui influencent l’oxydation et le vieillissement prématuré. Manger naturel booste votre corps.

On est plus heureux. En accordant plus d’attention au moment présent, vous vous sentirez plus en harmonie avec vous-même, mais aussi avec ceux qui vous entourent. Vous verrez immanquablement s’améliorer vos relations avec vos amis, vos collègues et même vos clients.

On a plus de succès. Pour convaincre, il vaut mieux parler lentement, tous les spécialistes en rhétorique vous le diront.

Slow et célèbres

Elle ne jure que par le bio, elle pratique le yoga tous les jours, elle est accro aux massages ayurvédiques et a temporairement mis sa carrière de côté pour passer plus de temps avec ses enfants et gérer son site Goop. Si on devait élire la reine du Slow Life à Hollywood, la palme irait à Gwyneth Paltrow.

Julia Roberts possède une maison à Malibu, un appart’ à Manhattan, peut s’offrir les voyages les plus extravagants… Et pourtant, l’actrice affirme à qui veut l’entendre que l’endroit où elle se sent le mieux est son ranch à Taos, Nouveau Mexique. Elle y mène une vie tranquille et proche de la nature entre les chevaux, les oies, son mari Danny et leurs enfants.

source: www.gentside.com

« Je suis un fervent défenseur de l’alimentation biologique. Je veux ce qu’il y a de meilleur pour mes enfants, donc je leur prépare toujours des plats aux ingrédients les plus frais et naturels possibles. Je veux éprouver du plaisir en cuisinant, mais aussi en passant du temps à table avec eux. » Jamie Oliver, fan de la première heure du Slow Food.

source: www.footfacsindex.com

Slow TV

Zappons. Sur Discovery Channel, un documentaire aux images qui s’enchaînent à toute vitesse, où les bouts de films passent en accéléré, et où les extraits sont répétés en boucle. Sur les grandes chaînes, les films saucissonnés par des pubs toujours plus courtes, plus flashy et plus répétitives.

Et puis, tout à coup, arrivent les séries qui l’air de rien, deviennent des succès planétaires. Connaissez-vous In Treatment (En Analyse)? Cette série met en scène un thérapeute et ses clients, et chaque épisode couvre une séance, tout simplement. Le succès de cette série démontre que le public apprécie de plus en plus la lenteur et la profondeur.

Pareil pour The Killing, série danoise où la résolution d’un seul meurtre couvre pas moins de vingt épisodes! Et que dire de Mad Men, et son univers délicieusement rétro d’une agence de pub des années 50, où on découvre petit à petit des personnages complexes et où les scènes prennent tout leur temps. Un délice, n’est-ce pas?

Toujours plus Slow

Cittaslow: ou “ville lente”, est un label de qualité international pour les communes qui présentent une grande qualité de vie, du paysage, des produits régionaux et du patrimoine historique. Ces communes ne peuvent pas compter plus de 50.000 habitants. En Belgique nous avons une seule Slow City: Opzullik, une commune de la Province du Hainaut.

Slow Parenting: même dans l’éducation des enfants, vous pouvez tirer profit de ce nouveau mode de vie, principalement en permettant à vos rejetons de découvrir le monde à leur propre rythme.

Slow Science: le mouvement de décélération est aussi porté par des scientifiques de plus en plus nombreux. La course à la découverte et à la publication (compréhensible quand on sait les budgets faramineux qui peuvent en dépendre…) nuit à la qualité même de la recherche. Les scientifiques aspirent à redevenir des « savants », sans devoir se préoccuper de la compétition entre unités de recherche.

Slow Living: vivre avec plus de conscience et d’attention, cela s’apprend. Que ce soit en pratiquant le yoga ou au travers de la pleine conscience (Mindfulness), une forme de méditation qui connaît un succès grandissant chez nous, et qui préconise une plus grande attention pour l’ici et maintenant.

Vous avez aimez cet article? Restons dans le bon et dans le beau avec ces instituts qui vous rendent beau à l’extérieur et à l’intérieur.

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