2015-03-02



Ancien para-commando Jean-Luc Dawans est aujourd’hui électricien industriel pour une société liégeoise. Et un des meilleurs mushers belges.

Ils s’appellent « Virus », « Québec », « Boost », « Gazoile », « Flash » ou encore « Gao ». Ils ont entre 18 mois et 7 ans. Ce sont de magnifiques pure race sibériens, des chiens de traîneau rompus au froid et aux efforts intenses. Et les petits protégés de Jean-Luc.



Jean-Luc est musher depuis une quinzaine d’années. Ancien vététiste de bon niveau, alpiniste amateur, il a toujours aimé les efforts de longue haleine. « J’aime bien me faire mal. Tous ceux qui me connaissent vous diront que ma plus grande force, c’est mon mental. Je ne lâche jamais rien. »

Une course rude

Depuis qu’il s’est découvert une passion pour le mushing (la course de chiens de traineau), le Waremmien s’est spécialisé dans les épreuves de sprint d’une vingtaine de kilomètres maximum. Mais comme tout aventurier qui se respecte, il a voulu prendre part à une course à étapes.

Et logiquement, il s’est inscrit au trophée 4 Pat’ . Cette course, présente au programme de La Grande Odyssée Savoir Mont Blanc, est la course de référence en Europe. Elle a été imaginée par Henry Kam et Nicolas Vannier, le célèbre explorateur français.



Cette course représente un voyage de 10 jours et de près de 1.000 kilomètres à travers les plus beaux paysages des Alpes Françaises, au cœur de la Haute Maurienne Vanoise. Elle va de Samoëns à Bonneval en passant par Megève, Lanslevillard, les Gets, Sixt Fer à Cheval ou encore Flaine et Praz de Lys.

Pour sa première expérience en moyenne distance, Jean-Luc a opté pour la petite formule: 4 jours de course en attelage, pour goûter à autre chose.

« Ici, la plupart des meilleurs mushers du monde sont présents. C’est une course rude avec beaucoup de dénivelés. Mes chiens et moi, on s’entraîne sur des distances de 40 kilomètres, mais c’est difficile de trouver du dénivelé en Belgique. Mes chiens n’ont pas l’habitude de ça. Mais c’est une expérience magnifique. »

« A la maison, j’ai 24 chiens. Pour prendre part à cette course du trophée 4 Pat’, j’en ai pris 10 avec moi, les autres sont restés en Belgique. Prendre soin de tous ces chiens, c’est un boulot à plein temps. Avec les entraînements, il faut compter 5 à 6 heures par jour.

Habituellement, je m’entraîne très tôt le matin ou tard le soir, dans le noir, le froid et la boue. C’est dur mais je sais que les chiens adorent ça. Ce sont mes enfants. »

Jean-Luc la nounou

Nous retrouvons Jean-Luc au bivouac de la base polaire établie au col du Mont Cenis à 2.083 mètres d’altitude, à l’issue de la 2e étape. Après plus de trois heures trente d’effort, il a préféré ne pas se lancer dans la deuxième boucle de 20 kilomètres pour épargner ses chiens. « Le plus important, c’est que je termine la course avec des chiens en bonne santé! »

Il est 19 heures, la nuit est tombée sur les pistes de ski. A la lueur de sa puissante lampe frontale, Jean-Luc installe le stake-out, un câble qui permettra d’attacher les chiens pour qu’ils puissent passer la nuit couchés sur de la paille, enveloppés dans un petit manteau en polar.

Vient ensuite l’heure de la pitance: un mélange de croquettes, d’eau et de viande en boîte pour recharger les batteries. Jean-Luc passe alors ses troupes en revue. Il inspecte les pattes de ses athlètes et les masse tendrement. Il est 21h30, Jean-Luc la nounou n’a encore rien avalé, trop occupé au bien-être et au confort de son attelage.

Une heure plus tard, il s’engouffrera dans sa tente pour tenter de trouver le sommeil pendant quelques heures, malgré les -20° affichés par le thermomètre. « Je prends Gao avec moi. C’est ma chienne de tête. J’entretiens une relation privilégiée avec elle, elle dormira avec moi et m’apportera en plus un peu de chaleur dans la tente. »

Changer de stratégie

Le lendemain matin, c’est un Jean-Luc congelé qui nous accueille à la sortie de son frêle abri de toile. « J’ai beau avoir été para-commando plusieurs années, je viens de vivre la pire nuit de ma vie. Les températures sont apparemment descendues sous les -25° et je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

J’ai rempli mon sac de couchage de paille pour lutter contre le froid mais rien n’y a fait, je ne sentais plus mes pieds en me levant. Les chiens eux, sont en pleine forme et ont passé une bonne nuit. Sauf Tipi qui est un peu malade. En accord avec le staff vétérinaire de la course, elle va se reposer aujourd’hui pour pouvoir prendre part à la 4e et dernière étape. Il va falloir que je change de stratégie pour disposer les chiens sur la ligne de trait, mais j’ai déjà ma petite idée ».

Jean-Luc Dawans terminera la course à la 9e place, loin derrière le vainqueur de l’épreuve. Mais il sait qu’il reviendra. « A la maison, j’ai une jeune génération de chiens avec un super potentiel. Cet attelage-là sera beaucoup plus compétitif que celui de cette année. L’an prochain, je compte bien tenter la grande aventure en bouclant ce parcours mythique de La Grande Odyssée. »

C’est quoi le mushing?

Pour être musher, il faut aimer les chiens et le froid, avoir de la patience et de l’endurance. Etre musher, c’est une activité à temps plein ou presque. « J’ai 25 chiens à la maison. Les soins et les entraînements me prennent entre 5 et 6 heures par jour » explique Jean-Luc Dawans. « Tôt le matin, je pars régulièrement m’entraîner avec les chiens puis je pars au boulot. Quand je rentre à 17 heures, je prends vite un café puis je repars jusque 22 heures. »

La force d’un musher est de savoir composer un attelage efficace avec un chien de tête obéissant qui officiera en tant que leader. Habituellement, les chiens les plus puissants sont ceux placés au plus près du traîneau pour arracher celui-ci au sol.

Lors d’une course à étapes, le musher peut changer les paires de chiens en fonction de la fatigue des uns ou des autres ou de leur capacité à courir ensemble. Toute la relation entre le musher et son attelage est basée sur la confiance et la communication. Tout passe par la voix puisque le musher n’utilise ni rennes ni fouet.

Le mushing en Belgique

Historiquement, la tradition du mushing trouve son origine dans les grands espaces d’Amérique du nord où les chiens ont très tôt été utilisés pour effectuer différents travaux de trait. L’activité de loisirs et de sport n’est apparue que plus tard. Aujourd’hui, elle est très répandue en Scandinavie, en Amérique du Nord et dans toute une série de pays de l’Est.

En Belgique, on compte un peu plus de 350 adeptes répartis au sein de différentes fédérations linguistiques. Il existe plusieurs disciplines: avec ou sans traîneaux, à pied, en vélo ou avec un traîneau à roues.

On distingue également les épreuves de sprint (de 5 à 10 km) de celles de courte (de 50 à 100 km) à moyenne (entre 80 et 160 km) et longue distance (de 200 à parfois près de 2.000 km).

En Belgique, plusieurs races sont reconnues comme chiens de traction: le husky sibérien, l’Alaskan Malamute, le Groenlandais et le Samoyède notamment. La traction canine étant interdite en Belgique, il faut être titulaire d’une licence délivrée par un club reconnu pour éviter tout problème.

Infos  et Fédération belge de mushing.

Les grandes courses à travers le monde

La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc est l’une des courses les plus populaires en Europe, imaginée par le célèbre explorateur polaire Nicolas Vannier et Henry Kam, un organisateur d’événements passionné. Sa particularité est d’être très vallonnée et de proposer des parcours avec beaucoup de dénivelé.

En Amérique du Nord, l’Iditarod (qui se court à travers la taïga de l’Alaska) et la Yukon Quest sont les courses les plus mythiques de la discipline. Elles se courent au cœur de l’hiver du grand nord, en autonomie quasi-complète. L’exploit n’est pas tant de les remporter mais bien d’en venir à bout…

www.grandeodyssee.com, www.iditarod.com, www.yukonquest.com

Portraits de Jean-Luc Dawans: Fabian Renkin. Autres images: merci à La Grande Odyssée.

Vous aimez les sensations fortes? Aurélien Ducroz aussi… Dans la rubrique Sport de Glow, découvrez l’interview de ce skieur au pied marin!

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