2015-10-02



Neuf îles perdues comme autant d’Atlantides en plein océan. Voici de quoi vous donner envie de découvrir quatre d’entre elles.

Les Açores sont l’un des endroits les plus éloignés d’autres terres et, surtout, de tout continent. Plus tout à fait en Europe, située 1300 km à l’est, trop loin encore de l’Amérique. Un jardin presque tropical dont la végétation luxuriante surgit de la lave. Un univers zen et paisible, à l’écart du reste du monde.



São Miguel, l’île verte

Plus grande des 9 îles, São Miguel est un peu le navire amiral de la flotte açorienne! Et un fabuleux jardin botanique auquel elle doit son surnom d’île verte. Anticyclone aidant, on pourrait penser qu’il fait toujours beau aux Açores. Le célèbre phénomène météo est plutôt synonyme de météo variable: on peut y vivre plusieurs saisons en une journée! En revanche, les températures ne descendent jamais en-dessous des 15°C et les étés, ensoleillés, ne connaissent pas de longues périodes de pluies.



L’archipel fume et bouillonne d’un peu partout car il se situe juste sur la faille séparant l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Furnas est l’un des sites majeurs où les fumerolles et les marmites de boue sont en lien direct avec les entrailles de la Terre.

Les locaux utilisent depuis longtemps cette chaleur gratuite. Sur les rives du lac, ils ont creusé des trous dans la lave dans lesquels ils plongent des marmites hermétiquement closes. Après sept heures de cuisson, ils se régalent de cozido, savoureux pot-au-feu açorien.

On aime aussi Furnas pour son fantastique parc botanique. Imaginé à la fin du 18e siècle par le consul américain, il fut sans cesse amélioré et agrandi par les propriétaires successifs. Ses plus de 12 hectares actuels regroupent des milliers de spécimens venus des quatre coins du monde, parfois uniques en Europe. Se baigner dans son grand bassin d’eau chaude est un must !

Lorsqu’on s’aventure sur les petites routes de l’intérieur, on change de panorama à chaque tournant. De belvédère en cratère endormi, on en prend plein les yeux. Site le plus célèbre, Sete Cidades est une caldeira de volcan aujourd’hui recouverte de deux lacs aux couleurs différentes.

Les prairies perchées entre montagne et océan rappellent l’Irlande, les champs de lave l’Islande, les forêts de cèdres le Japon, les vignobles plantés dans la cendre l’île italienne de Pantelleria, les fougères arborescentes géantes la Nouvelle-Zélande.

Les vestiges de la laurisylve (forêt subtropicale humide) typique de la Macaronésie remettent les choses en place. Et partout où cela est possible, des fleurs en pagaille: hortensias, agapanthes, azalées, rhododendrons, strelitzias, jusque sur le bord des routes…

Terceira, l’île mauve

Terceira, c’est la troisième en portugais, car la troisième des Açores à avoir été découverte. Aux 15e et 16e siècles, les lourds galions espagnols et portugais y faisaient escale et entreposaient toutes les richesses (épices mais aussi or, argent, pierres précieuses, soieries et porcelaines) ramenées des terres lointaines dans les hangars d’Angra, première ville européenne à se développer au milieu de l’Atlantique.

Angra reste une merveille, inscrite sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco. Déroulant ses rues pentues et pavées bordées de palais, de monastères, d’églises et de maisons colorées, elle évoque déjà les villes coloniales du Brésil.

A Terceira comme dans les 9 îles de l’archipel, il a fallu composer avec les volcans. Les pierres de lave qui recouvraient les terres ont été patiemment entassées pour construire des murets et protéger les cultures. A Biscoitos, les blocs qui entourent les vignes évoquaient aux marins les durs biscuits (pains plusieurs fois recuits à longue conservation) qu’ils mangeaient en mer, au point d’en donner le nom au village.

Expulsées des profondeurs de l’océan, les Açores manquent de plages. Ce qui n’empêche pas les locaux et les voyageurs de se baigner dans les nombreuses piscines naturelles aménagées sur les côtes et qui se remplissent au gré des marées. Celles de Biscoitos, cernées de lave noire, sont parmi les plus surprenantes.

Faial, l’île bleue

Il y a d’abord le bleu pastel des hortensias qui y fleurissent par millions chaque été. A quoi s’ajoute le bleu profond de l’océan. Plus que toute autre île des Açores, le destin de Faial est étroitement lié à l’Atlantique.

Dans ce petit havre du bout du monde tant espéré après parfois de longues semaines passées en mer, les navigateurs ont leurs habitudes, dont celle de sortir leurs pinceaux et d’imprimer une trace durable de leur escale sur les quais. A chaque passage, ils ajoutent une date et redonnent quelques couleurs à leur fresque patinée par le vent et les embruns.

Puis ils se retrouvent chez Peter, au Café Sport, juste en face des quais. Le repaire de tous les loups de mer qui viennent raconter leurs histoires de marins autour d’un gin tonic.

Dix volcans se succèdent du centre de l’île jusqu’à la côte! 1957: pendant que la Belgique se prépare fébrilement à accueillir le monde entier sur le plateau du Heysel, Faial tremble sur ses bases.

A l’extrémité de l’île, un volcan surgit des flots à quelques encablures de la côte. Rapidement, les villages proches sont évacués car les maisons commencent à crouler sous les cendres. Une initiative qui évitera de déplorer la moindre victime.

Durant treize mois, les entrailles de la Terre crachent lave, cendres et bombes incandescentes et l’île y gagne 2,4 kilomètres carrés, aujourd’hui réduits par l’érosion. Le phare voisin est enseveli jusqu’au premier étage. Un édifice relique qui est depuis 2007 la base d’un centre d’interprétation fort réussi. Le décor reste dantesque et l’on s’y promène comme un astronaute sur la Lune.

Pico, l’île grise

Quatre kilomètres de mer séparent Faial de Pico et de son volcan, gigantesque cône gris presque parfait qui, lorsqu’il se couvre de neige, prend des airs de Fujiyama de l’Atlantique.

Pico ne peut pas laisser indifférent. Plus que toute autre île des Açores, elle vit au rythme de son énorme volcan. Le plus jeune de l’archipel. Un monstre qui s’est réveillé plusieurs fois depuis les débuts de l’occupation humaine. Pico, c’est l’île atlantique par excellence. Des petites routes perchées qui s’accrochent entre volcan et océan, d’où la vue plonge vertigineusement vers une mer bleu encre. Des cratères endormis envahis d’eau douce, des pâturages gras et des vaches qui n’ont souvent d’autre limite que le précipice.

Il n’y a pas si longtemps encore, Pico vivait de la baleine et du vin, le verdelho qu’elle exportait jusqu’en Russie et au Brésil. Les fermiers d’ici sont les plus réputés de l’archipel puisqu’ils ont réussi à travailler la terre dans les pires conditions : patiemment, ils ont dû dégager leurs petits lopins de terre encombrés de pierres volcaniques et les entasser en murets coupe-vent, sans compter les périodes de sécheresse. Ces currais bien rangés égrènent toujours le paysage le long des côtes et ont été classés par l’Unesco sur la liste du patrimoine mondial. Dès que l’on s’éloigne des trois micro-villes de l’île ou que l’on remonte vers les hauteurs, Pico déplie à nouveau ses vallées sauvages, toujours couvertes de leur végétation originelle. Pour la solitude totale, il reste encore deux îles tout à l’ouest, Flores et Corvo, puis plus rien avant la Nouvelle-Angleterre…

Açores pratique

Les Açores font partie de la Macaronésie (ainsi nommées « îles fortunées » par les Grecs) au même titre que Madère, les Canaries et les îles du Cap-Vert. Neuf îles, 2325km2 au total et 245.000 habitants. La Région Autonome des Açores fait partie intégrante du Portugal.

Y aller: Jetairfly propose une liaison directe Bruxelles – Ponta Delgada (4h30 de vol). Plus d’infos: www.jetairfly.com.

Décalage horaire: -2 heures.

Climat: de 15°C en hiver à 25°C en été, les températures moyennes sont tempérées par l’océan. Le taux d’humidité avoisine en général les 80%, donnant l’impression que les températures sont plus élevées de 2°C que ce qu’elles ne sont en réalité.

A faire ici et pas ailleurs:

Visiter les seules plantations de thé d’Europe (São Miguel).

Se baigner dans les nombreux bassins naturels, souvent aménagés.

Partir une journée en mer pour observer les cachalots et les dauphins.

Grimper au sommet du Pico un jour où la brume le déserte.

Participer aux fréquentes fêtes populaires (dont les fameuses fêtes du St-Esprit).

Plus d’infos: www.visitazores.com.

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