October 20, 2013 - Atins, Brazil
Gratien et moi regardons s'éloigner la petite barque à moteur qui vient de nous déposer avec nos sacs sur le bord du Rio Preguiças.
Un petit tour à 360 degrés. Derrière nous, le fleuve aux eaux calmes et basses à cette heure de la journée. Il doit faire une centaine de mètres de large à cet endroit, nous sommes à quelques centaines de mètres de son embouchure sur l'océan, la végétation sur les berges est plus clairsemée, laissant la place au sable. Sur la gauche, le rio serpente et se perd dans la végétation pour remonter vers Caburé et Barreirinhas, d'où nous sommes arrivés après une grosse heure de navigation. Face à nous, une grande étendue plane de sable dur sur 200m, puis une petite dune, quelques arbres, et des palmiers. Le village d'Atins se trouverait donc juste derrière. Sur la droite, il n'y a plus aucun obstacle visuel: du sable gris-beige, quelques flaques d'eau, et à l'horizon une fine couche horizontale de bleu-vert, l'eau du rio qui se confond avec l'océan. Puis une fine couche de blanc, l'écume des vagues au loin, très loin, et le bleu immaculé du ciel, sans nuage. Un objet volant tout à fait identifié (OVTAFI) et coloré vient fendre le ciel, à quelque distance. Tantôt un U inversé, tantôt un C, il oscille par des mouvements réguliers à une vingtaine de mètres dans l'air. A sa verticale, sur l'eau, une petite écume d'eau, un bonhomme les bras en l'air sur une planche. Premier signe de vie.
Atins, spot de kite surf. Nous y voilà.
Nous parcourons donc les quelques 200m dans le sable pour rejoindre les premières habitations, derrière cette petite dune. Il est midi, il fait une chaleur accablante. Difficile de marcher en tongs ou pieds nus dans le sable mou et épais, on s'enfonce et ça brule. Pas âme qui vive à première vue, nous posons nos gros sacs contre le mur d'un bar qui semble récent, au design moderne, tout en rondins de bois. Grand poster de Bob Marley sur sa façade. Fermé. Quelques maisons de-ci de-là, posées sur le sable. Certaines indiquent "Pousada" (auberge). Bon, il y a de quoi loger et faire boire le touriste, mais là c'est fenêtres fermées, portes fermées, personne. Certes, on ne s'attendait pas à voir un tapis rouge sur le sable, mais ça n'est pas franchement accueillant. C'est à ce moment là que s'élève une voix de l'intérieur du bar, et qu'apparait un gars d'une trentaine d'année, véritable sosie de Manu Katché en un peu plus jeune, petit chapeau, grosses lunettes de soleil, petite barbiche, bijoux, collier, et un étui de guitare à la main. Chaleureusement, il nous souhaite la bienvenue. Lui, c'est Felipe. Chanteur, guitariste. A peine 2mn que l'on parle et il nous apprend qu'il vient de terminer l'émission "The Voice Brasil", et que ce soir on est invité à une grande fête dans le bar, où il se produira bien sûr. Une vraie star ce Felipe, mais tellement gentil!
Il parle, il parle, il parle, d'une voix qui chante et enchante, on ne comprend pas tout, si ce n'est qu'il propose de nous accompagner jusqu'à la maison de l'autre côté de la "rue", pour toquer à la porte de son amie Christina qui vient juste d'ouvrir sa pousada. Elle semble fermée à première vue, mais au bout de quelques minutes et d'appels "Chris! Chris! Chris!", une porte s'ouvre et une dame d'une cinquantaine d'années, typée "européenne" (comprendre: blanche de peau!) sort de la maison. Elle est enchantée de voir Felipe, de nous voir, sort quelques chaises, nous prie de nous assoir, et nous offre un verre d'eau. L'auberge a l'air tout neuve, toute jolie, avec une grande terrasse couverte, des hamacs à l'ombre qui invitent à la sieste, et un petit jardin planté de quelques arbres. Ca semble super!
Dans la discussion Gratien demande alors si il y a moyen d'aller se balader dans les dunes, toutes proches. Felipe répond que oui, bien sûr, mais pour cela il faut faire appel à un guide, et ah ben tiens justement, il a un ami guide, très bon, expérimenté, français de surcroît, il est juste à côté, je vais le chercher, ne bougez pas! Ca tombe bien on n'avait vraiment pas l'intention de partir, on s'occupe tellement bien de nous!! Effectivement deux minutes plus tard Felipe revient avec Bruno, un petit gars d'une vingtaine d'année, pas très épais, au look rasta/bohème, cheveux en bataille, petite barbe et grosse barbiche, genre le Che avec une regard d'enfant, et sans la casquette. Vieux t-shirt un peu grand, vieux short un peu long, tongs, des petits yeux noirs un peu dans le vide, genre je viens de me lever ou je viens de fumer (et bing! Joli préjugé môssieur Audoly!). Pas vraiment le look d'Indiana Jones en tout cas.
Bruno semble un peu timide au premier abord, pas très enclin à parler de lui-même. On lui pose donc quelques questions sur la possibilité d'aller faire un tour dans les dunes, on y tient, Gratien et moi-même étant encore tout enchantés de notre petite excursion de la veille en 4x4, jusqu'au coucher du soleil (z'avez vu les photos? Eh ben c'était encore mieux en vrai, et toc!). Sauf qu'à priori aucun de nous deux n'envisagions de faire appel aux services d'un guide, pour des raisons financières d'une part et aussi pour le plaisir que procure la découverte d'un nouveau lieu par soi-même, sans parler du côté aventureux de la chose. Et de ce point de vue-là, ce n'est pas Gratien qui va me freiner! Comprenant que nous aimons bien marcher et que nous n'avons pas de programme fixe pour les jours à venir, Bruno évoque alors la possibilité de partir marcher plusieurs jours dans les dunes, en faisant étape dans une oasis au milieu du parc, chez des amis à lui. En même temps qu'il dit cela, je crois percevoir une petite lumière dans son oeil, et une esquisse de sourire, alors que jusqu'à présent il semblait plutôt fermé. Comme s'il voulait nous jauger, avant de nous faire sa proposition. Je sens que Gratien, tout comme moi, a tilté à cette idée, que nous n'avions pas envisagée. Deux jours de trek dans les dunes, nuit en oasis, ça semble génial!
Pour tempérer notre enthousiasme, Bruno prend alors un ton très professionnel et directif en évoquant les conditions du trek: 2h de marche d'approche pour arriver à l'entrée du parc en fin de journée, on mange dans un petit resto qui sert de succulentes crevettes (jusque là ça va!), on se repose un peu, puis 8h de marche d'une traite pour arriver à l'oasis(!). Attention: 3 pauses maximum de 20mn chacune(!!). Interdiction de marcher entre 10h et 15h, qui sont les heures les plus chaudes de la journée. Portage le plus léger possible: un petit sac à dos, un tshirt de rechange, un vêtement un peu plus chaud pour les nuits qui peuvent être fraiches à cause du vent, 1,5 litres d'eau maximum par personne(!!!), crème solaire, lunettes. Pour marcher, manches longues impérativement pour éviter la déshydratation par la transpiration et le vent, et aux pieds tongs ou chaussettes, surtout pas de chaussures. Environ 60km aller-retour. Il ne semble pas très chaud pour que je prenne mon gros appareil photo, c'est du surpoids selon lui... (Eh mais non mais oh! Moâ je fais des randos en montagne avec parfois 20kg sur le dos, pour qui tu me prends mon coco??!)
Bon, plus sérieusement il semble qu'il y ait une certaine dimension... sportive et physique dans cette histoire! Je n'ai jamais marché aussi longtemps sur du sable, dans un environnement désertique, sans chaussures, avec si peu d'eau, et maximum, combien? Trois pauses en 8?? D'autant que ma cheville est toujours incertaine, j'ai plutôt bien récupéré de la marche de 3j dans le parc de Chapada Diamantina, mais si l'inflammation se reveille au milieu du trek, ça risque de ne pas être très drôle. Mais pour l'instant ça va...
Je me demande si c'est de la lègéreté (ou de l'inconscience diront certains) de la part de Bruno de nous proposer cela, ne connaissant pas nos capacités physiques et mentales pour évoluer dans un milieu à priori si hostile, car quasi-désertique. Il y a très peu d'eau et de lagons en ce moment dans le parc, nous l'avons constaté la veille. Et de notre côté, pourquoi ferions-nous confiance à ce guide que nous rencontrons pour la première fois, qui ne nous a pas été recommandé (ah si! Par Felipe!), qui n'est à priori lié à aucune agence, et surtout qui a l'air si jeune... D'ailleurs est-il vraiment guide??
Dans les deux cas, et comme souvent dans ce type de relation "hors cadre social ou professionnel établi" (en d'autres termes, je parle des rencontres en voyage, hors voyages organisés), les décisions se font sur la base certes de petits éléments concrets et rationnels, mais surtout sur l'observation de signes, et au final... au feeling! C'est ce qui se joue je pense pour Gratien et moi, car après cette courte discussion de 10mn, Bruno nous inspire confiance, il semble avoir les pieds sur terre, indépendamment de son apparence extérieure ou de l'absence de preuves évidentes qu'il est qualifié pour ce genre d'aventure. Et le fait qu'il nous propose ce trek démontre aussi qu'il a un minimum confiance en nous, non? La boucle est bouclée.
Un autre élément finira de nous convaincre définitivement, que je ne peux m'empêcher d'associer à un petit clin d'oeil de la nature, et qui me tient à coeur, où que je sois, symboliquement: depuis hier soir la lune est pleine! La perspective de marcher sur des dunes de sable blanc avec un spot de lumière blanche et naturelle au-dessus de la tête, sans subir les désagréments de la chaleur et des coups de soleil, est fort alléchante! Et puis la lune est protectrice...
C'est drole, de manière totalement subjective, en l'espace d'une demi-heure Atins a totalement changé de visage à nos yeux. Inhospitalière à prioi, nous avons rapidement rencontré trois personnes super accueillantes, trouvé un logement magnifique, et dans quelques heures on embarque pour un trek de 48h dans les dunes avec un guide français rencontré il y a tout juste un quart d'heure!
Pour prendre des forces avant le départ nous déjeunons dans un petit restaurant un peu plus haut dans le village (le seul ouvert soit dit en passant... panne générale d'électricité oblige), au menu du poisson grillé, tout simplement délicieux. Pas grand monde autour de nous, un groupe de jeunes brésiliens manifestement kitersurfers, et une fille d'une quarantaine d'années, brune, genre Penelope Cruz en un peu plus agée (oui, oui, c'est ma journée sosie!!) qui vient s'assoir à notre table et engage la discussion en français. Denise, autre figure d'Atins. Brésilienne du sud, ayant étudié quelques années à Paris, qui se définit professionellement comme "consultante à temps partiel" sans soucis d'argent, et dont l'objectif est dorénavant de travailler le minimum, quand ça lui chante, afin de profiter de la vie un maximum, et s'amuser. Un jour elle a débarqué ici par hasard, elle est tombée amoureuse de Atins, des gens, elle dit qu'ici on rigole tout le temps, elle vient d'y acheter un terrain, c'est là qu'elle veut vivre une partie de l'année. Une histoire commune à beucoup d'expats que nous allons rencontrer ici, dans ce petit coin de paradis. Et c'est vrai qu'elle respire la bonne humeur Denise, le visage toujours éclairé et le sourire aux lèvres en permanence. Une bonne énergie!
Décidément, à ce rythme-là, dans une heure on aura rencontré tout le village!
Préparatifs rapides, sac à dos prêt, j'ai finalement pris mon appareil avec un petit objectif plat à focale fixe (j'ai décidément toujours autant de mal à partir "léger"!!). Bruno nous a retrouvé en compagnie de trois françaises qui viennent également d'arriver dans le village, et qui vont simplement nous accompagner pour la soirée, jusqu'au petit resto. Curieusement Bruno lui n'a rien pris. Pas de sac. Pas d'eau. Tongs, short, t-shirt, un téléphone portable dans la poche (pas sûr qu'il y ait beaucoup de réseau au milieu des dunes...), un paquet de clopes, et c'est tout. Ok...
Il faut traverser tout le village d'Atins puis une grande étendue plane et sableuse pour rejoindre les premières dunes et l'entrée du parc. Entrée théorique car seul un petit panneau indique que l'on y pénètre. Je réalise à nouveau que ce n'est pas simple de marcher dans du sable mou en tongs... Le soleil est en train de décliner, la température est agréable à cette heure de l'après-midi. Sur le chemin on fait un peu plus connaissance avec les trois françaises. Lison, une vingtaine d'année, prof de ski dans les Alpes l'hiver et kitesurfeuse invétérée aux quatre coins du monde le reste de l'année. Et elle a vraiment le look qui va avec! Camille, même âge, qui termine un échange en études de commerce au Brésil, et sa maman Francine qui est venue la rejoindre pour quelques jours de vacances. Très bonne ambiance dans ce petit groupe, on passe de l'un à l'autre, on discute. Sur le chemin nous rejoindra également Teja, un brésilien de Fortaleza, anglophone, venu s'installer à Atins il y a peu (lui aussi), et que Bruno voudrait former pour qu'il devienne guide avec lui. Il fera donc avec nous sa première incursion de 2 jours dans les dunes. L'équipe est formée!
Les nuages empêchent ce soir-là d'avoir un coucher de soleil très spectaculaire, mais l'ascension de notre première dune sur un sable blanc, fin et néanmoins relativement compact nous donne un avant-goût des prochaines heures: c'est à la fois magnifique et vraiment agréable sous les pieds, une fois les tongs retirées!
Nous arrivons au petit restaurant à la tombée de la nuit, dans un village posé entre l'océan d'un côté et les dunes de l'autre. Loin de tout. La soirée est fort agréable, agrémentée de jus de noix de coco pour bien s'hydrater (une paille à travers un petit trou dans la noix), puis de quelques caipirinhas pour bien continuer... et toujours bien s'hydrater (c'est important avant une longue marche, n'est-ce pas!). On nous sert les fameuses crevettes élues "Meilleures crevettes du monde" par un magazine japonais il y a quelques années, mais elles ont du choper la grosse tête car franchement j'en ai mangé des meilleures... Le vent et la nuit raffraichissent l'atmosphère... en d'autres termes il fait dans les 25 degrés!
Bruno, Tej et Gratien sont déjà partis se coucher dans les hamacs, nous avons 3h de repos devant nous avant de nous mettre en marche. Je prolonge un peu la soirée avec les filles qui elles repartiront vers Atins un peu plus tard, voire demain matin. Je me sens bien, en forme, voire excité (effet caipirinha?...), pas envie d'aller me coucher à 20h! Cela me rappelle les veilles de nuit en refuge, en montagne. Je sais qu'il y a très peu d'heures de sommeil devant moi, je devrais en profiter pour me reposer, mais l'excitation de la marche du "lendemain" et l'envie de profiter d'être dans un lieu particulier font que je n'ai généralement aucune envie de dormir. Ce qui m'a valu quelques lendemains difficiles en montagne, par manque de sommeil... Bon, allez, 21h, soyons raisonnable. Je m'installe dans mon hamac de fortune. A vrai dire je ne garde pas un souvenir grandiose ni confortable de la dernière (et seule fois) que j'ai eu à dormir là-dedans (c'était en Colombie avec mon cher Olivier), mais depuis on m'a donné LE truc pour être bien dans un hamac: il faut se mettre en biais, et surtout pas dans l'axe!! C'est la clé pour dormir à peu près à l'horizontale, et non pas plié en deux! Et ça change tout...
Malgré tout je ne "dors" pas très bien, j'ai hâte d'y être tout simplement. Chose exceptionnelle et hautement symbolique pour moi (on ne rigole pas!), je n'ai volontairement pas pris ma montre pour ce trek, non pas que cela fasse un gain de poids énorme (toujours cette montre de sport en métal increvable, offerte par Dave pour mes 25 ans, et qui m'accompagne dans tous mes voyages!), mais je me dis que pour une fois je vais "lâcher" la mesure du temps, me fier à la lumière de la nuit, à la position de la lune et du soleil... et au guide!
Trouvant le temps long dans cette espèce de semi-somnolence, mais incapable de dire l'heure qu'il est, c'est finalement Gratien qui nous réveille en urgence: personne n'a entendu le réveil du portable de Bruno (d'ailleurs a-t-il sonné?), on a déjà une heure de retard sur l'horaire de lever prévu! Bon, ça commence bien, mais ce n'est pas très grave tout ça. En revanche ce qui m'inquiète beaucoup plus c'est que je sens le bas de mon visage tout gonflé... Il fait noir et il n'y a pas d'électricité, la lune n'éclaire pas encore assez, donc impossible de voir ce que c'est. Au toucher je sens comme plusieurs grosses piqures le long de la machoire, mais il n'y a pas de moustiques par ici. J'en parle à Bruno, qui semble un peu inquiet. On pense à la même chose. Si c'est une allergie aux crevettes, il faut immédiatement rentrer avant que ça ne se propage aux voies respiratoires. Glurps. Curieusement je ne m'en fais pas tant pour ma santé, mais l'espace d'une seconde j'envisage que c'est déjà la fin de l'aventure. Pas de trek. Pas de dunes. Pas de lune. Les boules, mais sans cornet. Faure de mieux je me prends en photo avec le flash de mon appareil pour voir ce que ça donne sur l'écran, ça n'a pas l'air méchant, en tout cas la gorge n'est pas gonflée, je ne suis pas gêné pour respirer. On décide d'attendre quelques minutes le temps de boire un café, et on avise.
Allez, petit corps, dis-moi que ce n'est rien de grave. Juste une puce ou une araignée qui a effectué l'ascension de la face nord de mon visage avec son piolet et ses crampons. Mais pas d'allergie aux fruits de mer, please! Déjà j'ai arrêté de consommer des huîtres il y a quelques années (vomissement immédiat assuré), mais non, pas les crevettes!!...
Impossible de dire si je suis objectif ou si c'est mon esprit qui déforme la réalité, mais quelques minutes plus tard, après m'être levé et avoir mangé quelque chose, il me semble que ça va mieux. Allez, on y va, pas de souci. Et je croise les doigts.
La lune est déjà bien haute, il est minuit et demi, le soleil se lèvera vers 5h30. Je pars pour l'option chaussettes sans tongs. La classe. Un peu étrange au début mais finalement pas désagréable, et c'est surtout un bon moyen d'éviter les ampoules dans le sable, selon Bruno. C'est toujours très particulier ce moment de se mettre à marcher en pleine nuit, qui plus est sous la pleine lune. Je suis bien éveillé, les sens bien en alerte. J'ai le sentiment de faire quelque chose de très inhabituel, anormal, presque irréel. Normalement la nuit c'est fait pour dormir, pas pour partir marcher! Me reviennent à l'esprit certaines randonnées ou ascensions nocturnes: dans les Rocheuses au Colorado, le Mont-Blanc sous la lune, le Piton des Neiges à La Réunion, le volcan Cotopaxi en Equateur, le volcan Baru au Panama... (ben dis donc, j'en ai vu du pays moi!! C't'à dire que j'ai plus 20 ans non plus...). J'adore, d'autant que le vent dans le dos nous aide à avancer, et la température est vraiment idéale pour marcher.
Il nous faudra je crois une grosse heure à suivre un chemin plat et sabloneux le long de la plage, avant de bifurquer vers la gauche, vers les dunes qui se dessinent un peu plus loin, masses blancheâtres dans la lueur de la lune. Le rythme imprimé par Bruno est soutenu, mais ça va, tous les voyants sont au vert, mal nulle part: le visage a réellement dégonflé, la cheville semble tenir le coup, le moral est bon, et l'envie et le plaisir sont là.
On échange beaucoup avec Bruno, pour faire connaissance. Gratien et moi avons des centaines de questions à lui poser, sur son métier, ses expériences dans le désert, son histoire assez atypique, son enfance, ses parents (père français, mère brésilienne), son service militaire en Amazonie et la chasse à l'annaconda, ses projets de développement pour le parc, pour Atins, pour son agence de trek. Bruno est une vraie mine de connaissance malgré son jeune âge, il dit avoir appris par lui-même, dans les livres, et par son papa, lui aussi guide dans le Nordeste brésilien - un grand personnage local, connu et reconnu à travers le monde. Il nous explique en détail la formation de ces dunes, et son évolution. La lune, les marées, le vent. Comment il se repère dans les dunes, sans carte. Ses plans galère seul ou avec des clients. Deux personnes sont décédées alors qu'il guidait, en 8 ans de carrière. Beaucoup d'autres qui sont parties toutes seules y sont restées aussi, en se perdant. C'est un plaisir de l'écouter, d'autant qu'il le fait de manière très humble je trouve.
Ca y est, nous arrivons au pied de notre première grande dune, imposante et douce à la fois. Encore une fois, la sensation de marcher sur le sable est extrêmement agréable, et les chaussettes sont vraiment un bon moyen de ne pas trop s'enfoncer tout en ayant les sensations de déroulé du pied (allez vous entrainer à la dune du Pila, vous comprendrez!). C'est alors que Bruno nous annonce qu'à partir de cet instant, il n'a plus aucun repère visuel, pour les 6 prochaines heures. Il se fiera à son instinct, au bruit du vent, à la forme des dunes, à la course de la lune... et à aucun moment il n'hésitera.
A mesure que nous avançons et que nous nous enfonçons dans ce décor lunaire (c'est la cas de le dire...) l'ambiance devient réellement magique. Cette alternance de dunes et de plaines qui viennent se perdre au loin dans le noir de la nuit. La lumière que crée la lune sur ces grands espaces blancs, avec nous petits êtres humains au milieu, procure une sensation d'immensité, d'infini, et de douceur à la fois. Cela me fait penser aussi à La Nuit Américaine, et à ces films des années 50 ou 60, où les scènes de nuit sont en fait tournées le jour avec un filtre sur l'objectif, qui donne l'impression qu'il fait sombre (même si on devine les ombres du soleil!). Gratien évoque des films de Jorodowsky, dans la même ambiance. La lumière est telle que l'on se voit assez bien les uns les autres, mais sans les détails, et avec des couleurs très atténuées. Presque du noir et blanc, mais pas tout à fait. De même pour le paysage autour, on devine les quelques dunes suivantes, mais c'est difficile de voir beaucoup plus loin, si bien qu'à chaque minute un nouveau décor apparait, souvent insoupçonné. Des grandes dunes, des plaines de sable, des plaines de végétation basse, de nouveau des dunes, une dépression humide où il devait y avoir de l'eau il n'y a pas si longtemps (sensation de mouillé et de froid sous les pieds), une pente douce de sable, une pente raide à descendre en sautant et en s'enfonçant jusqu'à mi-mollet... Et le vent qui souffle toujours relativement fort dans notre dos, au point qu'une légère couche de sable circule constamment à vive allure à quelques centimètres du sol, et vient nous chatouiller les chevilles et les mollets.
Soudain des cris dans le noir du ciel. Un couple de mouette qui trouve probablement que l'on s'approche trop près du nid. Elles nous survolent et font des piqués en notre direction, tout en criant, pour nous faire peur. J'avoue que ça marche plutôt bien. Et puis tout à coup silence à nouveau, juste le vent et le sable.
Pour celles et ceux qui préfèrent les images au texte (on a tous gardé une âme d'enfant, n'est-ce pas?), je suis désolé mais il est malheureusement extrêmement difficile de prendre des photos dans cet environnement. A cause du manque de lumière bien sûr qui nécessiterait un pied et un temps de pose de plusieurs secondes, à cause du vent ensuite qui déstabilise et du sable ultra-fin qui vient se loger dans le moindre interstice de l'appareil. Et puis parce que je sens bien que les pauses photo toutes les deux minutes (dont je suis coutumier...) ne seraient pas les bienvenues. Bruno garde le même rythme de marche élevé, et dès que je ralentis un peu le pas (je suis moins à l'aise que les autres dans le sable mou, c'est un fait), je me fais rapidement distancer. Donc à vous d'imaginer avec mes mots...
Malgré tout le temps passe plutôt vite et bien. L'environnement est sompteux, magique, irréel. Ajouté à cela j'ai de nouveau des discussions passionnantes avec Gratien. C'est vraiment un plaisir de partager ce moment avec lui. Cela n'aurait pas du tout eu la même saveur si je l'avais fait seul, c'est certain. Je le questionne un peu plus en profondeur sur son activité au Samu Social, ses difficultés, ses motivations, ses expériences. Il me raconte en outre son projet de mémoire, à la fin de ses études, où il a décidé pendant plusieurs jours, et à plusieurs reprises, de se mettre totalement dans la peau d'un sans-abri, à Bruxelles. Pour comprendre. Pour ressentir. Il me raconte l'évolution psychologique, les rencontres plus ou moins heureuses, et le non-regard des "autres", de nous, qui passons à côté sans voir. Que le pire c'est de ressentir l'indifférence. Et que la chute vers le sentiment d'exclusion vient très rapidement, avec toute la siprale que l'on imagine derrière. Mais en fait, non, on ne peut pas l'imaginer... Il y a beaucoup de violence derrière tout ça, psychologique avant tout. J'admire le courage, l'abnégation, la force mentale de Gratien, d'autant qu'il me le raconte avec beaucoup d'humilité, presque gêné. Un grand bonhomme, vraiment.
L'heure de la deuxième pause est arrivée. Je réalise que j'ai finalement bu très peu d'eau, à peine un tiers de litre. La lune nous est passée au-dessus de la tête, et termine sa course vers l'horizon devant nous. C'est alors que les premières lueurs du jour apparaissent, puis le lever de soleil à l'opposé de la lune, extraordinaire. Avec le retour de la lumière du jour, Bruno reconnait alors la dune sur laquelle nous sommes(!), et nous annonce en nous félicitant que nous avons bien marché: nous avons 2h d'avance sur le temps de parcours moyen, et il reste une grosse heure de marche pour l'oasis, que l'on aperçoit effectivement au loin, tâche sombre au milieu du blanc. Je suis épaté du fait que Bruno, après plus de 5h de marche dans les dunes (qui rappelons-le bougent constamment avec le vent), nous a amené exactement au point où il le souhaitait. Chapeau!
On s'autorise alors une pause plus longue, un peu d'eau, quelques biscuits, et surtout des photos maintenant que la lumière le permet. On découvre encore un peu mieux le paysage somptueux dans lequel nous nous trouvons, au sommet d'une dune qui surplombe un lagon d'eau, l'un des rares qui ne soit pas encore asséché à cette époque.
Avec le jour les dunes ont vraiment une apparence toute autre que la nuit. C'est un plaisir à photographier, avec les jeux d'ombres, et les stries du vent.
Le soleil monte rapidement, il va de nouveau faire chaud dans une heure ou deux, il est temps de se remettre en route. Nous croisons quelques chèvres, un cochon, apercevons des traces de chien dans le sol. L'oasis et l'habitat de l'homme ne sont plus très loin. Nous nous dirigeons effectivement vers une étendue de végétation verte au milieu des dunes, large de plusieurs kilomètres.
Nous arrivons enfin à l'oasis Baixa Grande, après 6h de marche depuis le restaurant. Je réalise alors que mes chaussettes sont complètement éventrées. Bruno n'avait jamais vu ça. Ca promet pour le retour!
From Atins - Lençois Maranhenses (Brasil 2013)
Nous sommes accueilli par un couple de natifs d'ici, ils ont une cinquantaine d'années je dirais, ils vivent dans une petite maison en bois, au toit en feuilles de palmier, toute simple, comme partout dans la région. Ils ont aménagé une autre maison avec quelques hamacs à l'intérieur, pour les randonneurs de passage comme nous. Un autre abri où l'on peut prendre les repas, et une douche/WC extérieurs entre 4 planches de bois. L'eau est approvisionnée par une pompe et un groupe électrogène, depuis la nappe phréatique qui court sous toute l'étendue des dunes, jusqu'à l'océan. Quelques animaux (poulets, cochons, chèvres...), et un petit potager suffisent à leurs besoins. Pour se ravitailler ou en cas de pépin, ils sont à 2h de 4x4 du village le plus proche à travers les dunes, il n'y a bien sûr pas de route tracée. Seulement quelques familles vivent dans cet oasis, et bien entendu de moins en moins.
Après une petite collation, nous partons nous reposer 2h dans les hamacs. Je me sens plutôt bien, pas trop fatigué, ni physiquement ni par le manque de sommeil. Dehors la chaleur monte. Vers 10h30 on se réveille pour déjeuner, du poulet local fraichement tué. Celui là il a batifolé dans le sable, pas vraiment élevé en batterie! Une petite douche, et c'est reparti pour la deuxième "sieste" de la journée, afin de rattraper un peu le sommeil perdu de la nuit précédente, et en prévision de la nuit suivante qui sera courte.
Vers 15h nous nous levons à nouveau. La chaleur commence à baisser, et Bruno nous emmène visiter l'arrière de l'oasis, où coule une rivière dans laquelle il fait bon se baigner, et où les dunes s'arrêtent au bord des arbres, déterminées néanmoins à avancer pour inexorablement engloutir ce petit morceau de vie au milieu du sable. Tout autour, des immenses dunes à perte de vue, dont la lumière change à mesure que le jour décroit. La température est parfaite, le vent juste assez raffraichissant. Je pars me balader tout seul un peu plus loin, Gratien fait de même de son côté, pendant que Bruno et Tej discutent au bord de la rivière. Sentiment de bien être et de liberté incroyable dans ce lieu. Je suis en boxer, torse-nu, pieds nus, je cours dans les dunes... (oui, ok, ça fait un peu Royal Canin comme image...ou une pub pour DIM - les photos sont sur demande uniquement!). Bien dans mon corps, bien dans ma tête à cet instant précis. Bien avec moi-même.
Je retrouve néanmoins les autres avec plaisir, pour un coucher de soleil somptueux sur les dunes.
Retour au camp, dîner (de nouveau du poulet!), et au lit... euh... au hamac tout le monde, pour le dernier morceau de dodo avant la nuit de marche suivante. Cette fois-ci je m'endors en quelques secondes, et Gratien doit me tirer d'un sommeil profond vers 23h30, heure du départ. Dès les premiers pas hors du hamac je sens que mes pieds n'ont pas du tout envie de recommencer l'exercice de la veille. Mes voutes plantaires grincent un peu des dents, mes chaussettes ne protègent plus rien du tout, je crois que j'ai déjà des débuts d'ampoule, et pour couronner le tout le poulet de la veille a du mal à faire son chemin dans mon estomac. Bref, c'est pas la grande forme ce "matin", ou plutôt cette nuit. Gratien m'avoue qu'il se sent aussi fatigué, par manque de sommeil principalement.
Mais il n'est pas question de trainer. Nous n'allons pas prendre le même chemin qu'à l'aller car il serait trop difficile de marcher 30 km dans le sable avec le vent de face. L'idée est de partir en ligne droite vers l'océan, au plus court, puis de marcher le long de la plage où le sable est plus dur. Cela nous rajoute donc quelques kms, une paire d'heures de marche en plus selon Bruno, mais c'est physiquement beaucoup plus faisable que la ligne droite. Nous sommes donc partis en théorie pour... plus de 9h de marche jusqu'au petit resto à crevettes!!
Au bout d'une grosse heure dans les dunes nous entendons effectivons le bruit des vagues et de l'océan, au loin, dans le noir, et sentons l'odeur des embruns. Il nous faut traverser une immense étendue d'eau de faible profondeur (l'embouchure d'une rivière), et des sables mouvants (très surprenant mais pas dangereux à priori!) pour rejoindre enfin le rivage, une immense plage sauvage jonchée de débris plus ou moins naturels (la mer rejette tout ce qu'elle ne peut ingurgiter...merci l'Homme!). A cet instant je sens que cela va vraiment être difficile pour moi physiquement. J'ai de plus en plus mal aux pieds, l'un après l'autre, alternativement. Tantôt sous la voute plantaire, tantôt aux articulations, tantôt aux orteils. Sur le sable dur il est plus confortable de marcher en tongs, mais je sens que les ampoules se forment et sont rapidement à vif. Dilemne, tongs ou pieds nus... Et toujours ce vent de face...
La lune est là, mais il y a beaucoup plus de nuages que la nuit précédente, si bien que la lumière s'éteint régulièrement, affectant mon moral. On sent que la pluie n'est pas loin parfois. Et la puissance de l'océan dans le noir, toute proche, un peu inquiétante. Je traine vraiment des pieds, au sens propre, et me retrouve régulièrement 50m derrière les autres. Je fais mon possible pour garder le rythme et ne pas trop me laisser distancer. Au bout de 2h on devine une masse sombre un peu en retrait de la plage. C'est une cabane de pêcheur, une pause à l'abri du vent est la bienvenue. 15mn, pas plus, Bruno est ferme là-dessus, hors de question de se refroidir. Je lui demande où on en est, il me répond "un quart ou un tiers"! C'est tout??! Ca fait 3h que l'on marche!! Je n'ai pas la force d'argumenter, et mon moral descend encore d'un cran. Bruno me demande si je veux lui passer un peu mon sac. Au diable la fierté, j'accepte, au moins temporairement. Gratien lui aussi commence à souffrir des jambes.
On reprend notre marche, sans trop savoir quelle sera la prochaine étape, ni dans combien de temps. Je réalise à quel point c'est difficile de marcher en ligne droite sans aucun repère visuel, autre qu'une toute petite lumière de phare au loin, qui clignote, mais dont il est impossible d'apprécier la distance. Malgré tout je m'accroche à cette petite source d'énergie symbolique, faible mais rassurante car régulière, prévisible. Et humaine. Chacun marche de son côté, plus question de perdre de la salive et de l'énergie à discuter, c'est un effort individuel, presque solitaire, même si est rassurant de sentir les autres pas trop loin. Gratien m'attend de temps à autres, je lis sur son visage que c'est aussi difficile pour lui, ça me donne du courage. Comme en montagne, dans ces cas-là il faut se concentrer sur une chose: un pas, puis un autre, puis encore un autre... Et détourner son esprit et ses pensées de la douleur, qui n'est qu'une information nerveuse. Un pas, puis un autre, puis encore un autre.
Je n'ai plus vraiment notion des minutes et des heures, la lune recule derrière nous mais je ne sais pas dire depuis combien de temps nous marchons, depuis la dernière cabane. Nous avons croisé une forme sombre sur la plage, une grosse tortue de presque 1m de long, échouée là, morte depuis peu. Probablement un sac plastique ingurgité. Triste image, mais nous ne pouvons nous attarder plus longtemps, d'autant qu'elle est déjà en train de se décomposer, et qu'il serait dangereux de la toucher. Marche ou crève.
Enfin une seconde cabane, deuxième pause. 15mn, pas plus, et c'est reparti. De plus en plus dur. Chaque pas est un calvaire. Pour éviter la douleur des ampoules, je ne peux plus poser mon pied normalement, ce qui me génère des douleurs à d'autres endroits du pied, de type tendineux et inflamatoires. J'ai l'impression de marcher comme un zombie, et le paysage s'y prête fort bien. Pour me détourner l'esprit de la douleur, et faire passer le temps, je me dis que je vais me chanter toutes les chansons que je connais. Ca marche, au moins temporairement.
Nouvelle cabanne. Devant nous la nuit s'éclaircit, le jour ne va pas tarder à se lever, on voit déjà des reflets rouges à l'horizon. Bruno propose que l'on attende le lever du soleil, il saura nous dire ensuite un peu plus précisément où l'on est. Très bien. Gratien s'allonge et s'endort presque instantanément. J'essaie quelques étirements, les jambes en l'air, pour faire circuler le sang. Et massage des pieds. Après quelques minutes Bruno revient et nous annonce la bonne nouvelle: bravo les gars, nous ne sommes plus très loin, on voit les palmiers du village au loin, vous avez super bien marché, on y sera dans une heure ou deux... Grrrr!... Encore une heure ou deux!! Mais psychologiquement cela change tout. Ca y est, on voit le but final. Le bout du tunnel. Bruno nous autorise une pause un peu plus longue, mais ce sera la dernière.
Cette dernière partie est néanmoins difficile, la pause a fait du bien, mais les douleurs sont toujours présentes. D'autant que le sol est de plus en plus dur, nous marchons parfois sur ce qui semble être de la roche ou du sable extrêmement compact, et ne supportant plus les tongs, c'est la voute plantaire qui prend tout, sans amorti. Mon pieds droit a gonflé, alors que curieusement la cheville gauche, qui a subi l'accident de scooter, n'est pas douloureuse. Allez, encore un effort, on en voit la fin...
Il est presque 8h quand nous arrivons enfin au petit resto où 36h plus tôt nous dégustions des crevettes et des caipirinhas, le coeur (et les pieds) légers. Vite, une eau de coco, une chaise, le bonheur... De courte durée, car nous réalisons qu'il reste encore une grosse heure de marche pour rejoindre Atins, et que le soleil commence à taper fortement, avec toujours ce foutu vent de face... Rapide discussion avec Gratien, on préfère repartir de suite, au mental, car il ne reste plus que ça.
Dernière ligne droit horrible. Vraiment. La traversée du village d'Atins est interminable, dans le sable mou et brulant. Et puis enfin on y est, la pousade de Christina. Tout le monde est là, Felipe et les trois françaises.
Sentiment de fierté, avec Gratien. D'avoir accompli quelque chose de difficile, et d'unique. Un peu plus tard dans l'après-midi, après un repos bien mérité à l'ombre dans un hamac, nous retrouvons Bruno. Il nous félicite à nouveau, nous avons marché beaucoup plus vite que la moyenne, et nous rassure en nous disant que c'est tout à fait normal de ressentir toutes ces douleurs, pendant et après. Bien sûr il s'était gardé de nous en parler avant... par expérience!
Voilà, petit récit de cette étape importante dans ce voyage. Il y avait à la fois une dimension physique et humaine, tout ce que j'aime, tout ce que je recherche. Un certain dépassement de soi, dans un cadre magique, irréel. Et le partage, avec Gratien. C'est dommage de vivre des choses fortes tout seul. Je pense que cette expérience a créé un lien entre nous, à jamais. Et enfin la rencontre avec Bruno, personnage vraiment étonnant, et attachant. Un sacré guide en tout cas!
Il nous faudra plus d'une semaine à Gratien et à moi pour nous remettre physiquement de ce trek, mais ces images de dunes la nuit sous la lune valent bien quelques sacrifices.
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