2013-10-07

October 7, 2013 - Salvador, Brazil

2 ans après, presque jour pour jour, me voilà de nouveau devant ce petit écran, assis dans le patio d'une petite auberge à rédiger un "premier" article, avec en bruit de fond la télé, et une langue que je ne comprends pas, ou si peu.

Cette fois-ci je pars en "petit" séjour d'un mois, oui c'est pas mal vous me direz, mais j'ai néanmoins le sentiment que c'est très court. D'autant que le pays choisi est plutôt immense, le Brésil! Alors je vais essayer de me concentrer sur la partie Nord-Est du pays, plus connu sous le nom de... Nordeste, terre de la culture afro-brésilienne. Non, je n'ambitionne pas de me mettre à la capoeira, d'apprendre à cuisiner les feijoadas, de parler portugais... euh... brésilien couramment, de danser la samba et d'apprendre enfin à jouer du tambourin correctement. Non. Je veux juste passer de bonnes vacances, prendre ce qui vient, donner ce qui vient. Accessoirement refaire un peu de photos et écrire, pour partager, et poser ce que je vois et ce que je ressens. Processus indispensable chez moi, qui se vérifie dans mon quotidien, et que le voyage et ce blog permettent avec une liberté inestimable.

Parti donc il y a deux jours de Toulouse, après une nuit de 2h, et un au-revoir à l'aéroport qui sonnait comme des retrouvailles (oui, c'est possible), inattendu, poignant, plen d'espoir. Tout cela après 2 semaines complètement dingues, entre le feuilleton Vénézuela, un AOG Emirates, et sur le plan perso de bons vieux fantômes du passé qui se sont donnés rendez-vous tous au même moment, pour venir retoquer à la porte de ma petite vie. Bref, toutes les meilleures conditions réunies pour faire un beau voyage, le coeur et l'esprit retournés, entre "j'ai pas envie d'y aller" et "faut vraiment que j'y aille"!!!

Quoi qu'il en soit, j'y suis.



Dans l'avion j'ai tenté d'avaler le petit bouquin d'Assimil "Apprendre le brésilien en 8h de vol", alors oui tout seul dans ma tête en remuant doucement les lévres pour répéter les phrases j'avais l'impression de super bien parler, avec le plus beau des accents! Mais en fait non. La preuve en arrivant à l'aéroport de Salvador, j'ai voulu faire le malin (ou le radin) et prendre le bus public à 2,80 reals (moins d'un euro) au lieu du taxi confortable à 70 reals. Résultat, j'ai galéré comme un malade, je ne savais pas quel bus prendre, où le prendre, où descendre, la nuit qui tombe, mes sacs trop gros qui écrasent tout le monde, et j'ai mis 3h à rejoindre mon auberge qui se trouvait à 30km de l'aéroport... Mais bon, je l'ai fait, question d'honneur, et puis aussi probablement question de "il-faut-que-je-me-prouve-que-je-n'ai-pas-perdu-la-main-et-que-je-ne-suis-pas-devenu-un-touriste-tout-mou-malgré-les-années-qui-passent". C'est le problème quand tu voyages seul (quand je voyage seul), je n'ai personne à qui prouver quoi que ce soit, alors je me prouve à moi-même. Besoin de reconnaissance qu'elle m'a dit mon amie Marie. Ben oui, c'est ça.

Première impression pas super bonne, notamment hier soir. J'ai fait un petit tour dehors pour trouver un endroit où manger, je m'attendais à quelque chose de plus convivial, de plus propret aussi, je ne sais pas pourquoi. Chaleur, moiteur, des rues sombres, sales, défoncées, l'odeur caractéristiques de détritus des villes d'Amériques du Sud où il pleut rarement, et cette espèce d'appréhension par rapport aux problèmes de sécurité qu'on rapporte sur le Brésil. Bon, personne ne m'a sauté dessus.

C'est pas facile de se retrouver seul à nouveau à vrai dire. Et d'avoir du mal à communiquer. Ca me rappelle mes débuts au Mexique puis au Guatemala. Sauf que là-bas la transition s'est faite en douceur, d'abord chez mon pote Patrick, puis en fréquentant des auberges assez "occidentales" où l'anglais est de mise. Là, c'est brésilien et rien d'autre. La fatigue aidant, je suis désolé de constater que je n'ai pas bien assimilé l'Assimil... et c'est très frustrant! Du coup pas trop envie d'aller vers les gens, je sors du resto en me disant que je vais me coucher de suite, et puis sur le chemin du retour une musique familière, rassurante, et à propos: du blues! Un concert "presque privé" sur la toute petite terrasse d'un tout petit restaurant dans une toute petite rue et une toute petite lumière. Je m'approche, presque aimanté. Ca fait du bien d'entendre le son chaud de la guitare électrique, c'est du blues tout simple, tout chaud, tout doux, pas très fort, une guitare électrique, une basse, une percussion (grosse boite en bois dont j'ai oublié le nom), une voix rauque et chaude, et un harmonica. Comme je m'approche, le patron et la serveuse m'enjoignent à rejoindre les quelques personnes qui sont là, visiblement des amis. Je fais mon timide, je reste debout, on m'apporte une chaise, une bière, et voilà, c'est parti pour une petite heure de bonheur. La musique et le blues en particulier, même chanté en brésilien, tout le monde comprend, y'a pas de frontières.

Je vous passe les détails de la nuit à me réveiller toutes les heures en me disant "c'est l'heure!". Et non, il est 3h du mat, 4h, 5h, 6h... bon allez, 7h je me lève (équivalent midi en France!). Petit déjeuner délicieux à l'auberge, des fruits frais, confiture de banane, jus de goyave, manioc. Ideal pour bien commencer la journée. Objectif: aller me balader à Salvador, dont le centre historique se trouve à quelques kms de là où je suis en longeant la côte.

C'est dimanche, les Salvadoriens (appelons-les comme ça) sont de sortie pour faire leur sport hebdomadaire. Pour la plupart il s'agit juste de marcher, tout en exhibant sa plastique, plus ou moins belle. Festival de pectoraux saillants, de grosses poitrines à peine cachées par des mini-bikinis, de fesses rebondies, de chair apparente, de ventres qui dépassent. Le brésilien est plutôt à l'aise avec son corps, même si tout ça manque un peu de subtilité, voire de classe. Non, pas de photos, bande de voyeurs!





 

L'architecture est assez surprenante. Mélange de bâtiments typiques d'une veille station balnéaire genre années 70 (ça m'a rappelé Cannes, en moins bien entretenu!) et vieilles bâtisses type coloniales complètements décrépies voire délabrées pour certaines, mais qui ont dû être magnifiques à une certaines époque.

Je m'approche du centre de Salvador, et j'arrive par la ville basse. Le Mercado Modelo, immense halle qui servait avant au marchandage des esclaves, transformée aujourd'hui en marché artisanal pour touristes. Soit. Au-dessus, d'immenses immeubles à flanc de collines, et toujours cette impression de délabrement.

Pour rejoindre la ville haute, le plus simple est de prendre cet ascenseur d'une centaine de mètres de haut, enfermé dans un immense pilier en béton, où l'on rejoint ensuite la ville par une passerelle au-dessus du vide. Je n'ai pas de photo pour vous montrer, et comme ma description est un peu nulle, vous avez le droit d'imaginer ce que vous voulez! Ce serait donc le plus simple, donc ça ne me plait pas. Je décide de m'enfoncer un peu dans la ville basse, qui est en fait la partie "commerciale" de la ville, proche des quais, avec ses hauts immeubles tout moche et tout vieux, au milieu desquels se cachent à nouveaux des bâtiments colorés encore plus vieux mais qui furent sans doute magnifique.

Comme c'est dimanche, il n'y a pas un chat, ou alors si, un chat. Rien d'autre. Je me retrouve donc un peu beaucoup tout seul dans ces rues complètement désertes, je me force néanmoins pour sortir rapidement l'appareil photo et prendre ces magnifiques bâtiments aux vitres cassées et que la végétation commence à recouvrir. On se croirait dans un film de science fiction, genre après une épidémie, ou genre... "the walking dead" pour ceux qui connaissent.

Point de zombies à l'horizon, mais je ne suis tout de même pas super rassuré de me retrouver là, d'autant que j'empreinte une petite rue qui semble monter bien raide vers la ville haute. Des jeunes gens sont assis au bord de la rue, et ils ne doivent pas en voir passer souvent des gugus comme moi avec la peau blanche, le sac à dos vert pomme sur les épaules, et les lunettes de soleil blanches pas très discrètes. Pas tout à fait le style du quartier, au niveau des couleurs. Je fais genre je bifurque pour prendre un petit escalier et ainsi éviter de croiser ces messieurs, mais ils m'appellent (hein? qui ça? quoi? moi? z'êtes sûrs?), et par leurs gestes je comprends en fait qu'ils sont en train de m'expliquer que non faut pas passer par là, la ville haute c'est la prochaine rue à droite. Ah bon, ok, "Muito obrigado", l'air détaché. Sont pas si méchants qu'ils en ont l'air en fait. Première frayeur, non fondée.

La ville haute, donc. Très jolie, touristique, belles couleurs, belles maisons, magnifiques églises sur chacune des places, et quelques militaires au coin des rues avec chasuble jaune fluo (au cas où ils décideraient de faire un petit foot en fin de journée?), pistolet, gilet parre-balle. La police touristique qu'ils s'appellent. Rassurant.

Je me dégote un petit resto qui paie pas de mine, la serveuse m'explique tous les plats un à un avec beaucoup d'enthousiasme, et en me touchant le bras genre "celui là tu vas adorer mon coco", je ne comprends rien à ce qu'elle dit, je prends le premier sur la liste, du Mapé. Une bière? Oui, por favor (ça c'est facile, c'est comme en espagnol, faut juste y mettre un accent un peu plus... chantant). Elle m'apporte un truc énorme qui bouillone dans un plat en terre, des coques dans une sauce avec tomates et oignons et plein d'autres trucs que je n'ai pas identifiés, du riz, des haricots noirs, de la poudre de manioc, et une bière de 600ml!! Je ne sais plus qui a dit qu'il fallait manger léger quand il fait chaud et qu'on est fatigué du voyage, c'est loupé.

Pour digérer, je me trouve un super concert de batucada (je crois que c'est ça), grosse ambiance, très coloré, 99% de brésiliens en délire, et les 1% d'étrangers on les reconnait: ils sont blancs, ils ont un appareil photo, et ils ne savent pas bouger. J'en suis.

Encore une ou deux églises pour mon quota culturel, et encore une belle frayeur dans une rue à l'écart avec tout personne sauf 3 gars qui m'abordent pour me proposer de la marijuana (bizarrement j'ai très bien compris ce mot en brésilien). Puis ils me demandent de l'argent, je dis "naõ naõ" tout haut poliment et tout bas je me dit que je suis vraiment con de passer par des endroits comme ça avec mon accoutrement de touriste et mon appareil photo dans le sac. Plus de peur que de mal, deuxième avertissement.

Retour au bercail en bus (toujours 2,80 reals, toujours beaucoup moins cher et beaucoup moins facile que le taxi). A ce propos, ils sont marrants ces brésiliens mais ça ne leur est pas venu à l'idée de marquer le nom ou le numéro des bus sur les arrêts. Imaginez une très longue avenue avec des dizaines d'arrêts de bus sans aucune inscription, des gens qui attendent partout. Tu te choisis un arrêt au hasard, genre au milieu, tu vois au loin ton bus arriver (faut avoir de bons yeux), bien sûr il ne s'arrête pas du tout où tu es, tu cours, il part, tu le loupes. Donc tu te dis le prochain il va s'arrêter à ce même arrêt, que nenni, il s'arrête 100m plus loin (là où tu étais le premier coup), tu cours, il part, tu le loupes. Le côté rassurant dans tout ça c'est que les locaux se font avoir pareil!!

Voilà, 24h au Brésil. Je suis claqué. Demain je fais 7h de bus pour rejoindre une petite ville à proximité d'un parc naturel magnifique m'a-t-on dit. Tant mieux. Les grandes villes ça va un peu, mais je préfères les grands paysages. Besoin de nature et d'air frais aussi.

Até logo!

Toutes les photos sont sur Picasa - cliquer ici

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