2014-05-03



Les anglophones ont pu découvrir récemment un nouveau guide consacré exclusivement à la K-Pop. Ecrit par Mark James Russell, spécialiste du genre musical qui a écrit pour Billboard et le Hollywood Reporter, “K-Pop Now : The Korean Music Revolution” dresse un tableau de la K-Pop d’hier et d’aujourd’hui. Cette analyse du développement de ce mouvement musical est basé sur le parcours de 34 et quelques artistes (groupes et solistes), d’un tour des endroits à la mode, mais aussi des interviews de Simon et Martina de Eat Your Kimchi, Kevin des ZE:A ou encore de Brian Joo pour avoir différents points de vue. Une attention toute particulière a été apportée au design de ce guide pour rendre la lecture agréable avec de nombreuses illustrations et photos de haute qualité.

Dans cette interview avec Soompi.com, Mark Russell nous parle de son livre, de ses artistes préférés et son avis sur le futur de la K-Pop.



Comment vous êtes-vous retrouvé en Corée et qu’est-ce qui vous a amené à la K-Pop ?

J’étais dans la vingtaine et j’avais du mal à décider ce que je ferais de ma vie. Juste avant que n’arrive ce moment où il est temps de grandir et de se trouver un vrai travail, quelqu’un m’a proposé de venir en Corée pour enseigner à l’université. Dès que je suis arrivé en Corée, je me suis fait des amis délirants venus de chaque partie de la ville, des amis qui étaient des musiciens et artistes de la scène underground. J’ai rencontré des gens qui ne ressemblaient pas aux stéréotypes qu’on a sur les Coréens et ils m’ont présenté à encore plus de gens intéressants. Au bout de deux ou trois ans, j’ai voulu écrire sur ce sujet. J’ai écrit pour quelques fanzines et les gens ont commencé à me payer pour écrire. A partir de 2001, j’étais capable d’être auteur à plein temps et c’est encore mon boulot aujourd’hui.

Comment est né votre livre « K-Pop Now! The music revolution » ?

Tuttle Books est mon éditeur. C’est une compagnie à moitié américaine, à moitié asiatique. C’est une maison d’édition qui existe depuis longtemps et c’est probablement la maison d’édition américaine la mieux établie dans le secteur sur les sujets asiatiques. Ils ont fait beaucoup de choses sur le Japon et la Chine, mais pas grand-chose sur la Corée. Il y a quelques années, ils ont publié le livre « Korea : The Impossible Country » écrit par Daniel Tudor et il a enregistré de bons résultats. Ce succès a surpris tout le monde. Ça a poussé l’équipe éditoriale à se dire qu’il n’y avait pas suffisamment de gens pour écrire sur la Corée qui était un sujet à explorer. L’une de leurs premières démarches a été de me contacter et ils m’ont dit qu’ils voulaient un livre centré sur la K-Pop. Ils voulaient quelque chose fun et qui soit plus comme une introduction au genre que les fans pourraient apprécier. Nous en avons discuté et nous avons établi un projet. Leurs équipes pour la partie design et la partie éditoriale sont géniales. Travailler avec eux était fun.

Quel est le processus d’écriture pour un livre comme celui-là ?

Tout d’abord, il faut décider ce sur quoi il faut écrire, donc j’ai établi une liste avec des exemples de chapitres. Nous nous sommes rendus compte rapidement que nous voulions proposer des renseignements et une liste de groupes, la plus longue possible. Nous voulions faire un livre à un prix abordable pour les fans et qui serait intéressant à leurs yeux, donc nous avons fait en sorte qu’il n’y ait pas trop de pages et nous avons fait une liste de 40 artistes dont nous voulions le profil. A partir de là, c’était une affaire d’ajustement. Nous voulions inclure de grands noms, mais nous n’avons pas pu pour diverses raisons comme le fait ne pas avoir reçu l’autorisation d’utiliser les photos.

Comment avez-vous choisi les 34 artistes qui sont présents dans votre livre?

Nous avons dû faire un mélange parce que nous avions fait une liste il y a un an et les choses ont changé. Je savais que les EXO auraient du succès, mais je n’avais pas pensé que ce serait à ce point. Au final, ils ont reçu une section plus petite dans le livre, mais SM Entertainment a tellement de groupes qu’on pourrait faire un livre juste sur les artistes SM. A un moment, il faut faire des choix. J’ai essayé d’élargir un peu les horizons, donc j’ai ajouté Yoon Mirae, même si elle n’est pas une idole k-pop dans le sens classique du terme. J’ai choisi Busker Busker parce que j’ai trouvé leur histoire vraiment intéressante et différente. J’ai aussi mes chouchous. J’aurais aimé écrire sur Henry, mais il n’y avait plus d’espace.

Alors quels sont vos chouchous ?

Yoon Mirae a un talent incroyable. J’aime beaucoup Jay Park et j’aime Henry. Il a vraiment beaucoup de talent. J’aime aussi tous les membres de BIGBANG. « Doom Dada » de T.O.P, comment pourrait-on même la qualifier de chanson K-Pop ? C’était complètement délirant ! En général, j’aime tout ce qui repousse les limites. J’aime beaucoup les Spica – elles ont toutes des voix géniales.

Pour vous, quels sont les groupes qui ne reçoivent pas autant d’attention qu’ils le mériteraient ?

Tout dépend de qui on parle. Il y a des groupes qui marchent vraiment bien hors de la Corée mais dont les Coréens se sont lassés. Un groupe comme 2PM. J’ai pensé que « A.D.T.O.Y » était une chanson géniale, mais la chanson n’a pas eu d’impact dans les classements coréens. «The Baddest Female» était une chanson géniale et on ne peut pas dire que CL ne reçoit pas l’attention qu’elle mérite, mais la chanson n’a pas marché si bien que ça.



C’est un sujet que vous évoquez dans votre livre, mais qu’est-ce qui rend vraiment la K-Pop différente ?

Différentes choses. A notre époque, le média a changé. Avant, c’était un petit nombre de personnes qui contrôlait l’accès à ce qu’on pouvait voir. Un petit groupe de personnes contrôlait ce qui passait sur MTV, ce qui passait sur Mnet. Avant, l’information allait des décideurs vers le public et maintenant, à l’ère Youtube, c’est l’inverse. Ce qui est important est de se faire remarquer. C’est pourquoi PSY a aussi bien marché. Il s’est fait remarquer. Je pense que la K-Pop est douée pour se faire remarquer parce qu’elle peut avoir ce côté subtile, mais c’est aussi un style très flashy et très joyeux, avec un son un peu plus fort, c’est juste qu’elle est un peu de tout.

La section histoire était ma partie préférée du livre. J’ai adoré voir comment la K-Pop est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. Quelle est votre partie préférée ?

Je pense que nous avons des goûts similaires. L’histoire musicale coréenne m’intéresse beaucoup. La Corée des années 1960 et 1970 avait une scène rock incroyable. La musique était géniale, très psychédélique, grunge et vraiment fun. Si vous vous intéressez à leur histoire, vous verrez qu’ils ont des histoires fantastiques. Vous pouvez voir les racines de la K-Pop sous certains aspects, comme l’essor des stars idol dans les années 1970. Me balader dans Séoul avec mon ami photographe, voir la ville et ses changements, c’était fun. Elle change vraiment beaucoup. Je suis parti pendant 4 ans et tout avait changé. J’ai essayé de transmettre cet aspect. J’ai essayé de montrer à des gens qui ne sont jamais allés en Corée ce qui en faisait un pays différent et spécial. J’espère avoir réussi à le faire.

A votre avis, quelles sont les idées fausses que peuvent avoir les étrangers et les Coréens au sujet de la K-Pop ?

A l’international, la plus grande idée reçue est que la musique idol en Corée est la K-Pop. Si vous regardez les classements Gaon et Melon, vous verrez qu’il y a plein de genres différents en réalité. Vous pouvez voir des artistes d’un style différent, des artistes plus âgés, du hip-hop et plus de ballades. C’est intéressant de voir ce qui est dans les classements. La Corée présente beaucoup plus de diversité que ce que les amateurs de musique occidentaux occasionnels pourraient croire. En Corée, je pense qu’il y a des idées fausses sur la façon dont la culture coréenne est vue à l’étranger. La moitié des gens ont une vision trop positive et l’autre moitié a une vision trop négative. Certains pensent que cette popularité est comme celle de Justin Timberlake, et d’autres pensent que c’est fabriqué et que cette popularité n’existe pas. Elle est là, mais c’est encore un créneau réservé à un public averti, pour une petite communauté très vivante et enthousiaste.

Quelles sont vos prédictions pour la K-Pop dans les 5 années à venir?

Je pense que les observateurs occidentaux ont toujours eu tort. Je suis tout à fait prêt à avoir tort à nouveau. En 2008, je pensais que nous avions atteint le point culminant et que les choses retomberaient, mais ce n’était que le début. Ca a continué. D’une façon générale, les Coréens sont doués pour montrer au monde qu’on les juge mal. Je pense qu’il est plus que temps d’avoir un changement de paradigme : le prochain Seo Tai Ji. Seo Tai Ji n’est pas exactement celui qui a donné naissance à la K-Pop, mais il est une figure importante si on se place du point de vue de la façon dont les idols d’aujourd’hui sont créés. Mais il ne faisait pas partie de cette grosse machine, il était dans sa propre catégorie et tout s’est redéfini autour de lui. Je pense que la Corée est prête pour quelqu’un qui soit plus grand que l’industrie elle-même. Ce pas pourrait être fait par quelqu’un qui est là aujourd’hui. On ne peut pas prédire d’où ça viendra. Mais je pense qu’on est prêt pour voir quelqu’un transcender les restrictions actuelles et qui apportera quelque chose de nouveau. Ca arrivera à un moment donné.

Quel conseil auriez-vous pour ceux qui souhaitent travailler dans l’entertainment coréen mais sans être chanteur ?

C’est vraiment dur. Vous avez beaucoup de gens qui veulent travailler dans ce milieu, peu importe le métier. Si vous aimez vraiment quelque chose, il est préférable de ne pas trop vous reposer dessus parce que vous ne perdrez pas cet amour de toute façon. Choisissez quelque chose qui soit en rapport. Si vous faites quelque chose dans les arts/média mais pas nécessairement pour les groupes que vous aimez ou la K-Pop, vous continuerez plus facilement à être intéressé par ce que vous ferez. Connaître la langue aide beaucoup. Vous devez développer des compétences qui vous serviront. Quel que soit le domaine, le plus important est de combler un besoin.

Cet article [Exclusif] Interview avec Mark Russell, auteur de “K-Pop Now: The music revolution” est apparu en premier sur Soompi France.

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