2016-04-16

Les Fonctions du gouvernement autonome Fanny (Membre du Conseil de Bon Gouvernement)

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Concernant le travail dans le cadre du gouvernement autonome, que l’on soit autorité locale, municipale ou du Conseil de Bon Gouvernement, la responsabilité s’assume à travers la conscience. Dans le gouvernement autonome, c’est notre conscience qui nous anime et non pas du tout le souci de gagner un salaire. On a besoin de la participation de toutes et tous pour le bon fonctionnement du gouvernement autonome. C’est notre conscience qui nous appelle à servir le peuple, pas l'argent. On le fait avec une aide ou sans aide, de toute façon nous sommes en train de travailler dans la construction de l'autonomie.

Dans la deuxième période du Conseil de Bon Gouvernement, les compañeros ont reçu chacun une aide à deux occasions. Ils ont reçu 800 pesos. Cette aide n’a été donnée que deux fois pendant les trois ans qu'a duré leur mandat. Lors de la troisième période du Conseil de Bon Gouvernement quelques compañeros ont été aidés par leurs villages, ceci dépend de la façon dont les villages s'organisent. Les déplacements des membres du Conseil de Bon Gouvernement sont pris en charge selon les ressources dont le Conseil de Bon Gouvernement dispose, qui sont aussi les ressources des villages. C'est ainsi qu'on aide les compañeros autorités, en ce qui concerne les déplacements et autres besoins.

La participation des compañeras est aussi encouragée parce que pendant la première période du Conseil de Bon Gouvernement, il n’y a eu qu’une compañera qui a participé. C’est pourquoi on a commencé à encourager fortement la participation des compañeras. Dans la deuxième période ce furent six compañeras qui ont réalisé ce travail. Dans la troisième période ce sont maintenant douze compañeras qui réalisent le travail à l'intérieur du gouvernement autonome.

Cet encouragement à la participation des compañeras se fait à travers des assemblées. Nous voyons qu'il y a plus de participation des compañeras dans les différents domaines de travail que nous sommes en train de réaliser au niveau de l'autonomie. Ce sont des domaines tels que l'éducation, la santé entre autres. Ainsi nous constatons que les femmes participent de plus en plus. Leur participation n'est pas à 1 00 %, mais elle augmente.

Au sein du gouvernement autonome, différents domaines de travail sont aussi traités, tels que l'éducation, le commerce, la santé, la communication, la justice, la question agraire, les déplacements, la gestion des projets, la question des brigadistes, la BANPAZ, la BANAMAS et l'administration. Ce sont les domaines de travail qui sont traités au sein du gouvernement autonome.

Au début, quand le Conseil de Bon Gouvernement a commencé, comme les compañeros étaient peu nombreux, chacun d'entre eux était responsable de trois ou quatre domaines, ils étaient peu nombreux. Dans la deuxième période du Conseil de Bon Gouvernement il y avait douze compañeros et le travail qu'ils devaient faire était plus équilibré, chaque compagnon travaillait dans deux ou trois domaines seulement. Dans cette troisième période du Conseil de Bon Gouvernement nous sommes 24, et maintenant le travail est équilibré.

Nous qui composons le Conseil de Bon Gouvernement, nous sommes 24 et nous couvrons un tour de quinze jours chaque mois. Entre les compañeros et les compañeras, les différents domaines de travail s'équilibrent, nous sommes deux équipes dans le Conseil de Bon Gouvernement, dans chaque domaine il y a deux compañeros et deux compañeras. C'est ainsi que fonctionne le Conseil de Bon Gouvernement, et ce sont les domaines traités.

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Questions

Comment a été encouragée la participation des femmes dans la zone ?

On l'encourage à travers des réunions avec les conseils municipaux et les villages, c'est comme ça que nous sommes en train de faire ce travail. Nous encourageons la participation des compañeras, on fait des réunions au niveau de la commune, au niveau local. C'est là où la participation des compañeras est encouragée pour qu'elles participent aux différents domaines de travail.

Comment le Conseil de Bon Gouvernement fait-il quand il y a une nécessité ou un problème ? Par exemple, quand il est nécessaire de faire un règlement, cela exige de mettre en relation les diférentes instances de gouvernement, parce que le Conseil de Bon Gouvernement n’impose pas sa loi. C'est comme ça que ça se passe, parce qu'ici la démocratie entre en jeu. Parce que les commandants insurgés ne sont pas là tout le temps et nous comprenons que la commission d'information non plus, pas plus que le CCRI. Dans ce cas, comme Conseil de Bon Gouvernement, comment faites-vous pour mettre en place quelque chose qui est nécessaire, une loi, un règlement ? Ou comment faites-vous pour résoudre un problème, une afaire qui doit se régler, un projet ou quoi que ce soit ? Comment se mettent en relation le Conseil de Bon Gouvernement, les MAREZ, les autorités et les villages ?

Dans beaucoup de cas, les initiatives émergent à l'intérieur du Conseil de Bon Gouvernement, c’est-à-dire que les nécessités se constatent depuis les différents domaines. S'il y a un accord ou un travail qui doit être fait collectivement dans la zone, ou un travail collectif dans la commune qui n'a pas été fait, alors il faut se mettre d'accord pour que les travaux puissent fonctionner correctement. Ce qui se fait c'est de convoquer à des assemblées ordinaires, ce que nous faisons normalement tous les trois mois dans la zone, auxquelles se joignent les conseils municipaux et toutes les autorités et aussi les membres des différents domaines de travail pour planifier, pour analyser, pour discuter, pour proposer comment on peut améliorer le travail.

Dans ces assemblées on arrive à des accords de travail entre tous. Dans beaucoup de cas, on ne peut pas décider de tout dans la même assemblée parce derrière il y a notre village et les bases d'appuis. Alors on fait des propositions et on les soumet aux villages pour consultation, et à l'assemblée suivante les réponses des villages arrivent. On voit alors si c'est bon ou s'ils ont proposé une autre chose. C'est ainsi que tout se définit, que les règlements ou plans de travail qui doivent être faits dans la zone se décident. Cette relation se fait aussi quand il y a, par exemple, un travail ou un projet dans une commune. Là, la relation se fait avec les conseils pour voir comment avance le travail, s'il fonctionne ou s'il ne fonctionne pas. Nous avons des travaux collectifs, par exemple je travaille dans un projet de bétail sur la zone, dans les champs de la zone, et là aussi il y a cette coordination avec les conseils et entre ceux-ci et les autorités, oui, il y a cette relation.


Lorsqu'il y a des cas urgents, un accord ou un plan de travail à mettre en place, en tant que Conseil de Bon Gouvernement, nous convoquons des assemblées extraordinaires. Il y en a beaucoup, nous parlons en tant que membres du Conseil de Bon Gouvernement, mais nous sommes aussi aidés par le CCRI qui apporte aussi ses idées et nous oriente, et nous disons : il manque ceci, il faut faire cela. Avec ces idées, cela nous permet de nous orienter et de faire le travail. Le responsable de la zone nous oriente aussi. 1

Pourriez-vous nous citer une expérience de la manière dont se pratique ce que nous appelons « gouverner en collectif» ? Pourriez-vous nous donner un exemple de cette pratique de la gouvernance collective ?

À l'intérieur du Conseil de Bon Gouvernement nous sommes répartis en différents domaines de travail, certains coordonnent la santé, d'autres l'éducation, le transport. Mais celui qui s'occupe de l'éducation n'est pas celui qui résout tous les problèmes de l'éducation. Le travail de gouvernement nous le faisons en collectif, parce que les différents sujets, nous les résolvons entre nous tous. Par exemple s'il y a un problème de justice, eh bien, ce n'est pas seulement celui qui coordonne le domaine de la justice qui va le résoudre ; tous les autres domaines de travail interviennent pour résoudre le problème.

En beaucoup d'occasions nous nous réunissons avec les conseils autonomes. Lorsqu'il y a un problème à résoudre qui n'est pas du domaine de compétence du Conseil de Bon Gouvernement, nous nous appuyons alors sur les conseils municipaux autonomes. Nous nous réunissons, les conseillers municipaux et le Conseil de Bon Gouvernement pour définir un sujet ou un plan de travail que l'on va mettre en place ou un projet que l'on va démarrer.

Quand un sujet n'est pas de notre compétence, on le voit aussi en assemblée, c’est-à-dire que la façon de gouverner, le travail de gouvernement autonome ne sont pas laissés uniquement à la charge du Conseil de Bon Gouvernement. Dans le cas de la commune, ce sont les conseillers qui s'en occupent, mais pas seulement, nous assumons tous une responsabilité. En tant que Conseil de Bon Gouvernement, bien que nous soyons répartis par zones de travail, nous travaillons de façon collective.

Avez-vous eu d'amères expériences durant vos travaux en tant que Gouvernement Autonome ?

Nous avons eu quelques difficultés dans le cas de projets que nous avions élaborés et qui n'ont pas fonctionné, bien que nous les ayons planifiés, discutés. Cela ne veut pas dire que tous les plans que nous réalisons ne fonctionnent pas ; parfois ils ne fonctionnent pas. Et nous sommes honnêtes en disant qu'il y a des choses que nous avions planifiées et discutées, mais dont nous n'avions pas vu les conséquences. Nous faisons le travail et seulement après nous nous rendons compte que nous avons échoué.

Par exemple, avant nous maîtrisions le transit des véhicules qui empruntaient cette route. Mais plus tard une organisation, nommée CIOAC, a commencé à faire circuler d'autres véhicules et à être hors du contrôle du Conseil de Bon Gouvernement. Ils ne respectaient pas les règlements que nous avions mis en place en tant que Conseil de Bon Gouvernement. Et ils ont introduit leurs véhicules sans permission. Qu'avons-nous alors pensé ? Nous avons analysé la situation et avons décidé qu'il fallait mettre en place un barrage. Nous l'avons donc mis en place, mais nous n'avons pas vu les conséquences que cela allait produire. Au bout d'un moment ils ont aussi mis en place un barrage et nous empêchaient de passer.

Nous avons vu que ce que nous avions décidé et planifié, avait eu des conséquences fâcheuses. Nous nous sommes rendu compte que nous n'avions pas réussi à voir les conséquences de ce que nous avions décidé. Cela nous a servi d'expérience : toutes les choses que nous planifions ne fonctionnent pas toujours bien. Quand nous ne savons pas analyser, quand nous ne pensons pas aux conséquences de ce que nous allons faire, nous en sommes affectés. Reconnaissons donc honnêtement que ce que nous planifions de faire ne fonctionne pas toujours exactement comme nous l'avions pensé ou souhaité et qu’il en résulte des choses différentes.

Nous comprenons qu'il faut gouverner collectivement et, au sein du Conseil de Bon Gouvernement, les domaines de travail sont répartis, il y a le ou la responsable de l'éducation, de la santé ou de l'agroécologie. Y a-t-il un travail collectif ? Les compañeros demandent-ils de l'aide, ou faut-il titiller le compañero, ou la compañera pour lui rappeler que c'est de sa responsabilité et qu'il ou elle devrait demander de l'aide s'il ou elle en a besoin ?

Quand nous commençons ce travail, nous n'avons pas tous la capacité de comprendre quelle est notre fonction ; assez souvent nous commençons sans connaître notre fonction. C’est pourquoi le gouvernement est géré en collectif, et nous faisons le travail collectivement : d'une part la responsabilité est collective, d'autre part nous savons que parmi les membres de l'équipe qui doivent assumer la responsabilité d'autorités autonomes, tous n'en ont pas l'expérience. Il y a des compañeros qui ont de l'expérience et d'autres non ; ce que nous faisons est donc de partager l'expérience, ceux qui ont plus de connaissance partagent avec les autres.

En beaucoup d'occasions, la compañera ou le compañero sont inquiets parce qu'ils connaissent leur responsabilité ; ils doivent alors demander : « Comme puis-je faire avancer mon travail ? Je vais demander si je le fais comme ça ou d'une autre façon. » Il y a des compañeras ou des compañeros qui sont conscients de l’importance de demander s'ils ne savent pas, et cela quel que soit le domaine – éducation ou circulation – dont ils sont responsables ; s'ils ne comprennent pas ou ne savent pas comment faire, ils demandent. Mais il y a aussi des compañeros à qui il coûte de demander, et nous devons leur dire : « Il faut faire ça, compañero, il faut faire de cette façon, il faut voir cela. » Il faut toujours motiver et dire au compañero ce qu'il doit faire. Il faut être critique en disant que nous ne voyons pas tous l'ensemble de nos responsabilités et que face à cela, il faut se préparer pour faire avancer le travail. Nous devons être aidés pour nous en rendre compte et pouvoir nous orienter et connaître quelle est notre vraie fonction ou ce que nous devons développer.

Je crois qu'il faut regarder ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et qui en a la responsabilité, ce qu'on doit faire, orienter pour faire avancer le travail. Il y a des compañeros qui connaissent leur responsabilité et eux aussi demandent une orientation pour faire avancer leur travail. Cela se fait au sein du Conseil de Bon Gouvernement, mais aussi avec d'autres compañeros, comme ceux du CCRI. S'il y a quelque chose que nous ne pouvons pas faire ou qui nous manque, nous leur demandons une orientation pour savoir comment faire. C'est de cette façon que nous travaillons collectivement. Mais il faut dire à certains comment faire, à d'autres non. Ils demandent eux-mêmes une orientation pour faire avancer le travail.

Avons-nous une idée de ce que sera notre autonomie dans le futur ? Avez-vous pensé à la manière dont nous allons faire ? Parce que d'autres vont venir et encore d'autres, avez-vous une idée de ce que ce sera ?

Oui, nous avons analysé cela, parce que ceux qui assument le travail du Conseil de Bon Gouvernement et ceux qui en ont été membres ont déjà acquis une expérience. Nous sommes arrivés sans aucune préparation sur la façon de travailler au Conseil de Bon Gouvernement. Beaucoup étaient des autorités du village avant, mais beaucoup de compañeros et compañeras non. Nous arrivons et nous devons faire une dénonciation, régler un problème, alors que nous ne l'avons jamais fait avant, qu’il n'y a pas de préparation ; c'est pour cela que nous partageons nos expériences. Nous nous sommes demandé ce que nous devions faire, une alternative, parce que ce travail, comme on nous l'a dit et nous le comprenons, n'est pas pour dix ans, ça continue, les futures générations vont arriver, si nous ne faisons rien, de la même façon, elles vont entrer en fonction sans expérience et il se passera la même chose.

Ce que nous avons vu, grâce à l'orientation des responsables, c'est qu'il faut faire des formations. Il faut que les compañeros et les compañeras qui ont déjà été membres du Conseil de Bon Gouvernement, qui ont donc déjà une expérience de la manière dont se passe le travail, des problèmes rencontrés, de ce qui a été fait et qui a bien fonctionné, puissent le partager avec les autres compañeros. Il y a déjà eu une première formation pour toutes les autorités, où les compañeros et compañeras qui ont été membres du Conseil de Bon Gouvernement, ont partagé leur expérience.

Ces compañeros autorités vont dans les villages expliquer quelles sont les fonctions au sein du Conseil de Bon Gouvernement, comment on fait une dénonciation, tout ce que l'on y fait.

Ce sont les pas que nous sommes en train de faire, c'est en cours, car ce que nous voulons c'est qu'après celui qui va devenir membre du Conseil de Bon Gouvernement ne dise plus : « Je ne sais pas, je ne suis pas formé pour cela. » C'est pour cela qu'il se prépare. Quand il arrivera et que ce sera à lui de régler un problème, de faire une dénonciation ou d’assurer une permanence ou un rendez-vous, il ne dira plus qu'il ne sait pas le faire, car il aura été préparé. Il saura quelle est sa fonction en tant que responsable de la santé, de l'éducation, de la circulation ou de la justice.

Jusqu'à présent c'est le plan que nous avons : celui de continuer cette préparation, et cela pour tous. Nous n'allons pas uniquement préparer les autorités parce que, comme nous le disons, nous sommes démocratiques et que c'est le peuple qui décide qui va être une autorité ; le peuple n’a pas à choisir quelqu'un seulement parce qu'il a été formé. Quand le peuple choisit un compañero ou une compañera, c'est parce qu'il l'a estimé pertinent, mais il saura que cette compañera aura été formée ; c'est pour cela que la formation s'adresse à tous. Nous faisons cela pour que les futures générations aient des idées et de l'expérience quand elles seront appelées à être des autorités, que ce soit comme membre du Conseil de Bon Gouvernement ou comme conseillers municipaux ou encore comme autorités locales de leur village.

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