2015-06-07



Mexique : état de siège à Tixtla

Comme il fallait s'y attendre, l'intention du gouvernement mexicain est de garantir de manière “pacifique” la journée électorale de dimanche prochain. Une des mesures que le gouvernement fédéral a entreprises est celle d'encercler la ville.

Il y a quelques jours, des équipements militaires impressionnants ont été transportés vers Guerrero : des chars blindés, des tanques, etc. Depuis lundi soir, des barrages routiers imposants ont été installés par l'armée, la gendarmerie, la Police fédérale et les Marines et ce, dans les trois voies d'accès à la ville.

Comme nous l'avons déjà dit publiquement ; ceux et celles qui luttons depuis 8 mois pour exiger la présentation en vie des #43 collègues, nous nous opposons à la tenue des élections à Guerrero. Les raisons ont été exposées à plusieurs reprises, mais elles pointent toutes vers un fait évident : parmi ceux qui se proposent comme candidats pour obtenir un poste public, ils ont des liens avec les groupes de la délinquance organisée.

Nous ignorons si avec ces mesures, ils veulent nous laisser hors de combat dans cette période électorale, c'est-à-dire nous laisser sans capacité de mobilisation ou bien, il y a d'autres intentions avec notre école. Étant donné l'historique d'agressions et de menaces de fermer l'école nous craignons le pire.

Lundi soir, huit collègues de l'école ont été arrêtés et libérés quelques heures après, grâce à une réponse organisée de la part des parents, d'élèves, des organisations et organismes de droits de la personne.

Mardi, une fois de plus, une attaque violente s'est produite contre le mouvement par les forces de l'ordre.

Ceci n'arrive pas seulement à Guerrero, le harcèlement et la présence militaire est devenue constante à Oaxaca, Michoacan et Atenco.

Le pays est sous haute tension.

Les élections ne définiront pas le futur du pays, elles ne produiront pas le changement. Qu'il y ait des élections ou pas, notre lutte continuera.Retour ligne automatique
Nous vous demandons à tous d'être attentifs à ce qui arrivera dans dans les prochaines heures et jours, mais surtout à ce qui arrivera après la scandaleuse journée électorale.

L'état Mexicain cherche à se légitimer, à légitimer plus d'assassinats, plus d'injustice, plus de pauvreté et corruption. PAS NOUS !

Car VIVANTS ILS LES ONT EMPORTÉS, VIVANTS NOUS LES VOULONS !!!

Lettre d'Omar Garcia, survivant de la tragédie d'Ayotzinapa, 3 juin 2015.

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La municipalité de Tixtla, où est située l'école normale rurale d'Ayotzinapa, est en effervescence depuis le 30 mai dernier.

Dans cette région d'où sont originaires 14 des étudiants disparus d'Ayotzinapa, le palais municipale du chef-lieu avait été fermé par le mouvement de lutte depuis le 21 octobre dernier et les autorités locales, liées au narco, expulsées des bâtiments officiels (le frère du président municipal de Tixtla, Jorge Vargas Alcaraz – Parti de la Révolution Démocratique était le chef local du cartel criminel “Los Rojos”).

Fatigués de la corruption et de l'impunité de la classe politique, les parents d'Ayotzinapa, qui promeuvent depuis des mois le boycott des prochaines élections, travaillent depuis un moment à la formation d'un conseil populaire municipal anti-partidaire á Tixtla, cette bourgade où, en 1732, est né Vincente Guerrero, héros de l'indépendance mexicaine.

Samedi dernier les parents et les étudiants d'Ayotzinapa ainsi que diverses organisations sociales décidèrent de mettre en place une “Assemblée Permanente pour le boycott des élections” afin de coordonner les différentes actions de rejet des élections dans l'Etat du Guerrero. Cela, dans un contexte de répression croissante et de militarisation généralisée.

Depuis des semaines, tous les évènements de propagande politique sont prohibés dans cette petite ville, et toutes les affiches à caractère électoral y ont été retirées. Les parents des disparus et le mouvement d'Ayotzinapa contrôlent l'accès à la ville et s'opposent au passage des forces policières et des militaires le long de la route reliant Chilpancingo á Tlapa. Mais ceux-ci leur bloquent également le passage vers la capitale de l'Etat, où les professeurs en lutte de la Coordination des Travailleurs de l'Education de l'Etat du Guerrero (CETEG) réalisent quotidiennement des actions contre les prochaines élections (blocages de bâtiments publics et destruction de propagande électorale).

Depuis mercredi 3 juin, un blocus est en place autour de petite ville et de l'Ecole normale rurale d'Ayotzinapa. On craint une intervention ce dimanche 7 juin des forces policières et militaires, afin de mettre un terme au boycott des élections et au conseil populaire de Tixtla mis en place récemment. Plus bas, un communiqué de ce conseil.

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Communiqué du conseil populaire de Tixtla (31 mai)

Aux organismes des droits humainsRetour ligne automatique
Aux organisations sociales et aux collectifsRetour ligne automatique
Aux médiasRetour ligne automatique
Au peuple en général

Peuple du Guerrero et peuple de Mexico, nous tenons á dénoncer publiquement le harcèlement que les gouvernements fédéral et de l'Etat du Guerrero exercent contre les parents d'Ayotzinapa, contre les jeunes de la normale, contre les instituteurs et contre les citoyens mobilisés afin d'exiger la présentation en vie des 43 jeunes victimes de disparition forcée de la part de l'Etat.

Une persécution qui s'est accentué durant les dernières semaines, à travers l'infiltration d'agents ministériels en civil afin de surveiller et d'intimider les gens mobilisés contre les échéances électorales, l'envoi de convois de militaires et de troupes de la marine afin de patrouiller et d'intimider le peuple. Ces stratégies d'intimidation, de persécution et de harcèlement contre les citoyens mobilisés se sont renforcés après la déclaration faite par les parents des 43 disparus affirmant qu'au Guerrero il n'y aura pas d'élections, tout particulièrement a Tixtla, car c'est la municipalité ou se trouve l'école normale d'Ayotzinapa.

La posture de REJET DES ELECTIONS reste ferme, car les évènements du 26 et 27 septembre 2014 sont un crime de lèse-humanité, parce que la collusion du narcotrafic avec le gouvernement est évidente, que la collaboration et la complicité entre la force publique, ses patrouilles et leurs armes est prouvée et reconnue par toutes les investigations ; parce que nous exigeons que soit juge politiquement l'ex-gouverneur du Guerrero Ángel Aguirre Rivero, le maire d'Iguala José Luis Abarca Velázquez et María de los Ángeles Pineda Villa, et eviter ainsi que soit diluée leur responsabilité dans les faits survenus. La dignité du peuple ne permettra pas que soient installées les urnes électorales, car nous font défaut 43 étudiants de la normale, parce que la justice n'a pas été rendue pour les personnes assassinées, parce que nous avons des prisonniers politiques, parce qu'il n y a pas de démocratie, parce qu'aucun parti politique nous représente et parce que c'est l'Institut National Electoral, au travers des élections, qui a mis au pouvoir des candidats politiques lies au narcotrafic.

En raison de ce qui a été dit précédemment, le peuple de Tixtla a maintenu l'occupation de la présidence municipale, empêchant son organisation et son fonctionnement, car cette structure imposée par le système des partis nous a seulement apporte la misère, la spoliation de nos biens, l'endettement de la municipalité, le souillage du palais municipal et du lieu de naissance de Vincente Guerrero, l'insécurité, les extorsions, les enlèvements, les prisonniers politiques et les disparitions forcées.

Forts du soutien du peuple organisé et du ras-le-bol devant le saccage de nos biens, nous décidons de nous prononcer en faveur de processus alternatifs par lesquels le peuple puisse décider de sa forme de gouvernement, pour le bien de nos communautés et contre l'écrasement des droits humains. Nous portons a votre connaissance le fait que depuis le mois d'avril de cette année des assemblées populaires se sont mises en place en faveur de la construction du Conseil Municipal Populaire en tant que forme de gouvernement ; nous avons réalisé une diffusion constante au sein des communautés et des quartiers afin de dénoncer la farce électorale, avec l'intention de construire un gouvernement légitime du peuple, sans l'intervention du système électoral et des partis politiques, sans l'intromission d'aucun politicien, en ne comptant que sur la voix des femmes et des hommes travailleurs ; un gouvernement dans lequel nos représentants seraient élus durant des assemblées populaires, organe de décision suprême de nos communautés et de nos quartiers, a main levée et sans carte d'électeur, afin d'éviter le gaspillage économique des campagnes électorales, qui ne font que laisser le peuple dans la misère. Sans doute aucun, ces espaces autonomes représentent une menace pour les intérêts privés, partidaires et gouvernementaux qui, au travers de la répression, prétendent faire disparaitre les tentatives d'organisation de la population en chemin vers l'autonomie.

Sur le chemin de l'autodétermination, s'est déroulée le 30 mai de cette année la 5e Assemblée Populaire de Tixtla au sein des installations de l'auditorium municipal, avec la représentation des parents des 43 disparus, le comité étudiant d'Ayotzinapa, la FECSUM (Fédération des Etudiants Paysans Socialistes Unis du Mexique, le FUNPEG (Front Uni des Normales Populaires de l'Etat du Guerrero), le corps professoral de Tixtla, la commission élargie de la CETEG (Centrale des Travailleurs de l'Education de l'Etat du Guerrero), des commerçants, des paysans, des employés des transports, la police communautaire, le MPG (Mouvement Populaire du Guerrero) de Chilpancingo [capitale de l'Etat], des représentants des quartiers, des universitaires le Front des Artistes pour Ayotzinapa, le Front oriental et des citoyens de Tixtla, approuvant en Assemblée les résolutions suivantes :

1. la formation d'une direction collective base sur la représentation des organisations présentes, afin de coordonner les actions émanées de l'Assemblée

2. l'installation de l'assemblée permanente, qui sessionera quotidiennement jusqu' au 8 juin 2015

3. la prise pour centre d'opérations des installations occupées par l'auditorium municipal

4. l'installation d'un campement dans le palais municipal, avec les organisations sociales et le peuple en général.

5. La convocation d'observateurs et de visiteurs protecteurs des Droits Humains afin de suivre les actions en cours du 1er au 7 juin.

6. La convocation des medias libres afin d'assurer la couverture des activités qui auront lieu durant la dernière semaine du boycott électoral.

7. L'accueil des caravanes des collectifs d'Oaxaca, du Guanajuato et de la FECSUM qui viendront renforcer le campement.

8. La mise en place d'une radio communautaire et la recherche des espaces radio et télévisés au sein de la municipalité afin d'informer les citoyens au sujet des actions en cours du 1er au 7 juin de cette année.

9. La réalisation d'activités culturelles dans différents lieux de la ville durant la semaine de boycott électoral.

10. La mise en place de caravanes dans les communautés, colonies et quartiers afin de se débarrasser des déchets électoraux, et afin d'informer la citoyenneté au sujet des Conseils Municipaux Populaires.

11. Participer à la invitation faite par le comité pour la libération de Nestora Salgado afin d'assister à la conférence de presse pour les disparus et les prisonniers politiques le 1er juin à midi dans les installations du CENCOS au DF.

Face à ces actions mises en place afin d'éviter les élections a Tixtla, les trois niveaux de gouvernement entremis avec les partis politiques mettent en place la répression et affutent leurs griffes contre la légitime décision du peuple. Face à ces menaces nous portons le gouverneur intérimaire Rogelio Ortega Martinez responsable des menaces et des suggestions d'emploi de la forcé répressive contre ceux qui s'opposent aux échéances électorales tout en laissant entrevoir leurs intérêts partidaires ; ainsi que David Martínez Valadez ex Syndic et Procureur de la mairie défunte, qui a porté des menaces publiques le 4 mai dernier par le biais du quotidien Diario Guerrero. Ce sont eux les responsables des menaces contre la citoyenneté mobilisée et de la répression contre le peuple, de toute agression physique et psychologique contre n'importe lequel de nos compañeros mobilises ainsi que de leurs familles. Nous désignons et portons aussi tous les partis politiques et leurs candidats pour responsables, car ils ont semé la confrontation au sein du peuple au travers de leurs campagnes politiques dans une tentative de provocation aux fins de déstabilisation sociale : nous signalons identiquement l'Institut National Electoral et tous ses membres pour la provocation de la citoyenneté au travers de la militarisation des remises de bulletins électoraux dans le Guerrero ; ainsi que les medias de désinformation payes par l'Etat, et toutes les personnes agissant à leur propre compte.

Nous dénonçons les stratégies médiatiques et la force répressive utilisée par les trois niveaux du gouvernement afin d'écraser ce digne mouvement et mettre en place la farce électorale ; nous savons que le gouvernement fasciste continue à utiliser comme moyen de contrôle le massacre, la disparition forcée, les assassinats politiques, la torture et l'incarcération des lutteurs sociaux. Raison pour laquelle nous faisons connaitre les faits de répression suivants, qui constituent un clair avertissement de l'Etat face à la résistance du peuple durant les échéances électorales :

1. La répression et l'expulsion des instituteurs le 24 février dernier a l'aéroport d'Acapulco, Guerrero, durant laquelle un instituteur retraité a perdu la vie aux mains des forces fédérales, des femmes ont été violées, 106 personnes détenues et des centaines de professeurs violemment frappes de manière sauvage.

2. La détention arbitraire de 3 pères de famille des 43 disparus le 20 mai dernier au péage autoroutier du Morelos, utilisée comme moyen de distraction contre le mouvement afin de faire rentrer à cette même date les bulletins électoraux dans le Guerrero sous la vigilance des forces armées.

3. Le harcèlement des agents du ministère contre les jeunes d Ayotzinapa lorsqu' ils sont détenus de manière arbitraire.

4. La persécution et le harcèlement de la Force fédérale ayant eu lieu durant l'après-midi du 29 mai de cette année contre les parents et les jeunes d Ayotzinapa alors que se déroulait un meeting et qu'était retirée la propagande électorale, en face du marché municipal de Chilpancingo.

5. Les menaces et le harcèlement durant leur détention de 7 jeunes des écoles normales appartenant à la FUNPEG, étudiant a l'école normale “Rafael Ramirez”, de la part des forces policières de l'Etat du Guerrero dans la ville de Chilpancingo, durant le milieu de journée du 30 mai.

6. La répression exercée avec des gaz lacrymogènes et du gaza u poivre contre les compañeros instituteurs de la CETEG le 30 mai là où se situe leur campement, sur la place du zocalo de Chilpancingo.

Face à ces menaces, nous lançons un appel aux visiteurs et observateurs des droits des organismes des droits de l'homme afin de réaliser un suivi des activités qui auront lieu du 1er au 7 juin et que les autorités compétentes soient sollicitées et que les mesures de prévention nécessaires soient prises afin d'éviter la commission de faits ou de réclamations irréparables, ou la production de dommages difficilement réparables pour les victimes. Ainsi que des brigades civiles d'observation de la part des collectifs et des organisations afin de couvrir les actions réalisées durant cette semaine précèdent les échéances électorales au Guerrero.

De la part des politiciens, nous exigeons qu'ils respectent la décision du peuple et les douleurs des parents des disparus. Au Guerrero et á Tixtla il ne peut pas y avoir d'élections parce qu'il n'y a pas de justice, parce qu'aucun parti politique ne nous représente, et que leurs campagnes politiques électorales démontrent leur indifférence face á ce crime de lèse humanité. Nous avertissons les 3 niveaux de gouvernement que nous ne permettrons pas la militarisation de notre municipalité, qu'ils cessent de provoquer le peuple en imposant leurs urnes électorales par la présence des forces répressives, qu'ils respectent la décision des citoyens de ne pas vouloir des élections, qu'ils comprennent que les gens dignes de Tixtla se sont soulevés contre la partitocratie. On ne veut plus de ces parasites qui nous spolient de nos biens et qui nous laissent dans la misère, nous voulons que les ressources arrivent aux communautés, et qu'il n'y ait pas besoin de réaliser des manifestations pour qu'il y ait des travaux publics et du développement social ; comme citoyens et comme communautés organisées nous avons le droit d'administrer nos ressources en accord avec la loi 701, tout comme nous avons le droit de nous organiser et de manifester contre l'oligarchie qui gouverne ce pays, et ne pas permettre qu' elle continue a le saccager.

Nous ne voulons pas d'un autre massacre, nous ne voulons pas d'autres morts au Guerrero. Nous ne cherchons pas la confrontation avec les forces répressives, nous voulons simplement que soient respectées la décision du peuple digne, du peuple organisé. Nous ne voulons pas d'un autre Tlatlaya [22 personnes exécutées par l'armée dans l'Etat du Guerrero le 30 juin 2014 trois mois avant Ayotzinapa], d'un autre Tanhuato (Michoacán) [dernier massacre en date : 42 soi-disant narcos exécutes par la police au Michoacán ce 22 mai 2015…idem aussi le 6 janvier dernier contre les auto-défenses rebelles a Apatzingan, Michoacán : 16 morts], cas ou des armes ont été disposées après coup auprès des manifestants. Nous rejetons énergiquement les stratégies orchestrées par l'Etat en vue de permettre l'entrée des groupes criminels à Tixtla afin de justifier la militarisation de la zone.

Militaires, forces de la marine, fédéraux, agents de police ministériels, flics municipaux hors de Tixtla !

Marre que vous imposiez votre pseudo-démocratie avec la forcé militaire !

Nous ne voulons pas d'un autre massacre !

Nous ne permettrons pas l'installation des urnes !

Que la farce électorale sorte d'ici !

Que le mauvais gouvernement s'en aille !

Il n'y aura pas d'élections à Tixtla !

NOUS EXIGEONS :

La présentation en vie des 43 disparus !

Le jugement politique d'Aguirre Rivero, Abarca Velázquez et Pineda Villa !

La punition des auteurs intellectuels, matériels et des coupables de non-intervention !

Parce qu'en vie ils les ont emportés, c'est vivants que nous voulons les retrouver !

¡Ayotzi vive, la lucha sigue !

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Tixtla de Guerrero, Guerrero, 31 mai 2015Retour ligne automatique
“Ici ou le peuple commande, le gouvernement obéit”

Source : http://regeneracionradio.org/index.... Traduction 7NubSRetour ligne manuel
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Original post of Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte.
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