Aventure/Action/Un bon moment d'évasion
Réalisé par David Yates
Avec Alexander Skarsgård, Margot Robbie, Christoph Waltz, Samuel L. Jackson, Djimon Hounsou, Ella Purnell, Jim Broadbent, Casper Crump...
Long-métrage Américain
Titre original : The Legend of Tarzan
Durée: 01h50mn
Année de production: 2016
Distributeur: Warner Bros. France
Date de sortie sur les écrans américains : 1er juillet 2016
Date de sortie sur nos écrans : 6 juillet 2016
Résumé : Après avoir grandi dans la jungle africaine, Tarzan a renoué avec ses origines aristocratiques, répondant désormais au nom de John Clayton, Lord Greystoke. Il mène une vie paisible auprès de son épouse Jane jusqu'au jour où il est convié au Congo en tant qu'émissaire du Commerce. Mais il est loin de se douter du piège qui l'attend. Car le redoutable belge Leon Rom est bien décidé à l'utiliser pour assouvir sa soif de vengeance et sa cupidité…
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : Je dois avouer qu'au départ, je n'étais pas hyper enthousiaste à l'idée d'un nouveau film sur Tarzan. Finalement, cette version se révèle être une bonne surprise. Tout d'abord, c'est un vrai film d'aventure en parfait accord avec son personnage principal. Ensuite, le scénario adopte une thématique de fond dramatique aussi inattendue qu'intéressante. Le réalisateur, David Yates, nous offre de magnifiques images de paysages africains - mises superbement en valeur par la 3D - qui nous font voyager. L'humour et les références aux idées préconçues sur l'histoire de Tarzan ne sont pas oubliés, cela m'a beaucoup plu. Enfin, le casting est impeccable. Toutes ses raisons font que j'ai passé un très bon moment en regardant ce film.
Je suis moins positive sur la seconde partie de ce long-métrage en ce qui concerne le scénario. Il rejoint des chemins trop empruntés dans ce genre d'histoire et perd donc en originalité. De plus, la fin donne la sensation d'être emballée un peu vite. Cependant, le plaisir de voir un film d'aventure prenant reste entier.
Dans le rôle de John Clayton, Lord Greystoke/Tarzan, Alexander Skarsgård réussit à être aussi convaincant lorsqu'il fait ressortir son instinct animal que lorsqu'il interprète le Lord gentleman.
Margot Robbie assure dans le rôle de Jane, une femme amoureuse qui n'a pas froid aux yeux. Elle offre un parfait équilibre à son interprétation, permettant à son héroïne d'être à la fois touchante et charmante.
Christoph Waltz sait, comme toujours, rendre parfaitement détestable son personnage. Le Capitaine Rom est un homme froid qui ne laisse planer aucun doute sur ses minables intentions.
TARZAN est un film qui remplit tout à fait son contrat. Il le fait même avec un certain brio. Même s'il n'est pas parfait, il assure le spectacle grâce à sa réalisation dynamique et ses acteurs efficaces. Je vous le conseille pour un bon moment d'évasion.
BANDE ORIGINALE
La bande-originale de TARZAN, éditée par WaterTower Music, comprend la chanson originale "Better Love", spécialement écrite pour le film par l'auteur et interprète Hozier (alias Andrew Hozier-Byrne), cité au Grammy et plusieurs fois disque de platine : le single sera également disponible chez Columbia Records avec le clip correspondant. C'est la première fois que le musicien d'origine irlandaise compose une chanson spécialement pour un long métrage. La B.O. réunit également la partition signée Rupert Gregson-Williams.
La bande-originale de TARZAN est disponible sur iTunes.
"Better Love" est aussi disponible sur http://smarturl.it/BetterLove; sur Apple Music http://po.st/BetterLove26; Spotify http://po.st/BetterLoveSpotify; Amazon http://smarturl.it/BetterLoveAmz; et sur Google Play http://smarturl.it/BetterLoveGP.
Le clip - Hozier - Better Love (From The Legend of Tarzan - Single Version)
Alors que Hozier était à Los Angeles pour un repos bien mérité après avoir participé à la promotion de son single "Cherry Wine" – et effectué une tournée mondiale de deux ans à guichets fermés avec son premier album, "Hozier" – , on lui a proposé d'assister à la projection de TARZAN dans le but d'écrire une chanson pour le film. "J'étais très heureux de relever le défi de composer une chanson pour ce projet", confie-t-il. "Après avoir visionné un premier montage, j'ai été frappé par le thème de l'endurance – et de l'endurance de l'amour dans un environnement des plus hostiles. Je voulais que la chanson évoque les mots doux qu'on dit à l'être aimé pour le rassurer – des mots qu'on prononce dans les moments de souffrance ou de doute".
Après la projection, Hozier s'est attelé au travail et une simple mélodie jouée au piano est devenue une chanson enregistrée aux studios d'Abbey Road de Londres accompagnée d'un orchestre. Résultat : la formidable chanson "Better Love", écrite et interprétée par Hozier, et produite par Hozier et Rob Kirwan.
La partition de Gregson-Williams met en valeur les scènes d'action, la beauté et les dangers de la jungle, et les difficultés liées à la survie dans un tel environnement. "Il était essentiel qu'on ressente l'attirance émotionnelle de Tarzan pour l'Afrique", signale le musicien. "Tarzan se caractérise à la fois par le courage et la sensibilité, et j'ai aussi composé un thème d'amour pour Tarzan et Jane. Il leur permet de rester liés l'un à l'autre à travers la jungle".
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
L'HOMME CONTRE LA NATURE
Le gentleman convoqué au 10 Downing Street par le Premier ministre anglais n’est autre que John Clayton III, cinquième comte de Greystoke, et membre de la Chambre des Lords. Mais à l'autre bout du monde, à une époque qui semble révolue, il était connu sous un nom devenu légendaire : Tarzan. Après avoir signé les quatre derniers films de la saga HARRY POTTER, David Yates espérait trouver un projet "d'envergure, ponctué de scènes d'action spectaculaires".
Il ajoute : "C'est alors que j'ai reçu ce scénario qui m'a immédiatement accroché : il abordait une figure mythique sous un angle très original". "J'ai été complètement bluffé par le scénario", acquiesce Alexander Skarsgård, qui tient le rôle-titre. "S'il ménage des tas de rebondissements comme on les aime, les personnages, magnifiquement campés, y ont de la densité et leurs rapports sont passionnants. J'adore les grosses productions qui font preuve d'humour, dans lesquels on s'attache aux personnages et à leurs péripéties".
Le producteur David Barron observe que le film explore le personnage bien au-delà du mythe populaire. "Tarzan est l'un des tout premiers super-héros. Mais ce film va surprendre toux ceux qui pensent connaître cette histoire. L'homme a grandi dans la jungle, où il a été élevé par des singes, et il possède donc une force et des sens d'une acuité remarquables".
Dans cette toute nouvelle aventure, Tarzan est confronté à un ennemi redoutable qui menace de détruire son univers et ses êtres chers. Mais après avoir passé plusieurs années au sein de la bonne société britannique, il se retrouve aussi face à un terrible danger en retournant en Afrique, où des adversaires ancestraux l'attendent de pied ferme. Au début du film, "le roi Léopold II de Belgique invite John à revenir au Congo, sous prétexte de constater tous les projets bénéfiques à la région que le souverain a mis en œuvre, même si ce geste de bonté n'est en fait qu'un leurre et un piège", explique Yates. "En réalité, il est incité à s'y rendre par l’émissaire du roi, Léon Rom, qui est un traître et compte capturer Tarzan et le livrer à un vieil ennemi en échange de diamants".
"John a grandi parmi les primates mais cela fait presque dix ans qu’il a quitté leur univers, et il hésite donc à y retourner", intervient Skarsgård. "Au Congo, il a toujours des ennemis et on sent qu'il a un lourd passé. Je trouve surtout intéressant de voir qu’il redoute l’homme qu’il était, si bien que son retour aux sources est une perspective qui l'effraie". La situation devient encore plus risquée quand son épouse adorée, Jane, insiste pour l’accompagner en Afrique, où elle se sent chez elle. Et à son corps défendant, John cède. Margot Robbie, qui campe Jane, a apprécié le regard moderne du film sur ce couple. "L’histoire se déroule au XIXe siècle mais elle est très actuelle car elle aborde des thèmes universels et qu'elle raconte aussi, et surtout, une merveilleuse histoire d’amour", dit-elle. "Ce qui m'a séduite, c'est qu’on ne reparte pas de l’histoire originelle, autour de la rencontre entre Tarzan et Jane dans la jungle. Leur relation est plus riche à l'époque où se déroule le film". Le scénario de TARZAN a été écrit par Adam Cozad et Craig Brewer, qui se sont inspirés de leur propre récit.
"Ce qui me tenait à cœur ainsi qu’à David Yates, c'est la grande histoire d’amour entre John, alias Tarzan, et Jane", révèle Cozad. "J’ai adoré les livres [de Burroughs]", se souvient Brewer, "et je trouvais donc primordial de mettre en scène certains personnages et certaines situations qui se trouvent dans ses ouvrages, à commencer par Tarzan et Jane, bien sûr. Mais nous voulions ancrer l’histoire dans un contexte historique lié à la colonisation du Congo par le roi Léopold II. C’était donc intéressant de leur faire rencontrer des personnages ayant existé à cette époque et s’étant rendus sur place". Bien que Tarzan et Jane soient fictifs, ils côtoient deux personnages librement inspirés de la réalité : George Washington Williams, courageux soldat conscient des questions humanitaires de l'époque, incarné par Samuel L. Jackson ; et l’ennemi principal, Léon Rom, campé par Christoph Waltz. "L’histoire se déroule dans le Congo de l’époque, ce que j’ai trouvé captivant", signale le réalisateur. "Les thèmes abordés m’ont aussi intrigué, sans parler de ce personnage en perpétuelle quête d’identité qui cherche à trouver sa place dans le monde. Et surtout, quand j’ai découvert le scénario, j’ai senti que j’avais déniché un projet réellement palpitant et humain".
"Le tournage de ce film a été une sacrée aventure, mais David Yates nous a menés à bon port", commente Alan Riche, producteur aux côtés de son associé Tony Ludwig. "C'est grâce aux nombreux talents de David, conjugués à ceux de nos acteurs et techniciens, que ce grand spectacle cinématographique a pu se faire". "David s’est servi de son expérience sur les films d’HARRY POTTER pour TARZAN", explique David Barron, qui a déjà collaboré avec Yates sur les quatre derniers films de la saga. "Les projets dont le casting et les décors sont aussi spectaculaires que les cascades lui réussissent et il maîtrise les effets visuels élaborés. C’est exactement ce qu’il faut sur un tel film. C’est aussi le type le plus adorable au monde – il a du goût et une grande intégrité – même si ce côté avenant cache un caractère bien trempé. Il a un vrai point de vue et il sait précisément ce qu’il veut et qu'il ne veut pas. Il écoute attentivement les autres et il est toujours disposé à suivre un conseil… quand il est bon".
"David avait une idée très précise en tête mais il s’est montré réceptif à mes suggestions, si bien que c’était extrêmement gratifiant d’avoir l’impression d’être écouté", indique Christoph Waltz. "Il a eu la lourde tâche de transformer l’écheveau de cette production en une œuvre puissante, et j’ai donc voulu faire tout mon possible pour l’aider. C’est le type le plus doux qu’on puisse imaginer. Du coup, il obtient tout ce qu'il veut". "Dans ce film, il est surtout question des relations, pas seulement entre nos personnages mais aussi de leurs rapports à la terre, aux tribus, aux animaux et à tout ce qui les entoure", ajoute Samuel L. Jackson.
"David y a été très attentif, de façon à ce que les spectateurs puissent se reconnaître aussi bien dans les rapports humains et leur impact émotionnel que dans l’aventure qui se déroule à l'écran". "David est un visionnaire incroyable et travailler avec lui restera un souvenir merveilleux", déclare Margot Robbie. "L’ambiance sur un tournage dépend du réalisateur et c’était un plaisir d’être sur notre plateau. Tout ça, c'était vraiment grâce à David qui est d’une grande douceur". Le producteur Jerry Weintraub, disparu en juillet 2015, a lui aussi joué un rôle-clé sur ce tournage : l'homme a marqué tous ceux qui ont eu l'occasion de collaborer avec lui. Les acteurs et les producteurs considèrent qu’ils ont eu de la chance de pouvoir travailler avec l’un des 6 géants du cinéma.
"J’ai été particulièrement emballé par ce projet en apprenant que Jerry Weintraub le produisait", confirme Skarsgård. "C’était un producteur remarquable doublé d’une personnalité fantastique. C’était tout simplement quelqu’un d’adorable". "Jerry savait se montrer gentil mais dur, perspicace, drôle – en somme, un vrai pro", analyse le réalisateur. "Il faisait entièrement confiance aux gens avec lesquels il choisissait de travailler, ce qui ne manquait pas de leur donner des ailes. C’était un ardent défenseur de TARZAN, projet qu’il portait depuis déjà quelques années. Ça a été un privilège pour nous tous de mener à bien un film dans lequel il s'était autant investi. Il nous manque terriblement". "L’expression 'figure imposante' est souvent utilisée mais dans le cas de Jerry Weintraub, elle lui correspond parfaitement", déclare Barron.
"C’était quelqu’un d’exceptionnel : passionné, clair et précis, attentionné, érudit et drôle. Il était toujours d’un grand enthousiasme, surtout pour TARZAN, et je sais qu’il aurait été fier du résultat. J’ai apprécié notre collaboration achevée prématurément et je regrette qu'on ne puisse renouveler l'expérience".
Le film a réuni Yates, Barron et plusieurs de leurs collaborateurs de la saga HARRY POTTER, comme le chef décorateur Stuart Craig, le chef monteur Mark Day et le superviseur des effets visuels Tim Burke. L’équipe artistique comprend également le directeur de la photographie Henry Braham, la chef costumière Ruth Myers et le compositeur Rupert GregsonWilliams. C'est grâce à leurs talents, leur expérience et leur esprit d'équipe que le film a pu être finalisé. Ce TARZAN inédit est le résultat d’une fusion extraordinaire entre, d'une part, des décors naturels d’exception, des prises de vue aériennes innovantes et des effets visuels de pointe et, d'autre part, un tournage quasi intégralement circonscrit aux studios de Leavesden, en Angleterre. Et même si les personnages ont des scènes avec plusieurs espèces animales d’Afrique, aucun animal vivant n’a été utilisé sur le tournage.
La totalité des bêtes – des gorilles aux lions et aux éléphants – sont des créations numériques d’un réalisme époustouflant, mises au point grâce à une technologie de pointe. Pendant la préparation, Josh Ponte, qui a consacré ces quinze dernières années à tenter de préserver les ressources naturelles et la faune du Gabon, a réussi à se procurer un hélicoptère de l’armée pour faire découvrir à David Yates les splendeurs du pays, des forêts luxuriantes aux falaises, rivières et cascades. Pendant quatre jours, le réalisateur a pu admirer la beauté du paysage qui se déroulait à ses pieds et a compris qu’il avait trouvé son décor. Ces paysages reculés – au final filmés en six semaines après le tournage en studio – ont fourni aux décors de Stuart Craig, dans lesquels ils ont été intégrés, toute la richesse et la diversité géographique des arrière-plans. Après avoir servi de guide pendant la première phase de repérage au Gabon, Ponte a poursuivi sa collaboration en tant que conseiller technique "Afrique" sur le tournage, devenant indispensable à l'ensemble des équipes. "C'était formidable d’avoir Josh à nos côtés", confirme Barron.
"Il a passé énormément de temps en Afrique, notamment au Gabon, et il en sait vraiment beaucoup sur le contexte historique de notre récit, sur la culture des habitants et les animaux". "TARZAN nous entraîne dans une aventure aux confins de l’Afrique, dont l'exotisme et la beauté majestueuse soutiennent la comparaison avec n'importe quelle région du monde", poursuit le réalisateur. "On a voulu faire un film palpitant tout en abordant les thèmes de la famille, de la communauté et de la préservation de la nature. Il rend hommage à ces paysages grandioses, à la dignité et à l'élégance des habitants et à ces animaux merveilleux. Les différentes facettes de l’histoire devraient en faire une expérience d’autant plus riche et exaltante pour le spectateur".
LE CASTING
Au début du film, "John a renoncé à l'époque où il se faisait appeler Tarzan et a endossé son statut de Lord Greystoke, avec sa femme Jane à ses côtés" propose Yates. Pourtant, bien qu’il ait déjà vécu plusieurs années dans la société victorienne, "John ne se sent toujours pas à sa place en Angleterre", fait remarquer Skarsgård. "Pendant tout ce temps, il a réussi à étouffer une partie de sa personnalité et, pour bien cerner le personnage, c’était important à comprendre. La dichotomie entre l’homme et la bête m’a toujours fasciné et, quand on accepte un personnage comme celui de John, cette dichotomie est vraiment extrême. On le découvre d’abord en lord anglais tiré à quatre épingles puis, petit à petit, il se débarrasse du vernis de la bonne société pour redevenir Tarzan. C'était formidable d'interpréter une telle métamorphose !"
Le réalisateur raconte que Skarsgård correspondait parfaitement au rôle pour plusieurs raisons : "Il avait tout ce qu’il fallait, à commencer par le fait qu'il est vraiment talentueux. Bien sûr, il possédait la stature et les qualités idéales pour incarner Tarzan mais il a aussi été capable de puiser en lui pour saisir sa fragilité et sa vulnérabilité. Grâce à ce mélange, il s'en est tiré à merveille, d'autant plus que notre Tarzan est en fait un être assez complexe, qui a plusieurs facettes. Alex a su exprimer toutes ces nuances". Le choix d'Alexander Skarsgård et Margot Robbie reposait sur une qualité essentielle : l’alchimie entre les deux acteurs. "Il était crucial de ressentir immédiatement l’amour que se portent John et Jane", affirme Yates, "parce qu’ils sont séparés presque dès leur arrivée en Afrique. Même s’ils sont loin l’un de l’autre pendant assez longtemps, le public doit croire que le lien qui les unit est indestructible."
"Je trouve que leur histoire d’amour pousse le spectateur à s’attacher à eux et à se demander ce qui va leur arriver", précise l’actrice principale, "parce qu’en fin de compte, on veut qu’ils se retrouvent. Je raffole des belles histoires d’amour et le simple fait de savoir que Tarzan est prêt à tout pour retrouver Jane à de quoi donner des vapeurs, surtout quand il s’agit d'Alexander Skarsgård", dit-elle en souriant. "Il possède une forte présence et s’est énormément investi dans son rôle. Mais au-delà de ça, c’est tout simplement le type le plus gentil qui soit et c’est un bonheur de travailler avec lui". C’est un sentiment réciproque.
"Margot est absolument adorable et débordante de vie", répond Skarsgård. "On s'est éclatés tous les deux. C’est aussi une Australienne au caractère bien trempé et on sent qu’elle s’en est servi pour interpréter le personnage de Jane". Le réalisateur indique que la force de caractère naturelle de Margot Robbie est l’une des raisons qui l’ont incité à l'engager : "Jane doit avoir un tempérament de feu et être passionnée. Ce n’est pas une pauvre petite chose fragile attendant d’être sauvée : elle sait se défendre toute seule. Margot est non seulement une merveilleuse comédienne mais elle a aussi du cran et j’adore ça. Elle fait de Jane une femme étonnante et moderne".
L’actrice affirme que cette approche correspond à sa propre conception du personnage : "Je n’ai jamais voulu jouer la pauvre femme fragile, car Jane n’est pas comme ça. David [Yates] et moi étions tous les deux du même avis : elle devait être perçue comme une femme de caractère et impétueuse, et ça m’a beaucoup plu. Elle est capable de se défendre, ce qui nourrit aussi une formidable dynamique entre elle et le personnage de Christoph Waltz, le salaud absolu de l’histoire. Entre eux, il s’agit surtout d’une joute psychologique, ce qui est intéressant car, au moment où de vraies batailles se jouent, eux s'affrontent intellectuellement".
Waltz campe Léon Rom, émissaire de la Couronne belge qui passe un marché diabolique : la vie de Tarzan en échange de diamants valant une fortune et permettant de remplir les coffres vides du roi Léopold II. Rom prépare son guet-apens en proposant à Lord Greystoke de retourner au Congo. Or, il n’avait pas prévu qu'il allait capturer Jane. Toutefois, après coup, il se rend compte qu'elle représente un précieux pion sur son échiquier mortel… ou plutôt, un appât pour son piège. "Rom est un personnage terrifiant et c’est assez intimidant pour Jane de l’affronter", reconnaît l’actrice. "Et je dois dire que la perspective de donner la réplique à Christoph a été elle aussi très intimidante au début. Je suis restée sur le qui-vive, ce qui a donné lieu à des situations très drôles". "Margot est l’une des personnes les plus adorables au monde et c’est tout simplement un bonheur de travailler avec elle", souligne Waltz.
Bien qu'il s'agisse d'un personnage fictif, Léon Rom s'inspire en partie d'une personne qui a réellement vécu à cette époque. "Cela ancre le film dans la réalité historique et on ne s’y attend pas pour un film d’aventure de cette ampleur", note Waltz. "Et ici, c’est plutôt fait avec élégance". "On a énormément travaillé avec Christoph pour mettre au point son personnage et il y a beaucoup contribué, ce dont nous lui sommes reconnaissants", se souvient Yates. "Son instinct lui a servi pour son personnage et bien plus encore : il s’investit toujours dans l’histoire et son contexte, ce qui fait de lui un partenaire à part entière. On a eu des conversations particulièrement profondes et, dans la foulée, on a découvert un Rom qui nous a tous les deux intrigués".
Barron partage cet avis : "Dès que Christoph apparaît à l’écran, on est hypnotisé. Rom est sans pitié, c’est flagrant, mais il insuffle de l’humour au rôle de façon surprenante. Christoph est un homme d’une très grande intelligence et gentillesse, sans oublier qu’il a totalement l’esprit d’équipe. Que demander de plus ?" Rom n’est pas le seul à souhaiter le retour de Tarzan en Afrique. Lorsque John Clayton refuse l’invitation du roi Léopold II, un Américain répondant au nom de George Washington Williams l’incite à accepter, même si ses motivations sont différentes de celles de Rom. Samuel L. Jackson joue un personnage librement inspiré d’un homme ayant vécu à cette époque. "George a besoin que Tarzan se rende au Congo pour qu’il puisse l’y accompagner", note l’acteur. "Il cherche à rassembler des preuves pour étayer ses présomptions : contrairement aux discours officiels, l’esclavagisme y règne bel et bien".
Il faut noter que Jackson a récemment découvert que ses ancêtres avaient des racines au Gabon. "Cette révélation m’a fourni une matière émotionnelle et, sur un plan artistique, elle m’a permis de cerner mon personnage", assure-t-il. "George Washington Williams a en réalité été l’un des premiers Afro-américains à se rendre au Congo après que le roi Léopold II a revendiqué ce pays comme territoire belge. Il est heureusement né [au milieu du XIXe siècle], sans quoi il aurait très bien pu être capturé et réduit en esclavage. Dans le film, c’est un phénomène qui le touche personnellement et cela m’a permis de le comprendre intimement".
Sur le plan physique, George, qui n’a pas la moindre idée de ce qui l’attend, n’est pas du tout préparé aux exigences d’une aventure dans la jungle aux côtés de Tarzan. C'est à la fois source de tension et de légèreté. "Il ne connaît pas du tout le terrain, et John le prévient donc qu'il ne pourra pas suivre le rythme", précise Skarsgård. "Mais George est pourtant toujours là, à quelques mètres derrière lui … tâchant de reprendre son souffle", lance-t-il en riant. "Avec le temps, ils commencent à se connaître et à s'apprécier", intervient le réalisateur.
"J’ai toujours voulu que ce soit Sam qui tienne le rôle de George, car, pour moi, c’est l’un des meilleurs acteurs au monde. Un point c’est tout. Il a apporté au personnage de l’assurance, de la dignité, de l'autorité, mais aussi de l’humour". Léon Rom a passé un marché avec un vieil ennemi de Tarzan : Mbonga, chef de la tribu Mbolonga qui règne sur la région d’Opar, dont le sous-sol est riche en minerais, et notamment en diamants. Choisi pour le rôle, Djimon Hounsou souligne que, "Mbonga sait que son pays regorge de richesses mais il ne comprend sans doute pas que si elles tombent entre de mauvaises mains, la situation peut prendre un tour terrible. C’est un personnage puissant mais, sur le plan émotionnel, il porte les stigmates d’un traumatisme passé qui concerne Tarzan. Au bout de tant d'années, il a laissé sa colère grandir et même le dominer. Il passe un marché avec Léon Rom pour attirer Tarzan en Afrique mais il est aveuglé par sa soif de vengeance et ne se rend pas compte pas qu’il conclut un pacte avec le diable".
D’origine africaine, Hounsou poursuit sa réflexion : "J’ai toujours admiré la beauté de l’Afrique. Malheureusement c’est un continent qui était sans 'porte-parole' et c’est encore le cas à bien des égards. Du coup, bien que ce soit une fiction, certains thèmes de l’histoire sont encore d’actualité". "Djimon est magnifique", déclare le réalisateur. "Je tenais vraiment à ce qu’il incarne Mbonga et j’ai été heureux qu’il accepte. J’avais besoin d’un acteur qui réunisse densité, élégance et force, et qui possède une grande sensibilité. Djimon était l'homme de la situation". À leur arrivée en Afrique, John et Jane retrouvent leur famille d’adoption, la tribu des Kuba qui accueille leur retour dans la joie et la musique. Les chants, comme l'essentiel des dialogues des membres de la tribu – et des deux acteurs principaux –, sont en lingala [langue bantoue principalement parlée au Congo, NdT].
"Parler lingala est de loin ce qui s’est avéré le plus difficile pour moi", révèle Margot Robbie. "Dans une scène, Jane a un long dialogue en lingala et il y avait une réplique en particulier que je n’arrivais pas à prononcer. Après quelques tentatives, ça en est même devenu drôle et tout le monde rigolait, ce qui n’arrangeait rien. C’était hilarant". "Je ne sais pas si le lingala était parlé par les vrais Kuba dans les années 1890. J’imagine qu’ils avaient leur propre dialecte", analyse Ponte. "Mais il y a environ 50 langues différentes dans cette région, si bien qu'il fallait en choisir une et ça a été le lingala. On a fait appel à un spécialiste de ce dialecte pour entraîner les acteurs".
Expert en histoire africaine du XIXe siècle, Ponte a animé des ateliers pour les acteurs et les figurants d'origine anglaise. Il a également participé à l’arrangement de certains chants entendus dans le village en se servant de ses connaissances et de son expérience. Mais il a compris qu'on n'a pas besoin de tout expliquer... "J’ai commencé à leur jouer un chant fait d’appels et de réponses que j’avais enregistré et ils l’ont immédiatement assimilé. J’ai dit à David [Yates], 'Tu dois simplement les laisser faire'. Au Gabon, ont dit que 'les esprits sont au rendez-vous'. Les esprits étaient bien au rendez-vous".
"Dans ce film, on a voulu souligner l’importance de la communauté", commente Yates, "et c’est une dimension particulièrement forte chez les Kuba. Du coup, on a passé énormément de temps à réunir les membres de notre tribu. Grâce aux acteurs, l'atmosphère était très chaleureuse. Leur énergie était palpable. Dès qu’on pénétrait dans le village reconstitué en studio, on était immédiatement transporté ailleurs".
LE RÈGNE ANIMAL
Les humains ne sont pas les seuls concernés par ces retrouvailles. TARZAN met en scène tout un éventail de magnifiques créatures. Cependant, aucun animal vivant n’a été utilisé pour le tournage. "On n’aurait jamais utilisé de vrais animaux, car c’est très compliqué de faire faire à des animaux sauvages, comme des fauves, des éléphants ou des grands singes, ce que vous voulez qu’ils fassent, tout en les traitant comme ils devraient l’être", insiste David Barron.
"Et grâce aux avancées technologiques actuelles, ce n’est pas nécessaire. Les créatures infographiques font exactement ce que vous voulez, au moment où vous le souhaitez, ce qui est génial". Le superviseur des effets visuels Tim Burke a collaboré avec plusieurs sociétés d’effets visuels, notamment Framestore CFC, MPC et Rodeo FX, pour créer toute une ménagerie avec un réalisme saisissant. Pour chaque animal, l'ensemble des équipes a commencé par visionner des documentaires en étudiant le comportement des différentes espèces dans leur habitat naturel. Certains se sont même rendus dans des zoos pour les observer de près, remarquant que les comportements diffèrent en captivité et en liberté. À partir de ces travaux de recherche, les infographistes ont fidèlement recréé la faune que l’on aperçoit dans le film : gorilles, lions, éléphants, gazelles, zèbres, hippopotames, autruches, gnous et crocodiles. La diversité des espèces a rendu la tâche plus ardue pour les équipes d’effets visuels.
"Des techniques ont été mises au point pour créer la fourrure, les plumes et la peau, mais cela devient très compliqué quand il faut gérer un projet de cette ampleur, ne serait-ce que pour être capable de restituer la quantité impressionnante d’éléments présents dans un tel nombre de plans", explique Burke.
"Ce n’est que depuis ces dernières années qu’on s’aventure à entreprendre un projet de cette envergure en sachant qu'il est réalisable. Les limites sont sans cesse repoussées si bien qu'il faut suivre le mouvement". La barre a été mise encore plus haut lorsque les animaux sont en contact direct avec Tarzan, qu’il frotte son nez contre le cou d’une lionne, qu’il admire la noblesse de port des éléphants ou qu’il retrouve les gorilles Mangani, qu’il considérait autrefois comme les siens. "Ce que j’adore chez Tarzan, c'est qu'il puisse communiquer avec les animaux", avance Yates. "Je crois que c’est l’un des aspects les plus magiques du film".
Dans ces séquences, un cascadeur en combinaison grise a servi de doublure à l’animal pour permettre à Skarsgård et à l’équipe d’effets visuels d’avoir des points de repère dans l’espace. Il s'agit notamment du combat entre Tarzan et son frère gorille, Akut. "On a mis au point une imposante combinaison rembourrée ainsi qu’un casque transparent qui donnait au cascadeur les dimensions générales d’Akut", raconte Burke. "C’était très important qu'Alex ait un partenaire face à lui, d'une taille et d'une silhouette comparables à celles d'Akut, pour qu'il puisse réagir à ses gestes. Sinon, on aurait eu toutes sortes de problèmes par la suite : Alex risquait de passer ses bras à travers le corps d’Akut ou bien certaines parties de leurs corps pouvaient se superposer alors qu'elles n'étaient pas censées le faire. On ne s’est pas servi de la motion capture : ce camouflage servait seulement de repère aux acteurs et aux infographistes et ça les a beaucoup aidés".
En tant que points de repères, il était non seulement important que les cascadeurs fassent à peu près la taille des gorilles mais aussi qu’ils reproduisent leurs mouvements. Sous la direction du chef cascadeur Buster Reeves, l’équipe de cascadeurs a donc fini par collaborer avec le chorégraphe Wayne McGregor. "Ils ne devaient pas se mouvoir exactement comme des gorilles", clarifie McGregor, "mais ils devaient incarner un gorille dans son identité même. Cette discipline les obligeait à ne plus réfléchir comme des humains. On a donc organisé plusieurs ateliers pour mieux en comprendre les enjeux : Comment se tenir sachant que vous ne faites pas du tout la même taille ? Comment faire pour se déplacer d'abord à quatre pattes puis comme un bipède ? Comment cette évolution affecte-t-elle les mouvements de votre tête, de vos épaules, de vos bras et de vos jambes ? Que signifient tous ces différents gestes ?"
"Wayne et moi avons vraiment travaillé en étroite collaboration pour tirer le meilleur parti de l’action", ajoute Reeves. "Le plus dur pour mes gars a été de ne pas suivre leur penchant naturel à jouer comme des humains, surtout dans une scène de combat où on a tendance à se déplacer comme un homme. S'obliger à fonctionner comme des animaux a été le plus grand défi". Cependant, Skarsgård a eu une tâche encore plus ardue : gérer le fossé qui s’amenuise sans cesse entre ses deux identités, John Clayton et Tarzan. "Une bonne part du travail a consisté à résoudre cette ambivalence", atteste l’acteur, "en partant de ce lord anglais tiré à quatre épingles, puis en laissant lentement sa part animale prendre le dessus. David, Wayne et moi avons beaucoup parlé de cette transition. Au début du film, quand il est à Londres, son attitude est un peu étrange et, au cours de son périple, sa posture et sa gestuelle évoluent".
"Wayne a suggéré une idée très originale pour exploiter le physique de Tarzan", reprend Yates. "Il n’arrêtait pas de faire des propositions surprenantes pour Alex qui ont énormément contribué à la conception du personnage". Pour se préparer au rôle, Skarsgård s’est lancé dans un entraînement intensif spécialement calibré pour son personnage, comme l'explique le coach Magnus Lydgback. "On a commencé avec de la musculation et de la cardio et on avait une salle de sport sur le plateau. Mais si on joue un personnage comme Tarzan, qui doit être assez émacié et se déplacer dans la jungle comme une panthère, on ne peut pas passer son temps à faire de la gym. On a donc alterné avec de la natation, de la course, de la boxe et différents types d’arts martiaux".
Le réalisateur s'est dit impressionné par l'investissement personnel de son acteur vedette. "Alex ne s’arrêtait jamais. Il faisait de la musculation pendant deux heures le matin puis il remettait ça en fin de journée. Il a tout fait pour camper Tarzan à la perfection. Et à mes yeux, il y est parvenu". Bien entendu, Tarzan a une manière de se déplacer dans la jungle qui défie la pesanteur. "On ne peut pas imaginer un film sur Tarzan sans qu'on voie celui-ci sauter d’une liane à une autre mais on voulait rendre ces cascades encore plus spectaculaires", précise le réalisateur. Burke souligne que la seule manière d’atteindre la distance, la vitesse et la fluidité de déplacement voulues était de recourir au numérique. "Pour les scènes où Tarzan se balance d'un arbre à l'autre et saute d’une falaise, on a décidé de créer un personnage entièrement numérique pour nous donner assez de liberté de mouvement". Un trapéziste du Cirque du Soleil a servi de modèle aux infographistes, illustrant la silhouette et les mouvements appropriés. Toutefois, le visage de ce double numérique est bien celui de Skarsgård.
"Pour ce projet, on a mis au point une méthode intéressante de filmer son visage", analyse Burke. "On a construit une large plate-forme circulaire montée de 16 caméras avec capteurs RED DRAGON pour filmer en temps réel les expressions du visage d’Alex pendant qu’il joue. À partir de là, on a pu générer en temps réel une image géométrique de son visage, une mise à plat de ses traits convertis en surfaces illuminées, que l’on a ensuite intégrées à ce personnage numérique. Grâce à cette méthode, c'est bien son interprétation et ses expressions de visage qu'on a pu saisir, puis on les a éclairées différemment pour correspondre à chaque scène. Du coup, même si le corps est généré en infographie, on voit vraiment le visage d’Alex".
L’AFRIQUE EN ANGLETERRE
Dans une plus large mesure, la production s'est avérée innovante en utilisant de petites caméras RED DRAGON à capteurs de résolution 6K pour filmer les fabuleux paysages du Gabon, qui allaient servir de décor principal à l'histoire. Plusieurs mois avant le début du tournage, Josh Ponte est parvenu à emprunter l'hélicoptère du Président de la République gabonaise pour emmener Yates en vol de reconnaissance pour les repérages. "David était comme un enfant dans un magasin de bonbons, le nez écrasé contre le hublot de l’hélicoptère", se rappelle Ponte. "Il découvrait des lieux qu'il n’avait fait qu’imaginer. On a tous une idée plus ou moins précise de l'univers de Tarzan mais tout à coup, elle se concrétisait".
Néanmoins, il aurait été infaisable au niveau logistique – et dommageable pour l'environnement – d'envoyer une équipe de tournage au grand complet au beau milieu de la nature sauvage et des fauves du Gabon pour tourner l’essentiel du film. Par conséquent, les producteurs ont eu l'idée de saisir la beauté du pays depuis les airs. Ils ont fait fabriquer un dispositif à six caméras, arrimé à un portant construit par Shotover, société spécialisée dans les systèmes de prises de vue aériennes pour le cinéma. Le portant, constitué de deux rangées de trois caméras, a ensuite été monté sur le nez de l’hélicoptère, permettant au directeur de la photographie Henry Braham de filmer en détail les différents types de paysage du Gabon.
"Ça m'a complètement changé la vie de filmer moi-même ces sites, car je savais exactement quelle lumière et quel paysage il me fallait pour chaque scène et je pouvais tourner les arrière-plans pour qu'ils coïncident parfaitement, ce qui est un sacré défi dans un environnement tropical en constante évolution", reconnaît Braham. "On a aussi filmé des paysage supplémentaires pour donner au film une dimension visuelle d’une plus grande envergure". Pour certaines scènes, comme la descente d'une rivière ou l'exploration de la jungle, l'équipe a utilisé une technique particulière, dite "de la pêche à la ligne qui consiste en un portant suspendu à un câble de 15 mètres de long, permettant aux caméras de filmer des endroits inaccessibles depuis le sol. Les six semaines de tournage en décors naturels ont fourni à Burke et son équipe d'effets visuels des arrière-plans vierges [sans acteurs, NdT] qui se superposaient et qui, réunis, ont permis de composer une image en mouvement plus large.
"Grâce à ces six caméras, on a obtenu un champ visuel de plus de 180 degrés", précise Burke, "mais on a ensuite fait un travelling avant, un arrière puis un passage en diagonale, ce qui nous a effectivement donné un balayage à 360 degrés qui était visuellement réaliste et qui pouvait être incorporé à n'importe quel plan. Le résultat était magnifique, car on a des scènes d'action en prises de vue réelles mêlées à d'autres scènes d'action en prises de vue réelles. Ça donne donc une l'impression de réalisme et de fluidité que l’on cherchait à obtenir. Je dirais qu'on a repoussé les limites de cette technique. Je sais que je n'avais jamais entrepris de tournage aussi innovant ou audacieux avant ça".
Pendant le tournage, Braham a aussi utilisé ces caméras pour faire ce qu'il décrit comme "l'exact contraire de ce qu'on a fait en hélicoptère". Il s'explique : "Pour l’esthétique du film, David [Yates] voulait tourner pas mal de plans rapprochés pour offrir un contrepoint à l’envergure des décors et ajouter une dimension émotionnelle plus intime, que nous avons travaillée tout au long du tournage. Pour atteindre la flexibilité nécessaire, on a collaboré avec la société RED pour adapter leur toute nouvelle camera 6K à ces contraintes. Les outils technologiques légers et peu encombrants alliés à une vaste quantité d’images ont permis de produire des images époustouflantes. TARZAN est l'un des premiers films à être tournés grâce à cette technologie".
Yates, qui faisait équipe avec Braham pour la première fois, ne tarit pas d'éloges sur lui : "Henry était une force de la nature. Il a tout fait : régler les éclairages, porter la Steadicam, courir partout avec la caméra à l'épaule… Après quatre jours à ce rythme, je l'ai pris à part pour lui dire, 'Henry, c'est génial. Le résultat est fantastique. Mais le tournage va être long, du coup pourquoi est-ce que tu ne laisserais pas quelqu'un d'autre manier la Steadicam ou la caméra ?' Mais il m'a répondu, 'David, ça va aller', et à la fin du tournage, il était encore en forme. Il a énormément contribué à l'esthétique du film. Il a été un partenaire à part entière". Avec TARZAN, c'est la cinquième fois que Yates collabore avec le chef décorateur Stuart Craig, ce qui a totalement conforté le réalisateur dans la possibilité de transposer l'Afrique à Leavesden.
"Après toutes ces années passées ensemble sur HARRY POTTER, je savais qu'il pourrait concrétiser cet univers. On voulait y sentir ce que nous avions éprouvé en Afrique mais dans une version luxuriante et romantique, réellement exacerbée, pour accentuer l’impression d'assister à un grand spectacle d’aventure. Tout est donc parti de Stuart et de ses décors que nous avons ensuite fusionnés avec des extensions numériques du Gabon. Du coup, nous avons totalement pu maîtriser l’environnement du film".
Supervisant deux plateaux entiers, Craig et son équipe ont "fait pousser" des forêts entières qui devaient sans cesse être aménagées à mesure que les personnages y évoluaient. "En un mot, il y avait sept versions des décors de la jungle pour que le public n’ait pas l’impression de faire du sur-place", détaille Craig. "C’est une mission considérable pour un département artistique de reproduire la nature à une telle échelle et le paysage en constante mutation a encore accentué la difficulté". "Grâce à Stuart, et à son directeur artistique James Hambidge, on a pu réinventer une jungle qui évolue en fonction de l’histoire", propose le réalisateur. "Au départ, on se demandait si ça fonctionnerait mais Stuart a assuré. Il a su repenser les espaces pour qu’ils donnent l’impression d'évoluer alors qu’en réalité, on tournait sur le même plateau".
La décoratrice de plateau Anna Pinnock et la responsable de la végétation Lucinda McLean se sont rendues en Hollande pour y acheter les nombreuses plantes exotiques nécessaires à leur forêt tropicale. Des éclairages spéciaux et un système d’irrigation ont été installés pour le bien des plantes, transformant les plateaux en véritables serres. Au milieu des véritables plantes, le département artistique a ajouté une variété d’arbres qu’ils ont fabriqués, semblables à "de vraies sculptures", explique Craig. "Au cours du processus, on a appris qu’il ne fallait pas enfouir les arbres sous les feuillages mais placer le feuillage en arrière-plan pour faire ressortir les arbres. C’est comme un arrangement floral mais à grande échelle", dit-il en riant.
Les effets visuels ont aussi contribué à l’élaboration de la jungle et d’autres décors, encore plus vastes, pour les prolonger jusqu’à l’horizon. À Leavesden, le plateau a accueilli plusieurs décors, comme le village Kuba, avec ses cases et le repaire de Mbonga, cerné de falaises abruptes. Les gigantesques formations rocheuses ont été élaborées à partir de grands moules conçus d’après des empreintes prises dans une carrière d’ardoise du pays de Galles. Le paysage montagneux en arrière-plan du décor a été filmé dans les Dolomites, au nord de l'Italie. Le décor le plus complexe a été la cascade de la montagne.
"Il a fallu beaucoup de recherche et de développement pour obtenir ce rendu réaliste et qu’on ait pas l’impression que l’eau coulait simplement du haut du décor", indique le superviseur des effets spéciaux David Watkins. "On a utilisé une rangée d’énormes pompes à injection, vaporisant l’eau sur des plaque et faisant dévier la masse liquide en l’éparpillant pour lui donner relief et épaisseur". "Il y avait essentiellement deux cascades se déversant d’une falaise de 30 mètres de haut", ajoute Craig. "Ça faisait un gigantesque volume d’eau et le résultat a été plus spectaculaire que ce que j’attendais. Et contrairement à une chute d’eau naturelle, on pouvait l'arrêter, ce qui était un énorme avantage". Les acteurs ont eux aussi été impressionnés.
"Les décors étaient hallucinants", déclare Skarsgård. "Je n’ai jamais rien vu de pareil. On avait vraiment le sentiment d'être plongés dans ce milieu". Waltz acquiesce : "[C’est incroyable] d’avoir des décors de cinéma aussi vastes, avec des cascades, des rivières et des jungles… Ils étaient d'une envergure sidérante et tout y était magnifique". L’équipe des effets spéciaux a également travaillé avec le département artistique pour la construction de la grande jetée en bois dressée au bord du bassin de Leavesden avant d’être détruite au cours d'une scène mémorable. "La structure était très grande – 30 mètres de long sur 12 mètres de haut – et elle a été presque entièrement détruite, ce qui n’a pas été simple", détaille Watkins.
"Il a fallu beaucoup de préparation car au départ c’était bien un élément fonctionnel du décor sur lequel les acteurs et l’équipe technique devaient pouvoir travailler en sécurité. On a ensuite enlevé tous les renforts de sécurité pour la faire s’effondrer au bon moment". Plusieurs scènes se déroulent à bord du bateau à roues à aubes de Léon Rom, qui était en fait une véritable embarcation flottante. "On l’a construite sur des pontons flottants typiques de l’armée", constate le directeur artistique Christian Huband, spécialiste des bateaux.
"On a créé une superstructure pour supporter le poids des ponts, des cabines et les moteurs en fonctionnement qui semblent propulser la roue à aubes. Le bateau était en fait contrôlé par des moteurs hors-bords, actionnés à l’abri des regards autour du vaisseau. Il n’y avait pas de coque en tant que telle mais des flancs se prolongeant de quelques centimètres sous l’eau". Le bateau a d’abord été utilisé sur les eaux de Virginia Water Lake [lac artificiel, NdT] dans le sud de Windsor Great Park avant d’être démonté et transporté à Leavesden, où il a été remonté dans le bassin. Le tournage s'est aussi déroulé dans d'autres lieux du Royaume-Uni, et plus particulièrement à Kedleston Hall, imposante doublure de Greystoke Manor. Ce manoir du XVIIIe siècle dans le Derbyshire est aujourd'hui la propriété du National Trust [association britannique vouée à la conservation du patrimoine, NdT.]. Aux yeux des producteurs, il possédait toutes les qualités requises pour représenter la maison ancestrale des Clayton.
"C’est une immense demeure qui possède d’énormes colonnes : c'est un très bel exemple d'architecture néo-classique", confirme Craig. "Elle est austère, et c'était un détail important, car on voulait qu’elle ait un air menaçant, ce qui joue sur notre perception de John Clayton". Le superbe cèdre à l'ombre duquel John et Jane partagent un moment de complicité amoureuse a été choisi en raison de ses larges branches horizontales. Il a été découvert sur le domaine de Highclere Castle, rendu célèbre par la série télévisée DOWNTON ABBEY. Les tenues d’Alexander Skarsgård, confectionnées par Ruth Myers, reflètent elles aussi l’état d’esprit du personnage : elles évoluent en effet de manière subtile mais notable au fur et à mesure que John redécouvre son identité d'origine. "Il était primordial que les vêtements londoniens de John Clayton aient l’air de vraiment le serrer et de l’empêcher de respirer", intervient Ruth Myers, "et du coup, même s’ils sont magnifiquement coupés, ils semblent l’étouffer d'emblée. Ensuite, bien sûr, plus le temps passe, plus ses vêtements deviennent déstructurés et patinés au point de lui donner une allure totalement naturelle quand ils se salissent et sont tachés de boue". De même, la garde-robe de Jane est au départ plus stricte, bien que, tout en vivant à Londres, elle montre des signes de rébellion contre la mode de l’époque. "La première fois qu’on la voit, on voulait sentir que l’Angleterre l’oppresse, car elle a grandi en Afrique dans un sentiment de totale liberté", poursuit la chef costumière.
"Ses tenues ont donc été conçues en ayant à l’esprit les codes de l’époque mais elles ne sont pas entièrement représentatives. Jane ne porte jamais de jupon, ce que n'aurait jamais osé faire une femme de la bonne société victorienne. Elle donne l’impression d’être un peu rebelle". Margot Robbie a particulièrement apprécié que Jane se débarrasse de son corset à la première occasion : "Ça m’a fait vraiment très plaisir, car c’était tout simplement horrible de penser qu’il allait falloir porter un corset pendant des mois, surtout pour courir. Du coup, je me suis sentie totalement en phase avec cette décision. Et je pense que c'est parfaitement cohérent avec le tempérament du personnage. Elle se moque de l'élégance imposée par la mode anglaise et elle ne se voit certainement pas aller dans la jungle en corset, car ce n’est pas du tout pratique".
Les couleurs ont aussi leur importance. "Margot apparaît d’abord dans une robe bleue, dans laquelle elle est magnifique, mais cette couleur reflétait l’idée qu’il faisait froid à Londres", note Ruth Myers. "Puis, quand elle arrive en Afrique, elle retrouve la lumière". Léon Rom est presque entièrement vêtu de blanc, car "c’est un maniaque", poursuit la costumière. "À chaque fois que son costume est sali, il en passe un propre". "Bien que les tenues reflètent l'esprit de l’époque, David et moi étions d’accord pour qu’ils ne soient pas foncièrement authentiques", suggère-t-elle.
"On a un petit peu triché mais on pouvait se le permettre, car on voulait que notre univers ait une réalité sublimée". "Ruth m'a galvanisé", indique Yates. "Elle a insufflé beaucoup de passion et d’enthousiasme à son travail et ce qu’elle a accompli est phénoménal". La chef costumière a surtout apprécié de pouvoir donner libre co