2016-04-06



Drame/Biopic/Sérieux et intéressant

Réalisé par James Vanderbilt

Avec Cate Blanchett, Robert Redford, Elisabeth Moss, Topher Grace, Dennis Quaid, Stacy Keach, Bruce Greenwood, Dermot Mulroney...

Long-métrage Américain

Titre original : Truth

Durée: 02h05mn

Année de production: 2015

Distributeur: Warner Bros. France

Date de sortie sur les écrans américains : 30 octobre 2015

Date de sortie sur nos écrans : 6 avril 2016



Résumé : 9 septembre 2004. Le présentateur vedette du JT de CBS, Dan Rather (Robert Redford), et sa productrice Mary Mapes (Cate Blanchett) plongent dans la tourmente… La veille, les deux journalistes ont diffusé un reportage dans l'émission-culte 60 Minutes II particulièrement compromettant pour George W. Bush : le président aurait tenté de fuir ses obligations militaires entre 1968 et 1974. Pire encore : il aurait bénéficié d'appuis familiaux et politiques pour échapper à la guerre du Vietnam. Mary Mapes et ses enquêteurs avaient réuni à la hâte des témoignages et des documents inédits, jugés solides. À l'approche du duel entre Bush et Kerry pour la présidentielle, cette affaire pouvait avoir un impact non négligeable sur l'issue du scrutin. Mais en l'espace de quelques jours, l'opinion publique et les médias ont cessé de s'intéresser au passé militaire de Bush. En revanche, Mary Mapes et Dan Rather sont dans l'œil du cyclone : les documents présentés dans l'émission sont des faux. Tout à coup, l'équipe de 60 Minutes est accusée de faute professionnelle et d'amateurisme. Mary Mapes finit par être licenciée et Dan Rather est contraint de prendre sa retraite anticipée. L'intégrité et l'indépendance de la presse ont-elles encore leur place dans les salles de rédaction ?

TRUTH: LE PRIX DE LA VÉRITÉ s'inspire des mémoires de Mary Mapes "Truth and Duty: The Press, the President, and the Privilege of Power" (2005, St. Martin’s Press).

Bande annonce (VOSTFR)

Ce que j'en ai pensé : TRUTH est un film de qualité. La réalisation de James Vanderbilt est posée, en phase avec le genre du film. Le sujet est sérieux. Il est exploré habilement. Le réalisateur retrace les événements chronologiquement et de manière approfondie. On sent qu'il y a eu un gros travail de recherche pour rendre hommage au travail de ces journalistes. Il faut être attentif pour suivre le déroulement qui maintient bien l'attention. L'histoire montre que peu importe vos succès antérieurs ou votre notoriété, dans le milieu de l'information, la crédibilité est tout. Idole un jour, journaliste déchu le lendemain.

Cependant, j'ai un petit reproche : le thème n'est pas proche de nous et il est difficile de se positionner dans cette histoire pour le spectateur. Les médias parlent des médias, je ne me suis pas retrouvée dans cet univers. J'ai regardé cela d'un peu loin sans vraiment m'attacher aux personnages. Cependant, les découvrir reste vraiment intéressant, d'autant que les acteurs sont impeccables et leur donne un visage humain.

Cate Blanchett interprète Mary Mapes. Il y a une intelligence et une fragilité qui se dégage de son jeu. Elle est sublime.



Robert Redford est un immense acteur. Il est capable de donner tout son sens à une scène d'un seul regard. Sa prestance et sa présence dans le rôle de Dan Rather crédibilise totalement le statut de son personnage.

La relation entre Mary et Dan est basée sur le respect et l'admiration, elle est bien mise en valeur.

Les seconds rôles sont également très convaincants, chacun apportant une personnalité propre et identifiable à son protagoniste.

Dennis Quaid interprète le lieutenant-colonel Roger Charles

Topher Grace interprète Mike Smith

Elisabeth Moss interprète Lucy Scott

Stacy Keach interprète le Lt. Colonel Bill Burkett et Noni Hazlehurst interprète Nicki Burkett

TRUTH est un film qui raconte une histoire forte et instructive de manière construite et intelligente. Si vous aimez le journalisme d'investigation ou comprendre les coulisses d'un scandale d'une grande chaîne de télévision américaine, je vous le conseille absolument.

NOTES DE PRODUCTION

(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

La chronologie des faits

Adoptant le point de vue de Dan Rather, journaliste chevronné au cœur de la tourmente, TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ montre comment un reportage concernant la nation tout entière a été fabriqué, image par image, dans une salle de rédaction, pour être ensuite vilipendé par une succession d'accusations et de critiques. TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ s'inspire des mémoires de Mary Mapes "Truth and Duty: The Press, the President, and the Privilege of Power"

Juin – Septembre 2004

En juin 2004, la productrice de CBS News Mary Mapes (Cate Blanchett), alors au sommet de sa carrière, décide de s'intéresser à l'époque où le président Bush a effectué son service militaire au sein de la Garde Nationale aérienne du Texas. En avril, elle avait produit un reportage pour l'émission 60 Minutes – récompensé par la suite par le Peabody Award – révélant des actes de tortures à la prison militaire d'Abou Ghraïb, en Irak.

Vivant à Dallas avec son mari, Mark Wrolstad (John Benjamin Hickey), et leur fils précoce de 7 ans Robert (Connor Burke), Mary Mapes évolue sans mal entre sa famille, ses missions sur le terrain et le QG de CBS News à New York. Maîtrisant parfaitement son métier, elle déniche les sujets dont elle produit ensuite les reportages et gère ses équipes, la documentation et le montage. Elle travaille en étroite collaboration avec Dan Rather (Robert Redford), présentateur vedette de la chaîne, depuis des années et entretient avec lui des liens d'estime et d'affection.

Josh Howard (David Lyons) est le producteur exécutif de 60 Minutes II, édition spéciale du mercredi soir de la célèbre émission d'informations. Howard et Mary Murphy (Natalie Saleeba), directrice d'antenne, sont intrigués par les rumeurs, rapportées par Mary Mapes, autour du service militaire de Bush au sein de la Garde Nationale, en pleine guerre du Vietnam : ils savent que d'autres médias s'intéressent également à l'affaire. Ils l'autorisent à poursuivre l'enquête.

L'équipe Mapes

Elle constitue son équipe d'enquêteurs : le lieutenant-colonel Roger Charles (Dennis Quaid) est un consultant militaire intègre qui a collaboré à l'affaire Abou Ghraïb ; Lucy Scott (Elisabeth Moss) est professeur de journalisme à Dallas et passionnée par le travail d'enquête ; Mike Smith (Topher Grace) est un travailleur indépendant, vivant au Texas, qui collabore avec Mary Mapes et lui fournit des tuyaux de temps en temps. L'équipe se lance dans l'enquête surnommée "BushGuard" avec détermination, dans le contexte des élections présidentielles opposant Bush à Kerry.

L'affaire Bush-Guard

Épluchant les archives officielles des années de service militaire du président au sein de la Garde Nationale, l'équipe Mapes estime que les documents sont incomplets et sans doute falsifiés. Pourtant, ils reconstituent une chronologie des faits : de mai 1968 au printemps 1972, Bush était apprécié au sein de la Garde Nationale, d'abord au centre d'entraînement des pilotes de la base aérienne de Moody (Géorgie), puis au 111ème Escadron de Combat d'interception (Houston). Mais en 1972, le lieutenant Bush est suspendu officiellement pour avoir manqué une séance d'entraînement. En réalité, il a quitté son unité quelques mois plus tôt, pour être réaffecté en Alabama où il est censé participer à la campagne sénatoriale d'un ami de son père. Entre mai 1972 et mai 1973, l'équipe ne trouve aucune trace de la présence de Bush sur la base militaire de l'Alabama : il n'y a ni document administratif, ni témoin oculaire qui puisse confirmer qu'il exerçait alors son service militaire. En septembre 1973, le lieutenant Bush demande à être libéré de ses obligations pour intégrer la Harvard Business School, ce qu'il obtient.

Pour l'équipe de 60 Minutes, il ressort clairement que Bush a non seulement bénéficié de favoritisme grâce à ses relations familiales pour éviter de combattre dans la guerre du Vietnam, mais qu'il a aussi manqué à ses devoirs. Bien entendu, s'attaquer au passé militaire de Bush en pleine campagne électorale tombe à point nommé.

Mary Mapes estime avoir trouvé un témoin solide comme point de départ : l'ancien lieutenant-gouverneur Ben Barnes (Philip Quast), vieux briscard de la politique au caractère bien trempé qui, paraît-il, fait rire ses amis depuis des années avec une anecdote piquante. En effet, il raconte à qui veut l'entendre qu'en 1968, alors qu'il était président du Parlement du Texas, on lui aurait demandé de passer quelques coups de téléphone pour permettre au jeune George W. Bush d'intégrer la Garde Nationale.

La journaliste contacte Barnes pour le convaincre de révéler le népotisme dont Bush aurait bénéficié sur le plateau de l'émission, mais il refuse. "On me jetterait hors d'Austin comme un chien", lui dit-il. Sans se décourager, l'équipe continue à contacter de nombreux officiers et hauts-gradés qui pourraient se souvenir des états de service de Bush, mais elle se heurte systématiquement à la même fin de non-recevoir : "Il n'a jamais été pistonné !"

Les documents Killian

C'est alors que l'équipe Mapes fait une découverte majeure : il existerait des documents inédits prouvant que Bush ne se serait pas acquitté de ses obligations militaires. Mary Mapes demande à Smith de retrouver la trace de Bill Burkett (Stacy Keach), exploitant agricole et ancien lieutenant-colonel dans la Garde Nationale du Texas, qui affirme détenir les fameux documents. Les deux journalistes rencontrent Burkett et son épouse, Nicki (Noni Hazelhurst). L'homme est en mauvaise santé et sa femme est inquiète pour leur sécurité : que se passera-t-il si l'on apprend que Bill est à l'origine des révélations ? Mais Mary les convainc que seule une émission d'informations aussi réputée que 60 Minutes est suffisamment crédible pour relater l'affaire, et elle s'engage à leur garantir l'anonymat. Le couple lui remet les documents : il s'agit de copies, et pas des originaux. En revanche, Burkett refuse de livrer le nom de sa source.

Ces documents, surnommés "documents Killian", paraissent avoir été signés par le lieutenant-colonel Jerry B. Killian, commandant du 111ème Escadron de Combat d'interception à l'époque où Bush y était incorporé, et aujourd'hui décédé. Les documents semblent confirmer la version selon laquelle Bush s'est dégagé de ses obligations militaires au sein de la Garde Nationale. Un autre document, ultérieurement envoyé par Burkett à l'émission, est intitulé "CYA" ("Cover Your Ass", signifiant "Protégez vos arrières", NdT) et semble avoir été rédigé par Killian pour figurer dans ses propres archives : il atteste que des hauts-gradés l'auraient contraint à attribuer une note favorable à Bush même lorsqu'il n'était pas présent sur la base. L'ensemble des documents tendent à apporter la preuve irréfutable que Bush a reçu des appuis pour s'exonérer de ses devoirs.

On demande à quatre experts indépendants d'authentifier les "documents Killian", mais aucun d'entre eux n'est en mesure de le faire en déterminant avec certitude l'âge du papier ou de l'encre étant donné qu'il s'agit de copies. L'expert Marcel Matley (Nicholas Hope) se rend à New York pour étudier les nouveaux documents et les comparer à ceux déjà publiés par la Maison Blanche. Il estime que la signature de Killian sur certains des documents fournis par Burkett correspond à celle des documents figurant dans les archives officielles. Pour lui, l'authenticité des documents n'est pas sujette à caution. Mary Mapes et son équipe pensent avoir pris toutes les précautions qui s'imposent et que les documents fournis par Burkett méritent d'être révélés aux téléspectateurs.

Compte à rebours

Tout au long de l'enquête de Mary Mapes et de son équipe, Dan Rather a été tenu informé et consulté. Mais il veut des preuves plus solides avant d'envisager de révéler l'affaire Bush-Guard à l'antenne.

Les événements semblent désormais se précipiter. Mike Smith a déniché une vidéo du lieutenant-gouverneur Ben Barnes lors d'une collecte de fonds pour le camp Démocrate : celui-ci amuse la galerie en racontant qu'il est prêt à céder sa place à George W. Bush dans la Garde Nationale ! Barnes, qui ignorait qu'il était filmé, reconnaît qu'il ferait mieux de tout déballer à l'antenne. Les producteurs de l'émission se retrouvent face à un dilemme : en raison des contraintes de programmation de la chaîne, ils disposent d'un créneau soit d'ici plusieurs semaines (avec le risque qu'un autre média ne révèle l'affaire Bush-Guard), soit dans seulement cinq jours. Pour eux, il est également capital de ne pas influencer excessivement l'issue du scrutin de novembre avec un "coup de théâtre" en octobre : ils choisissent donc le créneau le plus proche. Mary Mapes estime qu'elle peut mettre le reportage en boîte d'ici là : l'émission est programmée au 8 septembre.

Comme le raconte la journaliste dans ses mémoires, un autre événement majeur se produit deux jours avant la diffusion : Mary Mapes parvient enfin à s'entretenir au téléphone avec le général deux étoiles Robert Hodges, supérieur de Jerry Killian en 1972-73. Tandis que Roger Charles écoute la conversation, Mary lit le contenu des mémos de Killian à Hodges : celui-ci confirme qu'ils reflètent les sentiments de Killian à l'égard de George W. Bush à l'époque. L'équipe de 60 Minutes considère que leur dossier est inattaquable.

8 septembre 2004 : La diffusion

Rather et Mary Mapes établissent le déroulé de l'émission qui comprend les entretiens de Rather avec Marcel Matley, Ben Barnes et Robert Strong (Martin Sacks), ancien administrateur de la Garde Nationale du Texas qui dénonce le népotisme et la corruption en vigueur au sein de la Garde à l'époque de la guerre du Vietnam. L'équipe continue à monter l'émission jusque dans les derniers moments précédant la diffusion, coupant notamment les témoignages visant à authentifier les documents : il s'agit d'éléments importants mais peu spectaculaires.

L'émission, elle, compte son lot de révélations spectaculaires ! Assurant le fil rouge, Dan Rather présente d'abord les aveux de Barnes qui reconnaît avoir lui-même pistonné Bush. Puis, on entend Strong, affichant son mépris pour la corruption qui sévissait à l'époque. Enfin, Rather produit les mémos de Killian, manifestement accablants, prouvant que George W. Bush ne s'est pas acquitté de ses obligations militaires.

L'effet boomerang

Le temps de la victoire et des félicitations est de courte durée. En quelques heures à peine, la blogosphère du camp conservateur se déchaîne, déclarant que les documents sont des faux et accusant le reportage de 60 Minutes d'être une manœuvre des progressistes. Les blogueurs taillent en pièces l'authenticité des mémos : ils expliquent que le format, la typographie, l'espacement entre les caractères et les interlignes n'auraient pas pu être obtenus sur une machine à écrire des années 70, et qu'ils ont donc été falsifiés grâce à un ordinateur.

En très peu de temps, la machine s'emballe et les grands médias s'emparent de la polémique, posant la question de savoir si le reportage de 60 Minutes était délibérément à charge ou simplement bâclé. Et dans ce vacarme médiatique, on en oublie de s'interroger sur le passé militaire de George W. Bush …

Tandis que la direction de CBS – composée de Josh Howard, de la vice-présidente senior Betsy West (Rachael Blake), du responsable des relations publiques Gil Schwartz (Steve Bastoni), et du président de CBS News Andrew Heyward (Bruce Greenwood) – s'inquiète de l'ampleur prise par les événements, Mary Mapes recontacte les différents témoins de l'enquête pour vérifier et recouper chaque détail. Dan Rather, qui a essuyé d'autres revers et compte bien s'en sortir indemne, garde son sang-froid.

Mary Mapes et Dan Rather élaborent un système de défense qui réfute point par point les attaques. Diffusé sur CBS Evening News, ce nouveau reportage réunit les images de Marcel Matley, qui avaient été coupées dans le précédent, et une nouvelle interview où l'expert explique que les accusations de falsification reposent sur des copies de copies et des fax de fax des documents Killian – copies susceptibles de subir d'infimes modifications de police de caractère et de format.

Les sources mystérieuses

La direction de CBS explique à Mary Mapes qu'il lui faut s'entretenir à huis clos avec la source de son document anonyme. Au cours d'une téléconférence avec Andrew Heyward, Mary Mapes et Dan Rather, Bill Burkett raconte comment il a obtenu les documents Killian, mais sa version est en contradiction totale avec ce qu'il avait confié à Mary : il lui a menti, affirme-t-il, pour se débarrasser d'elle. Selon sa nouvelle version, des informateurs anonymes l'ont contacté pour copier et diffuser les documents avant de brûler les originaux.

Cet étrange récit fait l'effet d'une bombe, mais Rather convainc Burkett de témoigner à l'antenne pour calmer le jeu et clarifier la situation. Burkett accepte et se soumet à un interrogatoire délicat devant la caméra.

Alors que CBS est dans une position défensive, Rather informe Mary Mapes par amitié qu'on lui a demandé de s'excuser à l'antenne pour l'utilisation de documents désormais discrédités. L'affaire Bush-Guard est morte. CBS nomme un comité d'experts indépendants pour passer au crible les événements qui ont conduit au fiasco. Un peu plus tard, Mary Mapes regarde tristement l'émission où son ami et mentor Dan Rather reconnaît ses erreurs à l'antenne, marquant un point final – et tragique – à leur pugnacité et à toutes ces années d'enquêtes et de collaboration.

Une enquête indépendante

Mary Mapes engage un avocat, Dick Hibey (Andrew McFarlane), pour la défendre devant le comité d'experts nommé par CBS et co-présidé par Richard Thornburgh (Helmut Bakaitis), ancien ministre de la Justice dans l'administration du président George H. W. Bush. Le comité est également co-présidé par Lou Boccardi (Lewis Fitz-Gerald), ex-patron d'Associated Press.

Me Hibey conseille à sa cliente de coopérer au maximum et de raconter sa version des faits dans les moindres détails afin d'éviter de braquer le comité. Elle répond à leurs questions, en conservant son sang-froid, et attend un mois avant que le comité ne se réunisse après le scrutin de novembre.

Loin de CBS, Mary Mapes attend sa deuxième audience devant le comité chez elle à Dallas. C'est alors qu'elle apprend une autre triste nouvelle concernant son cher ami Dan Rather : en effet, celui-ci a accepté de démissionner de son poste de présentateur de CBS Evening News après la deuxième investiture de George W. Bush. "Ne baisse pas les bras", lui dit-il.

Lorsque Mary se présente devant le comité, son avocat estime qu'elle s'en est bien sortie et qu'elle pourra peut-être garder son poste. Mais la nature combative et fougueuse de la journaliste reprend le dessus et elle ne peut s'empêcher de lancer : "Vous ne m'interrogez pas sur mes opinions politiques ?" En posant cette question, elle accuse implicitement les experts d'avoir eu un parti-pris politique en menant leur enquête. Elle a sans doute creusé sa tombe, mais elle a exprimé ses sentiments avec sincérité.

En janvier 2005, le jour de la publication des conclusions du comité, Mary Mapes est licenciée de CBS.

Lors de sa dernière et bouleversante intervention à l'antenne, Dan Rather rappelle que l'opinion publique fait confiance aux journalistes pour rechercher la vérité, et conclut ses adieux avec sa phrase-culte, "Courage".

Les figures-clés

Les personnages de TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ qui suivent figurent dans les mémoires de Mary Mapes.

L'équipe de 60 Minutes II

Dan Rather a travaillé pour CBS News pendant quarante ans et a présenté CBS Evening News de 1981 à 2005.

Productrice pour CBS News, Mary Mapes était l'une des plus proches collaboratrices de Dan Rather pendant quinze ans. Elle a remporté un Peabody Award en 2005 pour avoir produit le reportage de CBS News qui a révélé le scandale sur les tortures de la prison militaire d'Abou Ghraïb en Irak.

Andrew Heyward a été président de CBS News de 1996 à 2005.

Josh Howard a été producteur exécutif de l'édition spéciale du mercredi, 60 Minutes II, de la célèbre émission 60 Minutes. Howard avait déjà travaillé chez CBS pendant vingt ans.

Betsy West était vice-présidente senior de CBS News de 1998 à 2005. Elle supervisait 60 Minutes et 48 Hours.

Mary Murphy était directrice de l'antenne de 60 Minutes II.

Les enquêteurs de Mary Mapes

Ancien Marine ayant combattu pendant la guerre du Vietnam, le lieutenant-colonel Roger Charles a été consultant militaire et enquêteur pour 60 Minutes et CBS News. Il a joué un rôle déterminant dans la révélation du scandale sur Abou Ghraïb.

Journaliste indépendant et enquêteur, Mike Smith a travaillé aux côtés de Mary Mapes et a suivi l'affaire Bush-Guard pendant des années.

Professeur de journalisme et enquêtrice indépendante, Lucy Scott a été productrice associée sur l'affaire Bush-Guard.

Les contacts de l'affaire Bush-Guard

Ben Barnes était président du Parlement du Texas à l'époque où George W. Bush a intégré la Garde Nationale du Texas en 1968. Barnes a été lieutenant-gouverneur du Texas de 1969 à 1973.

Bill Burkett était exploitant agricole au Texas et lieutenant-colonel de la Garde Nationale du Texas à la retraite. Il est la source des documents Killian.

Le lieutenant-colonel Jerry B. Killian, décédé au moment des événements de TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ, était le commandant du 111ème Escadron de Combat d'interception à Houston.

Ancien commandant de la Garde Nationale du Texas, le général deux étoiles Mike Hodges était juste au-dessus de Killian dans la hiérarchie militaire.

Robert Strong était administrateur dans la Garde Nationale du Texas à Austin à l'époque où G.W. Bush effectuait son service militaire.

Le comité d'experts indépendants

Ancien ministre de la Justice dans l'administration de George H.W. Bush de 1988 à 1991, Richard Thornburgh co-présidait le comité.

Lou Boccardi co-présidait le comité aux côtés de Thornburgh. Il a été président et directeur général d'Associated Pres (AP) de 1985 à son départ à la retraite en 2003.

Richard Hibey a été l'avocat de Mary Mapes pendant ses auditions devant le comité.

NOTES DE PRODUCTION

TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ est à la fois une enquête journalistique, une plongée dans les coulisses du pouvoir, un thriller palpitant et une étude de personnages. Mais c'est sans doute Dan Rather, ancien présentateur de CBS News, qui définit le mieux le film : "TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ parle de l'évolution des reportages d'information, du contexte et des raisons de cette évolution et, surtout, de son importance décisive".

C'est sa fascination pour le journalisme qui a d'abord séduit le scénariste et réalisateur James Vanderbilt : "Le cinéma et le journalisme offrent deux manières différentes de raconter une histoire", souligne-t-il. "J'ai vu LES HOMMES DU PRÉSIDENT quand j'étais petit et j'ai coproduit ZODIAC, qui évoquait le journal San Francisco Chronicle – autant dire que j'ai toujours été intrigué par ce qui se passe dans les salles de rédaction. Lorsqu'une émission comme 60 Minutes révèle une affaire retentissante, comment cela se passe-t-il ? Comment est-ce qu'on fabrique le reportage ?"

En 2005, Vanderbilt, qui réalise ici son premier film, est tombé sur un extrait de "Truth and Duty: the Press, the President and the Privilege of Power" de Mary Mapes publié dans Vanity Fair. Dans cet ouvrage, la journaliste raconte avec force détails l'enquête qu'elle a menée pour le magazine 60 Minutes II sur le service militaire effectué par George W. Bush au sein de la Garde Nationale du Texas : ces révélations sur le président de l'époque ont déclenché des attaques en règle contre les enquêteurs qui ont anéanti la crédibilité du reportage et provoqué le licenciement de Mary Mapes et la démission forcée de Dan Rather.

"Comme tout le monde, je connaissais le scandale, mais en lisant l'article, je me suis rendu compte que je ne savais pas grand-chose des coulisses de l'affaire", note Vanderbilt. "Je me suis mis à imaginer comment transposer cette histoire au cinéma : on pourrait raconter ce qui s'est vraiment passé à l'insu du grand public en adoptant le point de vue de journalistes chevronnés qui ont connu leur véritable heure de gloire avant de subir une descente en enfer".

Vanderbilt et le producteur Brad Fischer, son associé au sein de Mythology Entertainment, ont acquis les droits d'adaptation du livre et ont entamé des discussions avec Mary Mapes dans l'optique d'une transposition cinématographique. Après avoir produit ZODIAC de David Fincher, qui s'inspirait également d'événements réels, les deux hommes étaient conscients des embûches du projet : il est toujours difficile de s'atteler à un film s'appuyant sur des faits historiques qui replonge ses protagonistes dans une période traumatisante de leur vie. "Au début, Mary était réticente", confie Vanderbilt. "Mais je lui ai demandé si elle accepterait de venir au Texas pour quelques jours. On a parlé de tas de choses différentes, sauf de ce qui s'était passé. On a discuté de nos films préférés, de son histoire, de mon passé – de tout sauf de l'affaire – si bien qu'en fin de compte, elle était suffisamment à l'aise pour passer à l'étape suivante".

"Je faisais confiance à Jamie pour ne pas trahir les faits", explique Mary Mapes. "J'ai apprécié son scénario, on a fignolé certains détails ensemble, mais j'étais vraiment certaine que ce projet ne verrait sans doute jamais le jour". Si l'ancienne productrice de CBS ne travaille plus pour la télévision, elle est désormais écrivain et consultante.

L'obsession du réalisme

Pour Vanderbilt et Fischer, la précision et l'exactitude de la reconstitution étaient fondamentales. "Je savais que le livre de Mary était un excellent point de départ puisqu'il nous livrait sa version des faits", indique le réalisateur, "mais il y avait forcément plusieurs points de vue contradictoires à prendre en compte dans une affaire aussi polémique. Je voulais vraiment me documenter à fond. J'ai discuté avec la plupart des protagonistes de l'affaire, dont plusieurs n'étaient pas favorables à Mary. Je me suis entretenu avec Dan et Mary, Mike Smith, Roger Charles, Josh Howard et d'autres encore. J'ai vraiment essayé de vérifier et recouper toutes les informations que l'on retrouve dans le film".

Quand on l'interroge sur l'exactitude du scénario et du film, il affirme : "Il n'est pas seulement fidèle aux faits, il est extraordinairement précis !"

Mary Mapes raconte : "Dan m'a dit qu'il trouvait que c'était ce qu'il avait lu de mieux sur le métier de journaliste. Ce qu'il voulait dire par là, c'est qu'il fallait que ce film se fasse. Il fallait réunir tous ces éléments disparates, puis construire une intrigue et tourner le film. À CBS, nous avions des journalistes vraiment compétents, intelligents et solides qui, chacun à son poste, contribuaient à réaliser des reportages d'information et qui étaient convaincus de l'importance de leur mission".

Retrouver l'effervescence d'une salle de rédaction sous pression, "c'est comme tourner un film dans un sous-marin", reprend Vanderbilt. "On a un bande de personnages hétéroclites réunis dans une boîte de sardines qui utilisent chacun leur propre jargon obscur, mais le film ne cherche pas à décrypter ce langage ésotérique pour le spectateur – on se laisse porter par l'énergie du groupe".

Un casting de rêve

Une fois le scénario finalisé, le réalisateur et son associé ont tenté de solliciter la comédienne dont ils rêvaient pour le rôle de Mary Mapes. "Cate Blanchett était notre tout premier choix", indique Fischer. "Mais on l'a contactée au pire moment qui soit : elle venait de décrocher l'Oscar de la meilleure actrice pour BLUE JASMINE et elle recevait des propositions de toutes parts, alors que Jamie s'embarquait sur son premier long métrage. Mais on se disait que si Cate était sensible au scénario – ce qui a été le cas au-delà de nos espérances –, elle apprécierait la vision de Jamie".

"En général, je lis les scénarios très lentement", souligne l'actrice. "Mais j'ai lu TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ d'une seule traite. Dès qu'on démarre, c'est comme un train lancé à toute allure, et je pense que c'est ce que les véritables protagonistes de l'affaire ont vécu. J'ai été captivée".

Une fois Cate Blanchett engagée, le réalisateur et son producteur savaient exactement qui contacter pour camper Dan Rather, icône de la télévision. "La plus grande difficulté de ce casting était Dan Rather", reprend le réalisateur. "Quand on a grandi aux États-Unis et qu'on s'est habitué à sa voix, il fait partie de votre histoire personnelle. Lorsque Dan pénètre dans une pièce, il devient le centre de gravité. Du coup, il nous fallait quelqu'un qui possède le même charisme. Il nous fallait une légende pour camper une légende".

Robert Redford souligne : "Je me suis dit que je devais exprimer la nature profonde du personnage sans aller dans la caricature. C'est un type très ordonné et méthodique. Il y a une force obscure chez lui qui le pousse à fouiller son sujet sans relâche, et il se moque pas mal de savoir s'il bouscule les habitudes et s'il dérange certaines personnes. Mais en apparence, c'est un homme très posé, conservateur et poli". Redford et Dan Rather se connaissent depuis qu'ils ont travaillé ensemble sur un reportage sur l'environnement pour 60 Minutes dans les années 70. "Pour bien cerner le personnage, je me suis dit qu'il fallait s'attacher à la relation entre lui et Mary Mapes, campée par Cate Blanchett. Leurs liens de fidélité sont au cœur du film".

Les deux journalistes ont été sidérés d'apprendre qu'ils allaient être interprétés à l'écran par des comédiens tels que Cate Blanchett et Robert Redford ! Mary Mapes et Dan Rather étaient en téléconférence avec Vanderbilt et Fischer lorsqu'ils ont appris la nouvelle. "Je me suis senti tout petit", se souvient Rather. "J'étais hallucinée", poursuit Mary Mapes. "On en est restés sans voix car c'est le genre de choses qui n'arrive jamais".

"Plus tard, en arrivant sur le plateau, j'ai été bluffé de constater à quel point Cate ressemble à s'y méprendre à Mary", reprend Rather. "Il ne s'agissait pas seulement de sa coiffure et de son style vestimentaire, mais de ses mimiques, de sa démarche et de ses intonations de voix". De même, ajoute Mary Mapes, "c'était perturbant de voir combien Redford a su cerner tous ces petits détails chez Dan, qu'il s'agisse de sa posture, de sa manière de bouger la tête ou de son allure si caractéristique de dos, avec ses éternelles bretelles. Il a restitué son charisme et sa fragilité".

Cate Blanchett s'est documentée sur Internet et a visionné des interviews de Mary Mapes filmées à l'occasion de la promotion de son livre, avant de la rencontrer. "J'ai été épouvantée par les attaques personnelles dont elle a été l'objet", affirme la comédienne. "Tout le monde découvrait les blogs, et c'était révoltant de voir quelqu'un se faire éreinter de la sorte par ces soi-disant reportages sur le web. Dans les vidéos, elle semble endurcie et prête à répondre aux attaques. Ensuite, cela a été formidable de rencontrer cette femme vive, positive, profondément intelligente et d'une drôlerie extraordinaire. J'espère avoir trouvé le moyen de restituer la vivacité de Mary". Par ailleurs, grâce à Cate Blanchett, le film a bénéficié d'une équipe de production australienne qui a su respecter les contraintes serrées de temps et de budget. En effet, la société de la comédienne, Dirty Films, a obtenu le soutien de la Commission Cinéma et Télévision de Nouvelles-Galles du Sud.

Sans manichéisme

Les personnages de TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ sont d'une grande richesse et sont interprétés par des comédiens magnifiques, de Topher Grace, Elisabeth Moss, et Dennis Quaid dans le rôle des enquêteurs collaborant avec Mary Mapes, à Stacy Keach dans le rôle d'un informateur décisif.

"Je n'ai jamais cherché à faire d'aucun de mes personnages un salaud", explique Vanderbilt. "On aurait pu s'attarder sur la part d'ombre des gestionnaires et des financiers pour montrer qu'ils se moquent totalement du journalisme, mais je ne pense pas que le monde fonctionne comme ça. Chacun cherche à faire de son mieux dans cette période de crise. Il nous fallait de grands acteurs pour livrer des prestations tout en nuances".

Redford évoque la difficulté de jouer un personnage réel : "J'ai dit à Dan, 'je m'apprête à camper ton personnage. C'est un peu délicat. Tu veux me parler de toi ? Peux-tu me donner ton point de vue sur l'affaire ?' Et il m'a répondu, 'Tout était une question de loyauté. Il s'agissait d'une loyauté tripartite – à l'égard de ma partenaire et productrice Mary Mapes, de mon employeur, CBS, et de moi-même. J'étais tout aussi loyal envers CBS et envers ma partenaire".

L'Église de CBS

Dan Rather évoque "l'éthique de la loyauté de CBS : la maison nous a soutenus quand on faisait nos reportages à l'époque d'Edward R. Murrow [journaliste ayant contribué à la chute de McCarthy, NdT], ou de la lutte pour les droits c

Show more