OSIRIS
MYSTÈRES ENGLOUTIS D’EGYPTE
Du 8 septembre 2015 au 31 janvier 2016
à l’Institut du monde arabe
Cette exposition-événement met en lumière les dernières découvertes issues des fouilles sous-marines dirigées dans la baie d’Aboukir.
On y découvrira notamment d’énigmatiques vestiges des temples d’Héracléion et Canope qui accueillaient dans le plus grand secret les rites et processions religieuses, ainsi que de nombreux objets témoins de la célébration des Mystères d’Osiris aujourd’hui disparu.
À La veille de l’inauguration de l’exposition « Osiris, Mystères engloutis d’Égypte », le DIMANCHE 6 SEPTEMBRE 2015 vous êtes invité à une grande chasse au trésor dans les rues de Paris.
Transformez le premier dimanche de rentrée en une après-midi d’enquête et d’évasion sur les traces d’un des plus grands dieux de l’Égypte antique.
« Gamers » invétérés, en couple, en famille ou entre amis, autant de parcours et d’énigmes vous seront proposés pour permettre à chacun de jouer selon son niveau et ses envies.
Les meilleurs explorateurs pourront gagner des voyages en Égypte et des invitations pour l’exposition.
Top départ entre 12h30 et 15h aux jardins des tuileries (entrée côté Concorde) où votre kit de jeu vous sera remis.
Inscriptions sur www.exposition-osiris.com/osiris-game
En partenariat avec l’Office du tourisme de l’Egypte, Egyptair & Fleuves du Monde
A partir du 8 septembre 2015 à l’Institut du monde arabe
http://www.exposition-osiris.com
#OsirisExpo
Osiris, Mystères engloutis d'Egypte
une production Artevia, HILTI Foundation, IEASM et Institut du monde arabe
COMMUNIQUE DE PRESSE
OSIRIS, MYSTÈRES ENGLOUTIS D'ÉGYPTE
INSTITUT DU MONDE ARABE
Exposition évenement de la rentrée, « Osiris, Mystères engloutis d’Égypte » dévoilera 250 objets retrouvés lors de fouilles sous-marines, dont les découvertes récentes de ces 10 dernières années, dirigées par Franck Goddio. Viendront s’y ajouter une quarantaine d’œuvres provenant des musées du Caire et d’Alexandrie dont certaines sortiront d’Égypte pour la première fois. Ces découvertes, à la signification historique hors du commun, permettront d’évoquer les « Mystères d’Osiris », grande cérémonie qui commémorait, perpétuait et renouvelait annuellement l’un des mythes fondateurs de la civilisation égyptienne.
Présidé par Jack Lang, l’Institut du monde arabe, emblème du rayonnement des cultures du monde arabe dans toute leur diversité, accueillera l’exposition « Osiris, Mystères engloutis d’Égypte » et présentera cette collection exceptionnelle dans une scénographie spectaculaire sur près de 1100 m2.
Cette exposition révèlera, parmi les dernières découvertes sous-marines de Franck Goddio et de ses équipes, des vestiges de la cérémonie des « Mystères d’Osiris », retrouvés dans les villes de Thônis-Héracléion et Canope.
Osiris, Mystères engloutis d’Égypte : l’exposition qui lève le voile sur cette cérémonie secrète
La légende d’Osiris
Osiris, fils de la Terre et du Ciel, fut tué par son frère Seth. Ce dernier démembra le corps d’Osiris en 14 morceaux avant de le jeter dans le Nil. Isis, sœur-épouse d’Osiris, grâce à ses pouvoirs divins, remembra son corps, avant de lui rendre la vie et de concevoir leurs fils : Horus. Osiris devint alors le Maître de l’Au-delà et Horus, victorieux de Seth, eût l’Égypte en héritage.
On avait connaissance grâce à la stèle, dite de Canope, découverte en 1881, à Kôm el-Hisn (238 av. J.-C.) que dans le grand temple d’Amon Géreb, d’une ville nommée Héracléion, étaient célébrées, comme dans la plupart des villes d’Égypte, les cérémonies des Mystères d’Osiris. Elles se terminaient, selon le texte de la stèle, par une longue procession nautique sur les canaux qui emmenait Osiris du temple d’Amon Géreb à son sanctuaire de la ville de Canope.
Sous l’égide de Franck Goddio, la mission de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine (IEASM) a découvert, à quelques kilomètres d’Alexandrie, les cités de Thônis-Héracléion et de Canope submergées depuis le VIIIè siècle en baie d’Aboukir, ainsi que des vestiges des temples mentionnés dans le Décret. Les fouilles sur ces deux sites ont mis au jour de nombreux témoignages archéologiques en relation directe avec les « Mystères d’Osiris » : monuments, statues, instruments rituels, offrandes cultuelles… attestant ainsi de la célébration des « Mystères », en ce lieu. Cette célébration initiatique d’une durée de 21 jours commémorait, perpétuait et renouvelait la légende osirienne.
Au fil des 1100 m2 , au sein de l’Institut du monde arabe, le visiteur pourra être « initié » à ces célébrations et avoir accès aux rituels réalisés dans le plus grand secret des temples. Il sera guidé sur les sites maintenant immergés des deux villes et pourra suivre les processions nautiques.
Franck Goddio, archéologue, directeur des fouilles et commissaire de l’exposition Franck Goddio (www.franckgoddio.org) est le fondateur et le président de l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM) (www.ieasm.org), ainsi que de la Far Eastern Foundation for Nautical Archaeology (FEFNA). Il est également le co-fondateur de l’Oxford Centre for Maritime Archaeology de l’Université d’Oxford (OCMA) qui est un département de recherche spécialisé au sein de la School of Archeology soutenu par la Hilti Foundation. Il est dédié à une étude de la population habitant et travaillant à proximité de zones maritimes. (http://www.arch.ox.ac.uk/ocma.html)
En 1996, Franck Goddio lance, en étroite collaboration avec le Ministère des antiquités en Égypte, un vaste projet de prospection géophysique afin de cartographier en baie d’Aboukir, à 30 km au Nord-Est d’Alexandrie, l’ancienne région canopique submergée. Les résultats montrent les contours de la région, le lit de l’ancienne branche occidentale du Nil et ont conduit à la découverte de la ville de Thônis-Héracléion, de son port et de son temple ainsi que de la cité de Canope. Ces deux villes, découvertes respectivement en 2000 et 1997, sont toujours actuellement en cours de fouilles sous sa direction.
Il dirige, les prospections et les fouilles sous-marines dans le Portus Magnus d’Alexandrie, depuis 1992. Ces recherches aboutissent à la cartographie détaillée du port oriental de la cité et de ses abords aux époques ptolémaïque et romaine. Les fouilles actuelles visent à étudier et identifier les infrastructures portuaires, les temples et les bâtiments découverts dans le grand port.
Les objets découverts, une fois étudiés et restaurés, ont vocation à être exposés dans des collections publiques et/ou à faire l’objet d’expositions itinérantes. C’est ainsi que l’on peut admirer les objets les plus remarquables découverts par l’IEASM dans plusieurs musées tant aux Philippines, en Égypte, en Espagne ou en France.
Certains de ces objets ont également pris part à de grandes expositions itinérantes comme par exemple : «Cleopatra, the Search for the last Queen of Egypt»
Dans le prolongement de « Trésors engloutis d’Égypte », l’exposition présentait 142 objets en collaboration avec National Geographic et Arts & Exhibitions International.
Philadelphie en 2010 ; Cincinnati et Milwaukee en 2011 ; Los Angeles en 2012.
« Trésors engloutis d’Égypte »
Près de 500 objets découverts au cours des fouilles en Égypte documentaient plus de 1500 ans d’histoire et plus particulièrement la période ptolémaïque.
Berlin en 2006 ; Paris en 2006 ; Bonn en 2007 ; Madrid en 2008 ; Turin en 2009 ; Yokohama en 2009.
Les diverses prospections, fouilles et découvertes sont soutenues par la Hilti Foundation depuis 1996 et ont donné lieu à de nombreuses publications scientifiques, des articles de presse et documentaires. www.hiltifoundation.org
Artevia, agence de développement de projets culturels, est le producteur exécutif de l’exposition. www.artevia.org
PRÉFACE DU PRÉSIDENT DE L'INSTITUT DU MONDE ARABE, JACK LANG
Au cœur du monde arabe et plongeant ses racines dans les profondeurs de l’Afrique, l’Égypte, mémoire du monde et laboratoire où se sont forgés les mythes et les croyances des hommes, n’a pas fini de nous livrer ses secrets. C’est au tout début du vingt-et-unième siècle, cinq mille ans après que les hommes sur les bords du Nil aient fondé leur premier royaume, que Franck Goddio, faisant suite à une longue lignée d’archéologues égyptiens, français, allemands, américains, polonais, a ramené à la lumière du jour des villes de Canope et d’Héracléion englouties depuis douze siècles dont seuls quelques textes anciens, quelques stèles gravées, avaient conservé le souvenir.
Plusieurs centaines d’années avant qu’Alexandre se soit proclamé pharaon d’Égypte puis ait fondé la ville qui porte son nom, Thônis, également appelée Héracléion, avait pourtant été, près de la mer, sur la branche canopique du Nil, comme sa sœur jumelle Naucratis, le grand port par où l’Egypte exportait ses richesses. On peut imaginer Thônis-Héracléion comme une ville déjà cosmopolite avec ses colonies de commerçants grecs qui en même temps que les marchandises ramenaient vers leurs cités naissantes tout ce à quoi ils avaient pu accéder des savoirs et des croyances d’une Égypte à la longue histoire.
Les évènements géologiques (séisme, affaissement des sols, montée du niveau de la mer, crue exceptionnelle du Nil) qui ont fait disparaitre sous les eaux dans un temps très bref tout un territoire ont en même temps préservé des centaines d’objets qui font aujourd’hui notre émerveillement et contribuent à enrichir notre connaissance du passé. Une partie de ces trésors dont l’humanité avait perdu le souvenir se trouve aujourd’hui exposé ici, à l’Institut du monde arabe, comme un témoignage de plus des sources communes de notre passé.
Les découvertes d’une portée exceptionnelle effectuées par Franck Goddio et ses équipes, auxquelles s’ajoutent des œuvres prêtées par les musées du Caire et d’Alexandrie, dont certaines n’avaient jamais été vues à l’étranger, permettront d’illustrer la légende d’Osiris, un des mythes fondateurs de la civilisation égyptienne. Pour la première fois nous pénétrerons dans le déroulement des Mystères du Dieu mort et ressuscité qui, au moment où les champs reverdissaient étaient censés assurer l’abondance et garantir la stabilité du pouvoir dynastique et de l’ordre cosmique. Nous pourrons grâce à une scénographie spectaculaire plonger dans les eaux du golfe d’Aboukir et suivre les pèlerins qui se rendaient chaque année en cortège de Thônis à Canope.
« Osiris, Mystères engloutis d’Égypte » a pour ambition d’être pour le visiteur à la fois source d’admiration et de connaissance, d’émotion artistique et de quête spirituelle. Chaque civilisation tente d’apporter sa réponse aux grandes questions de la vie et de la mort. Le mythe d’Osiris démembré et ressuscité, détruit par les forces du mal, mais toujours fécond, formant avec son épouse Isis une triade céleste, peut aujourd’hui encore être compris comme une parabole du destin de l’humanité à travers ses nombreuses vicissitudes.
Depuis cinq mille ans, sur les rives du Nil des civilisations brillantes se succèdent. C’est en Égypte et en Mésopotamie, c’est-à-dire dans deux parties de ce qui est aujourd’hui le monde arabe que l’homme a pour la première fois gravé dans la pierre ses inquiétudes et ses prières, tenté d’apporter une réponse à ses angoisses et entrepris d’organiser le monde. C’est là notre commun héritage que l’Institut du monde arabe que je préside et l’Institut Européen d’archéologie sous-marine sous la conduite de Franck Goddio, ont le bonheur de partager avec vous.
Jack Lang
NOTE D'INTENTION DU COMMISSAIRE DE L'EXPOSITION ET PRÉSIDENT DE L'IEASM, FRANCK GODDIO
Juillet 1984. Invité sur la fouille de l’épave de L’Orient, navire amiral de la flotte de Bonaparte coulé par Nelson en baie d’Aboukir, mes premières plongées archéologiques furent les prémices d’une aventure scientifique hors du commun. Ce lieu de désastre de l’histoire de France allait en effet révéler les merveilles des cités englouties d’Égypte. La baie d’Aboukir se développant au nord-est d’Alexandrie sur une étendue importante, mais en eau peu profonde, recélait des monuments et des vestiges dont les découvertes déjà faites ne donnaient qu’une faible idée. L’abondante documentation littéraire, épigraphique et papyrologique, les témoignages des premiers explorateurs et les indications des archéologues du Conseil Suprême des Antiquités égyptiennes indiquaient que nous pouvions beaucoup attendre de cette région. Canope, Thônis, Héracléion… ces noms de villes transmis par les auteurs anciens véhiculaient depuis des siècles des rêves de magnificence sans que les archéologues ne parviennent à les localiser.
Pour lever le mystère des cités englouties d’Égypte et entreprendre une exploration d’une telle envergure, je fondais en 1985 l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine (IEASM), institut indépendant soutenu par le mécénat privé, qui se propose de repérer et fouiller les sites archéologique engloutis, d’étudier, restaurer et présenter au public les objets découverts.
En Égypte, ce fut d’abord dans le Portus Magnus que l’IEASM mena dès 1992 des recherches selon une démarche scientifique éprouvée lors de l’exploration du San Diego, au large des Philippines. En inventant aussi de nouvelles méthodes de travail adaptées à une zone fortement polluée et soumise à d’intenses sédimentations naturelles, ces recherches aboutirent à des résultats inespérés. Confrontées aux témoignages des auteurs classiques, grecs et latins, et à l’ensemble des découvertes précédentes, elles permirent d’établir une cartographie détaillée du port oriental et de ses abords.
Comme pour le Portus Magnus d’Alexandrie, les recherches archéologiques dans la baie d’Aboukir avaient pour ambition de déterminer avec exactitude la topographie antique des zones à présent submergées de la région Canopique. Il visait à réaliser des prospections géophysiques et géologiques enrichies de l’enregistrement des données archéologiques issues de la fouille. Cette étude permit de déterminer les contours de la région Canopique submergée, la position des principaux gisements archéologiques, ainsi que le tracé du lit de l’ancienne branche occidentale du Nil. C’est dans cette région engloutie que jadis, prospéraient les villes de Canope et Thônis-Héracléion, citées par les textes anciens. Le voile des mystérieuses cités englouties d’Égypte se levait à chacune des plongées des membres de l’équipe. Progressivement, se révélaient à notre regard, seize siècles d’une histoire parmi les plus riches du monde méditerranéen.
Au fur et à mesure de l’avancée des fouilles, il apparaissait que les cités de Canope et d’Héracléion étaient des lieux baignés d’autres mystères. Les témoignages des anciennes célébrations des Mystères d’Osiris se faisaient en effet toujours plus nombreux, autant d’échos au texte de la stèle trilingue du Décret de Canope connue depuis la fin du XIXe siècle, qui mentionnait l’union sacrée entre les deux villes de la région Canopique. En 238 av. J.-C. la princesse Bérénice décédée se joignait à Osiris pour remonter depuis le temple d’Amon d’Héracléion, « le 29 du mois de Khoiak », jusqu’à son sanctuaire à Canope. Et profiter ainsi des louanges et des hymnes psalmodiés, des rites pratiqués par les prêtres et les vierges consacrées, hommes et femmes saintes figurant les divinités du panthéon égyptien qui participaient à la veillée funèbre du dieu qui meurt… et renaît chaque année.
Vouloir comprendre les cérémonies en l’honneur d’Osiris demeure ambitieux. Mieux vaut peut-être essayer de les faire ressentir au public par l’entremise d’objets mis au jour dans les deux villes disparues aux portes de l’Égypte – Canope et Héracléion – associés à des chefs-d’œuvre de l’art égyptien conservés dans les musées du Caire et d’Alexandrie. Les mystères engloutis d’Égypte ne prétendent pas embrasser tous les aspects des mystères d’Osiris qui se jouaient en un drame sacré quelque part sur les franges du delta du Nil, encore moins d’en révéler tous ses secrets. Le pourrait-elle ? Cette exposition propose une vision, à travers la vitre d’un masque de plongée dans les eaux de la baie d’Aboukir, du destin extraordinaire du dieu mort qui renaît grâce à la persévérance de sa sœur-épouse Isis et dont le culte dépassa les frontières de l’Égypte pour écrire une page de notre histoire de la Méditerranée.
Franck Goddio
INTRODUCTION À L'EXPOSITION
Osiris
Osiris. Le plus humain des dieux égyptiens. Immobile et emmailloté dans ses bandelettes de momie, le dieu se distinguait de ces êtres surnaturels, puissances élémentaires mi-hommes mi-animaux quelque peu extravagantes du panthéon de l’Égypte pharaonique. La légende racontait qu’il fut engendré par le Ciel (la déesse Nout) et la Terre (le dieu Geb) et hérita de la royauté terrestre. Il enseigna aux hommes l’agriculture, leur donna des lois, leur apprit à adorer les dieux, leur apporta la civilisation. Être bienfaisant, il connut la trahison de son frère Seth dont la conspiration ourdie en secret entraîna sa mort. Son cadavre fut découpé en morceaux et les fragments furent disséminés à travers l’Égypte. Sa sœur et épouse Isis se mit en quête de chacune des parties du cadavre du dieu, les retrouva une à une, reconstitua le corps de son défunt mari.
Osiris ne dut son salut qu’à l’amour et la piété conjugale qui le firent revivre. Isis, aidée de sa sœur Nephthys et du dieu chacal Anubis, inventait du même coup les gestes de la momification pour la sauvegarde de tous. Ses plaintes invitaient le dieu à renaître. Osiris triomphait ainsi de la mort et apportait à l’humanité la promesse d’une survie éternelle. Il devenait le souverain de l’au-delà et le juge des défunts. De l’union posthume d’Osiris avec Isis naquit Horus. Ce dernier, que la statuaire figure comme un enfant suçant son doigt ou invitant au silence, vengea son père et devint le roi légitime de l’Égypte. Il était aussi Horus faucon, dieu des espaces célestes, qui conquérait l’univers et vainquait les ennemis du pays. Il était le parangon du pharaon auquel chaque souverain voulait et devait s’identifier.
Ce fut Plutarque qui, au IIe siècle, conta ce mythe d’Isis et d’Osiris. Aux sources égyptiennes disparates et lacunaires, l’auteur donnait en contrepoint une légende cohérente, certes habillée à la grecque, mais qui constituait un récit suivi dont l’authenticité ne faisait aucun doute. Sa finalité, c’est-à-dire la résurrection du dieu, était un modèle. Le mythe osirien décrivait un ordre qui, à chaque instant, menaçait de se dissoudre.
D’où l’importance des rites pour en assurer la conservation. Ces rites, seul Pharaon, fils et héritier des dieux, était habilité à les pratiquer à l’intérieur des sanctuaires – les prêtres, par délégation royale, n’assuraient que le culte journalier, au nom du roi. En particulier, Pharaon offrait Maât aux dieux. Dans la mythologie égyptienne, Maât symbolisait la justice, l’équilibre, l’harmonie qui composaient l’univers et dont Osiris était le « Seigneur ».
Osiris. Les mystères engloutis d’Égypte
Les Mystères d’Osiris constituaient les fêtes rituelles les plus importantes qui se déroulaient en Égypte chaque année. Depuis le Moyen Empire au moins (1850 av. J.-C.), d’abord à Abydos dans la ville sacrée d’Osiris puis dans toutes les métropoles d’Égypte, l’effigie du dieu parée de lapis-lazuli, de turquoise, d’or et de pierres précieuses sortait du temple sur sa barque, triomphant, dans la liesse populaire. Des prêtres mimaient certains épisodes de la passion du dieu, psalmodiaient des litanies funèbres, chantaient la victoire d’Osiris. Le cortège divin rejoignait ensuite le tombeau d’Osiris. Lors de ces Mystères, d’autres cérémonies, secrètes celles-là, se déroulaient dans la « maison du dieu » et célébraient sa résurrection.
D’après les bas-reliefs des chapelles osiriennes sur le toit du temple de Dendara, tous les ans au quatrième mois – au cours du rituel du mois de Khoiak –, lorsque les eaux de l’inondation se retiraient pour laisser place aux champs et aux cultures, des prêtres façonnaient des figurines d’Osiris dans la terre ensemencée gorgée de l’eau de la crue nouvelle. La germination de ces « Osiris végétants » symbolisait la vie éternellement renouvelée. L’équilibre du monde était ainsi maintenu grâce au processus de création sans cesse régénéré.
Le même qui faisait triompher le soleil sur les ténèbres chaque jour ; l’astre surgissait des profondeurs de la nuit, rajeuni chaque matin comme « la première fois ».
Le décret de Canope
En 1881, fut découvert sur le site de Kôm el-Hisn une stèle trilingue, inscrite en hiéroglyphique, démotique et grec, qui porte mention d’un décret rédigé par des prêtres réunis en synode à Canope pour célébrer les anniversaires de la naissance et de l’accession au trône de Ptolémée III Évergète en 238 av. J.-C. Le collège sacerdotal y décrétait les honneurs qui devaient être rendus au souverain et à sa fille qui venait de mourir.
Les prêtres accomplirent à l’égard de la princesse Bérénice les rites funéraires traditionnels. Son effigie fut installée dans le temple d’Osiris de Canope ; elle devenait la divinité parèdre du dieu. Lors des cérémonies en l’honneur d’Osiris au mois de Khoiak, la princesse était invitée à se joindre au dieu dans la barque sacrée du temple pour remonter « depuis le temple d’Amon Géreb », autrement dit en grec « à partir du sanctuaire d’Héracléion », jusqu’à son propre temple à Canope. Héracléion et Canope, cités désormais englouties dans la baie d’Aboukir, au nord-ouest du delta du Nil, ont été découvertes par l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine en 1998. Depuis lors, les fouilles archéologiques ont mis au jour des dépôts rituels et des instruments de culte dont il ne fait guère de doute qu’ils furent utilisés lors des processions des Mystères d’Osiris entre les deux sanctuaires principaux des deux villes.
Les objets découverts incitent également à penser que lors des Mystères de Khoiak, les fidèles de Dionysos accompagnaient la procession d’Osiris retournant à son temple. Les connivences théologiques entre Osiris et Dionysos remontaient au VIIe siècle av. J.-C., époque à laquelle les Grecs s’établirent en Égypte et tout particulièrement dans la région canopique, au nord-ouest du delta du Nil. Hérodote qui visita l’Égypte au Ve siècle av. J.-C., indiqua que l’équivalence Osiris-Dionysos lui avait été transmise par les prêtres égyptiens eux-mêmes. L’association des deux dieux, morts et ressuscités, illustrait la renaissance dans le culte funéraire et le retour à la vie dans les rites ou les fêtes célébrés dans des temples. Dieux sauveurs, ils étaient les garants d’une mystérieuse espérance de salut de l’âme. Les Mystères de Dionysos au cours desquels le dieu remontait à la lumière trouvaient une analogie avec les Mystères d’Osiris qui célébraient sa renaissance solaire.
Héracléion et Canope constituaient deux places religieuses toutes indiquées pour servir de supports de la propagande royale et du culte dynastique des successeurs d’Alexandre le Grand. Cette politique religieuse des Ptolémées qui passait par le développement conjoint des cultes osiriens et dionysiaques, et leurs Mystères, impliquait la promotion d’un autre dieu : Sarapis. À Alexandrie, puis à Canope – où les fondations du temple et des statues de Sarapis ont été découvertes par l’IEASM –, la nouvelle figure divine hellénisée Sarapis, réunissait les caractères des dieux égyptiens (Osiris-Apis) et des dieux Grecs (Zeus, Hadès, Dionysos). Il était tout à la fois symbole de la succession royale et symbole de la renaissance osirienne. Sarapis était perçu comme l’Osiris-roi, époux d’Isis l’Universelle.
Aux côtés de Sarapis, se tenait en effet Isis « aux mille noms ». Mère nourricière, épouse aimante, protectrice de l’humanité, elle gagna le cœur des habitants d’Égypte, puis de Méditerranée. Il s’élabora peu à peu une religion spécifique d’Isis qui, après la conquête romaine en 31 av. J.-C., se diffusa dans toutes les provinces de l’Empire, jusqu’à Rome. L’engouement croissant pour les Mystères de l’Égypte explique l’émergence de communautés isiaques et de temples d’Isis à l’instar du sanctuaire mis au jour par l’IEASM sur l’île d’Antirhodos dans le port oriental d’Alexandrie où prenait place le prêtre de granite qui présente Osiris sous forme de vase canope, récipient censé contenir les humeurs du cadavre du dieu, générateurs de vie.
La cartographie des sites engloutis
Le delta du Nil, à l’embouchure du fleuve sacré égyptien, a changé de configuration avec le temps. La côte orientale de la Méditerranée s’enfonce à un rythme lent et régulier. Les sites archéologiques retrouvés ont été immergés par l’occurrence de différents phénomènes :
- le lent affaissement – ou subsidence – de cette partie orientale de la Méditerranée,
- la montée du niveau de la mer depuis l’Antiquité,
- les effondrements et glissements de terrain dus à des phénomènes sismiques,
- des phénomènes locaux de liquéfaction des argiles notamment survenus aux endroits où de lourds monuments étaient construits.
Ce phénomène ayant comme facteur de déclenchement un surpoids local dû à une crue catastrophique du Nil ou un raz de marée. Le résultat de tous ces facteurs a occasionné une différence de niveaux d’environ 8 mètres des terres immergées par rapport à leur niveau antique.
Les cités de Thônis-Héracléion et la ville de Canope sont aujourd’hui englouties au large de la côte en baie d’Aboukir.
La région canopique submergée apparaît en couleur pour les terrains les plus profondément engloutis. Plus de 75 kilomètres carrés de terres ont disparu sous les flots.
PARCOURS DE L'EXPOSITION
L’exposition trouve sa genèse dans les découvertes archéologiques sous-marines faites en Égypte à l’ouest du delta du Nil, par Franck Goddio et l’IEASM.
Dans cette région qui est depuis le VIIIe siècle submergée par les eaux à la suite d’accidents sismiques et géologiques, les fouilles ont permis de retrouver les vestiges des cités de Thônis-Héracléion et de Canope, en baie d’Aboukir, à quelques kilomètres à l’est d’Alexandrie. Là, au fond de l’eau, les fondations de temples ont été mis au jour ainsi que de multiples artefacts, statues et objets liturgiques - en relation avec la divinité Osiris et la cérémonie annuelle qui lui était consacrée, les fameux «Mystères». Célébrés dans toute l’Égypte, ils faisaient revivre, renouvelaient et perpétuaient une des légendes fondatrices du pays, celle de la triade divine Osiris - Isis - Horus.
Les résultats de vingt ans de campagnes archéologiques ont été rapprochés du texte du décret de Canope, connu depuis le début du XIXe siècle, et datant de 238 av. notre ère. L’édit mentionne le fait qu’entre les villes de Canope et de Thônis-Héracléion se déroulerait, tous les ans, une navigation dans le cadre des Mystères, selon des modalités spécifiques : elle devait commencer au temple de l’Amon Géreb à Thônis-Héracléion pour se terminer au sanctuaire d’Osiris à Canope. Et les découvertes faites dans la baie d’Aboukir illustrent à merveille le texte, car elles fournissent les traces matérielles et concrètes de ces célébrations.
C’est cela que l’exposition offre en partage : la contemplation d’objets témoignant de la grande cérémonie initiatique égyptienne, telle qu’elle s’est déroulée au nord de l’Égypte, à des siècles de distance.
Trois séquences composent le parcours, précédées d’un prologue auquel on accède par la faille de l’IMA. La première séquence met en exergue le mythe et ses protagonistes. La deuxième, la plus importante, est celle consacrée au rite. Enfin, dans la troisième et dernière séquence, on reviendra sur le mythe, sa postérité et la diversité de ses représentations.
Prologue – Le mythe fondateur
Le prologue fait plonger dans la nuit des temps, celle des origines immémoriales d’où surgit le mythe d’Osiris. Sur d’immenses parois de tulle, le lent mouvement des légendaires silhouettes et quelques mots en livrent un bref récit.
Séquence 1 – Le mythe et les mystères d’Osiris
Derrière le tulle, un entre-deux-mondes s’ouvre alors. Les lumières vibrent, vertes et dorées ; des fonds sous-marins traversés de quelques lueurs semblent glisser sous les pas ; en haut des cimaises défilent, en une procession imperceptiblement animée, une frise d’officiants et de divinités : ces images proviennent des chapelles osiriennes de Dendara.
Derrière le tulle, une statue monumentale, celle de Hâpy, dieu de la Fertilité, colosse de granit de 5,4 mètres, aux bras chargés d’offrandes destinées aux dieux. Il symbolise le Nil, aux crues capables de faire ou défaire la prospérité de l’Égypte et ce n’est pas un hasard si le rituel fait renaître Osiris chaque année au moment même où les champs reverdissent, où le grain d’orge monte, où le Nil déborde. Osiris était identifié aux crues du fleuve. Si la tenue des Mystères est censée assurer l’abondance, elle garantit également la stabilité du pouvoir dynastique et de l’ordre cosmique. Les Égyptiens, fins astronomes, avaient bâti un astucieux calendrier fondé sur la réapparition annuelle de Sirius. Le Naos des Décades, mis au jour en baie d’Aboukir, expose le découpage du temps égyptien, avec des mois de 30 jours fractionnés en 3 décades de 10 jours ; à ces 36 décades, pour compléter l’année, sont ajoutés 5 jours « qui viennent en plus ».
Quels sont les protagonistes du mythe ? Osiris et Isis certes, et leur fils Horus, appelé aussi Harpocrate, mais Nephtys, la sœur bienveillante, est de la partie - tous représentés par de superbes statues, et par une stèle guérisseuse pour Harpocrate. Sérapis, l’avatar grec mêlant Osiris et Apis, créé par le premier des Ptolémées, n’est pas absent, le voici sculpté dans du bois de sycomore, arbre en relation avec Osiris.
Quelques marches, où règne un climat sonore peuplé de souffles et d’eau, font ensuite accéder au niveau supérieur et à la deuxième séquence.
Séquence 2 – De Thônis-Héracléion à Canope, les Mystères
La deuxième séquence du parcours emmène donc à Thônis-Héracléion, puis à Canope. Leur localisation dans l’espace et dans le temps passe par une projection dynamique de cartes géographiques simplifiées, sur lesquelles viennent se superposer les grands repères chronologiques de leurs histoires, allant du VIIIe siècle avant notre ère jusqu’à un engloutissement au VIIIe siècle de notre ère environ. Le long de ces seize siècles, aux pharaons égyptiens succéderont des occupants perses qu’Alexandre délogera en -332 pour installer les colonisateurs grecs - les Ptolémées - puis les Romains, les Byzantins et les Arabes. Les Mystères d’Osiris ont pour leur part perduré pendant les époques pharaonique, grecque et romaine.
Les deux cités sont aujourd’hui submergées par la mer ; les visiteurs quant à eux auront la sensation d’être immergés. Dans des volumes baignés de transparences bleutées et verdâtres, de grandes failles verticales laissent apparaître à rythme régulier des images sous-marines tantôt fixes, tantôt animées - des lumières plus ou moins chargées de limon et de plancton, des poissons, des accumulations de débris, des murs de pierre, des champs de colonnes reposant par le fond, et des plongeurs au travail.
Thônis-Héracléion. Dans l’exposition on tombe tout d’abord nez à nez avec une stèle noire de près de 2 mètres, en parfait état, aux hiéroglyphes intacts : la stèle de Thônis-Héracléion.
Doublet de la stèle de Naucratis, elle fut trouvée sous l’eau face contre terre, protégée ainsi de l’érosion des courants depuis des siècles. Elle a résolu une énigme vieille de plus de 2000 ans : la célèbre ville de Thônis, décrite par les textes anciens, est la même que l’Héracléion citée par Hérodote.
Thônis-Héracléion fut un port et un emporium contrôlant toutes les importations et exportations de l’Égypte avec le monde grec, une cité riche et cosmopolite, ce qui dans deux vitrines est confirmé par la présence de monnaies et de bijoux en or, matière inaltérable par excellence.
De la ville, les scientifiques peuvent dorénavant décrire la forme générale, avec ses ports, ses bassins, ses quais, ses canaux, le grand lac qui la bordait à l’ouest et, à l’est, les accès à l’une des deux principales des sept branches du Nil. Sa « géographie sacrée » se dessine : sous la dépendance du temple principal d’Amon Géreb, on trouvait un temple dédié à Khonsou, et particulièrement à Khonsou l’enfant, un oratoire à Bès et des sanctuaires d’Osiris. Les nombreux objets qui y furent exhumés, statues et statuettes, amulettes, couronnes, sculptures, naos, ou dépôts de fondation, se nichent dans autant de précieuses vitrines murales dédiées chacune à un des sanctuaires. Les statuettes d’Osiris forment quant à elles un ensemble impressionnant de sculptures métalliques érodées par un séjour sous-marin prolongé, mais cependant reconnaissables aux attributs du dieu ; par leur nombre, elles disent sans besoin de plus de commentaire, la ferveur qui l’entourait.
Tout autour des sanctuaires, de multiples dépôts votifs ont été retrouvés qui rappellent la piété des habitants : ces objets humbles, tels des petites boîtes et des miniatures en plomb, dessinent une émouvante théorie.
On avance, et le ciel de l’exposition filtre le soleil tombant sur le grand temple d’Amon Géreb - où démarraient donc les Mystères - avec entre autres son naos gravé d’inscriptions, un des sphinx d’entrée, le buste d’un mécène, et une prolifique vaisselle liturgique en bronze (bassins à libation, brasero, bols, lampes à huile, miroirs, gobelets), accumulée dans une vitrine profonde évoquant une crypte. Mais la trouvaille la plus étonnante n’est-elle pas cette sorte de cuve de pierre, appelée « cuve-jardin », qui a partie liée, ô combien, avec la célébration des Mystères au mois de Khoiak.
Le rituel prévoyait en effet que dans le temple, tous les ans, deux types d’effigies d’Osiris soient fabriquées en parallèle, l’Osiris-végétant, qui sous l’effet bénéfique de l’eau du Nil allait germer dans la cuve-jardin précisément, et l’Osiris Sokaris. Ainsi, le dieu apparaissait sous deux formes différentes. Leurs fabrications suivaient deux protocoles très codifiés, distincts et complexes, décrits en particulier sur les murs des chapelles osiriennes de Dendera.
D’après les textes, les fabrications des effigies d’Osiris impliquaient que les officiants disposent de certains instruments, de certaines substances et de certaines formules. Les instruments sont là, alignés dans deux fines vitrines à fond doré, l’une pour Osiris végétant, l’autre pour Osiris Sokar ; ce sont louches rituelles, situles, brûle encens, bols, passoires, barques de procession, sistres, tous exhumés du fond de l’eau puis magnifiquement restaurés. Les substances, ou partie d’entre elles, sont rassemblées sous forme d’échantillons; ce sont du limon et du sable, des grains d’orge, de lin et de blé, l’eau du Nil, des épices et des aromates, des pierres semi-précieuses. Les formules : enfin elles apparaissent sur les cimaises ; ce sont psalmodies, prières et incantations à Osiris, extraites du Livres des Morts ou de célèbres papyrus. Une très respectueuse tête de prêtre en granite, provenant elle aussi de fouilles récentes, veille sur ces restitutions muséales.
A la fin de longues transformations, les Égyptiens considéraient que des transmutations s’étant opérées, le dieu avait pris corps dans les deux simulacres. Des rites funéraires spécifiques étaient alors accomplis. Une procession nautique démarrait de Thônis-Héracléion pour rejoindre, à 3,5 km de là vers l’ouest, le sérapeum de Canope (sanctuaire dédié à Sérapis), où les effigies seraient inhumées.
Et tout au long de ce grand canal, de chaque côté, par l’effet conjugué de la persévérance et de l’intuition, les archéologues ont exhumé quantité de plats à offrandes en pierre, de lampes à huile en céramique, d’encensoirs, de barques votives et de louches rituelles en bronze - soit les objets du culte décrits par les sources. Deux immenses vitrines hautes les accueillent, où ils semblent flotter vers leur destination. Les processions avancent, sous le regard de la petite foule des divinités associées - Anubis, Thôt, Sekhmet, Bastet... et bien d’autres - représentées par étendards, figurines et amulettes.
Le climat est particulier à cet endroit de l’exposition, une musique antique imaginaire est diffusée, et comme animés d’une vie propre, des centaines de grains de lumière tombent, sur le sol et sur les visiteurs. La photographie mosaïque à l’échelle 1 d’une barque en bois processionnelle de 11 mètres de long, retrouvée et laissée, après étude, au fond du canal par l’IEASM, laisse plus rêveur que jamais sur ces rites anciens.
Mais avant d’arriver dans l’exposition à Canope, on aura fait une courte incursion dans une enceinte contenant des œuvres encore plus exceptionnelles. Elles ne sont pas issues des fouilles sous-marines, mais ont été prêtées par des musées égyptiens pour la circonstance. Les égyptophiles et les curieux admireront par exemple un «véritable» Osiris végétant, une sculpture en diorite noire représentant Osiris sur son lit funèbre entouré d’oiselles, ou encore celle célébrissime où il s’éveille, remembré et sain. De très jolies pièces d’orfèvrerie en or les côtoient : un vase à libation, un pectoral, une fine amulette d’Osiris. Sur les cimaises de ce cabinet de curiosités osiriaques, coloré d’orange et d’or, sont reprises graphiquement les frises des chapelles de Dendera, où l’on constate ébahi la similitude entre les dessins et les pièces présentées.
L’îlot consacré à Canope est peuplé de peu d’éléments, mais tous très évocateurs : un Osiris-Canope, une élégante tête de Sérapis coiffé de son calathos (un boisseau, signe de fertilité agraire), un buste du dieu fleuve Nil de la plus belle facture classique. La somptueuse sculpture de la reine Arsinoé, figurant sous l’apparence de la déesse Isis-Aphrodite, avance bras le long du corps et pied gauche en avant, dans une attitude pharaonique traditionnelle, tout en étant drapée à la grecque d’un voile mouillé. L’ensemble de ces remarquables œuvres provient des fouilles.
On quitte alors la cérémonie et les fonds sous-marins pour accéder à la dernière séquence, et retourner au jour et à la lumière.
Avant cela, le loisir est donné de voir sur grand écran un documentaire montrant les grandes étapes méthodologiques de l’archéologie sous-marine, et les inventions techniques mises au point par l’IEASM - en particulier dans le domaine de la prospection, de la bathymétrie et des sondages, des fouilles, des prises de vue sous-marines en relief, ou encore de la chaîne de traitement des pièces sortant de l’eau. Depuis le début des investigations, en 1991, l’équipe de Franck Goddio innove, expérimente, s’adapte...
Séquence 3 – Postérité du mythe d’Osiris
Troisième séquence donc, sensibilisant à l’étonnante variabilité des représentations de la légende osirienne et à sa perennité.
La splendide statue du taureau Apis datée de l’époque de l’empereur Hadrien (117-138) exprime toute l’ambivalence de l’animal sacré, à la fois image de la succession royale et symbole de la renaissance osirienne.
La plaque de fondation en or du sérapéum d’Alexandrie, où il fut découvert, est montrée tout à côté. Du port oriental a été relevé un prêtre de granite tenant dans ses bras, avec précaution et tendresse, un OsirisCanope - une autre pièce alexandrine exposée à quelques mètres de là.
Non loin une statue d’Antinoüs, trouvée à Canope. Le favori d’Hadrien, mort noyé dans le Nil au cours d’une chasse au lion, avait en effet été divinisé pour avoir connu le même sort qu’Osiris.
Mais en Égypte même, Osiris l’égyptien était Dionysos le grec. L’assimilation se comprend par le fait que leurs légendes présentaient beaucoup d’analogies - démembrement, retour à la vie - et que tous deux étaient des rois civilisateurs. Ces connivences se dessinaient dès le VIIe siècle avant notre ère dans la région canopique, où se déroulaient des fêtes dionysiaques très particulières, les phallophories, dont les fonds sous-marins ont livré quelques témoins surprenants, comme des erotica et des vases à boire.
Autre symbole d’Osiris et de la reconstitution de son corps : l’œil oudjat, ou « œil d’Horus », dont un en or est montré ici, une amulette accompagnée d’un Osiris aux yeux d’or trouvés lors des fouilles, proche d’une petite stèle en calcaire figurant le tombeau d’Osiris, et où l’œil finement dessiné sert de hiéroglyphe pour écrire « Osiris ».
Ici, une statue de Thouéris, la déesse hippopotame, la mère universelle. Là, une sculpture en quartzite d’un splendide Horus-faucon, protégeant entre ses pattes Pharaon, voisine avec une énigmatique statuette de pharaon mise au jour au fond de l’océan, et récemment dégagée des anciens limons du Nil.
Enfin, dernière œuvre de l’exposition, pour marquer l’idée de l’éternel retour, est présentée une statue d’Osiris, dite momiforme. Le voilà, qui debout porte la couronne si caractéristique, mais son corps est entouré de bandelettes. Manière de ne pas oublier qu’Osiris ne dut son salut qu’à l’amour conjugal puisqu’Isis, aidée du dieu chacal Anubis, inventa pour lui les gestes de la momification.
Derrière cette impressionnante sculpture, un vaste balcon ménage des vues plongeantes sur le début du parcours.
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Ces dialogues féconds entre des œuvres qui reposaient au fond de la mer et d’autres prêtées par l’Égypte caractérisent la dernière partie de l’exposition, qui au total compte 290 pièces. 245 d’entre elles proviennent des fouilles sous-marines de l’IEASM. Une quarantaine de chefs-d’œuvre des musées du Caire et d’Alexandrie les accompagnent - des pièces rares, encore jamais vues en France. Les origines des œuvres de l’exposition sont donc entièrement égyptiennes, car les découvertes de l’IEASM appartiennent au pays.
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Grand public comme spécialistes sont attendus, l’adolescent comme le senior, l’égyptomane comme le simple amateur d’art. Les niveaux de lecture multiples satisferont toutes les curiosités. Les textes de l’exposition seront en français et anglais et un média-guidage est prévu complémentairement dans cinq langues, ainsi que pour les jeunes publics. L’exposition doit ensuite circuler dans les musées de grandes villes européennes.
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ÉQUIPE DE CONCEPTION
Le commissariat : Franck Goddio
Président de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine (IEASM), Franck Goddio, est le directeur des fouilles sous-marines en baie d’Aboukir où ont été découvertes les villes d’Héracléion et de Canope. À Alexandrie, les recherches qu’il dirige ont permis de donner un panorama complet du célèbre « Portus Magnus », le grand port des époques hellénistique et romaine. Il est également le co-fondateur du Centre d’archéologie maritime de l’Université d’Oxford (OCMA) qui coordonne les recherches spécifiques sur une partie du mobilier archéologique issu des fouilles et offre des bourses à des étudiants en doctorat.
L’exposition « Osiris, Mystères engloutis d’Égypte », dont il est le commissaire, est directement issue des résultats de son travail et de celui de son équipe. Elle présentera 290 objets, la plupart provenant des fouilles sous-marines et une quarantaine d’objet exceptionnellement empruntés au Musée du Caire et aux musées d’Alexandrie.
C’est en 1996, qu’en collaboration avec le Ministère des antiquités égyptien, Franck Goddio lance, un vaste projet de prospection géophysique en baie d’Aboukir, à 30 km au Nord-Est d’Alexandrie, afin de cartographier l’ancienne région canopique submergée. Ces prospections géophysiques à grande échelle permettent d’en déterminer les contours, la position des principaux gisements archéologiques, ainsi que le tracé du lit de l’ancienne branche occidentale du Nil. Les premières fouilles qui s’ensuivirent, conduisirent aux découvertes de la ville de Thônis-Héracléion, de son port et de son temple à 7 km en mer, ainsi que de la cité de Canope à 2,5 km de la côte. Depuis, les fouilles se poursuivent tous les ans et chaque nouvelle mission permet d’approfondir la connaissance des sites.
Franck Goddio avait commencé à travailler en Égypte dès 1992 dans le port oriental d’Alexandrie.
Ces travaux avaient abouti à la cartographie détaillée du port et de ses abords aux époques ptolémaïque et romaine. Là aussi, les fouilles se poursuivent et s’attachent à étudier et identifier les infrastructures portuaires, les temples et les bâtiments découverts dans le grand port.
Franck Goddio a été également le commissaire de grandes expositions comme « Cleopatra, the Search for the last Queen of Egypt », en collaboration avec National Geographic aux Etats-Unis, ou « Trésors engloutis d’Égypte » qui a tourné à Berlin, Paris, Bonn, Madrid, Turin et Yokohama. Ainsi que de nombreuses autres expositions comme « On a retrouvé le trésor du San Diego » ou « Weisses Gold ».
Les fouilles sont soutenues par la Fondation Hilti depuis 1996 et ont donné lieu à de nombreuses publications scientifiques, des articles de presse et des documentaires.
La muséographie
Martine Thomas-Bourgneuf est la muséographe de l’exposition. Ce métier consiste à scénariser le parcours d’une exposition, à en définir les contenus et à en réaliser la médiation, avec le désir de susciter des rencontres alliant le sensible et l’intelligible entre un sujet, des collections et des publics, variés par définition.
En équipe avec son complice Philippe Délis, architecte-scénographe de très grand talent, elle a participé à de précédentes expositions de l’archéologue Franck Goddio : à la Grande Halle en 1995, « On a retrouvé le San Diego », et au Grand Palais en 2006, « Trésors engloutis d’Égypte ». Philippe Délis est brutalement décédé en février 2014, et sa disparition laisse un vide et un manque immenses. Franck Goddio lui demande alors de travailler à ses côtés pour l’exposition « Osiris, Mystères engloutis d’Egypte », proposition qu’elle accueille avec enthousiasme - vingt ans après leur première rencontre.
Elle commence à pratiquer la muséographie en 1983 au Carrefour de la communication. Elle est ensuite commissaire de deux expositions à la Cité des Sciences de la Villette « La vigne et le vin » et « L’homme réparé ». Après ces années en institution culturelle, elle devient en 1989 muséographe indépendante. Au rang de ses réalisations, de nombreux musées (dont en archéologie : Musée du Pont du Gard, Musée de Stavelot, Musée d’Alba-la-Romaine) et expositions temporaires - par exemple récemment « Les trésors d’Emile Guimet » au musée des Confluences de Lyon.
La scénographie
Sylvain Roca et Nicolas Groult, vivant et exerçant à Paris, designers et architectes d’intérieur de formation, ont collaboré avec des agences de scénographie puis assuré à leur compte la mise en scène de nombreuses expositions dans des institutions majeures, en France et à l’international. Ils ont rencontré lors de leurs projets les fondateurs de l’agence de graphisme Dépli Design Studio (Aurélie Gasche, Vadim Bernard, Benjamin Gomez) et l’éclairagiste Gérald Karlikow, fondateur de la société Gelatic. Tous les six transportés par l’univers, les collections et les contenus de l’exposition imaginés par Franck Goddio et Martine ThomasBourgneuf, ils décident de grouper leurs compétences et leur créativité au service de ce projet particulièrement stimulant.
Sylvain Roca et Nicolas Groult ont œuvré à de nombreuses expositions temporaires dans des institutions comme récemment Le Grand Palais (expositions Haïti, Cartier, Vallotton), le Musée de l’Armée – Invalides (exposition Churchill – de Gaulle), la Cinémathèque Française (expositions Antonioni, Jacques Demy), le château de Fontainebleau (exposition Pie VII face à Napoléon), le Centre Pompidou Metz (exposition « Vues d’en haut »), la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (exposition « Art Deco »), le Musée d’Orsay (exposition Degas). Ils conçoivent également des aménagements pour l’hôtellerie, des espaces de vente, ainsi que des scénographies évènementielles.
Artevia, producteur exécutif de l’exposition
Créée en 2009 par Alain Thuleau et Pierre Grand, Artevia est une agence spécialisée dans le développement de projets culturels et sociétaux.
Artevia conçoit la culture comme un véritable engagement pour l’intérêt collectif, et comme un enjeu de société à part entière. C’est par celle-ci qu’il est possible de bâtir un sens partagé, en rendant accessibles à tous le patrimoine et les arts, et ainsi d’inventer un nouveau savoir vivre ensemble pour le futur.
Au travers de ses nombreuses réalisations, Nuit Blanche (2005), Dans la Nuit, des images (2008), Nuit Electro (2009-2012), Photoquai (2007 et 2009), les Berges de Seine (depuis 2012)…, Artevia a développé une expertise unique et reconnue dans la conception et mise en œuvre d’évènements culturels.
La production de la première édition des expositions d’archéologie sous-marine de Franck Goddio : Trésors engloutis d’Égypte, au Grand Palais en 2007, a constitué un événement sans précédent. Elle a permis de rassembler plus de 800 000 visiteurs, ce qui fait d’elle l’exemple référence d’un succès privé dans le domaine culturel.
Aujourd’hui, plus que jamais nous croyons à l’opportunité de contribuer au décloisonnement et à l’ouverture de la création au public, par l’invention de nouveaux concepts, participatifs et ouverts aux débats, aux échanges.
Artevia vise ainsi à développer de plus en plus des projets à la croisée de la culture et de l’innovation sociale, engageant les arts plastiques et les arts appliqués dans une réflexion prospective et destinée au plus grand nombre, à l’image de la Fête du graphisme(depuis 2014) ; du Positive Economy Forum (depuis 2012) ; des Berges de Seine (depuis 2011) ; du forum international de design Think Life (depuis 2015) ; du prochain projet de Jean Blaise : le Havre 2017 (depuis 2015).
L’activité d’Artevia est organisée principalement autour de 6 métiers : Conseil aux collectivités locales
Conseil aux entreprises et aux marques
Production d’événements culturels
Développement et production d’œuvres d’artistes et de projets de commissaires d’expositions
Développement de solutions innovantes et de nouveaux outils de communication dans le secteur culturel
Ingénierie financière, mécénat et recherche de partenariats
PARTENAIRE
Le grand mécène de l’IEASM : Hilti Foundation
Franck Goddio et la Fondation Hilti partagent le goût de la recherche, une passion pour l’histoire, les découvertes archéologiques et le plaisir de présenter ses trouvailles dans des expositions.
La Fondation Hilti soutient des projets et initiatives originales, sélectionnées plus particulièrement dans les domaines culturels, sociaux et éducatifs. Elle est actuellement financée conjointement par le groupe Hilti et le Martin Hilti Family Trust. Ce dernier est le seul actionnaire du groupe Hilti qui opère dans le monde entier, offrant des produits, systèmes et services technologiques de haute qualité pour l’industrie du bâtiment. Ils sont près de 22 000 collaborateurs répartis dans plus de 120 pays à susciter l’enthousiasme de leurs clients et à construire un avenir meilleur. La culture d’entreprise repose sur l’intégrité, la volonté de changement, le travail d’équipe et un fort engagement. Le siège du groupe et de la Fondation se trouvent à Schaan, Principauté du Liechtenstein.
Le logo de la Fondation Hilti est toujours associé à des projets innovateurs offrant des perspectives de découvertes nouvelles – des projets d’importance et de portée internationales. Le soutien au travail de Franck Goddio est une des activités clés de l’engagement culturel et scientifique actuel de la Fondation Hilti. L’assistance scientifique et l’évaluation des projets sont assurées par des experts et des scientifiques de renom, en collaboration avec l’Oxford Centre for Maritime Archaeology (OCMA) de l’université d’Oxford.
Depuis bientôt vingt ans, Franck Goddio et son équipe mènent des recherches archéologiques dans la baie d’Aboukir, sur les sites des anciennes cités englouties de Thônis-Héracléion et de Canope. Les découvertes de ces dernières années ont permis de comprendre la spécificité des « Mystères d’Osiris » qui se déroulaient dans cette région du delta occidental du Nil. La plupart des objets présentés dans l’exposition proviennent de ces fouilles.
www.hilti-foundation.org
OUTILS D'AIDE À LA VISITE
Le site internet de l’exposition
Le site Internet de l’exposition Osiris constitue un élément clé du dispositif de médiation. Il va permettre au visiteur de préparer sa visite et de prolonger son expérience grâce à des contenus complémentaires personnalisés. Tout en assurant la notoriété digitale de l’exposition, il permet d’informer rapidement les visiteurs et d’acheter les billets, mais aussi de comprendre le contexte de l’exposition grâce à des contenus révélant les coulisses du projet : l’aventure des fouilles, les notions clés du mythe d’Osiris, l’approche muséologique…
Une expérience unique et immersive : le concept proposé à l’internaute ?
Une exploration sous-marine qui va lui permettre de se plonger dans l’univers de Franck Goddio. Cette immersion dans l’environnement mythologique de l’exposition permet au futur visiteur de s’imprégner de l’univers artistique et visuel du projet, d’entrer dans l’histoire d’Osiris, et d’en devenir un acteur symbolique.
Une architecture et un style graphique au service de l’expérience : afin de placer l’internaute au cœur de cette expérience sous-marine, le site internet propose une interface intuitive sur une page unique, dans laquelle il navigue verticalement, descendant des paliers / niveaux d’information comme s’il descendait dans les profondeurs aquatiques.
La visite guidée
Visite guidée groupe adulte avec conférencière (20 personnes maximum)
Du mardi au vendredi de 10 h à 13h
Tarifs : droit de conférence 160 € + droit d’entrée : 12,50 € ; pour les 12-25 ans : 10,50 €
Visite guidée pour un groupe de scolaires (25 personnes maximum)
Forfait : 130 €
Visite guidée pour les individuels
Du mardi au jeudi à 15h
Vendredi à 18h30
Samedi et dimanche à 15h30 et 16h30
Tarifs : 20,50 € (autres circuits de vente : 22,50 €)
Pour la réservation des groupes con