2015-01-11



Famille/Fantastique/Comédie musicale/Réinterprétation originale et inattendue des contes de notre enfance, belles musiques

Réalisé par Rob Marshall

Avec Meryl Streep, James Corden, Emily Blunt, Anna Kendrick, Chris Pine, Christine Baranski, Tammy Blanchard, Lucy Punch, Annette Crosbie, Daniel Huttlestone, Tracey Ullman, Lilla Crawford...

Long-métrage Américain

Titre original : Into the Woods

Durée : 2h04m

Année de production : 2014

Distributeur : The Walt Disney Company France

Date de sortie sur les écrans américains : 25 décembre 2014

Date de sortie sur nos écrans : 28 janvier 2015



Résumé : Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connus se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort…

NOTE

INTO THE WOODS PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS sera proposé en VF dans certaines salles, mais uniquement sur les parties dialoguées (soit environ 15% du film). Même en VF, les chansons resteront interprétées en anglais et en version sous-titrée.

Bande annonce (VOSTFR)

Making-of (VOSTFR)

Featurette de la chanson « No One Is Alone » commentées par Anna Kendrick (Cendrillon) et Rob Marshall, le réalisateur du film (VOSTFR)

Ce que j'en ai pensé : Ce INTO THE WOODS a de quoi surprendre. Il s'agit du passage au cinéma de la comédie musicale éponyme présentée à Broadway du 5 novembre 1987 au 3 septembre 1989. C'est une réinterprétation des contes de notre enfance avec une approche plus adulte (comprenez cruelle) et réaliste (malgré l'environnement de conte de fées) de ce que les histoires pour enfants laissent entendre. Du coup, le film ne s'adresse pas aux tout-petits, ni aux jeunes enfants.
Le réalisateur, Rob Marshall, navigue habilement entre le cinéma et le théâtre pour la mise en scène de ces histoires qui s'entremêlent. Il s'agit bel et bien d'une comédie musicale, avec ces codes et son rythme. Il faut donc apprécier ce genre de film pour suivre avec intérêt les aventures des personnages.
Le soin apporté aux décors, aux costumes et aux maquillages permettent de rentrer immédiatement dans l'univers du film. Par contre, j'ai trouvé certains effets spéciaux un peu justes.
Les chansons sont de vraies chansons de comédie musicale. Elles sont entraînantes, collent à l'action et restent en tête.
Les acteurs réalisent une belle performance d'interprétation mêlée au chant. Meryl Streep dans le rôle de la sorcière aux actes condamnables mais aux conseils raisonnables est à la fois drôle, étonnante et convaincante.



J'ai bien aimé aussi les rôles des Princes de Cendrillon, interprété par Chris Pine, et de Raiponce, interprété par Billy Magnussen. Il fallait une bonne dose d'auto-dérision pour réussir à les rendre amusants, pathétiques et attachants à la fois.

L'ensemble des acteurs des plus jeunes aux plus âgés correspondent parfaitement à leur rôle dans les contes.

La morale distillée par l'histoire qui remet en cause les actions individualistes et l’égoïsme par rapport à l'unité et à l'altruisme est clairement posée. Il est juste dommage que quelques longueurs viennent diminuer l'impact de cette dernière.
Les fameux bois constituent la métaphore de la vie, où tous les espoirs convergent et dans lesquels toutes les désillusions sont vécues. Ils sont un personnage essentiel de l'histoire.
INTO THE WOODS réserve de belles surprises et de bons moments musicaux. Les acteurs s'en donnent à cœur joie. Malgré de petites imperfections, le film est parfaitement cohérent avec son sujet et son genre. Il réussit à divertir et à prendre le spectateur à contre-pied. C'est une découverte originale et inattendue.

MUSIQUE

Focus sur la partition de INTO THE WOODS PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS composée par Stephen Sondheim et James Lapine.

Walt Disney Records met à disposition sur Itunes et Deezer la bande originale comprenant les 20 chansons du film ainsi que la musique originale du film. L’adaptation au cinéma reprend les chansons de la version sur scène, notamment « Finale/Children Will Listen », « Giants in the Sky », « On the Steps of the Palace », « No One Is Alone » et « Agony ».

http://po.st/467JAp

Interprété par Meryl Streep, Emily Blunt, James Corden, Anna Kendrick, Chris Pine et Johnny Depp, INTO THE WOODS PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS revisite plusieurs contes de fées classiques, en entrelaçant leurs intrigues et en explorant les conséquences des désirs et des quêtes des personnages.
Ce film musical plein d’humour et d’émotion met ainsi en scène Cendrillon (Anna Kendrick), Le Petit Chaperon rouge (Lilla Crawford), Jack et le Haricot magique (Daniel Huttlestone) et Raiponce (MacKenzie Mauzy) dans une histoire originale impliquant un Boulanger et sa femme (James Corden et Emily Blunt), qui rêvent de fonder une famille et sont confrontés à la Sorcière (Meryl Streep) qui leur a jeté un mauvais sort.
Rob Marshall, réalisateur acclamé à qui l’on doit la comédie musicale oscarisée CHICAGO, met en scène le film, basé sur la comédie musicale créée au théâtre par le légendaire compositeur et parolier Stephen Sondheim, couronné par 8 Tony Awards®, plusieurs Grammy Awards® et un Oscar®, et par James Lapine, lauréat de 3 Tony Awards®, qui a aussi signé le scénario.

INTO THE WOODS PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS comprend les titres suivants:

1. “Prologue: Into the Woods” – Ensemble

2. “Cinderella at the Grave” – La Mère de Cendrillon

3. “Hello, Little Girl” – Le Loup, Le Petit Chaperon rouge

4. “I Know Things Now”– Le Petit Chaperon rouge

5. “A Very Nice Prince” – Cendrillon, la Femme du Boulanger

6. “Giants in the Sky” – Jack

7. “Agony” – Le Prince de Cendrillon, le Prince de Raiponce

8. “It Takes Two” – La Femme du Boulanger, le Boulanger

9. “Stay With Me” – La Sorcière

10. “On the Steps of the Palace” – Cendrillon

11. “Careful My Toe” – La Belle-mère, Florinda, Lucinda

12. “Ever After” (Instrumental)

13. “Witch’s Lament” – La Sorcière

14. “Any Moment” – Le Prince de Cendrillon, la Femme du Boulanger

15. “Moments in the Woods” – La Femme du Boulanger

16. “Your Fault” – Jack, le Boulanger, Le Petit Chaperon rouge, la Sorcière, Cendrillon

17. “Last Midnight” – La Sorcière

18. “No One Is Alone” – Cendrillon, le Boulanger, le Petit Chaperon rouge, Jack

19. “Finale/Children Will Listen (Part 1)” – Le Boulanger, la Femme du Boulanger, la Sorcière, Ensemble

20. “Finale/Children Will Listen (Part 2)” – Ensemble

NOTES DE PRODUCTION

(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

AVANT-PROPOS

Par Patrick Niedo, historien de la comédie musicale

Avec 765 levers de rideaux lors de sa première présentation à Broadway du 5 novembre 1987 au 3 septembre 1989, "Into the Woods"* a durablement marqué son époque, se révélant l’une des comédies musicales les plus remarquables de la fin du siècle dernier, mais aussi l’un des plus grands succès populaires du compositeur et parolier Stephen Sondheim, associé au librettiste James Lapine.

Lorsqu’en 1987 le tandem se reforme après le succès de leur musical "Sunday in the Park with George" (prix Pulitzer 1985), Sondheim et Lapine ont l’idée d’écrire une comédie musicale légère et ludique intitulée "Into the Woods". Légère et ludique pensent-ils ? Pas tant qu’il n’y paraît…

"Into the Woods" enchevêtre les destins de célèbres personnages de contes avec une autre histoire liant le tout : celle d’un boulanger et de sa femme. À cause de son désir d’enfant, ce couple va déclencher un tel capharnaüm que la physionomie des contes va s’en trouver changée à jamais. Personnages urbains, modernes, impatients et sarcastiques perdus dans un univers moyenâgeux au milieu de princes, princesses, sorcière et autres géants, le boulanger et sa femme, à la différence des autres héros, sont si modernes dans leur approche de la vie que le public peut rapidement s’identifier à eux. Si bien qu’en fin de compte, les thèmes abordés dans "Into the Woods" ne sont pas dénués d’une portée philosophique, ou du moins, mènent à une réflexion sur nos modes de vie…

Après avoir remporté 6 oscars avec le film CHICAGO (2002), Rob Marshall souhaitait s’attaquer à une œuvre de Stephen Sondheim – un compositeur qu’il vénère - et c’est ce dernier lui-même qui, il y a plus de dix ans, lui suggéra "Into the Woods". Ce musical présente en effet des avantages cinématographiques incontestables : effets spéciaux, maquillages, décors du Moyen-Âge et une histoire qui se prête aux rêves et aux extravagances. En outre, Rob Marshall n’est pas un inconnu à Broadway ; c’est son terreau, sa base, puisqu’il a été chorégraphe de nombreux musicals, de "Victor / Victoria" à "Damn Yankees" en passant par "A Funny Thing Happened on the Way to the Forum" (de Stephen Sondheim) et, bien entendu, "Cabaret" de John Kander et Fred Ebb, qu’il a concocté avec Sam Mendes. Rob Marshall a aussi travaillé sur "Company" de Stephen Sondheim en 1995, ce qui fait de lui un metteur en scène "légitime" aux yeux du compositeur exigeant.

En réalisant INTO THE WOODS : PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS, Rob Marshall a voulu suivre le même cheminement narratif que le musical, avec deux actes bien distincts et mûrement réfléchis. Le metteur en scène a d’ailleurs insisté pour que James Lapine, le librettiste du show, soit aussi le scénariste du film car il souhaitait rester très proche de la version scénique afin de ne pas décevoir les nombreux afficionados de cette œuvre, évitant ainsi de la dénaturer en gardant toute son essence.

Dans la première partie, les personnages des contes sont égoïstes et ne pensent qu’à exaucer leurs vœux ("I wish"). Véritable prouesse artistique, le prologue de 12 minutes plante et développe tout ce que les personnages vont accomplir "dans les bois". La forêt est un endroit noir où l’on se perd facilement (au sens propre comme au figuré), et d’où l’on ressort "sage ou détruit" selon les mots mêmes de Stephen Sondheim. À toujours demander plus et être d’éternels insatisfaits, les personnages en oublient la moralité, la responsabilité vis-à-vis des autres, s’arrangent de leurs différents mensonges pour arriver à un seul but : leur contentement personnel. La deuxième partie est la conséquence de leurs actes trop individualistes.

La morale d’INTO THE WOODS : PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS nous guide donc vers une seule conclusion : No One Is Alone (qui est aussi le titre d’une chanson). Personne n’est jamais seul dans la construction ou dans l’adversité. Amis, parents, partage, soutien, tout aide à la fondation de notre personnalité et à nous rendre la vie plus agréable. Faire fi des autres équivaut à se perdre un peu soi-même et ne jamais sortir des bois ténébreux. Les autres ne sont finalement pas l’enfer que certains ont pu suggérer…

Patrick Niedo Historien de la comédie musicale
Auteur de l’ouvrage "Histoires de comédies musicales" Editions IPanema (2010)

* La comédie musicale “Into the Woods” a remporté le Tony Award de la meilleure musique, du meilleur livret et de la meilleure comédienne dans une comédie musicale. Elle a été jouée dans le monde entier.

L’HISTOIRE

Il était une fois un lointain royaume dans lequel vivait un petit garçon que l’on appellerait quelques années plus tard le Boulanger (James Corden). Son père (Simon Russell Beale) fut surpris en train de voler des haricots magiques dans le potager de sa voisine, la Sorcière (Meryl Streep). Pour la punir d’avoir perdu les précieux haricots, un sort fut jeté à la Sorcière, qui devint laide. En représailles, celle-ci maudit la famille du Boulanger en s’assurant qu’elle n’aurait jamais d’enfant…

Bien des années plus tard, le petit garçon, devenu le Boulanger, et sa femme (Emily Blunt) apprennent que pour lever la malédiction qui pèse sur eux, ils doivent se rendre dans la forêt en quête des ingrédients qui permettront à la Sorcière de retrouver sa beauté d’antan. Dans les 3 jours précédant le lever de la lune bleue – un phénomène qui ne se produit que tous les 100 ans – ils doivent avoir rassemblé 4 choses : une vache blanche comme le lait, une mèche de cheveux blonds comme les blés, une cape rouge comme le sang et une pantoufle pure comme l’or.

Dans les bois, ils croisent le chemin de Cendrillon (Anna Kendrick) qui fuit le Palais chaussée d’une paire de pantoufles en or ; le Petit Chaperon Rouge (Lilla Crawford) qui se rend chez sa grand-mère, poursuivi par le Loup (Johnny Depp) ; la jeune et belle Raiponce (MacKenzie Mauzy), retenue prisonnière dans une tour par la Sorcière ; et le jeune Jack (Daniel Huttlestone) qui se rend au marché pour vendre son unique vache, Milky-White, afin d’apaiser la colère de sa mère (Tracey Ullman). Chacun d’eux a un rêve qu’il souhaite réaliser.

A l’approche du troisième lever de lune, le Boulanger et sa femme remettent à la Sorcière les divers objets demandés, qu’ils se sont procurés en ayant recours au vol, à la corruption et à la tromperie. Très vite, la malédiction qui pesait sur cette dernière est levée et elle retrouve sa beauté d’autrefois. Le Boulanger et sa femme donnent comme par magie naissance à l’enfant qu’ils désiraient tant. Cendrillon échappe à sa tyrannique belle-mère (Christine Baranski) et à ses demi-sœurs, Florinda et Lucinda (Tammy Blanchard et Lucy Punch), et épouse son Prince (Chris Pine). Raiponce est libérée de sa prison par son Prince à elle (Billy Magnussen), et le haricot magique que Jack a reçu en échange de sa vache a rendu sa mère plus riche que dans ses rêves les plus fous.

Mais alors qu’ils s’apprêtent tous à vivre heureux à tout jamais, une terrifiante Géante ivre de vengeance après la mort de son mari (Frances De La Tour) descend sur Terre grâce à la tige de haricot géante de Jack, bien décidée à détruire le Royaume, le village et la forêt enchantée. Confrontés aux conséquences de leurs souhaits, les personnages, qui sont devenus amis dans les bois, doivent s’unir et assumer la responsabilité de leurs actes afin de vaincre la Géante. Ce n’est à ce prix qu’ils découvriront la signification de chacune de leurs quêtes…

"Choisissez bien vos mots, les enfants tendent l’oreille. Choisissez bien vos actes, les enfants observent. Pour apprendre. Choisissez bien vos souhaits. Ce sont des enfants. Ils pourraient s’égarer. Les souhaits ont tous un prix…"
"Finale / Children will Listen"

Il y a douze ans, suite au succès phénoménal de l’adaptation cinématographique de la comédie musicale de Broadway CHICAGO (qui a remporté 6 Oscars, dont celui du meilleur film), le réalisateur Rob Marshall a contacté Stephen Sondheim pour lui faire savoir qu’il souhaitait adapter l’un de ses légendaires spectacles sur grand écran. Le compositeur et parolier a alors évoqué l’une de ses œuvres les plus populaires et les plus poignantes : "Into the Woods", dont l’histoire correspondait selon lui parfaitement à l’univers du réalisateur.

Il se trouve que Rob Marshall et John DeLuca, son associé à la production, étaient fans de la comédie musicale phare de Stephen Sondheim et James Lapine depuis 1987, lorsqu’elle a été jouée pour la première fois au Martin Beck Theatre sur Broadway. À propos de la pièce, Rob Marshall déclare : ""Into the Woods" mêle avec brio la magnifique musique de Sondheim et la fantastique histoire imaginée par Lapine. Cette version moderne de nos contes de fées préférés explore de nombreux thèmes comme les conséquences de nos désirs, la complexité de la relation parent/enfant, la cupidité, l’avidité, l’ambition, le deuil, et peut-être plus important encore, l’amour inconditionnel et le pouvoir de l’esprit humain."

Et puis en 2011, à l’occasion du 10e anniversaire des attentats du 11 septembre, le cinéaste a entendu le Président Barack Obama s’adresser aux familles des victimes et les réconforter, en leur disant : "Vous n’êtes pas seuls… Aucun d’entre nous ne l’est." Cette formule, tirée de l’une des chansons les plus bouleversantes de "Into the Woods", a trouvé écho en Rob Marshall, et il a su que le temps était venu de porter la comédie musicale sur grand écran.

Le réalisateur commente : "À bien des égards, "Into the Woods" est pour moi un conte de fées moderne qui s’adresse à la génération post-11 septembre. Stephen Sondheim et James Lapine étaient très en avance sur leur époque lorsqu’ils ont écrit cette comédie musicale. Savoir que nous ne sommes pas seuls dans ce monde incertain est très réconfortant et porteur d’espoir."

Le thème principal de "No One Is Alone" est celui de la solidarité, comme l’explique Stephen Sondheim : ""No One Is Alone" signe la fin de "Into the Woods" et résume le message du spectacle : nous ne sommes pas seuls, nous faisons partie d’une communauté et nous sommes tous responsables des actions d’autrui. La solidarité est une valeur en laquelle je crois profondément et qui méritait qu’on lui consacre une chanson."

Rob Marshall et John DeLuca ont ensuite soumis leur idée à Disney et ont immédiatement su qu’ils avaient trouvé un partenaire de choix pour la réalisation de leur projet. Le cinéaste commente : "Les équipes de Disney ont réservé un accueil très favorable au projet. Elles avaient, elles aussi, très envie d’explorer la définition du "conte de fées moderne" à travers ce film."

Le producteur Marc Platt, qui a alors rejoint l’équipe de production du film, déclare : "Disney est une société qui raconte traditionnellement des contes de fées classiques, mais elle peut aussi être la société qui revisite ces histoires de manière contemporaine et inattendue."

Vingt-sept ans après ses débuts sur scène, "Into the Woods" trouve son chemin sur le grand écran. Rob Marshall déclare : "Dans cette histoire, la forêt est universelle et elle revêt plusieurs significations différentes. C’est le lieu où l’on se rend pour découvrir et réaliser ses rêves, se confronter à ses peurs, se perdre, se retrouver, grandir et apprendre à aller de l’avant. Tout cela fait partie de la vie. C’est notre histoire à tous."

UN CASTING DE CONTE DE FÉES

"Tu trouveras des princes, c’est certain Mais aussi des loups et des humains..."
Extrait de "Stay With Me"

INTO THE WOODS, PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS revisite les contes parmi les plus célèbres de manière résolument moderne, et réunit de nombreux personnages principaux en entrecroisant plusieurs intrigues au fil de l’histoire. Il s’agit avant tout d’un film choral.

Le producteur Marc Platt, à qui l’on doit entre-autres la comédie musicale de Broadway "Wicked" et des films tels que LA REVANCHE D’UNE BLONDE ou DRIVE, commente : "Cela a été relativement facile de rassembler cet exceptionnel groupe d’acteurs tous plus talentueux les uns que les autres car tout le monde voulait prendre part au projet. Jouer dans "Into the Woods", interpréter les chansons de Stephen Sondheim et raconter l’histoire de James Lapine, est déjà un immense privilège. Mais si vous ajoutez à cela le fait de tourner une comédie musicale sous la direction de Rob Marshall, vous obtenez un projet qui attire irrésistiblement tous les acteurs !"

Meryl Streep, qui a remporté son dernier Oscar en date pour le rôle de Margaret Thatcher dans LA DAME DE FER de Phyllida Lloyd, a été la première à rejoindre le casting. L’actrice, qui avait refusé plusieurs rôles similaires par le passé, a fait une exception pour incarner cette Sorcière qui n’aspire qu’à retrouver sa beauté d’antan et briser sa solitude. À propos de ce qui différencie ce rôle de ceux proposés auparavant, elle déclare : "Cette sorcière-là est très différente des autres. D’abord, parce qu’elle a le pouvoir de se transformer. Ensuite, parce que sa seule raison d’être est de faire annuler la malédiction qui pèse sur elle. Elle met donc toutes sortes de stratagèmes en branle et n’hésite pas à bouleverser la vie de beaucoup de monde."

Et de poursuivre : "INTO THE WOODS, PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS est une comédie musicale intelligente qui rend hommage au génie de Stephen Sondheim et James Lapine. C’est un film émouvant et époustouflant sur le plan visuel, mais c’est aussi une œuvre qui invite les artistes à se dépasser et à donner le meilleur d’eux-mêmes."

James Corden, que l’on a pu voir au cinéma dans NEW YORK MELODY et à Broadway dans "One Man, Two Guvnors", incarne le Boulanger, un personnage qui veut désespérément lever la malédiction qui pèse sur sa famille. Pour ce rôle, Rob Marshall recherchait un acteur relativement peu connu du public et capable d’incarner un homme ordinaire. Il explique : "James est un acteur extraordinaire qui peut absolument tout jouer. Il possède un humour et un comique physique incroyable que nous connaissions tous grâce à son travail sur scène. J’ignorais en revanche qu’il était capable d’exprimer une telle profondeur émotionnelle… et qu’il savait si bien chanter."

Emily Blunt (VICTORIA, LES JEUNES ANNÉES D’UNE REINE ; LE DIABLE S’HABILLE EN PRADA) interprète quant à elle la Femme du Boulanger. Elle déclare : "J’incarne un personnage qui va faire preuve d’une grande détermination, s’endurcir, et qui se montrera prêt à tout pour lever cette malédiction. Mais sa conscience finit par la rattraper, car au fond, c’est quelqu’un de bien qui s’est simplement laissé aveugler par la promesse des bois et leur pouvoir."

La Cendrillon de INTO THE WOODS, PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS, qui désire se rendre au festival organisé par le roi, est plus moderne, plus complexe et moins parfaite que l’emblématique personnage de conte de fées bien connu du public. Et c’est précisément ce qui a séduit l’actrice Anna Kendrick, que l’on a pu voir dans THE HIT GIRLS et IN THE AIR. Elle déclare : "Ce qu’il y a d’unique dans cette version de l’histoire de Cendrillon, c’est qu’elle est inspirée de celle des frères Grimm, dans laquelle l’arbre auprès duquel est enterrée sa mère lui fait cadeau d’une robe et d’une paire de chaussures pour la fête. D’une certaine manière, Cendrillon n’a accès à la magie que lorsqu’elle en a véritablement besoin."

L’actrice ajoute : "Mais c’est ce qui se passe après son mariage avec le Prince qui est intéressant. Cendrillon découvre qui elle est vraiment et rejette ce qu’elle pensait désirer jusqu’alors, ce qui signifie qu’elle doit admettre qu’elle a commis une erreur. Mais ce n’est pas une victime innocente : elle doit aussi accepter le fait qu’elle voulait quelque chose sans réellement savoir si c’était ce dont elle avait besoin."

À propos de sa vision du personnage, Rob Marshall déclare : "J’avais en tête un personnage très précis mêlant humour, caractère et modernité. Cendrillon est à bien des égards le personnage le plus complexe du film car elle est indécise et ne sait pas ce qu’elle veut vraiment, et Anna exprime une grande vulnérabilité et beaucoup d’émotions dans son interprétation. Elle est très impressionnante."

Pour le rôle du Prince de Cendrillon, un jeune homme qui rêve de trouver une épouse, l’équipe du film a fait appel à Chris Pine. L’acteur, connu pour le rôle du Capitaine James T. Kirk dans STAR TREK, déclare : "Le Prince fait partie de ces personnages que l’on croit tous connaître, mais dont on ne sait pas grand-chose en réalité. L’une de mes répliques préférées est celle où Cendrillon lui dit qu’il doit assumer ses responsabilités et agir en bon roi, ce à quoi il répond : "J’ai été élevé pour être charmant, pas sincère !", ce qui résume assez bien sa personnalité."

En écrivant "Into the Woods", James Lapine a voulu faire du Prince un personnage de conte classique. L’auteur explique : "Il a été élevé pour devenir Prince, il ne connaît rien d’autre… Il ne sait pas ce qu’est la vulnérabilité parce qu’il est habitué à obtenir tout ce qu’il veut. Mais il découvre cet aspect de sa personnalité lorsqu’il essuie le rejet de Cendrillon, ce qui le rend beaucoup plus humain."

Chris Pine a beaucoup impressionné Rob Marshall lors de sa première audition. Le réalisateur raconte : "J’ignorais qu’il savait chanter et qu’il était si drôle. Je ne connaissais pas du tout cet aspect de sa personnalité. Je savais simplement que c’était un acteur formidable et qu’il était incroyablement beau garçon… Mais j’ai rapidement découvert ses nombreux autres talents !"

Anna Kendrick a, elle aussi, été agréablement surprise par le talent comique de son partenaire. Elle déclare : "Chris est évidemment charmant et séduisant, mais il confère également beaucoup d’humour au personnage. Il a beau être momentanément dérouté lorsque Cendrillon le rejette, il se reprend immédiatement et redevient le prince que l’on connaît avec sa façon de parler et ses petites manies. C’est très drôle !"

Il était important pour Rob Marshall que Jack et le Petit Chaperon Rouge soient interprétés par des enfants (contrairement au théâtre où ils sont souvent représentés plus âgés) car la relation parents/enfants tient une place importante dans l’histoire. Daniel Huttlestone, que l’on a découvert dans le rôle de Gavroche dans la comédie musicale oscarisée LES MISÉRABLES, a été choisi pour incarner Jack, un petit garçon insouciant qui rêve d’aventure. De l’acteur, le réalisateur confie : "Daniel avait 13 ans lorsqu’il a auditionné pour le rôle. Il a chanté "Giants in the Sky" de sa voix haut perchée de petit garçon, et j’ai été transporté. C’était tout simplement magnifique et très émouvant."

Tracey Ullman, que l’on a pu voir dans des films tels que PLENTY et COUPS DE FEU SUR BROADWAY, incarne la mère de Jack, une femme très pauvre qui rêve de devenir riche. L’actrice n’a également que des éloges pour son jeune partenaire : "Malgré son jeune âge, Daniel a déjà une solide éthique professionnelle et une vision très mature du métier d’acteur. Il sait combien il est chanceux."

La jeune Lilla Crawford, 12 ans, qui est apparue à Broadway dans la comédie musicale "Annie", fait ses débuts au cinéma dans le rôle du Petit Chaperon Rouge. L’actrice a été choisie à l’issue d’un casting national. Rob Marshall déclare : "John DeLuca et moi avions vu Lilla dans "Annie" mise en scène par James Lapine et l’avions trouvée fantastique. Nous étions stupéfaits qu’une aussi jeune actrice puisse porter un tel spectacle à elle toute seule, mais c’est une chanteuse et une comédienne extraordinaire. Elle est en outre très mûre pour son âge, ce qui est parfait pour le Petit Chaperon Rouge."

James Lapine commente : "Le Petit Chaperon Rouge est une jeune fille naïve qui porte une cape rouge – et je crois que cette cape symbolise son passage à l’âge adulte. Jusqu’à sa rencontre avec le Loup, elle pense que tout le monde est gentil et digne de confiance, et que rien ne peut lui arriver. Mais elle réalise rapidement que ce n’est pas le cas. C’est assez difficile, et plutôt triste je dois dire, de devoir apprendre aux enfants à se méfier des inconnus."

Lorsque Rob Marshall a approché Johnny Depp (SWEENEY TODD, LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET) pour lui proposer le rôle du Loup, l’acteur a tout de suite dit oui. Depp, qui a tourné PIRATES DES CARAÏBES : LA FONTAINE DE JOUVENCE sous la direction de Rob, partage la sensibilité du réalisateur. Il déclare : "Je lirais même le bottin si Rob me le demandait ! C’est un cinéaste exceptionnel."

Du personnage du Loup, James Lapine dit : "Le Loup est la figure animale de l’histoire, et il est impeccablement interprété par Johnny Depp, car il sait aussi se montrer séduisant. Il est en somme l’incarnation de la fascination qu’exerce la nature sauvage et libre."

Christine Baranski, qui avait déjà collaboré avec Stephen Sondheim (sur "Sweeney Todd" au Kennedy Center et "A Little Night Music" au Roundabout Theatre) et Rob Marshall (sur CHICAGO), n’a pas non plus hésité une seconde lorsqu’on lui a proposé le rôle de la belle-mère tyrannique de Cendrillon. Elle commente : "J’étais ravie que cette comédie musicale soit adaptée sur grand écran car son univers fantastique se prête parfaitement au cinéma. Personne n’était plus à même de réaliser ce film que Rob Marshall ; avec la somptueuse musique et les magnifiques paroles de Stephen Sondheim et le calibre des acteurs du film, ce projet avait tout pour réussir."

Pour les odieuses demi-sœurs de Cendrillon, Florinda et Lucinda, l’équipe du film s’est mise en quête d’actrices à la fois séduisantes et drôles, qui soient également capables de conférer une certaine noirceur aux personnages. Ce sont Tammy Blanchard ("Judy Garland, la vie d’une étoile") et Lucy Punch (BAD TEACHER) qui ont été retenues.

MacKenzie Mauzy, qui est apparue à Broadway dans "Next to Normal", a quant à elle été choisie pour interpréter Raiponce, une jeune femme qui rêve de découvrir le monde au-delà de la tour où elle vit recluse. James Lapine déclare : "Beaucoup de contes de fées évoquent le passage à l’âge adulte, et Raiponce est l’incarnation de l’adolescente qui veut faire le mur et s’affranchir de l’autorité parentale. Souvent, après la puberté, les adolescents se sentent pris au piège… Ils ont l’impression d’être des adultes, alors qu’ils ne le sont pas, et ils veulent agir comme tels. C’est pourquoi cette histoire est toujours autant d’actualité aujourd’hui."

Billy Magnussen, qui s’est illustré à Broadway dans "Vanya and Sonia and Masha and Spike", incarne le séduisant Prince de Raiponce. L’acteur a pris beaucoup de plaisir à interpréter le frère cadet du Prince de Cendrillon. Il déclare : "Mon personnage aimerait être galant et charmant, mais ça n’est pas vraiment son truc, et c’est assez drôle ! Ses intentions sont pourtant bonnes… Tout ce qu’il veut, c’est libérer Raiponce de sa prison pour qu’ils puissent vivre heureux."

À propos de la remarquable distribution du film, James Lapine déclare : "Rob était conscient de l’importance de rassembler une distribution cohérente. Tout le monde était ravi de travailler avec lui sur un tel projet, et je trouve que cela se voit à l’écran. On ressent toute l’affection et la passion des comédiens pour leurs personnages, pour leurs partenaires et pour l’histoire."

DE LA SIGNIFICATION DES CONTES

"Des Sorcières disent vrai, des Géants font le bien. Choisis ta vérité, choisis ce qui est bien..."
Extrait de "No One is Alone"

Lorsqu’ils ont écrit "Into the Woods", Stephen Sondheim et James Lapine voulaient créer une comédie musicale originale et épique dont l’action se déroulerait dans un monde fantastique. Les deux hommes, qui avaient déjà collaboré sur la comédie musicale lauréate du Prix Pulitzer "Sunday in the Park with George", ont alors mêlé plusieurs contes de fées traditionnels à une histoire originale, celle du Boulanger et de sa femme. Leur création est un conte magnifique et émouvant dont les thèmes contemporains sont traités à travers les personnages classiques de Cendrillon, Jack et le Haricot magique, Raiponce et le Petit Chaperon Rouge, et qui explore ce qui se passe après la célèbre formule "Et ils vécurent heureux à tout jamais".

Issus de la tradition orale, les contes de fées sont apparus il y a plusieurs siècles, et se sont transmis depuis de génération en génération. Sous couvert de simple divertissement, ils permettent d’éduquer les enfants, notamment sur le plan émotionnel, en présentant des métaphores sur la vie. Le psychologue Bruno Bettelheim a d’ailleurs évoqué leur profonde nature symbolique dans son livre "Psychanalyse des contes de fées", dans lequel il défend la thèse selon laquelle les contes merveilleux aident les enfants à découvrir le sens profond de la vie tout en les divertissant.

Meryl Streep partage cette opinion : "Les contes de fées sont peu à peu devenus des contes moraux. Leur but est de faire peur aux enfants afin qu’ils se tiennent à distance des dangers de la vie, et d’encourager les jeunes filles à épouser des hommes riches ! Tout le monde rêve d’épouser un prince et de vivre heureux à tout jamais. Mais ça ne marche pas toujours comme ça."

Et c’est précisément cette confrontation entre contes de fées et réalité, voulue par Stephen Sondheim et James Lapine, qui a séduit les jeunes acteurs du film. Anna Kendrick explique : "La raison pour laquelle la plupart des productions lycéennes ne montent que le premier acte du musical, c’est parce qu’il s’achève sur le célèbre "Et ils vécurent heureux à tout jamais". C’est pourtant le deuxième acte qui rend cette histoire absolument incroyable et lui donne tout son sens et toute sa profondeur."

Johnny Depp ajoute : "J’ai beaucoup aimé l’idée de rassembler tous ces contes qui ont bercé notre enfance au sein d’une comédie musicale grandiose. On en apprend beaucoup sur ces histoires qui sont plus effrayantes, mais aussi plus drôles, qu’on ne l’imagine. L’idée de départ de Stephen et James était vraiment brillante, et ils l’ont merveilleusement concrétisée."

Stephen Sondheim commente : "James a fait quelque chose que personne n’avait osé faire en 500 ans avec l’histoire de Cendrillon : il l’a réinventée. Dans sa version, la jeune femme laisse délibérément sa chaussure sur les marches du palais, ce qui est très intelligent de sa part, car cela lui permet de savoir si le Prince l’aime vraiment."

Chris Pine, qui interprète le Prince de Cendrillon, ne connaissait pas le spectacle "Into the Woods" lorsqu’il a été contacté pour le rôle. Mais à la lecture du scénario, il a non seulement été captivé par les thèmes développés dans l’œuvre, mais également par la technique de ses auteurs. Il explique : "Ils ont pris différents contes de fées et ont mêlé leurs univers et leurs intrigues pour créer une œuvre originale d’une profondeur et d’une complexité remarquables. Pour moi, c’est un film sur le passage à l’âge adulte, car les personnages découvrent combien la vie peut être extraordinaire dans toutes ses formes et manifestations, et sur l’ouverture au monde."

STEPHEN SONDHEIM ET JAMES LAPINE, UN DUO DE LÉGENDE

"Tout seul je n’en viendrai pas à bout : il faut être deux..."
Extrait de "It Takes Two"

La comédie musicale "Into the Wood" a été jouée pour la première fois à Broadway le 5 novembre 1987 au Martin Beck Theatre. Le spectacle, qui a connu 764 représentations, a valu le Tony Award de la meilleure musique originale à Stephen Sondheim, celui du meilleur livret de comédie musicale à James Lapine, et celui de la meilleure comédienne à Joanna Gleason pour le rôle de la Femme du Boulanger. Entre autres récompenses, la comédie musicale a remporté cinq Drama Desk Awards, dont celui de la meilleure comédie musicale, et le Grammy Award du meilleur album de l’année pour une comédie musicale.

Depuis, "Into the Woods" s’est jouée à travers les États-Unis lors de la tournée nationale de 1988 et dans le West End londonien en 1990. Le musical a ensuite été repris à Broadway et Londres, puis a été retransmis à la télévision sur PBS. Enfin, pour célébrer ses 10 ans, il a fait l’objet d’un concert anniversaire. On l’a découvert pour la première fois en France en avril dernier, sur la scène du Châtelet.

Pourtant, la création de la pièce a représenté un travail de titan, comme l’explique Stephen Sondheim : "James et moi avons longuement discuté du spectacle afin de décider de la manière dont nous allions raconter cette histoire. Il était primordial d’être sur la même longueur d’onde et d’avoir la même vision de l’histoire et des personnages."

James Lapine a toujours été captivé par les contes de fées et la psychologie jungienne, et l’idée de monter une comédie musicale inspirée par l’univers des contes de fées l’a beaucoup intéressé, tout comme Stephen Sondheim. Il se souvient : "Je voulais écrire un conte de fées original, mais ceux-ci étant courts par nature, j’ai rapidement réalisé qu’il ne serait pas possible d’en faire un spectacle sans le dénaturer. Et puis j’ai eu l’idée de rassembler plusieurs personnages existants au sein d’un conte original, et c’est ainsi qu’est née l’histoire du Boulanger et de sa femme."

L’auteur s’est inspiré des contes des frères Grimm et de Charles Perrault, tandis que Stephen Sondheim connaissait surtout les films d’animation. James Lapine a donc écrit la première scène, qui mêle les trois intrigues principales, mais a dit à son partenaire qu’il lui semblait presque impossible de la mettre en musique. Il confie : "C’était le meilleur moyen de lui donner envie de le faire, car personne n’aime davantage ce genre de défi que Stephen ! Il y a longuement réfléchi et a en effet écrit une merveilleuse chanson d’ouverture. C’était le début d’une grande aventure."

Pendant le développement de la pièce, les deux hommes ont eu de nombreuses discussions quant au message central du spectacle. Très vite, ils ont réalisé qu’il n’y avait pas un, mais plusieurs. Stephen Sondheim déclare : "Nous n’avons pas consciemment décidé d’aborder tel ou tel sujet, cela nous est venu naturellement. Le but d’une histoire n’est pas nécessairement de démontrer ou de prouver quelque chose, mais elle doit avoir un sens."

Pour le compositeur, le thème principal de la comédie musicale est celui de la solidarité. Au début de l’histoire, chaque personnage agit dans son propre intérêt et c’est ce qui les mène à la catastrophe, mais au fur et à mesure, ils réalisent qu’ils doivent s’allier pour corriger leurs erreurs. "Un message universel", selon Stephen Sondheim. Pour James Lapine en revanche, ""Into the Woods" nous rappelle que la gentillesse n’est pas toujours synonyme d’altruisme et qu’il faut prendre garde à ce que l’on souhaite".

Et de poursuivre : "Nous ne réfléchissons pas suffisamment à ce que nous voulons… Je pense que nous savons que nous désirons telle ou telle chose, mais nous ne réfléchissons pas à la raison pour laquelle nous la voulons ni au changement que cela provoquera dans notre vie si nous l’obtenons. Cette histoire nous rappelle que nos actes, même les plus insignifiants, ont des conséquences."

Le duo s’est ensuite interrogé sur la nécessité de faire de "Into the Woods" une comédie musicale. Certaines histoires n’ont en effet pas besoin de musique pour fonctionner, et pour Stephen Sondheim la présence des chansons doit être indispensable à la narration. Dans les comédies musicales, celles-ci permettent souvent au public d’apprendre à connaître les personnages. James Lapine explique : "Il était essentiel pour Stephen que sa musique et ses paroles se fondent dans les dialogues et dans l’histoire. Il a le don extraordinaire de pouvoir se glisser dans la peau des personnages et d’exprimer ce qu’ils ressentent au plus profond de leur être, et de savoir mettre en musique dialogues et monologues."

Pour Stephen Sondheim - à qui l’on doit notamment les comédies musicales "Company", "A Little Night Music", "Pacific Overtures" et "Sunday in the Park with George" -, les chansons font partie intégrante de l’histoire. Sans elles, le récit comporterait des lacunes importantes. Il déclare : "Il est souvent impossible d’expliquer pourquoi une pièce doit être mise en musique. Ce que je sais en revanche, c’est que sans les chansons, "Into the Woods" ne serait pas la même. Cela n’a rien à voir avec la qualité des morceaux, mais avec le fait que ces personnages sont des chanteurs dans l’âme." La combinaison des chansons de Stephen Sondheim et de l’histoire de James Lapine est l’une des raisons qui explique le succès incontesté de la comédie musicale et sa durée. C’est pourquoi lorsque le projet d’adaptation de la pièce a vu le jour, l’équipe du film tenait à collaborer avec ses auteurs.

Les cinéastes ont alors demandé à James Lapine d’adapter l’histoire pour le grand écran. Le producteur John DeLuca se remémore : "Le travail de Stephen Sondheim est tellement indissociable de celui de James Lapine qu’il nous a semblé essentiel de lui demander son aide. Et je dois dire qu’il a fait preuve d’une ouverture d’esprit exceptionnelle pour un scénariste."

Rob Marshall déclare : "J’ai pris beaucoup de plaisir à collaborer avec James Lapine car non seulement j’admire son travail, mais en plus, il est l’auteur de la comédie musicale. Il était important pour moi de travailler avec les créateurs originaux du spectacle afin de conserver l’intégrité et l’essence de l’œuvre, tout en l’adaptant pour le cinéma. J’ai été impressionné par l’ouverture d’esprit de James. Il a instinctivement compris que ce qui fonctionne sur scène ne fonctionne pas forcément sur grand écran."

Le réalisateur poursuit : ""On the Steps of the Palace", interprétée par Cendrillon, par exemple, était initialement une chanson dans laquelle le personnage racontait ce qui venait de lui arriver en s’adressant directement au public. Une telle chose étant impossible au cinéma, nous avons transformé le morceau afin que tout se produise au moment même où Cendrillon se retrouve engluée sur les marches. Comme elle n’a qu’une fraction de seconde pour prendre une décision, nous avons décidé de figer l’action de sorte que tout se passe dans ce cours laps de temps. La chanson devient alors un monologue intérieur. Stephen Sondheim a ensuite brillamment adapté les paroles pour que tout se déroule au moment présent."

La participation du compositeur et parolier a en effet été tout aussi déterminante que celle de James Lapine. Rob Marshall explique : "Les acteurs adorent chanter ses chansons parce que d’une certaine manière, il est lui-même acteur dans le sens où il écrit pour les personnages, il se met à leur place et exprime leurs désirs, leurs peurs, leur vulnérabilité, leurs joies… Ce qu’il y a de merveilleux dans ses chansons, c’est qu’elles ne sont jamais générales : elles traitent toujours d’un sujet très précis. Il y a en outre une évolution tout au long du morceau. Entre le début et la fin, tout a changé. Tous ces refrains font partie intégrante du spectacle et le génie de Stephen Sondheim repose en partie là-dessus."

Fan de longue date de Sondheim, Anna Kendrick, qui incarne Cendrillon, explique ce qui rend son travail aussi remarquable : "Chanter ses créations est un rêve pour n’importe quel acteur parce que l’interprétation et la musique ne font qu’un. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’on ne dispose d’aucune liberté. Ses morceaux ne sacrifient pas la sincérité et l’interprétation à la beauté de la mélodie. Et "On the Steps of The Palace" illustre parfaitement le génie de l’écriture de Stephen. Grâce à cette chanson, on comprend vraiment ce que pense et ressent Cendrillon. Ses sentiments imprègnent la mélodie, le tempo et les paroles."

Johnny Depp ajoute : "Les chansons de Stephen sont tout simplement formidables... C’est une véritable légende vivante. Sa capacité à exprimer ce que ressentent les personnages à travers la musique et les paroles est incroyable. Ses morceaux sont très compliqués à déchiffrer et à interpréter. Lorsqu’on n’est pas chanteur professionnel, il faut puiser en soi pour réussir à comprendre le sens véritable des paroles. Mais il y a quelque chose de très excitant dans le fait de se confronter à soi-même pour y parvenir."

Pour Stephen Sondheim, le plus difficile dans une comédie musicale consiste à présenter les personnages aux spectateurs. Il explique : "La scène d’ouverture est la plus importante de toutes parce qu’elle expose les principes de base du spectacle. Il faut non seulement introduire les principaux personnages mais aussi mettre en place l’univers de la pièce."

C’est la raison pour laquelle l’écriture de cette séquence, dans laquelle il faut présenter trois histoires différentes, a été particulièrement compliquée. Le compositeur reprend : "Cela aurait été mortellement ennuyeux si nous avions commencé par une scène avec le Boulanger et sa femme, puis une autre avec Jack et enfin avec une dernière avec Cendrillon, et que chacun nous chante sa chanson… au bout de la troisième, le public aurait déjà oublié qui était le Boulanger ! Il faut que la salle comprenne que ce sont les personnages avec lesquels il va passer la soirée et qu’ils sont tous aussi importants les uns que les autres, même s’ils ont chacun leur histoire."

Il poursuit : "La musique permet de passer rapidement d’un sujet à un autre en quelques notes seulement, là où il faudrait cinq lignes de dialogues. La chanson intitulée "Into the Woods" permet donc d’introduire les personnages principaux en très peu de temps. En même temps, il faut que les spectateurs sachent qu’il s’agit d’une histoire drôle et divertissante. En un mot : il faut leur donner envie de les suivre dans les bois !"

Le producteur Marc Platt ajoute : "Les paroles intelligentes, sophistiquées et émouvantes de Stephen Sondheim associées à l’histoire poignante et pleine d’esprit de James Lapine, le tout sur fond de conte de fées musical, sont à l’origine d’une expérience théâtrale hors du commun, inoubliable. Nous avons donc cherché à créer un langage cinématographique qui conserve l’essence de la production théâtrale et à réaliser ainsi un film unique, qui ait sa propre identité tout en restant fidèle à l’œuvre originale."

James Lapine déclare : "L’œuvre de Stephen perdurera longtemps car sous un abord intéressant et complexe, elle est non seulement pleine de sagesse et d’esprit, mais également emplie d’émotion. Chacune de ses créations est empreinte d’humour et de passion."

Il poursuit : "La musique a le don d’émouvoir de manière ineffable. Il est impossible de décrire l’effet qu’elle peut avoir sur nous. Ce que je sais en revanche, c’est que pour composer sa musique, Stephen puise dans une vraie gamme d’émotions, qui va de la joie à la peine en passant par le mystère."

ROB MARSHALL, RÉALISATEUR VISIONNAIRE

"On ne peut pas simplement jouer la comédie, il faut écouter. On ne peut pas simplement jouer la comédie, il faut réfléchir..."
Extrait de "Finale : Children Will Listen"

Pour adapter la comédie musicale "Into the Woods" au cinéma, il fallait pour cela un réalisateur de la trempe de Rob Marshall, conscient de la difficulté d’une telle entreprise et capable de raconter cette histoire sur grand écran. L’acteur James Corden explique : "Il s’agit d’un film choral dans lequel l’histoire de chaque personnage a un début, un milieu et une fin. L’action se déroule dans un univers enchanté et fantastique, mais c’est aussi une comédie musicale. Il fallait donc un cinéaste capable de mêler ces deux univers."

Si Rob Marshall est surtout connu pour avoir réalisé des films tels que CHICAGO, NINE, MÉMOIRES D’UNE GEISHA ou PIRATES DES CARAÏBES : LA FONTAINE DE JOUVENCE, c’est également un metteur en scène de théâtre accompli et un chorégraphe primé aux Emmy Awards. Et c’est pour cette raison qu’il était le candidat idéal pour adapter "Into the Woods" sur grand écran. Stephen Sondheim explique : "Rob Marshall est issu du milieu du théâtre - ce qui est crucial - et c’est aussi un chorégraphe, ce qui est également très important car cette comédie musicale se devait d’être réalisée par un cinéaste qui sache comment mettre en scène une chanson. Les airs de "Into the Woods" font partie intégrante du contexte, de l’intrigue, de l’ambiance et de la structure de la pièce. Mais lorsque l’action laisse la place aux chansons – quand Cendrillon décrit le bal, ou que le Petit Chaperon Rouge raconte son expérience dans le ventre du Loup –, il faut que la mise en scène soit imaginative. Et Rob est l’un des rares réalisateurs qui sache le faire."

Grand admirateur de la production originale, Rob Marshall a immédiatement été séduit par le projet. Il confie : "Je suis un fan incontesté de la comédie musicale depuis que je l’ai vue interprétée par la troupe originale en 1987. C’était un spectacle magnifique, joyeux, qui a marqué les esprits ; je me souviens d’avoir été littéralement transporté. J’ai été fasciné par ce mélange unique de personnages de contes classiques réunis pour raconter ce qui se passe après la célèbre formule : "Et ils vécurent heureux à tout jamais"."

Il poursuit : "Il est normal d’avoir des rêves, des désirs et des espoirs, mais "Into the Woods" aborde la réalité du monde et les épreuves auxquelles on est confronté dans la vie, et je trouve important que le public contemporain, et en particulier les enfants, prennent conscience de cela."

James Lapine a été ravi d’apprendre que la réalisation du film avait été confiée à Rob Marshal

Show more