Crédit infographie: Edith Tremblay
J’ai toujours été un fan de Fort Boyard. Plus jeune, j’écoutais ça religieusement avec mon père pis j’ai toujours eu l’impression que j’aurais réussi mieux que les concurrents.
Faut dire que moi, chu quelqu’un de très physique. Comme je me plais à dire aux filles sur Réseau Contact: chu « nerfé ». Pis j’ai pas peur de ça, moi, des serpents, des souris, des bibittes pis des scorpions. C’est pas moi non plus que vous allez entendre crier comme un hystérique parce que j’dois me tremper la main dans un vase rempli de larves. Pis en plus, j’sais nager, j’ai pas le vertige pis chu pas claustrophobe. Disons que chu amanché pour veiller tard.
Vous vous dites : « Ouais, t’es le candidat idéal. Pourquoi tu ne tentes pas ta chance? ».
Et bien, c’est ce que j’ai fait. Imaginez-vous dont que j’ai été choisi pour participer à la première émission de la nouvelle saison.
Malheureusement, elle ne sera pas diffusée. Paraît que ça ne peut pas passer à la TV !?! Par contre, maintenant que l’interdiction de publication est levée, laissez-moi au moins vous raconter comment ça s’est réellement passé.
Mon équipe
En partant, j’ai été un peu déçu par mon équipe. On m’avait placé avec le très sportif Fred Pellerin pis une chanteuse PDLC qui me disait quelque chose de face, mais dont le nom m’était complètement inconnu: Béatrice Martin.
Je représentais le « public » et avec moi, y’avait une madame de 45 ans du nom de Johanne qui ne cessait de dire qu’elle faisait des triathlons. La Johanne en question, sosie de Luce Dufault, était surexcitée pis ça me sur-tapait sur les nerfs. À côté d’elle, Josée Lavigueur a l’air de faire une dépression.
Avant que l’aventure commence, on a dû participer à une réunion qui a considérablement réussi à alimenter mon déficit de l’attention un peu comme lorsque mes profs d’éduc prenaient 15 minutes pour nous montrer comment taper un moineau au badminton : « Laisse-moi taper l’astie de moineau », que j’pensais, assis sur le grand banc avec ma raquette dins mains. Là, c’était la même affaire.
Fred, le douchebag, Pellerin, lui, il était zen. Le seules fois qu’il parlait, c’était pour dire des affaires de l’ancien temps.
- Moi : Toi, puisque t’es shapé pour aller aux fraises, c’est certain que tu vas surtout servir à essayer de deviner les charades du père Fouras. Quand ça sera physique, tu nous laisseras faire.
- Fred : Vous saurez, mon brave, que j’ai le mollet vigoureux et la main agile. Vous pourriez être surpris. Comme dirait Obélix : « A beau menhir qui vient de Rouyn. »
Moi : Pis tu vas faire tout ça en salopette?
Fred : Non. Pour les besoin de la cause, j’revêtirai la monture sportive tel que prescrit, compagnon. J’vas dire comme le maçon de St-Éli : « T’es p’t'être bâti sur un frame de mouche, mais y’a pas une tapette assez vite pour t’empêcher d’penser ».
Moi : Ça fait pas un peu homophobe comme proverbe?
Fred : Tapette dans le sens de « tapette à mouche ». Ah! Pis laisse faire!
Et là, il a retiré sa salopette pis laissez-moi vous dire que c’est très cock-ass de voir Fred Pellerin en cuissards.
Un autre détail qui me gossait : la chanteuse PDLC dont la face me disait quelque chose était tout le temps en train d’allaiter son bébé. Tsé, me semble que ça fait pas winner d’être assise une boule à l’air, les jambes croisées, à allaiter un kid juste avant une compétition d’envergure.
- Moi : Misss. Sauf ton respect, tu penses-tu que tu vas allaiter comme ça toute la journée? C’est parce que là, on a des épreuves pis me semble que t’as pas l’air prête. J’pensais jamais trouver ça gossant qu’une fille nous montre gratuitement ses boules comme ça, mais au risque de te mettre de la pression, moi chu ici pour gagner, fait que…!
- Chanteuse PDLC : Moi, j’sais pas c’que j’fais ici, j’te dirais bien. J’vais faire mon possible. Je l’allaite une dernière fois, après ça j’vais me tirer du lait pis j’vais essayer de vous aider, mais j’t'avouerai que j’ai jamais été ben ben bonne dins sports.
Pis là, Johanne arrive.
J’sais pas si elle est sur la coke ou en manque de Ritalin, mais j’peux pas reprocher à Johanne de ne pas être énergique. Tsé le genre de fille qui mange une banane pis qui prends son pouls d’une main pendant qu’elle s’étire la cuisse… Et son buzz : nous faire crier.
- Johanne : ÇA VA BIEN ALLER! J’LE SENS! ON VA SE COMPLÉTER. L’IMPORTANT, C’EST D’AVOIR DU FUN. J’COMPTE SUR VOUS PIS VOUS POUVEZ COMPTER SUR MOI. VOUS ÊTES PRÊTS? HEIN? VOUS ÊTES PRÊTS?
- Fred : Chu v’nu icitte exprès pour avoir de l’agrément.
- Moi : Plaît-il? Fred, là, y va falloir que t’arrêtes de parler comme si on était autour d’un feu d’camp en 1832.
- Béatrice : Ouf! Bon. Chu prête, disons.
- Moi : J’vous avertis, chu du type très compétitif pis j’vais vouloir faire toutes les épreuves. J’me connais.
- Johanne : J’aime cette attitude-là : t’es prêt, tu veux, t’es « primé ». Y reste juste à canaliser toute cette belle énergie pis on va atteindre notre but. GO!GO!GO!
- Fred : Mon p’tit doigt me souffle à l’oreille qu’y va falloir veiller au Gran.
- Johanne : Ahahahaahah! Toujours aussi poète, Fredou. T’es vif comme l’éclair. Très pratique pour notre team. ALLEZ! GO!
- Béatrice : Veiller au Gran, hiihihihih!
- Moi : Garde dont ta poésie pour déchiffrer les énigmes du père Fourras, le farfadet…
Début du show
On nous annonce que le show commence.
Guillaume Lemay-Thivierge et Dave Morrissette, les 2 nouveaux animateurs, nous accueillent pendant qu’on arrive à la course derrière les 2 nains.
Permettez-moi d’ailleurs un apartheid.
J’ai rien contre les petites personnes, mais dans ma tête, sont malicieuses, dangereuses pis prêtes à tout pour qu’on meurt. Fait que moi, j’les truste pas. Disons que j’les évite. Pis en partant, y’a fallu reprendre la scène d’ouverture à cause que, selon le réalisateur perfectionniste, je courais trop loin derrière les nains pis j’me tenais trop à l’écart d’eux pendant la présentation. J’ai expliqué mon malaise à l’équipe et on m’a placé à un autre endroit.
La deuxième fois fut la bonne pis Johanne en a profité pour faire un flip-flop une fois arrivée à côté des animateurs…
Guillaume Lemay-Thivierge était bien impressionné. En guise de réponse, il a fait un flip-flop aussi, mais sans élan.
Je ressentais un malaise énorme.
Fred, lui, a dit ceci: « Ça flip, ça flop; si on fait un flop, je flippe ».
Je regardais par terre en faisant bouger mes espads comme si j’écrasais un botch de cigarette.
Première épreuve
Pour la première épreuve, les animateurs ont désigné Fred.
Il a franchi la porte armé de ses plus beaux cuissards.
De l’extérieur, on voyait le défi qui l’attendait sur un écran de TV placé à côté du sablier.
Il devait combattre, avec un genre de gros Q-Tips, un gars masqué et très costaud qui se tenait en équilibre sur une poutre. Si Fred faisait tomber le lutteur, on avait la clé. Si Fred tombait, il devait recommencer.
- Moi à l’animateur : J’peux-tu y aller à sa place?
- Dave Morissette : Non.
- Johanne : On l’encourage. ALLEZ, FREDOU, ALLEZ! TU VAS L’AVOIR! COME ON!
- Béatrice : Cogne, cogne, cogne.
- Moi : Laisse faire le Q-Tips. Essaie d’le mordre.
- Dave : Ben voyons dont. Essaie de le morde. Ahahaahaha!
- Moi : Essaie de rentrer tes doigts dans ses yeux.
Fred tombait quand le gars l’attaquait et il tombait même quand il passait dans le vide. Ses lunettes de lutin se ramassaient tout l’temps tout croche. C’était la misère la plus totale.
- Johanne : Lâche pas, Fredou, LÂCHE PAS! ALLEZ! Attaque ses jambes.
- Moi : Varge astie. Crisss. Varge-le dins couilles, j’sais pas, mais varge, aweille.
- Dave Morissette : Ahahahah! T’es un GOON, Gran. Mais attention à ton langage.
- Moi : Tape astie. Crisss. Tape-le dins testicules.
- Béatrice : Mon Dieu que c’est pénible.
- Johanne : T’as encore un peu de temps, Fred. ALLEZ! ALLEZ!
- Moi : Sors, j’vais prendre ta place.
- Johanne : Ben non, Gran. C’est un travail d’équipe. Chacun son tour.
- Moi : Dis-y que sa mère est morte, déconcentre-le. Dis-y que Gomez a scoré.
- Béatrice : On est en France, Gran, si ça se trouve, le gros monsieur ne sait même pas qui est Gomez. D’ailleurs, chu limite pour le savoir moi-même.
- Dave Morrissette : C’est un joueur de hockey, comme moi.
- Moi : Euh! Non. C’est un joueur de hockey comme lui.
Et j’ai pointé le nain qui faisait semblent de regarder ce qui se passait sur le TV mais qui regardait plutôt le derrière de Béatrice.
-Johanne : Ok, Fred. Reviens. On n’a plus de temps.
Fred a ouvert la porte, tout débraillé, encore plus couetté que d’habitude, les lunettes en diagonale. Le chanteur Beck aurait pu prendre sa face pour illustrer la toune « loser ».
Fait très weird : tout l’monde de l’équipe s’est tout de même précipité sur lui pour lui faire la collade pis pour le féliciter. Pas moi. Je suis resté de marde, les bras croisés, à l’écart en arrière afin de le faire sentir cheap à l’os.
Deuxième épreuve
- Guillaume Lemay-Thivierge : Pour la deuxième épreuve, on a besoin de quelqu’un d’agile et qui possède une certaine force.
- Moi : Moi, moi, moi.
- Guillaume : Béatrice, viens.
- Moi : Coup donc! Vous nous niaisez-tu? Laissez Batrice faire les épreuves de sauterelles pis de larves pis Fred répondre aux énigmes pis laissez les épreuves physiques à Johanne pis à moi.
- Johanne : J’ai confiance, moi, Béatrice. ALLEZ! T’ES BONNE! LET’S GO!
Elle devait se déplacer à l’aide de cordes suspendues et d’étriers afin d’atteindre, avec son pied, une clé placée sur un crochet au plafond afin de la faire tomber.
À la première occasion, Béatrice est tombée. J’la trouvais tout de même sexy avec ses tatoos.
- Fred : Allez, frêle demoiselle, transformez-vous en Jane et envolez-vous.
- Moi : Quelle Jane? T’es dont ben callé. Jane Fonda?
- Fred : Jane comme dans Tarzan, voyons.
- Johanne : Encouragez-la, les boys. ALLEZ, BÉA, ALLEZ! Prends la corde avec un cerceau.
- Moi : Il s’appelle comment son bébé?
- Fred : Romy, j’pense.
- Moi : Béa, j’ai Romy dans les bras. Si tu pognes pas la clé, j’l'échappe dans l’eau.
- Dave Morrissette : C’est pas vrai, Béatrice. Gran, essaie de faire preuve de jugement..
Comme il fallait s’y attendre, elle a échoué lamentablement son épreuve elle aussi. Quelle belle équipe!
Quand Béatrice est revenue parmi nous, cette fois-ci, j’ai participé à la collade moi aussi car c’est pas tous les jours qu’on peut faire du cuissard-à-cuissard avec un pétard comme ça.
Troisième épreuve
- Guillaume Lemay-Thivierge : Bon. J’pense que y’en a un qui a hâte que ce soit son tour.
- Moi : Oh! Que oui! Chu prêt. Sortez les Q-Tips géants, faites-moi courir, faites-moi manger un serpent…chu votre homme. Let’s go! Chu prêt….
- Guillaume Lemay-Thivierge : Alors, Gran, le Père Fouras t’attend, monte le rejoindre à l’instant.
- Moi : Quoi? C’t'une joke? Voyons! Vos recherchistes sont-tu déficientes ou quoi? Chu zéro en charade. Chu ici pour mes qualités athlétiques; pas pour jouer au poète avec un vieux pédo dans une tour.
- Johanne : ALLEZ GRAN! Sois positif. On compte sur toi. Tu vas nous revenir avec une clé, T’ES CAPABLE. COME ON!
- Moi : J’ai mon astie de voyage. Bon. Est où sa tour, au vieux barbu?
- Guillaume : Suis Passe-Partout, Gran.
- Moi : Qui?…. (Ah! Ben criss! Le nain).
Passe-Partout avait jamais dû voir un gars courir autant en AVANT de lui. Usain Bolt aurait eu d’la misère à me rejoindre tellement je galopais, alors imaginez-le me courir après avec ses p’tites jambes potelées.
J’arrive un peu essoufflé devant le papy. Passe-Partout arrive à la moitié du sablier.
Le Père Fouras me récite sa charade :
« Je suis la colonne vertébrale de la fleur.
Je peux être en coton.
Si je suis vert, j’ai peur des hauteurs. »
Moi : Euh! Hein? La colonne vertébrale de la fleur? Ça a même pas d’os, une fleur. Quessé ça? Je peux être en coton? Des culottes? De la soie? Cotoneyed Joe? Si je suis vert? Hulk? Un céleri? Astie l’niaisage. J’le sais pas. J’donne ma langue au chat. Dis-moi la réponse, aweille, siouplaît.
Père Fouras : Allez. Imaginez une fleur… Imaginez un objet dont les extrémités sont en coton. Pensez au mot « vert » et à la sensation d’être haut.
Moi : Le stade Olympique? Des feuilles? Cotonel? D’la marde, sérieux, j’comprends fuck all les charades. J’peux-tu passer un coup d’fil dans le public?
Père Fouras : C’était une TIGE. Tige comme ce qui sert de colonne vertébrale à un fleur. Tige comme dans coton-tige. Tige comme dans ver-tige.
Moi : Coton-tige?
Père Fouras : Oui! Un coton-tige. Mais c’est dommage, je vais devoir jeter la clé…
Et là, il a pitché la clé-carotte par dessus bord, direct dans l’eau.
Pas besoin de vous dire que j’voulais ladite clé pis que y’était pas question que je revienne en bas bredouille.
Dans un réflexe inné, j’ai donc enjambé le mur de la tour pis j’me suis pitché à l’eau exactement à l’endroit où le vieux barbu avait laissé tomber la clé. C’était, je dois l’avouer, très haut.
Pendant ce temps, en bas, toute la gang était en train de préparer Johanne pour une épreuve de natation. Ils m’ont vu descendre dans le vide assez vite merci. J’étais un mélange d’Alexandre Despatis et de Superman.
J’ai d’ailleurs fait un flat en dessous des pieds tellement je flyais. Par chance que chu pas tombé sur le ventre parce que j’pense que j’faisais une césarienne.
Une fois arrivé à l’eau, j’ai trouvé la clé. En voulant la mettre dans mes poches, j’ai allumé que mon micro pis que l’émetteur à ma ceinture venaient de pogner l’humidité pis que y’avait zéro poche sur mes cuissards. J’ai donc nagé avec la clé carotte entre les dents. J’ai fait un peu de dos crawlé, j’ai essayé le papillon, pis j’ai fini ma course dans un style hybride de guedille et de brasse.
Quand j’ai atteint la château, toute l’équipe était là. Mais quand je dis TOUTE, c’est TOUTE : mes coéquipiers, avec Fred Pellerin qui s’était mis un p’tit chandail de laine sur les épaules à cause qu’il gelait, mais aussi toute l’équipe de tournage.
- Producteur : Monsieur Talen, ce que vous venez de faire est exxxxxx-trêmement dangereux.
- Moi : Merci.
- Producteur : Y’a pas de merci. Savez-vous quoi?
- Moi : Oui.
- Producteur : Comment ça, oui? Mais il est con ou quoi?
- Moi : Écoeure-moi pas. Ça m’gosse, des questions. J’arrive de voir le Père Fouras, là, ça m’tente pu d’me creuser la tête.
- Producteur : On a du retard sur l’enregistrement, là, Monsieur Talen, va falloir cesser vos conneries et entrer dans les rangs.
- Johanne : Allez, Gran. Je sais que tu veux gagner, mais faut pas que tu te blesses non plus.
- Béatrice : J’ai jamais vu quelqu’un d’aussi crinqué que toi, sérieux.
- Moi : Merci!
- Fred : T’as le merci facile, camarade. T’es peut-être pas connu, mais t’es du genre « reconnaissant ».
- Moi : Blablablabla. On l’a-tu, la clé? Hein? On l’a-tu? Fait que… Chaloppe.
- Fred : Chaloppe?
- Moi : Oui! Chaloppe. C’est vrai, vous connaissez pas ça, vous autres, l’anglais, à St-Éli.
- Béatrice : J’imagine que tu veux dire : Shut up?
- Moi : C’est ça que j’ai dit.
- Producteur : R’garde, ducon. J’vais te le dire en français, moi : TA GUEULE. C’est compris?
- Moi : Le p’tit monsieur au béret est fâchouillé?
- Producteur : On a Fred Pellerin et Coeur de Pirate : deux chouchous des Français et y’a fallu qu’on tombe sur…
- Moi : Plaît-il? Coeur de Pirate? Ahhhhh! J’savais que j’t'avais déjà vue quelque part…sur le Net. Ouais ouais ouais…. Hum Hum! Ça me revient… Grrrrrrrr. 
- Béatrice : Naaaaah! Ta gueule!
- Producteur : C’est ça! Vos gueules tout l’monde, on recommence à bosser.
- Moi : Me semble que tu fais juste ça, bosser… faire ton boss… Ton p’tit boss des bécosses.
- Johanne : Gran…. Gran…. C’est rare que j’pogne les nerfs, mais là….mais là….
- Fred : Farme. Ta. Gueule.
- Moi : Bon! Vlà-ti pas notre poète qui s’en mêle. Faque toi avec t’es capable de parler comme tout l’monde, hein? Ça fait changement de ta façon de parler habituelle que j’trouve tellement prévisible.
- Fred : Prévisible?
- Moi : Mets-en. C’est tout l’temps la même affaire avec toi. Tu prends un mot poétique, pis tu l’places avec un mot banal du quotidien que tu maquilles juste un peu pour faire ton smath. Genre que mettons que tu voudrais dire qu’il neige, tu dirais « Pendant que le ciel s’enfarinait l’paysage ».
- Producteur : Oh! Mais c’est beau, ça. C’est du joli! C’est de qui? De Félix? De Vigneault?
- Béatrice : Ben oui, Gran. C’était poétique, on dirait.
- Johanne : Quelqu’un peut me dire pourquoi j’ai un wetsuit?
- Fred : C’est facile de se la jouer poète, mais encore faut-il avoir l’âme assez aiguisé pour s’en servir en temps opportun, Gran.
- Moi : Au jeu de roche-papier-ciseau, si toi t’as le crayon, c’est moi qui ai l’aiguise.
- Producteur : Brillant! Brillant!
– Fred : Mais ça pas rapport pantoute. Jeu de mots complètement bidon. Ferme dont ta gueule d’attardé pis arrête de te la jouer cool, c’est juste un jeu pis là, tu nous tombes tous sur les nerfs.
- Producteur : Fred, ta gueule. J’aime l’univers et le côté revanchard de cet énergumène. Il y en a trop peu, des comme lui, dans votre semblant de pays. Mine de rien, il pourrait faire fureur ici lui aussi.
- Béatrice : J’pense que j’suis engorgée. J’peux aller voir ma fille 2 minutes? J’ai une montée de lait.
- Moi : Permettez-moi de vous libérer de cette pression laitière qui vous immacule le cordon maternel, Béatrice. J’ai la succion du jeune veau et l’expérience du vieil étalon. J’vous règle ça en deux coups d’cuiller à pot. (Dans ma tête : eurk…c’est la pire expression ever).
Pendant que le tournage semblait interrompu, Passe-Partout est arrivé derrière moi pis y’a essayé de prendre ma clé-carotte. J’ai fait un astie de d’saut.
De un, j’l'avais pas vu v’nir, pis de deux, y’était pas question que j’y donne la seule clé qu’on avait réussi à ramasser même si j’avais dû faire une cascade soit-disant dangereuse pour la mériter.
Mon réflexe a été de courir pour me sauver de Passe-Partout, mais lui, vraie tête de nul, il ne lâchait pas la clé. J’ai donc sprinté tellement fort qu’à un moment donné, il ne touchait même plus à terre.
J’avais en tête d’accélérer encore un peu pis de changer brusquement de direction pour qu’il finisse par lâcher le morceau.
Quand j’suis arrivé dans l’coin du gong, j’ai bifurqué à droite pis laissez-moi vous dire que Passe-Partout, il l’a lâchée, la clé, et ce, juste avant d’entamer un vol plané qui l’a amené à passer à travers les barreaux de la cage où sont cachés les tigres, prouvant du même coup que Passe-Partout, c’était littéralement bien choisi comme nom.
Le reste est difficile à décrire.
Ça ressemble plutôt à une recette…
2 tigres : 1 nain.
2 tigres : ¾ de nain.
2 tigres : ½ nain.
2 tigres : ½ nain et 1 autre nain venu à la rescousse de son ½ ami.
2 tigres : ½ nain et ¾ de nain.
2 tigres : ¼ de nain et ½ nain.
2 tigres : ½ nain et 1 concierge avec un gun.
1 tigre : 1 concierge avec un gun.
Le producteur français était subjugué.
Félindra capotait et courait dans tous les sens.
Guillaume Lemay-Thivierge a perdu connaissance.
Dave Morissette s’est assis en indien, les 2 mains sur la tête, silencieux.
Johanne, pour se défouler, a sauté à l’eau et a regagné le quai à la nage avec son wetsuit.
Et là, Béatrice arrive, littéralement vidée : Bon! On attend quoi?
- Moi : Pour l’instant, disons que Passe-Partout est comme porté disparu. C’est un nain-trouvable.
- Béatrice : Mon dieu, vous avez ben l’air down! Où il est, Passe-Partout?
- Fred : Béa, si j’te chante ça, ça te dit quelque chose?
« Tes lèvres en tremblent encore,
Et l’homme que ton coeur porte semble moins fort,
Et si le combat prend fin,
C’est sûrement parce qu’on t’a pris par la main »
- Béatrice : Oui, oui. Tu chantes une de mes tounes.
- Fred : C’est quoi le titre?
- Béatrice : Pour un infidèle.
- Moi : Un nain-fidèle, oui…. Mais là, disons qu’il fait plutôt son nain-cognito.
- Fred : Ahahaahahah! Ouais!
- Moi : Une chose est certaine, il ne s’agit plus d’un nain-tégral.
- Béatrice : De quoi vous parlez? Mais qu’est-ce qui se passe? Pourquoi y’a plein d’monde où les tigres?
- Moi : Si j’te dis qu’à cause de Passe-Partout et de son ami, les tigres vont probablement faire une nain-digestion…
Béatrice a régurgité sur Romy.
Fred pis moi, on a ri.
J’serais pas surpris qu’on parte en tournée ensemble.
J’écrirais ses textes.