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CHRONOLOGIE DE L'HISTOIRE DES 12 COLONIES, ET DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS A LA NAISSANCE
D'HELENA CAIN
AHC = Avant l'Holocauste Cylon
Période indéterminée: Les êtres humains sur la planète Kobol s'organisent en douze tribus (mini-série). Selon les Écritures, ils "vivent dans l'utopie avec les dieux." Les humains deviennent suffisamment avancés pour se lancer dans les voyages dans l'espace, et créer la vie artificielle (robots).
Des formes de vie artificielle, des machines similaires au Cylons plus tard, sont créées par les humains. Une guerre avec les machines éclate. À un moment donné les machines évoluent et prennent une forme humanoïde, soit avant, soit pendant ou après la guerre. Ce groupe de Cylons humanoïde est par la suite mentionné dans les rouleaux sacrés comme la «Treizième Tribu», bien que le texte ne précise pas qu'il s'agissait d'une tribu de Cylons.
Plus de 17 000 ans AHC : Une supernova crée la nébuleuse Ionienne.
4000 ans AHC : La Treizième Tribu aurait quitté Kobol et construit un Temple sur une autre planète .
Ce Temple indique la route à suivre pour rejoindre la planète Terre qu'ils vont coloniser.
3000 ans à 2000 ans AHC :
Les Cylons humanoïdes de la Treizième Tribu prospèrent et commencent à se reproduire sexuellement. La technologie du «transfert de la mémoire organique», ou le téléchargement est abandonnée.
La Treizième Tribu produire ses propres Centurions mécaniques pour les remplacés comme travailleurs.
2000 ans AHC : (L'ordre des événements sur Kobol et la Terre est incertain.)
Samuel Anders, Tory Foster, Ellen Tigh, Saul Tigh et Galen Tyrol, plus tard, collectivement connue sous le nom des "Cinq derniers," naît sur la Terre.
Les "Cinq derniers" travaillent ensemble dans un laboratoire de recherche pour tenter de redévelopper les technologies de téléchargement de la mémoire. L'équipe est dirigée par Galen Tyrol et Ellen Tigh.
Les Cinq reçoivent des visions les avertissant d'une rébellion imminente par la population terrestre de Centurion. Les Cinq derniers préparent un navire-résurrection qui est laissé en orbite.
Les Douze tribus restantes quittent Kobol et s'installent sur les Douze Colonies.
58-52 ans AHC :
Avec l'utilisation d'un processeur métacognitif volé à son rival Tauron Tomas Vergis, Daniel Graystone de Caprica crée le premier Cylon des Douze Colonies pour aider dans le travail et la guerre. Une copie virtuelle de sa la conscience de sa fille morte Zoe la monothéiste est téléchargée dans l'un des prototypes. L'humanité n'est pas au courant qu'ils sont en train de répéter les actes de leurs ancêtres sur Kobol.
58 ans AHC :
William Adama né à Qualai, Caprica. Il est baptisé ainsi en souvenir de son demi-frère aîné décédé.
52 ans AHC :
La révolte des Cylons commence le Jour de la fête de la Colonisation.
L'Article de la Colonisation est signé unifiant les 12 colonies de Kobol.
49 ans AHC : Naissance d'Helena Cain sur Tauron.
50 ans AHC : Le Battlestar Galactica entre en service.
42 ans AHC : William Adama commence son service dans la Flotte Coloniale en tant que pilote de Viper.
40 ans AHC :
Les Cylons commencent les expériences pour construire des formes humanoïdes de Cylon. Ils réussissent à créer les premiers hybrides et hybrides ultérieurs, mais pas de complètement de formes humanoïdes .
Les cinq deniers arrivent dans les Douze Colonies dans les derniers jours de la guerre.
Les Cinq rencontrent les chefs Cylons et négocient la fin de la guerre.
Ils donneront aux Cylons des corps biologiques complets avec la technologie de résurrection si les Cylons mettent fin à la guerre.
L’opération Raptor Talon est menée par la Flotte Coloniale. Le Battlestar Columbia est détruit.
L' Armistice met fin à la guerre Cylon. Les Cylons s'exilent eux-mêmes des Douze Colonies (mini-série). Le premier hybride et une partie des Gardiens partent avec d'autres Cylons.
FANFICTION
Crédits photo : http://en.battlestarwiki.org/wiki
LES CHRONIQUES D'HELENA CAIN
image d'illustration bière de virgon
Après avoir fini, son service, le docteur Major Thomas S. Monroe, regagna ses quartiers, ils étaient situés un peu à l’écart de ceux de l’équipage. En célibataire endurci, Monroe aimait la solitude et le calme, et il ne s’attendait pas à trouver sur le seuil de la porte, le commandant Zembrano.
Elle ne quittait jamais son uniforme, même après le service, c’était une vieille habitude héritée de la guerre avec les machines, à l’époque où le commandant Karlson à l’époque avait transformé son équipage en machine de guerre. Zembrano tenait derrière son dos une bouteille de vin de Géménon, c’était le préféré du docteur Monroe. Il lui proposa d’entrer, il se doutait bien que lorsque le commandant venait le voir, c’était pour lui parler de choses sérieuses.
C'était l’un des vétérans de l’Artémis et Zembrano savait pouvoir compter sur ses conseils avisés.
Ils se connaissaient depuis tant d’années, mais jamais ils ne se tutoyaient, Zembrano mettait un point d’honneur à ne pas tutoyer ses subordonnés.
Quand elle entra dans la pièce, elle déposa la bouteille sur la table basse, la couchette du docteur et l’espace exigu de la pièce étaient partagés entre sa table basse, où il prenait son déjeuner, et une petite commode où il entreposait sa collection de livres de médecines.
Monroe, avait la soixantaine bien sonnée, du fait de son âge, il se permettait d’appeler le commandant par son nom, même en public. Ce qu’elle lui pardonnait.
Il s’assit sur le bord de sa couchette et se servi un verre de vin Géménon, la couleur pourpre de cet alcool avait toujours intrigué le docteur.
- Eh bien Zembrano, que voulez-vous me dire ?
Il était du genre direct.
Elle resta debout, les bras croisés au fond de la pièce, il la sentait nerveuse.
Zembrano leva les mains au dessus de sa tête, elle semblait sous pression. Prête à exploser. Monroe le devinait par son attitude et son agitation, il ne l’avait jamais vu ainsi.
Le commandant était belle et bien sous pression, elle avait connue pire, mais jamais un tel cas de conscience ne s’était présentée à elle.
Il y a une heure déjà qu’elle avait parlée avec Karlson dans le monde V, et ses paroles lui revenait encore à l’esprit, en venant le voir dans le monde V elle avait cru trouvée un conseil et du soutien, mais au contraire, Karlson lui avait fait de lourds reproches, elle ne s’était pas attendue à une telle réaction chez cet homme qu’elle connaissait depuis des années…
Et qu’elle croyait connaitre. Chez Karlson d’autrefois, toute décision était mûrement réfléchit, ou à défaut de prendre le temps de la réflexion, Karlson, prenait les décisions les plus justes, et ne se fiait qu’à son jugement, en cela, son caractère et son éducation polissé de Picon prenait le dessus. Mais dès qu’une chose touchait Helena Cain, il n’était plus le même homme, il devenait un homme guidé par ses émotions et ses sentiments. Zembrano trouvait cela intolérable.
Elle imputait ce changement d’humeur chez Karlson, par l’aveuglement, il en était tellement amoureux, que le moindre évènement la touchant le mettait dans tous ses états. Zembrano connaissait Karlson, elle l’avait vu autrefois, quand il aimait encore Roxana, et elle ne l’avaient jamais vu aussi emporté, ni si guidé par ses émotions, il avait toujours conservé son attitude de Picon, mais depuis qu’il fréquentait Cain dans le monde V, il s’en était éloigné, ressemblant plus aux émotifs sud-tauron qu’aux froids Picon.
En comparant les deux attitudes qu’avait Karlson à l’égard des deux femmes, le commandant Zembrano en était arrivé à la conclusion que Cain avait une énorme influence sur lui. Cela avait motivé chez Zembrano une décision qu’elle espérait ne jamais regretter. Elle avait mis Cyrus Xander dans la confidence, et lui avait demandé d’agir en conséquence.
Zembrano observa le docteur Monroe se servir un verre de vin. Elle dit tout à coup.
- J’ai pris la décision d’exécuter les trois violeurs demain…
Monroe faillit recracher son vin.
- Hein ? Dit-il stupéfait par son annonce.
- Vous m’avez bien compris, demain je balance dans le vide ces trois ordures…
- Mais sans procès, c’est pratiquement une exécution sommaire !
Monroe la regarda, il ne pouvait croire un seul instant que la rigide commandant Erika Zembrano, héroïne de la guerre avec les Cylons agisse de la sorte.
Elle se tenait droite maintenant et avait l’air de quelqu’un qui voulait plus se confié que lui annoncer ses ordres, il le savait.
- J’ai compris Zembrano, cette décision vous a été imposée n’est-ce pas ? Dites-moi la vérité ? Le commandant Zembrano que je connais n’agirait pas de la sorte.
Elle restait silencieuse.
- Est-ce parce que les deux victimes sont tauronnes que vous avez pris cette décision insensée ? Je veux dire, des bruits courts à bord, affirmant que Pyra et Cain ont été ciblés à cause de leurs origines et non de leur virginité…
Il nota chez Zembrano un changement de posture. Elle finit par dire, excédé.
- Doc, je n’ai pas informé le haut commandement ni de cette décision, ni même de l’affaire.
- En sommes vous voulez étouffer l’affaire, et vous pensez qu’en balançant ces trois ordures dans l’espace tout sera oublié ? Le haut commandement l’apprendra tôt ou tard, vous n’avez pas que des amis à bord de l’Artémis…
- Je sais, je sais, mais que voulez-vous que je fasse ? Ils s’en sont pris à Cain !
Monroe sursauta.
- Depuis quand Zembrano, disciple de l’amiral Karlson met elle ses sentiments personnels avant son devoir ?
Elle ne dit rien, se contenant de se tordre les doigts.
- Écoutez Zembrano, je connais votre relation avec feu l’amiral Karlson, même si vous ne l’avez jamais montré, je l’ai deviné depuis longtemps, je sais aussi que le lieutenant Cain est sa protégée, vous êtes loyal à son égard et vous vous sentez coupable de ne pas avoir su la protégée. C’est ça ?
Elle ne répondit pas un mot, mais il comprit.
- Votre décision découle d’un sentiment de culpabilité, depuis quatre jours je vous ai vu tourné en rond dans le vaisseau comme une âme en peine, je sais que Cain est soigné par le docteur Suzanna et la voir s’occuper d’elle vous fait mal n’est-ce pas ?
- Suzanna est une dévergondée ! Je ne l’aime pas…
- Suzanna n’est pas une dévergondée, elle a du charme et aucun homme n’est insensible à son charme…
- Arrêtez Doc ! Vous n’allez pas vous y mettre aussi ?
- Rassurez-vous Zembrano, ces temps-ci je fréquente une jolie petite caporale des marines, je disais seulement que les apparences sont parfois trompeuses. Je connais Suzanna, c’est une remarquable médecin, elle n’a à peine que trente ans, mais qu’elle expérience en médecine elle a !
- Ah ouais, quand Suzanna et Cain sortent en permissions ensemble cela ne vous choque pas ? On m’a rapporté qu’elles fréquentent les bars branchés de Argentum Bay sur Scorpion, Helena n’a jamais porté de mini-jupes ni des collants, depuis qu’elle connait Suzanna, elle nous l’a transformée en chatte en chaleur !
Monroe avait du mal à suivre le raisonnement de Zembrano, que pouvait-elle bien lui reprocher ?
- Écoutez Zembrano, vous avez vos coutumes sur Géménon, les filles sont prudes là-bas, un peu comme sur Picon, mais de grâce, nous sommes à bord d’un battlestar colonial et ici il n’y a pas de tabous religieux qui comptent. Je vous dirais même une chose, Cain est encore vierge, c’est donc qu’elle n’est pas devenue ce que vous l’accusez d’être…
Zembrano saisit la bouteille sur la table et avala au goulot, ce qu’elle ne faisait jamais, c’était encore un signe de sa très grande fébrilité.
« Mon pauvre docteur, vous êtes vraiment naïf ? Lorsque j’étais à l’Académie militaire de Caprica, j’avais des camarades de chambrée, certaines étaient issues de très vieille famille, très stricte, et puritaine, sous leur dehors de gentilles filles, ces garces le soir profitaient du relâchement dans la surveillance pour aller dans les bars à strep-tease par exemple, et savez-vous quoi ? Elles étaient encore vierges après avoir été fricotés avec les éphèbes des bars, et oui, elles avaient recours à la sodomie ! Et vous voulez que j’accepte que Cain se fasse sodomiser ? »
L’indignation de Zembrano était bien réelle, sous ses aspects de ‘personnalité glamour’ elle conservait au fond d’elle ce verni d’éducation stricte et religieuse de Géménon.
- Zembrano, vous n’allez pas penser cela de Cain ?
- Suzanna est devenue son maître à penser et sa sœur même, avec un ange des enfers comme elle, je crains le pire.
Les affirmations du commandant Zembrano scandalisaient le très progressiste docteur Monroe, Zembrano agissait à l’égard de Cain comme une mère protectrice, Monroe voulut le lui faire comprendre, mais le commandant explosa.
- Doc, vous n’avez pas la moindre idée des enjeux, Cain n’est pas uniquement un simple lieutenant pilote de Viper à bord de l’Artémis. Sur ses épaules reposent tous les espoirs que portait sur elle l’amiral Karlson.
- Ah bon, je comprends maintenant, c’est ça… En fait, vous voulez faire d’elle une copie de Karlson c’est ça ? Quelqu’un qui pourra le remplacer à vos côtés et poursuivre la guerre contre les Cylons ?
- Et alors ? Karlson a pris le commandement de l’Artémis à vingt-deux ans, et je suis devenue son XO au même âge que Cain.
- Mais cette jeune fille à peine sortie de l’académie militaire ne peut pas devenir une nouvelle Karlson… Laissez-la vivre sa vie.
- Je sais pertinemment que dans les douze mondes de Kobol on a baissé la garde, pensant que la disparition des Cylons depuis la fin de la guerre, était un bon signe, mais Karlson et moi, avons toujours estimé que le départ précipité des Cylons de nos mondes n’était qu’une manœuvre, qui sait ce qu’ils préparent terré dans leur monde ? Karlson, se savait mortel, et il se préparait, Cain, est peut-être la seule personne qui pourrait faire l’affaire…
Le docteur ne partageait pas son opinion, il voyait en Helena Cain, une cadette, qui ne demandait qu’à apprendre, mais qui ne pourrait pas de si tôt pendre le commandement d’un battlestar.
Zembrano le savait pertinemment, mais Karlson, le Karlson qui vivait dans le monde V le croyait dur comme fer, il le lui avait même rappelé !
Monroe avala une grande rasade de vin, et dit.
- De ce que j’ai pu observer ces dernières semaines, Cain n’a pas la même personnalité que Karlson.
- Oui oui, je sais cela, c’est une tauronne impétueuse, j’ai du mal déjà à ne pas en venir aux mains avec elle quand je la vois me tenir tête.
Elle ne dit plus un mot.
C’est à ce moment que Monroe se permit une petite confidence.
- Zembrano, quand vous m’avez parlé de Cain, j’ai senti qu’il y avait quelque chose entre elle et Karlson, n’ai-je pas raison ?
La jeune femme acquiesça.
Le signe de tête de Zembrano en guise de confirmation, ne le surprit pas, il fallait être aveugle pour ne pas le voir se disait-il.
- Je comprends alors les paroles de l’amiral, il y a un an et demi…
- De quoi parlez-vous ?
- Peut-être, ce que je vais vous dire aidera…
Monroe lui relata une discussion qu’il avait eue en son temps avec l’amiral Karlson, sur la tombe de Roxana à Delphi.
- Il avait tenu à ce que je l’accompagne au cimetière, chaque année il venait se recueillir sur la tombe de sa fiancée, je l’avais senti tendue toute la journée, un peu comme vous, en quittant le cimetière il me dit en désignant la tombe de Roxana : au fil du temps elle n’a cessée de toujours plus lui ressemblée. À l’époque, j’avais mal saisi ce qu’il voulait dire, puis j’en étais arrivé à la conclusion qu’il parlait de vous commandant Zembrano, mais en discutant avec vous, j’ai le sentiment qu’il parlait du lieutenant Cain.
Les dernières paroles du docteur ébranlèrent encore un peu plus le commandant Zembrano. Était-il possible que Karlson voyait en Helena Cain une sorte de réincarnation de Roxana ?
À y repenser plus attentivement, elle trouvait des similitudes entre les deux femmes, leurs traits étaient proches, chez Cain, Zembrano ne l’avait jamais remarquée, il émanait d’elle une espèce de force intérieur insoupçonnée qui déroutait le commandant, était-ce cela qui avait séduit Karlson au fil du temps, était-ce la ressemblance même éloignée entre Cain et Roxana qui avait inexorablement poussé Karlson à tombé amoureux de Helena Cain ?
Zembrano le pensait maintenant, oui, chez Cain, Karlson retrouvait inconsciemment quelque chose de Roxana. Ce fut une sorte de révélation pour Zembrano, comment pouvait-elle rivalisée avec Cain si cette dernière partait déjà avec l’avantage de sa similitude physique avec Roxana ?
Elle se rendit compte qu'elle avait fait fausse route et que l'amour qu'éprouvait Karlson pour Cain était trop puissant pour qu'il se contrôle. À ce moment précis, sa décision de faire exécuter Gertro, Pandora et Kalodo se raffermi. Zembrano remercia le docteur Monroe et sortit. Elle voulait maintenant régler une affaire personnelle…
***
Elle marchait d’un pas vif, mais assurée, à son passage à travers les couloirs de l’Artémis, tout le monde s’écartait et saluait le commandant Zembrano, vêtu de son uniforme toujours clinquant, elle se dirigeait vers les douches.
Quand elle y entra, elle ordonna à tous les membres d’équipages qui s’y trouvaient, même ceux encore nus de sortir, ils s’exécutèrent sans protesté.
Zembrano ferma le sas, il ne restait plus qu’une personne dans les douches, c’était le docteur Suzanna. C’est elle qu’elle voulait voir.
Le commandant lui dit de sortir, mais elle ne paraissait pas l’avoir entendu, Zembrano s’accouda au lavabo et les bras croisés, elle attendit qu’elle sorte. Le docteur Suzanna n’était visiblement pas pressé, elle lui demanda à travers la douche qui coulait à flot.
- Que me voulez-vous commandant ?
Dans sa voix, Zembrano sentait de la moquerie.
- Je veux vous parler du lieutenant Helena Cain.
Zembrano n’entendit plus la douche coulée, quelques secondes plus tard, Suzanna sorti, une grande serviette autour de la taille, elle se séchait les cheveux avec une petite serviette rose, qu’elle se mit finalement autour de la tête. Elle la regarda, et dit.
- Lena m’a souvent parlé de vous commandant… Vous savez, elle vous admire énormément.
Zembrano la toisa, elle était plus grande de taille qu’elle, et plus jeune aussi, elle sentait dans son expression une espèce de fierté. Le commandant ne l’avait jamais aimé, elle ignorait pourquoi, mais elle lui avait toujours été antipathique, quand elle passait à l’infirmerie elle préférait se faire soigné par Monroe. En plus, son accent qui se voulait de Virgon ne collait pas à sa manière de s’exprimer qui était plus de Sagittaron.
Elle dit.
- J’avais fermé les yeux autrefois quand on m’avait dit que Helena…
- …Lena, vous pouvez l’appeler Lena, elle aime quand on l’appelle ainsi, cela lui rappelle quand sa mère l’appelait ainsi.
Zembrano ne supportait pas d’être interrompue, elle haussa le ton.
- Je vous ai laissé fréquenter le lieutenant Cain parce que je pensais qu’elle avait besoin d’une amie, étant nouvelle à bord de l’Artémis et connaissant son caractère j’avais accueilli avec bienveillance les rapports concernant votre relation d’amitié…
- Ah bon, vous la faites surveillée ? Belle mentalité commandant ! Jeta le docteur Suzanna avec dédain.
Elle serra les poings, plus le temps passait, et plus elle avait envie de gifler le docteur Suzanna, mais elle se retenait.
- J’aurais dû intervenir plus tôt, surtout quand elle vous a adopté comme sa nouvelle sœur. Vous avez une influence néfaste sur elle, en plus d’en avoir fait une aguicheuse vous avez réveillé en elle son côté sud-tauron et cela a eu des conséquences même sur de récents évènements.
- Attendez commandant, vous n’allez pas me blâmer de lui avoir révélé son côté féminin, et de l’avoir incitée à retrouvée ses racines sud-tauronne, son extrême sensibilité aux émotions lui vient de ses origines sud-tauronne, saviez-vous qu’elle n’était jamais revenue sur Tauron depuis qu’elle a migré sur Picon, elle n’a même pas revu la tombe de ses parents sur Hypathia depuis tout ce temps.
- Elle est aveuglée maintenant par votre faute, toutes ces histoires sur ses origines sud-tauronne lui sont montées à la tête, et cela commence à me sortir par le nez !
Elle avait haussé la voix et dehors on commençait à frapper à la porte, craignant une dispute.
Zembrano continuait.
- J’ignore à quoi vous jouer avec elle, mais sachez une chose, s’il lui arrive quelque chose par votre faute je ne vous épargnerais pas.
Suzanna s’approcha d’elle, elle la fixait froidement.
- Écoutez commandant, je tiens à elle, je la considère comme une membre de ma famille, j’ai perdu toute ma famille durant la guerre, bien sûr nous ne sommes pas du même sang, mais j’ai une relation fraternelle avec elle, nous avons échangé des vœux sud-taurons, et jamais je ne la blesserais comme vous l’avez fait autrefois !
L’accusation que le docteur portait contre elle la mise en colère. Zembrano alla au-devant d’elle, les deux femmes étaient les yeux dans les yeux prêts à en venir aux mains, Zembrano était la plus forte et à n’en pas douter Suzanna le savait. Mais cette dernière ajouta pour confirmer ses dires.
- Vous avez sûrement appris du lieutenant Farber qui était le responsable de l’hémorragie interne de Lena !
- C’était un accident, je l’ai frappée sous le coup de l’émotion. Se défendit Zembrano en serrant les dents.
Elles ne se quittaient pas des yeux, soutenant le regard de l’autre.
- Vous dites frapper ? Vous lui avez donné un coup de genou dans le ventre ! Et vous vous dites son amie ? Et je ne parle pas de la fois d’après quand vous l’avez mise en cellule tout cela parce qu’elle aimait le défunt amiral Karlson. Commandant je vais vous dire, c’est vous qui devriez vous tenir à l’écart de Lena pour son bien.
Zembrano ne broncha pas.
Suzanna esquissa un sourire narquois.
- Je sais ce que vous pensez de moi, vous vous dites que je suis une femme de petite vertu, vous vous trompez, si les hommes me tournent tout le temps autour je ne l’ai pas demander, si je suis belle et séduisante je n’y peut rien, devrais-je prendre le voile comme certaines Géménonnes pour avoir la paix ? Non, pas question, je suis une femme libre et si vous n’êtes pas contente, je m’en moque !
Le docteur Suzanna était rouge de colère.
- Je vais vous dire autre chose au sujet des liens qui nous unissent Lena et moi, ils sont réels et purs, sans arrière-pensées.
Zembrano haussa les épaules montrant qu’elle n’était pas convaincue.
- Ouais ouais, je vous crois…
Cela mit encore plus en colère Suzanna qui cracha.
« Quand Lena a failli être violée, s’est-elle précipitée à l’infirmerie ou chez vous ? Non, elle est venue me voir, elle savait qu’elle pouvait compter sur moi et j’ai essuyé ses larmes comme toute sœur le ferait. Pendant cinq jours je l’ai gardée dans mes quartiers la réconfortant, la soutenant et lui redonnant du courage pour sortir et affronter le regard des autres. Chaque soir quand je dormais dans le sofa du salon je l’entendais sanglotée dans le lit, ce qu’elle a vu ce jour-là l’a littéralement anéantie. Et vous venez me parler des sud-taurons, de ma vie privée en m’accusant de nourrir à son égard quelques obscurs desseins inavoués ! Lena m’avait dit que vous étiez froide, autoritaire et sans coeur commandant Zembrano, et je le pense maintenant ! »
Ces derniers mots touchèrent le commandant, mais elle ne le montra pas, se contentant de serré les dents, elle avait observé le docteur durant tout son discours, elle tremblait et sa voix était prise par l’émotion, il était évident que Suzanna était affectée par toutes ses accusations. Zembrano recula et alla vers le lavabo, elle ouvrit le robinet et se lava les mains, puis aspergea ses cheveux blonds, d’eau, elle était en sueur après toute cette tension nerveuse.
Ce que Suzanna lui avait dit, elle l’avait sentie tout le temps en croisant le regard de Cain, un regard plein d’amertume, car elle pensait que la meilleure amie de Karlson, la soutiendrait et lui offrirait l’épaule dont elle avait besoin pour pleurer après avoir vécue ses instants abominables, au lieu de cela, Zembrano s’était préoccupée d’assurer l’ordre à bord de l’Artémis.
- Très bien, disons que vous veillez sur elle, et que votre affection est sincère, alors ce n’est pas vous qui lui avez soufflé, le jour où je l’ai trouvée dans vos quartiers, de faire exécuter sommairement les trois violeurs, à la mode sud-tauron?
- Non, je désapprouve ce genre de justice expéditive, les taurons en général peuvent être très cruels, j’en sais quelque chose… Elle s’arrêta un moment, elle posa la main sur sa poitrine, et essaya de trouver un nouveau souffle comme si un douloureux souvenir lui revenait à l’esprit. Elle continua après.
- Lena dans sa redécouverte de sa culture, celle des sud-tauron a une lecture littéraire de tout ce qu’elle apprend, pour elle c’est une nouvelle vie, elle a trouvé une réponse aux questions existentielles qu’elle se posait, pourquoi sa sensibilité était tellement à fleur de peau, pourquoi son sang bouillait et pourquoi ses réactions pouvaient être si déraisonnable, les tensions à bord de l’Artémis vis-à-vis des taurons en général l’ont aussi poussé à se repli identitaire.
Ce que disait Suzanna était vrai, Zembrano avait senti chez Cain une proportion de plus en plus importante à s’identifier non plus comme officier colonial, mais d’abord comme sud-tauronne, elle avait même réussi à réveiller en Karlson son côté sud-tauron qui lui venait de son père, cela elle ne l’avait pas toléré, et voir Cain changé aussi rapidement l’inquiétait, elle voulait la garder sous son contrôle, Karlson avait des projets la concernant, et l’intrusion de la culture sud-tauronne dans la vie de Helena Cain la détournait de son devoir d’officier colonial.
Zembrano dit dépité.
- Je ne serais jamais une véritable amie pour Lena. Je crois vous avoir mal jugée, je sais maintenant que Lena a trouvé une amie fidèle.
Aussitôt après ces paroles, le visage du docteur Suzanna s’éclaira d’un sourire radieux.
- Oui commandant, j’aime Lena comme ma sœur, et jamais je ne la ferais souffrir. Je vous le jure.
Le commandant sorti de la salle, dehors ceux qui étaient à peine sortis de la douche grelottaient, Zembrano les gronda et ils entrèrent aussitôt dans la pièce.
Les paroles du docteur Suzanna l’avait secouée, elle n’imaginait pas être perçue de la sorte, si Suzanna la voyait comme une femme froide et autoritaire, Helena Cain pensait la même chose. Elle était triste, oui, triste d’apprendre par une étrangère ce que Cain pensait d’elle. Cette impression renforça sa décision de faire exécuté les trois violeurs demain…
***
Le Lt. Farber et le XO Rufus protestèrent énergiquement. Ils étaient venus parler au nom de certains officiers qui refusaient l’exécution sans procès des trois violeurs. - Madame ! Dis ce dernier. C’est bafoué les droits de la défense et le code militaire que de ne pas accorder aux trois accusés la possibilité de se défendre. Vous avez prononcé une sentence de mort sans jugement !
Le commandant Zembrano était assis dans son fauteuil, bien entendu, elle avait déjà tranché.
Elle repensait à Cain qui venait à peine de sortir de son traumatisme, le souvenir de l’horrible viol commis contre l’enseigne Pyra la hantait.
- Ces trois ordures méritent la mort, ils s’en sont pris sauvagement à un membre de l’équipage, si je ne sévis pas avec fermeté tout l’équipage se posera des questions. Dit-elle froidement.
Le Colonel Rufus s’emporta.
- Nous ne pouvons juger aussi sommairement trois individus.
Zembrano intervint.
- Ma décision est prise, ces trois crapules seront exécutées demain.
- Madame ! Jeta le Lieutenant Farber effaré. Vous outrepassez votre commandement ! C’est un meurtre que vous allez commettre !
Elle le savait très bien, mais en jetant pensant à Cain, elle avait compris que Karlson avait raison, si elle n’intervenait pas, la jeune femme était capable de tout, elle repensa à sa vendetta contre Dana Walters, Cain était une femme prête à tout quand il s’agissait de vengeance. Faire exécuter les trois assassins lui permettrait d’empêcher que cela arrive.
Elle aurait préféré un procès, mais l’urgence de la situation l’obligeait à transiger avec ses principes. Elle était aussi blessée dans sa chair par l’atrocité du crime, le viol et puis le meurtre d’une innocente lui posait un cas de conscience, Cain avec sa justice expéditive la mettait au pied du mur, Karlson, son tendre ami appuyait la tauronne au lieu de tenter de la raisonnée…
- Je refuse, madame, de m’associer à un tel acte ! Dis le Lieutenant Farber.
Zembrano trouva une porte de sortie.
- Dites-vous cela parce que l’enseigne Pyra était une tauronne, et que le lieutenant Cain en est aussi une ?
Farber se défendit.
- Non, non ! Cela n’a rien à voir avec les origines tauronnes de Pyra et Farber…
- Mais c’est ce que penseront tous les membres d’équipages, cet acte ignoble a été prémédité, il visait deux tauronnes. Et je ne vais pas laisser faire.
Zembrano mentait, elle savait pertinemment que Cain s’était trouvée au mauvais moment et au mauvais endroit.
Farber et Rufus la menacèrent d’en informer le Haut Commandement, Zembrano sortit son pistolet, qu’elle posa sur la table, et elle dit.
- À partir d’aujourd’hui, colonel Rufus, vous allez retourner au commandement des escadrilles de Viper, je trouverais un nouveau XO pour vous remplacer, vous êtes incapable de maintenir la discipline à bord. Quant à vous lieutenant Farber, sachez que j’ai prohibé toute communication avec l’extérieur jusqu’à nouvel ordre. Vous n’aurez pas à assister à l’exécution.
- Madame ! Vous allez contre les ordres, l’amirauté ne vous épargnera pas !
- Je m’en fiche ! Savez-vous pourquoi ? Parce que ce Battlestar a été violé ! Jamais pareille horreur n’avait touché l’Artémis, mon battlestar a été violé, et demain son honneur sera rétabli ! Je vais agir comme le faisaient les capitaines de navires d’antan sur Picon et Caprica !
Le Lt. Farber et le colonel Rufus quittèrent la pièce scandalisés, Zembrano se leva et se servit un verre d’Ambrosia. Elle l’avala cul sec, sa main droite tremblait, la décision qu’elle venait de prendre, elle le savait, allait lui attirer des ennuis.
Elle avait menti aux deux officiers, oui elle lui avait menti, si elle mettait sa carrière en jeu c’était parce qu’elle voulait se racheter vis-à-vis de Helena Cain, si elle ne le faisait pas, Cain aurait sans cela commis un crime. Lorsqu’elle fut seule, elle appela le Quartier-maître Humphrey par l’interphone. Ce dernier était son homme de confiance pour tout ce qui regardait l’entretien de l’Artémis. Sa voix nasillarde résonna.
- Oui commandant ?
Zembrano se massait le crâne, ses migraines étaient chaque jour de plus en plus aiguë, peut-être était-ce un effet secondaire du Holoband pensait-elle.
- Humphrey, est-ce que vous avez mis le colis en lieu sûr ?
- Oui madame, je l’ai déposé en lieu sûr dans la salle 14 près du laboratoire. Comme vous me l’aviez demandé, j’ai installé une serrure au sas.
- Parfait, venez me voir et apporter avec vous la clef.
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