Par Mouhamadou Sall *
Atos, l’un des dix plus grands acteurs des Entreprises de Services du Numérique (ESN) au niveau mondial, s’est installé au Sénégal, depuis 2014, afin d’y développer ses activités et de contribuer au développement de la composante numérique du PSE.
Lors de l’émission d’Alassane Samba Diop « Questions Directes reçoit Thierry Breton – 02 février 2015 », Thierry Breton, le PDG d’Atos, a annoncé que les ambitions d’Atos, c’est de faire du Sénégal, l’Inde de l’espace Francophone ; à savoir une plateforme mondiale de services numériques pour développer des compétences en logiciels au profit des grands comptes internationaux.
https://www.youtube.com/watch?v=f5l9ndgbnwc
Atos a démarré avec l’embauche d’une cinquantaine d’ingénieurs au 3eme trimestre 2014, et envisage d’embaucher en 2015 près de 200 à 300 ingénieurs, puis 500 à 1000 ingénieurs, et à l’horizon 2019 Atos rêve (reprendre l’expression du PDG d’Atos) d’embaucher 2000 ingénieurs.
Matérialiser ce rêve dans les faits, n’est-ce pas un challenge à relever ; notamment par la jeunesse, par la presse et par l’état ?
N’est-ce pas l’occasion de démontrer à la jeunesse sénégalaise, qui doute d’elle, qu’au-delà de la « LMD » (Lutte, Musique, Danse) et de la politique politicienne, il y’aurait mieux pour s’en sortir : l’école, à travers l’éducation et la formation.
L’école, partout dans le monde, est universellement reconnue comme le meilleur outil pour entreprendre et construire son avenir.
L’accroissement continu des performances des réseaux de communication et leur interconnexion généralisée ont réduit les distances, permis la proximité entre tous les pays du monde et favorisé l’émergence d’un espace collaboratif mondial commun et partagé.
Cette évolution technologique explique le développement de l’offshore dans le domaine des services informatiques et leur délocalisation dans plusieurs pays.
La présence d’Atos au Sénégal constitue le dynamisme moteur nécessaire au développement de l’économie du savoir, du savoir-faire et de l’offshore. Le succès de l’implantation d’Atos au Sénégal va entrainer la création d’entreprises locales et l’arrivée d’autres entreprises internationales
Cependant, promouvoir l’offshore suppose des conditions que le pays doit obligatoirement remplir et qui devront concerner tous les sénégalais.
La Téranga marque déposée du Sénégal
L’hospitalité Sénégalaise est exaltée par la Téranga, marque déposée de son image, à travers le monde.
La Téranga a permis de promouvoir la destination Sénégal, notamment dans le domaine du tourisme, et cette même Téranga est l’un des facteurs qui devra sous tendre à l’implantation d’entreprises internationales au Sénégal.
Entretenir l’image du Sénégal et ne pas la ternir est un devoir impérieux pour la presse.
La Presse : Droit à l’Information vraie et dans l’utile
Le droit à l’information est inaliénable, et il doit être fondé sur la fiabilité des informations et sur l’éthique.
Malheureusement, aujourd’hui la profession de journaliste est menacée par une certaine presse sans éthique, qui ne s’embarrasse guère de publier en ligne des articles commandités et non signés, utilisés à des fins de politiques politiciennes ou dans la sordide intention de nuire des concurrents pour les évincer des marchés.
Le rôle de la presse, c’est d’informer vrai et dans l’utile et non de se discréditer, pour des intérêts personnels en distillant une image fausse du Sénégal.
La Senelec : Un réseau électrique fiable
L’électricité est présente dans toutes les activités quotidiennes de la vie et de l’esprit. Dans le monde d’aujourd’hui, sans électricité rien n’est possible, aussi bien dans le domaine de la production, comme dans celui de la consommation et même dans les formes d’organisation sociale. L’électricité demeure la force motrice de la vie et de l’esprit numérique indispensable à toute action.
C’est pourquoi la fluctuation de la distribution électrique est inacceptable, malgré les améliorations par rapport aux coupures récurrentes des années passées.
A cette fin, la Senelec doit consolider la qualité du réseau électrique.
Les Maires : Mi se en place de réseaux municipaux sans fil dans toutes les communes et accès à l’Internet « gratuit » pour tous
La bonne qualité du réseau de télécommunications, basé sur la fibre optique depuis 1997, est internationalement reconnue.
Cependant, le réseau national de télécommunications est sous exploité, car entravé par les tarifs et l’insuffisance de hotspot WIFI, à l’échelle du pays, pour permettre l’accès internet en tout lieu du Sénégal
Pourtant, des études ont été faites, pour ne citer que le projet DFI (Digital Freedom Initiative).
Le projet DFI, dont l’objectif est de promouvoir la réduction de la fracture numérique entre la capitale et les régions, avait recommandé l’implantation dans toutes les communes d’un Réseau Municipal Sans Fil permettant l’accès à l’internet « gratuit » pour tous.
Chaque commune devrait s’approprier les recommandations du projet DFI et assurer l’accès internet « gratuit ». Il appartient cependant à chaque commune de définir comment financer son réseau (taxes, vente de services, …) et surtout proposer des services en ligne rémunérateurs.
Le projet DFI avait choisi Saint-Louis comme ville pilote, pour y implanter un réseau municipal. Il était prévu que, pour cette phase pilote, le réseau, étendu à toute la ville, via les réseaux WIMAX et WIFI, offre un certain nombre de services en ligne rémunérateurs :
- l’accès aux archives multi centenaires du Musée du CRDS ;
- la mise en place d’un outil de communication et de collaboration entre les différents acteurs de la santé (Hôpital Régional, Districts de sante et postes de sante) extensible aux hôpitaux de la capitale ;
- assurer la promotion du tourisme à travers les lieux mémoriels de la ville et les différents parcs naturels de l’environnement ;
- un portail d’information pour l’agriculture et la pêche.
L’accès à l’internet pour tous n’est pas un luxe, car les technologies numériques ont envahi toutes les activités quotidiennes de la vie et de l’esprit.
Les progrès de la technologie sans fil et l’existence de terminaux mobiles personnels multimédia (voix , données et images) ont contribué au développement de la communication nomade, et permis la mobilité des utilisateurs à travers les smartphones et les tablettes.
En outre, l’existence de réseaux municipaux est une bouffée d’air pour l’éducation nationale perturbée par les grèves. Il est possible à travers les réseaux municipaux de proposer aux élèves et aux étudiants des soutiens scolaires et des cours à distance.
L’éducation nationale : Assurer la reconversion de la grande masse de détenteurs de Master 2 scientifiques motivée par l’informatique
L’existence d’une grande masse de compétences, dans le domaine de la réalisation de logiciels, est une exigence pour l’offshore.
« L’Inde a raté l’ère industrielle, mais elle ne ratera l’ère de l’information » tel est le slogan du gouvernent Indien.
Aujourd’hui, le gouvernement indien prend totalement en charge la formation de plus de
100 000 ingénieurs par an et la Chine, qui est le centre commercial mondial, plus de 400 000 ingénieurs par an.
Atos ambitionne de recruter 2 000 ingénieurs au Sénégal à l’horizon 2019, et sachant que cette réussite d’implantation d’Atos entrainera avant cette échéance, l’arrivée de nouvelles entreprises internationales et la création de nouvelles entreprises locales ; il est plus qu’urgent de former des ingénieurs et des milliers de Master 2 en informatique et cela est possible.
Le Sénégal regorge d’une grande masse de détenteurs de Master 2 qui ne trouvent pas encore leurs voies, et c’est l’occasion de reconvertir ceux qui parmi eux, seraient motivés par l’informatique.
Le problème de l’inadéquation de la formation se pose partout dans le monde; c’est pourquoi en France , Atos , à l’exemple d’autres entreprises, est présent dans les écoles d’ingénieurs, à travers sa Chaire Atos (que j’anime), pour contribuer à la formation de futurs ingénieurs.
Cette année Atos a l’ambition de recruter 1500 jeunes ingénieurs, au niveau de la France.
Apix : Organiser un séminaire sur le thème « Conditions de réussite de l’offshore numérique au Sénégal »
L’organisation, par l’Apix ou un organisme de l’état, d’un séminaire sur «les conditions de réussite de l’offshore » est nécessaire.
Au-delà des investissements financiers, une sensibilisation est essentielle quant aux investissements humains attendus ; pour ne citer que :
- Le respect des engagements par rapport au travail. Le facteur temps détermine la rémunération du travail attendu : notamment le temps passé pour la réalisation des travaux et les délais d’exécution.
- Le respect de la propriété intellectuelle
A cette jeunesse qui doute d’elle même
Le Sénégal est un réservoir d’emplois inexploité. Exploiter ce réservoir, au profit de cette grande masse de jeunes qui doutent d’elle-même, requiert de la part des acteurs concernés de la sincérité dans les priorités et de la détermination dans les actions à entreprendre.
Que la jeunesse sénégalaise soit consciente qu’il n’y a pas que la LMD (Lutte, Musique et Danse) et la politique. Cette politique malheureusement débouche le plus souvent sur la politique politicienne. Et comme disait Feu le président Kéba Mbaye : « la politique politicienne est le métier le plus facile à exercer au monde, puisqu’il ne nécessite ni formation, ni éthique ! ».
La réussite d’Atos est donc un challenge à relever.
A ceux qui veulent s’en sortir, par le savoir et le savoir-faire, Atos leur tend la main.
* Mouhamadou Sall
Senior It Consultant & Architect
Atos
Bezons France
*Ancien Directeur Technique de la Pana
*Expert Unesco du PIDC