COMMENTAIRES D’ORDRE GÉNÉRAL
I. APERÇU GÉNÉRAL
L’initiative de consolider les multiples documents de stratégie existants en un seul, le Plan Sénégal Emergent (PSE), est bonne en soi. Elle produit, pour les sénégalais et les partenaires au développement une cohérence et une certaine visibilité de l’action publique sur le long terme avec comme ambition d’atteindre l’émergence en 2035. Le PSE, pour parvenir à l’émergence, présente trois axes stratégiques : (i) Transformation Structurelle de l’économie
et Croissance ; (ii) Capital humain, Protection sociale et Développement durable ; (iii)
Gouvernance, Institutions, Paix et Sécurité. Les deux derniers axes reprennent ceux de la
SNDES et l’innovation apportée par le PSE est le contenu de l’Axe1. Les trois axes
s’inscrivent dans la dynamique du choix prospectiviste d’un horizon temporel de 20 ans (cf
page 49 PSE). Ensuite, sans avoir exprimé par une méthodologie de passage entre les axes à
long terme et la déclinaison décennale, il est affirmé, brusquement, que le PSE est
opérationnalisé en tranche quinquennale. En d’autres termes, en fixant la direction à suivre,
les axes servent de repères pour guider les choix stratégiques à moyen terme. Ce processus de
déclinaison et d’opérationnalisation en séquences quinquennales ne transparaît pas
explicitement dans le document.
Le séquençage quinquennal du Plan Sénégal Emergent sur la période (2014–18), ne donne
aucune indication claire et de façon explicite des objectifs stratégiques précis, mesurables et
réalisables accompagnés de cibles et d’indicateurs socio-économiques sur la période 2014-
2018.
La lecture du document ne permet pas, également, de percevoir les liens entre le diagnostic
socioéconomique et les stratégies proposées. La cohérence du document gagnerait aussi à être
améliorée : par exemple l’accès à la protection sociale du secteur informel devrait être inscrit
dans la partie consacrée à la protection sociale. De même les hubs “Dakar Campus Régional
de référence ou Dakar Medical City” devraient respectivement être inscrits dans les secteurs
de l’éducation et de la santé. La concentration de projets à Dakar, ne milite pas en faveur d’un
désengorgement de la capitale.
La nouvelle stratégie vise à renforcer le système national de suivi et d’évaluation.
L’importance à accorder aux statistiques pour disposer des données fiables indispensables
pour les décideurs politiques n’est pas bien ressortie dans le document. La liste d’indicateurs
de performance sélectionnés devra être affinée dans une logique de cohérence avec la
stratégie.
Le PSE ne ressort pas de manière explicite les aspects liés à la mise en oeuvre des projets
phares et à l’effectivité des réformes majeures à opérer dans l’immédiat notamment le
principal pré requis à l’émergence. Le document ne précise pas sous quelle tutelle se fera la
mise en oeuvre du PSE. Par ailleurs, dans un contexte de rationalisation des structures de
l’Etat, il n’est pas précisé l’articulation de l’Unité de coordination du PSE avec celle déjà
existante dénommé Unité de Coordination et de Suivi de la Politique Economique (UCSPE)
logée au Ministère de l’économie et des finances.
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II. LA VISION
La nouvelle vision d’un “Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un Etat de
droit” doit faire l’objet d’un large partage avec toutes les couches de la société sénégalaise en
vue d’une appropriation nationale. Il est important que la vision résiste aux changements
politiques. Cette vision donne au secteur privé un rôle moteur dans la croissance économique.
A cet égard, il faut saluer l’engagement du Gouvernement de promouvoir le secteur privé
national dont le poids reste relativement marginal dans la plupart des secteurs stratégiques de
l’économie nationale. En effet, le rôle de l’investissement privé national s’avère crucial dans
le cadre du développement du Partenariat Public – Privé (PPP) et de l’établissement de jointventures
avec l’investissement privé étranger.
L’analyse, Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces n’a pas abouti. Les principaux
constats ressortant de l’analyse diagnostique aussi bien internes et externes doivent conduire à
poser un diagnostic stratégique. Le Sénégal est en effet caractérisé, d’une part, par certaines
forces distinctives sur lesquelles il peut capitaliser et par plusieurs atouts pouvant favoriser
son développement. D’autre part, la réalisation de ses objectifs laisse apparaître un certain
nombre de faiblesses et handicaps à corriger. L’analyse de l’environnement stratégique du
Sénégal fait ressortir un certain nombre d’opportunités et de potentiels de développement
pouvant être saisis, mais également des menaces et contraintes externes qui devront être
contournées. Au rang des opportunités/atout, le rôle central que joue le dividende
démographique ainsi que la progression de l’urbanisation en termes de demande croissante de
logement, de biens de consommation alimentaires et autres, de service devront être mis en
relief.
III. LE CADRAGE MACRO-ÉCONOMIQUE ET LE PAP
L’articulation entre le cadre macroéconomique proposé et les projections sectorielles n’est pas
très claire et gagnerait à être mieux explicitée.
La Stratégie présente trois scénarii macroéconomiques, ainsi que leur coût, ce qui constitue un
cadre utile pour mobiliser des ressources et définir les dépenses prioritaires. Le scénario
Stratégie d’émergence (tableau N°12) repose sur un objectif d’un taux de croissance moyen
de 7.1% sur la période 2014-2018. Ce scénario apparaît trop ambitieux au regard des
tendances les plus récentes. En effet, le document reconnaît (p 4) que la croissance moyenne
du PIB sur la période 2008-2012 a atteint 3.1%.
Le scénario d’émergence retiendrait une hypothèse d’aggravation du déficit budgétaire. Le
Gouvernement souhaiterait sous le scénario d’émergence, différer l’objectif de 4% du déficit
budgétaire à l’horizon 2018, alors que le programme ISPE le prévoit pour 2015. Cela
suppose, si l’on veut préserver parallèlement les priorités de la Stratégie, de déployer sans
faille et durablement des efforts de mise en oeuvre des réformes visant à améliorer l’efficience
et l’efficacité des dépenses publiques tout en renforçant les dispositifs de protection sociale.
Si le PIB et les recettes progressent plus rapidement dans le scénario optimiste, la nécessité de
préserver la viabilité de la dette et de reconstituer une marge de manoeuvre pour pouvoir
mener une politique contra-cyclique doit rester une considération essentielle. Cette question
fera certainement l’objet de discussions avec le FMI.
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Le PSE (cf. p 348) met l’accent sur la diversification des moteurs de la croissance. Cependant,
il convient de noter que la croissance moyenne des exportations de biens et services
augmenterait de 7.2% sur la période, soit du même ordre de grandeur que le taux de
croissance du PIB réel. Cela signifie que les exportations n’apportent pas une contribution à la
croissance du PIB. Ce point est d’importance, car pour la grande majorité des pays émergents,
les exportations ont joué un rôle déterminant dans le processus de croissance avec un rythme
de progression des exportations plus rapide que le rythme de croissance du PIB.
Des réformes structurelles ambitieuses sont nécessaires pour accélérer la croissance. Pour la
trajectoire de croissance du scénario de décollage, on suppose implicitement que la
productivité totale des facteurs (PTF), qui a diminué de 2006 à 2011, reviendra à un taux de
croissance régulier analogue à celui observé entre 1995–2005, encore que, durant cette
période, l’environnement extérieur était sans doute plus favorable que celui qu’il est possible
d’anticiper pour les cinq prochaines années. La hausse du revenu par habitant qui en
résulterait aiderait à réduire sensiblement la pauvreté. Le scénario optimiste prévoit une
croissance du PIB (et de la PTF) encore plus forte, il marquerait donc une rupture radicale
avec le passé et se traduirait par une nette réduction de la pauvreté. Cela nécessiterait sans
doute une mise en oeuvre rapide et soutenue des réformes profondes, principalement sur
l’énergie, les infrastructures, le climat des affaires, etc. afin d’améliorer l’efficience de l’État.
Concernant l’évolution budgétaire, le tableau N° 13 compare les projections du déficit sous le
scénario PSE avec la cible dans le cadre de l’ISPE. (note : le document parle de déficit
“hors dons” alors que la référence est le déficit “dons compris”).
IV. LE DIAGNOSTIC ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
Le document établit un diagnostic économique et social exhaustif, objectif et sans
complaisance. Il met clairement en relief les performances économiques mitigées du Sénégal,
au cours des cinq dernières années, malgré les investissements relativement importants- alors
que la plupart des pays de l’Afrique Sub-Saharienne ont enregistré sur ladite période une
croissance forte, en dépit d’un contexte économique mondial difficile.
Il établit clairement aussi les goulots d’étranglement pour une croissance plus forte et durable.
Parmi ces goulots, le diagnostic met en lumière les retards dans la mise en oeuvre des
réformes, comme le principal facteur explicatif de la faible croissance économique. Par
contre, le diagnostic n’analyse pas suffisamment les liens de causalité entre la dégradation
progressive de l’environnement et la sous productivité des secteurs du primaire tels que
l’agriculture, la pêche, ou du tertiaire comme le tourisme. Les risques d’évènements
climatiques extrêmes dont la fréquence augmente et leur impact sur le développement
devraient être évalués afin de pouvoir être pris en compte dans les axes stratégiques de
développement du pays.
Les données utilisées dans le diagnostic économique et social sont tirées de l’enquête EDS
2011. Une mise à jour doit être faite sur la base de l’enquête EDS 2013. Les services sociaux
de base sont abordés dans le document mais l’accessibilité à ces services pour la cible jeunes,
qui constitue l’essentiel de la population, n’est pas bien prise en compte. Le taux de
prévalence du VIH/Sida doit être donné par tranche d’âge et par sexe (en mettant en exergue
les jeunes) et selon la typologie de certains groupes vulnérables.
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S’agissant de “Pauvretés et inégalités”, les données récentes indiquent que les progrès dans la
réduction de la pauvreté ont stagné. Des estimations récentes, établies à partir d’une enquête
auprès des ménages menée en 2011, ont montré que 46,7 % de la population vivent au sein
des ménages disposant d’un revenu inférieur au seuil national de pauvreté. Ce pourcentage
n’est que légèrement en deçà de celui estimé en 2005 (48,3 %) et la différence n’est pas
statistiquement significative. En fait, le nombre des pauvres a augmenté. La pauvreté reste
particulièrement importante dans les zones rurales (57,3 %), tout en n’étant pas négligeable
dans les zones urbaines (33,1 %). Les partenaires techniques et financiers partagent le
diagnostic de la pauvreté figurant dans le PSE et encouragent les autorités à renforcer
davantage leurs capacités de suivi de la pauvreté.
Concernant le diagnostic du secteur productif, il devra gagner davantage en densité en mettant
mieux en exergue l’état de fragilité et de vulnérabilité de l’économie face aux chocs exogènes
à travers une analyse approfondie du système organisationnel de l’économie pour améliorer la
productivité, l’efficience et la compétitivité.
V. AXES STRATÉGIQUES
AXES 1 : TRANSFORMATION STRUCTURELLE DE L’ECONOMIE ET CROISSANCE
Le chapitre IV qui traite les fondements de l’émergence devra être transféré dans cette partie.
Car, la stratégie est manifestement axée sur les réformes amenant les changements
transformationnels. À cet égard, les autorités sont encouragées à rationaliser le
fonctionnement de l’administration publique afin d’assurer une prestation efficace des services
publics propices aux affaires. Les partenariats public-privé (PPP) pourraient être importants
dans la promotion des investissements, en particulier dans le secteur des infrastructures.
Cependant, ils devront être structurés soigneusement de façon à ce que : (i) la répartition des
risques entre les secteurs public et privé soit adéquate et (ii) les projets apportent de la valeur
par rapport aux investissements consentis.
Cet axe qui identifie les secteurs qui vont servir de moteurs de la croissance inclusive est très
bien structuré et expose une stratégie, avec des projets concrets, qui donne corps à la vision
exprimée. Cependant cette stratégie peut avoir quelques effets pervers :
les secteurs choisis et bénéficiant d’un appui privilégié de l’Etat peuvent avoir des
niveaux de rentabilité artificiellement gonflés et attirer indûment les ressources
(travail, capital) antérieurement employées dans les autres secteurs.
la stratégie risque enfin d’aggraver le déséquilibre entre Dakar et le reste du pays,
puisque l’essentiel des projets d’infrastructures et des investissements structurants
sont concentrés sur Dakar et sa région.
L’importance accordée à la politique de l’emploi des jeunes est assez marginale étant donnée
le défi qu’il (l’emploi) représente dans les priorités économiques. Pour profiter pleinement
des avantages d’un bon climat des affaires et créer des emplois, les autorités sont encouragées
à réformer en profondeur le marché du travail. La promotion de l’emploi des jeunes à travers
des travaux publics, quoique bienvenue, reste une solution temporaire; réduire les asymétries
de l’information, améliorer les institutions du marché du travail et le développement des
compétences sont également nécessaires, mais non suffisants, pour réduire les déséquilibres
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structurel. Pour renforcer le fonctionnement du marché du travail afin de l’aider à répondre
aux besoins du secteur privé et promouvoir la compétitivité, il faudra simplifier et améliorer
la réglementation du travail au niveau national.
Les transformations de l’économie sénégalaise sont attendues sur celles du développement
rural dans le processus de réduction de la pauvreté. La Stratégie s’appuie fermement sur la loi
d’orientation agro-sylvo-pastorale et le programme national d’investissement agricole qui
envisage une croissance annuelle du PIB agricole de 6% et des investissements publics
équivalant à 10 % du budget national. Puisque l’investissement national dans l’agriculture
atteint déjà cet objectif ou en est proche, alors que la croissance est beaucoup plus faible, il
sera important d’améliorer l’efficience de la dépense publique dans ce secteur.
Le rôle important du secteur de l’énergie est reconnu. La Stratégie insiste sur une
augmentation des capacités de production, en prêtant une attention particulière aux sources
renouvelables d’énergie, une amélioration de l’accès dans les zones rurales, la conservation de
l’énergie et une réforme de la société nationale d’électricité. Le défi à relever est celui de la
mise en oeuvre. Il faudra poursuivre sans tarder la réalisation de vastes projets d’augmentation
des capacités de production en utilisant des technologies plus rentables. Une participation
accrue du secteur privé pourrait aider à améliorer la prestation des services et à réduire les
coûts pour l’État. Il est urgent de restructurer la société nationale d’électricité, à l’aide
notamment de mesures visant à améliorer la qualité de ses services, tout en réduisant les
écarts tarifaires et les coûts budgétaires qui en résultent.
Le rôle important de l’agriculture commerciale et du développement de l’économie rurale pour
la résorption du chômage et la création de richesses est souligné. Trois préalables méritent
cependant d’être soulignés en ce qui concerne la maitrise du foncier, de l’eau, et la
réorganisation de la chaine des valeurs.
L’importance des autres projets d’infrastructures est reconnue, mais davantage de détails
seraient les bienvenus. Les projets pourraient aider fortement à délocaliser des activités
économiques de la région immédiate de Dakar, tout en encourageant le tourisme, les
nouvelles entreprises à vocation exportatrice et la création de liens avec le reste du pays et de
la région. Le Sénégal aura besoin d’un modèle de croissance soutenant le développement
régional au-delà de Dakar.
AXES 2 : CAPITAL HUMAIN, PROTECTION SOCIALE ET DEVELOPPEMENT DURABLE
Il est important de mettre en relation le développement du capital humain et le dividende
démographique et montrer que le développement d’un secteur à lui seul ne pourra pas
permettre à un pays de profiter du bonus démographique. Tous les secteurs (santé, éducation,
économie, gouvernance) doivent évoluer ensemble pour que leur interdépendance soit visible
et permettre le développement durable. L’analyse de la situation démographique doit
contribuer à accroître l’efficacité et l’impact stratégique de l’aide technique en matière de
population et de développement lors de la formulation et de la mise en oeuvre des politiques
publiques.
Le Sénégal a peu de chance d’atteindre l’OMD sur le taux d’achèvement des études primaires.
Les questions d’efficience et d’efficacité de la dépense publique sont cruciales au Sénégal. Il
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est nécessaire d’améliorer la répartition intra sectorielle et la gestion financière des fonds
publics, ainsi que le contrôle des prestataires de services. Dans le secteur de l’éducation, le
défi sera d’obtenir de meilleurs résultats d’apprentissage pour tous les enfants, de rehausser la
qualité de l’enseignement et la performance de l’éducation primaire, secondaire et supérieure
et de réduire les dépenses inefficientes.
Dans le secteur de la santé, les autorités devraient améliorer l’efficience et la qualité de l’offre
de services. Cet objectif pourrait être atteint grâce aux mesures suivantes : (i) concevoir et
mettre en oeuvre des réformes des hôpitaux qui permettrait de mieux maîtriser les dépenses (et
de dégager ainsi un espace budgétaire), (ii) rétablir un certain contrôle sur les prestataires de
services (en amplifiant le projet pilote de financement basé sur les résultats), (iii) établir pour
les investissements publics un ordre de priorité favorisant plus les centres de soins de santé
primaire que les hôpitaux et (iv) mettre au point une politique visant à attirer des personnels
de santé qualifiés dans les zones rurales.
La conception de la couverture maladie universelle et de la bourse de sécurité familiale sont à
féliciter. En général, il s’agira d’améliorer la qualité et la fiabilité des statistiques, en
s’appuyant sur les résultats du prochain recensement de la population. Cela aidera à mieux
planifier les services sociaux et à mieux les cibler en faveur des pauvres.
Les performances réalisées au cours de la dernière décennie dans le domaine de la
malnutrition devront être maintenues. Le Sénégal est à l’avant-garde dans la mise au point
d’une politique de nutrition préventive en Afrique subsaharienne ; le pays estimant que la
malnutrition n’est pas seulement un problème purement et simplement lié à la crise, mais a
aussi des conséquences directes et spectaculaires sur la santé maternelle, la survie des enfants,
le développement du cerveau et la productivité des adultes.
Dans le cadre du développement et de l’amélioration de la protection et l’assistance sociales,
le défi fondamental sera de créer des mécanismes de ciblage liés à des objectifs
programmatiques afin d’atténuer les facteurs de vulnérabilité. Cela nécessitera de consolider
les divers transferts aux groupes vulnérables dans un ensemble cohérent d’interventions et de
passer du mode de transfert souvent universel et inconditionnel en vigueur à des transferts
mieux ciblés et conditionnels au profit de ceux qui sont vraiment vulnérables.
Le secteur sénégalais de l’eau et de l’assainissement est l’un des plus développés de l’Afrique
subsaharienne. L’OMD concernant l’adduction d’eau en milieu urbain a été atteint à hauteur
de 98 % et l’objectif en milieu rural (82 %) est à portée de main. En revanche, les défis restent
importants dans le sous-secteur de l’assainissement où l’objectif est de faire passer l’accès à 70
% de la population rurale, contre 47 % en 2011.
Si le développement durable et la gestion durable des ressources naturelles sont annoncées
dans le Plan, très peu de précisions sont apportées quant à la mise en oeuvre de ces principes
en particulier dans les projets qui détaillent les actions concrètes et ne prennent pas en compte
la question environnementale.
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AXES 3 : GOUVERNANCE, INSTITUTIONS, PAIS ET SECURITE
L’axe gouvernance et droits humains de la Stratégie repose judicieusement sur cinq principes
et règles clés : (i) renforcer la démocratie et protéger les droits humains, (ii) mieux gérer les
finances publiques et contrôler les opérations de l’État, (iii) aligner les dépenses publiques sur
les priorités en matière de développement, (iv) promouvoir l’éthique, la transparence, la
responsabilité et l’efficacité dans le domaine de la dépense publique et (v) encourager le
dialogue sur les politiques publiques et la participation à leur mise en oeuvre. Le respect de
ces cinq règles nécessite d’avoir foi dans des valeurs communes pour créer et entretenir un
climat de confiance mutuelle entre les différentes parties prenantes dont l’État, les collectivités
locales, le Parlement, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement.
Le rapport de 2011 sur les dépenses publiques et la responsabilité financière (évaluation
PEFA) a noté des progrès dans l’exhaustivité et la transparence du budget et son alignement
sur les priorités des autorités, ainsi que dans la passation des marchés publics. Le rythme de la
réforme de la GFP devrait être poursuivi. Les directives de l’UEMOA sur la GFP étant
maintenant transposées dans la législation nationale, il conviendrait de les appliquer
intégralement selon le calendrier prévu. Il est également nécessaire d’améliorer l’évaluation et
la gestion des risques budgétaires liés aux opérations de partenariat public-privé, à des projets
publics, comme la création envisagée de zones économiques spéciales, et aux activités des
entreprises et agences publiques.
Il convient de saluer l’intention des autorités de renforcer le cadre judiciaire, la
décentralisation et le rôle du Parlement. Dans le domaine de la justice, la Stratégie vise
essentiellement à en améliorer l’accès par une décentralisation au profit des tribunaux locaux
et par l’octroi d’une assistance juridique à la population et aux groupes vulnérables.
L’attention portée à la question de l’égalité entre les sexes comme thème intersectoriel est à
féliciter. Son importance est adéquatement soulignée dans de nombreux domaines, dont
l’agriculture, l’éducation, la santé, la protection sociale, la justice et les collectivités locales.
Paragraphe 280 : Point (ii) Rajouter la promotion des budgets sensibles aux enfants. C’est en
droite ligne avec la question du bonus démographique du chapitre diagnostic mais aussi une
opportunité d’augmenter la visibilité, d’institutionnaliser et de mettre à l’échelle nationale
l’approche BP CLAE.
Ajouter dans l’avant dernière ligne du point (ii) et aux enfants. La nouvelle écriture pour ce
bout de phrase sera « la promotion des budgets sensibles au genre et aux enfants, et le
renforcement de la transparence ».
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VI. RECOMMANDATIONS
La priorité donnée à une accélération de la croissance et à la stabilité macroéconomique est
justifiée, mais nécessite une mise en oeuvre vigoureuse et déterminée des réformes exposées.
Il est en outre encourageant l’attachement des autorités à un certain nombre de principes
cruciaux pour le développement humain, dont l’équité entre les sexes, la participation de la
société civile et le développement régional.
Les chocs exogènes et la résistance aux réformes structurelles sont des risques qui pourraient
compromettre le succès de la mise en oeuvre de la Stratégie. Les chocs exogènes sont
notamment des évènements comme les sécheresses, une envolée des cours du pétrole ou des
denrées alimentaires, un fléchissement de l’environnement économique et la poursuite de
l’instabilité politique dans la région (au Mali, par exemple). Les conséquences de ces chocs
pourraient être atténuées en déployant des efforts constants pour diversifier l’économie et en
accroître la capacité de résistance. La mise en oeuvre continue de politiques
macroéconomiques saines aidera à constituer des volants de sécurité qui pourraient être
utilisés en cas de chocs perturbateurs. Il faut affronter la seconde catégorie de risques en
appliquant énergiquement les réformes visant à améliorer le climat des affaires. Des efforts
soutenus en vue de renforcer l’appropriation des réformes par toutes les parties prenantes
seront également cruciaux.
L’accélération des autres réformes structurelles. Outre la gestion des finances publiques et
l’administration fiscale et douanière, des réformes dans le secteur agricole et d’autres mesures
visant à améliorer le climat des affaires et la gouvernance favoriseraient la croissance, le
développement du secteur privé et la réduction de la pauvreté.
La répartition des fruits de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. Il est important de
prendre conscience des répercussions potentielles de la progression des inégalités sur la
stabilité économique et sociale, ainsi que de la nécessité de mettre en place une protection
sociale durable.
Veillez à une meilleure définition des priorités et séquence des actions. Il convient de prêter
une attention particulière au réalisme, aux coûts et au financement des mesures à mettre en
oeuvre dans l’avenir immédiat tout en tirant pleinement profit de la contribution potentielle des
partenaires du développement et du secteur privé.
Il est nécessaire d’avoir une stratégie claire après l’organisation du Groupe Consultatif
afin de créer les conditions d’une mise en oeuvre correcte des projets sur la base des
ressources mobilisées. Actuellement, la capacité d’absorption des fonds n’est pas
optimale.
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COMMENTAIRES SPECIFIQUES
AGRICULTURE
La stratégie mise sur une forte croissance de l’agriculture commerciale pour la résorption du
chômage et la création de richesses. Comment rendre performantes les exploitations agricoles
qui constituent la majorité des exploitations au Sénégal. Cela suppose la satisfaction de trois
préalables : i) la résolution de la question foncière; ii) la maitrise de l’eau; iii) la
réorganisation des chaines de valeurs. La stratégie ne s’est pas prononcée de façon claire sur
la question foncière qui demeure une problématique majeure qui plombe le secteur agricole.
Aucun plan d’actions détaillées sur la résolution du foncier n’est adossé au PSE. Ceci de
meure le préalable avant toute action de développement de l’agriculture. Des pistes claires
doivent être dégagées pour assurer aux acteurs une meilleure protection de leurs
investissements. Elle ne donne pas non plus de voies à suivre pour la maitrise de l’eau
agricole qui reste également un point crucial comme en témoignent les efforts fournis ces
dernières années avec les bassins de rétention, la mobilisation des eaux de ruissellement par
les ouvrages de rétention. Le Sénégal regorge de bas-fonds et l’aménagement (à travers la
construction d’ouvrages de retenues d’eau a portée des communautés) et la valorisation de ces
derniers est fondamental si on veut atteindre l’autosuffisance en riz. La disponibilité de l’eau
sur une longue période après la saison des pluies peut permettre de mieux développer aussi les
activités maraichères et arboricoles en milieu rural. Ces préoccupations ne sont pas reflétées
dans le PSE. L’eau de qualité est une denrée essentielle dans l’agriculture commerciale qui
obéit à des normes sanitaires strictes pour un accès sûr au marché international. En somme,
les stratégies pour adresser efficacement les prérequis n’ont pas été déclinées en profondeur.
Le PSE ne ressort pas de manière explicite les aspects liés à la mise en oeuvre des projets
phare et à l’effectivité des réformes majeures à opérer qui ne sont pas toujours en cohérence
avec celles en cours (le PSE met l’accent sur le développement de la filière arachidière alors
que l’orientation de la politique actuelle du Gouvernement tourne autour de l’autosuffisance
en riz). Quid de la diversification des produits agricoles ? Par ailleurs, le PSE fait référence à
un objectif d’autosuffisance en riz de 1 millions de tonnes de riz blanc à l’horizon 2018 alors
que les nouveaux documents de planification du MAER prévoient l’atteinte de ce résultat à
l’horizon 2017 (PRACAS).
Les réformes à opérer sont cruciales pour la mobilisation de l’investissement privé. Elles sont
d’autant plus importantes que le PSE est construit sur un scénario de financement direct de
l’agriculture de l’ordre de 396.6 milliards sur la base de PPP. Il importe de donner plus de
précisions sur le timing des réformes.
Aucune référence à l’agriculture durable (intrants, gestion durable des terres etc., forte
implication et appropriation des communautés à la base …) n’est faite dans les projets
agricoles identifiés dans le PSE dont le nombre (100 à 150 alloués à l’agriculture) est tout à
fait dérisoire.
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Les risques liés aux évènements climatiques extrêmes (inondations, sécheresses) sont très peu
pris en compte dans le PSE.
Le PSE renferme peu d’éléments concrets par rapport à la matérialisation de l’objectif de
développement de l’agriculture familiale en comparaison de l’agriculture commerciale qui est
bien développée. De fait, la professionnalisation des exploitations familiales reste non traitée
et aucune référence à l’emploi n’est donnée pour ce qui concerne ce type d’agriculture.
L’articulation entre les grandes fermes agricoles et les exploitations familiales n’est pas
établie clairement.
Il importe d’établir des liens avec l’aménagement du territoire et de veiller au fait que le
développement de pôles urbains n’empiète sur l’utilisation des terres pour l’agriculture périurbaine
(surtout le maraichage et l’arboriculture).
L’analyse des chaines de valeurs fait souvent abstraction des fournisseurs d’intrants
(semences, engrais, produits phytosanitaires homologués) et des prestataires de services
(prestation de labour, prestation en gestion comptable, fournisseurs de données sur les
marchés, courtiers en produits agricoles, distributeurs etc.). Le PSE doit expliquer clairement
quelle est la politique de l’état en matière d’incitation à l’accès aux intrants par les
agriculteurs. Un soutien aux infrastructures de stockage (pour faire face aux pertes énormes
des produits récoltes) est fondamental. L’appui aux équipements de transformation
(décortiqueuses, batteuses, etc.) contribue à une meilleure valorisation des produits. Un accent
doit être mis également sur la commercialisation (prix incitatifs) des productions locales et
leur transfert des zones excédentaires aux zones déficitaires. D’ailleurs ces gaps dans
l’analyse et l’absence de prise de décision pour combler les insuffisances sont en général à
l’origine des contreperformances dans le secteur. L’exemple de l’aquaculture qui figure dans
la stratégie est illustrateur de ces insuffisances. Au Sénégal, il n’existe aucune fabrique
d’aliment de poissons (tout est importé) alors que les minoteries avec quelques
réaménagements devraient être est mesure de mettre sur le marché le produit. Les produits de
base utilisés pour la fabrique d’aliment de bétail (maïs, tourteaux, farine de poison) sont
quasiment identiques à la seule différence qu’il faut pour l’aliment poisson le rendre flottant
dans l’eau.
PECHE
Selon “le Décret fixant les modalités d’application de la loi portant code de la pêche” et “la
Lettre de politique des pêches”, les mécanismes de concertation et de participation des acteurs
dans la gestion des pêches ont été définis comme l’organisation de concertation est “Conseils
Locaux de Pêche Artisanale (CLPA)” et comme la mesure de participation est “cogestion,
etc”. Donc nous proposons de supprimer le paragraphe 92 (iv) dans le document.
P 55. Selon des longes expériences d’essai de la gestion des ressources halieutiques au
Sénégal, pour réaliser la gestion durable des ressources halieutiques au Sénégal, on a constaté
qu’il est important de promouvoir la cogestion de ressources halieutiques et de pêcheries.
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Donc nous proposons comme nous proposons la formulation suivante : “la gestion durable des
ressources halieutiques par la cogestion en appliquant des plans d’aménagement des
pêcheries”.
P 56. Concernant l’aquaculture, la création de stations de production est prématurée puisqu’il
n’y pas beaucoup de promoteurs.
Pour l’accroissement de la valorisation des ressources halieutique, il faut mettre l’accent sur la
réalisation des infrastructures, l’amélioration des conditions de mise aux normes des produits,
etc.
Pour le renforcement des moyens de contrôle pour l’accès à la ressource, nous suggérons de
mettre l’accent sur l’autocontrôle et l’auto surveillance
ENERGIE
Le document affirme la place primordiale de l’énergie dans le développement économique
envisagé et se propose de réduire le prix de vente de l’électricité à près de 60 FCFA/kWh
mais les sources de production envisagées tournent majoritairement vers la production
thermique qui reste très onéreuse. Sur quoi le Gouvernement pense-t-il agir pour pouvoir
baisser le prix de vente et donc la facture des consommateurs ?
L’assainissement de la situation financière de la SENELEC qui a été évoqué est fondamental.
En tant qu’unique acheteur à date auprès des producteurs privés existants ou à venir, la
solvabilité de la SENELEC favoriserait l’incitation du secteur privé. Il faudrait donc un
diagnostic financier et opérationnel approfondi de la SENELEC et la mise en oeuvre
courageuse des recommandations pour une amélioration rapide de sa situation financière.
Une mise à jour du plan directeur des investissements dans le secteur et son respect strict
serait une voie salutaire pour le sous-secteur de l’électricité dans lequel les improvisations ne
font qu’empirer la situation car l’expérience a montré que les solutions d’urgence sont
onéreuses et plombent davantage le sous-secteur.
INFRASTRUCTURES ET TRANSPORT
Chemin de Fer Dakar – Bamako:
Peu de progrès ont été faits pour améliorer les infrastructures ferroviaires au Sénégal comme
c’est le cas dans la plupart des pays de la région. Ce projet déjà discuté en détail avec les
autorités sénégalaises, présente un potentiel significatif. De nombreuses études tant sur le plan
technique que de la régulation ont été réalisées au cours de trois dernières années et le
Gouvernement dispose ainsi d’un bon socle d’informations pour aller de l’avant assez
rapidement. La décision de garder, du moins dans un premier temps, l’écartement métrique,
est bienvenue au regard du coût de la mise en écartement standard, alors même que celle-ci ne
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semble pas justifiée au vu des trafics attendus et des coûts d’investissement générés par le
passage à l’écartement standard. Toutefois, l’investissement envisagé, de l’ordre d’un milliard
de dollars pour le seul Sénégal, peut sûrement être revu à la baisse dans le cadre d’une
démarche graduelle, qui requerrait dans un premier temps des investissements prioritaires de
l’ordre de 200 à 300 millions de dollars. Il n’est pas nécessaire a priori, dans un premier temps
et sur les sections dont la réhabilitation complète n’est pas prioritaire, d’offrir des vitesses de
120 km/h pour les passagers et de 80 pour le fret. 80 et 50 km/h respectivement pour les
passagers et le fret doivent pouvoir suffire, quitte à améliorer les performances de la ligne à
long ou moyen terme quand son potentiel sera confirmé. En tout état de cause, certaines
étapes préliminaires devront être franchies avant d’aller de l’avant de de compter sur un appui
ferme des bailleurs, parmi lesquelles on peut citer: (i) la réactivation du comité ad-hoc chargé
de la restructuration de la concession du chemin de fer Dakar-Bamako, du comité de suivi, et
de l’organe de suivi de la concession. Des services et/ou directions à définir au niveau de
chacun des deux pays serviront de points focaux pour cette action et d’interlocuteurs pour les
partenaires techniques et financiers, (ii) le paiement des arriérés concernant les récentes
études réalisées et en cours sur le chemin de fer Dakar-Bamako, (iii) la mise à jour des études
existantes qui sont pertinentes pour le chemin de fer Dakar-Bamako, et réalisation
d’éventuelles études complémentaires, dont une étude sur le potentiel de trafic (iv) la
résolution du problème de dettes croisées entre Transrail et les deux Etats en conformité avec
l’accord de concession existant et (v) la mise en oeuvre de la restructuration de la concession
en passant de la concession intégrale actuelle à un modèle viable techniquement et
financièrement;
Navette Aéroport:
la justification de ce projet passe d’abord par l’estimation de la demande potentielle qui
prendrait en compte notamment les points suivants : (i) les personnes qui prennent l’avion,
c’est-à-dire la population aisée, sont-elle susceptibles au Sénégal de prendre les transports en
commun, en particulier si elles se déplacent avec des bagages encombrants et doivent prendre
un bus ou le taxi pour rejoindre la gare la plus proche de leur origine ou destination?, (ii) la
plupart des touristes ne vont pas à Dakar mais partent plutôt vers la Petite Côte et/ou Saint-
Louis, et ne sont donc pas des clients potentiels de la navette, (iii) il y a peu d’espace
disponible à Dakar pour l’installation de nouvelles voies or il est probable qu’une navette de
qualité requière une voie dédiée, car sa vitesse et la fréquence de ses arrêts risque de rendre sa
circulation incompatible avec d’autres trafics ferroviaires (minier, train urbain, etc…), (iv)
cette navette aurait un impact négatif (quoique modérément négatif probablement) sur le trafic
de l’autoroute et les revenus du concessionnaire, qui n’a pas manqué d’inclure dans son contrat
un clause de révision en cas de modification des conditions de concurrence, (v) l’autoroute
restera probablement plus compétitive tant en termes de coût que de temps de parcours et de
commodité. Il faut veiller à ce que ce projet ne génère pas des pertes d’exploitations
récurrentes, année après année, que devra couvrir l’Etat, au-delà de l’investissement initial
requis, déjà considérable.
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Port de Bargny:
Clairement un projet prometteur et nécessaire, notamment si le potentiel minier du Sénégal se
matérialise. Il se justifie ne serait-ce que pour éviter l’étouffement de Dakar. Il est aussi
complémentaire de la réhabilitation du Dakar-Bamako, les deux projets venant se renforcer
mutuellement. Nous ne disposons toutefois pas de suffisamment d’informations pour valider
les données relatives au coût estimatif et aux prévisions de trafic. Par ailleurs, la ventilation
des coûts d’investissement entre public et privé ne semble pour l’instant pas avoir été
examinée et doit être considérée avec attention.
Port de Kaolack:
Là encore, il nous est difficile d’avoir une opinion sur le coût estimatif et les prévisions de
trafic. Si le port de Bargny se matérialise, peut-être faudrait-il envisager dans un premier
temps la possibilité pour celui-ci d’accueillir les navires céréaliers?
INTEGRATION REGIONALE
Le Plan Sénégal Emergent présente un certain nombre d’actions destinées à renforcer
l’intégration (hub logistique et industriel à la page 53, un hub multiservices et touristique à la
page 54, réseau intégré multimodal de transport maritime, fluvial, routier et ferroviaire à la
page 75). Mais ces actions reposent plus sur une vision que sur une stratégie cohérente et
intégrée qui analyse objectivement les forces, faiblesses, opportunités et risques (sur la base
d’une matrice «Forces Faiblesses, Opportunités et menaces » avec un chronogramme réaliste
de mise en oeuvre des mesures et réformes. L’analyse manque une matrice FFOM.
SANTE
S’agissant de la construction et de la réhabilitation d’infrastructures sanitaires, il est important
de mettre l’accent, outre les hôpitaux, sur les postes et cases de santé au niveau local pour
faciliter l’accès de la majorité de la population aux soins de santé et pour une résorption des
inégalités entre le milieu urbain et le milieu rural.
A la suite du paragraphe 213, ajouter : ” Elle devra se comprendre comme la référence
ultime d’une offre de santé renforcée et mieux répartie sur l’étendue du territoire pour
garantir les conditions minimales d’une couverture sanitaire universelle par une équité
accrue dans l’accès aux soins”.
Paragraphe 43 : Au lieu de couverture médicale… dire : couverture par rapport au risque
maladie ; dans la dernière phrase, enlever le qualificatif de publique à couverture maladie.
Paragraphe 162 : Ajouter ” Dans ce cadre, le programme de couverture maladie
universelle lancée par le Président de la République constitue une orientation
volontariste de protection contre le risque maladie et de lutte contre la pauvreté et
l’exclusion”.
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EDUCATION
Des réformes sont annoncées mais une certaine incohérence est à noter : qu’au niveau des
grandes options, il est annoncé un cycle fondamentale de 10 ans (primaire, moyen et
secondaire point 238) et plus loin dans l’opérationnalisation, on parle d’éducation de base
(point 240) à travers DIPE, Daaras…Pour l’alphabétisation et l’éducation non formelle,
l’éradication, la construction de centres nouveaux(iii) et l’intégration de l’apprentissage dans
le système de la formation professionnelle et technique dans les Daaras ne militent pas pour
une bonne optimisation des ressources. Il est rappelé la nécessité d’adopter une vision
holistique et systémique de l’éducation pour une efficacité des ressources. La question du
développement des compétences et plus particulièrement de l’EFTP se retrouve plutôt bien
au coeur des préoccupations stratégiques de développement social et économique pour le
Sénégal dans ce document, de façon transversale à plusieurs niveaux. Cependant, on peut
noter que : i) La référence à l’EFTP quand elle se fait est principalement relative au domaine
formel, moins aux formes non-formels voir informel du développement des compétences (ex
par. 38 ou section 1.1.3 ; De façon sous-jacente, cela pose la problématique de disponibilité
des données et des systèmes d’information statistiques liés à la gouvernance de l’éducation et
de l’emploi, peu évoqués peut-être du fait du caractère ‘macro’ du document ii) dans les
secteurs de développement économique stratégique (partie 3.1 par exemple), l’axe et les
filières liées au développement des industries culturelles semblent peu présentes malgré le
potentiel pour le Sénégal ;iii) On retrouve une dichotomie usuelle entre le développement des
compétences et les analyses stratégiques liées à l’emploi : si le lien est noté (exemple dans
3.2.2), plus d’emphase sur la nécessité de renforcer les dispositifs d’aide à la transition entre
l’éducation/formation et l’emploi serait pertinente (aide à l’insertion, accès au
microcrédits,…), afin d’accentuer la synergie/cohérence entre les parties 3.1 et 3.2 notamment
iv) la place du Sénégal dans les espaces sous-régionaux de l’UEMOA et CEDEAO est évoqué
(p85 par 314), mais l’intégration régionale devrait notifier la nécessité du développement de
la mobilité des compétences à travers par exemple et notamment la mise en oeuvre d’un cadre
régional des certifications.
EQUITE ET EGALITE DE GENRE
L’égalité et l’équité de genre sont abordées mais elles n’apparaissent que de façon
transversale dans les autres axes. Il faudra surtout insister sur le fait qu’au niveau du chapitre
opérationnalisation, la question globalement n’est plus mentionnée De plus, la SNEEG, un
des documents de référence du pays n’est point utilisée pour informer les programmes. De
façon plus globale c’est l’absence ou la non centralité de la dimension culturelle du
développement qui est en question.
EAU ET ASSAINISSEMENT
S’agissant de hydraulique et de l’assainissement, compte tenu de la portée du PSE , nous nous
sommes plutôt attachés à souligner la nécessité d’intégrer dans la stratégie nationale et dans
l’approche institutionnelle et réglementaire du pays des points qui nous apparaissent
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significatifs aujourd’hui et pour les prochaines années et qui du reste constituent les sujets
importants du dialogue conduit par les PTF avec les autorités,
Ces points sont les suivants
Clarification des objectifs et de la chronologie d’étude et de mise en oeuvre de la
réforme de deuxième génération;
Clarification rapide du programme d’investissement en hydraulique urbaine, pour la
région de Dakar et de la petite Côte compte tenu des risques de saturation des
capacités,
Lancement des études nécessaires à la réalisation des programmes (dont KMS III)
Résorption du déséquilibre financier de l’ONAS et maintien de l’équilibre financier
de la SONES : apurement des factures d’eau de l’état, compensation des dettes croisées
et révision de la grille tarifaire (dont rééquilibrage entre les sous-secteurs) et de la
redevance assainissement;
Identification d’une stratégie d’investissement et de financement pour combler le
retard du sous-secteur assainissement. Mise en place d’un schéma institutionnel dédié
et pérenne financièrement pour la gestion des eaux usées et pluviales
(Etat/ONAS/Collectivités locales);
Sécurisation foncière effective pour la réalisation des projets et engagements forts de
l’Etat en faveur de l’acceptation sociale de projets d’intérêt public, particulièrement
les projets d’assainissement ;
Amélioration de la qualité des eaux de boisson (fer, fluor et problèmes de salinité);
S’agissant particulièrement du sous-secteur de l’hydraulique et de l’assainissement en milieu
rural :
Poursuite de la réforme du sous-secteur rural avec la mise en place effective de l’
Office des forages ruraux (OFOR) , suite à la loi votée par les députés portant création
de cet office
poursuite et contractualisation des différentes Délégations de Service Public (DPS) en
cours dans le sous-secteur de l’hydraulique rurale, visant à une plus grande
implication du secteur privé dans ce secteur
Il serait enfin nécessaire de prendre une décision sur le devenir de l’UC PEPAM après
2015
Les paragraphes (i) et (iv) de la partie relative au sous-secteur de l’eau potable et
l’assainissement (en page 64) pourraient être améliorés, comme suit :
- Sur les réformes : Cette partie doit être mieux étoffée. L’accent doit être mis sur le rôle
que le secteur privé, pourra et devra jouer dans le sous-secteur et les actions prévues
pour la viabilité financière du sous-secteur. Une allusion devra être faite aussi à ce
qui est attendu en termes de tarification ;
Sur la bonne gouvernance dans le sous-secteur de l’eau potable et de l’assainissement :
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- Il faudra mentionner la question du suivi évaluation. En effet, la mise en place d’un
système de suivi-évaluation adéquat est une condition sine qua none pour la bonne
gouvernance du sous-secteur (en particulier avec l’avènement des réformes
institutionnelles et les défis de l’agenda du développement après OMD).
MICROFINANCE
Le paragraphe 124 devrait être reformulé comme suit :
“Le sous-secteur de la microfinance reste dynamique à la suite de certaines mesures
d’assainissement du Gouvernement. ” et ajouter la phrase suivante à la suite du paragraphe :
« Toutefois, le secteur de la microfinance montre encore des faiblesses importantes (entre
autres en matière de qualité de portefeuille et de gouvernance) qu’il s’agira de résoudre à
court terme afin de pouvoir contribuer efficacement à la création d’emplois, chez les jeunes en
particulier, et par-là, à la croissance économique inclusive du pays en particulier pour le
secteur agricole et le secteur du tourisme et plus généralement au niveau du financement des
micro-entreprises et de l’inclusion financière. »
Le paragraphe 125 pourrait également inclure la micro-assurance avec la phrase suivante :
« Le développement de la micro-assurance, encore très limité à ce jour, mériterait d’être
activement soutenu afin de contribuer à la résilience des populations vulnérables en particulier
en matière de santé et agricole. Cela pourrait constituer un levier important en matière
d’inclusion financière. »
ENVIRONNEMENT
Les aspects de développement durable
Les aspects de développement durable et la gestion durable des ressources naturelles sont
présents dans le plan. Par contre peu de précisions sont apportées quant à la mise en oeuvre de
ces principes. L’important est d’avoir une claire vision de la nécessité d’un équilibre entre le
développement des activités productives et la gestion de l’environnement dont le rôle
essentiel est de garantir la stabilité des systèmes de production. Nous déplorons l’absence de
prise en compte de l’environnement dans les projets de l’annexe, qui détaillent les actions
concrètes.
Pour ce qui est des risques liés à la mise en oeuvre du PSE, les risques d’évènements
climatiques extrêmes (inondations, sècheresse) qui se sont accru avec les changements
climatiques devraient être intégrés dans le PSE afin de permettre au Sénégal de pouvoir créer
les conditions d’une production agricole régulière et constante.
Pour que les ressources naturelles puissent continuer d’exister et d’assurer la stabilité requise
pour un développement harmonieux, elles doivent contribuer au même titre que les autres
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ressources à la création de richesses. C’est le cas du Kenya ou en Afrique du Sud où les
ressources de l’environnem