2015-02-16

Les attaques et menaces de Me Wade en direction du Président Macky Sall et de son régime  ont suscité une vive réaction de la part de Dr Cheikh Oumar Anne, responsable «apériste» et maire de la ville de Ndioum.

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud)  qui martèle que «la reddition des comptes est fondamentale et non négociable» estime qu’ «il y a une dimension de psychodrame dans la vie de Wade».

Aujourd’hui c’est Abdoulaye Wade qui occupe le devant de la scène. Qu’est-ce que ça vous fait de voir un homme de son âge se mettre en première ligne pour son fils ?

Poser le problème sous cet angle ramène la question à sa dimension purement humaine, biologique à la limite, d’un père qui se bat pour son fils. Tout le monde compatit. Mais je pense qu’il faut aller au-delà de cette justification paternelle de Wade. Il y a beaucoup de Sénégalais dont les enfants ont des problèmes, qui ne descendent pas dans la rue, n’affrontent pas les forces de l’ordre. Le fait est d’autant plus étonnant quand ça vient d’Abdoulaye Wade.

Il a été président de la République et garant des institutions de ce pays. Il devait donc avoir un autre comportement, de respect des institutions parce que que nul n’est au-dessus de la loi. Il a eu en charge de faire respecter cela. Et ce droit, il l’avait obtenu des Sénégalais par le suffrage universel. Ils lui ont fait confiance par deux fois.

Donc, par respect au peuple sénégalais, il ne peut pas, il ne doit pas être dans ces postures qui ne sont pas dignes de

quelqu’un qui a été premier personnage de la République. Son comportement-là est à condamner. Il faut le rappeler à la raison.

Et s’il ne veut pas entendre raison comme il l’a dit ?

Wade doit cesser ses activités d’une façon ou d’une autre, l’Etat est fort, n’a jamais été aussi fort. On fait preuve d’égard à son endroit vu tout ce qu’il a représenté et apporté au pays, son âge, mais il y a une limite à tout. Il ne peut pas impunément continuer à attaquer nos institutions en vue de les déstabiliser.

Cela est très grave et il faut faire cesser cela. On ne peut pas permette au Sénégal, qu’un Président gère l’Etat, quitte le pouvoir et croit qu’il ne doit pas faire les comptes, qu’on ne peut pas et qu’on ne doit pas l’arrêter et quand on essaie de faire les comptes, il descend dans la rue, tente de semer le trouble dans le pays.

On ne pourra pas construire une nation dans ces conditions-là. On ne peut vouloir consolider un Etat de droit et laisser affaiblir le système judiciaire de notre pays. La reddition des comptes est fondamentale et non négociable, la bataille qui se pose aujourd’hui est de savoir si nous voulons construire une nation moderne qui prend en compte les intérêts des Sénégalais ou si on doit accepter qu’il y ait des personnes qui sont au-dessus des lois, qui, après avoir géré le pays ne doivent pas rendre compte. Voilà la question fondamentale.

Le pouvoir ne manque-t-il pas de fermeté vis-à-vis de Wade, raison pour laquelle il se comporte ainsi ?

Manque de fermeté ? Je ne pense pas. Comme je l’ai dit tantôt, l’Etat est fort. L’Etat, le pouvoir central est en train de faire respecter la loi. Chaque fois qu’ils déposent une demande pour manifester, l’Etat analyse et si les conditions de sécurité sont garanties, il autorise.

Mais quand elles ne sont pas autorisées, l’Etat s’est donné les moyens de faire respecter la loi. Il faut que les gens sachent ce qu’ils veulent. Il y a la liberté d’expression, le droit de circuler.  Maintenant, les surenchères, il faut savoir les gérer et ne pas aller dans une dynamique où il faut coûte que coûte taper sur quelqu’un. Non !

Nous sommes dans une société civilisée quand bien même certains qui devraient par leur âge, leur parcours être des références et des modèles de comportement agissent comme le dernier des vandales.

Ça ne vous heurte pas d’entendre Wade comme vous le dites qui était garant de ces institutions, chef suprême des armées, à chaque fois convoquer l’armée dans le débat politique qui l’oppose au président de la République ?

Il y a des dérives qu’il faut condamner fermement. Tout en appelant au dialogue, les gens devaient condamner pareilles dérives parce que dans le message utilisé par Wade, il y a une ferme volonté de déstabilisation du pays, de jeter le discrédit sur les institutions.

Il défie la justice en disant qu’il ne s’alignera pas sur ses décisions, tente de faire sortir l’armée de sa réserve. Mais aujourd’hui, il faut se féliciter que ceux qui ont en charge de prendre les décisions prennent les bonnes parce que jusqu’à présent personne n’est pas parvenu à déstabiliser le pays.

Jusqu’à présent, la paix civile a été préservée et garantie par le régime. Il faut être fier de notre pays parce qu’ailleurs, ça aurait conduit à des réactions qui, peut être aujourd’hui, nous auraient mené dans la situation que Wade souhaite, le chaos total.

Pour vous, quelle réponse politique l’Apr et ses alliés doivent apporter ?

On est en train d’apporter la réplique qu’il faut, la réplique politique parce qu’aujourd’hui nous sommes la formation politique la plus représentative du pays. En termes de mobilisation, nous pouvons mobiliser autant que tout le monde.

Mais ce n’est pas encore le cas ?

Non, on ne mobilise pas par rapport à Wade. Ce qu’on a vu, ce sont des soubresauts. Ils ont appelé à des mobilisations permanentes, c’est de la provocation qu’ils font parce que nous savons que Wade n’a pas les moyens de demander ou d’appeler à des mobilisations permanentes dans ce pays. Et vous verrez.

Il a quand même parlé de 4 millions de personnes qui l’ont accueilli à l’aéroport ?

Vous savez que 4 millions de personnes au Sénégal, c’est plus de 1 Sénégalais sur 3. Vous avez vu les manifestations qui se sont déroulées pendant les fêtes de fin d’année sur les Champs Elysées à Paris en France, c’est la plus grande avenue du monde. Elle était pleine à craquer, on a vu les images, mais on a considéré que ce sont 700 000 personnes qui étaient là. Vous avez vu les marches qui se sont déroulées en France où on a défilé sur l’étendue du territoire français.

On dit que c’est 3,5 millions de personnes qui ont défilé dans toute la France. Toute proportion gardée, Wade n’a jamais mobilisé 60 000 personnes dans ce pays. Au plus fort de son règne, quand il célébrait les 50 ans de l’accession de notre pays à l’indépendance avec tous les moyens que l’Etat a mis en place et tous les moyens politiques dégagés, Wade n’a pas rempli le stade de Léopold Sédar Senghor.

Ce n’était pas plein et pour remplir ce stade, il faut 60 000 personnes.  Wade n’a pas 60 000 personnes et c’était l’une de leurs plus grandes manifestations. Non ! Wade n’a jamais atteint 60 000 personnes dans ce pays. 60 000 personnes, c’est 0,5 % de la population sénégalaise.

Quand Wade avance des chiffres, vous le laissez dans son utopie populiste ?

Non ! Vous savez les Sénégalais ont l’habitude d’entendre Wade. Ils se sont faits une opinion sur lui, comme d’ailleurs Senghor avait eu à deviner avant tous sa nature profonde. Wade, c’est un joueur, un bluffeur !
C’est l’homme du programme ‘Yakalma’. Il disait qu’il allait mettre en place des usines qui allaient servir du ‘mafé’ automatiquement. Pour vous dire son caractère burlesque quand il veut.

Quand on avait des récoltes de 100 000 tonnes, c’est lui qui disait qu’on en avait 2 millions en engageant la crédibilité de l’Etat. Wade est un homme de slogans. Quand il parlait, il considérait que c’était des slogans qu’il allait dire. Mais aucun Sénégalais n’est convaincu que Wade a mobilisé 4 millions de personne. Mieux, Wade n’a jamais eu 1 million d’électeurs dans ce pays.

Ça ne vous ébranle pas quand il dit que son dernier challenge c’est de faire en sorte que le Pds revienne très

rapidement au pouvoir ?

La contradiction fondamentale c’est quoi ?

Politiquement, cela veut dire que Wade voulait partir du Pds, mais qu’il ne peut plus partir. Il sait qu’il n’a plus le droit de partir. C’est un aveu de taille. Cela veut dire que son parti est moribond. S’il considère qu’il a un parti moribond de telle sorte qu’il faut que lui à 88 ans, il prenne les choses pour les faire bouger, c’est un aveu d’échec. Un aveu d’échec pour lui parce qu’il n’a pas su pendant 40 ans – rappelez-vous, il est là depuis 1974 – créer un parti et avoir des gens qui puissent le remplacer.

En analysant profondément ça aussi, on voit que Wade est à la limite, fiancé à la mégalomanie. C’est un mégalomane. La preuve, tous les gens qui étaient ses numéros 2, il les a combattus avant de partir. Aujourd’hui à 88 ans, il dit qu’il ne peut pas partir parce que son parti, sans lui, ne peut pas fonctionner. Donc, le parti est moribond maintenant s’il considère que ce parti moribond va revenir au pouvoir très rapidement, allez comprendre ce qui se passe dans la tête d’un vieux de 88 ans.

Est-ce à dire que c’est un leurre ?

Nous sommes dans un système démocratique. La conquête du pouvoir se fera par le suffrage des Sénégalais. Ce n’est pas par la volonté d’une personne.

Est-ce que ce n’est pas le fait que Wade lui-même a conscience que dans son parti il n’y a pas de leader charismatique, quelqu’un capable d’être à sa place pour espérer gagner quelque chose ?

C’est malheureusement le constat que nous faisons tous ensemble. Ils ont été battus en considérant qu’ils allaient rester au pouvoir pendant 50 ans parce que malheureusement, au Pds, les batailles politiques qui les ont amenés au pouvoir n’ont pas été construites dans ce parti. Les stratégies de conquête du pouvoir, ils ne les ont jamais conçues.

Ensuite, quand ils y sont arrivés, par la force des autres, ils ont considéré le fait d’être au pouvoir comme un acquis. En termes de conquête et de gestion du pouvoir, le Pds est, à la limite, un clone du Ps, en considérant qu’ils sont là pour 50 ans.

Au Ps, on considérait être les meilleurs des Sénégalais. Ils croyaient qu’ils étaient là pendant 50 ans, mais sont partis avant. Le Pds aussi, c’est quand ils ont considéré qu’ils devaient être là pendant 50 ans, sans respecter les Sénégalais ni la volonté du peuple qu’ils sont partis.
Maintenant, il faut constater qu’au Pds, il n’y a pas un grand leader.

Mais un leader aussi se construit au plan politique. Wade a miné le Pds en créant les conditions de la division à l’extrême. C’est l’unité qui fait la force. La capacité d’un dirigeant se mesure par les stratégies qu’il met en œuvre pour mettre autour de lui des gens qui lui sont quasiment équivalents et qu’il émerge pour les diriger. Mais, Wade n’a jamais permis à quelqu’un d’asseoir une stratégie de renforcement de ses bases politiques et d’extérioriser une personnalité de leader. Il ne l’a jamais permis.

Ça ne renvoie pas à ce qu’Amath Dansokho qui disait que Wade mange tous ses enfants capables de lui succéder ?

Amath Dansakho ne l’a pas dit sur la base d’une analyse profonde. Non ! Il a l’a dit sur la base d’un constat. Et ça tout le monde l’a constaté ça n’a pas commencé maintenant. Ça n’a pas commencé quand Wade est arrivé au pouvoir. C’est concupiscent à sa nature, à son ego hypertrophié d’homme le plus diplômé du Caire au Cap, que seul le ciel doit dominer et les dieux, ses compagnons de jeu ? Et d’ailleurs…

S’il y pouvait quelque chose. Rappelez-vous sa fameuse phrase à propos d’Idrissa Seck quand, dépité de ne pouvoir le faire ployer, il a lâché : «Dieu a créé l’homme, mais Idy c’est moi qui l’ai fabriqué». Un peu pour montrer l’état d’esprit du chef du Pds, dieu dans sa tête qui ne peut supporter un égal. Il y a une dimension de psychodrame dans la vie de Wade.

Karim Wade est en prison, c’est Macky Sall qui neutralise un adversaire pour 2017, vous en dites quoi ?

Personne ne croit en cela. Karim Wade est allé en prison, parce qu’il a tout simplement considéré que son père était au pouvoir et que le Sénégal était son royaume. C’est vous qui l’aviez appelé le ministre du ciel et de la terre. Un titre provocateur qui renseignait sur l’étendue de ses pouvoirs tels que le vantait son père, rappelez-vous quand il disait, je cite de mémoire «je lui ai confié des choses où plusieurs ministres ont échoué».

En fait, il lui a donné le Sénégal à jouer en concentrant entre ses mains tous les leviers de l’Etat, amputant les prérogatives de certains ministères pour lui en rajouter en plus de faire de son fils le point focal de l’Etat du Sénégal. Voilà où les ambitions démesurées d’un père mènent un fils qui s’est prêté à son jeu de mise en pratique de la théorisation de la dévolution monarchique du pouvoir.

Karim est allé aussi loin sinon plus loin que son père dans cette entreprise que les Sénégalais ont voulu savoir ce qu’il a fait de tous ces pouvoirs dont il disposait, à quel escient il les a utilisés. C’est simplement de cela qu’il s’agit, mais pas de liquider un adversaire qui d’ailleurs au faîte de sa toute-puissance n’a pas pu gagner sa commune qui plus est ne fait pas l’unanimité au sein même de la formation politique de son père qu’il a tenté d’avaler par le biais de son mouvement la Génération du concret.

Rappelez-vous la levée de boucliers que cela avait suscité avant que cela ne tombe à l’eau en même temps que ce fameux mouvement opportuniste alors que son père détenait tous les pouvoirs. Vous croyez que les sentiments et les ressentiments ont évolué au Pds ? Attendez qu’il se déclare candidat du parti ou que son père force les choses et vous verrez.

N’empêche, on ne peut manquer de suspecter un règlement de comptes au rythme où vont les choses…

Non, parce qu’il en était de même de certains caciques du pouvoir de Wade qui ont eu subitement une envergure qu’on ne leur connaissait pas. C’était le sens de cette demande sociale qu’est la reddition des comptes. Et dans la construction perpétuelle d’un Etat, il faut tenir compte de la psychologie du pays.

On est donc en train de faire un grand pas en mettant en place des systèmes et des procédures de contrôle de la gestion des biens publics, mais aussi toute une organisation pour que tous sachent qu’il n’est plus possible de faire ce que l’ont veut et qu’il faut rendre compte après avoir géré. Ce n’est qu’à ce prix, aussi douloureux soit-il, qu’on va aller vers une société d’où seront expurgées au maximum toutes les formes d’abus basés sur la simple appartenance à une classe dirigeante.

D’ailleurs quand Macky Sall est arrivé, il a essayé d’amener les Sénégalais à une réflexion profonde sur la lutte contre les biens mal acquis en disant quelles sont limites, vers quoi on devrait aller et comment procéder ? Mais la revendication était tellement populaire en ce moment parce que nous sortions de 12 ans de règne du camp de Wade.

Et les gens voulaient coûte que coûte montrer ce qui s’est passé ne devrait plus revenir. On devait asseoir les bases pour que cela ne se reproduise plus c’est pourquoi il y avait une telle intransigeance. Macky Sall savait que les Sénégalais n’étaient pas assez mûrs pour aller jusqu’au bout. Il faut y arriver par étape.

Et aujourd’hui, on le constate tous, les gens considèrent qu’il faudra dépasser rapidement cette situation même s’ils l’ont voulu sans connaître la profondeur des dégâts.

Wade et Macky, chacun veut dialoguer à sa façon. N’est-il pas temps de dépasser

Je pense que ce n’est pas mauvais qu’à cette période-là, qu’on aille vers l’établissement de dialogue mais en prenant des gardes-fous. Les gardes-fous, c’est la défense de nos institutions d’abord. Il faut respecter la justice. Il faut que le procès aille jusqu’à son terme ensuite on verra ce qu’il faudra faire. Je suis d’accord pour la concertation, mais pas en s’asseyant sur des contentieux judiciaires.

Il faut les épuiser pour ne pas donner l’impression de dealer à l’autel de la séparation des pouvoirs. On est républicains, on le reste jusqu’au bout quoi qu’il advienne, pas question de prendre des raccourcis, l’Histoire nous jugera. Il ne faut ni destabiliser la République.  Il ne faut pas que ça se déstabilise et qu’on s’oriente vers l’impunité. Cela est important.
Macky Sall manœuvre, renforce son parti, élargit sa majorité.

Est-ce un aveu de faiblesse de son parti ?

Non, non et non ! Loin de là. C’est même le contraire, c’est une clarification de la situation politique actuelle. Nous sortons des Locales, l’aura du Président a fait que son parti a gagné de façon écrasante et quasi-hégémonique sur l’étendue du territoire, près de 450 maires et présidents de Conseil départemental. Sa majorité aussi a fait de très bons scores.

Il est simplement en train de renforcer cet acquis populaire, consolider ses bases et se projeter sereinement sur la Présidentielle de 2017. Si on analyse plus profondément la question, cela renvoie à un regroupement des partis politiques, ce qui a comme conséquence heureuse leur baisse.

Vous n’êtes pas sans savoir que le nombre de partis politiques au Sénégal va bientôt frôler le quart de million, on en est à environ 236 et la fusion des entités ou leurs regroupements dans de grands ensembles permettent de donner de la lisibilité au jeu politique.

Les Sénégalais en ont besoin et les finances publiques ne s’en porteraient que mieux lors des élections avec une réduction drastique des dépenses pour faire face aux scrutins.
Parlons du Coud que vous dirigez. depuis 6 mois, qu’est-ce que vous …

Vous savez, de l’intérieur, la vision elle est différente de l’extérieur. C’est normal, de l’intérieur on est dans le feu de l’action. De l’intérieur, je sais qu’on peut régler les problèmes en nous appuyant sur les moyens que l’Etat met à notre disposition. On règle les problèmes sociaux des étudiants.

J’ai l’habitude de dire qu’il faut que les gens comprennent que ce sont 20 millions de repas par an qu’on sert aux étudiants, aux futurs dirigeants du pays pour leur permettre d’être dans de bonnes conditions, c’est important et le Coud parvient à le faire.

C’est 15 mille à 20 mille étudiants qui sont logés et qui ont une participation symbolique dans leur logement. C’est 3500 francs Cfa que l’étudiant paye pour le lit et un lit c’est pour trois étudiants. Ce qui veut dire que ces 15 mille étudiants qui participent globalement pour 1000 francs Cfa en moyenne par mois. Ils sont logés dans de bonnes conditions pour se réveiller le matin, aller prendre le petit déjeuner dans les restaurants universitaires et ensuite aller faire cours.

Et ça le Coud le fait tant bien que mal. Je pense que de l’intérieur quand on est à ce niveau-là d’opérationnalisation et de gestion au quotidien, on sait qu’on a une grosse machine qui fonctionne et on sait qu’on est en train de réaliser une mission importante.  Une mission que la nation s’est d’elle-même imposée et que l’Etat, le président de la République essaient de perpétuer.

Maintenant dans la gestion au quotidien, il y a des choses à améliorer et il y a de l’espoir qu’on puisse les améliorer. On constate qu’on y arrive. Il y a plusieurs directeurs qui sont venus avant moi et chacun en arrivant au Coud a fait quelque chose. Ce n’est pas tout simplement le fait de construire des bâtiments, mais cela s’élargit à l’organisation, la marche et l’orientation des choses.

J’ai l’habitude de dire que le Coud, c’est une famille et le directeur du Coud c’est un père de famille. Et, à ce niveau là, chaque père de famille dans la gestion de sa famille laisse une empreinte et ça c’est visible au niveau du Coud.

Maintenant, il y a des enjeux importants avec ces 20 millions de repas à distribuer dans une année donc il faut une organisation qu’il faut rendre performante, faire des économies d’échelle, améliorer, diversifier.

Aujourd’hui, nous allons travailler vers la diversification de l’offre de restauration au niveau du Campus universitaire. Nous avons l’intention d’introduire la restauration express au niveau du campus où l’étudiant n’est pas obligé de faire la queue.

Cela renvoie à quoi exactement…

Vous savez partout dans les grandes universités du monde, vous avez des repas qui sont  préparés, bien conditionnés, mis dans des sachets qui permettent à l’étudiant, quand il le désire, de ne plus aller au restaurant prendre un plat pour avoir un repas chaud. Même la restauration rapide peut aller vers des sandwichs entre autres plus une bouteille d’eau.

Le Coud n’intervient que dans le campus social, mais on est en train de réfléchir avec les autorités  académiques pour utiliser le campus académique parce que c’est là-bas que les étudiants sont à midi.
On va aussi travailler pour la pacification de l’espace avec une forte contribution. Parce que tout ce qu’on est en train de dire, s’il n’y a pas la paix dans le campus, ça sera difficile.

Mais ce que nous avons constaté à mon arrivée – peut être que je suis venu à une période de crise et quand il y a une très grande crise, c’est difficile -, c’est qu’il y avait une tendance à la retenue individuelle.

Et si on fait une bonne analyse de la question, il s’est trouvé qu’après cette grande crise-là, il y a eu l’intervention du président de la République dans l’espace universitaire, il a rencontré tous les secteurs de la communauté, a échangé avec eux et a pris de bonnes décisions qui nous permettent depuis  lors d’avoir un climat de paix dans le campus malgré quelques revendications qui s’expriment parce que il y a des situations politiques qui l’exigent.

Je sais que ce n’est pas ex-nihilo, quelque part les étudiants sont devenus des interlocuteurs et il faut travailler dans ce sens-là. Eux aussi se rendent compte que les représentants de ces institutions sont des interlocuteurs et des gens qui ont en charge de les encadrer et de leur apporter le soutien de la nation. Il faut dire aux étudiants qu’ils reçoivent le soutien de la nation parce que la nation mise sur eux pour l’avenir du pays. Mais, je pense qu’en établissant ces rapports-là, nous parviendrons à dépasser beaucoup de choses.

Quels sont les projets par rapport au cadre dans lequel évoluent les étudiants…

Aujourd’hui, il faut le dire, il y a l’engorgement de l’université de Dakar. C’est une pression forte qu’il ya sur les institutions pour atteindre les objectifs fixés, cela veut dire vraiment l’encadrement du social, les loger, les nourrir. C’est très difficile, la pression est très forte. Mais il y a aujourd’hui beaucoup de projets qui sont en cours.

L’Etat a construit de nouveaux pavillons et il y a d’autres pavillons qui vont être terminés et bientôt on va livrer 1200 lits et ça c’est le président Macky Sall qui s’est engagé et a géré personnellement le projet jusqu’au bout. C’est un appel que nous lui ferons avec toute la communauté de venir créer les nouvelles bases de coopération, de nouvelles relations entre les étudiants qui sont l’avenir, le futur et ceux qui ont en charge de gérer actuellement le problème et de les former.

Au-delà de cela, nous gérons un patrimoine, le patrimoine bâti du campus qui est un patrimoine composé de nouveaux pavillons et de vieux pavillons aussi. C’est donc une forte pression forte qui s’exerce sur ces bâtiments que le Coud parvient tant bien que mal à assurer l’entretien et souvent même à améliorer, à faire de grandes réparations.

Nous sommes en train de travailler sur quelques bâtiments pour les moderniser et les adapter à notre période. Il faudra amener l’informatique, créer des conditions telles que dans le cadre de vie de ces étudiants qu’il y ait des espaces numériques. On a finalisé le dispositif du wifi intégral dans le campus. Sur quelques pavillons, on a vraiment changé les portes, les fenêtres. On va renforcer cela d’ici 3 mois à 4 mois et finaliser tout cela. L’Etat a fait un effort important dans l’amélioration du cadre de vie des étudiants et nous allons continuer dans cette dynamique.

Aujourd’hui il y a un projet de créer le grand centre national des œuvres universitaires, quel rôle le Coud pourrait jouer dans tout cela ?

On est au niveau des réflexions. Moi, ma compréhension des choses cela veut dire qu’il y aura de nouvelles universités qui vont se créer dans les régions. Je pense que le Coud au niveau de l’impact et de son organisation, on ne peut pas avoir d’autres centres de décisions intermédiaires entre l’opérationnel et le stratégique.

Je pense que le centre national et dans les textes qu’on a vus, on a dit qu’on créera un centre national qui regroupera les Crous. Je ne pense pas qu’il soit pertinent et ça c’est la réflexion interne et je pense aussi que c’est partagé. Peut-être que pour ces nouveaux centres régionaux qui vont émerger en même temps, le président Macky est en train de mettre un plan important de créations de nouvelles universités, ce qu’on n’a jamais vu dans l’espace du renouveau africain. La deuxième université de Dakar qui sera construite intégralement et l’université Sine Saloum qui sera construite intégralement et livrée en 2 ans d’une capacité d’accueil de 1000 étudiants.

Je pense qu’avec les autres universités que l’ancien régime nous a léguées  sans mettre en place des infrastructures, on a considéré qu’il est important peut-être de créer un centre pour rationaliser et mutualiser les forces, les dépenses parce que c’est réellement une option qui nécessitera de grands moyens et il faudra dès à présent réfléchir pour rendre tout cela opérationnel dans un cadre de performance.

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