2015-09-06

Niveau clubbing à Paris, la tendance de ces dernières années tend vers des lieux à grande capacité. En effet, chaque week-end, les fêtards s’amassent par milliers au Zig Zag, au YoYo, à l’Electric (avant la fermeture temporaire pour travaux), au Showcase, au Rex (bien sûr), à la Machine du Moulin Rouge, au Wanderlust et Nuba qui doublent voire triplent leurs contenances avec les terrasses, ou encore à la Bellevilloise qui est une sorte de « lieu de vie » avec plusieurs niveaux. Ces clubs, associés à certains organisateurs, ont réussi à faire venir des têtes d’affiche des scènes « underground » et par extension leurs publics dans les beaux quartiers.

Et voilà qu’en cette rentrée 2015, La Rafinerie et Sonotown se sont associés pour ouvrir le Virgo qui s’annonce comme le nouveau temple des musiques électroniques avec une capacité de 1700 places réparties sur 2 salles d’à peu près la même superficie. Les deux organisateurs s’occuperont des soirées du vendredi. Évidemment, l’endroit n’est pas sorti de terre d’un coup de baguette magique. En effet, le Virgo succède au Redlight au pied de la Tour Montparnasse et confirme ainsi une migration du clubbing pointu coté rive gauche, déjà amorcée notamment par l’Electric (porte de Versailles).

Un nouveau défi dont Raphi Khalifa, boss de La Rafinerie, nous parle dans cette interview.

L’INTERVIEW

C’est quoi Virgo ?

Virgo est un « nouveau » club né de la collaboration entre La Rafinerie et Sonotown. On avait déjà travaillé ensemble auparavant sur plusieurs shows, notamment à la Machine, et on a décidé de se réunir pour proposer une programmation pointue en musique électronique mais aussi dans d’autres scènes que nous aimons et que nous défendons depuis toujours, dans un lieu tout neuf. Ensemble, nous allons produire les soirées de tous les vendredis, laissant le reste de la semaine à une autre programmation.

Comment est né ce projet ?

J’ai eu l’opportunité de visiter la salle il y a 2 ans et j’avais déjà été séduit par la configuration des 2 salles. Après m’être occupé du Batofar en 2005 et de Electric l’année dernière, j’avais envie cette année d’avoir un lieu où je gèrerais non seulement la programmation mais aussi le profil, la promo, la production, l’accueil etc. L’idée de la collaboration avec Sonotown est venue avec le temps ; On se voyait assez régulièrement et de fil en aiguille, l’idée de gérer un lieu est née. Nos réseaux sont différents mais complémentaires. On a une grosse base commune : hip hop, beats, house mais eux brassent une clientèle plus club, très « électronique », très axée également sur la scène locale (leur résidence 75021 par exemple) alors que je brasse un peu plus large (Gilles Peterson, Bonobo, Flying Lotus etc). Du coup, l’idée de base du Virgo est de mélanger les styles pour proposer une offre regroupant autant les fans de techno que de house, de dubstep que de bass music mais aussi de future beats par exemple.

Pourquoi le nom Virgo ?

Le Redlight et le Brasil Tropical avaient une notoriété et un historique lourd (surtout a l’époque de L’Enfer). Nous voulions un nom qui exprime la nouveauté, le nouveau projet, le nouvel esprit. Et pour être franc, on avait listé chacun de son coté plusieurs noms et « Virgo » était le seul en commun. Finalement, on ne s’est pas trop pris la tête là dessus. C’est venu naturellement.

Même si vous avez de l’expérience dans l’organisation de soirées (et de concerts), c’est un énorme challenge. Vous devez avoir une pression particulière ?

Autant de mon coté que de celui de Sonotown, nous sommes habitués à organiser des événements avec des gros line up toutes les semaines, donc l’organisation en elle-même n’est pas vraiment une pression. Mes prises de risques restent assez mesurées et réfléchies même si ça m’arrive de m’envoler assez régulièrement… Maintenant, il est vrai qu’avec la gestion d’un club de cette envergure, nous devons supporter tous les coûts. La pression est donc principalement financière. J’ai bon espoir que les choses se passent bien mais nous sommes dans un milieu ultra concurrentiel donc bien sur, on ne peut être sûrs de rien. Ce que je ressens donc pour l’instant c’est plus de l’excitation à l’idée de faire naître un nouveau projet, même si j’ai conscience que cela va représenter un travail énorme.

Avec ce nouveau club, tu ne vas pas éviter la comparaison avec les autres.

Oui c’est vrai mais j’ai toujours été convaincu qu’il y a de la place pour tout le monde. Et cela s’est toujours vérifié. De plus, la plupart des organisateurs et des programmateurs de Paris se connaissent et se respectent. Les autres clubs ont leurs fans et leurs programmations propres. On essaiera donc de se faire un peu de place mais l’idée n’est pas de faire la guerre avec qui que ce soit mais plutôt que de proposer une offre supplémentaire à la nuit parisienne.

Et si tu devais démarquer le Virgo, que dirais-tu ?

Du fait de nos réseaux complémentaires avec Sonotown, nous sommes capables de proposer une programmation qui va au delà de la musique électronique « traditionnelle ». Il y a une multitude d’artistes qui créent des passerelles entre plein de styles différents. Je pense par exemple à Gilles Peterson avec qui j’organise déjà les Tea-Time du dimanche. La force de notre programmation résidera dans le fait que beaucoup de ces artistes pourront cohabiter dans une même soirée en prenant comme fil conducteur les sonorités électroniques. Là où la plupart des clubs a Paris proposent des scènes très pointues sur un seul dancefloor, nous pourrons jouer sur deux salles différentes de même capacité avec 2 ou plusieurs ambiances différentes. Nous ferons en sorte que la navigation du public entre les 2 floors soit la plus naturelle possible. Encore une fois c’est une chose que nous avons déjà faite et que nous reproduiront au Virgo.

C’est une démarche très UK non ?

Exactement. Des lieux à Londres comme la Fabric ou l’Hydra proposent ce genre de complémentarité artistique. Ça ne se fait pas trop en France dans la musique qu’on défend, hors festivals bien sur. On a vraiment envie que nos publics se mélangent sans jamais être désorientés.

En parlant du public, Montparnasse est un quartier plutôt touristique. Cela ne va t-il pas refroidir certaines personnes ?

Je ne pense pas. Quand j’étais programmateur au Batofar il y a quelques années, j’étais déjà dans une situation de lieu excentré et pas facile d’accès. Ce n’était pas aménagé comme aujourd’hui et nous étions un peu seuls au monde dans le 13ème arrondissement. Plus récemment, les gens sont venus en masse pour des soirées à l’Electric qui se trouve à Porte de Versailles ! De leur coté, Sonotown ont réussi à faire bouger du monde au 6B à Saint Denis. La situation géographique d’un lieu n’est plus vraiment un problème. Les gens sont de plus en plus passionnés et sont prêts à bouger si le programme de la soirée leur plait. Et puis, Montparnasse reste dans Paris intra-Muros, on ne s’installe pas à 30km de Paris !

Tu parlais d’un historique lourd pour le Redlight qui a fidélisé un public un peu différent du votre.

Je pense que le message va passer assez rapidement et que le brassage va se faire naturellement. On n’est pas contre le mélange des publics pourvu que tout se passe bien et surtout que le public sache pourquoi il est là. On ne se veut pas être élitiste mais on souhaite vraiment que le public vienne kiffer la musique qu’il aime. A terme, on veut que les gens sachent pourquoi ils viennent. Si on arrive à convertir certains « égarés », ça ne sera que du bonus.

Le club ouvre ses portes le 25 septembre et vous avez annoncé les 2 premières dates. Tu peux nous en parler ?

Pour démarrer on avait la volonté de proposer un line-up qui reflète ce qu’on veut faire et pas forcément pour tabasser d’entrée avec les headliners habituels. Malgré tout, la programmation est assez lourde et plutôt pointue pour notre milieu. Les très très grosses affiches viendront plus tard car il faudra bien les faire venir un jour. Comme je l’ai dit tout à l’heure, on a mit l’accent sur l’éclectisme puisqu’il y aura des artistes d’horizons différents mais parfaitement complémentaires.



Le reste de la programmation sera dévoilée le 15 septembre ?

Oui et on vous promet de belles affiches.

Merci Raphi et une belle vie au Virgo.

Merci beaucoup. Je vous donne tous rendez-vous le 25 septembre pour l’ouverture !

Nous on vous donne d’ores et déjà rendez-vous sur le site du Virgo ainsi que sur les réseaux sociaux : Facebook et Twitter

Et n’oubliez pas suivre l’actu de La Rafinerie et Sonotown

Virgo

34 rue du départ

75015 Paris

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