2014-06-24

Rugueux comme un défenseur Argentin, fougueux comme un attaquant Nigérian, rapide comme un ailier Hollandais : le What The Funk Crew. Il fallait s’y attendre : en cette période de coupe du monde au Brésil, les compilations colorées jaunes et vertes fleurissent comme des sachets de crack dans une favela. Avec le risque de se faire refiler une camelote qui brûle les oreilles et donne la nausée. C’est aussi pour ça que le What The Funk est là. Mais pas seulement.

Novos Sons Do Brasil : Mais Um Disco

Hors d’une sélection convenue, Rolê, Novos Sons Do Brasil se propose de mettre en valeur non pas de la musique Brésilienne, mais de la musique du Brésil. Ou plutôt des musiques. Des groupes biberonnés à la samba et à la bossa mais qui se sont pris de plein fouet le hip hop, l’électro, la jungle et d’autres encore. Loin des clichés ou des ambiances trop attendues quand bien même on nous aurait servi des artistes complètement inconnus, parfait pour sortir de la route et s’égarer sur les bas-côtés.

Brazilian Funk Affair : Wall Street Artists

Plus conventionnel mais non moins intéressant : Bossa Nova, l’Ame Bohème (Verve). Une double qui réunit des gros calibres du genre (du Sergio Mendes, du Marcos Valle, du GIlberto Gil, du Donato…) ainsi que d’autres non moins gros calibres hors-frontières (Quincy Jones, Gainsbourg, Salvador…) qui ont un jour emboîté le pas des premiers nommés et embrassé la cause bossa nova. La sélection, sans être ni obscure ni pointue est plus que relevée. Une manière d’amortir un back-catalogue peut-être pas exploité à fond. En même temps, au vu du résultat, c’était pas une mauvaise idée.

La palme revient à Brazilian Funk Affair (Wall Street Artists) une impeccable succession de maîtres brésiliens (se reporter encore une fois au name droppin’ plus haut) qui fin 70’s, début 80’s, se sont pris des envie de funk, de disco et de soul. Des maîtres qui se sont appropriés le groove et l’on incorporer à leur nonchalance Brésilienne, sans jamais ni se renier ni se perdre. Celle là est à mettre tout en haut de la liste des courses.

Punk 45: Sick on You ! One Way Spit !

Alors qu’on est paisibles, déconctract’, bercés par le clapotis des vagues, c’est le moment que choisi le punk pour débarquer avec son chien à l’oreille cassée, pour cracher son venin et faire hurler sa guitare. Pour sa troisième incursion dans le monde des No Future, Souljazz Records met le curseur sur le créneau 1969-76. L’influence des Stooges et d’Hendrix est encore présente, celle du Heavy Metal se fait sentir et les contours de ce qui va se dessiner dans les années à venir deviennent plus nets (qu’on vienne nous dire dans les yeux et sans trembler que Metallica n’a jamais écouté The Killer Kane Band…). Moins garage que ces prédécesseurs, moins approximatif, Sick On You ! One Way Spit ! fait néanmoins encore une fois une sacré boulot d’historien du mouvement punk. Fuck Off !

A se procurer sur : http://www.souljazzrecords.co.uk/releases/?id=36733

Souleance : Jogar

On pourrait croire que Soulistinho et Fulgeance Da Silva De Sousa attendent encore l’appel de Scolari pour remplacer au pied levé une des 23 danseuses de la Selecao, en short et en crampons dans le noir face à leurs téléphones. Il n’en est rien puisque cela fait déjà un moment que le duo s’essaye à des sonorités brésiliennes. Ce fût le cas notamment avec le très réussi « Mais Um » qui a donné à plus d’un, dont Gilles Peterson, de prendre la nationalité carioca. Et bien les mecs s’apprêtent à remettre çà avec l’EP « Jogar » qui sortira en juillet, peut être pour la finale si vous êtes sages. En attendant, ils nous offrent cette preview.

Quantic : Magnetica

Le Brésil d’accord mais que dire des autres nations en lice, qui prétendent au titre suprême du disque de votre été ? Falcao n’a pas suivi la Colombie mais il est résolument remplacé par le plus Colombien des anglais : Will Holland aka Quantic qui avec « Magnetica » nous fait encore une démonstration de haute volée. La cumbia a son état pur ou presque. Ne cherchez pas, le bon son que vous écoutez dans le métro ne vient pas du manouche et son accordéon mais plutôt de vos écouteurs.

Fakear : Sauvage EP

Coté frenchie, on peut aisément aborder les phases finales avec le nouvel EP « Sauvage » du Caennais d’origine et banlieusard parisien désormais. Fakear continue à nous faire voyager, déplacant sans cesse l’épicentre du monde. Et cette fois-ci, il nous emmène près du territoire indien avec toujours une production ciselée et pleine de justesse. Karim, Mamadou, Blaise et Bacari, changez vos playlists Spotify et balancez çà dans vos casques Beats !

Cascade Records x Darker Than Wax : Feelings In Colour

Bon d’accord, à Singapour il doit y avoir plus de producteurs et musiciens que de joueurs de foot… Il y a surtout Darker Than Wax. Les mecs de ce label indépendant en Beats scene ont trouvé le moyen de falsifier leurs licences pour former une équipe de rêve avec leurs homogues parisiens de Cascade Records. Le résultat nous offre un jeu varié avec un banc bien fourni : Amin Payne, Ill Sugi, Zo aka La Chauve Souris, et Cosa Nostra pour ne citer que les cadres de l’équipe. Nous on a déjà parier sur « Feelings In Colours » pour aller jusqu’au bout.

Baron Retif & Concepcion Perez : L’indien

Ils ont des blazes de défenseurs mexicains (ou de leurs dealers) mais ce duo de producteurs est bien français. Le nouvel EP « L’indien » est sorti le mois dernier chez les vieux sioux d’Heavenly Sweetness, label d’Anthony Joseph, de Blundetto et de Guts. Encore une fois, BR&CP nous emmène dans un faux rythme en nous berçant dans des nappes électros et une rythmique nonchalante mais tellement enivrante. Décidement, la came de ces mecs est super bonne, foi de docteur Fuentes…

Vous croyez que cette sélection n’aura que la durée de vie de la coupe du monde ? Détrompez-vous car vous pourrez la garder pour gifler le DJ iPhone qui ambiancera votre bal du 14 juillet. On dit çà, on dit rien…

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Cet article Tribune Juin 2014 est apparu en premier sur 90BPM.

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