2015-08-07

Le Monde

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07.08.2015 à 18h31

• Mis à jour le

07.08.2015 à 19h20

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Par Bruno Lesprit et

Adrien Pécout

Triple tenant du titre en Ligue 1, et par ailleurs détenteur des dernières Coupe de France et Coupe de la Ligue, le Paris-Saint-Germain donnera le coup d’envoi du championnat 2015-2016, vendredi 7 août (à partir de 20 h 30), sur la pelouse de Lille, au stade Pierre-Mauroy. En attendant, présentation – forcément subjective – des enjeux de la saison.

En 1952, pour préserver l’intérêt de leur épreuve, malgré l’avance écœurante de Fausto Coppi (28 minutes), les organisateurs du Tour de France avaient institué en cours de route un prix exceptionnel destiné au deuxième. Faudra-t-il un jour en arriver à pareille extrémité avec la Ligue 1 de football ? Les mauvaises langues seraient tentées de le croire, arguant que le Paris-Saint-Germain, triple champion de France en titre et en quête d’un quatrième sacre consécutif, a déjà littéralement tué tout semblant de suspense.

De fait, cette saison encore, il y aura Paris et les autres. Le budget du PSG (500 millions d’euros) équivaut à ceux cumulés de Lyon, Marseille, Lille, Saint-Etienne et Bordeaux. Ou à deux fois celui de Monaco, pourtant deuxième plus grosse enveloppe du championnat.

Affranchis des contraintes du fair-play financier de l’UEFA qui réfrénaient leurs ardeurs dépensières la saison dernière, les actionnaires qatariens du club ont de nouveau flambé cet été : près de 63 millions d’euros auraient été investis pour l’Argentin Angel Di Maria, ancien ailier du Real Madrid puis de Manchester United. Soit le deuxième plus important transfert du football français (ou plutôt parisien) après celui d’Edinson Cavani, que le PSG avait acheté à Naples à l’été 2013 moyennant 64 millions d’euros.

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Nanti de sa nouvelle recrue, qui ne sera opérationnelle que dans deux à trois semaines, le PSG a accessoirement recruté deux joueurs achetés à vil prix : le gardien allemand de Francfort Kevin Trapp et le milieu français de Tottenham Benjamin Stambouli, à respectivement 10 et 9 millions d’euros. Des emplettes suffisantes qui permettent aux Parisiens d’espérer, en sus d’un énième titre de champion de France, dépasser enfin ce stade des quarts de finale de la Ligue des champions sur lequel ils butent depuis trois ans.

Dans le pré carré français, peu de clubs paraissent en mesure de faire pièce à la domination nationale du club de la capitale. Par correction, citons tout de même Lyon et Monaco, deuxième et troisième de la saison passée. Sous le contrôle de son président russe, le milliardaire Dmitri Rybolovlev, le club de la Principauté a étoffé ses rangs de jeunes joueurs venus en prêt : le milieu de terrain croate Mario Pasalic (Chelsea) ou l’avant-centre italien Stefan el-Shaarawy (AC Milan), des éléments de valeur auxquels s’ajoutent, entre autres, le milieu malien Adama Traoré, recruté à Lille, ou l’attaquant argentin Guido Carrillo, en provenance d’Estudiantes.

Le « Gaz » au premier étage

Moins qu’un promu, c’est un Petit Poucet égaré dans la forêt des géants. Et, en réalité, la principale attraction de la saison 2015-2016. Héritier du club corporatif des gaziers et électriciens d’Ajaccio, professionnel depuis 2012 seulement, le Gazélec Ajaccio, dit « le Gaz », se retrouve pour la première fois de son histoire au premier étage du football français. Voilà qui contrecarre pour le moins les projets de Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel, soucieux de sécuriser l’élite professionnelle.

L’avocat avait eu la moustache sévère à l’été 2014 lorsqu’il avait barré l’accès à la Ligue 2 aux Ariégeois de Luzenac, qui avaient pourtant gagné leur accession sur les pelouses. Il n’a pu récidiver à l’échelon supérieur avec l’équipe corse, qui dispose d’un stade, certes, exigu (quoiqu’agrandi à 5 000 places), mais parfaitement aux normes. Le Gaz fait même partie, avec son éternel rival de l’AC Ajaccio et Auxerre, des trois uniques clubs pros en France à en être propriétaires.

Champions de France amateurs à quatre reprises dans les années 1960, les Diàvuli Rossi s’étaient vu refuser une montée en Ligue 2 en 1999, au motif, depuis abrogé, qu’une ville de moins de 100 000 habitants ne peut compter deux clubs professionnels dans une même division. Ils furent alors éclipsés par l’AC Ajaccio qui retrouva l’élite au début des années 2000. Encore en CFA (Quatrième Division) lors de la saison 2010-2011, les Gaziers ont brûlé depuis les étapes, parfois trop précipitamment puisque leur montée en Ligue 2 en 2012 (accompagnée d’une demi-finale de Coupe de France) fut sanctionnée d’une relégation en fin de saison.

Un an seulement après avoir retrouvé le deuxième échelon, les voici dans la cour des grands. Les « stars » de l’équipe sont le buteur Grégory Pujol (ex-icône valenciennoise) et le défenseur Jérémie Bréchet (jadis, Lionceau sochalien), tous deux 35 ans. Le budget, porté à 14 millions d’euros (soit 36 fois moins que celui du Paris-Saint-Germain), ne permettra aucune folie d’ici la fin du mercato estival. Autant dire qu’un maintien constituerait déjà un miracle. Mais le Gaz était parvenu en mai à être vice-champion de Ligue 2 avec le plus petit budget de ce championnat : 4,5 millions d’euros.

La Ligue 1 les avait oubliés et ils comptent bien se rappeler à son meilleur souvenir. Trois joueurs promis à un brillant avenir et dont le talent s’est quelque peu dissipé depuis sur les pelouses d’Europe sont de retour avec la ferme intention de redorer leur blason. En tête du trio, l’ingérable milieu offensif Hatem Ben Arfa, que Nice a eu enfin le droit d’aligner après six mois d’imbroglio contractuel. A 28 ans, l’ancienne pépite du centre de formation de l’Olympique lyonnais, qui a porté treize fois le maillot bleu, tentera d’oublier son échec en Premier League (tempéré par quelques coups d’éclat), à Newcastle puis à Hull, où il n’a disputé que neuf matches la saison passée. ll faudra seulement que le technicien de Nice Claude Puel déploie des trésors de diplomatie, car Ben Arfa s’est brouillé avec la quasi-totalité de ses entraîneurs successifs.

Un autre international (16 sélections) et ancien pensionnaire de l’élite anglaise revient en France, le milieu Abou Diaby, dont les neuf années passées à Arsenal ont été gâchées par des blessures à répétition. Les médecins de l’Olympique de Marseille sont avisés. A l’OM, Diaby aura cette saison pour coéquipier le demi défensif Lassana Diarra, titulaire en équipe de France au temps de Raymond Domenech avec 28 capes. Après avoir joué une saison seulement en Ligue 1 (au Havre), Lass Diarra a été ballotté en Angleterre (Chelsea, Arsenal, Portsmouth), au Real Madrid et jusqu’en Russie (Anji Makhatchkala, Lokomotiv Moscou). Pour être peu à peu oublié dans son pays d’origine. On veut croire que le fait que l’Euro se disputera en France en juin 2016 n’est évidemment pour rien dans ces rapatriements.

La « goal line technology » clôt les débats

Le ballon a-t-il ou non franchi la ligne de but ? Pour répondre à cette question universelle, les savants fous du football ont proposé un système au nom anglais : la « goal line technology ». Déjà en vigueur lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil, ce dispositif s’étendra à partir de la saison 2015-2016 aux vingt enceintes de Première Division.

Gage de sa modernité et de son caractère résolument high-tech, la Ligue de football professionnelle aura signé un chèque de 200 000 euros par club pour doter de quatorze caméras chacun des stades. Munis d’une montre « intelligente », tous les arbitres recevront un système d’alerte leur permettant de prendre la décision qui s’impose.

S’il ne s’agit pas à proprement parler d’un arbitrage vidéo généralisé, cette technologie aura au moins le mérite d’épargner à la rétine de l’arbitre ses habituelles et très humaines hésitations. Mais, en même temps qu’il délestera l’« homme en noir » de choix cornéliens, l’engin appauvrira considérablement le charme de ces débats sans fin qui ont fait l’histoire du football. Avec « la goal ligne technology », adieu les digressions, bonjour la rationalisation.

Si pareil instrument avait existé au siècle dernier, pas sûr que l’on disserterait encore sur la finale de la Coupe du monde 1966 et le fameux but de sir Geoff Hurst, victorieux pour les Anglais, mais litigieux pour les Allemands. A ce titre, ce rappel historique explique peut-être aussi pourquoi la société qui commercialise ces dispositifs de surveillance, Goal Control, se situe justement en Allemagne, dans la ville de Würselen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), près d’Aix-la-Chapelle.

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